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[RP] Heureusement j'avais ma lanterne

Jhoannes
[Ce RP est ouvert, donc il n’est pas fermé. CQFD.]


« C’est arrivé bêtement, c’est arrivé d’un coup », se dit Jhoannes.

Qu’est-ce qui vient d’arriver ? Voilà comment le blond racontera les prémices de son aventure, si jamais il s’en sort suffisamment vivant pour rapporter sa peau jusqu’à un comptoir - le premier qu’il croisera :


« On marchait dans les bois, entre le Berry et le Limousin. Et il faisait nuit, donc on y voyait pas grand chose. Bref, on taillait la route, en silence, comme des chefs. Et à un moment, c’est devenu marécageux, un vrai bourbier, ouais il a pas mal plu dernièrement. Avec notre chargement et les chevaux, c’est vite devenu galère, donc on est tous descendus, sauf la gosse qu’on a laissée dans la charrette, et on a guidé tout ce petit monde en cherchant un couloir où la terre serait plus sèche. Et j’sais pas vous, mais moi le bruit de l’eau me donne envie d’pisser, alors à force d’entendre les pas claquer dans la bauge, j’me suis rapidement senti submergé. Du coup, j’invente une connerie en guise d’excuse, et je pars en solitaire trouver un coin où m’soulager. J’avais une lanterne. Le hasard me prend par la main jusqu’à un saule - pas un saule qui pleure, un saule avec les yeux secs. Je fais pas le difficile, je pose ma lanterne, j’me positionne, bon, j’vous passe les détails. Et là… »

Un souffle dans son dos. Le blond se fige sur-le-champ jusqu’au dernier poil de bras. Mauvais ça. Son pouls s’accélère, et tout son corps se résume pendant quelques secondes à une paire de tympans en éveil absolu. Alors que le vagabond commence à conclure que son esprit lui a joué un sale tour, monte un grognement qui lui arrache sa petite graine d’espoir. La première image qui lui traverse l’esprit, c’est celle d’un type obèse en train de ronfler sur un banc, la bouche pleine de bulles de pinard. C’est rauque et mouillé en même temps. Ses poumons, qui ont une largeur d’avance sur le chemin de la déduction par rapport à sa conscience, se mettent à plein régime. Ses doigts s’empressent de boucler sa ceinture ; les organes vitaux, on verra ça plus tard. Il se retourne de trois quarts avec les précautions d’une ballerine. Ses pupilles dilatées tentent de disséquer les ténèbres au-delà du périmètre éclairé par la lanterne. Il repère les deux sabots du coin de l'œil. Sabots fendus. Le blond appuie sur l'embrayage pour passer la seconde.

- Sanglier ?
- Sans doute une mère.
- Mauvais ça.
- Pas bon.

« grouuuiiiiick ! »

La bête annonce une ruée. Lui, il a l’impression que ses organes sont en chute libre. Alors que la laie commence à charger, il se prend un shot d’adrénaline qui lui permet d’entuber les lois de la physique pendant un instant, bref, mais suffisant pour se propulser vers la branche la plus basse et s’y agripper de toutes ses forces. En fin de manœuvre, il se racle toute la face droite du visage contre des morceaux d’écorce rugueuse. Le blond se contorsionne pour enrouler une jambe sur la branche et monte dans l’arbre, tout en proférant une douzaine de “Oh putain !”. Au sol, la laie ralentit l’allure, fait un demi-tour à l’approche du tronc, mais ne s’en éloigne pas pour autant. Son groin se promène sur les racines de l’arbre, puis inspecte le dessus de la lanterne. Rancunière.

- Crie ! Appelle à l’aide !
- Je sais pas. Non.
- Mais si ! Les autres vont t’entendre, ça va résonner dans les bois.
- Et si l’sanglier les attaque ? S’il attaque ma gosse ? Hein ?

Et c’est là, et seulement là, que Jhoannes sur son arbre perché, une moitié de tronche quadrillée en rouge, songe que tout ça lui est tombé dessus bêtement, et d’un coup.
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En noir c'est Jhoannes.
En vert c'est Caillou, une de ses voix intérieures. Caillou est vil.
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