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1468 - Attaque genevoise de novembre-dévembre Fil RP d'ambiance

[RP] Et toi, tu l'aimes comment ton p'tit Suisse? Chez lui!

Rollin
Fil RP de l'incursion genevoise en Savoie de novembre 1468. Ouvert aux deux camps, bien entendu. Pas besoin d'intrigue... faite simplement vivre le lieu avec des instantanés. Bon jeu!


Appuyé nonchalamment sur les lourds bardeaux de chêne du hourd, Rollin scrutait l'enchevêtrement des treffes, des pavillons et des simples pans de toile des campements genevois, serrés frileusement autour de petits feux de veille, tout là bas au-delà du Bourg Montmélian.

Il voyait le charroi incessant d'hommes, de vivres et de matériaux qui se déversait d'un point à l'autre de leur domaine de toile, avec la précision terrible d'un grand horloge. Le Mestre en était certain, il y avait là un débouché de reconversion pour les Helvètes. La mécanique de précision, s'entend...

Observant les longues manœuvres parfaitement exécutées des carrés denses de piquiers aux terribles hastes, longues de près de trois toises, Le Mestre semblait hypnotisé. Il avait toujours apprécié voir la succession de leurs gestes précis, même si, une fois devant eux, il l'aimait tout à coup beaucoup moins... Pourtant, il était le témoin vivant que les carrés de piquiers n'étaient pas inexpugnables, pour celui qui savait voir et deviner les défauts sur le champ de bataille. Il se souvenait aussi de l'épisode de décembre 1458 à janvier 1459 où il avait vu lors d'une des batailles une de ces phalanges helvètes s’effondrer littéralement sous la forêt des hampes de leurs piques, fauchée qu'elle fut par une succession parfaite de salves de plomb crachées par les haquebutes savoyardes.

Aucun tambour, nulle busine, ni cornet à bouquin, ni aucun des instruments de guerre... l'assaut n'était pas imminent. Sans doute se déroulerait-il à la faveur de la nuit, ou aux premières lueurs de l'aube. Rollin détourna le regard et avisa le Grand Mestre cueilleur et boulanger, son vieil ami Augis, qui l'avait rejoint peu après qu'ait sonné la cloche d'alarme.

Son compagnon d'infortune semblait méditer, attendant patiemment, si tellement habitué à l'alarme genevoise qu'il en paraissait presque... blasé. Rollin lui adressa un sourire et lui tendit son boteillon de bois rempli de rouge de Chambave.

La soirée et la nuit promettaient d'être longues.

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Co-Mestre de la Corporation des cueilleurs de fruits de Chambéry, Intendant de la Mesnie des Sainctes-Eaux, Baron d'Arvillard
Valph
Les souvenirs de la dernière incursion des gruyères en terre savoyarde laissaient présager un conflit d'ampleur.
Valph avait tout retiré de sa taverne, cachant ses viandes et brocs de lait, pour pouvoir mettre en place avec la mairesse, un réseau de résistance en fourniture de nourriture aux savoyards. Il suffisait de lui laisser un mot ou de lui faire dire que quelqu'un avait besoin de manger.

Il avait rejoint les remparts dès la tombée de la nuit. La lune n'était pas en leur faveur. Un vent froid s'était levé et ne leur permettait pas d'entendre correctement les genevois s'approcher. Et ils arrivaient c'était sur. Valph, épée et bouclier à la main, arpentait le chemin de guet qui allait jusqu'au bout de la muraille. Là, le chantier était encore en construction et laissait une brèche dans le dispositif de sécurité de la ville.
Quand il les aperçut, il fut surpris par leur nombre...
Plus que la dernière fois où avec Sébaste, ils avaient tenté de franchir leur ligne pour rejoindre la capitale assiégée. Ils n'avaient même pas pu se défendre tellement ils s'étaient mis à plusieurs sur eux, mais Valph se souvenait de quelques gueules de genevois qui l'avaient roué de coups.

Comme celui-là qui s'avançait dans la pénombre et qui comptait s’infiltrer par ici, une des têtes des gruyères qu'il reconnut...
Sans hésiter, il lui sauta dessus.
Ils roulèrent dans la terre défrichée, s'empoignant, essayant de se défaire pour pouvoir frapper son adversaire.
Valph fut le premier à se relever, il leva le bras pour assener un coup à Maethor.
Au moment d'abattre son arme sur lui, il sentit une présence derrière lui. Un gosse !
Le jeune lui assena un coup dans le dos, l’épée de Valph ne fit que tomber de son propre poids sur Matheor qui n'eut qu'une blessure superficielle.
Une chance pour lui que le gamin, que le vieux gruyère blessé remercia en l'appelant Vic_, puisse lui venir en aide...
Valph s'écroula et son corps roula dans le début de la tranchée creusée pour l'assise des futurs remparts.

Au petit matin, il se réveilla, le visage dans la terre, se demandant s'il était en enfer avec toutes les bêtises qu'il avait pu faire ou raconter dans sa vie ...
Le coup qu'il avait reçu sur le haut de l'épaule gauche le ramena à la réalité de la vie et du combat de la veille. Il sourit tout en grimaçant, au moins cette fois il s'était battu. Et c'est encore un coup en traitre qui avait eu raison de lui, ce gosse... un jour il le retrouverait, la roue tourne ...
Il se traina quelques pas puis réussit à se lever pour rejoindre sa maison. Il avait besoin de se soigner et ne pourrait pas reprendre le combat de suite, à moins que dans le capharnaüm de son logis un philtre ne puisse le remettre rapidement apte à retourner trouer du gruyère !




23/11/1468 04:06 : Vous avez frappé Maethor. Ce coup l'a blessé superficiellement
23/11/1468 04:06 : Vic_ vous a frappé Vous avez été sérieusement blessé.

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Lo Puèg per totjorn !
Mini.
Hier était un jour mais demain en sera un autre !

Et c'est vrai, ma foi. Si hier, notre Duchesse arnachée soldat pour la cause chambérienne mais surtout savoyarde, avait eu son heure de gloire, repoussant vaillamment ses assaillants. Aujourd'hui, ce n'était pas la même chanson, malheureusement.

La nuit avait obscurci le ciel. Maia était sereine. Les siens étaient à l'abris et ceux qui ne l'étaient pas, se trouvaient à ses côtés. Les torches s'allumaient une à une. Chacun et chacune, menton fièrement levé, scrutait le camp adverse. Fanch avait rejoint les rangs, Ewald était toujours debout à ses côtés, ainsi que Nice et Elric. Puis comme lors d'un combat en lice, elle eut l'impression que la cloche sonnait. Peut-être était-ce une hallucination auditive. Mais qu'importait ! L'ex soldat qu'elle était, beugla telle une damnée pour se donner du courage :

A l'attaaaaaaaaaqueeeeeeeeeeeeeeee !!

Comme lorsqu'elle se donnait en spectacle dans la lice, Maia partit à l'assaut de son première adversaire. Une femme, à moitié nue. Enfin celle-là avait eu la décence de porter culotte. Oui, il est bon de préciser parce que les femmes helvètes, adorent combattre les fesses à l'air, d'habitude. Mais là, le froid, tout ça, tout ça, peut-être que toutes les conditions n'étaient pas réunies pour que cela se passe comme d'habitude. Bref, elle se débarrassa de la blonde où était-ce la blonde qui fila vers d'autres proies ?

*Haussement d'épaules miniennes, hop, au suivant !*

Un autre blond, décidément elle les attirait, c'était pas possible autrement, eut la lumineuse idée de tailler son bouclier en pièce. Il était grand, à moitié nu ... Est-ce important de le préciser ? Evidemment ! Cela la décontenança. On ne frappe pas un homme à poils, c'est interdit dans le code militaire du bon petit soldat tout bien comme il faut. Cependant, avant de s'en apercevoir, elle avait déjà levé son épée et grièvement blessé l'homme. Au moment, où prise d'un sursaut de lucidité, elle allait le frapper de nouveau pour en finir, elle sentit sa lame dans sa poitrine. Même sans être diplômée de medecine, la Duchesse sut à cet instant, qu'elle était perdue.

Son épée tomba au sol et se brisa. Ses mains tentèrent vainement de retenir le sang qui s'écoulait de la plaie. Les billes émeraudes sondèrent son adversaire avant que ses paupières ne se referment sur elles et que ne s'effondre le petit corps inerte de la Duchesse de Sallanches, à ses pieds. Maia était tombée à son tour, dans la nuit froide et glacée du 24 Novembre 1468, tandis qu'autour d'elle, les combats faisaient encore rage.

Allait-elle mourir ce jour ? Allait-elle vivre ? Elle remit sa vie entre les mains du Très-Haut qui saurait mieux que quiconque, que faire d'elle ...

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#freegnaniou
Ewald_
Si il avait triomphé la veille aux côtés de ses pairs, concitoyens, amis, Ewald affichait cette nuit une mine anxieuse.

Paré à défendre à nouveau sa ville de coeur, il était là, lame au poing et bouclier prêt.
Un hurlement de Maia fit parcourir un frisson dans le corps du brun. Il s'élança alors à son tour.

Dans le marasme que fut la bataille, Il perdit rapidement de vue ses camarades, et n'eût pas de moment de répit.
Il affronta deux soldats helvètes, mais fut pris à parti par un en particulier, qui prit rapidement l'avantage sur le tisserand.

Un coup porté à l'abdomen lui fit tousser du sang et sa vision se troubler.
Le souffle court, Ewald s'effondra, le regard hagard, avec une seule pensée en tête. 'Déjà ?' -Non, c'était trop tôt-
Mais où étaient ses camarades ?? il n'arrivait pas à penser.

De douleur, il ferma les paupières lorsqu'il s'évanouit.



Par chance, il fut réveillé par le bruit autour et les cris au matin. Il rassembla toutes ses forces pour se redresser afin regagner la ville, cherchant du regard toute vie qu'il pourrait accompagner avec lui.

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Valph
Le philtre pris la veille lui avait redonné assez de force et de vigueur pour retourner au combat. Et l'envie de taper du gruyère ne l'avait pas quittée bien au contraire.

Il était revenu sur les remparts lors du second assaut. Cette fois-ci, ils arrivèrent groupés, attaquant au nom de Déos.
Valph ne connaissait pas grand chose sur les Helvètes et il connaissait encore moins ce Déos. Il ne l'avait jamais croisé en taverne, ni même lors de son voyage chez les genevois, un chef de guerre qui sait ?
Mais peut-être que c'était leur accent qui le trompait sur ce qu'il entendait, peut-être ce cri de guerre était "Des Os", mais pourquoi voulaient-ils des os ?
Dans tous les cas, ils n'auraient pas si facilement des os Chambériens !

Valph blessa le premier qui se rua sur lui, il esquiva le second, para le troisième ... puis ne se rappela pas la suite si ce n'est ce mal de tête soudain, le sol, son corps piétiné par le nombre.

Le froid du matin le réveilla, il ouvrit doucement les yeux ou plutôt l’œil, l'autre ne voulait pas. Il bougea doucement ce qui lui arracha un :


ARRRGGGGGGG p'tain ...

Comme hier, il lui faudrait se trainer chez lui, reprendre un philtre, heureusement qu'une nouvelle incursion de l'ennemi de toujours avait été prévu par les toubibs et on avait de quoi tenir !
Il se promit un jour d'aller dans le petit village gaulois dont il avait entendu parler dans son enfance et qui avait donné la recette de cette potion aux médecins, il pourrait alors les remercier de vive voix.

Doucement, faisant un pas après l'autre, s'aidant ici d'un muret, là du montant en bois d'un étal détruit, il rentra chez lui panser ses plaies et se remettre d'aplomb pour y retourner.


Jamais deux sans trois murmura-t-il.
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Lo Puèg per totjorn !
Elric_
Le jeune vK tout fraîchement anobli Duc n'avait pas attendu longtemps pour connaître sa première levée de ban. Il avait toujours détesté la guerre. Son père, grand chef de guerre, avait tenté de le convertir et de l'entraîner à cet art, sans succès. La guerre lui avait pris son père. Certes il n'en était pas mort, mais sa passion et sa dévotion pour sa terre du Nord l'avait éloigné de son fils jusqu'à ce qu'il ne le considère que comme un étranger... tout au plus un Maître d'armes.

Elric en avait passé des jours dans la salle d'entraînement de leur castelet breton, à broyer du noir, rêver de forêts mystérieuses alors que son père tentait de lui apprendre des passes. Temps révolu, il s'était juré d'éviter autant que faire ce peut les combats, déjà par pure couardise mais aussi pour ne pas pénaliser ses potentiels alliés d'un balourd inutile.

Les temps avaient changé. La Savoie qui l'avait adopté réclamait son aide. Sa famille et ses amis, ainsi que sa fiancée, avaient déjà été engagés moult fois dans ces conflits sans queue ni tête avec ceux que Valph surnommait avec beaucoup d'à propos les "gruyères". Ca serait sa première fois, et il espérait la dernière. Malheureusement, il était privé de sa promise et de sa cousine, toutes deux parties en Franche-Comté. Il les savait sur le retour, mais il avait du passer les deux premières nuits de combat sans elles.


Votre Grâce ?

Le jeune homme ne broncha pas.

Votre Grâce Von Kolspinne ?

Il sursauta et pouffa. Il allait falloir s'y habituer. L'on lui faisait amener son épée et son bouclier. Il avait déjà passé son armure, un peu trop étroite pour lui. Une troisième nuit de combats s'annonçait. Les gruyères s'étaient arrêté à l'aube et préparait leur nouvel assaut. Peut-être le dernier qui sait ?

Jusqu'ici, même s'il avait vu nombre de ses amis tomber au combat, tout s'était étrangement "bien passé" pour lui. La première nuit, un peu en retrait, il avait observé ses compagnons et tenté de les aider au mieux. Couvrir les arrières, recharger en flèches, préparation des seaux d'huile bouillante... Maia avait pris des taquets en boucle pour le protéger, tellement qu'elle en fut alitée.

Le second soir, ses premiers combats en corps à corps avaient eu lieu. Plutôt surpris, il s'en était remarquablement sorti, blessant même deux ennemis. L'aube venue, il était même resté estomaqué de n'avoir aucune blessure, pas même une égratignure.

Cependant, il sentait que ce soir serait le bon... Il intégrait la lance de sa Grâce Di Leostilla, qui avait fait des merveilles au combat jusqu'ici. Il tenterait de l'épauler au mieux.


Votre Grâce, sa Grâce Di Leostilla vous attend aux remparts.

Merci mon brave. Je me mets en route.

A peine sorti de la salle d'armes, le vrombissement des piques sur les boucliers et les cris des Helvètes lui vrillèrent les oreilles. Puisant dans ses dernières forces après deux nuits sans sommeil, allant chercher la colère au fond de lui, il se frappa le poitrail et prit la route du rempart.

CE SOIR, C'EST RACLETTE !
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Silanie
Poitiers, début novembre

Nous rentrons !

Fin de l'histoire, fin de mission. Le séjour poitevin prenait fin et l'heure était désormais au retour en attendant la prochaine mobilisation. Elle était fatiguée, cette course folle de St Claude à Poitiers pour rejoindre l'homme de sa vie, puis cette petite excursion sur les rives de La Rochelle étaient loin d'avoir ménager notre savoyarde. Pourtant, elle ne s'était pas sentie aussi bien. Surtout après cette promenade délicieuses qu'ils s'offrirent sur les bords de mer. Rien ne pouvait aller contre son bien être tant qu'elle était avec lui. Civile à son arrivée, elle avait cédé à l'appelle d'un retour aux sources. Sien le lui avait dit "tu as la fibre pour ça, arrête de résister à ton envie d'y retourner". Elle avait cédé, ouvrant la porte à cette tempête qu'elle avait contenue durant de longues années. Ceux qui la connaissait savaient.

La troupe prit la route, direction la Savoie. Evidémment, ce n'était pas sans appréhension que ses pas avançaient petit à petit vers les frontières de sa mère patrie. Pourtant, il lui faudra attendre quelques jours supplémentaires au bénéfice d'une nouvelle mission bourguignonne au pied levé. Certes, elle n'y avait pas fait grand chose, son Lieutenant lui ayant ordonné de rester au repos quand il ne fallait pas suivre. Etonnamment, elle s'y conformait. Elle savait qu'il pensait à son bien, à leur bien. Elle trouva bien à s'occuper à refondre l'enseignement. Elle avait eu le bonheur de retrouver sa charge d'instructeur, un bonheur auquel elle s'adonna avec entrain. Et beaucoup de petits gateaux dont elle n'arrivait plus à se passer.

Châlon. Mâcon...Et voilà que notre blonde est aux portes du Duché de Savoie. Regardant dans sa direction, elle ne peut évidemment pas s'empêcher à tout ce qu'il représentait pour elle et aux évènements qui l'en avait séparé. Elle ne pouvait plus reculer. Elle leur avait dit qu'elle reviendrait. Elle s'était juré qu'il serait savoyard. De nouveaux défis l'attendait, dont l'un serait sans aucun doute le plus beau.

Sauf que voilà. Châlon et Mâcon avaient apporté leurs lot de nouvelles. La première, interne à l'armée, avait sucité beaucoup d'émotion à la jeune femme. Questionnement face à une convocation. Incompréhension face aux questions qui lui furent poser. Choc lorsqu'il conclu l'entretien. Un nouveau défi personnel pour lequel la jeune femme s'était promis d'en gagner le droit de s'estimer le mériter. Suivi, le lendemain, à quelques heures de franchir les frontières, d'une seconde, bien moins réjouissante.

Et pour cause! Alors qu'ils posaient le pied à Mâcon, Genève posait le sien à Annecy. Elle comprit bien rapidement que son retour en Savoie n'aurait pas l'image qu'elle s'en faisait. Au programme ? Rentrer à Chambéry. Revoir ses amis. Savourer la joie de retrouver leur compagnie. Rencontrer sa demi-soeur. Apprendre à la connaître et tenir enfin cette promesse qu'elle lui avait fait. Retrouver leur hôtel et reprendre sa vie où elle l'avait laissé. En ajoutant les petits bonus qu'elle avait ramener.

Elle était si loin de la réalité. Tellement loin.

Bourg, 21 novembre 1468

Deux choses étaient sûr alors que les portes de Bourg étaient franchies. La première, depuis son départ de la ville en 1458, elle n'y avait remit les pieds, en tout et pour tout, que deux fois, limitant son séjour à une journée. Alors les nouvelles venant d'Annecy l'avait conforté que ce séjour-ci serait un peu plus long qu'elle ne l'aurait voulu. La seconde, elle allait surement pouvoir faire une croix sur tout ce qu'elle avait projeté. Le Général avait été clair, il fallait s'attendre à une mobilisation des troupes. Troisième mission en mois d'un mois, de quoi lui faire savoir qu'en rien elle n'irait retrouver le calme reposant de leur demeure.

Ils prirent logement dans une auberge un peu à l'écart, voulant s'assurer de ne pas subir les tempêtes de la cohue du centre burgien. Les semaines filaient, elle avait de plus en plus besoin de repos. Les rôles entre eux avaient changés, c'était elle désormais, le Lieutenant. Mais elle s'imposa la même consigne. Interdite de la moindre folie énergique. Ce fût dans l'après-midi que tout bascula. Oublier ses projets d'un retour au calme. Oublié le fait de profiter d'un apaisement pour mener à bien les affaires qui la concernait. Tout vola en éclat lorsqu'il vint lui demander de répondre d'une consigne. Elle comprenait ses raisons et avait donc obéi. Passant d'un feu de cheminée à se délecter de toutes les gourmandises qui la tentait à une activité bien plus exigeante.

Deux jours durant, elle s'était attelée à la tâche. Obéissant à chacune des consignes qui lui fut donnée. Répondant à chacune des exigeances. Mettant de côté sa fatigue, le stresse que cela lui causait et le regarde réprobateur de sa moitié. Jusqu'au moment où tout s'arrêta soudainement. Offrant à la blondine le droit de retourner au lit et dormir de tout son saoule. Elle le savait, il l'avait épargné. Mais elle le connaissait. Lui son mentor, son partenaire, son ami, elle savait et elle le voyait bien qu'il était plus que contrarié. Elle en portait un poids bien lourd dans le coeur. Méditant dans le fauteuil devant la cheminée, elle décida de prendre la plume. Il était temps qu'elle écrive à son amie. Qu'elle lui dise tout ce qu'elle aurait aimé lui dire en arrivant à la capitale.

Citation:
Ma chère Maia Bella,

Pitié, ne tombe pas de ton comptoir en découvrant l'auteur du pli. Je sais, cela fait bien longtemps que je ne t'ai pas écrit. Mais ce soir, vois tu, j'en ressens le profond besoin.

J'espère qu'en retour, tu me raconteras tous ces mois passés loin de toi. Que mon futur filleul, si tant est qu'il n'ait pas changé d'avis, se porte bien. Que ta famille aussi. Je sais que la situation est difficile, voir même inextricable. Mais j'ose croire qu'ils ont conscience que vous, habitants, n'êtes en rien responsable des décisions de certains. Dis moi que tu vas bien, que vous allez bien.

De longs mois ont passé depuis que je t'ai laissé à Annecy. Le Trés Haut sait combien mon coeur a saigné de vous dire au revoir. Mais ce soir, je suis terriblement triste.

Vois-tu, ma vieille amie, je suis présentement à Bourg. Et ce, depuis maintenant trois jours. Aujourd'hui, si tout s'était passé comme je l'avais envisagé, c'est à Chambéry que je serais. Sans doute aurais-je frapper à ta porte pour entendre avec bonheur ton cri de surprise de me voir devant celle-ci.

Cela se serait suivi de toutes ces choses que j'ai à te raconter et de quelques autres que je souhaitais te demander. Je t'aurais écouter avec un grand bonheur me raconter tout ce qu'il t'es arrivé. Et sans doute aurions nous reprit nos éclats de rire. J'attends cela avec beaucoup d'impatience. Alors pardonne cette lettre un peu longue, mais ce soir, j'ai besoin de te parler. De sentir que même si nous sommes encore séparées, ton amitié est à portée.

J'ai passé de long mois à St Claude à cause d'une bienheureuse nouvelle. Enfin, bienheureuse, mais bien casse pied! Je ne sais si tu te souviens de mes premiers soupçons quant à un bonheur à venir. Eh bien, cela s'est confirmé durant les semaines qui ont suivi. Maia Bella, c'est officiel, dans quelques semaines, nous serons trois. Et ce petit chenapan a décidé que je serais malade à en devoir garder le lit ! Qui plus est, en Franche Comté ! Je suis sûr que cela à ajouter à mon état ! Enfin, trêve de plaisanterie, il y a quelques semaines, je me portais enfin mieux.

Et oseras tu me croire si je te dis que j'ai reçu une lettre qui a bien failli me faire perdre les eaux avant l'heure ?! Une lettre de White ! Oui oui, White ! Joli Coeur qui se tapait le plaisir sournois de m'écrire un petit mot, comme s'il n'avait été parti qu'un week-end ! Vu le choc que cela m'a fait, cette bougresse d'aubergiste-infirmière a voulu me remettre au lit ! Voilà cinq années qu'il s'en est allé et il se targue d'un petit gribouilli. Alors celle-là, Maia Bella, je ne l'avais pas vu venir !

Evidemment, allant un peu mieux, j'ai commencé à me renseigner pour rentrer. Etre loin de mien fût une torture, surtout que je n'avais pas pu le prévenir ! Ma grossesse avançant, je ne me voyais pas donner à mien un fils qui ne serait pas savoyard. Et encore moins lui donner la vie loin de chez nous. Puis, évidemment, vous me manquez.

Sauf que voilà, deuxième choc ! J'ai appris que White avait embarqué mien dans le Poitou ! Bougre de lui, j'étais forcément obligée de me rendre là bas. D'une part pour retrouver mien. Et d'autre part, pour gronder Joli Coeur de l'avoir encore plus éloigné de moi ! D'ailleurs, t'aurais vu sa tête quand je suis arrivée et que je l'ai grondé d'avoir failli accélerer ma délivrance !

Finalement, ce voyage fût chargé en émotions merveilleuses. D'une part, j'ai retrouver mon mien, certainement la chose la plus importante à l'équilibre de ma vie. J'ai retrouvé mon plus vieil ami. Puis j'ai aussi retrouvé de vieux amis à ma plus grande surprise. Peut-être l'as-tu connu, Alix du Vivier. Elle a habité Chambéry un temps. Nous sommes amies depuis tellement longtemps que nous étions incapable de nous souvenir. Mais je crois bien que cela remonte à la même époque que toi et moi. Oui, je sais, rien pour nous rajeunir ma vielle branche préférée !

Puis j'ai revu messire Elkar, le frère de la jeune Bélinda. J'étais bien ravie de le revoir et nous avons beaucoup taquiner sur des sujets relativement badins. J'ai été cependant triste d'apprendre que sa jeune soeur se portait au plus mal et qu'il n'y avait guère beaucoup d'espoir.

Bien sûr, j'ai fait quelques nouvelles rencontres au fil de notre périple poitevin. C'était un peu étrange d'être là-bas. Tous étaient mobilisé au nom de l'Armée des Septs et moi je m'y retrouvais en civile.

D'ailleurs, une discussion avec mien aura eu raison de moi. Je crois qu'il me connaît vraiment bien, je devrais peut-être me méfier un peu. Il sait combien j'ai aimé les Septs, combien j'étais heureuse d'avoir accompagné White dans sa création. Et combien j'avais été triste d'en partir. Nous en parlions souvent et je crois qu'il sentait bien ma nostalgie pour cette aventure.

Eh bien, ma grande, accroche bien tes jupons ! White en a recraché sa bière quand je suis allée le voir pour lui dire que j'envisageais de postuler. Je crois bien qu'il avait fait une croix sur un éventuel retour de ma part. C'était amusant sur le moment de voir sa réaction, mais j'ai été touché lorsqu'il m'a confié avoir été peiné à chaque fois qu'il m'avait vu partir. Mais cette fois, je resterais. Les Septs, c'est une famille et dans le fond, je l'ai toujours porter dans mon coeur.

Alors voilà, j'ai réintégré les rangs de l'armée. Evidemment, je suis contrainte de me ménager, on aurait pas idée de faire des manoeuvres folles à une femme aussi ronde que je le suis ! Il m'a fait le bonheur de me remettre à l'instruction, c'était là que j'officiais à sa création. Si tu savais comme j'en suis heureuse ! J'ai le sentiment d'être à nouveau entière. Tu savais qu'Akator était Lieutenant ? Eh bien il l'était et White s'est dit que ce serait une bonne idée de me mettre sous son commandement. Je crois que quand je lui ai dit que je ferais mes preuves pour un jour postuler à mon ancienne place, il m'a prit au sérieux et a su trouver l'épreuve la plus difficile ! Celle de devoir garder mon plus grand sérieux sans baver ni sauter sur le Lieutenant ! Bougre de lui !

Finalement, nous avons quitter le Poitou pour rentrer. J'étais impatiente de te retrouver. Mais l'objet de notre mission s'était aussi déplacée et, alors que nous arrivions en Bourgogne, nous voilà de nouveau reparti en mission. C'était très plaisant. En bientôt 12 ans à vivre dans nos belles montagnes, je n'avais jamais vu la Bourgogne ! Eh bien là, ce fut chose faite, nous avons visiter presque toutes les villes avec une joyeuse escorte.

D'ailleurs, à la suite de cela, j'ai été fort surprise à l'armée. J'ai été convoqué pour un interogatoir digne du Général. T'imagines bien sans doute à quoi cela devait ressembler ! Je me demandais bien à quoi cela rimait. Figure toi qu'à mes oreilles abasourdie, il m'a finalement annoncé que ma promotion de Sergent était annulée et que ma promotion de Lieutenant était acceptée ! J'avais demandé ni l'un, ni l'autre ! 6 ans d'absence, tu pense bien que j'avais plutôt dans l'idée de refaire mes preuves avant d'envisager de postuler Lieutenant. Ne serait-ce que par respect pour les soldats qui y sont depuis tout ce temps. M'enfin, j'ai entendu ses arguments, mais je n'estime en rien l'avoir mérité alors tu me connais, j'ai juré que je ferais tout pour gagner le droit d'avoir le sentiment d'être légitime à nouveau.

D'ailleurs, j'y ai rencontré un messire qui était dans mes rangs à Chambéry. Qu'elle ne fut pas mon choc, ma peine et mon plaisir de le revoir. Le choc et la peine d'entendre scander un "Bonsoir Vicomtesse!" fort joyeux. Et le plaisir de découvrir son amitié et de rencontrer son épouse. De quoi me mettre du beaume au coeur.

J'ai également revu d'autres amis de longue date, sans compter quelques nouvelles rencontres fort plaisante. Et une fort surprenante! J'ai rencontré une gamine du nom d'Eloane. Elle a dit être la fille de Sianne ! Imagine ma surprise ! En tout cas, elle a son caractère, ça c'est sûr !

J'ai également croisé Elvyna. J'étais un peu surprise qu'elle dise être ravie de me revoir, je crois que ma surprise m'a rendue un peu froide sur l'instant. Peut-être aurais-je l'occasion de la recroiser et me montrer un peu moins sur la réserve. Puis j'ai revu Diane aussi. Elle n'était pas ravie d'être à Bourg, mais elle a au moins dit qu'avoir ma compagnie serait une consolation. C'est étrange, mais cela m'a aussi mis du beaume au coeur et c'était vraiment plaisir de la revoir. Je crois que l'on aura l'occasion de se recroiser les jours à venir. C'est un bout de ces retrouvailles que j'attendais.

Aujourd'hui, je me suis beaucoup reposée. Ce soir, je vais à Belley avec mien. A défaut de pouvoir gagner la capitale, au moins nous aurons notre maison belleysanne pour nous détendre un peu. J'en profiterai pour y mettre un peu d'ordre, depuis le temps que nous n'y vivons presque plus. Et partager avec un mien un peu de temps rien qu'à nous. Ensuite, je crois que l'on retournera à Bourg. Par le Trés Haut, faite que les genevois s'en aille vite ou que les septs aient une mission. Je ne me sens définitivement pas bien à Bourg.

Ah sinon, j'y pense que maintenant, mais je réponds au nom de mien maintenant. Bon, bien sûr, je signe encore de mon nom de jeune fille, mais seulement sur les documents officiels. De fait, ne t'étonne pas si je me présente sous le nom de Von Deus-Graaf désormais.

Bon, je crois qu'en fait, je t'ai écrit un roman. J'ai encore tant à te raconter. Mais je vais m'arrêter là, faudrait pas que tu sois morte avant d'avoir fini de lire ! Puis que je n'ai plus rien à te dire lorsqu'enfin, je pourrais fouler le sol de la capitale !

Mince! J'ai oublié de te demander !
Lorsque les temps seront un peu plus calme et si par chance, ma délivrance n'a point encore sonnée. Accepterais-tu de m'aider à organiser l'hotel pour son arrivée ? Nous avons tant à nous fournir. Je dois aussi trouver une nourrice. Il a dit qu'il préférait me savoir heureuse aux Septs et que nous prendrions donc une nourrice pour m'aider. Et puis, évidemment, accepterais-tu d'être celle qui m'aidera à mettre au monde notre bonheur?

Je t'embrasse fort mon amie,
Prend grand soin de toi, de ta famille, de nos amis,
Je prierais pour que Genève ait un peu de mansuétude pour vous et qu'ils se tournent vers les vrais responsables.

Amitié,

Sili Jolie.

PS : si Ewald est avec toi, peux tu lui dire que je vais lui répondre. J'ai gardé sa lettre précieusement, mais j'espérais pouvoir lui faire la surprise de lui répondre en propre.


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Alia.


Au matin du 24 Novembre 1468, on m'avait ramené Ma Dame. Lorsque j'ouvris au visiteur, comme à mon habitude, jaugeant par son accoutrement qui pouvait bien demander audience, je découvris toute l'horreur de la scène. Ma dame, allongée, sa peau plus blême qu'à l'accoutumée. Les yeux clos, elle semblait dormir mais lorsque je relevai le regard sur l'homme qui trainait le brancard à bout de bras, je compris que la situation était pire que ce que je ne pensais. Pierre aida aussitôt l'homme à installer la duchesse dans son lit si confortable qu'elle affectionnait tant depuis que le Maître Charpentier Rollin le lui avait livré. Elle semblait si fragile, perdue au milieu des draps.

Je vérifiai le pansement qui avait pris une teinte carmin malgré les soins d'urgence qui lui avait été prodigués. Je grimaçai. Ma dame ne pouvait pas trépasser aujourd'hui. Les petits avaient encore besoin d'elle. Qu'adviendrait-il d'Ambre, de Pierre et de Walter ? Certes leur frère et leur soeur aînée devraient pouvoir s'en occuper mais tout de même. Fait exprès que Ma dame était dans un état lamentable, des courriers de toute part arrivèrent.

Le Vicomte de Challand fut le premier. Le rapport de Valph était arrivé et j'avais fait le nécessaire pour le transmettre à qui de droit. Celui du Maître tisserand Ewald aussi. Et puis celui de la milice. La duchesse avait organisé son réseau comme lorsqu'elle était Lieutenant de l'OST et le pigeonnier de Sallanches allait finir par déborder si cela continuait ainsi. Le Maître cueilleur Rollin avait pris nouvelles, ainsi que la Dame prévôt et enfin le Capitaine de Savoie.

J'avais envoyé Pierre chercher les potions chez John et au marché. Le Duché avait mis à disposition ce qu'il pouvait pour remettre les combattants sur pieds. Et je me mis en devoir de répondre à tout le monde puisque ma maîtresse était dans l'incapacité de le faire elle-même.


Spoiler:


Le 24 Novembre 1468

D'Alia, Intendante de Sallanches,
A Anthelme, Intendant du Bourget,

Messire,

Ma maîtresse n'a guère eu le temps d'écrire quelque courrier ces derniers temps mais elle fulminait que vous ayez pris la route alors que deux armées assiégeaient la ville. Elle a dit : N''ont-ils rien dans la tête pour ainsi aller se jeter sur les lames des hérétiques ? Ce sont ses mots mais vous savez qu'elle est toute en exagération. Je mets cela sur le compte de sa petite taille. Elle doit souffrir d'un complexe d'infériorité, qu'elle compense donc par une exagération de tout ce qu'elle dit ou conte.

Pour votre arme, je ne sais ce dont il est question. Mais je sais qu'elle avait en garde des boucliers et armes du Duché. Ainsi vous aurez sous peu de quoi vous défendre. Je ferai le nécessaire pour vous. En effet, ma Maîtresse est tombée cette nuit. Elle était à la tête d'un groupe comme la nuit précédente et malheureusement, un villageois a trouvé son corps inerte parmi les "presque morts". Il lui reste un souffle de vie mais pour combien de temps ?

Je prie pour elle et prierai aussi pour que les soutiens arrivent vite. Chambéry risque de tomber dans les prochaines heures. Nos défenses s'amenuisent. Nous sommes seuls. Dites à votre Maître de ne point commettre d'imprudence, je sais que ma Maîtresse garde un attachement particulier pour lui, même si je ne sais pas pourquoi.

A vous lire.

Alia.

Spoiler:


Le 24 Novembre 1468

De Alia, Intendante de Sallanches
A Messire Ewald, Noble tisserand de la capitale et fier combattant.

Messire Ewald,

Je suis au regret de vous apprendre que ma Maîtresse est tombée, cette nuit, sous les lames ennemies.
Par chance, un citain me l'a ramené au matin sur un brancard de fortune.
Un souffle de vie semble encore l'habiter mais je ne saurais dire pour combien de temps.

A vous lire.

Alia.

Spoiler:


Le 24 Novembre 1468

D'Alia, Intendante de Sallanches,
Au Baron d'Arvillard, Rollin Chabod,

Baron,

Je suis au regret de vous annoncer qu'un de nos citains a reconduit sa Grâce sur un brancard de fortune aux premières lueurs du jour.
Elle est assez pâle mais le vie semble battre en son coeur.
Je prie pour elle après avoir fait le nécessaire à ses blessures.
Pour l'heure, il n'y a rien à faire. Les prochains jours seront cruciaux, j'en gage.

A vous lire,

Alia.

Spoiler:


Le 24 Novembre 1468

De Alia, Intendante de Sallanches,
A Dame Ophelys de Saint-Jeoire, Prévôt de Savoie,

Dame,

Je suis au regret de vous annoncer que la Duchesse de Sallanches est tombée cette nuit.
Il semblerait qu'un souffle de vie l'habite encore mais elle sera dans l'incapacité de prendre quelconque offre.
Je suis parvenue à lui faire prendre une potion batoa mais il en faudrait encore deux pour qu'elle soit rétablie et prompte au combat.
Ce ne sera pas pour demain non plus.
Qu'Aristote, vous protège Dame.

A vous lire,

Alia

Spoiler:


Le 24 Novembre 1468

De Alia, Intendante de Sallanches,
A Dame Tiffany de Belle-Rivière, Capitaine de Savoie,

Dame,

Au nom de ma Maîtresse, je vous remercie.
Elle sera sur pieds d'ici quelques jours.
Et nul doute, qu'elle sera prête à en découdre.

Respects,

Alia.


Le soir venu un autre courrier de son amie, Dame Silanie, à qui je ne répondis que le lendemain, après avoir fait boire une autre potion à ma maîtresse. Celle-ci ferait plus long lorsqu'elle serait en état mais pour l'heure, je ne pouvais pas tenir son amie dans l'ignorance.

Spoiler:


Le 25 Novembre 1468,

D'Alia, Intendante de Sallanches,
A Sili Jolie, Amie chère et estimée,

Dame,

Ma maîtresse se trouve dans l'incapacité de vous répondre pour le moment. En effet, un helvéton, comme elle a su me le raconter ce matin, lui a troué le cuir, ce sont là encore ses mots. Ecrire lui est encore impossible mais parler, par contre ... Elle le peut. Hier, nous l'avions cru morte et aujourd'hui, frustrée de ne pouvoir rien faire, elle est d'une humeur massacrante.

Autant vous dire que les ordres fusent et que j'ai bien hâte qu'elle puisse se rendre à nouveau sur les lignes de défense chambérienne. Au moins, les helvètes en prendront plein les oreilles, cela nous changera un peu et le calme reviendra sur Sallanches.

En attendant, prenez soin de vous et n'ayez crainte, je veille sur elle. Enfin du peu qu'elle me laisse le faire. Vous connaissez son esprit d'indépendance. Je ne vous apprends donc rien. Une mule reste une mule, ma foi.

A vous lire,

Alia.
Valph


Journée 24 novembre 1468


Valph avait passé sa journée à retaper les murailles, il n'était pas encore totalement remis de l'avant veille.
Les pierres à amasser, les pieux à tailler et à fixer, voire planter pointe acérée en l'air contre les chevaux où un helvète gauche qui trébucherait, les arbres à abattre bien en travers du chemin d'accès pour les fatiguer un peu plus avant d'atteindre les remparts ... tous ceux qui bossaient aux défenses de la ville faisaient de leur mieux pour créer des embûches aux Genevois.
Ils avaient creuser des trous de un ou deux pieds de profondeur, pas très larges mais bien parsemées avec, planté au fond, des restants de lames d'épées cassées, de flèches brisées, de tout objet ramasser sur le champ de bataille et capable de blesser un autre genevois gauche qui marcherait dedans.
Valph sourit même en remplissant certains pièges avec du crottin de cheval, en souvenir du pirate genevois qui s'était décrotté les bottes dans sa taverne.
Il leur avait pourtant proposer de les raccompagner jusqu'à la frontière, même galamment plutôt qu'à coups de pieds au cul mais non ... tant pis pour eux.
La nuit arrivait, Chambéry a tenu, tenait et tiendrait encore et encore et ... encore, les savoyards faisaient tout pour.
EN rentrant, Valph se retourna et dit en direction de l'ennemi :


A Vos os ! le pote a Déos !!
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Lo Puèg per totjorn !
Diane_vk
Bribe de vie

Non de Zeus!!! comme dirait Maïa ...
Vous êtes sure ?

Regard foudroyant à Cunégonde qui se ratatine

Sure de quoi?!
Ben ... hum ... si c'est comme pour "Rouuuloulou" , voyez ?

La brune hésite à fondre sur sa suivante pour se défouler pour le coup. Il faut dire qu'elle cherche un peu là tout de même.

Je vais vous envoyer curer les latrines helvètes , vous serez sure ainsi!!

Re ratatinage de suivante von kolspinnienne et envolée non lyrique de la jeune duchesse.

Il me fatigue ces genevois! mais il me fatigue! Je suis en voyage moi !! je ne veux pas rentrer déjà! Je ne suis pas militaire bordel de foutre missel de ... rhaaa j'ai encore oublié les jurons de Phaco!

Et une petite voix de s'exprimer à nouveau

Vous avez des nouvelles de Messire Phaco?

Re foudroyage de suivante, encore et encore

Cunégonde? .. vous me cherchez là ?
Mais non mais euuuuhhh Madameeeuu!
Faites préparer les malles au lieu de dire anneries sur anneries. Nous rentrons en Savoie.
Madame?
Quoi encore?!
Il parait que Bourget à été blessé..
Bourget? comme le lac ? qu'on voit danser le long des berges claires ?
euh ... le Vicomte sait danser ?
Nom de Zeus!

Un nouveau regard glacial vers Cunégonde, l'air de dire : si tu tentes de me refaire le coup du Rouloulou je t'étripe!

Ma plume! mon encre! mon cheval! mes froufrous!!

Dans l'odre ou le désordre. C'était l'heure de partir et de quitter ceux qu'elle avait eu à peine le temps de voir ou de rencontrer.
Une missive à chacun des frères van Wever qui lui servaient d'escorte et d'ami pour se voyage et une autre à blonde pour la prévenir qu'elles repartaient de suite.

Et plus calmement , prendre la plume, la main un peu tremblante d'inquiétude pour écrire à l'intendant avant de prendre la route.

Les jours passent et les nouvelles ne sont pas toujours bonnes. Les amis qui tombent mais les murs qui tiennent.
L'arrivée à Bourg.
Déprime.


Madame!
Hum ?
Valcesia et Sallanches.. messire Valph et .. la princesse de Chambéry.
Nom de Zeus!! .... recommencez pas Cunégonde! ...

La jeune brune tourne en rond , s'agace et peste.

Que le Trés Haut foudroie ces maudits helvètes!

Elle attrape sa cape, prends son épée et dit avant de disparaitre.

Je vais chez Dame Calypso, elle pourra aiguiser Epineuse comme il convient pour quand je pourrais leur trancher la couenne à ces vilains!
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Raphaell_
22 novembre 1468

Le Duc de Westphalie était tout affairé à son bureau. Ces derniers jours les juges impériaux l'avait porté à la présidence de la Cour Impériale -ce qui revenait à une fort sympathique mission suicide- et le brun se retrouvait là à faire le tri dans les affaires, quand une seconde mission suicide vint à mettre la première de côté. Jongler avec des épées enflammées n'aurait point été une activité anormale par les temps qui courraient.

Votre Altesse Sérénissime?

Raphaël va très bien.

Les helvètes qui se trouvaient au bord de Como, sont désormais aux abords de notre capitale.

Les émeraudes du Cendrecourt tournèrent :

Ainsi, après avoir traversé la vallée de l'Aoste et goûté quelques fromages du milanais, les helvètes viennent voir si le fromage est meilleur de l'autre côté du Piémont? C'est fort sympathique de leur part.

Un petit rictus amusé parcourait les lèvres de l'ancien président de la Diète.
Il se redressa après ces mêmes quelques mots afin de se diriger vers une grande armoire d'ébène laquelle contenait en plusieurs pièces son armure de garde impériale, achetée quelques mois auparavant lors du voyage de l'escorte impériale à travers les diverses provinces de l'Empire.
Les pupilles toujours portées sur ladite armure, Mirecourt abandonna au garde de faction :

Vous savez que je ne l'ai jamais utilisée?
Votre Altesse?
Raphaël. Je n'ai jamais utilisé cette armure. Traditionnellement j'en revêt une autre pour les tournois.
J'espère qu'elle survivra bien les combats qui arrivent.
La teinte du garde se fit plus sombre : Personne ne vous oblige à participer à la défense de la Savoie votre Alt, Raphaël. Vous n'êtes pas noble de Savoie, et vous ne vivez ici que depuis quelques semaines à tout au plus quelques mois.
La teinte quelque peu amusée laissa la place à un simple sourire tandis que les deux mains du Duc Impérial se saisirent du plastron de son armure :
Lorsque je suis venu ici, pour la première fois...au moins de Juin, j'ai découvert nombre d'amis en ces tavernes.
Lors de l'élection impériale, j'ai pu compter également sur nombre d'appuis, d'amitiés et d'affection.
Ce n'est pas un serment vassalique qui me lie à la Savoie, c'est un serment moral. J'ai pu compter sur des dons et des amitiés rares. Aujourd'hui, j'ai l'occasion de montrer que j'en suis digne.
Alors peu importe l'issue des combats, peu importe si nous terminons tous à l’hospice pour deux semaines de rétablissement ou si nous sommes victorieux. Je serai sur ces remparts aussi longtemps que le siège durera, et que je pourrai tenir debout.


Le soir même, le Vosgien rejoignit les rangs de l'armée de Thibali. A sa section fut adjointe une jeune demoiselle, malheureusement moins armée et expérimentée.
En taverne il pu redécouvrir les joies des discussions de siège. La ville était en état de guerre, et Dewan, sa propre mairesse désormais, devait également pouvoir compter sur sa présence.
En sa poche droite, tout au long de sa fin de mandat comme président de la Diète impériale, et durant la campagne qui s'ensuivie, demeurait le caillou de Chambéry que la jeune demoiselle lui avait offert.
Un "souvenir" de la Savoie pour un Lorrain, un fort beau souvenir que ce dernier avait conservé, et qui allait maintenant le suivre dans les combats.

Au premier soir des combats la corne se fit entendre :

Les deux armées ennemies convergèrent. Les premiers hommes tombèrent dans chaque camp.



23/11/1468 04:06 : Votre arme a été détruite.

23/11/1468 04:06 : Vous avez frappé Filauvent. Vous l'avez légèrement blessé.

23/11/1468 04:06 : Lantana_ vous a frappé Vous avez été légèrement blessé.

23/11/1468 04:06 : Vous avez été attaqué par l'armée "Löwenrudel" dirigée par Sweetkisha et l'armée "Brachium Armato" dirigée par Leo....


Au lever de l'aube, l'épée cassée et une légère blessure apparente, le Cendrecourt prit de quoi se guérir et acquérir une nouvelle épée.
Il affichait ce jour un visage partagé entre une pointe d'exaspération et une bonne humeur conservée :
Il me coûte cher ce siège. A défaut de m'avoir éliminé, ils veulent nous ruiner.
La magie du batoa faisant son effet, le Duc se prépara pour la deuxième nuit des combats.



24/11/1468 04:07 : Jonrambo vous a frappé Vous avez été secoué, mais vous n'êtes pas blessé.

24/11/1468 04:07 : Vous avez été attaqué par l'armée "Brachium Armato" dirigée par Leo... et l'armée "Löwenrudel" dirigée par Sweetkisha.


Alors que les helvètes attaquaient les murs pour la deuxième nuitée consécutive, il sembla que quelqu'un eu la bonne idée d'abattre un objet contendant sur son plastron de garde impérial.
Cela eu certes pour effet de provoquer une jolie résonnance et une secousse de surprise chez le lorrain, mais le second assaut fut tout de même repoussé.
N'ayant pas vécu grand-chose de la seconde nuitée, il passa la journée oisif et même plus que oisif, réfléchissant au sens du monde, des couleurs et des todongos.

Vint dès lors la 3ème nuitée des combats :



25/11/1468 04:06 : Vous avez été attaqué par l'armée "Löwenrudel" dirigée par Sweetkisha et l'armée "Brachium Armato" dirigée par Leo....


Deux sourcils d'ambre se froncèrent :

La mort se rechigne à venir me dire bonjour pour l'heure. Bah, elle doit juste être en retard.
Il alla toutefois s'enquérir de la situation de ses comparses. La Savoie se défendait bien mais la violence des combats était bien réelle. C'est avec nonchalance mais discipline que Mirecourt se prépara ainsi à la quatrième nuit.
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Vikentios

    Ils tombaient tous autour de lui. Comme des mouches. Un peu par dépit, il avait rejoint le groupe de défense de la duchesse Maïa. S'il fallait justifier ses gestes, ils étaient ainsi justifiés. Un peu comme un duelliste attendrait son adversaire dans la lice, debout, les bras ballants, l'épée à la main, armure légère revêtue, le Niçois attendait. Il faisait fi des remarques de sa comparse. Il n'avait que faire des gens à leurs côtés. Il se battait pour survivre. Pour son fils. Pour l'héritage de la Maison di Leostilla.

    Dans la force de l'âge, le duc était un adversaire redoutable qui portait des coups puissants alliés à une rapidité et une adresse indéniables.

    Les Helvètes étaient en force. Mais la véritable puissance qui comptait lors d'un siège c'était celle des défenseurs et des remparts. Et visiblement, les Savoyards avaient du ventre.

    Il fallait faire attention. Les lames brillaient dans le ciel noir, tantôt blanches, tantôt rouge noir. Les cris s'élevaient eux aussi à leur hauteur désespérée. Le Lion rugissait. Une épée vint soudain le toucher sur le flanc. Antoine s'apprêtait à ressentir de la douleur. Mais rien. L'idiot avait frappé avec le plat. Le duc le repoussa du bras et il ne revit plus son ennemi de la nuit.

    Et alors qu'il cherchait cet énergumène pour le poursuivre et l'achever, il fit un tour sur lui-même et ses yeux, téléscopiques, se mouvaient en tous sens. C'est alors qu'il vit la duchesse Maïa tomber, et l'acier carmin s'extirper de ses chairs.

    Le di Leostilla se demanda quoi faire. Il traversa alors les combats, et s'approcha de la pauvresse qui mordait la poussière cette nuit. Il secoua la tête. Pas médecin pour deux sous, il préférait achever plutôt que soigner. Surtout quand ça s'annonçait mal. Il soupira, regarda le ciel, reprit une longue inspiration. Il n'en avait que faire qu'elle rejoigne Dieu sur l'instant. Mais c'est ce même Dieu qui apparut au duc. Les flammes éternelles l'attendaient s'il ne l'aidait pas. Ce fut le combat de l'homme contre l'homme. De nombreux calculs, parenthèses, racines carrées et sous totaux se positionnèrent entre les lattitudes misanthropes, les pieuses longitudes et les peurs infernales du duc. Il regardait la victime qui se vidait de son sang. Et puis soudain, il rangea son épée dans son fourreau, se pencha, et souleva le corps inerte.


    - Imbécile.

    Parlait-il pour elle ? Pour lui ? Elle ne pesait rien. Leur carrure était radicalement opposée. Il la porta doucement, prenant soin de compresser la blessure. Tant pis s'il était un peu plus taché. Le Divin Nectar. C'était sa destination. Sans doute que quelques uns de ses domestiques ou bien de ses employés y seraient, en attendant que la tempête genevoise se calme, ou bien que le château soit pris. Dewan était à l'abri, dans la mairie, entourée de gardes leostilliens, prêts à l'emporter de force.

    Un homme ce soir-là traversa les rues silencieuses, loin des combats mais en proie avec son lui le plus profond, le plus intime et le plus inexploré. Qui sait ce qui se déroula véritablement à ce moment ? Et il marmonnait. Dieu seul sut ce qu'il prononça. Dieu et peut-être l'inconsciente Maïa. Fut-ce une confession ? Une prière ? Allez savoir. On lui ouvrit. La situation fut vite comprise. Sans un mot, il déposa Maïa là où on lui dit. Et il disparut.

    Le jour d'après, il était de retour. Aux côtes d'Elric von Kolspinne. Une fois de plus son destin était lié à cette famille. Il se sentit d'humeur mélancolique. C'était comme s'il devait veiller sur la descendance de son vieil ami. Les Genevois, ce soir-là, et ceux qui suivirent, ne virent de Nice que son acier trempé à l'eau de mer.


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Cyriella
Membre du Cercle, chancelière de Savoie, noble impériale et noble lorraine... prendre les armes pour défendre une juste cause, je n'avais jamais hésité, je n'avais pas besoin de la noblesse pour le faire. Ce n'était pas la première fois, ce ne serait pas la dernière.

Cela faisait plusieurs jours que le Cercle surveillait l'arrivée des Helvètes. Les compagnons étaient donc sur le pied de guerre, prêts à rallier la Mandra dès que les consignes leur auront été données. Ils n'eurent pas à attendre longtemps et entrèrent dans l'armée.

Les armées ennemies ne faisaient pas de quartier ! mais les compagnons accompagnés de nombreux défenseurs de Chambéry tenaient le coup... et malgré des pertes, repoussaient vaillamment les agresseurs réformés.

la première nuit fut sanglante pour les membres du Cercle

Je vis trois de mes compagnons tomber à mes côtés, ils furent vite dégagés du champ de bataille pour les mettre à l'abri dans l'infirmerie en arrière.

mais je frappais du mieux que je pouvais. L'épée ce n'était pas mon fort, cependant je m'accrochais, et parfois du haut des remparts, j'utilisais mon arc et ajustais au mieux mon tir... Je réussis à faire tomber un des soldats adverses


Citation:
23/11/1468 04:06 : Vous avez frappé Amalgot. Vous l'avez grièvement blessé.


le 24 un autre compagnon tomba et le lendemain, je fus à mon tour mise hors du jeu.

Citation:

25/11/1468 04:06 : Sweetkisha vous a frappé Vous êtes mort au combat.


Je n'ai plus souvenir de qui m'emmena à l'infirmerie, mais je me réveillais le lendemain courbaturée, bandée à la tête, affaiblie mais saine et sauve ! le Trés Haut avait eu pitié de moi ou voulait que je continue à taper de l'hérétique.

En aurai-je encore la force ? me demandai-je... Peu m'importait, les remontants miraculeux ingérés, me permirent de réintégrer l'armée de la Mandra.

Ce soir, je serai à nouveau au combat, plus déterminée que jamais au côtés de mes compagnons du Cercle, aux côtés de Raphaël, aux côtés de tous les vrais savoyards ! et cela pour défendre cette terre qui m'avait vue naître quelques années plus tôt.

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Cesar.alexandre
    Remparts de la ville, bonne ville de Chambéry, vingt-six novembre mil quatre cent soixante-huit.

Le soleil était encore bien haut dans le ciel lorsque le jeune di Leostilla revint sur les murailles de la Cité des Ducs de Savoie. Depuis plusieurs jours, il en était devenu un habitué. Non pas qu’il y pourchassait quelconque coureuse de rempart pour s’adonner à de menus plaisirs qu’il n’avait jusqu’ici jamais connus – et que ses vœux lui empêchaient désormais de connaître à jamais –, loin de là. C’était pour protéger la terre de ses ancêtres qu’il y allait. L’histoire est ironique : quelques jours plus tôt, le jeune prêtre avait prononcé des vœux parmi lesquels se trouvait celui de ne jamais porter d’arme ni d’user de la violence. A peine rentré de Toul, où il avait été ordonné ministre de Dieu, voilà que deux armées d’helvètes réformés avaient installé leur campement aux alentours de la capitale savoisienne, assiégée depuis dimanche vingt-deux. Une fois n’est pas coutume, Rome avait promptement réagi et avait levé l’interdiction faite aux clercs de porter les armes, allant jusqu’à les enjoindre à les porter pour combattre la menace hérétique qui planait désormais sur la plus aristotélicienne des terres du monde. Le bâtard du Duc du Bugey n’avait point répondu présent à l’appel dès les premiers jours, non. Il avait longuement hésité, à vrai dire, avant de s’engager. Deux armées savoisiennes campaient à l’intérieur des murailles, composées de vaillants gaillards dont la profession était le métier des armes, et qui, par conséquent, seraient bien plus utiles que lui à défendre la Cité. De surcroît, lui n’avait jamais manié une quelconque arme de sa – courte – vie, à l’exception de couteaux pour trancher la viande et la déguster. Il n’était guère robuste non plus : à peine âgé de quinze ans, César était encore en pleine croissance, et sa musculature laissait à désirer. Somme toute, que pouvait-il apporter à la Savoie, sinon ses prières, pour contribuer à sa défense ? Mais sa vision des choses changeant lorsque, deux ou trois jours avant, l’une des deux armées savoisiennes fut anéantie au cours d’un assaut, et que les rumeurs des pertes subies du côté savoyard se répandaient dans la ville. Alors le prêtre avait changé d’avis : il devait prendre ces armes qu’il ne pouvait théoriquement pas porter afin de défendre la Cité des Ducs de Savoie de la menace huguenote. Il savait pertinemment que son utilité sur les remparts serait infiniment ridicule ; mais s’il pouvait ne serait-ce qu’assommer un assaillant, ce serait toujours ça. Dès lors, depuis mardi, il veillait sur les remparts, en quête du moindre mouvement suspect. Sans grand succès, au demeurant, puisqu’il n’avait croisé aucun ennemi, tout au plus avait-il aperçu au loin leurs bannières. Alors, le matin du troisième jour, César-Alexandre se décida à descendre des murailles chambériennes afin de se rendre dans l’église où il exerçait sa mission divine pour y revêtir sa chasuble et son étole cérémonielles, ainsi que prendre son calice que l’évêque de Toul lui avait remis lors de son ordination. Deux sacristains en tenue furent eux aussi réquisitionnés, avec un grand crucifix et une cloche. Les trois hommes ne tardèrent point à revenir sur les remparts, où plusieurs chevaliers savoisiens montaient la garde. Soudainement, leurs voix s’élevèrent vers le firmament, tandis que l’un des préposés posait tant bien que mal le crucifix contre un créneau, espérant qu’il tienne bon le temps que cette procession des plus baroques soit célébrée.

    « – Kyrie eleison, Christe eleison, Kyrie eleison. » Il marqua une pause, avant de prononcer une sorte de prêche destiné à revigorer les troupes.

    « – Dieu se lève, ses ennemis se dispersent, et ses adversaires fuient devant sa face. Comme la fumée se dissipe, tu les dissipes ; comme la cire se fond au feu, les méchants disparaissent devant Dieu. Mais les justes se réjouissent, ils triomphent devant Dieu, ils ont des transports d’allégresse. Chantez à Dieu, célébrez son nom ! Frayez le chemin à celui qui s’avance à travers les plaines ! L’Éternel est son nom : réjouissez-vous devant lui !

    Béni soit le Seigneur chaque jour ! Quand on nous accable, Dieu nous délivre. Dieu est pour nous le Dieu des délivrances, et l’Éternel, le Seigneur, peut nous garantir de la mort. Oui, Dieu brisera la tête de ses ennemis, le sommet de la tête de ceux qui vivent dans le péché.* »
    Le jeune prélat ouvrit alors les bras, avant d’enchaîner sur une invocation.

    « – Ô Seigneur, réconforte ces frères qui partent en guerre avec Ta grâce et protège la paix de tout mal. Donne-leur la grâce et la pureté, qu'ils bannissent tout ce qui est indigne de Tes éloges et contraire à tes commandements. Aide-les à combattre pour qu'ils comprennent l'importance de la paix, et s'ils se laissent envahir par le mal, chasse la Créature sans Nom de leurs cœurs et freine leur colère. Amen. »Il ferma alors ses bras, avant de poursuivre.

    « – Saint Maurice, toi qui, depuis les plaines fertiles d’Egypte, découvris la Sainte Lance par laquelle fut blessé le Christ par les païens ; toi qui vins dans nos montagnes et y fus massacré avec tes frères pour avoir refusé de t’adonner au culte païen ; toi qui mourus avec les tiens pour ta foi et qui la répandis en nos saintes et aristotéliciennes terres ; toi qui fus décapité pour ton Dieu ; accorde à ces chevaliers ton courage et ta force, bénis-les et donne-leur la Victoire face aux hérétiques. Amen. »

Le Leostilla se signa alors, avant d’entonner de nouveaux chants avec les deux sacristains. Il n’avait jusqu’ici célébré que quelques offices seulement, et n’était guère encore un grand habitué de la liturgie, de la succession des chants dans un ordre bien précis, des prières, etc., et aussi, il improvisa largement ce qui ressemblait vaguement à une messe. Il faut dire, quel prêtre était préparé à en célébrer une sur des remparts, face à des chevaliers scrutant l’horizon en quête du moindre mouvement ennemi ? Peut-être les aumôniers des milites, et encore. Une fois les chants terminés, les sacristains reprirent alors tout ce qui avait été amené sur les murailles, avant de retourner à l’église, tandis que le Bâtard du Bugey restait dessus, en tenue ecclésiastique – quelle idée ! –, et s’arma d’un bâton que le Baron d'Arvillard lui avait prêté, faute de pouvoir lui fournir pour le moment une arme digne de ce nom. En même temps, était-ce vraiment utile de donner une épée à un homme ne sachant se battre, tandis que des chevaliers aguerris pourraient en nécessiter ? Probablement pas. Certainement pas, même. Il rejoignit ledit Baron, qui commandait un corps de volontaires vraisemblablement peu habitués eux aussi à la chose militaire, à l’exception de Rollin. Était-ce rassurant ? Fort peu. A l’origine, il avait rallié la bannière du Duc de Nice, son parent, autour de laquelle plusieurs hommes et femmes d’armes s’étaient joints. Mais, au gré des assauts, certains avaient péri, et les conditions de la nuit passée avaient contraint le jeune homme à changer de corps tandis que celui de son grand-père s’était renforcé dans la journée. Et puis, au moins, si la peur s’emparait du jeune prêtre et qu’il était pris d’idée de fuir le combat, son ascendant ne le verrait pas de ses propres yeux. Ainsi, le Leostilla se plaça à son poste, bâton en mains, attendant non pas Godot mais l’ennemi. En espérant qu’il vienne cette nuit. Ou plutôt qu’il rebrousse chemin et rentre dans sa chaumière, pour laisser la Savoie en paix. Quel doux rêve, n’est-il pas ?

* Extraits du Psaume 68 (67)

Citation:
Hier, en chemin, vous avez croisé Anniemal, l'armée "La Mandra" dirigée par Thibali, l'armée "Brachium Armato" dirigée par Leo..., et l'armée "Löwenrudel" dirigée par Sweetkisha.
Hier, en chemin, vous avez croisé l'armée "Löwenrudel" dirigée par Sweetkisha, l'armée "La Mandra" dirigée par Thibali, et l'armée "Brachium Armato" dirigée par Leo....
Valph
Soldat, pour la première fois il était soldat. Droit dans son armure certes non règlementaire, il attendait patiemment que les gruyères montent une énième fois à l'assaut.
Quelques nuages avaient rendu le froid moins saisissant. Ces derniers muent par un léger vent dessinaient des formes à la lumière de la lune. Telles des fantômes, celles-ci semblaient se dissoudre et disparaissaient à l'orée du bois qu'il observait.
Les heures passaient. Mais où étaient donc ces Genevois ?
Le jour commença à poindre, les nuages avaient été chassés. On entendait la forêt se réveiller.
Soudain quelque chose bougea dans la pénombre. Ce n'était qu'une biche sortant du bois, paisiblement, se délectant de jeunes pousses.
Valph, alors, comprit.
Ils avaient fui !!!
Il dégrafa le tonneau de ses épaules, laissa tomber son épée au sol, leva les bras en l'air, et cria :


YEAAAAAAHHHHHHHHHHHH !!!!


Son cria résonna dans les premières lueurs du jour, la biche regarda en sa direction et s'enfonça d'un bond dans les taillis.

Ils étaient partis ! Certes, il allait falloir panser les plaies de cette guerre, se requinquer pour les blessés mais Valph souriait.
Ils les voyaient bien rentrer chez eux, se vantant de grands combats face aux petits savoyards ... mais ils avaient abandonné !
Il plongea une main dans sa besace, en sortit le trophée qu'il avait prévu pour ce jour de victoire et c'est en souriant qu'il mangea le dernier morceau de gruyère.

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Lo Puèg per totjorn !
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