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[RP] Cours toujours

Jehan_
It's drama time

Les montures tirent la langue, les cavaliers aussi. C'est qu'ils en ont bouffé de la poussière depuis Saumur, au rythme fou d'un Duc obsédé par une seule chose : revoir femme et môme. Alors, en sueur, les bêtes comme les hommes cherchent le refuge de l'ombre pour échapper au soleil écrasant de la journée.

Les hommes, non : un seul. L'anti-héros du jour, le couillon du mois, le cocu de l'année - peut-être- bref Jehan en personne, escorté par la blonde, radieuse et jamais tout à fait là Ermengarde. Qu'est ce qui l'a poussé, la blonde, à suivre son comparse de râlage dans une pareille goguette ? Eh, allez savoir ce qui se passe dans la blonde caboche ; elle ne le sait pas elle-même.

Par contre, dans la ducale caboche il s'en passe, des choses ; et pas des joyeuses. L'inaction a le foutu inconvénient de laisser le cerveau phosphorer tout à son aise. Et en ce moment, c'est le spleen qui est à la mode.

Faut dire que le grand gaillard a tout de même réussi l'exploit de perdre en un mois sa femme, son fils, sa cause et sans doute ses titres - dans cet ordre d'importance. Comment ? Il faut ne pas connaître la maladresse légendaire et la bourrinitude toute angevine du gaillard pour encore se poser la question. Mais en vrac : envie de guerre, femme qui se barre, on se rabat sur un majeur dressé en forme de prise de mairie, femme qui le prend mal, plus de femme, plus de fils, et un procès pour haute trahison particulièrement désolant. Ajoutez là-dessus une pincée de lettres renardesques qui donnent désormais plus envie de beugler sa rage que de s'oublier sous la couette, et vous obtenez un Jehan aux yeux fous et obsédé par l'idée de revoir sa rousse.

L'angevine caboche en déduit donc que c'est le meilleur moment pour gratouiller une lettre, à la fraîche. Pipe fortement chanvrée vissée entre les dents, la plume gratte maladroitement quelques mots qui font grimper l'appréhension et enflamment le palpitant.




Helvalia,

Je suis parti au hasard sur les routes, à ta recherche, et je dois être aujourd'hui quelque part aux confins du Limousin et du Bourbonnais. Qu'importe : toi, tu n'y es pas.

Tu as cruellement raison, une fois de plus. Je n'ai pas été à la hauteur, à ta hauteur, et je comprends que ta patience soit épuisée, moi qui en ai beaucoup trop joué.

Mais je t'en prie, Helvalia, ne m'abandonne pas. Laisse-moi, encore, attendre ton sourire au détour d'une taverne, apercevoir ta bienveillance contrariée et consternée par nos rudes mœurs. Dis-moi, je t'en prie, ou te trouver encore, encore une fois. Ou te révéler ce qu'ouvre cette clé offerte.

Ton époux malgré tout, doit-il n'être plus que l'ombre de ton ombre.


Une bouffée, pour ravaler un sanglot qui s'invite un peu trop dans la gorge. Et un regard en coin à la blonde.


-J't'en propose pas la Solaire, hein, j'ai peur des effets sur toi.
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Ermengarde
Ricanement amusée de la jeune femme en réponse. Comme si elle l'avait attendu pour profiter des pots de culture ducaux pour faire pousser du chanvre médicinal. Puisque c'est comme ça, elle ne partagera pas sa réserve de biscuits. Enfin, pas tout de suite tout du moins. Parce que vu l'état du Géant Jeannot, ils vont en avoir besoin.

Elle, elle va mieux. Elle a passé les premiers jours de la cavalcade mutique et renfermée. Au fil des lieues, elle s'est détendue, ses nerfs se sont apaisés. Amère, elle l'est toujours un peu. Déçue surtout par elle-même. Elle aurait du faire mieux, pu faire mieux. Ce fut une expérience, ce mandat. Et toute expérience est bonne à prendre, même quand. Surtout même quand.

Adossée à un arbre, Ermengarde observe son compagnon de voyage. Il faudrait lui changer les idées en attendant des nouvelles, enfin des bonnes nouvelles. C'est purement intéressé, bien entendu. Elle n'a pas tant d'amis que ça et en perdre un d'un chagrin d'amour, ça ne la tente pas plus que ça.


C'est bien le miel qu'elle aime Helvalia?
Non, parce que te pointer la gueule enfarinée mais les mains vides, je ne suis pas sure que ce soit bien convaincant. Pourquoi enfarinée d'ailleurs? Ca colle avec la transpiration. Et puis...
Grande inspiration de la Solaire. Non, elle ne partira pas sur une tangente et pourtant, c'est intrigant cette histoire de farine.
Je propose donc que l'on achète du miel à chaque village que l'on traverse. Comme ça, elle saura que tu as pensé à elle, vraiment à elle.

Elle le sait bien, la Blonde, que les cadeaux ne font pas tout et même parfois rien. Mais l'intention, ça aide. Et visiblement, il va avoir besoin d'aide le Jeannot.


Au fait, tu lui as fait quoi à ta femme?
Délicatesse zéro-Ermengarde 1.
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Presque là, Complétement à la masse
Dame de Saint-Rémy

Helvalia
Montluçon, 11 août 1468


    Ce n'est plus la colère, qui prédomine, dans le coeur cabossé de la Frêle. Pourtant, tout serait bien plus simple, si c'était le cas. La colère est facile à comprendre, à appréhender, elle réclame une cible pour s'exprimer, et la rouquine en aurait eu une toute trouvée. Il serait plus simple, bien-sûr, de hurler, de taper, d'insulter... Mais aujourd'hui encore, tout cela lui reste profondément étranger. Oh, c'est un sentiment familier, elle mentirait en prétendant le contraire, mais elle ne sait pas l'entretenir trop longtemps. Non, aujourd'hui, c'est la déception, la tristesse, la rancoeur aussi, qui ont fait leur nid dans le creux de sa poitrine. Et la lassitude, croissante, au fil des lettres reçues. 

    Dans le verger, à l'abri de grands arbres fruitiers censés les protéger du soleil, la Renarde couve, préservant son enfant et sa propre peau laiteuse des agressifs rayons de lumière. Jehan feindrait l'inquiétude, s'il la voyait, encore amaigrie, des cernes bleutés sous les yeux... Et elle serait là, sans doute, à s'en vouloir encore de lui causer de l'inquiétude, quand il n'aurait jamais dû la laisser partir en premier lieu. 

    Il est trop tard, à présent, les dés sont jetés. Comment parler de seconde chance, quand elle lui en a déjà laissé des dizaines ? Ce n'est pas seulement son ego, qui refuse de pardonner, de tendre la main, encore. C'est le coeur, qui n'y parvient plus. 

    Citation:
    Jehan, 

    Il me semblait t'avoir demandé de ne pas me chercher, il n'est pas étonnant que tu ne trouves pas ceux qui ne souhaitent pas être trouvés.

    Je n'ai plus envie de te sourire, et ma bienveillance sera bien plus utile ailleurs qu'à ton endroit. Je ne veux pas, non plus, de tes cadeaux-énigmes, même dans notre séparation, tu ne sais que jouer.

    Je suis, actuellement, à Montluçon, et je ne te le dis pas pour que tu y accourres, je te le dis pour que tu cesses de m'accuser de vouloir te priver de ton fils. Fils que tu as, s'il faut le rappeler, délibérément choisi d'abandonner. Je ne sais pas où nous allons, je n'ai pas posé la question, la destination n'a que peu d'importance à mes yeux. Je peux te dire, seulement, que nous sommes en sécurité, et cela devrait te suffire.

    H.

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Merci à JD Calyce pour la ban
Jehan_
La bonne nouvelle, elle arrive sous la forme d'un pigeon. Au détail près qu'elle n'est pas franchement bonne. Au fil de la lecture la lippe tremble, le regard s'embue, la gorge se noue.

Allez grand con, pleure pas. Un peu de dignité, garde au moins ça. Et puis t'es Duc, putain. J'croyais qu'un mec en cuir ça pouvait pas chialer.

Dignité, mon cul. Il se jetterait à ses pieds en chialant toutes les larmes de son corps si ça avait une seule chance de la faire revenir. La dignité, c'est un beau sentiment. Mais ça pèse pas lourd face à un amour brisé, au môme qu'il rêve de sentir gigoter au creux de son bras.

Il ravale, quand même, les larmes. La larmichette menace, mais ne se perdra pas dans la barbe hirsute. A la place, il griffonne en hâte une réponse, tout en répondant à la Solaire perdue dans ses poudreuses pensées.


J'ai voulu partir faire la guerre en Bretagne à mon r'tour de l'escapade en Domaine Royal. Elle, elle ne voulait pas m'suivre. Je l'ai laissé partir, connement. Et voilà.


La plume se suspend, le temps de jeter un œil à sa comparse.

Tu crois qu'c'est un défaut masculin de pas savoir garder une femme qui nous aime, ou j'suis juste un spécimen particulièrement con ?

Interrogation existentielle/20. Et la plume gratouille à nouveau.



Helvalia,

Je sais que tu ne me priveras pas, jamais, de notre fils. Je sais que tu l'aimes trop pour le priver de son père, quels que soient tes sentiments à mon égard. J'en ai eu peur quand tu es partie, car malgré toutes mes conneries je l'aime foutrement ce petit, et je n'aimerai rien tant qu'être pour lui un père, et pas un inconnu venant le visiter une fois de temps en temps. Rien n'est encore irréversible.

Cette clé c'est celle de la cabine de notre navire, pour cette croisière dont on parlait tant. [...]

Je prends la route pour Montluçon. Je ne t'imposerai pas ma présence, n'ai crainte. Je ne m'autoriserai qu'à prendre mon enfant au creux de mes bras.

Jehan.


Le museau se redresse, la carcasse poussiéreuse se déploie.

En selle, faut aller à Montluçon. On a fait trop d'route cette nuit.

Voyager avec le Géant, c'est prendre le risque de cravacher des heures en plein cagnard sur une de ses lubies. Mais, hé, elle était prévenue !
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Ermengarde
Pendant qu'il lisait sa lettre, elle est allée s'occuper des chevaux. La pudeur d'un homme, ça se respecte. Une taloche assenée à un étalon jaune d'humeur mordeuse plus tard, la jeune femme s'occupe de leurs sabots. Elle n'a toujours pas à le regarder et il peut reprendre sa contenance et sa plume tranquillement.

Hmm... J'aimerais te dire que c'est masculin parce tout est bien sur la faute des zhôms, mais non, c'est un défaut humain. Tu n'es ni le premier, ni le dernier.
Après, évite de me demander des conseils, hein. Les sentiments zamoureux et moi, nous n'avons jamais été intimes et j'escompte bien continuer comme ça.


Et donc, ils reprennent la route sur soleil pesant. Elle s'en fiche la Solaire. Sa tête vide est abritée par un nouveau chapeau à plume dont elle n'est pas peu fière.
Et parce qu'elle a décidé de ne pas le laisser mariner dans son jus, Ermie lui parle.
Elle lui parle de farine, parce que oui quand même pourquoi s'en mettre sur le visage? Elle parle de miel et d'acacia, de lavande et de fleurs. Parce que les fleurs, il n'y a pas, c'est important. Et le Duc à la Barbe Fleurie ferait bien de ne pas la contrarier sur ce point. Elle parle de miel aussi, même et surtout quand elle le marchande pire qu'une maquignonne à tous les villages traversés. Parce que les gestes, c'est bô, mais l'argent, c'est important. Un sou, c'est un sou, même quand les écus sortent de la bourse du Géant.
Elle parle au son des pas lents des chevaux. Elle parle de futilités. Elle parle pour chasser son regard perdu.
Alors pour la première fois depuis longtemps, elle laisse sa langue divaguer autant que son esprit, papillonnant d'un sujet à l'autre sans rime, ni raison autre que la logique erminienne. Et est- ce qu'il trouve son chapeau seyant? Et d'abord, les plumes bleues sont toujours les plus belles, n'est-ce pas?
Dire que l'arrivée à Montluçon fut un soulagement pour certain n'est peut être pas exagéré.

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Presque là, Complétement à la masse
Dame de Saint-Rémy

Jehan_
-Gaffe, tu prends presque un accent à Charly quand tu causes comme ça.

Un sourire taquin, encore qu'un peu crispé. C'est que les sourires, il fallait lui arracher de force, depuis trop longtemps. L'Anjou le faisait chier depuis des mois, et la Frêle une fois partie, il ne restait plus grand-chose pour dessiner un sourire sur la trogne sévère.

Enfin, si, il reste quelque chose. Une amie.

C'est qu'elle cause, la Ermie. De tout, de rien. Chapeau, plumes, miel, fleurs, poudres. Il ne cherche plus le sens, il ne cherche plus à comprendre mais qu'importe ? Ils causent. C'est vrai qu'il est bien ton chapeau, enfin les plumes noires c'est plus passe-partout, mais tu sais la tronche enfarinée c'est pas à prendre au figuré ? Il s'en fout, il cause de rien et ne pense pas à grand-chose, et c'est déjà beaucoup, presque autant que le sourire sincère qui éclaire parfois la vieille trogne quand il n'arrive plus à la suivre. Dans son dos il fait les gros yeux au marchand de miel, histoire de l'inviter à ne pas trop pinailler et à accepter les propositions de la Solaire sans faire d'histoire, juste pour lui faire plaisir. Lui s'en fout de ses picaillons, il les abandonnerait bien tous à ce vieux paysan bourru si ça pouvait aider à rallumer le feu d'un ancien volcan. Mais une amie, ça se soigne quand on en a peu - et même quand on en a beaucoup -, alors on tâche de lui faire plaisir.

Alors, finalement, quand Montluçon apparaît enfin, écrasée par le soleil d'aout, ce n'est pas franchement le soulagement qui domine, mais le cœur qui se serre, la gorge qui se noue. Il laisse la blonde en bordure de ville, cravachant à en tuer sa monture vers l'auberge qui abrite femme et fils. Il tremble en heurtant la porte, il pleure, ce grand gaillard à la gueule d'assassin et aux mains de tueur, il pleure de gratitude quand elle ouvre la porte. Il chiale de bonheur, comme un gosse, quand le dos d'un index calleux frôle la joue délicate du nourrisson endormi. Instinct paternel qu'il se découvre la quarantaine passée.

Et finalement l'épuisement le cueille, sommeil sans rêve et sans profondeur sur une chaise au bord du berceau, non loin d'elle, avant le retour, plus tard, au campement.


Dis, pourquoi tu as voulu être Duchesse ?

Finesse Jehanesque : néant. Mais faut bien causer autour du feu de camp. Et la question le démange, depuis longtemps.

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Ermengarde
Ermie grommèle quand il la laisse au voisinage de la ville. La jeune femme n'aurait pas craché sur un vrai lit et un passage aux étuves. Ils puent. Un haussement d'épaules et elle descend de sa carne jaune pour monter le camp. Pour le premier contact, ils n'ont pas besoin de témoins. Ricanement intempestif: il faut espérer que Helvalia ne soit pas d'un tempérament jaloux et suspicieux, parce que sinon Jeannot va devoir, en plus expliquer la présence de la Solaire.
Camp monté, eau trouvée, une Ermie réhydratée et nettoyée s’attelle à la tache du jour: le miel au chanvre. Le repas, bof trop chaud. Il reste du pain et des fruits, ils ne mourront pas de faim.
Donc verdir le miel, parce que la prunelle des yeux du Géant est adepte. Pas trop vert, selon la Solaire, parce qu'il y a un enfant au sein.

Des roses, ça aurait été quand même plus simple... Des fois, je jurerais qu'il vaudrait mieux que je me taise.

Et quand Jehan revient des heures plus tard, la Solaire est euphorique. Après moults essais, elle est certaine, mais alors certaine d'avoir la recette parfaite. Elle a même réussi à nouer un ruban autour du pot. Elle a même réussi à conserver quelques miels plus rares et plus goutus nature.
Adossée à sa selle, elle a depuis bien longtemps enlevé sa brigandine. Pantalon en cuir et chemise uniquement, c'est quasiment du naturisme pour la Solaire. La pudeur concède à la chaleur. Elle est tranquille, presque somnolente.

Dis, pourquoi tu as voulu être Duchesse ?
La question la prend par surprise.
Ah, l'heure des confessions au coin du feu. "Je crache mes tripes depuis le début du voyage, donc partage". Sourie amusé qui joue au coin des lèvres d'Ermie. Ca tombe bien, elle est d'humeur à partager. Pour une fois, elle dira tout.

Hmm, comment t'expliquer?
Il y a rarement une seule raison à mes actions.

Avec un petit sourire, elle se redresse.
Je sais ce que voit la plupart des gens quand il me regarde: la petite blonde distraite, celle dont on ne comprend jamais rien quand elle cause, elle est bien gentille, mais elle n'a pas inventé la poudre.
Le pire c'est que c'est vrai : je suis confuse, distraite, prude et j'ai de grands restes d'innocence.
La plupart des gens oublie que je suis un des reîtres de Gennes et que j'ai fait la majorité des guerres angevines.
Ils oublient surtout que je sais calculer, que j'aime calculer et que j'aime l'argent.
Il n'y a que deux choses que j'aime plus que l'argent: l'Anjou et mon frère.
Pathétique, non?
Moi, je m'aime bien. Ce n'est pas toujours facile d’être moi de vaciller toujours entre naïveté et cynisme, mais ça fait longtemps que j'ai fait ma paix avec moi-même.

Depuis le début, je me suis tenue éloignée de la politique. J'ai dépanné une fois ou deux. Mais je me suis rendue vite compte que pour moi, il fallait que ça bouge, qu'il y ait du répondant et de la réactivité. Et c'est rare pour la plupart des Conseils.
Donc, j'ai regagné mes pénates, somnolé la plupart du temps, me suis mobilisée quand il le fallait.

Après, j'ai beaucoup donné à l'Anjou, l'Anjou m'a peu donné sauf des cicatrices et un endroit où il fait bon vivre. Et ça, déja c'est beaucoup.
La politique a changé. On a du mal à remplir une liste. Certains conseillers rempilent pendant un an, non par envie, mais par besoin.
Quand Syagrius m' a demandé, après toi, d'être sur sa liste, j'ai dit oui. C'était le bon moment pour moi.
J'ai bien eu raison. Après mes anxiétés de débutante, je me suis éclatée en tant que CàC. Il m'en faut peu.

Et là, on arrive aux multiples raisons:
Personne ne voulait se présenter.

Un des moyens les plus simples de devenir riche, c'est d'avoir des terres. Pour avoir des terres, il faut être noble. Pour devenir noble, il "suffit" d'avoir été régnant.
La deuxième raison: personne d'autre pour prendre la place, on ne peut pas laisser l'Anjou sans duc, donc je me dévoue.
La troisième, celle dont je suis la moins fière. Je me suis bien débrouillée en tant que CàC et avec un Duc absent, donc je devrais savoir faire parce que je ne suis pas la moitié d'une andouille.
Et c'est là que je me suis plantée et que je suis une andouille complète. J'aurais fait une bonne Duchesse en tant de paix même sous le contrôle d'airain d'un Archiduc. En tant de guerre, pas vraiment. Je n'ai pas entendu ou voulu entendre les quelques allusions voilées à un possible conflit et je me suis mangée. Je me suis ratée aussi en constituant la liste. Mais ça, c'était un risque inévitable sachant que je ne sortais quasiment plus de chez moi et que je ne connaissais quasiment plus personne.

Les prunelles bleues rencontrent celles du Géant que la jeune femme a évité tout le temps sa confession. Que penses-tu de mes tripes sur la table? Tu voulais savoir, tu sais, tu en fais quoi maintenant?Assez honnête? Trop honnête?
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Presque là, Complétement à la masse
Dame de Saint-Rémy

Jehan_
Quand Ermie parle, on se tait et on écoute. Quand elle parle sérieusement, entendons-nous. C'est que la chose est rare, donc précieuse. L'angevin est une espèce pudique, pas du genre à montrer ses sentiments à tous les passants. Alors, le grand gaillard se fait taiseux, tirant machinalement sur sa pipe. Et finalement on esquisse un sourire qui se veut rassurant, quand elle cherche son regard. Se veut, car il n'est pas dit que sur la trogne patibulaire et épuisée, un sourire remplisse forcément son objectif.

Tu devrais pas t'en vouloir, pour ton mandat. J'ai fait cinq conseils différents, en tout. Jamais vu un avec tout l'monde de présent. Je suppose que c'est pareil chez les français. Alors le Duc comble, rame, tente de déléguer sans résultats et s'épuise, finalement. Quand il n'y a pas de communication, c'est pire. Aller simple dans le mur.


Silence. Pipe, proposée ensuite à sa comparse.

J'me demande si on gardera tous le même sentiment de gâchis, par rapport à la dernière guerre. Je crois pas que qui que ce soit soit capable de dire comment ça s'est organisé, ce bordel. Pourquoi on a fait ce qu'on a fait, et surtout pourquoi on a pas fait tant de choses.

Et cette fois ce sont les jais qui dérivent. Sur le grand destrier noir, occupé à brouter paisiblement à l'ombre. Il l'aime foutrement, cette bête. Pas au point de lui donner un nom doux, mais il a appris à en prendre soin. Il a un goût de revanche, ce destrier hors de prix, pour le mercenaire crève-la-faim qu'il a été.

Sur le coup, je savais ce qui me poussait à m'engager en politique, moi. Je voulais servir l'Anjou, parce que je l'aimais, cette terre. C'est vrai, je m'y suis senti bien, longtemps. C'est noble comme motivation, hein ?
Et puis avec le temps, j'ai commencé à me demander si j'avais pas fait ça pour échapper à l'entre-soi du Clair-Obscur qui m'étouffait. Si le pouvoir ne finissait pas par m'attirer. J'aime ça, jongler avec les chiffres et les hommes, tâcher de tirer le meilleur des seconds et de rendre meilleurs les premiers. J'ai pas dit que j'y arrivais toujours, mais que j'aimais.

Et puis au final, l'Anjou est une maîtresse foutrement exigeante. Et plus le temps passe, moins elle peut encore me convaincre qu'elle vaut le coup de me priver de ma femme et de mon môme pour moisir à Angers.


Sourire en coin, vaguement ironique. Toujours adressé au canasson.

On devrait pas tomber amoureux, ça vous pète un engagement pour la cause, ça.
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Ermengarde
Eclat de rire qui s'échappe dans la nuit étoilée.

Se devrait être un devoir d'être heureux pour mieux servir la cause, comme tu dis. L’Anjou est une maitresse exigeante à qui on a envie de casser la gueule régulièrement. On devrait toujours avoir une autre passion à coté pour nous permettre de souffler.

En parlant de chiffres et d'Anjou, ce serait pas mal que l'on se lance dans le commerce du vin, surtout maintenant que tu as un navire. Ça revitaliserait l'économie. Avec ou sans le Conseil, d'ailleurs. J'ai gardé le nom de mes contacts.
C'est ça qui amusant avec le pouvoir et les chiffres. On peut faire plein de choses bien avec... Tant que l'on ne se fait pas submerger.

Pour la dernière guerre, je ne suis même pas sure que l'on aurait pu faire autrement à partir du moment où on était encerclés. Trois armées sur nos frontières, c'est quand même pas rien. C'est quelque part d'ailleurs ridicule, autant de monde mobilisé pour un si petit duché.
Protéger Angers est une réponse viscérale. Mais ça nous a plongé dans l'immobilisme. C'est facile de vouloir refaire l'histoire avec des si et de voir les autres possibilités après coup. On aurait une nouvelle fois perdu la capitale, on grommélerait encore plus.


Elle hausse les épaules.
C'est fait, c'est fait. On en tire les conséquences, on assume et on fera mieux la prochaine fois.Enfin, j'espère.
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Presque là, Complétement à la masse
Dame de Saint-Rémy

Jehan_
[Un mois plus tard]

-Viens.

Le ton n'appelle pas la contradiction. Et, sa main fermement serrée dans sa large pogne il la traîne, au hasard des ruelles de Poitiers.
Elle, c'est pas Helvalia. Mais la deuxième gonzesse qui, à défaut de s'être taillé la part du lion dans le cœur du Géant, s'est au moins faite une bonne place dans la caboche qui grisonne à vitesse accélérée depuis deux mois. La seule femme à qui il peut rouler une pelle alors qu'il s'est juré de ne plus jamais en toucher une. La seule qui peut - littéralement - lui briser les noix sans prendre un retour en forme de revers. La seule qui peut lui arracher un "mhooo" enamouré en apprenant le futur passage de bagouze au doigt.

Bref, cette gonzesse, c'est Andréa, et c'est chose heureuse pour son égo qu'elle ne lise pas les pensées du brun.

De toute façon, l'heure n'est pas aux mamours. Ça a commencé comme ça pourtant, il y a quelques minutes. Par une colombe venue se blottir sous l'aile de son vieux copain, presque trop câline pour que ça soit bien honnête. Il a mis ça sur le dos de l'amûr, ce con, avant de redescendre brutalement sur terre.


-Elle vient accompagnée.


Le coup de pied au cul de trop. Bien sûr, il n'est pas naîf, et le Duc est plutôt bien placé pour connaître les charmes de la Renarde et savoir qu'aucun homme digne de ce nom ne saurait en détourner les yeux. Mais quand même, là, sous le plastron, ça fait un truc. Comme un palpitant qui implose, plus ou moins - ne vous forcez pas à imaginer la sensation. Et entre les tempes, ça fait un autre truc beaucoup moins drôle. Surchauffe, tous les plombs sautent. Et c'est comme ça qu'on passe d'un câlin entre potes ravis de se revoir à une virée dans les bas-fonds, ladite pote baladée au bout d'une main, l'autre serrée à s'en péter les phalanges.

Et au hasard desdits bas-fonds, c'est un bordel qui se dévoile aux yeux de nos deux affreux. La porte glauque, l'enseigne rouge se balançant mollement dans le vent de septembre, les lourdes tentures pourpres qui obscurcissent les fenètres. LE bon bouge miteux, ou on ne perd pas ses chagrins mais ou on chope la chaude-pisse à tous les coups.


-J'm'étais promis. Mais j'en ai plus rien à foutre.


Un regard vers la comparse. Entrera, entrera pas ?

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Andrea_
Non, il ne lui avait pas donné le choix. Pourtant c’est elle, la première qui avait blotti sa main dans la sienne. Parce que ce qu’elle s’apprêtait à lui dire allait le démonter et à n’en point douter, allait réveiller un Jehan qui dormait depuis longtemps, trop longtemps aux yeux d’Andréa. Un Jehan qu’elle adorait, vraiment, mais qu’elle redoutait malgré tout.
Sa main, elle ne l’aurait lâché pour rien au monde –à part pour aller épouser Vran-, parce qu’elle savait la violence de ce qu’elle allait dire. Parce que ça fait mal, de devoir lui dire que la Femme qu’il vénère sera bientôt là, au bras d’un autre. La Chiasse espérait d’ailleurs que ni Helvalia, ni Misan, n’auraient l’audace de s’afficher devant Jehan. Mais la Chiasse aime autant l’un que l’autre, et ne pouvait se résoudre à taire cette vérité quand Jehan crevait de la fin de leur histoire.
Il fallait le dire. Même si pour cela, il fallait moucharder un peu de qu’Helvalia et Elle s’écrivaient.
Même si pour cela, il fallait affronter la douleur dans les yeux du géant, la colère et l’abnégation.
Même pour cela, il fallait garder la main dans la sienne et être trainée dans les ruelles les plus dégueulasses de Poitiers. Peu importe où ils les menaient, ils seraient ensemble, et elle pourrait, à son niveau, prendre de soin de lui, ou au moins s’assurer qu’il en revienne vivant.

J’avais bêtement imaginé qu’il irait brûler l’église –chose que j’ai fait par la suite hein, pour l’honneur-, et j’ai été surprise de voir que nos pas s’arrêtaient devant le bouge le plus crado du patelin. Je sais que c’est un bordel, et ça me surprend d’autant plus.


-J'm'étais promis. Mais j'en ai plus rien à foutre.

Je n’avais pas eu besoin de répondre. Je n’avais fait qu’hocher la tête avec résilience et lâché sa main uniquement pour prendre la lame qui dormait contre ma cuisse. La mairie n’avait montré aucune résistance, et le village comptait peu d’âmes, il n’y aurait pas grand monde à l’intérieur. J’espérais seulement qu’aucune catin rousse ne s’y trouvait, car, j’en étais certaine, elle prendrait plus chère que les autres.

Entrera.
Passera une porte qui ne fermera plus jamais. Une Colombe et un Géant, c’est peu précautionneux.
Entrera, et ne laissera aucune chance au portier, qui à moins d’être empaillé ne servira plus jamais à rien.
Entrera, et attendra que Jehan déverse sa haine sur tout ce qui bouge.

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Merci Jd Sadella pour la ban et l'avatar, et merci Jd Nev' pour le fessier de ma Chiasse.
Jehan_
Le chaos. Entre les tempes mâles et par répercussion, dans le bordel.

N'en restera que des images, confuses. Des flashs, des cris, des suppliques. Des sensations. Celle d'un corps devenu mou sous ses coups. Les lâches suppliques du marlou, avant qu'une chaise sur la nuque ne le fasse tout à fait taire. Les hurlements des putains tentant de fuir l'horreur. Les clients, passés au fil de la lame ou à tabac par le Colosse - allez savoir, lui ne sait pas.

Il n'a pas même pris le temps de dégainer ; il cogne de ses poings nus, bête fauve droguée à l'adrénaline, regard qui n'a plus grand-chose d'humain. Il cogne, jusqu'à ne plus sentir ses phalanges, jusqu'à ne plus savoir si le sang qui les maculent est le sien ou le leur. Carmine a su taire cet homme-là, l'étouffer de sa douceur, en faire naître un autre. Épiphanie balbutiante, inachevée et avortée ce soir-là dans la haine ; pas pour elle, mais pour lui-même.

Il n'y a pas d'échappatoire. Pas de milice qui rôde, pas de guet bourgeois, pas même d'ost. Rien d'autre que la fureur angevine, et la complicité Colombesque. Et la fureur prend tout son temps, ce soir, jusqu'à ce qu'un silence irréel retombe dans la pièce ravagée.


- Putain...

Il cligne, connement, tremblant de tous ses membres. Les jais constatent le désastre que l'esprit se refuse encore à admettre. Le salon ravagé, les corps abandonnés ça et là, informes, pantins grotesques dont on a coupé les fils. Les filles survivantes sanglotantes dans un coin. Et les poings fermés, tremblants, ensanglantés qu'il considère, presque avec effroi.

- Barrons-nous. Et foutons l'feu.

Menton barbu - qui tire plus sur le carmin que sur le poivre et sel désormais - désigne la torche fumante, dans un coin, vite empoignée. Les flammes lèchent déjà les lourdes tentures, l'âcre fumée se perdant au plafond. Il faut effacer les traces, achever tout à fait l'œuvre entamée pour pouvoir encore se regarder dans la glace, demain. Pour se persuader qu'elle ne l'a pas plongée involontairement au plus profond de la déchéance.
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Andrea_
Je n’ai jamais eu aucun problème avec la mort. J’ai tué, j’ai blessé, parce que parfois, c’est ce qu’il faut faire pour survivre. J’ai été moi aussi, cette bête au sang froid qui n’avait besoin de rien, sinon de frapper jusqu’à ce que mort s’en suive. Donner la mort, pour rester en vie.
Je n’étais pas là pour participer, parce que depuis quelques temps ma vie prenait une tournure inattendue. Disons qu’il y avait plus de chance de me voir faire des pas chassés en balançant un panier plein de fleurs en chantant un truc bien cul-cul la praline que de me voir buter des gens.
Mais je savais que Jehan allait péter un plomb, et je n’allais pas juger ses actes. Je gardais la porte, sonnerais l’alerte au besoin, et finirais le travail pour qu’il ne lui arrive rien.
J’avais pris le temps de me servir un verre, en sifflotant un air doucereux de piano et notait tout de même que cela dénotait avec les cris venant du reste du bordel. Jehan, maestro de la vendetta s’en donnait à cœur joie, et je ne résistais pas à m’occuper d’une catin qui tentait de le fuir. Un sourire à son attention et alors qu’elle se jetait à mon coup en balbutiant qu’ils étaient attaqués, je la plantais au niveau du flanc, avant de déposer presque cérémonieusement son corps sur une méridienne.
Avant de finir mon verre, parce que c’est ça, la classe.

Jusqu’à ce qu’enfin le silence se fasse entendre. Plus rien, d’un coup. Plus de cris, plus de coups. Seuls subsistent quelques sanglots de catins dont les visages sont déformés par l’horreur. Et un chaos qu’on n’approprierait jamais à un homme seul, où l’odeur de sang se mêle à celle du foutre.
Jehan n’est plus que l’ombre de lui-même, mais semble apaisé.

Un sourire à son intention.
Un sourire, pour un « je te comprends » pour un « c’est ce qu’il fallait faire » et surtout, pour qu’il comprenne que ce qu’il s’est passé restera entre eux, pour toujours.
Le feu, c’est la mode, léchait l’intérieur de la pièce lorsque je vis s’enfuir une femme et son enfançon, c’est un détail qui prendrait toute son importance le lendemain.
Plus tard, ils se retrouveraient en taverne et l’un des deux se réveilleraient avec la plus grosse gueule de bois de toute sa vie.

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Merci Jd Sadella pour la ban et l'avatar, et merci Jd Nev' pour le fessier de ma Chiasse.
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