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Johannes et Andréa filent une parfaite amitié, le duo a juste une fâcheuse tendance à avoir des idées de merde. C'est comme ça que lors d'une balade en Limousin, ils se retrouvent à faire le tour des confessionnaux du coin.

[RP] La Marche : déroute des confessionnaux

Jhoannes
C'était un matin d'avril parmi tant d'autres matins d'avril : doux, ensoleillé, et qui fleurait bon l'herbe fraîche. C'était un matin d'avril où Blondin s'était réveillé dans un pieu loué pour trois sous à Rochechouart, Rocher-chou-chouart, un petit bled de la Marche fier de ses vergers, repaire d'une virée de quelques jours avec son amie. Hors de Limoges, et des bruits de Limoges, et des gens de Limoges, et des murs de Limoges et… bref. Pour retrouver une sorte de calme, prendre le temps de parler, de tout et de rien, sans interruption, sans filtre et à l'air libre. La nuit dernière, ils avaient veillé jusqu'au chant des cloches de minuit, et même pas il s'était couché bourré. Des heures de confidences ficelées de grosses conneries. Des anciens poids du cœur, des anecdotes de la honte, des anecdotes moins de la honte, toi, moi, et surtout ceux qu'on aime. Et c'était rare que Blondin l'ouvre autant sur lui. Il avait fallu construire une bulle de confiance capitonnée, et clore un pacte commun : ce qui s'est dit à Crouzeix reste à Crouzeix et, par extension, ce qui se dit dans n'importe quel patelin paumé des royaumes se plie à la même loi. Croix de bois, croix de fer, j'crache pas en l'air.

La seule autre personne qui en savait autant sur lui, sinon bien davantage, et qui était encore vivante, c'était sa danoise. Hier, au pied de la porte de sa chambre d'auberge, il avait trouvé un pli de sa main à elle, qu'il avait parcouru plusieurs fois à la lueur d'une bougie, avant de s'endormir la joue contre. À l'heure des croissants de midi, il avait tâtonné sous les draps pour chercher son corps, ne l'avait pas trouvé, s'était souvenu que, bah non, ducon, elle est restée dans la capitale, et s'était rendormi un peu avant d'ouvrir définitivement les paupières sur une résolution ferme. Hier, on a décidé d'un plan. Et aujourd'hui, Andréa, je vais te rendre la monnaie de ta pièce. Pour Crouzeix. Pour la bouffe que tu me files sans cesse, même si c'est une dernière becquée de chausson aux pommes juste pour soulager ta conscience en te disant que non, tu n'as pas mangé toute une famille entière de chaussons aux pommes, tu as partagé. Pour les heures passées à m'écouter me plaindre. Aujourd'hui, c'est toi qui t'accroches à ta culotte, et c'est moi qui pilote.

Bon, dans les faits, il s'était arraché du lit, s'était rincé la trogne et le gosier, avait balayé le plancher en faisant les cent pas, la nuque penchée sur sa carte des chemins, à l'affût du moindre petit nom de bled prometteur, avait gribouillé des lignes entre des points, et des flèches aussi — oui, il affrontait ce gros mot d'itinéraire pour l'occasion — rempli deux gourdes de gnole, deux outres plus petites d'eau, préparé la pipe verte de l'amitié et il était passé à la boulangerie. Bonjour. Des beignets au sucre. Des darioles. De la tarte ? Je prends aussi. Oui, c'est pour emporter, évidemment. Non, pas besoin de noter mon prénom sur les chiffons, je m'en souviendrai, merci, au revoir. En début d'après-midi milieu de matinée, il était allé chercher Andréa, nommée Croûton, le dos droit, le fion posé sur cette satanée bestiole qu'on appelle un cheval. Aujourd'hui, j'dormirai pas à l'arrière de la charrette. Non. Aujourd'hui, moi, Quignon, je vais t'aider à contextualiser notre périple. Monte et fume. Je vais t'exposer les résultats de mes recherches.

Sur la route, cheminant au pas tranquille, entre deux taffes de chanvre, il lui avait confié sa carte et répété à voix basse, comme on prononce des mots doux, tous les petits noms de village qu'il avait repéré. Ces endroits munis d'une église, ou d'une petite chapelle, habitée par un curé encore ignorant, ou une femme de foi qui l'avait encore, persuadée que ça allait être une belle journée, et que l'humain n'est pas une cause perdue. Ces endroits où nous allons traîner nos basques, chacun de notre côté, pour aller à confesse, et allant ainsi, de confesse en confesse… non, il n'avait pas prévu au-delà. Il faut toujours laisser part belle au hasard. Mais écoute, comment je te vends du rêve :


- « La Pouge. Troupen. Roumagnac. Cramaud. La Tronchaise. La Troubadie. Montpoutier. Ballot... »

Oui, Ballot, comme dans : ah bah tiens c'est ballot ça. Ou pas comme dans :

- « ♪ Les z'aventures de Croûton et Quignon, ouh ! ♪ »

Ouais j'ai fait un slogan et tout.
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En noir c'est Jhoannes.
En vert c'est Caillou, une de ses voix intérieures. Caillou est vil.
Andrea_
J’sais pas vraiment ce qu’on foutait à Rochechouart. J’veux dire je sais pourquoi on n’est plus à Limoges, mais pourquoi on est là… Enigme. L’avantage, c’est qu’on n’est pas emmerdé par les gens, on n’est pas emmerdé par rien en fait. Et eux non plus : s’ils avaient peur que les oiseaux bouffent leurs récoltes de fruits, qu’ils soient rassurés : ça sera PAS le cas.
Parce que j’ai tout ramassé. Tout. Oui c’pas la saison. Non c’tait pas mûr, m’enfin c’est pas écrit dessus et moi, comme je l’ai dit à Johannes, j’suis pas fruitière. Pas de panique, on va pas gâcher : on en fera de la gnôle. De la gnôle qu’on ira voire dans un autre coin paumé, sans rien dire à personne, croix d’bois, croix d’fer, c’pas des paroles en l’air.

Le plan, c’est toujours abstrait pour moi. Disons que je sais à quoi ça sert, mais je sais aussi, qu’à un moment –souvent au tout début-, ça prend une route de traverse de style 9 3/4 et… et j’arrive à Poudlard mais par la petite porte. Alors c’matin, j’suis contente que ça soit Johannes qui pilote, pour l’occas’, j’ai pas mis de culotte.
J’ai tout écouté, moi, les cheveux au vent, et lui à me susurrer des trucs cochons.


- « La Pouge. Troupen. Roumagnac. Cramaud. La Tronchaise. La Troubadie. Montpoutier. Ballot... »

Et vas-y que j’ricane –est ce le chanvre ou juste le Quignon ?-, que de temps en temps je tente de l’imiter : Krrkrrkrr, vrai qu’ils ont des noms bien pourris ici, d’quoi ouvrir des tavernes avec des noms plus sympas que « Rocher Chou Chouart » -Chouart sur le papier ça a l’air sympa, mais sur le dictionnaire ça n’existe pas hein, non Johannes, c’pas du tout un chibre, sauf dans ta tête.
Et soudain, je découvre que..


- « ♪ Les z'aventures de Croûton et Quignon, ouh ! ♪ »

Oui m’sieur dame, il a inventé un hymne. Et ça, ça put’ain, ça m’met presque la larme à l’œil. Heureusement que je m’accroche à ses poignées d’amour sa ceinture et qu’il est devant, ainsi il peut pas voir combien j’suis émotionnée.
On a un slogan les gars ! Tremble petit peuple de Limousin, Croûton et Quignon sont en Marche ! –ohoh-. J’en profite pour faire les cœurs –avec les doigts- et les chœurs –avec la voix-.


La Pouge, c’était pour moi. Je l’avais dit à Johannes. D’ailleurs a peine le bourg trouvé, j’avais tapoté mon ami pour qu’il arrête son ch’val : j’descends ici, sois prudent, bisous bisous, on s’retrouve plus tard, comment ? J’sais pas, m’enfin toutes les routes mènent à Toi.

Début de la mission.

Je lis le Livre des Vertus. Je veux dire, quand même, ça donne déjà une idée de ma motivation !
Je lis. Le livre. Des Vertus.
J’aurais pu lire n’importe quel livre, mon pote est recteur tu vois, des bouquins il en a plein, mais nan, j’ai, Moi, Andréa, choisis de lire CE livre. Je l’ai trimbalé plusieurs jours –semaines ?- dans ma besace, ça aussi c’est un signe, j’aurais pu le poser sur ma table de chevet, ou au fond d’une malle –oui parce que je voyage alors j’ai pas toujours de table de chevet-, mais non JE le trimbale dans MA besace, contre MOI. TOUT le temps.
Et JE lis le Livre des Vertus.
Bon d’accord, je suis qu’à la page deux m’enfin c’est l’intention qui compte qui parait.

Alors les confessions, j’maîtrise tu vois. J’ai bien noté que c’était une sorte de petite maison, dans la grande maison qu’est l’Eglise. Y a deux portes, une pour le curé/confesseur, et l’autre pour les gens qui viennent raconter leurs conneries et qui pensent qu’il suffira de les raconter à un mec dont on n’voit pas le visage et qui…
Nan parce qu’on demande quand même à un mec qui ne peut ni se marier, ni avoir de gosse, ni picoler, qui doit manger en silence et qui se lève tôt le dimanche matin pour filer à boire et à bouffer du pain rassis à des pauvres gens hein, y a du niveau !
Donc bref, les confessions, je maîtrise.



Eglise de La Pouge

Je me pointe donc dans l’Eglise, direction le confes’, j’entre, je referme la porte, je m’assieds, c’est moelleux, c’est doux, j’me dis que j’vais finalement passer un bon moment


– Hahum.
– Oui bonjour c’est pour une confession, je me permets de payer après parce que ma générosité dépend de votre écoute et
– HaHum.
- C’est marrant la résonnance de cet endroit, j’ai l’impression que vous êtes
– Ce n’est point une impression, je suis.

Et moi aussi j’étais.
Assise sur les genoux d’un gros bonhomme. Pas longtemps hein, je suis finalement ressortie.
De là, pas de panique, tuer le temps je sais faire. J’ai donc visité les lieux.
Quelques gouttes de colorant dans le bénitier –bon okay, la fiole m’a glissé des doigts-, et quelques pas vers l’autel en chantant « tin tin tintin, tin tin tintin, tin tin tintin » parce que bon, c’est de bonne guerre. Un coup d’œil sur le plan de travail et … J’vous arrête. J’ai rien volé. Faut dire qu’y avait rien à voler, aaah dans ce patelin tout est carré, rien qui dépasse, ça vaut bien un cinq étoiles au guide machin.

D’ailleurs en parlant de guide, voilà notre confessé qui se barre un peu trop rapidement à mon goût, et en remettant sa capuche. Aurait-il quelque chose à se reprocher ? Est-ce que les confessions c’pas justement fait pour ça ?
Encore une preuve que ça marche pas cette merde.


– Monsieur ! Monsieur ! Monsieur excusez-moi j’ai quelques questions à vous poser, c’est pour une toute nouvelle éd’… Partez pas, ça prendra juste quelques minutes ! Votre nom pour commencer.
- C’est que c’est anonyme Ma Dame.
- Oh enfin, pas de ça entre nous, appelez-moi Mildrède ! Donc, je note. Et qu’avez-vous confessé Sir Anonyme ?
- C’est que c’est secret, cela doit rester entre le confesseur et le confessé.

Je notais surtout que c’pas tout à fait comme je le pensais, on allait pour raconter nos bêtises et on ressortait de là après avoir subit une pratique sex’uelle. Hahum, j’suis pas contre la violence loin de là, m’enfin se faire fesser le con par un inconnu… HAHUM.

- Hum. Partez.
- Mais ?
– Non mais y a pas de mais qui tienne, vous y mettez de la mauvaise volonté alors que je suis polie alors dégagez !

C’était dingue, on gâchait de notre temps personnel pour faire des expériences qui serviraient à toute une communauté, et ces gens là se permettaient de faire l’autruche ? Nan mais ça va ouais !
Puisque c’est ainsi, j’allais tester moi-même.

TOC TOC TOC.


- Prenez place mon enfant.
P…Papa ? Non je déconne.
Par contre ils n’ouvrent pas la porte, les curés sont vraiment d’la vieille église hein, avec des pratiques très archaïques. Soit, je rentre. Pas de coussin. Pas de lumière. Pas de verre de bienvenue, pas même un gâteau à se mettre dans une dent. Rien niet nada, et le pire c’est quand l’autre ouvre la fenêtre, un truc minuscule même pas réellement ouvert ! J’veux dire ils auraient pu couper le bois et faire un trou, mais nan, ces cons ont fait plein de trous, si bien que j’suis obligée d’y coller mon pif pour espérer voir à qui j’cause.


- Je vous écoute.
– Alors bonjour, déjà. Est-ce qu’on reprend depuis le début ?
- Depuis votre dernière confession mon enfant.
– Donc on reprend depuis le début. Un jour, je suis née et…
- Parlez moi de vos derniers pêchés, je n’ai qu’une heure à vous consacrer.
– Ah. On va faire vite alors. On va commencer a mon engueulade avec Vran, y a quelques temps, c’est vrai qu’on est allé loin puisque je l’ai planté avec un carreau d’arbalète et qu’il est mort, m’enfin on a une heure je vais vous raconter un peu l’histoire, parce que c’est pas si simple, j’veux dire j’ai des circonstances atténuantesblablablabla et du coup ah mais oui j’oubliais, y avait aussi eu Dan, le pauvre il… J’vous ai dit que c’était avec le même carreau ? C’est dingue non comme c’est solide, y a vraiment des bons forgerons et… J’vous ai pas parlé du forgeron, m’enfin faut y venir au forgeronblablablabla
Vous parlez jamais en fait ?

– Si, bien sûr. Je vais justement parler là, ça vous fera cent quarante deux Sainte Litanie Aristotélicienne, et deux cent vingt sept crédos
- Bien, mais c’est quelle page ? Y a de la lumière parce que..
– Je n’ai point terminé mon enfant, vous enchainerez sur un jeun de dix sept jours. Je préconise une confession par jour pendant vingt et un jour, avec l’obligation de changer chaque jour de confesseur. A leurs jugements s’ajoutera celui de Dieu lors du jugement dernier mais… Je dois vous laisser, la messe va commencer.
- Bah… Bah ouai mais sans les pages aussi comment j’vais m’y retrouver… Vous pouvez m’noter ça dans un coin de page ? J’crois qu’à la fin j’ai une page libre le… Ouai nan laissez tomber. A bientôt.
Merci hein !
Bisous !


J’ai finalement mis un écu. Pour le déplacement, parce qu’il m’a finalement ouvert la porte pour la sortie, comme quoi, vous voyez, tout n’est pas perdu, on peut encore avoir foi en l’Eglise.
Et puis je suis sortie. Au milieu de tous les pèlerins qui se demandaient pourquoi ils avaient tous une tâche bleue au milieu du front.
C’est dingue, ils avaient tous ça en commun, sûrement un signe.

Et à Troupen Johannes, ça s’passe ?

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Merci Jd Sadella pour la ban et l'avatar, et merci Jd Nev' pour le fessier de ma Chiasse.
Jhoannes
Pendant ce temps-là, à Troupen :

- « Pardonnez-moi mon père car j... »
- « Je… suis une femme. »
- « Ah. Oh. Qu'est-ce que j'dis alors ? »
- « Eh bien heu... »
- « C't'emmerdant. »
- « Un peu. Mais continuez, continuez. Je vous écoute mon enfant. »
- « Est-ce qu'on pourrait simplement éviter de se donner des petits noms ? »
- « On va faire ça. »
- « Merci. »
- « ... »
- « ... »
- « Et… hurm. Et donc ? »
- « Ah oui, pardon ! Pardon. Heu… dernièrement ? »
- « ... »
- « C'est tout frais hein. J'ai… lâché mon alliance dans le cours de la Vienne. »
- « P… Pardon ? »
- « J'ai dit, j'ai lâché mon alliance — c'était une fiole en verre contenant des… bref, je l'ai lâchée. Dans le cours. De la Vienne. Dans l'eau quoi. »
- « Votre propre alliance ? Mais pourquoi vous avez fait ça ? »
- « Un coup d'tête. »
- « Un coup de tête. Vous êtes sérieux là ou... ? »
- « ... »
- « ... »
- « Non parce que l'idée que ça atteigne un jour la mer voyez... »
- « Att… Attendez. Vous l'avez dit à votre épouse ? »
- « Oui. Bien sûr. »
- « Et vous lui avez donné cette explication ? »
- « Heu… oui. Enfin entre autres c'est… c'est compliqué dans le sens où... »
- « Parce que vous pensez qu'il y a une bonne excuse pour jeter son alliance !? »
- « Pas jeter, lâcher. Lâ-cher. »
- « Lâcher, pardon. C'est vrai que ça change tout. »
- « C'est quand même une grosse nuanc... Vous êtes ironique, là, non ? »
- « Noooooon, à peine. À peine... »
- « Vous êtes censée faire ça ? J'veux dire, juger les gens comme ça, qui viennent ouvrir leur cœur ? »
- « Bah j'sais pas, on est censé balancer son alliance quand on est marié ? »
- « Je l'ai pas balancée je l'ai lâch... »
- « Lâchée, oui, oui, on a compris. »
- « J'vous trouve vraiment pas professionnelle sur ce coup-là, j'tiens à l'dire. »
- « Faut dire que j'avais rarement entendu un truc aussi con. »
- « Vous vous foutez de moi ? Vous avez jamais rien entendu de pire ? Je sais qu'on est à Troupen mais quand même… y a bien des voyageurs qui passent non ? »
- « Ah, pires, si. Si si. Mais pas aussi con, non. »
- « Hum. On fait quoi du coup ? »
- « Vous allez prier. »
- « Quelle prière ? »
- « Je m'en fous. Vous allez prier. Auprès de votre épouse. C'est à elle de vous absoudre. Et ouais, solidarité féminine gros. »
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En noir c'est Jhoannes.
En vert c'est Caillou, une de ses voix intérieures. Caillou est vil.
Andrea_
Roumagnac j’l’avais sauté. Parce que ça r’semblait trop à « Armagnac » et qu’en plus dedans, y avait « rou », j’ai rien contre les roux hein mais… du coup, j’allais à Cramaud, c’est pas que ça m’inspirait plus mais ça me semblait moins pire que Roumagnac. La Tronchaise ça ça envoyait du lourd, m’enfin j’pouvais pas sauter tous les patelins.

Cramaud, église.

- Mon enfant je vous écoute, et le très haut est avec nous.
- Ah. Ah merd’.
- Pardon ? Une crotte, ici, dans le confessionnal ?
- Nan. Nan bah non. Nan c’est juste que j’pensais qu’on s’confessait qu’à deux, mais du coup si on est trois tout d’suite ça appelle moins à la confession vous comprenez mon père.
- … Hum… Pas vraiment, reprenons.
- Commençons vous voulez dire ?
- …
- Et bien c’était y a quelques minutes. J’ai sauté Roumagnac.
- Roumagnac ?
- oui Roumagnac.
- Roumagnac le village ?
- Oui le village.
- Sauter… Sauter ?
- Oui, sauter.
- En entier ?
- Oui, le village, en entier.
- Ha. Heu. Hum. Oui, je vois. Y avait-il une raison à cela ?
- A cause du Rou.
- Du Roux ?
- Oui.
- Keuf keuf keuf. Je suis désolé, je dois aller astiquer mon calice.
- Je vous en prie.

J’avais une impression de pas terminé, m’enfin le destin vous savez.
Le destin a justement frappé à ma porte une fois que le curé s’est barré astiquer son machin.

- Ou...
Ouai, j’avais même pas eu le temps de dire « ouf ».

- Mon père vous vous êtes trompé de côté, je vais aller à côté du coup.
-Hum ? Ah. AAAAH ! Faites donc ça !
- Pardonnez moi car j’ai pêché
- Nan ! Bien ou bien ?
- Plutôt mal.
-Rouget, merlan, thon ?
- …
-KrrKrrKrr Johannes dédicace
- …
- Pardonnez-moi, le pardon c’est dans les deux sens hein ! Donc. On part sur trois crédos toutes les trois heures pendant quatre jours. Même la nuit.
- Vous n’écoutez pas avant ?
- AH ! Si ! Si bien sûr, pardon. Allez-y.
- Hier, il devait être environ sept heures moins le quart, les oiseaux déjà chantaient le
- Oula… Je vais prendre la version courte, limite devinettes, vous dites des mots et on voit.
-Hum.
- Ah !
- J’avais pas commencé encore.
- Ah.
- Heure. Repas. Taverne. Copains et…
-M’en dites pas plus. Mariage.
- Ouais.
- Bin on va la faire simple : pardon, fleurs, tartes. Aux fruits les tartes. M’enfin le très haut partage pas trop les choses comme ça, ça fera quatre vingt écus, et j’vous fourni un alibi.
- Mais… C’est ce que je gagne en un mois !
-Fallait pas se marier gars, en étant curé j’me fais cinq écus d’l’heure, plus les extras.


Quel bonheur de se trouver à Cramaud. Je sortais de là lavée de mes pêchés : j’avais sauté Roumagnac quand même ! Et riche de quelques dizaines d’écus.
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Jhoannes
Pendant ce temps-là à La Tronchaise :

- « Pardonnez-moi car j'ai péché. »
- « Mon père. »
- « Ah non, y a méprise, moi j'suis pas cureton... »
- « Non mais on dit : pardonnez-moi, mon père, car j'ai péché. »
- « Ah ! Non mais j'le savais. Enfin voilà, j'ai péché. »
- « Je vous écoute mon fils. »
- « Vous êtes certain que vous me reconnaissez pas ? Y a un petit trou dans l'grillage là, j'peux passer mon doigt dedans regardez... »
- « Le mobilier est un peu vétuste mais... »
- « Vous voyez mon index qui gigote ? Coucou… Aïe ! »
- « P… Pardon. C'était intrusif. »
- « Je dirais même, deux trusifs. »
- « Ah, mais un trusif vaut mieux que deux tu l'auras... »
- « Je répondrais qu'à l'intrusif nul n'est tenu ? »
- « Vous connaissez Alain Trusif ? »
- « Non, c'est un pénitent à vous ? »
- « Pénitent va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se brise ? »
- « ... »
- « Hum. »
- « Il est drôle ce confessionnal. Bien plus qu'à Troupen. »
- « Vous vous êtes confessé à Troupen ? »
- « Juste avant de venir ici, oui. C'est la tournée des confesses. »
- « ... »
- « Vous êtes en train de retenir un autre jeu de mots là ? »
- « Oui. »
- « Lâchez-vous hein. Je jugerai pas. Je comprends que ça doit pas tous les jours être facile pour vous. »
- « Oh tout dépend des clients. »
- « Des repentants vous voulez dire ? »
- « Oui pardon. »
- « Pas d'mal. Bref. J'ai péché. »
- « Je vous écoute toujours. »
- « Par où je commence : par ordre de gravité ou vous préférez que j'adopte une approche plus chronologique ? »
- « Peut-être… par la première chose qui vous vient en tête ? »
- « J'ai frappé dans une chaise, un jour. »
- « D'accord. D'accord. Pour… pourquoi avez-vous tapé la ch… cette chaise ? »
- « Parce que j'étais en colère ? »
- « Et pourquoi étiez-vous en colère ? »
- « Je… je sais plus. J'ai oublié. Il faisait nuit. J'avais bu. »
- « Est-ce que, par hasard, vous teniez des griefs contre cette chaise ? »
- « Non pourquoi ? C'était une chaise comme une autre. »
- « Peut-être que la chaise vous avait fait du mal ? »
- « C'est bizarre quand vous prononcez le mot chaise, chaise. »
- « Je devrais le prononcer comment ? »
- « Chaise. »
- « Hum. Mais, on est bien d'accord, quand vous dites le mot chaise, c'est pour faire allusion à... »
- « Bah à une chaise. »
- « Oui. Bien sûr. Et vous pensez que la chaise… pardon, la chaise vous en veut encore ? »
- « J'espère pas. Ce sont des êtres sensibles vous savez, les chaises. »
- « Pour en avoir le cœur net, vous pourriez simplement lui demander. Vous lui avez présenté vos excuses ensuite ? »
- « N… non, je suis simplement parti, je l'ai plus jamais revue. »
- « Elle… est encore en vie ? »
- « Je suppose ? C'est vaillant ces bêtes-là. Mais y a un hic. »
- « Lequel ? »
- « Je… je sais pas si je la reconnaîtrais, parmi les autres. »
- « Vous avez oublié son visage ? »
- « N… non, son dossier. »
- « ... »
- « Et j'ai honte, mon père. J'ai honte. »
- « ... »
- « Voyez comme quoi c'est marrant, la vie. Fallait que j'attende d'être à La Tron-chaise pour enfin me libérer de ce poids. Merci, en tout cas. J'me sens plus léger. »
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En noir c'est Jhoannes.
En vert c'est Caillou, une de ses voix intérieures. Caillou est vil.
Andrea_
La Troubadie. Rue principale.

– Bonjour !
– …
– Heu.. okay… Bonjour ?
– …
– Super… Bonj…
– Non.


Bin, ça c’est juste pour vous prouver que j’ai essayé de faire poliment. Du coup quand le quatrième clampin passe, je le chope pas le col, j’lui colle la bible contre la pomme d’Adam et je le regarde d’un air pas commode –ni armoire-

– BONJOUR ! Qu’est ce que va pas ICI ? J’veux juste un putain de renseignement ! Et y a pas un CONNARD qui répond à mon bonjour ?
– …
– Mais parlez BERDOL !
– … ! Oui, j’sais pas comment vous expliquer mais dans son regard, je voyais qu’il restait silencieux tout en hurlant. Si, j’vous jure !
– Vous avez une langue ? Hm. Vous avez une langue. Parlez sinon vous n’en aurez plus.
– Mon père nous a dit d’pas parler aux inconnus !
– Ton père ?
–Mon père.
– Ton … père ?
–Mon père !
– Ton père ?
–Mon père !

Ça aurait pu durer. Alors j’ai mis fin au truc, j’l’ai relâché.

– Comment est ton père ? A part qu’il dit des conneries.
– Mon père est beau. Grand. Jeune. Et fort.
– Jeune ? Bah punaise, il t’aurait eu au berceau
–Mon père est parfait.
– Ton père doit te payer très cher surtout..
–Mon père ne donne rien, il n’a rien. Il n’est rien qu’un disciple, un messager, un…
– Et on est reparti, dis moi où le trouver.
– A l’église, c’est le port Salut, c’est au milieu du village.
– Ah.


La Troubadie, à la base, ça m’inspirait pas des masses. M’enfin j’ai commencé à me dire qu’il se passait un truc quand, après avoir l’tour du village –trois fois- j’avais pas trouvé l’église.
Et même là, au milieu du village, j’voyais rien. Strictement rien. Jusqu’à ce que, éclairé par un raye de lumière, se dresse à quelques mètres de moi, un étalon humain. Belle gueule, beau menton. Poils soyeux. Sourire parfait, dents qui brillent au soleil, muscles qui bande légèrement, petit signe militaire du deux doigts sur la tempe. Mouvement de tête pour replacer une mèche, sourire ravageur.
Le gars qui abandonne sa pelle –ou sa bêche franchement j’suis pas jardinier-. Le regard qui m’emprisonne, c’t’à peine si je peux bouger. Et Lui qui avance vers Moi.
Nous deux, sur la place sans Eglise.

- Bonjour
- Hin…Bon…Humm Bonjour
- Que fait une femme si délicieuse ici, toute seule ?
- Hin..Humm … Je cherche l’Eglise, oui je sais c’est surprenant.
- Pas tant que ça, Nous y sommes.
- Non. On est sur la place du village.
- Dieu est partout. Pourquoi s’enfermer dans une cage quand on peut faire la même chose dehors, en communion avec la nature ?
- Ooh.. C’est futé.


Vous savez quoi ?
J’ai fait la confession. Dehors, comme ça. Il m’a regardé, j’ai souri, il a même pris ma main. On s’est regardé j’ai senti qu’il se passait un truc et puis à un moment, un gosse sorti de nulle part a sonné la cloche et j’ai du filer MA place à une autre.
Le pire dans l’histoire, c’est que de retour à la charrette, j’avais plus un rond en poche, j’m’étais fait piquer ma bourse !

Clairement, ce curé aurait pu donner des cours de manipulation à l’université de Limoges.

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Merci Jd Sadella pour la ban et l'avatar, et merci Jd Nev' pour le fessier de ma Chiasse.
Jhoannes
Pendant ce temps-là à Montpoutier :

- « J'vous écoute. »
- « Alors j'ai péché. »
- « Jusqu'ici on est bon. »
- « Déjà je suis né. »
- « Bon, ça, vous n'y êtes pour rien. »
- « Oui mais on me l'a souvent reproché. »
- « Pourquoi ? »
- « C'est compliqué. Ensuite je suis né à Paris. »
- « Aïe. »
- « Oui, voilà. C'est comme de naître avec un passeport pour la Lune tatoué sur une fesse. »
- « J'irais pas jusque là mais… vous y avez grandi aussi ? »
- « Oui, j'y suis resté jusqu'à mes dix-huit piges, par là. »
- « Hum, c'est beaucoup. »
- « Ouais, y a le temps de prendre des sales habitudes. »
- « Vous y avez pris de sales habitudes ? Lesquelles ? »
- « Heu… boire. »
- « Au nom de la Sainte-Boulasse ? »
- « Au nom de j'vais-m'biturer. »
- « D'accord, donc l'alcool. Vous avez l'alcool mauvais ? »
- « Seulement les mauvais soirs. Ensuite, les filles. »
- « Vous avez eu des relations hors-mariage ? »
- « HAHA ! »
- « ... »
- « Pardon. Oui. Quelques-unes. »
- « Combien ? »
- « J'ai pas compté. »
- « Vous savez que certains curés ont un super-pouvoir ? »
- « Non ? C'est quoi votre incroyable talent ? »
- « Je sens, quand les gens mentent. L'habitude. »
- « Ah c'est… c'est fort, en effet. »
- « Alors combien de filles ? »
- « Ensuite, les cartes. J'ai beaucoup joué aux cartes. »
- « La triade infernale. »
- « Ouais, j'étais un p'tit cumulard. »
- « Je suppose que la communion de vos vices vous a fait plonger dans une spirale qui vous a mené à... »
- « … à boire, niquer et jouer. »
- « Et... »
- « Et… vous voulez du croustillant c'est ça ? »
- « Sans vouloir vous vexer, jusqu'ici, c'est franchement banal. »
- « J'avais des goûts simples. »
- « Vous avez tué déjà ? »
- « Pas franchement. »
- « Volé ? »
- « Hof. »
- « Foutu le feu à quelque chose ? »
- « N… enfin des bûchettes, en hiver, mais jamais d'église. »
- « Torturé des animaux ? »
- « Ah non ! Jamais. »
- « Torturé des humains ? »
- « Physiquement ? »
- « Oui. »
- « Non. »
- « Et mentalement ? »
- « Les cartes, c'est vraiment un cercle vicieux, tout de même. »
- « M'en parlez pas. »
- « Ah vous jouez aussi ? »
- « Peuh ! »
- « Dans quel coin ? »
- « Ici, à Montpoutier. »
- « Oh faudra que je repasse tiens. Vous jouez quels jours ? »
- « Les jeudis souvent. »
- « Ah, ça m'arrange pas... »
- « J'comprends, avec l'université... »
- « Ouais, déjà. Enfin surtout ça et… attendez, pourquoi vous avez parlé de l'université ? »
- « Ah ? Oh, je… Par pur hasard. »
- « Hé, moi aussi j'ai un super pouvoir. J'sens très vite quand les gens me prennent pour un con. »
- « Ah ? Comment vous repérez ça ? »
- « En faisant attention à… Non, non, noyez pas l'poisson. »
- « Oh ça va Jhoannes, ça va... »
- « Ah parce que vous connaissez mon nom en plus ? »
- « Vous en avez croisé beaucoup, des recteurs anonymes ? »
- « Merde, comment vous m'avez grillé ? »
- « C'est votre voix toute bousillée là... »
- « Non mais... »
- « Ah bah à force d'écouter parler un grillage on a l'ouïe qui s'aiguise hein... »
- « Vous êtes fort quand même. »
- « Très. »
- « Et ils vous ont foutu au diocèse de Montpoutier ? »
- « Semblerait. »
- « Pourquoi ça ? »
- « J'avais des goûts simples moi aussi. »
_________________
En noir c'est Jhoannes.
En vert c'est Caillou, une de ses voix intérieures. Caillou est vil.
Andrea_
Roumagnac.

Oui bah c’est pas la peine de râler. Oui j’ai fait demi-tour et je suis allée à Roumagnac. Faut me comprendre, ça me tournait dans la tête, à savoir si j’avais bien fait, si je passais pas à côté de quelque chose, si j’avais pas jugé un peu rapidement, si… J’devais y aller ça devenait une obsession.

- Bienvenue à Roumagnac !
- Bienvenue !
- Bienvenue !
- Bien le bonjour Ma Dame

LE truc improbable, place du village, QUATRE pecnos, quatre bonjour. Et rien à signaler, j’veux dire ils n’avaient pas les oreilles décollées, pas le menton en galoche, pas le nez à piquer les gaufrettes, rien, tout semblait était Nor-Mal.

J’en profitais donc pour moi aussi, saluer tout le monde, et les gratifiais d’un superbe sourire, les seuls que je sache faire soyons honnête. Et me pressais de rejoindre le confessionnal, pour une énième confession.


- Bonjour !
- Bonj… pardonnez moi, j’ai pêché
- Bienvenue à Roumagnac !
- Oui oui, justement, la première fois j’vous ai sauté
- Sauté ?
- Sauté.
- Tout l’village ?
- Tout l’village.
- Ow.
- Je sais.
- Je vous pardonne, on est comme ça à Roumagnac
- Ah c’est bien ça, c’est pratique
- Oui par contre je vous écoute, j’ai un autre travail à côté donc si vous pouviez raconter ce qui va pas que je vous distribue les poésies on gagnerait du temps
- Des..poésieS ? Des prières vous voulez dire ?
- Oui pardon, je débute, j’ai pas encore lu tout l’bouquin et les prières sont à la fin
- Pareil, l’scénar’ est chiadé quand même non ?
- Oui, j’ai juste du mal avec le fait que tout le monde se parle, les arbres aussi, c’est un peu… enfin difficile de se projeter quoi
- tellement !
- Et puis appeler le Héros Oane…
- OUla. C’pas le héros, j’veux pas te faire peur mais il va crever.
- Mais nan, t’es sérieuse ?
- Ouai, juste après la questi… T’es à quelle page ?
- Soixante huit
- Chut, ne dis plus rien. Tu rentres chez toi, tu déchires la page soixante neuf sans rien dire à personne et tu l’envoies à cette adresse sans poser de question
- Mais… C’est l’adresse du Rectorat de Limoges ?!
- Sans poser de question j’ai dit
- D’accord. Et sinon…Vous restez un peu ce soir ?
- Heu non pourquoi ?
- C’est la fête de Roumagnac !
On célèbre les roux et l’Armagnac !

- RHAAAAAAAAaa
- Bah quoi vous aimez pas ?
- J’aurais du vous sauter sans m’retourner !


La première impression est souvent la bonne.
_________________

Merci Jd Sadella pour la ban et l'avatar, et merci Jd Nev' pour le fessier de ma Chiasse.
Jhoannes
Pendant ce temps-là, à Ballot :

    Ballot. Village de dix-neuf habitantes et soixante-trois habitants, et oui, c'est Ballot, sauf pour le confesseur du coin qui, on le suppose, passe beaucoup de temps à écouter des horreurs de fantasmes larvé et de séquences de drague terribles bien à l'abri derrière sa petite grille de lâche. Dès qu'il l'avait croisé, Blondin avait senti que c'était un curé très occupé. Très très occupé. Tellement si occupé qu'il avait pas eu le temps de faire une pause-pipi depuis huit heures trente du matin, autant dire que là, mon gars, désolé mais comme on dit, j'ai la vessie plus gonflée qu'la couille à Jean-Paulin — un mec en chaleur du coin à n'en pas douter — alors ce qu'on va faire, c'est que vous allez m'attendre à l'intérieur, le confessionnal est au bout de l'allée centrale à gauche, moi j'vais aller arroser les buissons, faire le tour du jardin neuf fois en récitant une prière pour annihiler les cons et on s'retrouve ensuite, d'accord ? Depuis Blondin poireaute à l'intérieur de la petite cabane dans la grande église. Il gratouille une langue de bois avec le doigt, se plante une écharde sous l'ongle, fronce le nez, tente d'ôter l'intrus dans sa chair avec ses autres ongles, puis avec ses dents mais c'est chiant parce qu'on y voit vraiment pas grand chose dans la guérite à calotin. C'est intime, certes, mais c'est pas pratique. Ah ! Des bruits de pas. C'est le curé de Ballot qui s'amène. J'espère que t'es prêt parce que là j'me suis entraîné tout l'après-midi.
Ballot pour la Chiasse aussi. Décidément c'est ballot. Elle sait qu'y a un problème dans c'village sans réussir à mettre le doigt dessus -ni dedans, bande de dégueulasses-. Le peu de personnes qu'elle a croisé la regardent comme si elle était... Bah... Elle. Ils tirent la langue, ils bavent un peu, certains la suivent, d'autres la sifflent, mais tos la reluquent. C'est très marrant au début hein, Colombe s'en amuse, elle sourit, elle glousse un peu, elle offre un jeté de mèches jusqu'à ce que vraiment, mais vraiment, ça devienne dégueulasse: "ça tourne en chien" comme on dit chez nous. Y en a même un qui lui a demandé si elle voulait pas l'épouser! Bon il s'est pris un gnon, faut pas déconner, si on commence à laisser la rumeur de "Déa et son amour des mariages" quitter les Limoges pour atteindre les patelins alentours, on est mal. T'façon les gars, la seule chose qui l'intéresse notre Chiasse : c'est la confess'. Où elle s'installe rapidement.


- Pardonnez moi mon père car j'ai pêché.
- Ah. Je...
- Bonjour. Après la réflexion des derniers hein, j'peux vous dire que j'le sors, le "bonjour".
- Bonjour. Le curé... Blondin pointe un index vers la gauche, ce qui ne sert strictement à rien.
- Heu.... Andréa... Mais c'pas anonyme vot' truc normalement?
    Blondin percute. Il ne peut y avoir qu'une seule Andréa. Comment le sait-il ? Dix-neuf habitantes à Ballot on a dit, il a eu le temps d'apprendre tous les prénoms en descendant la Grand Rue. Pour répondre au problème moral qui vient de bondir, avouer ou savourer, il se pose une question importante. La seule qu'on devrait se poser dans ces moments de vie : que ferait Andréa si elle était à ma place ?
- Hum hum si si... J'coute.
- Bien, j'ai un problème. Du genre gros. Qui pèse sur la conscience. Lourd. Mais genre super lourd. Et le pire, c'est que tout a commencé avec le livre des vertus.
    Il fronce le museau. Merde, elle joue vraiment le jeu.
- J'coute t'jours.
- J'vous préviens j'suis pas encore arrivée à la fin du bouquin alors les prières je les connais pas, mais l'principal c'est que tu pardonnes. Tu vas pardonner, c'est ton travail. Et j'ai mis sept écus dans l'pot à l'entrée
- Faudra terminer la page numéro deux un jour... Videz votre.... votre sac.

C'est petit un confess'. L'effet papillon tu connais? bah ça a été créé dans un confes, le curé un jour il a pété et c'est la maison du voisin qui s'est écroulée. Alors le curé qui chuchote hein... pitié, ça résonne tout ce que ça peut, j'le sais, quand j'ai parlé des sept écus dans l'pot à l'entrée j'ai entendu un mec arriver en courant et se servir.
Johannes, couillon. J'vais t'en filer pour ton mon argent.


- J'ai la chance d'avoir une amie, mariée à quelqu'un que je considère depuis peu, comme mon meilleur ami, c'est lui qui m'a offert ce livre des vertus.
- Un type bien.
- Oh... oui... oui...Justement.
    Le front de notre curé provisoire se plisse. Attends comment ça, justement ? C'est pas bien d'être un type bien ?
- Just... justement quoi ?
- Justement il est bien. On passe beaucoup d'temps ensemble. Alors petit à petit...
- ... Jeannot fait son nid ?
- Johannes qu'il s'appelle. Pas Jeannot. Johannes, ça rime avec belle fesse. Et j'peux vous assurer que j'croquerais bien dans sa paire. HIHIHI oh ça va on peut s'amuser.
- Krkrkrkrkrkrkrkr....
- Et du coup, je cherche comment lui dire que... enfin... ça serait briser un mariage, mais en même temps une dissolution, un remariage derrière, ça s'annule non?
    Glups. Ah de fesse à mariage, il y a un gros pas.
- Rem... remariage. Avec Johannes.
- Je pense que c'est l'homme idéal. Il est blond, ça, c'est dommage, mais si je m'arrange pour qu'il porte toujours un chapeau ça peut passer.
- C'est une solution mais heu... la femme de votre ami là-dedans ?
- C'est un détail, vous savez, c'qui compte c'est d'être heureux, même le Sans nom a eu droit de vivre. J'ai dépassé la page deux Jojo' j'ai presque terminé.
    Blondin fait une erreur serveur. Vache la garce. C'est dur à avaler. Même venant d'Andréa.
- C'moche c'que vous v'nez d'dire.

Sourire satisfait de la Chiasse, un sourire qui fait pas de bruit. C'est dur à avaler? Attends j'vais mettre un peu d'lubrifiant.

- Des choses moches y en a tout le temps. Vous savez, ils m'avaient pas invités à leurs mariages. Leurs DEUX mariages. Mais j'ai pardonné, parce que c'est ce que nous faisons, nous, enfants de Dieu. Nous pardonnons ceux qui nous ont offensés. De même le soir, tard, quand je suis seule et que j'ai besoin de parler à quelqu'un Ziggy...pardon , je repense à tout ça, et je ME pardonne. Je pense très fort à Johannes et je me... Enfin vous voyez?

- PARDON !? Pardon ? Pardon, vous vous quoi ?
- Bah j'me touche quoi, menotte et bourgeon, digitaux dans l'bousin et en avant. Le tout en pensant que c'est son pistil hein faut pas déconner! Bon, j'dois vous laisser, j'vais le retrouver dans pas longtemps et j'compte bien conclure ce soir. Mais si t'insistes j'peux rester encore.
    Là tu peux rajouter ta meilleure vaseline au beurre de cacahuètes, celui qui ferait rentrer une turbine entière dans le cul de grand-mère, comme le dit le fameux proverbe gallois, ça passera pas. Blondin entre en projection astrale. Il n'est plus Blondin assis dans un confessionnal, mais Petit Blondin, accroché au plafond du confessionnal, et qui trouve très drôle la situation absurde dans laquelle est plongée le premier Blondin. Non, rien de tout ça ne sonne réel. Sauf son rire.
- Krkrkrkrkrkrkr.... hahahahaHAHAHAHAHAHA !

Ce mec est une enflure. Ces mecs sont des enflures. Celui assis dans le confessionnal, et celui accroché au plafond. Et ça rigole? Bah mon coco... C'est mal me connaitre.

- J'vois pas c'qu'il y a de drôle vous savez. Johannes aussi le fait en pensant à moi, j'en suis certaine. D'ailleurs... PUTAIN JOHANNES !

Le poing s'écrase sur la petite fenêtre ajourée, Hey coucou Blondin, t'as vu c'est pas solide cette merde, au prix des confess', quand même, c'pas sérieux.

- EST ce que tu imagines que je me CONFIEE pensant que c'était un CURé ? ORAGE ! au désespoir, oh veillerie ennemie J'ai pas inventé l'eau chaude hein, on a les références qu'on peut avoir.
- COMMENT AS TU PU me faire ça? A MOI ! On mon DIEU ! Ouin ouin, t'as vu comme je fais bien semblant de pleurer?
- Plus JAMAIS j'pourrais te regarder en face! JAMAIS.

ET paf, la porte qui claque et la gonzesse qui s'barre en courant.
MAnge tes morts Johannes, tes idées à la con d'confessionnal devraient bien t'passer après ça non?


RP à 4 mains.

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