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"Je suis une idéaliste : je pense que le Bien l'emporte toujours sur le Mal, même s'il perd parfois - ou souvent - des batailles. C'est un mode de pensée vraiment très simple où là où une action mauvaise peut entrainer une réaction vertueuse si la personne en face est vertueuse, toute action vertueuse doit entrainer une réaction vertueuse ; sans exception. Ça le doit parce que c'est comme ça, voyez-vous ? C'est comme si je vous demandais "pourquoi l'eau doit-elle forcément nous mouiller ?", vous me répondriez "parce que c'est comme ça". Mais le jour où l'eau ne mouille pas l'idéaliste, le jour où l'action vertueuse n'entraine pas une réaction vertueuse, alors c'est terrible. C'est terrible parce que n'importe qui se dirait qu'il a été trahi ou humilié par un pignouf, un ingrat, un rebu de ce monde, que ça arrive et que c'est comme ça, mais l'idéaliste que je suis se heurte à autre chose de plus grand, une incompréhension tellement immense que les mots même ne savent le qualifier, comme hébétée et à la réflexion bloquée en permanence. C'est quelque chose de voir les croyances de quelqu'un tomber en miettes ; c'est autre chose quand ce sont les nôtres qui sont par terre. Et le pire, savez-vous, c'est que je ne me dis même pas que j'ai mal pensé, que je dois revoir ma vision du monde, non, car je suis solide sur mes appuis ; je me demande au contraire comment imbriquer ça dans mon idéalisme. J'essaye de faire rentrer un triangle dans un carré : je sais que c'est possible, je dois juste trouver l'angle pour que ça fonctionne." (Samsa, courrier à Juliane)

[RP] A double tranchant

Samsa
      "Et je veux que ma fureur soit légitime,
      Et je veux ma fureur pour moi toute seule,
      Et j'ai besoin de n'avoir aucun contrôle sur ma fureur,
      Et je veux que ma fureur soit moi,
      Et j'ai besoin de libérer ma fureur ;
      De la libérer."*



Elle ne les avait pas vus la suivre depuis l'Anjou. Elle ne les avait pas vus, alors qu'elle retrouvait Alcimane et découvrait la paix de Chalucet. Elle ne les avait pas vu, alors que, assise par terre à surveiller Keunotor se baigner dans la Vienne, elle tentait d'apaiser son âme encore récemment secouée de l'ascenseur émotionnel de la guerre. Elle croyait, naïvement, qu'elle s'en sortirait. Elle croyait qu'elle avait compris les choses, que le monde tournait bien comme elle le pensait, mais chaque mètre sur lequel elle se fait désormais trainer lui rappelle ses profondes désillusions. Ils sont trois gardes angevins. Ils sont venus la chercher en taverne, un soir alors que la nuit était déjà tombée, à Ventadour. Sous les yeux de Thaïs et Alcimane, ils l'ont emmenée de force alors que l'incompréhension tentait vainement de les garder à distance, ne serait-ce que le temps de comprendre. Dehors, hors de la vue des deux femmes, ils l'ont frappée pour la mater, pour qu'ils puissent la maîtriser et mieux l'emmener, ils l'ont dépossédé de son épée et de son couteau laissés à l'abandon sur le chemin - trop occupés -, et si elle a fini par ne plus que faiblement se débattre sous le coup de la douleur et de la confusion, elle n'a pas cessé de les fustiger.

-LÂCHEZ-MOI PUTAIN, RATS DES MARAIS PARDI ! EH ! NE ME TOUCHE PAS, SALE MERDE ! TA MÈRE LA CATIN, CA RIME AVEC ANGEVIN !
-LA FERME ! Tu sais ce qui rime avec Lys ? Saucisse ! T'aimes ça ? Tu veux voir la mienne, uh ?
-P'tain Will, c'est dégueulasse, la trempe pas n'importe où, t'es déjà assez laid comme ça.
-C'est ça, cache ton asticot dans tes braies mouillées, sagouin pardi !

Un nouveau coup de poing au ventre vint couper le flot d'insultes de Samsa qui ne fit plus comme bruit qu'une toux douloureuse.
-AVANCE ! Putain, t'as cru qu'on avait que ça à foutre ?!
-Vivement le retour à l'archiplat. Depuis combien de temps grimpe-t-on ?
-J'ai mal aux pieds. On n'a qu'à s'arrêter pour la nuit, regardez, là, c'est quoi ?
demanda un des gardes en pointant avec sa torche, dans la nuit, une silhouette qui se découpait non loin. Le dénommé Will' plissa les yeux, tenant au bout d'un de ses bras une royaliste pas décidée à avancer qu'il devait plus trainer qu'accompagner.
-On dirait une baraque.
-Très bien.


Ils s'y dirigèrent alors que, le souffle retrouvé, Samsa se remettait à hurler de nombreuses insultes. Elle espérait que cela serait entendu par les habitants de la maison, isolée, bâtie en pierres et au toit solidement fait de tuiles. Ce n'était pas une résidence de paysans, c'était certain. Lassé par ses cris, l'un des gardes l'attrapa par derrière pour l'étrangler de l'angle de son coude, bâillonnant sa bouche de l'autre main. Lorsque Samsa tapa de ses pieds vers les genoux de l'homme, un autre lui donna un coup de botte dans les siens, ce qui fut très efficace pour la faire arrêter. Les angevins ne s’embarrassèrent pas de courtoisie à propos de cette demeure : ils enfoncèrent la porte après quelques minutes. L'intérieur, seulement éclairé des torches des gardes, dévoila une certaine aisance, sobre mais réelle, notamment par son sol qui se trouvait être du parquet et non de la vulgaire terre battue. Un escalier menait à un étage qui fut rapidement investi par un des gardes avant qu'il n'annonce : "personne !" L'un de ses comparses commençait à allumer un feu, le troisième tenant toujours Samsa à la gorge par l'angle de son coude, quand on entendit de nouveau, venant de l'étage : "il y a des vêtements rayés et des insignes d'échafauds ! C'est la maison du bourreau, les gars !" Cela expliquait l'isolement de la maison et son statut quelque peu supérieur ; les bourreaux étaient mis au ban de la société mais avaient des avantages financiers pour compenser. Will' éclata de rire.

-T'entends ça, la royaliste ? C'est cocasse ! EH, TANGUY ! IL AURAIT PAS LAISSÉ QUELQUES OUTILS MARRANTS ?!
-SI !
-AMÈNE-LES, ON LES EMMÈNERA DEMAIN POUR LA SUITE DE LA ROUTE ! PUIS LES ECUS AUSSI SI T'EN TROUVES !
-Rapiat de bas étage
marmonna Samsa avant que le garde ne resserre sa pression sur sa gorge.
-Ta gueule, chienne. Où va-t-on te foutre pour la nuit ?
-Eh, c'pas une cave ça ?
demanda Will' en pointant une trappe au sol.

Il alla l'ouvrir et descendit avec sa torche. C'était bien une petite cave, entièrement faite en pierres, jusqu'au sol : trois tonneaux de vin - apparemment pleins ou en tout cas pas entièrement vides - étaient entassés. Will' en fit très rapidement le tour, constatant l'absence de toute autre chose.


-TANGUY ! Y'A DU VIN ! VIENS M'AIDER A EN REMONTER UN TONNEAU !
-MEEEERDE ! TROP BIEN !


Il redescendit de l'étage, abandonnant sur la table principale des pinces et des piques prises en pagailles, ainsi qu'une bourse d'écus dénichée. Tanguy descendit rejoindre Will' et, ensemble, ils remontèrent des escaliers, avec peine, un tonneau déjà entamé - et, de ce fait, moins lourd.

-C'est bon, Roland. Fous-la dedans pour la nuit et allons boire.
-MARAUDS GALEUX PARDI !


Sans ménagement, le dénommé Roland la poussa donc dans la trappe laissée ouverte. Déséquilibrée sous la violence avec ses fers aux mains et quelque peu souffrante des genoux, l'Animal dévala les escaliers de bois, heureusement pas très hauts, et s'écrasa en bas avec des gémissements de douleur qui furent immédiatement couverts par les rires des angevins refermant la trappe. Le noir envahit l'espace, seulement chassé par quelques raids de lumière du dessus qui passaient par les lattes du plancher et les interstices de la trappe. Samsa roula sur le dos en grimaçant, le souffle lourd pour évacuer sa douleur et canaliser sa colère. Elle devait, premièrement, reprendre ses esprits, comprendre ce qu'il venait de se passer et, dans un second temps, élaborer un plan.

Situation : son procès en Anjou s'est mal terminé. Sa réputation auprès d'eux n'a pas suffit ? Alatariel a-t-elle échoué ? L'a-t-elle trahie ? Et Eireen ? Elle lui avait dit que tout irait bien. Pourquoi est-elle là ? Pourquoi n'a-t-elle pas vu ces hommes la suivre ? La colère gronde dans le cœur de l'Animal qui serre les dents pour se concentrer. Elle a mal en divers endroits du corps, visage inclus, mais elle n'a pas l'impression d'avoir quoi que ce soit de cassé. Des contusions qui, en certains endroits, ont déchiré la peau pour laisser couler le sang, comme à la pommette gauche. Rien de bien méchant. Au-dessus, les rires des angevins martèlent son esprit de son échec. "Tu as échoué. Tu as failli. Tu as eu tort". Cerbère roule légèrement sur le côté en grognant et en gémissant, plus seulement de douleur mais aussi de colère. Elle est furieuse, contre les angevins bien sûr mais avant tout contre elle-même.

    "J'ai voulu devenir un parangon de force et de vertus, un modèle d'inspiration, et je crois sans fausse modestie l'être devenue, un peu. Mais je ne suis pas un parangon, je ne suis qu'une femme. Je me suis condamnée les voies de l'échec, de la faiblesse, de l'erreur et de la chute. Je n'ai plus le droit à tout cela, car chaque échec, chaque faiblesse, chaque erreur et chaque chute a des conséquences sur les autres et sur la façon dont ils me voient - et, cercle, c'est d'eux que je tire ma force, donc mieux vaut que je ne me casse pas la gueule plus de deux fois en une décennie tu vois. Si je perds une bagarre, on me dira "mais je croyais que vous étiez la plus grande combattante !" comme si j'étais une arnaque sur pattes."


C'est ce qu'elle avait écrit à Maïwen, depuis l'Anjou. Ça lui avait fait du bien, de l'écrire, d'enfin mettre des mots sur ce qu'elle savait déjà mais qu'elle ne disait jamais. Maïwen était différent des autres, mais il n'était, lui aussi, qu'un homme : il la regardait avec les mêmes yeux que les autres. Simplement pas avec le même regard. Ce n'est pas parce qu'il ne serait pas déçu que Samsa se sentait plus libre d'être décevante. Et alors que Cerbère sent la colère qui l'envahit, qu'elle la sent s'insinuer dans ses veines par son caractère puissant mais corrosif, elle se répète en boucle ces quelques phrases : "je me suis condamnée les voies de l'échec, de la faiblesse, de l'erreur et de la chute. Je n'ai plus le droit à tout cela, car chaque échec, chaque faiblesse, chaque erreur et chaque chute a des conséquences sur les autres et sur la façon dont ils me voient." Encore et encore, entre ses dents, dans la quasi-obscurité de cette cave, elle marmonne en silence ces deux phrases qui n'ont pour conséquence que d'aggraver son état émotionnel déjà bousculé depuis son retour d'Anjou. C'est important pour elle, la guerre. Ça aussi, elle l'avait écrit à Maïwen : "[la guerre], c'est le seul moment où on accepte que je puisse être vulnérable." Elle a des idéaux à propos de la guerre : répliquer, pas attaquer. C'est la raison pour laquelle elle n'a pas participé à la guerre en Anjou sous le dernier roi : cette guerre n'était pas juste, selon ses principes. Et même si Cerbère fait, littéralement, la guerre pour avoir la paix, ce ne serait que mentir que d'affirmer qu'elle serait tout aussi équilibrée dans un monde qui ne connaîtrait plus jamais la guerre. Quand, alors, pourrait-elle soulager la pression qui lui pèse au quotidien ? Quand pourrait-elle laisser exploser toute cette colère qu'elle a en elle, en permanence ? La guerre, oui, est une forme d’exutoire, de la même façon que les joutes ou la lice le sont. Celui de Samsa est simplement plus sérieux que les autres parce qu'il présente le second avantage, non négligeable, de présenter sa colère comme une force réelle. Nul besoin de la brider, elle peut la laisser exploser et utiliser toute cette rage emmagasinée en temps de paix pour faire quelque chose de bien. Après trois ans sans guerroyer, elle avait hâte de se battre en Anjou pour évacuer tous ces ressentiments ; une opportunité dont elle avait été privée par l'abandon des angevins, une colère aux portes de son cœur qu'elle avait dû refouler. C'était un exercice difficile et particulièrement épuisant, un véritable combat car, physiologiquement, la colère détruit les mécanismes cérébraux faits pour l'apaiser. Lutter contre la colère n'est pas un combat contre la maladie où vouloir s'en sortir ne suffit pas toujours ; dans le cas de la colère, ce n'est littéralement qu'un combat contre son propre esprit, un combat qui, toutefois et contrairement au fait de simplement chercher à résister à la tentation d'un gâteau, se déroule réellement, physiologiquement.

Mais a-t-elle, ici, une raison de retenir sa colère ? A-t-elle une autre solution, même, que la colère ? Samsa sait combien les siennes sont terribles et puissantes ; cela fait depuis la mort de Zyg que la colère la porte. Sans colère, Samsa n'est rien : elle ne serait pas cette formidable combattante, tant à la guerre qu'au quotidien, elle ne serait pas ce Cerbère admiré, ni cette fabuleuse idéaliste dont Alcimane est tombée amoureuse. Colère et Amour ; l'une est sa jambe gauche, l'autre la droite. Rien d'autre ne la tient debout - même si, paradoxalement, la colère la détruit, aussi. Pleine de l'un ou l'autre de ces deux sentiments, elle se sait capable de survivre à n'importe quoi et d'abattre des montagnes et, en l'instant, elle aurait bien besoin d'abattre les murs qui la tiennent prisonnière.

Ça y est, c'est décidé, c'est son plan : abattre les murs qui se sont mis sur sa route. Ça a toujours été ça, avec Samsa : quand il y a un mur qu'elle ne peut pas escalader, elle lui rentre dedans jusqu'à ce qu'il s'effondre, dusse-t-elle s'y reprendre à plusieurs fois et en miettes. Cerbère est rarement une femme qui fait dans la demi-mesure, c'est son côté passionné et combattif.
Ils ont emprunté un chemin en montée pour arriver jusque-là ; et si la maison était à flanc de colline ? Samsa n'a pas vu, mais si c'était le cas ? Cela pourrait signifier que la cave dans laquelle elle se trouve n'est pas complètement sous terre et que l'un des murs donne sur l'extérieur. Il faut casser les murs. Ça n'a rien de rationnel, mais la colère n'a jamais rendu qui que ce soit rationnel ; simplement doté d'un sentiment de surpuissance, assez pour croire qu'on peut casser des murs. Pour cela, Samsa utilisera sa rage. Bientôt, toute sa douleur est chassée pour ne plus se concentrer qu'à son cœur et ses oreilles bourdonnent, parasitées par un sang qui ravive de vieilles blessures psychologiques. Yeux clos et repliée sur elle-même, le front sur la pierre froide et humide, Samsa laisse faire. Elle creuse loin en elle, dans ses pires passés enfouis, pour les exhumer : la mort de Zyg, ses cinq ans de souffrance et de haine, leurs terribles conséquences, ses plus grandes rancœurs et incompréhensions, jusqu'à ce point culminant de sa campagne des royales, avortée par un chien. Appuyer dessus lui est extrêmement douloureux car, même si Dan l'a aidée en lui apportant quelques pistes de réponse, arpenter ces chemins reste l'équivalent de marcher pieds nus sur des cailloux tranchants, dans le froid et le brouillard, sous des hurlements moqueurs et dénigrants. Elle les entend, ces voix. Elles parasitent ses oreilles. Elle les connait.

    "Tu as échoué. Tu as failli. Tu as eu tort. Et maintenant, ouvre-les yeux sur cette nouvelle réalité."


Tout s'effondre. La haute digue cède au tsunami de la colère et Samsa, devenue "Cerbère", lâche un terrible et long hurlement, plus puissant encore que si elle était sur un champ de bataille. Elle extériorise ainsi toute sa rage accumulée et la laisse, du même temps, prendre le contrôle. Elle se remet debout et commence à se jeter furieusement contre les murs de sa prison, insensible à la douleur qui en résulte, dans un état second. Dans un éclair de lucidité, c'est la trappe qui devient sa cible alors que les gardes angevins, surpris, se sont tus et s'appliquent maintenant à maintenir la trappe fermée par leurs poids. Les épisodes de fureur durent rarement très longtemps tant ils sont énergivores et destructeurs, mais Cerbère utilise tant cette fureur depuis des années à des fins qui lui sont utiles qu'elle sait être exceptionnellement endurante, quand bien même ça revient à brûler sa santé par les deux bouts ; c'est un détail qu'elle ignore, comme tous les médecins de cette époque dont les connaissances à ce sujet s'arrêtent à la théorie des humeurs et aux saignées de rééquilibrage. Ainsi, toute la nuit, les moindres recoins de la cave seront éprouvés et ses hurlements de rage, dignes des âmes damnées que les histoires relatent, résonneront aux alentours.


* = paroles traduites de Metallica - St.Anger

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Samsa
    "Comment c'est arrivé ?
    Il va falloir me l'expliquer.
    C'est quoi tous ces liens ?
    Pourquoi j'suis pas parmi les miens ?
    Un jour on gagne, un jour on perd ;
    Mais je n'ai pas perdu la guerre.
    On ne pourra jamais m'abattre.
    Hors de mon chemin,
    Écoutez mon cœur battre !
    Oh, courage !"
    (Bryan Adams - Je défendrai ma vie)


Toute la nuit, sans faiblir ni faillir, Cerbère aura hurlé. Déchaînée, folle de rage, elle se sera jetée contre les murs et la trappe de sa cave. Lorsque les gardes tentèrent pour la première fois d'entrer pour la calmer de coups, Samsa redoubla de fureur pour les empêcher de mettre leur plan à exécution, ayant déjà bien compris que s'ils entraient, ils auraient le dessus. Aussi, au premier moment de répit, elle retira sa ceinture pour lier étroitement et solidement, de plusieurs tours, la poignée intérieur de la trappe à un montant des escaliers. Les gardes eurent beau s'échiner ensuite, ils ne parvinrent pas à vaincre les nœuds et les boucles. Ce n'est qu'au matin que Cerbère manifesta enfin ses premiers signes de fatigue - d'épuisement, même. Les gardes aussi étaient fatigués de n'avoir pas pu fermer l’œil, inquiets que les hurlements de la captive ne finissent par attirer du monde.

-Je crois qu'elle est calmée, vous ne trouvez pas ?
-TROGLODYTES GALEUX A POIS VERTS DE MES PIEDS PARDI ! DESCENDEZ ET J'VOUS EVISCERE AVEC LES DENTS, PUTAINS DE TAS DE MORVE !
-... Pas vraiment, non.
-Il faut qu'on se tire d'ici, Roland ! Cette folle va nous attirer des problèmes si on ne se rapplique pas rapidement en Anjou avec !
-Elle a bloqué la porte, cette enfoirée !
-Elle finira bien par avoir faim ou soif.


Tanguy haussa les épaules et monta à l'étage pour profiter du calme revenu - presque - pour prendre enfin un repos réparateur, laissant ses deux comparses à quelques parties de cartes et de grailles. Ils pensaient probablement que ce ne serait qu'une question d'heures avant que la prisonnière ne rendent les armes. Ils avaient tort.

Sous leurs pieds, Cerbère est en piteux état. Elle respire lourdement et péniblement, comme un effort. Sous l'hypertension due à sa colère, son nez s'est mis à saigner. Sous la violence de ses jets contre les murs, une omoplate s'est fêlée. Sous ses coups dans les pierres, le métal de ses gantelets de combat s'est déformé et des ecchymoses importantes sont apparues sur ses mains. Fortement sollicités par sa violence et la contraction que la colère demande, plusieurs de ses muscles souffrent d'élongation, que ce soit dû à la force employée ou à sa durée. L'air, dans sa cave, ne tourne pas aussi facilement qu'à l'extérieur et l'oxygène absorbée peine à se renouveler. Samsa a faim. Samsa a soif. Samsa est épuisée. Elle s'assoit par terre, adossée à un mur, en grimaçant. Elle a mal partout mais, au fond, ça lui fait du bien. Qui, déjà, lui disait que le cerveau ne peut pas se concentrer sur deux douleurs à la fois ? Alcimane, elle croit. La bonne nouvelle, c'est qu'Alcimane a raison sur un point : Cerbère ne sent plus sa douleur morale. La mauvaise nouvelle, c'est que la théorie d'Alcimane est néanmoins inexacte puisqu'elle est certaine d'avoir mal partout, physiquement.


-EH, LA MERDEUSE ! Tu sens ça ?

Cerbère ouvre les yeux, presque en sursaut. Elle s'est assoupie, elle ignore depuis combien de temps. Elle n'est pas sûre de savoir s'il fait jour ou s'il fait nuit. Elle a entendu la question qui vise à la narguer par le fumet odorant d'une viande à la broche et elle répond de la seule manière qu'elle sait faire lorsqu'elle est au pied du mur : avec violence.

-FERME TA GUEULE, TON HALEINE DE PUTOIS TRAVERSE MÊME CE PUTAIN DE PLANCHER TÉ !
-TU VEUX QUE JE VIENNE T'EN COLLER UNE OU QUOI ?!
-ESSAYE POUR VOIR, BÂTARD !


Il essaya encore d'ouvrir la porte de la cave mais la trappe restait fermée, solidement liée. Les tentatives frénétiques de Will' n'y changèrent rien, et Samsa partit dans un grand éclat de rire moqueur et délirant.

-Oh oh, meeeerde ! Quand je raconterai ça à Eireen té !
-... Attends, tu la connais ?
-Tu m'as prise pour qui, sale sac à purin pardi ?!
-Merde, Roland, elle connaît Eireen !
-Mon cul... !
EH ! Pourquoi tu lui écrirais pas pour lui dire, hein ?!
-Putain, tu fais quoi !
-On verra si elle la connaît vraiment ! Elle bluff !
-Ouais ! File plume et papier !
-Ouvre la p...
-C'EST TA MÈRE QUE JE VAIS OUVRIR SALE FILS DE CATIN SI TU ME PRENDS ENCORE POUR UNE DE TES PAYSANNES ANGEVINES A UN NEURONE ET DEMI PARDI ! FILE CE PUTAIN DE PAPIER AVANT QUE JE NE DÉCIDE DE TE FAIRE PENDRE LORSQUE JE SORTIRAI D'ICI !


Il y eut un moment de silence et une plume et du papier glissèrent par les interstices de la trappe. De l'encre fut versée au sol, s'écoulant par les interstices des lattes, et Samsa s'en servit pour abreuver la plume qui coucha ses mots. A Eireen tout particulièrement, elle y exprima sa colère et son incompréhension, sa profonde désillusion. Elle voulait comprendre. Elle devait comprendre, avant que son monde ne s'écroule sur lui-même comme un château de cartes. Si rien ne tournait comme elle le pensait, à quoi servait son combat ? A quoi servait-elle ? Lorsqu'elle fit passer la lettre pliée par l'interstice de la trappe, c'est ce à quoi elle pensait.

-J'ai une autre lettre à écrire.
-Tu t'es crue où ? Ferme-là.
-J'AI UNE AUTRE LETTRE A ÉCRIRE, PUTAIN DE COPROLITHE !
-JE T'AI DIT DE LA FERMER, ROYALISTE DE MES DEUX !


Cerbère donna un coup avec le côté du poing sur la trappe et Roland sursauta mais il avait, au fond, bien compris que l'isolement de Samsa le protégeait tout autant de ses colères violentes. Elle ne pouvait rien lui faire. Comprenant bien qu'elle n'aurait pas gain de cause pour écrire à Alcimane, et percluse de souffrance, Cerbère retourna s'assoir, adossée à son mur. Elle détestait n'avoir rien à faire ; l'ennui était, pour son esprit, une machine qui broyait tout. Les oiseaux volent vite et, rapidement, Samsa pu avoir un semblant de correspondance avec Eireen. Ses retours de courriers apaisèrent l'âme tourmentée du Chien de Garde en même temps que l'ambiance générale avec les trois hommes qui comprirent alors qu'il n'y avait aucun bluff dans l'histoire. Obstinément, pourtant, ils refusèrent qu'elle écrivit à autre personne qu'un angevin et coupèrent rapidement la correspondance après deux lettres, lorsqu'ils virent que Samsa n'avait pas menti.

Pour s'occuper l'esprit et tenter d'oublier sa faim et sa soif, Cerbère jouait du doigt entre les pavés qui constituaient le sol de sa cave. Régulièrement, cela provoquait des étincelles mauvaises qui lui rappelaient le pavé de son stand et alors, presque frénétiquement, elle tentait d'enfoncer la pierre mal rangée dans le rang à coup de poings ou de bottes. Elle avait conscience du désordre qui s'emparait d'elle, mais elle n'en avait cure ; elle le connaissait et ça l'occupait. Surtout, personne ne la voyait. Personne qui ne compte pour elle. Cerbère se cache toujours pour souffrir, non seulement par pudicité et désir de ne pas désillusionner les autres, mais aussi - et surtout ? - pour ne pas se désillusionner elle-même. "Si tu te dis que ça va, alors ça va". L'autoconviction est une méthode très éprouvée. Elle se mit ensuite à gratter de manière effrénée le sol, comme si elle cherchait à déterrer un pavé ou plusieurs, histoire de faire un trou ensuite. Elle n'arrivait évidemment à rien mais elle croyait cela possible et ça lui suffisait.
Mais bientôt, la soif se fit plus pressante, et les geôliers refusèrent de lui offrir quoi que ce soit tant qu'elle n'ouvrirait pas la porte. Les nouvelles colères de Cerbère n'y changèrent rien, pas plus que les coups supplémentaires dans la trappe. N'importe qui aurait trouvé ce gaspillage d'énergie vraiment stupide. C'était très probablement stupide. Mais Samsa avait toujours accordé plus d'importance à la tenue de son esprit qu'à celle de son corps car elle pensait que tant que l'esprit tenait, le corps ne pouvait pas s'écrouler, mais que l'inverse n'était pas possible ; un esprit peut très bien s'effondrer dans un corps en pleine forme. Et pour que l'esprit tienne, il lui fallait être en colère.

C'est finalement vers les tonneaux de vin qu'elle se tourna. Ce n'était pas une souffrance en soi, Samsa aimait le vin, mais ce dernier représentait aussi pour elle un danger dont elle ne parlait pas et qu'elle ne montrait surtout pas : il était un échappatoire. Fumeur de diverses herbes et drogues ou alcoolique ? A choisir de tomber dedans, chacun avait sa petite préférence. Cerbère faisait partie de la deuxième catégorie - à l'opposée de ses compagnes successives à ce sujet ! Le vin du bourreau n'était pas très bon et coupé à l'eau ; en faisait-il du trafic ou était-ce simplement sa boisson du quotidien ? Peu importait pour Samsa qui bu jusqu'à s'en retrouver groggy. La tête dodelinante, elle croyait voir dans le noir des silhouettes humaines.


-Où est Alcy pardi... ? Une voix espagnole lui répondit sans qu'elle ne comprenne la réponse. Sha... ? Un rire résonna à ses oreilles, qu'elle reconnut comme étant celui de Zyg. Elle crut voir, dans le noir, un homme encapuchonné s'accroupir. Rôdeur té... ?

-T'es en mauvaise passe, jeunotte.
-M'nan, je fais juste une pause, tu vois...
-T'as froid ?
-J'ai froid té...
-Depuis combien de temps t'es là ?
-J'sais pas pardi... une semaine, tu crois ?
-J'en doute.
-... Tu veux du vin ?
-T'en as plus besoin que moi.
-Hm, t'as raison té
dit-elle en reprenant une gorgée au robinet du tonneau.
-Tu n'as pas peur de te ramollir, avec ce vin ? Tu sais comment ça te rend ; ça endort tes souffrances.
-Un peu, si.
-Baisse pas les bras.
-J'baisse pas les bras pardi.
-EH, TU PARLES TOUTE SEULE LA FOLLE DINGUE MAINTENANT ?!


Le sang de Samsa, de nouveau, ne fit qu'un tour. Elle était une poudrière qui n'attendait qu'une étincelle pour exploser, encore et encore. Sa fatigue n'était pas du tout un moyen de la calmer puisque c'était lorsqu'elle était poussée dans ses retranchements qu'elle jetait plus encore ses forces dans ses colères. Souffrir avait, dès lors, un intérêt ; celui de monter en puissance, toute vaine pouvait-elle être. Cerbère se remit debout et, de nouveau, pendant plusieurs heures, elle hurla à s'en déchirer les cordes vocales, crachant toute sa rage sur les gardes angevins qui prenaient largement plus que leur part et payaient des années de silence. Le couvercle de la cocotte-minute ne cessait de leur exploser au visage et ils trouveraient bientôt cela éprouvant, au-delà du simple fait de se priver de sommeil autant que leur prisonnière. Les murs, encore, reçurent les coups et les grattements de Samsa qui avait en plus perdu la notion du temps dans le noir, l'enfonçant dans un état de colère qui s'alimentait tout seul. L'enjeu, elle l'ignorait, n'était pas de sortir d'ici, de savoir quel jour on était, d'obtenir des vivres, le droit d'écrire un courrier ou de redonner un sens à ses croyances : c'était de ne pas s'autodétruire. Et c'était plutôt mal parti.
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Alcimane_
Est ce que quelqu'un peut me dire où elle se trouve berdol ? Elle n'a pas disparu per lo Saint Esprit ? Ça fait deux jorns ! Deux foutus jorns où personne n'est capable de me dire où elle est détenue.

Introuvable.

Merte.

Elle élude de la main.
Parce que c'est compliqué de s'inquiéter pour une personne qu'on aime, quand on est pas censée l'aimer. Comment expliquer que votre compagne est disparue, attrapée par des Angevins rancuniers, sans éveiller un soupçon ? Alcy gardait son sang froid. Toujours. Personne -ou très peu de monde- l'avait vu sortir de ses gongs. Le sang-froid devenait très chaud à gérer.

Elle bouillonne.


Doit on faire venir Nessia ? Thais ?

Parce que vos pensez que ce sont elles qui l'on caché ? Arrestez donc, je pars la chercher.

La première aurait pu, ceci dit.

Maintenant ? Desuite ?

Non, maintenant, à partir de demain te. Bande de gland.

C'était décidé. Elle déposa sa plume, fila trois bouts de fruit à Keunote -son castor- et enfila sa cape. L'homme en face d'elle la détailla, en penchant la tête de côté. Il était certain qu'elle était dotée de beaucoup de qualité, mais tout ce qui concerne le combat, elle était une vraie bille. Pourquoi devrait elle se défendre alors que Samsa le fait très bien ? Aussi, le garde resta pantois, mais pas spécialement étonnée. Elle avait bien filé en PA récupéré Nessia, alors pourquoi pas Samsa maintenant ?

La preuve en est, c'est qu'elle ne s'arme même pas.


Si je peux me permettre ... vous devriez demander ... ou prendre une ...

Je ne vos permets pas te.

D'accord.

Et voila.
Elle lui file sous le nez, bien décidée à arpenter chaque recoin, chaque geôle et chaque cabane de plouc, pour dénicher sa Belette. Départ en pleine nuit, sinon ce n'est pas drôle, sur un coup de sang. La colère a remplacé l'inquiétude. Si Samsa a décidé de la quitter, elle lui ferra payé de s'être tirée comme une malpropre.

Le garde en question lui, court à tout enjambée, vers la cahute de Nessia. Il était sur de la trouver encore en taverne à cette heure-ci. Oh, il aura sans doute perdu quelques heures à tergiverser, mais le résultat est la. Nessia, il l'avait vu quelques fois, rapidement, mais le type avait la mémoire des visages. Il ouvre la lourde d'un coup de godasse, arrive comme un dératé, essoufflé et hurle :


Nessia !
Elle a filé chercher hmmpff. J'ai plus l'âge. Elle a filé ! Seule ! Doit on prévenir Thais aussi ?


Les mains sur ses genoux pour reprendre son souffle. L'histoire était confuse.
_________________
Nessia.
Installation tout confort, couverture, lecture , feu dans la cheminée, c'est que Varenne a ses petites habitudes de glandouilleuse avertie. A s'encroûter presque. C'est moche.

Quand la porte s'ouvre à la volée, l'Oiselle sursaute au point de se prendre son bouquin sur le nez dans un bruit de pages qui se déchirent.


Nessia !
BWAAAAAAAAAAAAH !
Elle a filé chercher hmmpff. J'ai plus l'âge. Elle a filé ! Seule ! Doit on prévenir Thais aussi ?

Palpitant en pagaille, prêt à lui sortir de la bouche - merci montée soudaine d'adrénaline - elle porte la main au coeur et gronde

Bon sang, vous m'avez foutu la frousse ! Qui ? Quoi ? De quoi me parlez vous ? Et qu'est ce donc que ces manières de faire irruption en beuglant comme ça hm ? Vous voulez vous prendre n'importe quel objet à ma portée en travers de la trogne ou comment ça se passe ? Non parce qu'il faut le dire sinon hm ? Mais répondez que diable !

Et si tu lui laissais le temps de répondre aussi, andouille.
Et le pauvre bougre, dans un élan en un seul souffle


LA COMTESSE !
Tac au tac, spontanéité oblige
Ah merde !

Déjà Princesse radine sa canne et se perche sur ses quilles. Elle n'a pas encore le quoi, ni le comment, ni le pourquoi et en est au stade de devoir lever l'index dans le vent pour trouver une direction mais ...

Prévenez Thais, oui. Elle ira plus vite que moi.

Encore que..
La voici qui se barre à cloche pied, ça a un côté sportif et débile en même temps. Le temps d'attraper une capeline de sa main libre , de se la mettre sur le citron, et Varenne s'évade par la porte, sans trop rien y voir.
Bien décidée à retrouver la Suz en déconfiture ? En vérité, elle n'a pas la moindre idée de ce qui se passe.
C'est beau l'abnégation à l'aveugle.

Premiere direction, le quartiers d'Alcy. Forcément.

***************

Et pendant ce temps. Chez Thais


Il ouvre la lourde d'un coup de godasse, arrive comme un dératé, essoufflé et hurle :

Thais !
Elle a filé chercher hmmpff. J'ai plus l'âge. Elle a filé ! Seule ! Nessia est partie aussi

Les mains sur ses genoux pour reprendre son souffle. L'histoire est encore plus confuse

_________________

Samsa
    "Encore et encore,
    Encore et encore,
    Encore et encore."*


Les heures s'étaient écoulées au rythme des hurlements de la forcenée que la cave renfermait. La colère de Samsa était un puits apparemment sans fond, comme de nombreux sentiments chez elle ; ce n'est pas parce qu'elle en touchait le fond qu'elle ne pouvait pas continuer de creuser et, dans cette prison, elle n'a que cela pour tenir debout. L'Amour aurait pu l'apaiser mais il n'y a ici aucune paire de bras prête à l'étreindre, aucun corps contre lequel se blottir, aucun murmure qui viendrait s'échouer à son oreille en lui disant "je suis là", aucune chaude odeur qui chasserait le froid de la colère. Il n'y a ici aucun sentiment de sécurité lui autorisant à baisser les armes portées à bout de bras. Combien, pourtant, aurait-elle donné pour cela, pour une simple caresse à la joue, simplement sentir la présence aimée.
Allongée au sol, Cerbère est à moitié endormie et rêvasse, entre ses douleurs, de cette caresse à la joue qui pourrait tant la remettre d'aplomb. Dans son épisode de fureur récent, elle s'est cassée un tibia contre un mur. Son cœur, déjà érodé, est à la peine. Ses doigts - et ses mains, presque - sont quasiment paralysés de douleur, non pas d'avoir frappé les murs mais d'avoir tenté de démanteler tout ce qui se trouvait à leur portée : les tonneaux et les escaliers. Tous ses muscles sont à la fois perclus de crampes et de blessures, et s'ils tremblent, ce n'est pas pour gargouiller de faim comme son estomac - encore que - mais parce que l'Animal est désormais en hypoglycémie - et passablement déshydratée. Pour compenser, le cerveau produit plus encore de cortisol, l'hormone responsable de la colère - comble dans cette situation - et qui devient, littéralement, un poison pour l'organisme à trop haute dose ; la Nature est parfois mal foutue. Il ne devait s'agir "que" de cinq jours de prison, il aurait suffit de s'assoir et d'attendre, mais c'était très mal connaître les effets de quelque chose qui n'est pas compris sur Samsa ; c'est la révolte, systématique. Elle était, de très loin, le plus grand danger pour elle-même parce qu'elle n'avait pas de limites lorsqu'il s'agissait de se donner à quelque chose qui s'approchait de l'Amour ou, en l'occurrence, de la Colère. A tout le moins ne savait-elle pas reconnaître les limites.


-On ne l'entend plus, j'espère qu'elle n'est pas morte... Sinon, nous la rejoindrons bientôt aussi !
-Mais non, elle repose juste sa putain de voix avant de nous recasser les oreilles. Bordel, je préfère la cornemuse d'Eireen, elle a moins de souffle !
-On devrait au moins lui filer quelque chose à grailler, surtout si on doit reprendre la route. File-moi des tranches de jambon.
-Si elle recommence à brailler, t'en seras responsable.
-Mais je n'en mourrais pas, alors que si elle claque, c'est toi qui sera le responsable et je ne parierai pas sur ta survie.


Will poussa un grognement et tendit à Roland quelques tranches de jambon qu'il alla faire passer entre les interstices du plancher.

-Eh, machine ! La bouffe. Mange, on repart bientôt.

Qu'ils croyaient.
Par un amusant hasard, Samsa se trouvait juste en-dessous du dit interstice et la première tranche de jambon lui tomba directement sur le visage. Plaf. Pas le genre de caresse sur la joue à laquelle elle rêvassait. Ceci ne manqua pas de la réveiller en sursaut, et ses douleurs avec. Et sa colère. Et sa voix enrouée.


-PUTAIN DE TA MERE LE RAT PARDI ! ENFOIRÉ DE CORNICHON A POILS RAS ! SCÉLÉRAT DES ÉGOUTS, FINI A LA PISSE D'IVROGNE ! DEMI-NEURONE, INCAPABLE ET FOUTRECUL TÉ !
-MAIS TA GUEULE PUTAIN, TU NOUS LES BRISES !
hurla Roland qui commençait à avoir le moral miné de se faire insulter.
-JE TE PISSE A LA RAIE !
cria-t-elle plus fort malgré ses cordes vocales éreintées, ses poumons enflammés et son cœur vacillant proche de la rupture. La preuve que la force de l'esprit peut emmener le corps bien plus loin qu'il ne le pourrait lui-même. Elle se leva péniblement et claudiqua pour rejoindre les tonneaux de vin afin de s'y abreuver - du vin coupé à l'eau reste quelque chose qui contient de l'eau - avec sa tranche de jambon.
-TU VAS VOIR QUI PISSE SUR QUI, SALOPE !

Roland renvoya les autres tranches de jambon sur la table - Samsa ne les aurait pas aujourd'hui - et délaça ses braies pour sortir son vît afin de se soulager. Sans gêne, sous les rires de ses compères, il urina sur le plancher pour arroser la prisonnière dessous, là où il la croyait toujours. Samsa, qui s'était déplacée, ne manqua pas de le remarquer et entra dans une nouvelle colère, aussi forte que la toute première. Elle essaya, pour une raison qui lui échappait tout autant que la première fois, de démonter l'escalier qui descendait à la cave. Placée derrière celui-ci, elle rentrait furieusement dans un de ses montants avec son épaule la plus épargnée. La trappe se mit à trembler et le plancher autour également, et les angevins eurent beau rire avec un air de "elle se fâche !", ils préférèrent toutefois retourner à leur partie de cartes et jouer l'apaisement par la lassitude. Ce n'était, effectivement, pas aujourd'hui qu'ils parviendraient à faire sortir l'Animal de son trou pour reprendre la route.

_____________________


Pas très loin d'ici, deux enfants avaient été payés par Alcimane pour trouver Samsa et lui remettre une lettre. Depuis quelques jours, s'ils tendaient bien l'oreille, ils pouvaient entendre des hurlements lointains et terrifiants. Leur origine et leur localisation étaient inconnues mais les garçonnets pensaient qu'ils venaient du nord et s'y étaient donc dirigés. Ils s'imaginaient probablement que rien ne viendrait troubler la quiétude alentour en pleine journée ; ils n'avaient jamais entendu les cris en journée, mais ils ignoraient que cela ne tenait qu'aux bruits de la vie quotidienne qui les couvraient. A présent hors de la ville, rien n'était moins sûr. Et justement : alors qu'ils n'avaient pas encore la maison du bourreau en ligne de mire, les hurlements reprirent et glacèrent le sang des enfants qui étaient persuadés qu'il s'agissait d'une âme damnée ou d'un loup-garou. Courageux mais pas téméraires, ils coururent en sens inverse, terrifiés, pour retrouver leur commanditaire à qui ils remirent la lettre indélivrable.


-Désolés M'dame, on n'a pas pu, les esprits ont hurlé !
-N'importe quoi Bertrand, c'était un loup-garou !
-Mais non, ça faisait "aaah !", ce sont les bruits d'un lieu hanté ça ! Pas "oouuh" !
-T'y connais rien, il n'y a que les loups-garous qui hurlent aussi fort, les esprits susurrent à l'oreille !


Leur chamaillerie ne changeait rien à l'état de fait : Samsa restait introuvable et n'avait pu recevoir la lettre d'Alcimane.

* = paroles traduites de Basto - Again and again

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Alcimane_
Au tout début de sa quête impossible, elle avait pensé partir tout naturellement vers les geôles Limousine. Lieu tout à fait probable pour une détenue. En arrivant, elle était passée pour une ahurie de première. Chose que peu de monde apprécie. Mais encore moins dans son état d'énervement. La conversation s'était conclue par une insulte en occitan avant de sortir bredouille, des geôles.

Samsa avait tout simplement disparu. Vu le gabarit de la bête, elle était perplexe. Plus les heures passées, et plus elle ignorait où se rendre. Passant dans les ruelles passantes, elle ne prit absolument pas le temps de saluer les commerçants, qui d'usage, avaient toujours le droit à un petit mot gentil. Pas cette fois.

Interception des deux gamins.


-Désolés M'dame, on n'a pas pu, les esprits ont hurlé !
-N'importe quoi Bertrand, c'était un loup-garou !
-Mais non, ça faisait "aaah !", ce sont les bruits d'un lieu hanté ça ! Pas "oouuh" !
-T'y connais rien, il n'y a que les loups-garous qui hurlent aussi fort, les esprits susurrent à l'oreille !


Voila ce qu'on lui avait rapporté. Le point mort. En leur tirant les vers du nez, elle avait subtilement compris qu'ils avaient été quasiment hors de la ville. L'un des deux garnements avait montré, très vaguement, "par la" Autrement dit, vers le nord. Bien. Capuche sur le nez, elle embraye dans la nuit. Sans loupiote, et sans arme. Parfait pour bien commencer.

La pluie commençait à tomber. Pluie ou mi neige. Nous sommes fin mars, dans le Limousin. Autant dire ; un froid glacial pour elle. Le chemin vers le nord était droit devant et, elle ne prit pas le temps de se poser la question, d'y aller ou pas. Elle s'engage comme une furieuse sur le sentier malgré les recommandations d'un milicien en faction.


Vous ne devriez pas y aller en pleine nuit ! MADAME ! C'est coupe gorge.

Clairement, elle n'en a rien à faire et lui passe devant, quasiment le nez relevé.

Quelques mètres plus loin, en se tournant nerveusement, elle n'apercevait plus que les cheminées du village déjà bien loin. Une forêt hantée. Elle avait passé l'âge d'avoir peur des histoires de sorcellerie. Elle qui détestait le noir. L'on peut bien rire des enfants qui ont peur dans leur chambrée, elle était persuadée que dormir la patte hors du lit, lui ferrait perdre quelques doigts de pied. Que derrière chaque rid'heux, pouvait se cacher un monstre terrifiant ou pire, est ce quelqu'un était en train de l'observer là ?

A chaque pas, elle se faisait sursauter. Branchages écrasés, bruits d'animaux, sa propre respiration qui s'accélérait, le froid, la pluie. Nuit merdique, pensa t'elle.


Belette ?

Juste au cas où.
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Takoda
Ventadour était le nouveau repère de la rouquine, enfin nouveau...si on omettait les nombreuses fois où elle venait s'y réfugier au gré des caprices de son palpitant.
Une habitude de longue date, si bien que Ventadour prenait des airs de seconde maison, et d'autant plus ces dernières semaines. Thaïs attablée en taverne avait passé le début de soirée à bavarder avec Samsa qu'elle avait plaisir à retrouver après les affaires angevines. La brune lui racontait en plaisantant comment elle avait été mise en procès en Anjou et relaxée grâce au courrier de la femme de l'accusateur. Alcy était venue rejoindre le duo lorsque des gardes sortis d'on ne sait où s'était pointés pour embarquer le Cerbère...non sans se manger quelques coups de l'une et de l'autre. Le traînard de service avait même écopé d'un baptême botte d'Assaynienne/tibia non négligeable.
Depuis...on attendait des nouvelles de Samsa...du procès...et de son emprisonnement....jusqu'à ce que...

La porte de la maisonnette louée par la rousse s'ouvre à la volée... Eleanor en plein exercice d'écriture sous la gouverne de sa mère sursaute, rayant le vélin de sa plume. La CaC quant à elle retient avec peine un cri strident et un garde, pas inconnu celui là apparaît et hurle:


Thais !
Elle a filé chercher hmmpff. J'ai plus l'âge. Elle a filé ! Seule ! Nessia est partie aussi


Une main sur le coeur pour calmer son organe vital alors agité, les émeraudes détaillent le type et la voix glaciale de la vassale de la Dehuit s'élève:

Calmez vous! Et reprenez depuis le début, Nessia est partie avec qui, pour faire quoi? Et c'est quoi cette histoire d'âge?

L'homme qui n'en est pas à sa première fois, reprend donc...entre deux essoufflements et un essuyage de sueur.

La Comtesse, elle a filé, seule. Et Nessia est partie aussi... Elle cherche Dame Samsa.
Fais suer! Limoges?

Seule la caboche répond positivement, un juron breton franchit les lèvres rouges. Et c'est branle bas de combat, autant dans la tête, que dans le coeur de la veuve, en plus ça lui rappelle vaguement un sauvetage organisé avec Samsa et Rai...enfin organisé...bref...
Les consignes sont passées à la hâte à Tiéfaine, la nourrice, et... anciennement D'Ambrois, se cale, fessier sur son cheval pour rejoindre la capitale. Mission numéro un, trouver Alcy, mission numéro deux trouver Nessia...mission numéro trois...leurs expliquer que...si la logique le veut... les gardes angevins, qui appliquent une peine angevine...on sans doute du emmener la Belette direction...l'Anjou. Terre maudite pour Thaïs...Ô joie!

_________________

Merci à JD Nessia pour cette merveille.
Samsa
    "Donnez-moi des réponses :
    Pourquoi je ressens tout le poids de ce monde ?
    Oh je ne sais pas, pas, pas, pas, pas
    Peut-être que je suis fatiguée, yeah."*


Quatrième jour. Ou cinquième ? Ça y est, l'Animal semble s'être fatiguée de même creuser le fond et elle semble avoir amené son corps à son point limite, là où l'esprit lui-même ne peut plus grand chose. "Tu m'étonnes, Bubulle, que j'ai vingt minutes d'espérance de vie en plus sur un champ de bataille" pense-t-elle. La pluie extérieure détrempe les pierres de la cave, décidément mal isolée ; cette maison n'est qu'une apparence de confort, entre ça et le plancher qui laisse passer la lumière - si seulement ça pouvait en être de même pour la chaleur. Réfugiée derrière l'escalier de bois devenu légèrement branlant, Samsa capte l'humidité de sa prison en plus de celle que son corps épuisé émet, transpirant et tremblant. Son nez, dont le saignement avait repris durant sa dernière colère, ne projette plus que de minuscules gouttelettes sous la lourde respiration. Elle a faim, froid, soif et mal partout. Pourtant pas sujette aux maux de tête, c'est aujourd'hui la première douleur qu'elle demanderait à apaiser ; pauvre cerveau déshydraté et en manque d'oxygène, noyé sous les stigmates temporaires - mais non moins actuellement présents et tenaces - de la colère. La seule bonne nouvelle concerne le palpitant qui, bien qu'encore animé de battements forts dus à la situation quelque peu exceptionnelle, n'est plus le siège d'aucune douleur. Il ne reste à Cerbère désormais plus que ses rêves et le vin coupé à l'eau pour tenir, jusqu'à ce que la colère revienne pour, de nouveau, tenter de sortir d'ici car il n'est plus question, désormais, d'extérioriser quoi que ce soit : tout est sorti. Sauf Samsa, encore dans cette cave.

Au-dessus d'elle, le garde dont c'est le tour de veille s'est endormi et ronfle quelque peu, ce qui arrange bien Samsa qui, exténuée, ne sera pas obligée par devoir moral de crier plus fort que l'homme. Elle n'a aucune idée du temps depuis lequel elle est ici : deux jours ? Plus d'une semaine ? Si ça se trouve, les gardes abusent de son temps d'emprisonnement ; c'est pour ça qu'elle doit casser les murs. Mollement, elle lève un bras en grimaçant et essaye de gratter une pierre. Ses muscles, déjà souffreteux, ont refroidi, aggravant la sensation de paralysie. Mais Cerbère essaye, même si c'est vain. Pour se donner de la force et de la chaleur, elle boit au robinet du tonneau.


-Tu préfères qu'on te voit noyée dans l'alcool ou noyée sous la colère ?
-Ni l'un ni l'autre pardi. T'es en train de me dire d'arrêter de boire ?
-Je posais une simple question.
-Shawie fumait je-ne-sais-quoi. Alcy fumait je-ne-sais-quoi. Et avant elles, Vawen absorbait je-ne-sais-quoi. Je bois du vin coupé à l'eau, je trouve ça plutôt sain sur beaucoup d'aspects pardi.
-Vu comme ça...
-Et puis j'ai besoin de me calmer.
-Tu te justifies ?
-Tu me demandes des comptes ; ça m'énerve.
-Tu as besoin de te calmer.
-J'ai besoin de me calmer té.


Il y a longtemps, quand Samsa n'était pas encore Cerbère, elle vivait à Chinon. Une vie d’insouciance, de naïveté, de beaucoup de rires et de joies. Une petite bande d'amis délurés qui ne pensaient à rien d'autre qu'à s'amuser ensemble au gré de journées sans grain de sable. Parmi eux, l'un de se démarquait en le nom de Rôdeur : encapuchonné, il ne se mêlait jamais réellement à eux, se contentant de les couver d'un air bienveillant, probablement plus affectueux qu'il ne l'aurait voulu ; une sorte de mentor malgré lui. C'est lui qui avait appris à Samsa à forger ses premiers objets. Le temps avait tout éclaté, avant de tuer Zyg, et il avait disparu, comme tous les autres. Ils étaient probablement tous morts. Et c'est lui, étrangement, qu'elle voyait dans ce coin sombre de la cave ; elle ne l'avait jamais vu en hallucinations. Elle sait que c'en est une, mais il y a des mensonges qui sont doux à croire.

-... Ne me regarde pas comme ça. Je n'ai personne pour poser sa main sur mon avant-bras té.
-Ce n'est pas très gentil pour moi.
-Je ne suis pas certaine que tu aies la capacité qu'Alcimane a. Tu n'es pas réel de toute façon.
-Mais tu me parles.
-Tu me réponds té.
-Beaucoup de sagacité.
Tu as donc abandonné l'idée de casser un mur pour sortir ?

-Nenni, regarde : je gratte.
-Hmhm...
-Ne fais pas "hmhm" alors que tu restes assis là sans rien faire pardi.
-Je ne suis pas réel, que veux-tu.


Samsa soupira et toussa en même temps. Sa gorge était enflammée d'avoir tant hurlé et sa voix était brisée. Elle l'aurait pourtant réparée le temps de quelques insultes s'il l'avait fallu, amplifiant plus encore des blessures pour rester à la hauteur de ce qu'elle voulait être - et à la hauteur de ce qu'elle pensait qu'on attendait d'elle, aussi - et pour répondre encore à cet adage pourri mais salvateur : "si tu te dis que ça va, alors ça va". Les autres la poussent vers le haut et c'est parfois trop haut, mais d'un autre côté, Cerbère ne supporterait pas d'être autre chose ; elle fait partie d'un cercle, comme elle l'écrivait à Maïwen. Ce cercle est vertueux lorsque les autres poussent Samsa vers le meilleur et qu'elle est alors capable de bâtir un monde meilleur car là est le sens de sa vie, et il est douloureux lorsqu'elle faiblit et qu'elle déçoit. Alors, de la même façon que les autres doivent parfois faire l'effort de s'arrêter pour la regarder, elle doit parfois faire l'effort de dissimuler le caillou dans la botte. C'est comme ça, par ces efforts communs, que le cercle sera durable.

-Tu crois qu'ils vont me libérer ? Bordel, imagine que je doive réellement péter ce mur pour sortir té !
-Si c'est le cas, tu ferais bien de te reposer. On ne forge pas une épée d'un seul coup de marteau, jeune impatiente.
-Tu sais ce que je ferai, quand je sortirai d'ici pardi ?
-Hmhm ?
-J'irai me foutre sous des couvertures de plumes, sur le matelas de plumes bleues té. Et puis je me mettrai dans les bras d'Alcimane, et je dormirai environ... une semaine.
-Rien que ça.
-Je lui demanderai de me caresser la joue pardi.
-Tu quémandes ?
-Tu parles comme elle ! Je quémande. Je quémande comme... tu me quémanderais du vin coupé à l'eau si tu avais soif !
-T'as toujours utilisé les images pour dédramatiser ce que tu ressens et ne pas le dire.
-... Ce n'était absolument pas le propos pardi. Et tu vas m'énerver.
-J'ai touché quelque ch...
-...
-Je t'écoute. Tu parlais de projets à ta sortie.
-... Et donc après ça, nous irons dans le Sud. On ira pardi. On n'y arrive jamais mais cette fois, c'est la bonne.
-Et t'iras faire quoi ?
-Me reposer au pied des montagnes té.
-T'as l'air fatiguée.
-Je dois avoir une sale gueule pardi.
-Autant qu'une femme qui s'est écrasée contre des murs.
-Merde... j'espère que je ne me suis pas cassée le nez ! Alcimane me tuerait pardi.
-... Elle aime ton nez ?
-... J'en sais rien té ?
-... Ton nez n'est pas cassé.


Samsa appuya sa tête contre le mur derrière elle et la laissa en faire de même sur celui à côté d'elle. Visiblement soulagée de cette nouvelle à propos de son nez - désormais préoccupée de choses plutôt futiles pour passer l'ennui et ne pas creuser plus encore le trou qu'elle venait de faire en elle -, elle semblait prête à côtoyer Morphée, aidée du vin ingéré qui endormait quelque peu ses blessures et la réchauffait. D'une voix faiblarde, les yeux clos, elle parla à Rôdeur qu'elle ne voyait plus :

-J'entends la pluie dehors pardi... J'espère qu'Alcimane est au chaud, en train de manger des fruits secs, les doigts de patte en éventail devant un bon feu... Elle adore ça, tu sais...

Il ne répondit pas, dissipé dans les limbes de l'esprit de Samsa qui sombrait dans un repos à la qualité relative. Sa jambe cassée étendue, elle avait ramené contre elle celle encore valide pour se maintenir un petit peu chaud. Une jambe est la Colère, et elle est brisée. L'autre jambe est l'Amour, seul moyen désormais de tenir debout et de se réchauffer quelque peu. Il paraît qu'en toute chose, il y a un fond de vérité ; même dans les analogies.

* = paroles traduites de NIve - Tired

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