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"Qu'il existe, pour Nous". Un moment que Cerbère s'imagine avoir volé au temps volubile pour l'offrir à l'éternité.

[RP] 26

Samsa
    "Je me souviens encore de la première fois
    Qu'on s'est embrassées.
    Nous n'avions pas besoin de gui
    Pour savoir ce qu'est l'amour.
    Dans les bons et mauvais moments
    Il y a une chose qui reste vraie :
    Noël, c'est mieux
    À chaque instant passé avec toi."*



Le Noël avait été passé à Aixe, en compagnie de Lucie et Arry. Lucie, c'était la famille ; la demi-soeur d'Alcimane. Le repas avait été plaisant et joyeux, convivial, pour le plus grand plaisir de Samsa qui n'aimait pas beaucoup les grandes assemblées malgré sa capacité en taverne à pouvoir suivre et entrainer dix personnes en même temps - pour peu qu'elle ne soit pas trop fatiguée au départ, et que ça ne dure pas trop longtemps. Elle s'était éclipsée peu après minuit et les cadeaux offerts pour se rendre sur les tombes de Lucie - l'autre, sa suzeraine - et d'Eldearde afin de déposer, sur la première, une couronne de fleurs et sur la seconde, une paire de gants en fourrure. Une histoire en rapport avec un chapeau en fourrure qu'elle lui avait offert précédemment, de son vivant. Cerbère n'abandonne personne, pas même ses morts. Elle était revenue, sans peine ni chagrin, poursuivre les discussions une partie de la nuit. Le réveillon était terminé, les cadeaux avaient été offerts ; Noël était comme achevé. Pas totalement, en réalité.

Le lendemain, après être rentrée avec Alcimane, elle avait rejoint discrètement l'échoppe d'un peintre. Sur le chemin, elle avait pensé et peaufiné la manière dont elle offrirait, en premier lieu, la ceinture en soie. Elle avait tout organisé autour de celle-ci : elle avait trouvé le savoir-faire, toute seule. L'avait vendu à moitié prix à la brave Thaïs et lui avait fourni la soie également, trouvée à la sueur de son front. Un projet confidentiel bien rôdé. Elle était sûre que la ceinture plairait à Alcimane ; elle espérait simplement qu'elle n'en ait pas déjà trouvé une tant cela pouvait lui plaire ! Le plan semblait avoir fonctionné, et Cerbère avait devancé les attentes de sa compagne. Mais il y avait autre chose, quelque chose sur laquelle Samsa travaillait depuis un moment, ici, dans cet atelier de peintre.

C'est une femme qui accueillit Samsa et celle-ci lui sourit. L'artiste était effectivement une femme, formée par Jeanne de Montbaston, une des rares femmes artistes connues de l'époque. Elle avait également voyagé en Italie où la peinture de la Renaissance prenait un essor plus rapide qu'en France.


-Saluté pardi. Ma commande est-elle prête ?
-Elle l'est, Votre Grandeur, comme convenu.
-Montrez-la moi une dernière fois té.


La dénommée Gisla emmena la combattante en arrière-boutique où deux jeunes hommes achevaient la préparation d'un tableau d'environ un mètre soixante-cinq et d'une belle envergure. Samsa s'approcha et étudia une dernière fois la peinture dans ses teintes et couches de peinture. Cette œuvre avait été faite à quatre mains : deux de la femme peintre, et deux de Samsa qui n'était pas en reste. Elle avait longtemps travaillé dans deux ateliers différents de peinture et de tissage. On ne cessait ainsi jamais de s'étonner quand on apprenait qu'elle savait coudre, quand bien même n'égalait-elle pas des Samaële ou des Sorianne. Elle préférait de toute façon l'art de la forge à celui de l'aiguille.

-Vous m'avez quand même faite très rousse pardi.
-C'est la lumière de la scène, Votre Grandeur.
-Ahin.
Ce n'était pas déconnant.
-Vous avez un bon coup de pinceau.
-Nous avons fait une bonne équipe té. Ma vassale sera ravie de ce souvenir de notre cérémonie d'hommage.


La vérité, évidemment, ne pouvait être dite. Il avait fallu mentir, et tout s'était bien passé. L'artiste n'avait rien soupçonné, moins encore avec l'influence italienne qui autorisait bien plus de représentations, pourtant basiques, que l'art médiéval en lui-même bannissait au nom d'une bienséance démesurée.
Samsa lui sourit et lui remit une bourse ; le dernier paiement d'un travail de plusieurs mois. Les deux hommes finirent la pose du cadre et, alors que Samsa s'éloignait pour rentrer accueillir la livraison prochaine, l'artiste la retint :


-Votre Grandeur, quel nom souhaitez-vous donner à ce tableau, pour que nous le gravions sur le cartel ?

Samsa s'arrêta sans se retourner pour autant. Elle réfléchissait. Elle n'avait pas forcément pensé à ce détail qui avait pourtant son importance. Il ne devait pas être trop explicite : le coup de la vassale, ça ne duperait personne d'autre que l'artiste. Le titre aurait pu être "les dames de [insérez ici le nom de la seigneurie d'Alcimane encore inconnu]", mais ce n'était pas quelque chose d'assez stable, d'assez durable. Ça pourrait lever des suspicions, aussi. Cerbère tourna finalement la tête vers la femme et lui dit, en souriant :

-Appelez-le "26".

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[De retour chez Samsa et Alcimane, seigneurie de "On-ne-sait-toujours-pas"]


Cerbère avait profité de l'absence de sa compagne au château pour faire livrer le tableau en toute discrétion, éloignant temporairement les domestiques les plus bavards et dévoués qui auraient pu baver au retour de la dame en titre - quand bien même un tissu cachait la toile. Elle l'avait faite adosser contre un mur de la salle principale par les deux jeunes hommes de l'atelier mais, dès qu'ils étaient repartis, elle s'en était emparée - tant bien que mal - pour l'amener dans leur chambre et l'appuyer ainsi contre un de ses murs. L’œuvre n'était pas à cacher ; Samsa n'aurait pas participé à l'élaboration d'un grand tableau fait pour être dissimulé. Il y a des risques qui ne se prennent pas, et des choses qui ne se font pas. Simplement, elle ne voulait pas qu'un œil indiscret puisse assister à la révélation de la toile. Ce moment-là n'appartenait, et n'appartiendrait, à personne d'autres qu'aux concernées. Un moment arraché aux retenues publiques et aux obligations morales s'il leur en prenait, qui ne briseraient pas les élans quels qu'ils soient.

Samsa s'installa en bonne place, là où Alcimane serait obligée de passer si elle voulait grimper se changer ou ranger quelques documents dans leurs coffres. Tranquillement assise sur un siège confortable, elle s'occupa à lire quelque livre pris au hasard d'une bibliothèque honorable. En l'occurrence, "Lais de Marie de France", un recueil de récits en vers glorifiant l'esprit chevaleresque, la belle saison et l'amour courtois. Cerbère aimait les contes et légendes, les récits et l'harmonie des vers ; ça l'inspirait, la guidait et apaisait ainsi en même temps un cœur qui cachait bien souvent aux autres sa peur de l'échec. Celui-ci, elle ne l'avait pas encore lu, et ça la changeait plutôt des légendes arthuriennes.


-Vous saviez que dans de nombreux récits, la belette est un animal qui amène une plante guérisseuse pardi ? demande-t-elle à l'aveugle en entendant Alcimane rentrer. Ce doit être la carotte énonça-t-elle avec amusement en tournant la tête vers sa compagne. Les biquettes se portent bien ?

* = paroles traduites de Joshua Bassett - The perfect gift

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Alcimane_
Il lui semblait qu'elle respirais mieux, que le mauvais sort était conjuré. Bourganeuf l'avait bouleversé au point qu'elle c'était juré de ne plus y mettre un pied. Avant la prochaine fois.

Elle marmonnait souvent seule. Parlant le plus souvent à ses bêtes, qu'elle chérissaient plus que tot : "Mas dans mon pays, la pinède et les raisins blancs ne jaunissent que pour mourir, et les premières pluies de septembre, qui lavent à neuf le vert des ramures, ressuscitent le mois d'avril. Oc."

Sur les plateaux de la pinède ; les bruyères et les genêts épineux gardent leurs feuilles éternelles autour de l'aspic toujours bleu, et c'est en silence au fond des vallons, que l'automne furtif se glisse : il profite d'une pluie nocturne pour jaunir la petite vigne, ou quatre pêchers que l'on croit malades, et pour mieux cacher sa venue il fait rougir les naïves arbouses qui l'ont toujours pris pour le printemps. Bien loin de ce temps hivernal qu'elle subit depuis quelques temps en terres Limousines.

Maison.
Mantel déposé, écharpe retirée. Gants et gilet déposés.
Chaussons enfilés.


Vos saviez que lo manchot dit "papou" déclare sa flamme à son âme sœur en lui offrant un caillou. Très romantique te. Annonça t'elle en entendant Samsa. Puis, elle ajouta :

Les biquettes vont. Vos savez, la carotte n'est pas une plante pardi. Vos avez passée la journée à glandouiller ici, à faire semblant de lire des bouquins ?

Avant de déposer un baiser sur les lèvres de sa compagne en souriant. La taquinerie, toujours la taquinerie, c'était un peu leur essence. La cheminée tournait à plein régime, elle n'eut donc pas la joie d'houspiller pour rajouter une dizaine de stère supplémentaire.
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Samsa
    "La vie nous peint les jours au hasard du voyage,
    En amour, en douleur ou en mélancolie,
    C'est un peu de ce temps qu'on laisse en héritage,
    Enrichi du regard qu'on a posé sur lui."
    (Yves Duteuil - Regard impressionniste)


Chaussons aux pattes elle aussi - ils étaient très confortables -, un craquement caractéristique fait dresser l'oreille de Samsa. De cette bâtisse, elle n'en connait encore pas beaucoup de choses. Elle ne différencie pas encore les différents bruits du bois, les sifflements du vent, mais elle reconnaît le bruit de la porte - et c'est déjà ça. Par dessus son livre, elle regarde sa compagne abandonner ses couches d'extérieur en souriant. La beauté se trouve parfois dans les gestes les plus simples, et Cerbère est heureuse de percevoir celle-ci.

-Notez que nous offrons des pierres aussi pardi. Simplement, les nôtres brillent. Encore que... peut-être que les manchots "papou" s'offrent des émeraudes et des rubis ? Qui sait ? Et les carottes sont une plante, comme les chiens sont des animaux té ! Exceptionnels, j'en conviens. Parlait-elle des carottes ou des chiens ? Les deux, sans doute.

Elle tendit les lèvres au baiser d'Alcimane pour y répondre en souriant et regarda le livre qu'elle avait entre les mains.


-Ne soyez point trop rude avec moi, j'ai appris à déchiffrer un nouveau mot aujourd'hui ; je dois en trouver le sens à présent. Ce sera ma mission de demain pardi.

Le ton est amusé. Entre elles, légèreté, très souvent. Le monde est trop sérieux pour qu'elles ne partagent ni ne façonnent le leur. "Je vous aime pour ce que vous êtes, mais je vous aime aussi pour ce que nous sommes ensemble" ; c'est quelque chose que Samsa aurait pu dire à Alcimane. Un jour, peut-être, si l'idée lui venait de s'atteler à poser des mots sur ce ressenti.
Mais aujourd'hui, elle ferme le livre et se lève, tendant les mains à Alcimane pour la relever alors que, probablement, la bailli s'est installée.


-J'ai ramené votre cadeau à la maison aussi pardi. Le fameux dont elle lui avait parlé sur la courtine, un petit peu trop encombrant pour être trimballé. Si Monseigneur veut bien se donner la peine... se fendit-elle en l'invitant à rejoindre leur chambre.

Suivant juste derrière, les deux femmes entrèrent dans leur pièce dédiée. Contre le mur d'en face - qui n'était pas celui de la cheminée, Cerbère n'était pas idiote -, la silhouette du tableau reposait, entièrement couverte d'une toile. Samsa enlaça sa compagne par derrière et lui embrassa une oreille en souriant.


-Point très pratique à transporter, n'est-ce pas ! Joyeux Noël pardi.

Alors qu'elle la laissa aller tirer le drap, Cerbère eut soudain le trac. Le vieux trac nul, celui de craindre d'être ridicule ou de mettre mal à l'aise - le comble ! La vie d'une grande romantique n'est pas toujours facile, que ce soit dit. Le passage en revue mental mit en évidence tous les défauts de la toile, les imperfections - ses cheveux un peu trop lisses et trop roux, toute lumière soit la responsable -, l'inexactitude des traits... Mais Samsa ne retint pas sa compagne déjà avancée. Honneur, Courage, Loyauté. Sois courageuse, Treiscan.

Spoiler:



L’œuvre était ainsi un tableau de leur taille et d'une belle envergure - sans jamais retirer à la peinture son caractère rectangulaire. Y étaient représentées Samsa et Alcimane - tout inexacts soient leurs traits respectifs -, leurs doigts se touchant discrètement - par hasard pourraient croire certains - sur le casque de la première. Une forme d'amour se dégageait indubitablement de la toile, mais quelle sorte ? Vassalité, estime, famille, amitié indéfectible, amour sincère ? Chaque paires d'yeux qui se poserait dessus à l'avenir pourrait avoir son avis sans jamais savoir s'il serait le reflet de la vérité ou non. La connaissance certaine de la nature des véritables sentiments représentés n'appartenait qu'aux femmes qui étaient peintes. Au bas du cadre, loin d'aider, le cartel n'affichait que la date et un "26" pour tout titre.
Timide et ayant perdu ses moyens - comme elle les avait perdus en se déclarant à Alcimane et à d'autres occasions l'entourant -, la Combattante bafouilla :


-J'ai hum... je n'ai rien fait té. J'ai modifié quelques petites choses et rajouté quelques détails. Les cicatrices sur son propre visage, au-dessus du sourcil gauche et à la pommette du même côté, ainsi que sur sa main montrée dénudée. ... Si vous vous demandez pourquoi je donne cette impression de presque vous tomber dessus sur le tableau, c'est parce que je suis sur une petite estrade afin que vous me sculptiez en armure et que j'ai oublié mon casque pardi. Que vous me tendez très gentiment, soit dit en passant.

Un gros mensonge, mais un mensonge mignon - et pieu. Et débité correctement. Peut-être le véritable regret de Cerbère quant à cette peinture, finalement : elles n'étaient pas à hauteur égale. C'était un petit peu de sa faute, aussi ! Avoir dit à cette pauvre femme que c'était sa vassale à sa cérémonie... Gasp. Un secret que Cerbère garderait afin de ne jamais affecter le regard à poser dessus. D'un autre côté, comment les représenter debout côte à côté sans éveiller les soupçons, et en permettant autant d'amour distillé dans la peinture ? Il aurait suffit de rajouter, dans son imagination, une couronne de fleurs ou un doigt crocheté au voisin, et c'est sûr, ça aurait fini en portrait de mariage - bonjour la discrétion. Le déséquilibre n'existait de toute façon pas en dehors du cadrage de la peinture ; une représentation n'est jamais réellement fidèle, il y a toujours une part d'interprétation artistique, et cette œuvre, avec ses diverses imperfections, n'y échappait pas.

-Je me disais... que ça pourrait vous faire plaisir d'avoir un moment figé de Nous pardi ? Si imparfait soit-il, mais il n'y a que Nous qui sommes parfaites. Et que peut-être... qu'il aurait peut-être sa place chez nous pardi ? Quelque part, discret ou pas, je ne sais, c'est votre cadeau. Ce qui compte c'est... juste... qu'il existe, pour Nous ?

"Qu'il existe, pour Nous". Un moment que Cerbère s'imagine avoir volé au temps volubile pour l'offrir à l'éternité. Ah, Samsa ! Fière combattante si désarmée face à Alcimane. Fleur bleue si bleue qu'elle finissait par rougir lorsqu'elle ouvrait ses pétales aux yeux de la Sudiste. Droitière devenant gauche dès lors qu'il était question d'Elle. Quelque part, sur Terre, un manchot papou devait ricaner du Cerbère. D'ailleurs...

-... Je peux vous offrir un caillou si vous préférez pardi.

La légèreté a presque valeur de déclaration d'amour entre elles, alors pourquoi s'en priver ?
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Alcimane_
Avant d'arriver dans leur chambre, elle rajouta quand même :

La carotte est un légume d'abord. Qui était aussi une plante, mais ça, pour l'admettre, il lui faudrait du temps.

La main d'Alcy attrapa le drap, non sans une pointe de stress partagé. Berdol, et si c'était une immonde tapisserie de chevalier ? De chevalier sanguinaire en tain de s'auto-couper la tête. Ou pire, un dessin fait de la patte de Samsa qui représentait un bouquet de carotte. Des carottes avec des fanes. Elle réprima donc un léger rire et tira pour de bon sur le draps. Détachée des bras de sa Belette, elle approcha pour mieux voir. Quoi qu'il aurait fallut être aveugle pour louper la toile, aussi grande était elle. Du bout des doigts, elle passait sur la chevelure -certes trop rousse- de Samsa, puis sur sa bouche. Avant de terminer en effleurant la main blessée, qui était si bien représentée sur le tableau.

La toile était immense. Ravissante et immense.
Très immense.

Alors que la Combattante était en train de bafouiller son plus plus français. Son plus beau latin, devrait elle dire quand on connait la passion de la première pour cette matière. Alcy resta muette. Non pas par déception, mais bien par admiration du tableau. Et plus Samsa ramait pour s'en sortir plus Alcy sourit.


Je pense que vos donnez l'impression de me tomber dessus parce que vos setz très lourde et que vos avez un fessier prédominant. Et qu'en tote logique, vos chutez sur moi et qu'en bonne compagne, je vos rattrape une nouvelle foy. Notez ma bonté de vos donner vostre casque te. Vos l'avez bien souligné.

Elle pointa le visage de Samsa, en souriant, et ajouta :

Vos avez oublié vostre petit nez en trompette te.
Et vos grosses patounes velues.


Samsa semblait si assurée que la majorité des gens seraient étonnés de la découvrir sous cette figure si peu sure. Presque vulnérable. Et dans ce cas, Alcy n'avait pas d'autres moyens que de jouer encore plus sur le second degré pour décrisper la Guerrière. Ce tableau les représenter parfaitement bien. Pudique et fusionnelle. Il était évident qu'elle n'aurait jamais pu afficher un tableau qui les représentait en train de s'embrasser langoureusement sous une branche de gui.

La vérité, c'est que le tableau aurait pu être un soulier et un caillou, qu'elle l'aurait trouvé beau. Elle pointa le cartel du menton.


Je vois que vos l'avez fait appeler 26. Vos auriez pu l'appeler "lo bafouillement de la guerrière" te !

Elle finit par se tourner et lui sourit tendrement, avant de venir prendre ses lèvres, une main sur la joue voisine.

Il est parfait. Nos pourrions sans doute lo faire accrocher ici pardi. En face de la cheminée. Et vos setz craquant quand vos bafouillez, vos savez ? Respirez, il est magnifique, vos avez du casser vostre bourse. Pfeu, tout ça per me saigner à nouveau en clamant : "c'est à cause du tableau !"

Tout sourire, elle pointa le mur en face de la cheminée. Quasiment le seul mur de libre, et ayant assez de place pour le loger.

Ici ? Vos l'accrochez pardi ?
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Samsa
    "L'amour et les grands bâtiments survivront.
    Les cœurs forts et le béton restent en vie
    A travers les grandes dépressions.
    Ouais, les meilleures choses sont conçues pour résister à l'épreuve du temps."*


Le mutisme d'Alcimane, tout justifié fut-il, mit la pression à Samsa : aimait-elle ? Que pensait-elle ? Cherchait-elle quoi dire ? Pour autant, ce mutisme-là disait aussi des choses dans son silence, et trop peu de mutisme aurait inquiété Cerbère - "elle ne doit pas aimer, elle a à peine regardé". Dans la vie, tout est équilibre. Elle se rongea brièvement le coin de l'ongle du pouce avant de sourire au commentaire d'Alcimane.

-Je suis prête à vous casser le dos, oc. Démasquée.

Cerbère se rapprocha un petit peu pour observer ce qu'Alcimane lui désignait par l'oubli de son nez en trompette et de ses mains velues. Aucun des deux n'était objectivement vrai mais faire allusion à cette taquinerie, ça faisait partie de leur façon de communiquer et d'être bien ensemble : légèreté, taquinerie et autodérision.

-C'est vrai que j'ai oublié votre moustache aussi pardi.

Chacune avait son petit truc ; poils, moustache, poids, régime alimentaire, bouillie d'avoine, couleur verte, couleur blanche... Le trac de Cerbère disparaît. Cerbère en surnom n'était pas seulement dû à sa nature protectrice et souvent véhémente dans ce cas de figure, ou pour son amour des chiens qui la poussait parfois à même leur ressembler un peu. Il y avait cette autre origine beaucoup plus imagée : trois têtes. Plusieurs facettes. Les gens ne voyaient, la plupart du temps, que l'une d'entre elles ; Alcimane connaissait toute la panoplie : la sociable, la solitaire, la patiente, la sanguine, la confiante, la craintive, la combattante, la sensible, la bienveillante, la rigoureuse... Elle ne la jugeait jamais. Elle était comme ces hôtes qui disent "mais non, gardez vos chaussures, ce n'est pas grave si vous mettez de la poussière sur les tapis" alors même que l'invité a toujours été éduqué à retirer ses chaussures et à être gêné. Sortie de cette image, mieux valait mettre ses chaussons pour ne pas salir les tapis d'Alcimane ; ne pas juger, d'accord, mais on ne salit pas ses tapis !

-26, oc. Deux et six. Votre chiffre préféré, et le mien. Qui figurait aussi sur le maillot de Keunotor, pour la même raison. ... J'ai pensé que ce serait comme si j'écrivais "Nous". Mais en plus discret, et en non moins joli pardi.

Une signification qui n'appartenait - et n'appartiendrait - qu'à elles. Un pied de nez à un monde et une société qui n'accepteraient pas qu'elles manifestent un amour jugé déviant, et qui souhaitaient les condamner à vivre dans l'ombre et le silence - presque même dans la peur et la honte ? Cerbère n'avait jamais beaucoup aimé ni les injustices, ni qu'on lui dicte comment penser et ressentir.
Elle sourit tendrement à sa compagne qui revient vers elle, fermant les yeux au baiser qu'elle savoure et auquel elle répond, une main venant caresser doucement la taille d'Alcimane en miroir de celle posée à sa propre joue.


-J'avais amassé trop d'écus, je devais redevenir pauvre pardi. Mais c'est vrai que je vais pouvoir vous accuser d'en être la cause maintenant ! Elle lui sourit et posa un baiser sur son nez, souhaitant peut-être dissimuler un rougissement à la petite déclaration de mignonnerie à propos de ses bafouillements. Dans les faits, c'était plutôt pour l'accepter, comme il arrivait à la bailli de simplement l'embrasser sur la joue pour lui dire merci. Parfois, les gestes se suffisent à eux-mêmes.

-Il sera très bien en face de la cheminée, oc. Très bon choix ! Je l'accroche, et vous me guidez.

La Treiscan avisa le mur. Le tableau faisait leur taille, il faudrait accrocher le clou porteur très haut. Mais pas de problème ! Elles avaient une dizaine d'échelles dormantes - sauf une fois, quand elles leur tombaient sur la tête en pleine nuit. Cerbère trottina en chaussons pour aller en quérir une et s'installa. Clou entre les lèvres, elle grimpa les barreaux et évalua la hauteur idéale - et le bon centrage, guidée aussi par Alcimane. Du manche de son couteau à la ceinture, elle enfonça le clou de petites tapes entre deux pierres.

-Là. Vous me le passez pardi ? Ne tombez pas ! Et vous me dites s'il est droit.

* = paroles traduites de Andrew McMahon in the Wilderness - Love and Great Buildings

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