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[RP] La Grande Armée de Normandie

--Le_grand_dragon


[ Une mission dragonesque ]




Ce matin-là, tous les villageois virent un bouc traverser la grande place à grandes enjambées. Il se dirigeait vers la rue des forgerons. Quelques heures plus tard, il était toujours aussi pressé mais cette fois, il marchait en sens inverse. Ce bouc, n'est pas n'importe quel bouc, c'est Moumoule_le_Bouc, le fidèle compagnon de Napoleon_IV. Malgré son grand âge, il se déplaçait fort vite. Mais pourquoi était-il si pressé ? Pour répondre à cette question, nous devons revenir vingt-quatre heures dans le passé.

Après une longue journée de travail dans la ferme qu'il habite avec Napo, Moumoule_le_Bouc pris le temps de faire une sieste. Il venait d'aider son ami pour le nettoyage du poulailler et des clapiers. Ils ont ensuite préparer le repas des cochons puis ils l'ont distribuer. Comme toujours, ces féroces animaux se jettaient tête première dans la clotûre pour être le premier servi mais hélas, ils n'ont toujours pas compris que cela ne servait à rien puisque chacun possède son enclos. En effet, si les cochons de nos amis sont en totale liberté sur le grand terrain qui leur est réservé, lors des repas ils sont parqués chacun dans un enclos afin que tous mangent la même quantité de nourriture. La hiérarchie dans la société cochone est très complexe mais très respectée par chaque membre. Les cochons mangent un par un, le mâle dominant en premier puis ses courtisanes, suivent les descendants directs du mâle dominant, ses descendantes et enfin ceux des anciens mâles dominants par ordre d'âge et de masse. Cela me rappelle un livre écrit par un ami sur la condition de la poule dans la société d'aujourd'hui. Il y analysait toutes les différentes sociétés avicoles qu'il avait pu rencontrer au cours de ses voyages. Il est impressionnant de voir à quel point cela peut être complexe. Les humains sont loin d'être à ce niveau d'évolution. Cependant, il me semble que je m'égare, je m'en vais donc revenir à nos cochons en vous décrivant la distribution des repas.

Moumoule tirait la carriole de nourriture pendant que Napo la poussait. L'élevage de cochons étant assez odorant, ils ont construit leur porcherie en dehors du village afin que le vent chasse les odeurs loin des habitations. Elle se trouve au pied de la colline-aux-vents, là où personne ne vient en raison d'un climat venteux et froid. Le repas se compose de tout les restes récoltés à la sortie des tavernes, ainsi que du maïs acheté aux divers producteurs de Honfleur. Les bêtes doivent être engraissées au maximum avant un abattage dans la boucherie que possède Napo.

Encore un effort mon p'tit Moumoule, nous y sommes presque. Si je connaissais le breton qui a construit cette porcherie dans pareil, je lui...

Tu radottes mon ami, tu radottes. Tu me ressors cette phrase tous les jours au même endroit.

Après une heure d'effort, la carriole s'immobilisa enfin devant les enclos à cochons. Le plus dur reste à faire, il faut séparer les animaux pour n'en avoir qu'un par enclos. Nos deux amis s'équipèrent d'un armure de cuir pour ne pas blesser ni être blessé. Moumoule contourna les cochons par la droite, Napo par la gauche. Il faut dans un premier temps, tous les regrouper dans un coin du terrain puis les repousser vers l'entrée du chemin de séparation.

Napo progressait lentement à pas de loup jusqu'au milieu de la cloture de droite, Moumoule se dirigeait vers celle du haut. Une fois en place, chacun se mit à hurler des chansons bretonnes pour faire peur aux animaux. Les cochons, pris de panique, se ruèrent vers la porte se trouvant en bas à gauche du terrain. Ils s'entassèrent dans la pièce intermédiaire formée par les portes des enclos à repas. Les deux amis fermèrent la porte puis poussèrent chaque animal dans son enclos à repas. Ceci fait, la distribution de nourriture put commencer, les auges furent remplies et la carriole vidée.
Moumoule était épuisé, il voulut prendre cinq minutes de repos en s'asseyant par terre mais son popotin passa trop près de la cloture, un cochon lui mordit les miches.


Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !!! Sacré nom d'une poule !!!! La sale bête.

Mouahahahahahaha, il devait avoir sacrément faim pour mordre dans une vieille carne comme toi.

Napo était plié de rire avant de recevoir un seau sur la tête.


Le Harpiste : Déplacement du sujet en gargote à la demande de l'auteur.
--Le_grand_dragon


Napo tout dégoulinant de nourriture à cochon se releva doucement. Les épluchures de carottes donnaient de la couleur à son manteau noir, elles formaient un dragon perché en haut d'une falaise. C'est fou ce que le hasard peut faire. Après quelques minutes d'effort pour reprendre ses esprits, il se tourna vers son Bouc.

Pfffffffffff, tu n'as aucun humour. Reconnaît qu'il devait avoir encore bien faim pour vouloir te mordre. Cependant, je le comprends un peu, cette nourriture manque de calva. Il faudra en prendre quelques tonneaux dans la réserve de la « Taverne de la Licorne » pour donner un peu plus de goût à leur repas.

Moumoule se caressait encore les fesses après avoir lancé le seau sur son ami. Les marques de la dentition du cochon y étaient encore visibles. Il faut dire que ces animaux ont des dents solides, coupantes, pointues. Je me rappelle un jour où je me promenais dans les prés pratiquant la chasse aux papillons. Il y avait un marcassin tout mignon qui se balladait au milieu des fleurs. Soudain, sa mère débarqua telle une tornade, elle fonça sur moi. Je n'ai pas pu voler de trois semaines mais je me suis vengé par la suite. Je l'ai grillé comme un cochon de lait. Arf, je m'égare encore je crois. Revenons aux traces de morsures sur le postérieur du bouc. La pauvre bête avait un joli sourire imprimé sur sa fesse droite.

Ah ah ah, je me marre. Cette sale bête aurait pu me tuer et toi tu rigoles. Elle m'a fait bigrement mal, elle a des armes dans la bouche.

Allons allons, du calme. De toutes façons, ils seront bientôt à point, je vais les abattre la semaine prochaine. Cependant, tu as raison, ils peuvent se montrer dangereux si on y prend pas garde. Bon assez travaillé pour aujourd'hui, retournons à la maison.

Les deux amis rangèrent les seaux sur la carrioles puis repartirent vers leur maison. Le soleil déclinait à l'horizon, le ciel prit une couleur rouge vif. Cependant, à l'opposé de ce charmant coucher de soleil, des nuages noirs montaient, ils étaient chargés de pluie, peut-être même de grêle.

Le temps se gâte, il va faire vilain cette nuit. Il faudra rentrer les sacs de maïs achetés hier.

Ils arrivèrent enfin dans la cour de leur ferme, les premiers grelons commençaient à tomber. Napo laissa la carriole dans un coin pendant que Moumoule ouvrait la porte de la grange. Ils rentrèrent les sacs de maïs un à un. Cette tache terminée, Napo grimpa sur l'échelle pour ranger les sacs à l'étage. Il n'est pas facile de monter sur une échelle avec un sac dans les bras, ils utilisèrent donc une carette à bras. Moumoule plaça un sac sur les manches de la charrette puis monta sur une caisse.

Pret ?

Je suis prêt tu peux y aller.

Moumoule sauta sur la charrette, son poids fit balancier, le sac de maïs prit son envol. Napo attrapa le sac au vol puis l'envoya derrière lui. Après une heure de ce manège, les sacs étaient rangés au sec. Ils ne restaient qu'aux deux amis à se rendre dans la maison pour manger puis dormir.

Je vais me laver un peu. Tu veux quoi au diner ? Il doit rester un peu de poisson seché, je vais une soupe.

Moumoule mit la table soit deux cuillères et deux verres. Il se dirigea ensuite vers la cheminée pour allumer le feu puis mit de l'eau à chauffer. Napo revint tout beau tout propre. Il prépara un diner qui fut englouti par ces deux estomacs sur pattes en quelques minutes. Puis, avant d'aller dormir, Napo lut une histoire à Moumoule pour qu'il passe une bonne nuit.

C'est au cours de cette nuit que Moumoule eut une révélation qui nous ramène au début de cette histoire.
--Le_grand_dragon


Moumoule monta dans sa chambre au premier étage de la maison pendant que Napo rangeait les livres dans la bibliothèque. Son lit a été fabriqué avec du bois de chêne centenaire abattu dans la forêt de Lisieux. Il était de forme carrée ce qui est assez inhabituel pour un lit mais voir un bouc dormir dans un lit n'est-il pas tout aussi inhabituel. Sur le sommier, des dragons étaient gravés, certains étaient représentés en vol, d'autres en marche. La paillasse quant à elle était faite avec la meilleur paille qu'il soit, celle de Deaddragon même si ce dernier n'en savait rien. Ce lit était des plus confortable.
Le reste de la chambre était occupé par un petit bureau avec fauteuil et une table. Sur le bureau, des parchemins s'empilaient, il y avait également un encrier et une plume de coq. Moumoule avait pour habitude d'y écrire les évènements de la journée. Mais ce soir, sa fatigue était telle qu'il n'y consacra que quelques minutes. Il prit le chandelier puis alla se couché. Une fois bien installé, il souffla sur la chandelle puis s'endormit.

Napo ayant fini de ranger les livres, il décida d'aller faire un tour dehors pour ouvrir l'écluse afin de ne pas être obligé de se lever cette nuit. La grêle avait laissé place à une pluie fine. Etant vidangé, Napo rentra pour se diriger ensuite vers sa chambre qui se trouvait au rez-de-chaussée. Celle-ci était meublé sobrement, un lit en chêne, un bureau en chêne, un fauteuil en chêne, deux étagères en chêne et une barque en chêne. Le sommier était décoré simplement avec des Dragons, des loups, des cerfs...., la paillasse était remplie avec de la laine de mouton, les oreillers avec des plumes de canards. Ce lit était de taille modeste, deux mètres de largeur pour trois de longueur. Napo ne mit pas longtemps à s'y jeter pour dormir.

Il était à peine deux heures du matin lorsqu'il entendit Moumoule crier. Napo se leva d'un bond pour courir à l'étage. Il trouva Moumoule couché sur le sol de la chambre, en sueur et tremblant de tout son corps

Que se passe-t-il mon ami ?

Moumoule eut du mal à parler, il était en état de choc. Cependant, il retrouva vite ses esprits avec le verre de calva que Napo venait de lui servir.

Le Dragon, j'ai vu le Dragon en rêve. Il m'a demandé de former une armée pour la Normandie. Une armée qui ne serait pas aux ordres des hommes mais aux siens. Puis il est parti en crachant du feu, un feu intense, puissant. J'ai cru mourir.

Napo regarda Moumoule droit dans les yeux. Il comprit immédiatement que son ami n'avait pas imaginer le Dragon mais qu'il l'avait bien vu. Il emmena Moumoule vers son fauteuil où il le fit s'assoir puis se dirigea vers le lit.

Parle-moi de cette armée. De qui sera-t-elle composée ? Quel en sera la mission ?

Elle sera composée des normands les plus fidèles au Dragon. Son but sera de libérer la Normandie du joug des tyrans parisien qu'ils soient rois ou prêtres.

Enfin ! La Normandie va enfin se réveiller. Les jours du règne de Lévan III sont comptés.

Moumoule se leva pour prendre un coffret sur son bureau. Il l'ouvrit et en sortit de petits sacs.

Avec ceci, je pourrai acheter de bonnes armures et de bonnes armes aux forgerons de Honfleur. La commande leur paraîtra quelque peu inhabituelle mais je suis sûr qu'ils feront des merveilles.

Pourquoi inhabituelle ? Ils l'ont l'habitude de forger des armures pour les soldats de la Bande de Normandie.

Napo crut voir une lumière au fond des yeux de Moumoule.

Tu comprendras mieux demain. Pour le moment, retournons dormir, la journée de demain sera longue.
--Le_grand_dragon


Le lendemain, les deux amis se levèrent tôt. Napo descendit en premier. Il prit une peau de vache posée sur la bas de la rampe de l'escalier puis sortit. Il se dirigea vers l'étable pour traire la seule vache qu'il possédait. Elle s'appelait Gertrude, c'était une vache normande typique. Gertrude était d'une douceur et d'une gentillesse immense mais elle était mauvaise perdante. En effet, la semaine précédente, elle avait perdu au lancer du fer à cheval. Depuis, elle faisait la tête et ne donnait plus de lait mais de la crème. Comme toujours, Napo avança doucement, caressa l'arrière-train de Gertrude, lui gratta le dos avant de déposer un baiser sur son front. Il déposa son propre arrière-train sur un tabouret puis se mit à l'ouvrage. La traite finie, il remplit la mangeoire de Gertrude puis s'en retourna à la maison.
Moumoule était levé quand Napo revint de l'étable. Il avait déjà découpé les tranches de pains et sorti les camemberts. Il accueillit Napo avec un beau sourire tout jetant une buche dans la cheminée pour y faire chauffer le lait.

Salutations mon ami. Inutile d'attiser le feu, elle est encore fâchée.

Arf, je ne la savait pas si rancunière. Elle finira bien par se calmer, non ?

Aucune idée, elle est très têtue, presque autant que toi.

Moumoule sourit, il se savait têtu mais il n'était pas le seul dans cette maison. Il passa des tartines et un camembert coupé à Napo qui venait de s'assoir.

Bon, il faut que je te parle de mon rêve. Comme tu le sais déjà, j'ai rêvé du Grand Dragon. Il m'a demandé de former une armée avec les plus fidèles normands pour libérer la Normandie de l'occupation étrangère. Quand lui ai demandé quels étaient ces normands, il m'a répondu «  Les Êtres qui ne pensent pas à l'argent, les Êtres qui ne pensent pas au pouvoir, les Êtres qui ne pensent à tuer pour le plaisir, je parle des des Êtres qui ont plus d'intelligence, de loyauté et de courage que bon nombre de normand. Tu dois convaincre les vaches, les cochons et les moutons de Normandie de prendre les armes pour libérer leur patrie. »

Napo en restait sans voix. Les vaches, les moutons, les cochons de Normandie. Comment le Grand Dragon voulait-il que nous formions une armée avec des animaux. Certes il y en avait qui étaient plus évolués que d'autres mais de là à devenir des soldats.

Tu es sûr d'avoir bien compris ? Cela me semble fou.

J'ai très bien compris. De plus, le Grand Dragon m'a informé que nous pourrions converser avec eux comme nous le faisons actuellement toi et moi.

Napo savait que le Grand Dragon avait des pouvoirs immenses, il ne doutait point de pouvoir discuter avec ces animaux si le Grand Dragon le disait.

Je vois. Trouver des « soldats » sera facile, mais pour les armer, les entrainer, les nourrir, cela risque d'être compliqué.

Aucun souci pour la nourriture, le Grand Dragon y pourvoira. Pour les entraînements, je m'en chargerai avec des amis. En ce qui concerne les armes et les armures, j'utiliserai le trésor du Grand Dragon pour les acheter auprès des forgerons honfleurais.

Le Trésor du Grand Dragon. Cela signifie qu'une ère nouvelle va bientôt commencer.

Napo qui venait de finir son déjeuner, se leva pour prendre son bain dans la mare située au fond de la cours pendant que Moumoule se préparait pour sa visite chez les forgerons.
--Le_grand_dragon


[ A la recherche d'un forgeron]




Moumoule se brossa le poil, tailla sa barbe et lustra ses cornes. Il attacha autour de sa taille, deux sacoches de cuir. Il les remplit avec des petits sacs de toile contenant des pépites d'or. En effet, lors de cérémonies auxquelles Napo avait participé dans la forêt proche de Rouen, le Grand Dragon avait transformé de vieilles pièces de cuivre en pépites d'or. Il avait indiqué aux participants que cet or devait servir la cause de la Normandie. Le temps était venu de l'utiliser.

Bon, je vais en ville pour m'entretenir avec les forgerons.

D'accord, je vais écrire la lettre au bailli puis je m'occuperait des cochons avec Talleyrand.

Moumoule se mit en route vers Honfleur. En chemin, il ne croisa personne sauf quelques oiseaux dont un qui voulut se reposé un peu. Il se posa sur la tête de Moumoule. Cela ne dérangea pas Moumoule, un peu de compagnie ne pouvait que lui faire du bien. Soudain, l'oiseau s'envola pour revenir quelques minutes plus tard avec un brin d'herbe qu'il enroula autour d'une corne de Moumoule qui en se rendit compte de rien. L'oiseau s'envola de nouveau. Le manège se poursuit pendant une heure. A la fin, Moumoule avait un nid qui se balançait entre ses deux cornes, l'oiseau en question était une mésange.
Moumoule arriva enfin en ville. Il ne comprenait pas pourquoi les passants souriaient en le voyant. Celui l'agaça un peu, il accéléra le pas pour se rendre rapidement dans la forge d'un de ses amis. Il traversa la place du village à toute vitesse. Il s'arréta devant l'entrée de la Forge (dont je ne connais pas le nom, il est à définir) puis entra après avoir frappé sur la porte.

Salutations, il y a quelqu'un ? Je souhaiterais m'entretenir avec Messire Asticot.

Il y avait fort longtemps que le Baron n’utilisait plus sa forge. De nombreuses fois, il avait pensé à la détruire, et plus souvent encore depuis que la Normandie n’était plus que l’ombre de ce qu’elle fut, mais à ce jour, jamais il ne s’y était résolu. Le bâtiment de bois perdait de sa tenue. Fernand, bien que cela ne soit pas de sa fonction essayait de le maintenir en état.

Ce jour, avant de partir pour l’université, le baron lisait.. il avait quelques lacunes en sciences médicinales, les propriétés des plantes étaient encore un mystère et il était persuadé que savoir se soigner était une chose importante. En fait, il voulait pouvoir soigner son Aimée si par le plus grand des malheurs, la nostalgie et l’immense fatigue qui l’avaient terrassée il y a quelques temps venaient à réapparaître.

Il vit arriver Fernand, tout bouleversé, l’air de quelqu’un qui ne sait pas s’il vit ou s’il rêve… la bouche entrouverte, le doigt pointé dans son dos, la démarche en crabe.

Le comportement était pour le moins inhabituel, aussi la baron lâcha bien vite son ouvrage, pour venir à la rencontre de son commis, cherchant à comprendre ce que l’homme baragouinait.

Mon..monsieur l’Ba..l’Barron… un…un… bouc qui…qui.. veut vous parler..

D’une tape sur l’épaule de Fernand, il le rassura

Ah mais c’est Moumoule, le bouc de Napo… ne prend pas peur Fernand, nous nous connaissons fort bien lui et moi, il connaît très bien le dessous des jupes de la Vicomtesse aussi, tout comme mon arrière train.

Il s’approcha alors du bouc, sourit à son nid entre les cornes, mais resta prudemment à quelques distances. Son postérieur s’était souvenu longtemps des cornes…

Bonjour le Bouc, qu’est ce qui t’arrive ? Napo n’a pas d’ennuis j’espère ?

Moumoule se retourna, il aperçut le Barbu. Il le salua chaleureusement puis s'approcha de lui pour l'entretenir de son projet.

Mon cher ami, quel plaisir de vous voir. Je serai bref et vous demanderez donc de ne point m'interrompre. La Normandie a besoin de vous. je sais que vous avez et que vous donnez encore beaucoup pour elle même si parfois elle l'oublie. Je sais également que vous passez beaucoup de temps à l'Université avec vos livres, vos grimoires, vos étudiants, tout ça...Je sais également que votre Dame, vous demande beaucoup de temps mais là, je vous comprends.

Alors voila, ceci étant dit je vais vous exposer mon projet. Comme vous le savez, il y a actuellement un léger problème du côté de Lisieux. En effet, nôtre vieil ami le Duc de Tancarville a monté une armée avec l'aval de notre Duchesse. Il semblerait que depuis, elle soit revenu sur sa bénédiction. Quelle est la vérité dans cette malheureuse histoire, je n'en sais rien. Mon coeur penche du côté du Duc mais il ne doit pas intervenir dans cette affaire. Cependant, cela n'est pas l'objet principal de ma visite, cela l'encourage par contre.

La nuit dernière, j'ai fait un rêve. Dans celui, il y avait le Grand Dragon. Oh bien sûr, je sais ce que vous en pensez. Nous ne sommes que des illuminés Napo et moi. Mon amitié pour vous m'empêche de vous en tenir rigueur. Au cours de se rêve disais-je, le Grand Dragon m'a parlé de la Normandie, de son passé mais aussi de son avenir. Il m'a informé que le temps était venu pour elle de se réveiller, de se libérer du joug parisien. Mais pour cela, il lui faut un peuple uni, une économie solide, une armée forte.

Pour l'union du peuple, je crains que cela ne soit pas pour tout de suite, temps que la religion sera liée au pouvoir en place, le peuple sera divisé. Vous connaissez mon ressentiment pour le clergé, je ne le cache pas. Il est difficile pour moi d'oublier le Grand Phooka mais hélas, son souvenir semble avoir été effacé dans les mémoires des normands. Vous savez également que même si je hais le pape, n'ayons pas peur des mots, j'ai eu des amis comme les archevêques Lescure et Pouyss que tout le monde a oublié également. Je me rappelle le jour où Napo a dansé nu sur le comptoir de la taverne de la Licorne a Honfleur. Le pauvre Lescure n'en revenait pas. Pour Pouyss, il nous arrive souvent de discuter avec son esprit qui ne repose toujours pas en paix depuis toutes ces années. Bref, vous savez que nous sommes des adorateurs du Grand Dragon qui a donné naissance à la terre grâce à une de ses écailles, à la mer grâce à une larme, qu'il a donné la vie aux hommes grâce à son souffle. Il est partout, en tout, entre la pierre et la rivière, entre l'arbre et la bateau. Un jour viendra où les normands retourneront vers le Grand Dragon.

Pour l'économie, votre Dame a du vous en parler. Il est difficile de réguler les marchés, de donner à manger à tous, de donner un toit à tous...L'Homme a été corrompu par des siècles d'aristotélicisme, il est avide de pouvoir et de richesse, il est prêt à tout pour cela. Nous ne pouvons pas faire confiance à l'Homme. C'est pour cette raison que le Grand Dragon m'a parlé de son projet de Grande Armée Normande.

J'arrive donc à l'armée, la BAN est morte, vive la GAN. Voila en quelques mots, comment résumer ce projet. Puisque nous ne pouvons pas faire confiance aux hommes, il nous faut les remplacer. Mais par qui ? A cette question, ele Grand Dragon a la réponse. Il faut les remplacer par les normands les plus fidèles, les normands les plus courageux, les normands qui donnent leur vie chaque jour pour la Normandie. Je parle des vaches, des cochons et des moutons normands. Ils ne sont pas humains donc nous pouvons avoir confiance en eux. Je sais, cela va vous étonner mais c'est ainsi. Il veut que je monte une armée normande faite de vrais normands.

Bien entendu, cela ne sera pas facile. Il faut trouver les volontaires, les entrainer, les nourrir mais aussi les armer. Pour les volontaires, Napo s'en occupe, il écrit une lettre au bailli. Malheureusement, la situation étant ce qu'elle est, avec l'affaire alençonnaise, les élections ducales qui arrivent, cela ne sera pas facile. Pour les entrainer, je m'en occupe avec quelques amis. la nourriture, la Grand Dragon y pourvoira. Par contre, pour les armes, armures, et autres matériels nécessaires, il me faut un forgeron, un bon forgeron. Voila pourquoi je suis ici. Ne vous en faites pas cher ami, j'ai de quoi payer. Le Grand Dragon nous a légué à Napo et moi-même de nombreuses pépites d'or comme celles-ci.

Ma question est donc la suivante : es-tu prêt à nous aider en fabriquant ces armes et armures ?


Moumoule déposa le contenu de ses sacoches sur une table puis attendit la réponse du Barbu.
--Le_grand_dragon


La chose était pour le moins inhabituelle. Moumoule discourait sans presque reprendre son souffle et d’un langage aisé et bien mené. Fernand, peu à peu reprenait de la couleur aux joues en voyant le Baron qui écoutait le Bouc, et parfois avait un air plutôt amusé. Pour autant, et par sécurité, le commis avait choisit de rester là pour défendre son maître de l’animal cornu s’il lui prenait l’envie d’aiguiser ses cornes sur le noble arrière train.

Le Baron ne savait trop s’il devait prendre le bouc au sérieux. D’un coté il parlait de son rêve du Dragon, ce que de tout temps, le Baron avait pris pour un délire probablement du à un abus de calva, mais d’un autre coté, il parlait de Monseigneur Pouyss, de Phooka, de Lescure. Des noms qui évoquait dans la mémoire du barbu un passé glorieux. A ce moment là, être Normand signifiait quelque chose aux yeux du monde. De plus, l’animal était au fait de ce qui se passait au sud du Duché.

Après avoir expliqué longuement qu’il ne croyait guère en la race humaine, ce à quoi le barbu ne pu qu’opiner du chef, Moumoule sorti, au grand étonnement de Fernand et du Baron, une jolie petite somme en pépite d’or. Certes, il avait fait quelques erreurs de langage, tel la BAN qui devait etre la BdN, à moins que ce soit quelques difficultés d’élocutions avec sa barbiche qui lui rentrait entre les dents, mais pour autant, fallait il tout mettre en doute ? Un moment interloqué et prit de doute ce qu’il prenait pour un abus de boisson, il se prit à penser que peut être que le Dragon existait bel et bien. Doutes qu’il chassa très vite d’une négation de la tête, mais ne voulant pas prendre le risque de froisser une divinité… sait on jamais… il se tourna vers Fernand avant de revenir au bouc qui pour une fois était très courtois et poli.

Moumoule, ce serait avec plaisir, crois le bien ! Mais ainsi que tu le disais, notre frontière sud est sous étroite surveillance. J’en viens et déjà je vais devoir y retourner très vite… je crains de ne pas pouvoir honorer ta demande, mais !!! Fernand, qui est là pourrait tout aussi bien le faire que moi. Il me regarde faire depuis fort longtemps, en fait depuis qu’il est à mon .. hum.. à notre service et s’occupe même de ferrer les chevaux. Ce que je sais faire, il le sait aussi. Si cela te convient, il travaillera pour ton armée.
--Le_grand_dragon


Moumoule se tourna vers Fernand. L'homme regardait Moumoule étrangement, il avait un marteau en main prêt à l'utiliser sur le crâne du bouc en cas de problème. Cependant, Moumoule ne fut pas impressionné.

Soit, je vais m'entretenir avec lui. Merci mon ami, vous m'avez aidé d'une grande aide.

Le bouc se dirigea alors vers le commis puis lui expliquer ce qu'il attendait de lui exactement. Il lui fit un résumé rapide du discours qu'il avait tenu à Asticot.

Salutations mon ami.

Je viens à vous de la part de votre patron car j'ai un grand besoin de forgeron. En voici la raison, j'ai fait un rêve cette nuit. Dans ce rêve, le Grand_Dragon m'a parlé. Il m'a dit de former une armée de fidèles normands : cochons, vaches et moutons.
Comme tous soldats, ils vont avoir besoin d'armes et d'armures. Voila pourquoi je suis ici, il me faut ces armes et armures. J'ai de quoi payer bien entendu, j'ai déjà donné une certaine quantité d'or à Messire Asticot.

Puis-je compter sur vous ? Il me faudrait ces armures le plus rapidement possible. Disons vers la fin du prochain mois, 5 armures pour vaches, 5 pour cochons et 5 pour moutons. De plus, il m'en faudrait une pour moi.


Moumoule attendit la réponse du commis.
--Fernand_le_metalleux
Fernand regarda un instant le bouc, comme s'il ne comprenait pas ce qu'il lui disait, mais c'était simplement un temps nécessaire afin que son cerveau s'acclimatât à la notion de "bouc parlant".
Il ne pouvait plus s'agir d'un tour orchestré par le baron : le bouc, animal cornu et stupide par nature, lui parlait en un françois des plus académiques ...

Après un instant, donc, indéfini, mais qu'on pourrait qualifier d'assez conséquent, ce qui ne signifie rien en terme de durée, Fernand reprit une attitude un peu plus normale, ce qui impliquait chez lui un tempo marqué du pied gauche, son marteau battant la mesure à contretemps dans sa main droite, et la tête se balançant lentement d'avant en arrière :


" Oooooooooooooh, YEAH !!
J'aime bien l'idééééééééééééééééééééééééée !!!
(Cordes vocales se déchirant sans grâce dans les aigus.)
Mais à quoi donc ... RESSEEEEEEEEEEEEEEEEEEEMBLEU !! Une armure pour cochon ?... Yeah ... "

Certes, le phrasé était plus que discutable, sans parler des intonations prises au hasard d'une gamme variant du "glauque suave" au "strident hystérique", mais la question n'en était pas moins pertinente : à quoi pouvait bien ressembler une armure pour cochon, ou même une épée pour mouton ?...

Battant toujours deux mesures syncopées différentes de la main et du pied, qui risqueraient sans peine le bûcher à leur auteur si les vertueux compositeurs de musiques religieuses venaient à en avoir connaissance, Fernand le Métalleux, forgeron amoureux du bruit de sa forge, qu'il surnommait lui-même affectueusement "la poésie musicale", décida d'attendre en silence la réponse du bouc, entrecoupant seulement celui-ci (le silence, pas le bouc, suivez un peu !!) de quelques "oh yeah ..." bien sentis, mais toujours mal placés en matière de rythmique.
--Le_grand_dragon


Moumoule regardait le commis avec des yeux ronds. Il n'avait jamais entendu un langage pareil. Même les oiseaux en train de couver dans le nid disposé entre ses cornes cessèrent de chanter. Le bouc se demandant comment il allait bien pouvoir expliquer à cet homme ce qu'il voulait pour sa future armée.

Euh, voyons voir, comment vous expliquer cela simplement. Vous avez je suppose déjà vu des vaches, des moutons et des cochons. Chacun a ses qualités et ses défauts. Il faut absolument diminuer les défauts pour que notre armée soit la meilleure au monde.
Pour les vaches. Vous savez que leurs armes naturelles sont leurs cornes. Il faut donc les renforcer par un casque qui dans le même temps, ne doit pas les empêcher de mordre. Pour les flancs, je pense qu'il s'agit là du point faible. En effet, ils sont larges, il s'agit d'une cible facile. Je pense donc qu'il faudra en plus d'une armure, une espèce de cotte de maille. Cependant, pas besoin de penser à l'aménager pour qu'un homme puisse s'y placer, mes soldats n'auront pas de "cavalier". Enfin, en ce qui concerne l'arrière, je pense qu'il serait bien de fixer une sorte de masse à pointe sur la queue. Vous devez garder à l'esprit que les vaches constitueront les poids-lourds de notre armée.
Pour les moutons. Il s'agit de notre "cavalerie". Ils sont rapides, agiles..Ils faut à mon avis préserver leur capacité de se mouvoir rapidement. Cependant, ils auront eux aussi besoin d'une armure. J'ai pensé à un casque à pointe dirigée vers l'avant-haut. Pour les flancs, il faut penser à laine. J'ai donc pensé qu'il vaudrait mieux une armure un peu plus large. En effet, en cas de blessure la laine pourrait stopper les saignement. Cependant il faudra bien les tondre de temps en temps donc j'ai imaginé une armure réglable.
Pour les porcs. Ils constitueront notre infanterie. Ils ont des mâchoires puissantes qu'il faut là aussi renforcer. De plus, ils peuvent donner des coups en balançant leur tête de droite à gauche donc des pointes latérales pourraient être utiles. Pour les flancs, une armure renforcée serait le meilleure choix.
Bien entendu, je n'ai point détaillé ces armures, je me fis à vous. En effet, vous aurez carte blanche pour le reste. De plus, je ne vous ai parlé que de nos soldats mais il y aura d'autre corps d'ans notre armée : des infirmiers, des cantinières etc...


Moumoule s'assit à même le sol pour attendre la réponse du commis. Il en profita pour boire un petit.
--Fernand_le_metalleux
Fernand réfléchit longuement, longuement, si bien qu'on pût penser qu'il s'était endormi, n'étaient ces borborygmes qui s'élevaient, incongrus, de sa bouche à moitié ouverte ...

" Oh yeah ... BABYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYY !!! ... Yeah ... "

Mais lorsqu'il eut terminé sa réflexion intense, ses propos jaillirent tel un solo de luth électrique les soirs d'orage (puisque le luth électrique, outre un usage unique, tant pour l'objet que pour son utilisateur, implique une série d'éclairs particulièrement virulente, comme chacun sait !) :

" Pour les aaaaaaaaaaaaaaaaaaaarmures ... Pas de problème ... Oh Noooooo !
Il suffira de créer des caRAAAAAAAAAAAAAAAAAApaçoooooooons aux tailles des trou-trou-trou-peu-peu-peu-peu-peuuuuu !! YEAH !

Un bon cuir clouuuuuté sera du meilleur eeeeeeeeeeffet !
Et des sangles rééééééglables les rendront adaaaaaaaaptables ! "


Stoppant un instant sa déclamation, la Métalleux prit le temps de noter sur vélin ces dernières phrases : " En poésie comme en chanson, y a rien qui vaut un forgeeeeeeeeRON !! " ajouta-t-il donc à l'adresse du bouc, le prenant à témoin de ses rimes martelées comme un morceau de fer brut ...

" Pour les aaaAAAAAAaaaarmeu, par contre, ça va demander du travail, oh yeah ! Les cornes sont touuuuuuuuuuutes différentes, et faudra les faire sur mesure ... Pour qu'ils puisssssssssssssent les porter ... C'est là la clef ... Mais la nooooooteu ... sera salée ... Ooooooooooh, yeaaaah ... "

Mesure, portée, clef, note ... Le discours musical de Fernand était décidément bien rodé !

" Par contre, des épeeeeeeeerons, ça s'rait une solution : avec un bon maréchal-feeeeeeeeeeeeeeeerrant, ça ferait des étincelles dans la plaine ... Oh yeah ! Et la peur de l'ennemi au son des crécELLLLLLLLLLLLLLLLLLES !

Sans combat la victoire et sans décès la gloire ! Baby ... Yeah ... "


De simple artisan, Fernand semblait s'improviser général en chef, mais seul le spectacle d'une armée infernale se frayait un chemin jusqu'à son cerveau : il entendait déjà les tambours métalliques marteler la charge héroïque de l'armée animale ... La terreur dans les yeux de l'opposant ... Les beuglements fous des troupes bestiales lancées à fond de train sur les positions adverses ...


" Alors, MeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeessIIIIIIIIIIIIIIIIIIre Moumoule, YEAH ! Qu'en penseeeeeeeez-vous ?... "






HRP : Pardon pour le retard ...
--Le_grand_dragon


Moumoule, qui en était à son cinquième gramme d'alcool dans chaque patte, avait du mal à comprendre tout ce que disait le commis. Apparemment, celui-ci était prêt à travailler à la construction de la Grande Armée. Moumouel se releva pour être à la même hauteur que le commis.

Bien mon brave, je sens que nous allons bien nous entendre. Ne vous en faites point pour la "petite" note, j'ai un bon fournisseur d'or.

Moumoule retourna chercher l'or qu'il avait disposé sur le comptoir de la boutique. Il le déposa devant le commis puis en doubla le volume.

Voyez vous même, il y a la de quoi constituer le meilleure armée de Normandie donc du monde. Nous commencerons par les cochons, ils sont nombreux dans notre bonne ville de Honfleur. De plus, cela me semble plus facile de commencer par eux.

Moumoule se remit l'arrière-train sur le sol. Son grand âge ne lui permettant pas de reste en position verticale trop longtemps.

Un petit verre avant que je parte ? Avez-vous besoin que je vous amène un de nos futurs soldats pour les mesures ou y arriverez-vous sans ?

Moumoule attendit la réponse du commis.
--Fernand_le_metalleux
Fernand s'arrêta d'un coup à la réponse du sieur Moumoule, tant pour le balancement hypnotique de sa masse que pour ses onomatopées ...
Un instant figé, il s'assit à même le sol, le regard perdu dans le lointain, avec sur le visage une expression proche de l'extase.

Le Métalleux pensait, sans nul doute.

Certes, le tas d'or plus que conséquent posé par le sieur cornu n'était pas étranger à la chose.
Certes, sa si longue tirade précédente avait asséché son gosier, si peu habitué à manquer de la nécessaire présence d'une couche de salive calvanisée, même au plus chaud de sa forge.
Certes, la journée était bien avancée et la fatigue faisait son office.

Mais une question en particulier, un élément du discours du bouc, retenait l'esprit du forgeron dans un étau de perplexité, le laissant bouche bée devant la vertigineuse réponse qui pouvait s'élever une fois le sujet abordé ...

Alors, prenant son courage à deux mains, Fernand osa interroger son interlocuteur :


Et euuuuuuuuuh ... Vot'e cochon ... Y parle aussi ?!...
--Le_grand_dragon


Moumoule, qui observait avec attention le forgeron, fut surpris par la question de celui-ci. Comment ce brave homme pouvait-il poser une question comme ça. Il est évident que les cochons parlent. Certes, ils ont un accent particuliers, mais c'est un langage bien plus compréhensif que l'anglois.

Mon ami, vôtre question est surprenante bien que logique pour un humain. Je sais bien que les partisans du dieu unique vous font croire que seul l'Homme est doué de la parole. Pour ma part, je pense que parfois il vaudrait mieux qu'il soit muet mais ceci est un autre histoire. Donc disais-je, ces hommes que vous appelez "prêtres", "curés", "évêques"... vous font croire qu'ils détiennent la bonne parole. Ils vous font croire que seul l'Homme est intelligent. Ils vont font croire que seul l'Homme est capable de lire, d'écrire, de penser...

Moumoule but au tonnelet qui pendait autour de son cou.

Tout ceci est FAUX !!! Je dirai même que l'Homme est l'Être Vivant le plus bête qui soit, le plus inutile qui soit mais il est là, il faut faire avec. Heureusement, il y a des Hommes comme vous ou Messire Asticot qui sortaient du lot. Hélas, vous êtes si peu en Normandie. Voila pourquoi je désire constituer cette armée, pour que notre pays ne soit plus dépendant d'êtres faillibles en particuliers s'ils sont nobles.

Moumoule but une seconde fois.

Mon cher ami, pour répondre à votre question, il est évident que les cochons, les moutons et les vaches sont capables de discuter, de réfléchir, de penser... Seul une poignée d'humain peut les comprendre. Napo en fait partie bien sûr. Mais vous ? Êtes-vous capable de les comprendre ? A vôtre avis ? N'êtes vous pas en plein discussion avec un bouc depuis plusieurs heures ?

Moumoule but une troisième fois.

Ne vous en faites pas, vous serait parfait pour ce travail. Les animaux verront immédiatement que vous êtes un honnête homme, un brave homme et surtout un vrai normand.

Moumoule tendit le tonnelet au forgeron puis se prépara à partir.

Bien, je suis heureux d'avoir pu discuter avec vous cher ami. Il est temps pour moi d'aller à Rouen pour aider Napo dans sa difficile tâche. Certes, il doit acheter des cochons, des vaches et des moutons, ce qui devrait être facile mais le plus dur sera de convaincre le bailli ou son représentant du bien fondé de nôtre action.
--Fernand_le_metalleux
Le Métalleux avait eu la fierté d'apprendre qu'il était l'un des rares élus à comprendre le règne animal, et cela l'avait mis en joie (à moins que les causes, plus alcoolisées, ne fussent moins mystiques ...).

Durant des jours, des semaines entières, on entendit sa forge tourner à plein, chaque objet extirpé de sa gangue de carbone salué par un "Ooooooh YEAH !!" cataclysmique, mais plein d'entrain !

Fernand travaillait pour la grandeur de la Normandie, et cela valait bien l'effort consenti pour armer et armurer l'ensemble de la faune locale ...
--Le_grand_dragon


[ L'enrôlement des soldats ]




Pendant que Moumoule s'affairait avec les forgerons de Honfleur, Napo se mit à l'écriture d'une lettre à l'attention du bailli de Normandie. Il avait pour cela, choisi sa plus belle plume de canard, son encre de seiche ainsi qu'un beau parchemin. Il s'installa à la table extérieur pour profiter du soleil revenu.

Par quoi commencer ? Il faudrait lui parler du Dragon quoique cela pourrait le surprendre. Il me prendrait pour un fou. Je suis éleveur de cochon donc je n'ai point besoin d'en acheter à Rouen, il penserait que mon élevage est contaminé. Pas facile tout ça.

Napo n'a pas pour habitude d'écrire. La plupart du temps, il dicte ses lettres à Moumoule qui a une bien plus belle écriture. Napo est doué pour parler mais non pour écrire bien que ses histoires en taverne furent un jour inscrites dans un recueil de vraies fausses biographies. L'ambiance en taverne permettait à l'imagination de Napo de prendre son envol. Elle n'était jamais aussi fertile qu'avec deux tonneaux de calva dans chaque bras de son propriétaire.

Bien, je crois que je vais avoir besoin d'un peu d'aide pour trouver l'inspiration. Je vais aller faire un petit tour en bord de mer. Le vent du large devrait m'inspirer.

Napo se leva avant d'avoir refermer l'encrier. Résultat, une poule noire de plus dans le poulailler. Napo est d'une telle maladresse qu'une poule changeait de couleur à chaque lettre écrite de sa main. Heureusement que Moumoule était adroit en même temps qu'il était gaucher.

Napo alla prendre un manteau en fourrure de taupe dans la maison. Avec ce manteau, il doublait de volume sans changer de taille. On dirait un nain légendaires des montagnes grises de l'est. Il avait confectionné lui-même de vêtement à l'époque où il était meunier. En ce temps là, il y avait une crise du blé, la farine ne se vendait pas bien. Il devait donc s'occuper autrement pour se nourrir. Il se fit donc chasseur de taupes. En moins d'une semaine la quantité de fourrure était suffisante pour faire un manteau. Napo devint donc tailleur mais uniquement pour lui-même. Avant de partir, il prit son bâton de grand prêtre du Dragon. À son âge, il se fatiguait vite, il lui faut un appuis pour maintenir en position verticale sa vieille carcasse de cinquante-six ans. Enfin prêt, il se mit en route.
Il devait emprunter un chemin de terre qui traversait les vergers voisins de l'enclos à cochons. Napo qui bizarrement avait faim, ramassa une pomme à l'aide de son bâton donc la tête était sculptée en forme de dragon. Il s'assit sur la souche d'un chêne centenaire coupé pour laisser plus d'espace aérien aux arbres fruitiers.

Quel beau pays que la Normandie. Il est triste de voir comment les hommes l'ont massacrée avec leur dieu unique, leur corruption, leur pollution, leur folie bâtisseuse, leur soif de profit...Mais tout cela sera bientôt terminée grâce au Dragon.

Napo se releva pour continuer son chemin vers la Manche. Le vent du large se faisait déjà entendre, le fracas des vagues contre les falaises résonnait avec force. Le vieux normand s'arrêta au bord de la falaise, cette falaise où il était tombé suivit de Moumoule quelques années auparavant. Il s'en souvenait comme si cela était hier, il était tombé sur Garance. Il donnerait cher pour revivre ces moments de joies et de rires. Il alla s'assoir sur un ancien dolmen mis à terre par les prêtres du dieu unique.

Quelle tristesse que de voir ça. Ils ne respectent rien. Mais ils vont voir, les jours de leur dieu sont comptés. Le Dragon est de retour, il balaiera ces traitres à la Normandie.

Napo resta plusieurs heures assis, le regard perdu au loin, vers le large. Une foule de souvenirs revenaient en lui, son service à bord de l'Immaculée le navire-amiral de la flotte normande, les jours de pêche seul ou avec Moumoule, ses amis perdus en mer... Comme chaque fois qu'il venait ici, un parfum de nostalgie embrumait son esprit à moins que cela ne soit du aux embruns.
La mer était mauvaise aujourd'hui, la houle frappait la falaise avec violence. L'eau ressemblait à une prairie couverte de neige au-dessus de laquelle planaient goélands, cormorans et mouettes. Cette mer que Napo aimait tant offrait un spectacle magnifique, un espace encore non violé par les prêtes et la noblesse normande.

Tout cela est magnifique, sublime. La nature est vraiment forte, énergique. Les Hommes vont bientôt s'apercevoir qu'ils sont impuissants face à elle. Bon, c'est pas le tout mais il faut que j'écrive cette lettre moi. Je me demande bien ce que je vais y mettre dans cette lettre.

Napo prit appui sur son bâton pour rentrer chez lui. Le trajet du retour fut plus long, plus fatiguant, mais toujours aussi peu inspirateur. Il arriva chez lui vers midi d'après le cadran solaire fixé sur la maison. Il se prépara un repas rapide composé d'un poulet, du jambon, quelques légumes, des fruits et du fromage.
La vaisselle faite dans l'abreuvoir, il prit son matériel pour écrire enfin cette satanée lettre. Il dut recommencer plusieurs fois son œuvre mais la lettre fut écrite avant le gouter. Il la lut à haute voix pour savoir si elle était suffisamment claire.

Lettre au Bailli a écrit:
" Votre seigneurie.
Par cette lettre, je vous informe de mon souhait d'acheter un grand nombre d'animaux. Il s'agit de vaches, de cochons et de moutons. Ils m'aideront dans un tâche assez complexe qui m'a été commandée par mon supérieur. En effet, je dois constituer de grands groupes d'animaux pour aider l'armée normande dans sa mission de défense de notre pays.
Il est bien évident que je ne possède pas le tas nécessaire en écus sonnants et trébuchants. Par contre, je dispose d'une certaine quantité d'or sous forme de pépites qui m'a été léguée par un lointain parent. Je sais que cela n'est pas courant, je ne sais même pas si cela est bien régulier. Cependant, j'ai un grand besoin de ces animaux pour mon projet.
Je vous prie de croire, votre seigneurie, en ma dévotion éternelle à la Normandie.
Napoléon_IV"


Content de lui, Napo se mit en route vers Rouen après avoir rangé tout son matériel.

Le soleil était haut dans le ciel bleu azur de cette Normandie que Napo aimait tant, il apportait de la chaleur. La légère brise venant du large rafraichissait son visage chauffait par l'astre céleste. Napo avait enlevé son manteau noir pour le ranger dans son sac-à-dos. Il était rare que Napo ait suffisamment chaud pour être obligé de s'habiller sans manteau.
La chaleur était telle que Napo dut faire une halte à l'ombre d'un tilleul. Un petit ruisseau s'écoulait juste devant lui. Des insectes virevoltaient au-dessus de l'eau dans un ballet digne des plus grands chorégraphes d'Europe. Napo aperçut même quelques lapins se promenant au bord du ruisseau.

La vie est vraiment belle par ici, calme, tranquille. Dire que tout cela va changer bientôt. J'espère que cela ne durera pas longtemps, que nous pourrons tous revenir vivre dans ce beau pays.







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