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[RP] De moineau en héros

Rouge_gorge


Rouge venait de passer une longue nuit: une rouquine contre son épaule, une blonde à ses pieds. Dans l'enchevêtrement des corps lascifs, un regard perçait l'obscurité de la chambre endormie. La Cendrée n'avait pas su trouver le repos: les paroles de la brune lui vrillaient le crâne -reproches et jalousie-. Pourtant, une fois de plus, elle n'avait rien fait pour le mériter...Mais ça ne l'empêcha pas de culpabiliser.

Le lendemain, adossée à un angle de rue, l'Oisal baille sous son Chapal. Elle attends que sa nouvelle élève vienne la rejoindre car non, elle n'irait pas sonner chez son père sans l'étriper. Longue histoire qu'elle vous dirait. La petite silhouette ne tarde pas à la rejoindre. L'Oiseau l'accueille de son éternel sourire sans autre marque d'affection. D'habitude, elle et les enfants, ça fait trop.

Sans plus de cérémonie, Rouge emboite un pas lent pour que la gamine puisse la suivre sans s'essouffler: sous l'imposant couvre-chef, l'oeillade couve en coin.


Jeune fille, tu es une pierre à polir...Un diamant en devenir. Tu n'as plus à t'inquiéter des formalités, ta mère a tout régler.

Pour appuyer le mensonge, la Cendrée agite un parchemin scellé devant le nez de la demoiselle. Ce n'est bien évidemment que du vent mais l'air est convainquant.

Comme je t'expliquais tantôt, le chant a le pouvoir d'émouvoir les gens. Il faut donc l'utiliser à bon escient. Tout d'abord, tu dois creuser dans le panel de tes émotions tout ce que tu peux faire ressurgir en chanson.

Dépliant son poing ganté, un doigt après l'autre, l'Oiseau égraine:

La joie, la tristesse, l'amour, le manque, l'espérance...Et tout ce que tu peux ressentir, en faite.

Maitre-chanteur se stoppe dans sa démarche et jauge son apprentie.

Vas-y, chante-moi ce que tu as sur le coeur là maintenant.
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Avatar par l'illustrateur Skälv. Oeuvre personnalisée et protégée. Merci de ne pas la réutiliser ou la copier.
Edenae
    L'étoile du matin clâme au soleil qui se lève la douceur de la nuit et l'importance des doutes. Le soleil lui répond la puissance des convictions et la beauté de la lumière Pierre Bottero


Il est des rencontres - même ponctuelles - capable de changer une vie. Il est de ces rencontres fortuites dont on ressort transformer. Celle-ci en était une. Gamine dont la solitude pesante imposée par cette ville rendait un peu terne avait vu débarqué dans sa vie une mère qu'elle avait attendue, espérée, imaginée, et rêvée pendant huit longues années. Mère qui n'était pas venue seule, et avait apporté avec elle une myriade de gens aussi différents qu'incroyables. Parmi eux, une discrète mais cinglante Rouge qui l’intriguait énormément. Une chanteuse, différente et sûre d'elle, à la verve sans conteste dont la construction et les sonorités ne faisaient que renforcer les paroles.

Admiration totale d'une gamine un peu perdue mais rêveuse dont l'échappatoire le plus évident était la chanson. Admiration renforcée par cette évidence. De celles dont on n'a pas conscience mais qui s'imposent à vous naturellement. Habituée à la douceur de femmes dont l'attachement et les promesses n'étaient malheureusement que ponctuel et donc décevant, elle trouvait dans la distance respectueuse et le charisme du maître-chanteur une certaine forme de sécurité. Admiration totale. Confiance aveugle. Respect inné. Rouge semblait solide. Fière. Droite. Généreuse et toujours de bons conseils. Edenaé buvait ses paroles, ses grands yeux bleus émerveillés qu'on puisse croire en elle, et la traiter en demoiselle responsable.

C'est donc enthousiaste et souriante qu'elle avait jailli de chez elle ce matin là, clairement heureuse de retrouver la jeune femme. Accueil simple et sobre, quoi que fillette - trop bien élevée - fit tout de même une petite révérence, tirant les pans de sa jupe sur les côtés, en s'inclinant légèrement devant son professeur. Il est des habitudes difficile à perdre. Elle écouta, toute ouïe les annonces dont certaines lui firent plisser le nez : "Ta mère a tout réglé"... Son père l'avait élevée tant le respect des paroles données. Elle pouvait avoir ce qu'elle désirait à condition de l'utiliser. Elle avait donc réclamé corps et âme ce cours de chant, obtenu gain de cause et reviendrait chez son père sans devoir payer. Pour sûr il allait pensé qu'elle se moquait de lui. La gronderait d'avoir tant réclamé un cours qu'elle ne voulait finalement plus suivre... Et il ne comprendrait pas plus qu'un cours soit offert gracieusement. Elle avait aussi grandi là-dedans... Rien n'est jamais gratuit. Tout finit par se payer tôt ou tard...

Le parchemin agité sous son nez la laissa un instant le visage fermé, la privant de toute négociation. Elle trouverait une solution toute seule... Il n'était pas question d'embêter la Rouge avec ces histoires. Chassant sombres pensées, le minois se reconcentre sur le visage chapeauté pour écouter et mémoriser toutes les informations qu'elle pouvait obtenir. Avide de connaissances, curieuse intéressée, sage élève apeurée à l'idée de décevoir et d'être abandonnée, elle s'appliquait à être la plus attentive et sérieuse possible. Ce qui avait parfois le don de la rendre ennuyeuse voir presque inerte aux yeux de ses maîtres.

Soit, puiser dans le panel de ses émotions... Elle les égrainait au rythme des doigts gantés. Joie immense d'être ici avec elle, et d'apprendre. Tristesse de voir son père s'enfoncer quelque peu dans le silence et la solitude. Amour dans son attachement pour un jeune conteur apparu récemment dans sa petite vie bourgeoise. Espérance d'imaginer pouvoir partager toutes ces émotions avec sa mère, qu'elle reste auprès d'elle sans pour autant oser y croire vraiment. Elle ressentait tant d'émotions... Tout imbriquées les unes aux autres sans bien parvenir à en définir le contour exact... Perplexité labyrinthique d'un cœur enfantin un peu surmené, d'une fillette trop sensible pour parvenir à s'en éloigner.

L'arrêt net freine donc brunette polie, et l'impératif la laisse pantoise quelques instants... Elle fit quelques tentatives. La joie lui semblait être le plus facile, et elle aurait aimé rendre hommage à la disponibilité, la présence et la bienveillance de cette femme qui lui apprenait tant. Elle bredouilla quelques lignes peu convaincue elle-même, et un peu anxieuse malgré tout...


Un peu de joie, un brin d'bonheur
Je me suis levée de bonne heure
Afin de rejoindr' la meilleure
Maître-chanteuse et professeur... ?


Si le sens profond lui semblait vrai, et que la joie était présente en cet instant l'enthousiasme chantant n'y semblait guère... Elle plissa le nez, avouant ne pas trop savoir comment poursuivre... Enjouée demoiselle fort perturbée ces derniers jours par tant de nouveautés et de remous dans sa vie calme et paisible. Le visage se ferma un peu, montrant la réflexion de l'enfant désireuse de bien faire... Si elle pouvait réussir à avancer un peu dans son labyrinthe d'émotions cela serait encore mieux...

Est-ce que je peux réfléchir un peu... ? Je crois... que j'ai trop d'choses sur le coeur... J'arrive pas trop à choisir. Comment tu fais toi ?

Dis-moi, Rouge, est-ce que tu peux m'aider à faire le tri ? Toi qui semble tout comprendre avec une vision qui me ressemble tant, est-ce que tu peux me dire comment tu fais pour trier, choisir, et captiver les autres ensuite ? Moi je suis perdue, et je n'ai absolument aucune idée potable pour pondre une chanson sur "Non, rien de rien, non je n'en sais foutrement rien !" Quoi que... Plante tes yeux remplis d'incertitudes mêlées d'espoir dans les siens, la tête penchée comme tu le fais toujours pour adoucir la fixation imposée et... écoute, et ose... Aie confiance, crois en toi, et en elle. Qu'est ce que tu risques au pire ? Qu'elle parte et te laisse là ? Tu en as plus que l'habitude...
Rouge_gorge
Le Maitre-Chanteur a voulu tester la spontanéité de son élève. Les enfants sont souvent plus francs dans leurs émotions que les adultes. Ils ne s'embarrassent pas de masques de pudeur ou de bienséance. Ils vivent, ils découvrent. Pourtant, Edenae ne semble pas si à l'aise avec ses ressentis. Rouge écoute son essai avec un sourire touché parce qu'il est maladroit et flatteur. La jeune fille n'est pas certaine de son talent et d'un côté, l'Oiseau apprécie cette remise en question parce que c'est ainsi qu'on évolue sans cesse. Mais la confusion de ses mots, de ses sentiments se dépeignent aussi sur son visage et ça, c'est triste.

Est-ce que je peux réfléchir un peu... ? Je crois... que j'ai trop d'choses sur le coeur... J'arrive pas trop à choisir. Comment tu fais toi ?

Non, jeune demoiselle. L'exercice est fini pour aujourd'hui, tu feras mieux demain.

Les paroles accompagnées d'un sourire ne sonnent pas comme un reproche. Elles sont comme un doigt léché pour tourner une nouvelle page de la leçon. Le trouble confessé ne peut pas être guéri en quelques vers. Il faudrait une introspection plus longue et là n'est pas le sujet de leur entrevue. La Cendrée omet volontairement la dernière question de l'enfant: chaque mystère en son temps.

Leur marche reprend tout naturellement pour récupérer le fil de leur conversation.


J'illumine les visages,
Je me reflète dans les yeux,
Sans moi, les gens sont maussades
Et je réchauffe les cœurs,
Qui suis-je?


L'oeillade sombre se repose sur la petite silhouette à ses côtés. Edenae bascule la tête sur une épaule en guise de réflexion, son regard clair dressé dans celui du professeur.

Le soleil! s'exclame-t-elle avant de réaliser.
Mais le soleil, il est aussi là quand on est triste...

Maitre-Chanteur hoche et laisse germer sa réflexion en lui accordant une seconde chance cette fois-ci. La jeune fille marmonne l'énigme, mâchant chacun des mots pour en découvrir le sens caché. Après quelques ruminements attendrissants, elle recrache timidement.

Un joli et grand sourire ?

Rouge gratifie la bonne réponse d'un large sourire franc et entame sa première vraie leçon.

Exactement, jeune demoiselle! Le sourire! C'est notre thème du jour. Alors écoute-bien, je ne le répèterai pas deux fois.

Captant l'attention d'Edenae d'un regard appuyé, l'Oiseau échoue leur démarche en se posant sur le banc d'une petite place.

Le sourire est important en toutes circonstances! Il est communicatif, si tu souris, les gens te souriront en retour. Si tu le perds alors tu t'oublieras dans un torrent d'émotions qui ne feront que jaillir tes larmes.

La Cendrée est toujours dans l'excès et grossit là volontiers les différents sentiments afin de, justement, donner une bonne leçon à l'enfant.

Si, dans la vie de tous les jours, le sourire est obligatoire. En chant, il est tout bonnement indispensable quelque soit le sujet abordé. Quand bien même, tu te lances dans une musique triste, tu dois travailler ton sourire. Car les paroles sont déjà pas très agréables à écouter, elles vont soulever des tas de ressentis à ton auditoire. Ce dernier a donc besoin de s'accrocher à quelque chose de rassurant pour affronter leurs émotions et continuer à t'écouter. Ton sourire sera leur phare dans l'orage que tu leur dépeins. De plus, et là, c'est plus technique, lorsque tu chantes avec le sourire, ta voix résonne mieux dans ta tête.

Voyant la moue dubitative de l'élève, Maitre-Chanteur vient presser ses pouces gantés sur les os zygomatiques d'Edenae.

Quand tu chantes en souriant, le son se répercute dans ses os là. Ce qui va donner de la puissance à ta voix. Tu n'auras pas besoin de forcer sur tes cordes vocales.

Tout en relâchant le contact, Rouge termine la partie théorique de sa leçon par une image.

Vois ton sourire comme une église, les fervents s'y attachent, s'y retrouvent et ta voix résonnera bien mieux dans leurs coeurs et leurs oreilles.

L'Oiseau se redresse alors de son assise et fait quelques pas de droite à gauche devant la jeune demoiselle ancrée sur ses appuis, comme un professeur le ferait sur son estrade.

Le sourire, ce n'est pas forcément être joyeux. Il se travaille et il en a a pour bien des émotions. Écoute bien, jeune demoiselle et surtout, regarde.

L'Oiseau se pare d'un sourire mélancolique et entonne:

Il est un oiseau,
Perdu tout là-haut,
Dans le ciel immense,
Qui bat et balance.
Lutte contre le vent,
Mais fait bien semblant,
De trouver sa liberté,
Dans le ciel étoilé...


La courbure des lèvres se raffermit dans un éclair de bonheur et elle clame:

Les fleurs prennent des couleurs,
Retrouvent leurs odeurs,
Se gorgent de rosée,
De rayons ensoleillés,
L'oiseau chante à tue-tête,
Là revient la fête,
Le printemps est de retour,
Sonnons donc les tambours!


Laissant les deux improvisations faire leur chemin dans la caboche enfantine, l'Oisal au Chapal reprend place et invite la jeune fille à donner à son tour le spectacle.

Cherche un souvenir et juste en vocalises, fais-le moi découvrir. Je dois ressentir l'émotion qui s'y mêle juste dans ton sourire.

Avec l'accord de JD Edenae pour les actions de son personnage.

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Edenae
Non, jeune demoiselle. L'exercice est fini pour aujourd'hui, tu feras mieux demain.

Frustration. Eden n'aime pas échouer. Sans doute est-ce lié au traumatisme de sa naissance. L'idée inconsciente et pourtant tenace qu'elle avait échoué à se faire aimer de sa mère. La peur inconsciente refait donc toujours surface quand elle ne parvient pas à réaliser quelque chose aussi bien qu'elle l'aurait souhaité. Les sourcils se froncent, et gamine lutte un peu contre ses émotions lointaines et pourtant violentes, augmentée par la frustration bonus de n'obtenir de réponse à sa question pourtant essentielles. Sécurité, confiance, curiosité - trois piliers du caractère édenéen - se prennent donc une petite brise dans la face.

Fort heureusement le sourire de l'Oisal, la reprise de la marche et la devinette viennent effacer rapidement les doutes enfantins. D'autant que le sourire est la leçon du jour. Bien écouter, ça c'est facile, elle est plus que capable d'y arriver. Surtout quand c'est Rouge qui parle. Brunette est captivée. Elle est toujours captivée par les propos colorés. Les mots résonnent dans la tête enfantine avec une puissance décuplé par l'admiration respectueuse et l'envie de bien faire. Et à bien y réfléchir, elle se remémore qu'elle n'a jamais vu Rouge triste. La colorée, dans tous les souvenirs qu'elle a d'elle, a toujours le sourire, et paraît aussi vive que créative. Sourire. Là, tout de suite, cela semble paraître assez simple. Un bout d'explication scientifique qui amène les doigts de l'oiseau sur ses joues tire à la fillette un sourire timide mais sincère. Cette femme, en plus d'être charismatique et drôle était savante. Voilà ce qui traversait les pensées edenéennes.

Ecouter, et regarder. Rien de plus simple ! Toute son attention est toujours centrée sur cette demoiselle pétillante qui se balance devant elle, de droite à gauche et prend un sourire qui lui paraît tellement triste qu'elle en a la chair de poule. Comment peut-elle sourire tristement ? C'est incroyable ! elle écoute malgré tout les paroles, observe l'évolution du visage souriant en parallèle de l'histoire que tisse la chanteuse sous ses yeux. Fillette n'applaudit pas, mais reste béate d'admiration quelques secondes, tentant d'enregistrer tout ce qu'elle peut, et s'essayant plusieurs secondes durant à faire varier la forme de son sourire... Mais rien à faire, le sourire reste un sourire. Elle, elle a du mal à le faire triste - sur commande du moins.

L'apprentie va prendre place là où se trouvait son professeur talentueux quelques instants plus tôt. Les images défilent dans sa tête à la recherche d'un souvenir qui permettrait d'exprimer plusieurs émotions différentes en même temps. Finalement c'est la douceur et la présence précieuse de Clémence qui s'affiche dans sa petite tête, et vienne lui tirer un sourire sincère. Un véritable sourire d'amour profond et véritable. Un sourire serein et confiant, parce que ces deux là, elles s'aiment. Gamine n'en doute pas une seconde. Elle entonne alors, sourire lumineux, sourire radieux, sourire heureux, sourire d'amoureux... :


Elle arrive, toute belle
La préférée de mon père, celle
Qui ressemble le plus à une mère
Celle qui adoucit notre colère

Elle arrive toute belle
De ses nuits, la reine
On chante des ritournelles
Auprès d'elle je suis sereine


Puis reviennent en mémoire les départs, les absences, et le manque. Le sourire s'étiole... Moins franc, moins grand... Pourtant le sourire reste. C'est plus facile quand on comprend ce que l'on chante. Quand on ressent véritablement ce que l'on raconte. Le sourire reste pour tenter de redonner le sien à son père. Le sourire reste dans l'espoir de la revoir très vite. Le sourire reste dans la douceur mélancolique des jolis souvenirs vécus en quelques jours, comme à chacun de ses passages. Le chant se poursuit donc exprimant dans un sourire de regret qui n'est plus tellement souriant tous ses rêves enfantins de la seule femme présente régulièrement à ses côtés, mais jamais suffisamment longtemps à son goût.

Toute belle, elle repart
Rêve redevient cauchemar
Lumineuse, elle repart
En emportant tous nos espoirs

De nos tristes vies, la reine
Sans se retourner, repart
Son sang, dans mes veines
J'aurais aimé qu'il batte...


Gamine s'arrête ainsi, regardant son professeur, pas certaine d'avoir réussi. Pas bien sûre d'avoir bien choisi le souvenir, puisqu'il s'agit de L'amie de sa véritable mère. Oui mais des souvenirs avec Sadella, elle n'en a pas encore. Elle n'en a aucun... Avec Clémence, elle en a plein. Le regard interrogateur est ému, et légèrement anxieux... Que dirait son maître-chanteur ? Relèverait-elle l'absence de dernière rime ? Evoquerait-elle ce drôle de souvenirs qui pourtant était bien réel ? Serait-elle dubitative sur la tronche souriante qui avait fini par s'effacer doucement au fil de la chanson, malgré ses efforts ? Ou sur ces sourires plus grimaces qu'autres choses qu'elle avait tenté de garder pour autant...

Mais comment tu fais le sourire triste du début ?! On dirait presque... que tes lèvres sont contentes mais que ... tes yeux ! tes yeux sont triste ... ?!
Rouge_gorge
Les ailes amples et bigarrées étendues de toute leur longueur sur le dossier du banc, Maitre-Chanteur observe son apprentie. Ses prunelles sombres détaillent son minois maquillé d'un sourire communicatif quand pavillon se tend pour écouter la voix qui résonne derrière les lippes enfantines. Rouge, fidèle fervente de la génitrice d'Edenae, n'entends pas de cette oreille ses premières rimes. Pourtant, elle n'est pas là pour juger du message de la petite, du moins pas officiellement. Elle aura tout le loisir de tordre sa perception, de plier sa jugeote à ses propres limites et de prêcher sa paroisse... Car oui, un enseignement parasité d'une quelconque partialité est un écueil pour les consciences. Le savoir est clé de pouvoir. L'Oiseau n'est pas tyrannique ni même un despote mais comme tout un chacun, elle a ses opinions et ses convictions.

L'art, c'est puissant: ça harangue les foules, ça vrille les esprits et surtout, ça touche au coeur. Derrière des rimes sur un rythme entêtant, on peut faire chanter des cruautés aux enfants et bercés par les paroles qui leur tournent en tête, on arrive à cercler leur esprit de messages....pas si jolis. C'est pas pour rien que tout le monde pousse la chansonnette du berger à ses ouailles pour leur imprimer des sermons dans le crâne au charlatan qui entonne des slogans pour vendre ses potions.

L'art, c'est comme l'Histoire: si le premier est connu par les conteurs, la secondes, c'est par les vainqueurs. Mais point de précipitation, ce sujet sera aussi l'objet d'une leçon. Pendant que les pensées tourbillonnent sous Chapal, le regard de l'Oisal reste arrimé à la bouche de la gamine. Qu'importe les mots pour cet exercice, c'est la gestuelle qui est observée. D'ailleurs, Maitre-Chanteur a bien dit en vocalises! Les prunelles sombres jaugent l'étrange courbure sur le minois. Celui-ci est bien jeune pour se parer d'un tel vacillement. Bientôt, celui-ci se rompt et la question fuse, ce qui a le mérite d'extirper totalement la Cendrée à sa contemplation et à ses songes.


Bonne question, jeune demoiselle! C'est d'ailleurs la suite de notre leçon...

Se redressant sur ses deux échasses, l'Oiseau invite son apprentie à reprendre leur cheminent à travers la ville.

Le sourire, c'est aussi une image. Imagine que c'est une jolie robe. Et que tes paroles, ce sont les dames qui la porte! Tu as bien dû remarquer qu'il y a des donzelles plus charmantes que d'autres? Si la robe est jolie, elle attirera toujours le regard, c'est valable pour les dames, le chant et le vin!

Les trois grandes passions de Rouge, en somme.

Mais un beau vêtement, c'est une étoffe bien taillée pour qui la porte. Donc leçon à retenir, couds ton sourire aux émotions que tu brodes!

S'en suit une bonne heure de marche alternant questions/réponses entre le maitre et l'apprentie. Edenae est une jeune fille curieuse et intelligente. Elle a la bouille de ces gamins qui cherchent à comprendre tous les mystères du monde et la langue de ceux qui les mettent en péril. La pauvre a de la patience et du courage pour suivre le fil des propos souvent décousus de la Chapeautée. Petit à petit, les pas les ramenent à leur départ et comme l'Oisal au Chapal maitrise bien ses tirades, les derniers mots sont prononcés de manière à marquer une pause tout en soulignant le suspens.

C'est une belle balade que nous avons fait là, même s'il te reste encore beaucoup à parcourir. Je te propose de finir cette première leçon en beauté et donc en chanson.

Il faut que les chants résonnent,
Comme les gros orage tonnent,
Il faut qu'ils grondent,
De part tout le monde!

Il faut des rimes qui sonnent,
Prends bien soin qu'elles fusionnent
Comme deux tourtereaux,
Alors choisis bien tes mots!

Il faut bien que l'on chantonne,
Et surtout qu'on fanfaronne,
Gravons notre message
A travers les âges!

Si tu ne te sens pas l'âme d'une championne,
Et qu'un jour, tu abandonnes,
Souviens-toi de cette chanson,
Que l'on clame à l'unisson!

Là, tu verras ta peau qui frissonne,
Tes lèvres qui d'un naturel entonnent,
Cette petite ritournelle,
Qui demeure éternelle!


Sur la dernière syllabe, l'Oiseau trille. Et c'est ainsi que s'achève le premier cours d'une longue leçon. Pour unique devoir, Rouge demande à la jeune fille de revenir demain, à la même heure, au même angle de rue et avec le sourire!
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