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[RP] Insignifiances choisies.

Gerfaut
Il aurait pu être un carnet quelque part au fond d’un havresac, dans la poche en doublure d’une cape, à l’abandon sur une tablette sous un cumul de papiers, ou dans une paire de mains le feuilletant. Ses pages auraient été froissées d’avoir été tournées, sans aucune de cornée cependant, et on devinerait la reliure récemment refaite pour durer. Il y aurait beaucoup de mine, un peu d’encre, des lignes toujours droites mais une écriture changeante selon l’heure, l’humeur, la lumière, qu’on aurait rarement trouvée serrée sur des feuillets entiers, ou jetée d’une phrase seulement pour toute une page sinon vierge. Le plus souvent, c’auraient été des annotations courtes se succédant sans grand sens sinon pour celui qui les a couchées, parfois des listes, des dates, des encadrés ou des petits dessins. Occasionnellement, une fin de page demeurée blanche, et les griffonnages reprenant en suivante.

Ce qu’on y aurait lu, parmi les derniers et dans le désordre :

    Tous les instants se valent-ils ?

    Plus d’une année à se veiller ;
    une nuit de faillite, sept mois d'absence ;
    quatre semaines de tergiversations ;
    vingt – et quelques – jours depuis l'acceptation.
    Le temps qui nous a construits.
    Combien pour nous élever encore, ou pour nous défaire ?

    Qu'attends-tu exactement ?
    S’accepter loin. Tous les instants se valent-ils ?
    Faut-il (ne pas) compter ? Tous les instants se valent-ils ?
    Oui. Non. Peut-être. Essayons.
    Jusqu'où tous les instants se valent-ils ?





Mais en vérité, il n’y a rien à lire sur ce carnet de qui l'on ne sait puisqu'il n’existe pas.

« Tous les instants se valent-ils ? » Deux vies pour composer sans l’écrire sur le sujet.
Gerfaut
~ Gestes tus. ~
Nuit du 4 au 5 décembre 1464, Saumur.


C’est Astana qui a non seulement mené la route mais dicté le pas depuis leur départ de la Résistance, sans erreur de cheminement cette fois. Arrivés sur place, Gerfaut constate qu’elle a dit vrai. La piaule saumuroise est dotée d’une huisserie neuve. Elle semble aussi avoir rajeuni d’un grand ménage, et ça sent le frais, non de l’hiver, mais du tout récemment réinstallé. Dans la quasi-totale obscurité qui les enveloppe à présent que la porte derrière eux s’est fermée, ça sent le lieu à inaugurer.

L’homme se défait de ses habits de sortie avec à peine plus d’empressement que ce qu’on lui connaît de modération, avant de revenir à tâtons doux arrimer ses mains au visage de la blonde nordique.
« Reprenons depuis le début. », suggère-t-il.

Dans le noir, à peine leurs yeux distinguent-ils les formes. Mais qu’importe puisque les baisers se donnent paupières closes, et que les contours se dessinent au toucher en relais de la vue. On s’attarde d’abord à ces gestes qui sans être complètement familiers sont déjà assez connus, avant de céder vers d’autres explorations. La privauté nouvelle du lieu leur offre des vastitudes d’intimité qu’ils entreprennent avec une fébrilité aussi mesurée qu’impatiente. Déjà ne sont-ils plus debout sans s’être encore tout à fait livrés aux draps ouverts de cette couche froide, où ils se posent l’un à l’autre en source de chaleur.

Mais avec le temps s’égrenant, mesure et impatience tendent à se répartir autrement. Gerfaut a lentement cessé de répondre aux intentions d’Astana, et même à présent la freine-t-il de certains mouvements. Une fois. Deux fois. À la troisième, et sans lui laisser l’opportunité de placer une quelconque réaction, il se détache un peu d’elle.


« Un instant. », lui demande-t-il en ôtant lentement une main blanche qui avait trouvé accroche à sa peau sous le vêtement. Sur cet instant qu’il prend, immobile et mutique, il ne cesse de presser cette main dans la sienne tandis que son autre demeure en prise à sa joue – on ne sait trop si pour la retenir d’un élan subit de départ ou de reviens-y. Et à l’instant précédant justement celui qui aurait brisé tous les élans, Gerfaut se laisse aller en arrière. La descente est maîtrisée, qui invite Astana dans le mouvement à le rejoindre à son flanc ou sur son épaule – son libre choix, mais un baiser au front en ponctuation dans tous les cas.

« Ne me demandez pas pourquoi. Mais je préfèrerais que nous reprenions depuis le début, encore. Plusieurs fois, autant que vous voudrez, mais... »

Il arrive que Gerfaut entreprenne quelque chose sans l’achever ; pour les phrases comme le reste, ce n’est cependant notablement pas chose habituelle. Peut-être est-ce parce que ce soir n’a rien d’anodin. De nouveau, il appuie son propos d’une embrassade – à sa tempe cette fois – avant de la couvrir d’un bout de drap.

« Mettez-vous au chaud. »

D’un bout de draps. N’est-elle pas frustrée ou désappointée ? Il s’abstient d’en ajouter. Lorsqu’elle lui fait comprendre qu’importe qu’elle brûle, pourvu qu’ils demeurent l’un à chaleur de l’autre même sans atteindre fusion, il se laisse à la rejoindre sous les épaisseurs lourdes de couvertures. Alors ils reprennent depuis le début, plusieurs fois, jusqu’à l’assoupissement qui s’imposera progressif, tardivement.



Au matin, elle s’éveille bordée haut sous des couches de draps froissés. Un peu de lumière filtre par les fenêtres closes qui fait tout paraître terne au-delà du halo de vie que fournit dans un non-coin de la piaule un feu ronflant. Déjà tout apprêté et assis sur une chaise en bord du lit, Gerfaut patiente à la contempler. Suffit d'une paire d’yeux gris l’atteignant pour chasser quelque pensée de son esprit et détendre ses traits un temps.

Et c’est toujours au front qu’il l’embrasse d’abord.


« Bonjour Astana. »
Astana
~ Oui je suis bourrée. Non j'invente pas. ~
Nuit du 5 au 6 décembre 1464


L'alcool « vous rend amère ou audacieuse, et plus souvent amère d'ailleurs », avaient été les mots de Gerfaut un soir pas si lointain. Que dire, alors, des airs bienheureux de la danoise en cette nuit ? Elle qui passe la tête avant le corps dans l’entrebâillement de la porte, comme on entre chez soi dans l'espoir de n'éveiller pas ceux qui pioncent déjà. « La joie me manque » avait-elle expliqué ce même soir-là, comme étant l'une des raisons de son attrait pour la boisson. Jouasse est la blonde, donc, bien que gaulée en pleine murge par celui qui est non seulement sobre mais l'a attendue bien au-delà d'une heure raisonnable. N'avait-elle pas dit qu'elle se dépêchait ? « C'est... Il y avait Lexhor et Erwelyn. » Il ne dit rien, puisqu'il n'y a rien à dire. Tu t'enfonces très bien toute seule, Sa Blondeur. Un bol de pulmonaire attend sagement qu'elle daigne s'en saisir, et une fois fait, tout en prélevant une gorgée de flotte aromatisée, le fixe par-dessus l'orée. « Êtes-vous au fait de l'existence des poneys roses, Gerfaut ? » Ce qu'elle prend de prime abord pour du jugement dans les châsses brunes, s'avère être une pointe d'amusement apparente. Mesurée, minuscule, comme à l'accoutumée. Mais pas moins là. Il lui aura fallu presque deux piges pour apprendre à la débusquer, cette foutue risette. « Figurez-vous qu'ils existent. » Oui je suis bourrée. Non j'invente pas. Mais oui, Astana, semble-t-il induire en la défaisant de sa cape. Tiens, reprends donc une gorgée, aussi. La pièce tangue, et Sørensen avec, à mesure qu'elle quitte les couches sombres qui l'habillent et se dirige - consciemment ou guidée par une main en son dos - vers le pieu. En main, toujours la tisane dans laquelle elle s'applique à noyer plusieurs croissants goguenards. « Vous allez manquer quelque chose, en Orléans. » Hochement convaincu du chef. Oui Monsieur. « Je vais y introduire un BLAIREAU ROSE ! »

L'histoire ne dit pas s'il s'appellera Maleus ou non, à l'image de son futur propriétaire. Délaissé le bol, repris les bras, la blonde tentera de convaincre Gerfaut de la luminosité de son idée pendant un bon quart d'heure, avant d'éventuellement sombrer dans le sommeil en plein milieu d'une phrase. Parce que t'es mignonne, mais non.
_________________
Gerfaut
~ À qui rendra au Juste son sommeil. ~
Nuit du 7 au 8 décembre 1464, une tente au campement des Lames d’Amahir sur le front d’Angers.


Insomnie, comme trop souvent à la même heure de la nuit. Mais c’est tout récent que Gerfaut s’en éveille à la chaleur d’Astana. Alors, comme les rares fois précédentes, il demeure immobile d’abord. Tout juste vient-il plus avant, le nez dans sa nuque et le bras réassurant doucement son enveloppe autour d’elle. Pas de trouble dans sa respiration, que la danoise a saine ces derniers temps ; dos contre lui, elle dort bien sûr. Et ses poumons, qu’elle avait inutilement avancé la veille d’être ô combien douillets afin qu’il s’attache à les lui couver, sont bien au chaud.

En vérité, ce n’est pas ce prétexte mais d’autres mots d'Astana qui reviennent en mémoire de Gerfaut dans son éveil nocturne. Ceux-là lui inspirent de glisser une main sous la chainse et d’appuyer un baiser à sa nuque, tandis que les doigts remontent d’effleurements en effleurements le long de son ventre creux, jusqu’au petit galbe d’un sein. Le voisin n'a rien à lui jalouser, mais sans insistance, puisque l’exploration reprend le long du relief de ses côtes et de sa hanche, jusqu’à la dépression de l’aine et à la lisière d’un cresson qu’il suppose blond. Astana finit assurément de ce manège par s’arracher des bras de Morphée pour revenir à ceux de Gerfaut, dont l’envie d’elle est manifeste lorsqu’il se presse davantage à son corps. Il lui souffle seulement, alors, avant de l’embrasser encore :


« Ne dites rien. Vous avez déjà tout dit. »


Pour une fois, un peu plus tard, Gerfaut se rendormira de son insomnie.
Gerfaut
~ « Hahahaha, mon dieu que je ris ! » ~
24 décembre 1464, Saumur.


« Vous ne prétendez pas m’en avoir fait baver davantage à vous seule qu’à ma grande sœur et mes deux encore plus grands frères réunis, tout de même ? » Saumur crisse sous leurs pieds. « J’aurais pu vous battre, mais j’y aurais éprouvé vos si sensibles poumons. Vous n’avez gagné qu’au chantage affectif, Astana. » Malgré le ciel terne, la ville éblouit les yeux. « Remerciez-moi, même, plutôt que de vous moquer : non mais raisonnablement, quelle crédibilité aurais-je laissée à notre chef d’armée si je l’avais vaincue à la bataille de neige ? »

Tout en marchant dans les ruelles blanchies, Gerfaut ne manque pas d’arguments pour répondre aux airs narquois de la blonde victorieuse, et qu’importe s’ils tendent essentiellement à alimenter sa goguenardise. Peut-être même sont-ils énoncés exprès pour la voir sourire davantage ; car il semble tout de même brosser son habit blanchi de poudreuse avec un peu trop de sérieux pour l’être sincèrement.

Dernier croisement avant la piaule. Sur la courte distance qui demeure, le silence s’habille d’une volée de regards cependant bien éloquents. La danoise y trouvera, cimenté de son habituelle patience, un éclat revanchard dilué dans les couleurs d’une certaine foutue risette. Un air qui lui sera si peu difficile à débusquer toute cette journée qu'elle pourra le lui croire inné.
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