[RP] N'hellan ket bevañ hepdout ma choutig...

Bloody.guy

Titre traduit en français : "Je ne peux vivre sans toi ma chérie". A écouter pendant la lecture : http://www.youtube.com/watch?v=5qnA4bEmVPE

Tout allait bien pourtant, entre eux deux c'était l'amour fou, une passion sans commune mesure, il savait tellement l'enlacer et le lui susurrer son serment passionné, il savait tant se délecter du miel de ses baisers, tant gouter la chaleur de sa peau et sentir son corps s'embraser quand elle prenait ce regard de braise, tout avait été écrit pour que jamais une seule fois une dispute n'éclate entre eux, il savait depuis le début les choses à ne pas lui dire, ne pas lui raconter son passé plus longuement qu'il avait eu déjà l'occasion de le faire, il savait tout cela mais un jour...

Récent ce jour là était, en taverne il devait la rejoindre, passer une soirée agréable, passer la veillée à l'embrasser et lui redire par toutes ces belles paroles, les mots de son cœur ce qu'il en est amoureux. Heureusement qu'ils s'étaient revus, ça faisait un certain temps qu'il était trop absent, ou qu'elle n'était là dans les mêmes eaux que lui. Heureusement qu'ils s'étaient revus mais ce qui eu du être un rêve vira trop vite et avec tant de facilité au cauchemard.

Ainsi était - il entré, elle lisait un livre de cuisine, lui que le soleil avait du frapper sur la tête riait, narguait du regard et commit le premier outrage de ne pas l'embrasser. Un simple "Noz vat deoc'h" était sorti d'une bouche qu'il eut mieux fait de clore après !

L'homme se tint alors devant son aimée, lui arrachant un premier regard noir à lui expliquer ce qu'il avait habitude par le passé d'écrire, des livres et articles pervers où se faisait l'apologie de l'amour charnel et bestial, ou l'érotisme et le libertinage avaient force de loi et ce malgré les us et coutumes l'interdisant.

Mais cela ne semblait pas suffisant, à peine la douce avait détourné le regard qu'il la provoqua d'avantage, lui expliquant que nombreuses furent les femmes qui se touchaient à le lire avant de lui avouer l'infâme habitude qu'il avait de tenir des salons d'érudition sexuelle au cours desquels étaient initiés de jeunes pucelles à l'art de donner son corps. Les mots qu'il avait eu n'étaient rien de plus qu'un venin se rependant lentement dans la tête d'une jeune femme amoureuse et déjà dégoûtée de l'entendre ainsi lui parler. Comme si cela ne suffisait pas il expliqua avoir arraché une érection à un prêtre auquel il avait eu l'audace de se confesser. C'était plié.

Au lieu de la combler comme chaque fois, il venait de la mettre en pièce, l'anéantir gratuitement et sans remords aucun. Pourquoi ? Parce qu'il n'était plus lui même depuis l'arrivée à Aix, parce que souffrant d'un trouble dont on ne peut rien croire. Au lieu de l'aimer et caresser son cœur de ses plus belles proses c'était un tout autre discours, celui qu'on ne voudrait avoir dans sa bouche qu'il lui tint, la belle ne l'avait pas reconnu, elle l'avait enjoint de cesser mais il n'avait voulu rien entendre. Les mots, les larmes ensuite, un regard de dépit, dégoutée elle prit sa cape et la posa sur ses épaules avant de fuir, aller loin de lui, le plus loin possible en courant jusque le ruisseau derrière le pont duquel elle avait décidé de se laisser choir afin d'y pleurer toutes les larmes de son corps.

Vil et pervers il l'avait suivie, avait lui aussi couru afin de la rattraper, ce qui se fit. Non pas pour la prendre dans ses bras comme un homme raisonnable eut fait mais plutôt pour rire et en remettre une couche. Imbécile qu'il s'était montré, la regarder pleurer et ne pas cesser, mais pourquoi ? Parce qu'il n'était plus lui même. Mais cela ne se justifie pas, en rien on ne doit agir de la sorte, surtout pas quand on a juré devant son père qu'on ne saurait souffrir de lui causer des larmes de peine, surtout quand on à changé sa vie du tout au tout dans le but de la partager avec elle, que l'on a mis un terme à ses affaires libertines pour redevenir pur et digne d'une femme aussi parfaite que Délicia de Domyos. Sa choutig, sa muse !

Elle l'avait dévisagé, lui avait lancé son plus noir regard dont les yeux étaient inondés de larmes, puis lui avait dit son dégoût, avant de s'en aller vers sa chambre dans laquelle toute la nuit elle devait pleurer et lui en vouloir, si fort qu'elle pourrait le quitter et lui rendre la monnaie de sa pièce.

Lui n'avait pourtant rien fait pour la rattraper, pas un mot, pas un geste et s'en était allé passer la nuit à l'auberge tel un vagabond, un homme différent et combien devenu bête ! Crapule, ordure et j'en passe les mots qu'il aurait mérité, la pauvre fille n'avait pourtant rien demandé, elle s'était contentée de croire dans un baiser d'amour et n'avait récolté qu'une chose imméritée, qu'un discours dont maintenant, le beau blond est peu fier et mesure la catastrophique ampleur. Pour sur, il était à deux doigts de la perdre...

Sa nuit avait été sobre de tout sommeil pourtant, comme un retour au clair, à la raison et la journée du lendemain devait s'achever par une entrevue avec elle, une excuse et un baiser passionné quand elle lui demanderait de ne plus recommencer, promesse qu'il lui ferait voyant que tout reprenait une tournure normale. Hélas non ! Ce ne fut pas le cas...

Quel outrage avait - il encore osé de ne pas s'éveiller dans son sommeil avant de trébucher pour aller la narguer dans la cuisine, la voir cuisiner quelques crêpes et laisser tomber la pâte au sol, puis en rire pour finalement ne rien dire, ne rien faire et retourner s'asseoir. Elle le rejoignit après vingt minutes, quand son panier était prêt, elle lui parla, lui conta quelle était sa peine, lui déclama sa colère alors qu'il se décida à s'excuser, une fois avant de la blesser en redisant sur un ton arrogant et lassé que "je suis désolé, je n'en suis pas responsable". Cela n'avait donc pas semblé sincère mais quand il exprima son désir de partir, chose qu'elle ne comprenait pas parlant de son père ici, il avait eu enfin ce retour de lucidité et parlé avec son cœur, lui promettant de rester pour elle et ce en vertu de leur amour. La belle était revenue dans ses bras, l'avait embrassé dans le cou et à coup de chaudes larmes demandé de ne plus recommencer, ne plus lui faire revivre cela.

Et encore une fois, une fois de trop il s'était énervé, lassé de l'entendre remettre ça sur la table il avait préféré s'offusquer, ce qui provoqua chez elle une autre colère, sans nom cette fois puisqu'elle devait causer son départ, la douce prit son panier et s'en alla rejoindre sa tante, le laissant seul là dans la pénombre d'une bougie, dans la nuit presque totale avant qu'il ne retourne dormir à l'auberge.
_________________
Confondus entre rêve et actif, ce que l'on crée se laisse envahir de cette substance qu'on lui donne, la synchronie s'opère et l'on ne sait plus vivre en dehors. Ce "nous" qui unit, un rêve, un songe, une vie bientôt...

Delicia28

[La dispute]

Elle avait couru, couru le plus vite et le plus loin qu'elle avait pu! Ce soir, il avait été trop loin...toutes ces horreurs qu'il avait dites...elle avait d'abord cru qu'il la taquinait pour la faire enrager. Il était entré et l'avait saluée froidement sans même l'embrasser. Et alors qu'il commençait à raconter ce qu'elle prit pour des provocations elle avait attendu un baiser qui tardait à venir...

Puis ce fut le choc! Tel un couperet, la méchanceté de cet homme était tombée sur elle. Il lui racontait avec détails ses exploits passés, à elle ! Sa douce et tendre! Promesses rompues de ne jamais évoquer ce passé trouble devant elle, de ne jamais la faire pleurer, les coups s'enchainèrent jusqu'à la rendre tremblante de rage courant jusqu'au dehors.

Elle emplit ses poumons d'air après avoir claqué la porte de la taverne. Le claquement de la porte correspondit au moment où elle sentit son coeur se serrer... Jamais ils ne s'étaient disputés ces deux là... Elle se mit à courir comme pour fuir son chagrin mais il était bien là, lui tiraillant le ventre. Les larmes roulaient sur ses joues comme si elles ne devaient jamais s'arrêter. Elle s'arrêta au pied d'un petit pont, hors d'haleine et désespérée elle s'effondra contre le mur à l'abri des regards...

Après quelques instants elle entendit un bruit de pas se rapprochant à toute allure. Puis sa voix résonna:

Déliciaaa!

Elle se figea dans la pénombre sans répondre mais fut trahie par un sanglot incontrôlé et l'homme la rejoint immédiatement.

"Allons... cessez vos pleurs ma belle amie..."

Allait-il la prendre dans ses bras et se confondre en excuses??? Elle essuya rageusement ses larmes.

Vous ne m'avez pas entendu quand je vous ai dit... que toutes celles là je les oubliais en pensant à vous...

Elle leva les yeux et le fusillant du regard grogna : Oooh vous ! Allez-vous en !!! Vous m'écoeurez vous et vos orgies, vos sauteries et tout le reste !!!!

Ne comprenez vous donc pas ? Mmhhh dans ce cas je vais rester à vous regarder pester, rager... j'attendrai toute la nuit s'il le faut et bien au delà..

Délicia était dans une colère noire, elle d'habitude si polie, si bien élevée, sortait de ses gonds...

Je vous ai demandé à maintes reprises de ne jamais me parler des horreurs que vous avez faites !!! Et vous venez me narguer en me parlant de ces chiennes! de ces catins que vous avez culbutées !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Elle lui lança un regard des plus noirs alors qu'il prenait un air narquois pour lui répondre:

Et alors ? ça doit vous choquer ?

Oui! cela me choque!!!

Tant mieux dans ce cas parce que moi ça m'amuse de vous voir vous emporter ainsi ! Pour tout vous dire je n'attend qu'à vous pousser hors de vos gonds de sorte à vous connaitre dans vos instants de rage !

La jeune femme prit un air de dégoût, elle perdit presque pied alors qu'il s'approchait d'elle d'un air provocateur:

Je continue mon récit ?

Non! Il riait ! Il se moquait ! Elle lui cria sa colère et lui fit des reproches mais il la toisait et se riait d'elle...

Je vous déteste !

Détestez moi... je vous aimerai d'avantage !

Arrêtez de jouer avec moi!

Oh mais je ne joue pas...je me régale...

Elle se radoucit presque suppliante, secouée de sanglots...

Pourquoi me faire souffrir de la sorte? Cela vous plait?

Vous ne souffrez pas... vous aimez...

Elle releva la tête et plongea son regard noir dans celui de Valmont, amère elle commençait à comprendre

Alors donc....Vous le faites exprès.....

Il souriait en coin, l'air amusé. Oui! Cela l'amusait ! Del sentit son coeur se briser en elle, ne reconnaissant pas là l'homme qu'elle aimait tant et qui n'était que douceur et bonté avec elle.

Il arrive parfois que je vous teste et ce soir c'est le cas... maintenant cessez je vous prie de vous emporter de la sorte!

Elle fronça les sourcils, essuya ses larmes d'un geste rageur et se leva brusquement. Elle le regarda plus froide que jamais :

Vous êtes cruel, c'est immonde.

Elle lui tourna le dos et repris sa route se demandant comment elle avait pu se tromper à ce point...
_________________
"L'expérience est le nom que chacun donne à ses erreurs" Oscar Wilde

Bloody.guy

[Le soir, dans l'auberge après la dispute]

Il avait donc regagné cette auberge près de la grand porte du village. Seul il allait encore passer sa nuit, sans elle. C'était pas anodin de le voir ainsi claquer la porte du paradoxe avec une certaine violence, poussant un cris de rage quand il la vit s'éloigner dans la nuit, son panier à la main.

Dans les ruelles assombries par la nuit il déambulait, le cœur serré et le visage bien marqué des traits de sa déception. Il arriva devant la batisse dont il suffisait de pousser la porte pour y pénétrer puis se dirigea vers le comptoir, le regard noir. Au tavernier qu'il ne salua pas il jeta sa bourse lui réclamant l'alcool le plus fort, il voulait tout oublier, son comportement, cette colère l'habitant et plus que jamais les larmes et les mots de sa choutig.

Enfin dans sa chambre il accrocha sa cape noire au porte mantel avant de venir se figer devant la glace, les bras appuyés sur la commode en chêne il ne disait rien, ne pensait à rien et seulement se regardait. "Quel homme est tu devenu Valmont ? ! Espèce de salaud tu l'as fait pleurer comme jamais elle n'aurait du avoir à le faire, au lieu de l'aimer tu lui as donné le dégoût de toi et vois ce qui se profile maintenant pour toi, ta perte" pensa t-il alors que son visage n'arborait aucun autre trait que ceux du regret, mais regretter est trop tard, il convient de penser avant de poser un acte et quand bien même il clamerait haut et fort son innocence, là où il avait fauté c'est dans l'instant où elle quitta ses bras.

Ainsi avait-il envie et ressentait ce besoin de pleurer. Pour un homme il n'y a rien de pire que verser des larmes pour la femme qu'on aime, surtout s'il est question d'un départ que l'on pleure. Or tout ce qui venait de se jouer ce soir là en avait la triste allure. Perdu dans ses pensées il se tenait légèrement en biais devant le miroir, lui même se dégoûtant de son image. Le silence se rompit par trois légers coups sur la porte, il lui fallut le temps de percuter, de répondre aussi mais avec cette sècheresse dans le ton par un "entrez !" qui que cela eut été, on n'aurait pas aimé se voir assigner de la sorte.

L'aubergiste poussa la lourde porte, "bonsoir sieur, je vous apporte vostre commande, où puis-je la poser ?" questionna t-il. D'un geste de la main Valmont indiqua la petite table dans le fond de la pièce, puis l'enjoignit de s'en aller non sans préciser que "je ne veux voir personne ce soir, personne sauf elle" l'autre opina aussi froidement que l'avait été son client, un simple hochement de tête puis s'en retourna vaquer à ses tâches.

C'était couru d'avance que ce soir il allait se saouler, boire jusqu'à plus soif voire à en perdre connaissance. Il avait tant de haine envers lui même "espèce de crapule que tu es vil pervers, comment as tu osé ! ?" se dit-il pour lui même tout en chancelant vers sa bouteille qu'il empoigna avant d'en arracher le bouchon en liège. Une première rasade qu'il s'offrit avant d'essuyer sa bouche, vraiment sans elle c'était jusque le meilleur Armagnac du royaume qui perdait de son goût sucré qui savait tant plaire aux papilles d'un connaisseur...

"Je ne suis pas digne d'elle, je ne la mérite pas" pensa t-il tout le long de cette soirée où ce sont quelques litres qu'il vida sans pouvoir trouver la force de stopper son allure le vouant à sa perte. L'ivresse peut-être pourrait le délivrer de la torpeur nouvelle qui habitait son âme. Il n'en savait rien et tout ce qu'il eut voulu savoir c'était ce qu'elle faisait, comment elle allait, à quoi pouvait-elle penser et surtout si elle l'aimait encore ou en était suffisamment dégoûtée que pour en douter.

Son nectar épuisé, il n'avait pourtant que la colère en lui, dans un geste aussi vif que son cris fut strident il jeta la bouteille au mur, elle alla éclater là comme ça tandis qu'il voulu se lever, un choc le serra au cœur, son visage qu'il prit entre ses deux mains, prêt à s'arracher les cheveux se trempa de larmes, Valmont, l'homme grand, fier et robuste n'était plus qu'un enfant en pleurs, il avait perdu sa choutig, il n'avait donc plus rien et plus aucune raison de tenir le coup. Effondré sur son lit il ne trouva pas le sommeil de la nuit, ce ne fut qu'une succession de pleurs et lamentations, "pourquoi ais-je perdu le contrôle de mes actes ? Pourquoi ais-je perdu la raison ?" se demandait-il incessamment avec ce pincement au ventre, comme si c'étaient ses entrailles qu'on tentait d'arracher, comme si la mort le frappait alors qu'il pouvait tout ressentir... cette seconde nuit sans elle n'aurait aucun charme, ne serait que torpeur et répétition incessante de souvenirs d'elle, de lui, d'eux deux alors qu'encore une fois il se retrouvait seul, orphelin de tout jusque du gout de vivre.
_________________
Confondus entre rêve et actif, ce que l'on crée se laisse envahir de cette substance qu'on lui donne, la synchronie s'opère et l'on ne sait plus vivre en dehors. Ce "nous" qui unit, un rêve, un songe, une vie bientôt...

Delicia28

[Après la dispute]

Sa nuit avait été tourmentée. Elle n'avait pas fermé l'oeil ou si peu. A chaque fois son visage lui revenait à l'esprit avec cette expression moqueuse, à chaque fois elle avait recommencé à pleurer. Elle ne comprenait pas ce qui lui avait pris... Elle n'avait pas reconnu en lui l'homme qu'elle aime profondément depuis des mois.

La journée s'était écoulée lentement. Une chaude journée en Provence, au rythme du chant des cigales le chagrin n'était malheureusement pas plus doux.. Elle était restée enfermée dans sa chambre au domaine, n'avait parlé à personne et refusé ses repas. La fenêtre ouverte elle avait songé longuement et relut les lettres enflammées qu'il avait l'habitude de lui écrire. Puis elle tomba sur l'un de ses plus beaux souvenirs...

Valmont a écrit:

....

Croyez vous possible que je me sois converti ? Croyez vous plausible que mon corps ne soit plus autre chose que la réplique d'un séisme transperçant chaque de mes sens ? Pensez vous que réellement je sois devenu cet homme qui par votre passion trouve cette seule fleur qui fasse toute la splendeur du jardin secret qu'est le sien ?

Et pour ces mots que j'ai dit l'autre jour, ceux là qui par l'encre de mon sang bouillonnant gravent en chaque lettre d'une missive lue et relue ce que le monde sait avoir à offrir de plus tendre et délicieux à la fois, quand vous jurant l'Amour je vous ai livré ce secret que trop longtemps j'ai gardé, je vous entend et je me répète incessamment cet appel que vous me faites, je le partage si fort et autant que vous, je me languis d'heure en heure guettant mon pigeon, cherchant le coursier et lui mandant de me dire si oui ou non vous m'avez écrit...

Je ne vis plus que par l'attente étreignante de vous revoir, je ne jouis plus que par procuration, d'un sentiment qui sans cesse en mon être se veut plus évident qu'il grandit toujours, oui ma douce et tendre amie je vous aime et combien cela est doux à écrire quand je sais ce voeu partagé de vous.

Je devine aisément le souffle qui sera le vôtre en me lisant, je déchiffre l'émoi soudain qui vous parcourt et à nouveau je m'émeus, mon amie, comme le temps passe et je dois hélas vous laisser partant derechef sur les chemins à la recherche du sieur qui me blessa autrefois, je ne m'en vais cependant pas sans poser de mes lèvres un baiser sur le vélin qui demain sera en vos douces mains, puisse t-il remplir votre regard de tout le feu et la candeur que par vous je porte en moi.

Je vous embrasse bien tendrement,

Valmont.

Oh, cela semblait si loin le jour où elle avait rougit en lisant ces mots pour la première fois ! Elle lâcha le tas de lettres et s'effondra sur son lit en pleurs.

Lorsqu'elle rouvrit les yeux, le soleil se couchait déjà... elle se leva précipitamment... Délicia était une jeune femme courageuse et elle décida qu'il était temps de se ressaisir. Alors elle se rendit à la taverne familiale pour préparer des crêpes qu'elle avait promises à sa tante Miss...

Il était là...

Assoupi dans la taverne, ronflant paisiblement... Elle se rendit discrètement dans la cuisine pour faire ce qu'elle avait à faire. Après quelques instants un bruit se fit entendre et sursautant elle envoya la louche de pâte à crêpes en l'air...
Lui, remarquant sa présence, la rejoignit. Allait-il se confondre en excuses et implorer son pardon?

Elle était déjà tendue mais se crispa en l'entendant se moquer... Voilà donc qu'il en remettait une couche ! Elle l'ignora, fâchée.

La prit-il dans ses bras pour se faire pardonner? Lui jura-t-il son amour inconditionnel? Lui fit-il encore un de ces merveilleux cadeaux dont il avait le secret? Non! Il tourna les talons et se rendit dans la salle de la taverne où il s'installa confortablement. Les minutes défilèrent de la sorte alors qu'elle cuisait ses crêpes, rêvant en silence de le coiffer rageusement du plat de pâte.

Ensuite elle revint dans la salle pour emballer le tas de crêpes et c'est alors qu'une discussion éclata entre eux...

Ce n'était pas sa faute! Il n'était pas responsable du comportement de la veille. C'était le soleil qui lui tapait sur la tête! Délicia n'en croyait pas ses oreilles! Il jouait la carte de la lâcheté ou était-il réellement devenu aliéné?

Il lui fit finalement des excuses d'un air de dédain tel qu'elle n'y vit aucun regret... La jeune femme, blessée, l'entendit parler de départ, lui demandant de l'accompagner sous d'autres cieux.

Et si je refuse de partir?

Je resterai à vos côtés, même si je ne me plais pas ici, je resterai pour vous ma douce amie...

Elle sentit à nouveau les larmes lui piquer les yeux et leurs regards se croisèrent. Il lui sourit tendrement et elle, prise d'un élan de passion, alla se glisser dans ses bras, disposée à tout lui pardonner...

Oh Valmont! Ne me faites plus jamais cela ! Vous étiez si ......si froid......

Et là....l'impensable se produisit. Le visage du beau blond se ferma, il prit un ton exaspéré et siffla sèchement :

Oh ! Je vous dis que je ne suis pas responsable, on ne va pas encore revenir là dessus ! Je vous ai fait mes excuses, cela suffit!

Délicia se figea dans ses bras et son sang se glaça...

Quoi...? Que dites-vous????? Vous pensez que trois mots peuvent tout effacer du mal que vous faites??? Et dire en plus que ce n'est pas vous le responsable?

Il soupira profondément exaspéré :

Bon d'accord, je me suis comporté comme un niais et je ne mérite pas votre pardon. Je mérite juste de rester seul et que vous me punissiez pour mes actes. Ce que j'ai fait était abominable.

Son ton était tout sauf sincère, il la narguait encore... Elle le regarda froidement puis ramassa son panier de crêpes...

Vous avez raison dans tout ce que vous venez de dire....

Elle se dirigea vers la porte sans se retourner. La rage au ventre...
_________________
"L'expérience est le nom que chacun donne à ses erreurs" Oscar Wilde

Bloody.guy

[Durant la nuit]

Le corps allongé sur les drapés du lit, une main accolée à son visage et l'autre serrée sur son cœur, c'est plus que mourir que de se retrouver seul ainsi. Il n'avait jamais connu cette sensation, n'avait jamais vécu telle solitude. Bien qu'auparavant toute femme ayant osé le contrarier se voyait repoussée et remplacée en moins de temps qu'il ne faut pour le dire mais maintenant tout était différent, avec elle rien n'était comme avant, plus rien ne le serait il faut croire car de mémoire d'homme, jamais on ne vit Valmont lever le petit doigts pour l'amour d'une autre alors que Délicia est celle qui avait fait qu'il voyage jusqu'ici, que c'est au terme d'une dispute entre cette dernière et sa tante qu'il s'était occupé de Martine de telle sorte que jamais plus elle ne sache importuner son délice...

Puis se sont ses yeux qui se ferment, revoyant se jouer devant lui le film de leur histoire, chaque image, chaque souvenir jaillissant dans un sanglot resserrant son étreinte sur lui. L'âme n'a jamais si bien saigné que dans ce moment ou coupé de tout il ne lui reste que l'étincelle du souvenir pour l'accrocher à la vie...

Le soir de leur rencontre, cette demoiselle entrant en larmes et lui qui lui offre le réconfort d'un mouchoir et quelques mots avant de sombrer dans un coma duquel ce sera elle qui le sortira en soignant ses blessures rouvertes, là devant l'âtre et par un soir de février s'entamait le premier chapitre de ce qu'il peut dire être sa plus douce épopée.

Les mots ensuite, les soirées se succédant à se parler, se raccompagner. Elle qui l'avait invité chez elle dans le plus grand secret quand il disait n'avoir nulle part ou passer la nuit que l'auberge. Puis ces regards qu'ils s'échangeaient, ce jeu de séduction se glissant dans leurs mœurs, et cette envie chez lui de l'étreindre un jour, toujours plus forte, plus ardente à chaque retrouvailles. Des allures diluviennes qu'avaient pris le torrent de larmes rien qu'à revoir ce soir où il goûta ses lèvres pour la première fois, un baiser qui venait du plus profond de son cœur à elle comme à lui. L'expression d'un "da garan" qu'il ne pourrait lui dire avant encore quelques semaines tant c'était chose difficile de lui prouver son besoin de n'être qu'avec elle.

Et l'erreur, presque fatale de s'égarer ailleurs… « Non Valmont !Tu files un mauvais coton » s'était-il alors dit, juste avant de quitter cette cour de prétendantes à laquelle il manquait son seul soleil : Délicia que jamais il n'avait considérée comme une femme que l'on aime un soir pour la laisser le lendemain. S'en était d'ailleurs terminé avec ces manies depuis qu'il avait croisé son regard et perçu la colère d'une femme que déjà il ne voulait décevoir...

Quand alors survint le soir de leur première nuit, nuit qu'il passa à ses côtés, sans la toucher mais la caressant du regard, veillant sur son sommeil. Elle avait su lui pardonner l'infamie commise et il avait dès lors juré n'avoir que ce besoin d'elle et ce envers et contre tout, à n'importe quel prix. L'homme qu'il avait toujours été, un vil séducteur se retrouvait pour la première fois de son existence séduit, évanoui dans un tourbillon dont il n'avait ni le contrôle ni l'envie de le voir cesser de le tirailler.

Puis l'éveil le lendemain matin, cette lettre passée sous la porte de la chambre quand il se rendit compte qu'elle s'en était allée, missive signée de sa plus fine écriture lui expliquant la nécessité de faire un voyage, s'en aller loin de lui d'une part et répondre de d'un devoir de l'autre.

Chaque jour passait au rythme incessant du ballet du faucon qu'on attend dans le besoin de se lire pour se répondre et cet aveu enfin, celui par lequel il confessa son manque d'elle et qui selon sa plume ne pouvait traduire qu'une chose : l'amour qu'il lui portait, qu'il voulait lui offrir. Alors que son service civil s'effectuait en Breizh elle parcourait l'Anjou, la Touraine où six jours après il la rejoignit.

Ses lèvres, son regard, ce visage qu'il prit dans ses mains, baiser passionné qu'il venait dessiner sur cette bouche regorgeant d'une tendresse réciproque, il devenait homme comblé dans cet instant magique mais cette nuit, après leur dispute, cette image redoublait de signification.

Un murmure qu'il échappa alors « ma choutig... » comme un appel à elle… Seulement, outre le silence rien ne pouvait retentir autour de lui. Des larmes encore qu'il versait, comme pleurant un océan de peine, de désolation. Chaque seconde amenant avec elle cette sensation de trouble alors que défilaient leur route vers la Lorraine, puis celle du retour à Felger, le passage à Reoz, et enfin le chemin jusqu'ici. Si chaque pas qu'il avait fait n'était autre qu'une preuve de son amour pour elle, les autres changements de comportement et les multiples attentions dont il n'avait fait que redoubler pour elle prenaient tout leur sens dans l'idée ou cet homme était plus amoureux qu'il était certain que la terre fut éclairée de l'astre solaire chaque jour.

Un soupire alors, sa main crispée sur lui, il tenta de se redresser, cherchant en vain le moyen de marcher mais ne pouvait tant l'émoi le rongeait, comme paralysé, impuissant et baignant dans l'ivresse cet homme avait perdu plus que ses bases, il ne savait plus ce qu'il était outre un maraud qui encore une fois avait trop blessé. Dans un sommet de colère contre lui même il songea au pire, se donner la mort pour ne plus avoir à souffrir, premier aveu de la faiblesse qu'est la sienne quand alors il s'apaisa revoyant son visage à elle. Seul son sourire savait le rendre heureux, et c’est cette sur cette image qu’il ferma les yeux enfin pour sombrer dans un sommeil forcé, les yeux toujours humides de chaudes larmes.
_________________
Confondus entre rêve et actif, ce que l'on crée se laisse envahir de cette substance qu'on lui donne, la synchronie s'opère et l'on ne sait plus vivre en dehors. Ce "nous" qui unit, un rêve, un songe, une vie bientôt...

Delicia28

[Après la rencontre en taverne]

Après cette deuxième confrontation, elle était rentrée au domaine et avait claqué toutes les portes qui s'étaient trouvées sur son chemin. Elle était en colère! Elle fulminait, elle enrageait! Non ! Il ne regrettait rien ! Il se fichait d'elle qui plus est !

D'un coup de pied rageur, elle envoya voler en tout sens ses lettres restées là par terre. Un ramassis de mensonges! Comment avait-elle pu se tromper à ce point sur lui ? Elle tournait en rond dans la pièce comme un lion en cage en repensant à la scène qui venait de se jouer. C'en était fini! Il se moquait d'elle alors il allait en payer le prix !

Elle referma d'un coup sec une porte de la garde-robe restée ouverte comme si elle refermait le livre de leur si belle histoire... Puis elle se figea et resta un instant comme ça, face à cette porte, les deux mains posées à plat tandis que les images d'eux deux se bousculaient dans sa tête... Belle et intense histoire, heureuse, unique, folle, passionnée, romantique, amusante, débordante de rêves et d'amour, et encore tant de choses...

Cela vint sans prévenir... elle sentit un énorme sanglot monter en elle qui se libéra dans un cri déchirant : NOOOOOOOOOooooooooooooN !

Elle se plia en deux et fut secouée de spasmes tant la douleur l'étreignait...un torrent de chaudes larmes mouillait son visage et ses vêtements... Voilà ce qui s'achevait ici, voici ce qu'elle avait perdu. Elle le savait même si elle n'en comprenait pas la raison... La jeune femme pleura longtemps, recroquevillée sur elle même, jusqu'à s'en rendre malade... Puis à bout de force, les yeux et le nez rougis, le visage brûlant, un mouchoir toujours à la main, elle se leva pour se jeter sur son lit. Encore tremblante, tel un animal blessé, elle se mit en boule et resta ainsi durant de longues heures.

Elle passa la nuit à prier Aristote, à se demander pourquoi il avait agit de la sorte et pourquoi ce soir il n'avait montré aucun signe de remord.
La détestait-il? Son regard était si méprisant... Mais pourquoi? Parce qu'elle l'avait amené ici? Ou en avait-il rencontré une autre? Non, il avait l'air tellement amoureux la veille encore, c'était impensable! Il avait évoqué plusieurs fois son passé de libertin, cela lui manquait-il? Lui en voulait-il de l'avoir fait changer son style vie??? Pfff, elle n'y comprenait rien, vraiment! Lui qui avait juré devant son père de ne jamais la faire souffrir, c'était réussi! Elle ne ferma pas un oeil de la nuit, une fois encore...
_________________
"L'expérience est le nom que chacun donne à ses erreurs" Oscar Wilde

Bloody.guy

[Au petit matin]

Après une nuit bien rude il s'éveilla, toujours cette sensation horrible de pincement au cœur, abattu, comme si la mort resserrait son étreinte sur lui d'une manière plus qu'évidente.

La fait de ne pas avoir eu de nouvelles de son aimée, de la seule qui comptait pour lui le rendait plus fou qu'il ne l'était déjà devenu, c'est d'un pas rapide qu'il se dirigea vers la petite sale de bain afin de se débarbouiller, son visage n'étant pas très agréable à la vue.

Devant le lavabo, il peinait à rester debout, chancelant sur ses jambes. D'une main hésitante il se rasa d'abord, puis nettoya son visage à l'eau claire. La main tremblante du fait qu'il n'avait plus mangé depuis deux jours, les yeux cernés et rougis de larmes versées pour un mal qu'il n'avait que trop répandu il ne se reconnaissait plus.

Sachant bien qu'il avait fait une faute, qu'il était allé trop loin, une seule fois mais la fois de trop, celle qu'il ne fallait pas. Délicia ne pourrait sans doute plus le regarder avec le même éclair de tendresse dans les yeux, elle ne pourrait sans doute plus tolérer de voir cet homme près d'elle et qu'il se dise être son aimé.

Tant de doutes maintenant, tant de questions aussi. Mais il fallait réfléchir avant, il fallait ne pas s'égarer et surtout, cesser de lui tenir ce discours affecte et qu'elle n'avait pas supporté.

Pourquoi avait-il agit de la sorte ? Lui même s'écœurait à ne plus supporter son reflet dans le miroir qu'il brisa rageusement dans un cris de colère contre lui même "puisque je l'ai blessée, puisqu'elle ne veut plus me voir eh bien je n'ai qu'à crever comme ce chien que je suis désormais devenu !" pesta t-il avant d'encore une fois s'effondrer dans un sanglot.

Vraiment, l'homme si fort qu'il avait toujours été n'était plus. Une flamme s'était éteinte ce soir là où elle l'avait sommé de la laisser. Plus aucune fierté il n'avait, plus rien que le dégoût de lui même. Il ne lui restait que deux solutions maintenant, aller vers elle et la supplier ou bien s'en aller, se laisser mourir de désespoir.

Un homme vaillant, juste et bien dans sa tête aurait tôt fait de lui écrire, demander pardon, s'excuser pour ses mots, son attitude aussi. Il le ferait bien lui aussi cela, mais seul lui manquait le courage. Il essuya son visage à l'aide d'un drap avant de retourner vers la chambre, le lit en désordre, rien n'était comme d'habitude, un parfum de changement violent dans l'air et cette idée de ne plus avoir besoin de vivre.

"Non ! Je ne peux pas laisser les choses se faire ainsi, je vais lui écrire... je n'ai de toute manière pas d'autre choix" s'exclama t-il alors qu'il prit place au pupitre sur lequel trônait un vélin et l'encrier comme dans un appel à la raison. De toute évidence, ce seraient des mots difficiles qu'il lui faudrait écrire.

Assis il resta un moment à se demander par quoi commencer sa missive, devait-il la titrer comme d'habitude ? Par ce "ma choutig" qui lui allait si bien ou faire preuve de retenue et la nommer comme tout le monde le fait "Délicia"... traçant la première lettre ce fut pire qu'un déchirement, il n'en aurait pas la force ! pas lui ! C'est alors qu'une nouvelle fois il sombra dans un sanglot sans nom, délibérément abattu, anéanti.

Qu'il est lourd le prix à payer pour ses actions...
_________________
Confondus entre rêve et actif, ce que l'on crée se laisse envahir de cette substance qu'on lui donne, la synchronie s'opère et l'on ne sait plus vivre en dehors. Ce "nous" qui unit, un rêve, un songe, une vie bientôt...

Delicia28

[Une semaine plus tard, au petit jour]

Elle ouvrit les yeux dans un sursaut, se redressa scrutant la chambre d'un air ébahi puis tout lui revint : sa douleur, sa solitude, le silence de Valmont et cette certitude de l'avoir perdu. Elle bondit hors de son lit et s'attabla au petit secrétaire près de la fenêtre. La plume et la feuille de papier avaient été préparés la veille, elle y avait songé longuement, interminablement et toujours elle revenait à la même issue...

Elle prit délicatement l'objet entre ses doigts fins et se mit à tracer de jolies lettres, le coeur serré, les distinguant à peine à travers ses larmes.

Délicia a écrit:

Valmont,

j'ai bien reçu votre message... Depuis je suis sans nouvelles. J'ignore où vous êtes et ce que vous faites. Je suppose donc que c'est ce que vous vouliez et je m'y résigne.

Si notre histoire doit se finir ici, je n'ai qu'une question à vous poser : Pourquoi ???

Pardonnez l'état de ma missive mais mes larmes ne cessent de couler depuis ce soir là... la douleur et l'incompréhension me rongent.

La vie sans votre amour n'a plus de saveur, n'hellan ket bevañ hepdout, ezhomm 'm eus diouzhit...

A la tombée de la nuit, je serai sur la plus haute falaise et je ne serai plus qu'une étoile parmi les autres mais la seule à veiller sur vous éternellement.

Te eo ma muiañ-karet, à jamais...

Délicia

Elle resta là de longues minutes à contempler son oeuvre funèbre puis plia enfin la missive avant de la glisser dans une enveloppe sur laquelle elle déposa un baiser.

[Montagne Sainte Victoire]

[img=http://img15.imageshack.us/img15/610/aixenprovencedscn5389.jpg]

Elle avait erré toute la journée dans la garrigue profitant du soleil brûlant. Elle avait longuement marché et inlassablement s'était dirigée vers ce sommet qu'elle apercevait au loin : la Montagne Sainte Victoire.

Elle avait confié la missive pour Valmont à un coursier sans attendre vraiment de réponse. De toute façon si on la cherchait, nul ne penserait à la chercher si loin...

Elle se tenait seule sur le sommet de la falaise, face au vide, à quelques pas du bord. Sa cape noire voletant au vent, le regard éteint en contemplation devant le paysage, les joues trempées de larmes, perdue dans ses pensées.

Autour de son cou, le collier et le foulard qu'il lui avait offert un soir. Elle sourit en repensant à ces deux fois où elle fut émue aux larmes de ces gages d'amour qu'il lui offrait. Un amour pur et intense qu'ils avaient partagés.

Elle était là, toujours droite face à ce paysage d'une beauté à couper le souffle. Délicia observait à l'horizon le soleil teinter le ciel d'un magnifique dégradé d'orangés, et se mit à sangloter de plus belle en pensant à sa vie qui s'éteignait ce soir comme cet astre de feu.

Son visage se mua en une grimace de douleur alors qu'elle pensait *sans lui... à quoi bon....?* La jeune bretonne repensait à son passé et à ces hommes qui l'aimèrent certes, mais jamais avec l'intensité que "lui" pouvait avoir, aucun n'ayant jamais éveillé en elle le dixième de ce que Valmont lui avait inspiré... Un amour fou à en perdre la raison...un amour sans lequel on perd la raison... et c'était précisément ce qu'elle était en train de faire ce soir du haut de cette falaise...
_________________
"L'expérience est le nom que chacun donne à ses erreurs" Oscar Wilde

Bloody.guy

[Une semaine plus tard]

Une longue semaine avait passé depuis leur dispute, depuis sa bêtise. Une semaine de larmes, de pensées plus sombres les unes que les autres, cette fois tout était bel et bien terminé.

Il avait tenté de lui écrire, cherché des mots assez forts pour laver l'affront qu'il lui avait fait de lui parler de la sorte mais rien n'avait pu sortir, aucune autre fleur ne pourrait plus éclore de sa plume et être assez belle que pour voiler la perfidie de ses propos qu'il regrettait désormais.

On ne regrette que lorsqu'il est trop tard, il le sait et le vit depuis plusieurs jours. Il n'avait jamais auparavant pleuré pour une femme et encore moins pour une faute venant de sa part. Toutes ses précédentes conquêtes avaient pris fin sur le même refrain, la même attitude mais avec Délicia tout avait été tellement différent depuis le début.

Il savait que si cette femme de sa vie partait loin de lui, c'était plus que son âme qui en serait souffrante, ce serait un si grand vide dans ses jours, ne parlons pas de ses nuits. Il savait que son souffle lui venait d'elle, que l'envie de se lever le matin n'avait de raison que pour gouter ses lèvres au gout mielleux et le besoin de s'aliter le soir n'avait de sens que quand il la sentait se lover dans ses bras.

Ce matin là la journée s'annonçait comme les autres, un jour ou se raser serait une horreur de découvrir les traits de dépit sur son visage, un jour ou prendre le déjeuner serait impossible tant l'appétit lui manquait. Un jour ou marcher serait synonyme de la chercher ELLE ! Bref un jour dans lequel plus rien ne va si ce n'est que pour renforcer la certitude qu'on a qu'il n'est plus de raison à vivre vu qu'on a tout perdu.

Puis on toqua à la porte, c'était un valet chargé de porter une lettre. Il se leva et alla ouvrir la porte, sans un sourire ni même un mot prit possession du plis et oublia de dédommager son homme qui le lui rappela en restant piqué net tel un piquet devant lui.

Enfin assis sur le lit il ouvrit le plis et en prit connaissance. Elle n'avait pas de nouvelles, s'inquiétait et n'en pouvait plus de vivre de la sorte. Elle serait là au soir, sur cette montagne pour se précipiter dans le vide au douzième coup de minuit.

Sa respiration se stoppa, pas même ce mot d'amour qu'elle avait écrit et qu'il pouvait lire ne parvint à éviter un sanglot de sa part. A nouveau l'homme fort se recroquevilla sur lui même abandonné à la complainte larmoyante qui était la sienne depuis maintenant sept jours.

Dieu créa le monde en ce même laps de temps ! Il m'en faudra moins pour sauver notre amour ! s'écria t-il ensuite avant de revêtir ses noirs braies, une chemise et sa cape couleur des ténèbres afin de directement faire route jusqu'à elle...

[Montagne Sainte Victoire]

Après avoir marché dans le village, les prés, les ruelles, et les environs il atteignit ce fameux mont duquel elle n'aurait jamais pu recevoir la réponse que malgré tout il adressa à sa lettre. Ce serait alors avec son cœur qu'il conviendrait de parler une fois encore, peut être la dernière car lui aussi avait juré en signant qu'il la suivrait dans ce vide si elle s'y précipitait !

Arrivé au sommet il la regarda, là bas, sur le rebord posée. Tellement triste et si belle pourtant... Elle portait ce collier et le foulard qu'il lui avait offert en plus de sa cape noire flottant dans le vent. Lui n'osa pas avancer tout de suite, il n'osa pas parler trop vite ne voulant pas l'effrayer, ne voulant rien risquer non plus.

A ce moment même, deux attitudes se partageaient son esprit, se ruer sur elle et l'attirer loin du danger, ou bien rester et attendre qu'elle veuille bien d'elle se reculer et lui parler.

A ce moment même, c'était toute leur histoire qui défilait tel un ballet devant ses yeux perlés de larmes. Il rompit enfin le silence osant la nommer... "délicia ?" puis attendit qu'elle veuille bien lui répondre...

C'était certain cette fois, la rancœur et la peine avait serré son étau sur eux, seul l'amour devrait triompher mais comment u parviendrait - il à lui rendre cette paix qu'il avait su depuis le début de leur histoire lui inspirer ? Comment encore lui faire croire en lui et en ce qu'il peut lui apporter ? Et plus que tout, lui pardonnerait - elle ?
_________________
Confondus entre rêve et actif, ce que l'on crée se laisse envahir de cette substance qu'on lui donne, la synchronie s'opère et l'on ne sait plus vivre en dehors. Ce "nous" qui unit, un rêve, un songe, une vie bientôt...

Delicia28

Délicia?

Cette voix elle l'aurait reconnue entre mille, la seule à lui faire chavirer le coeur de la sorte, à lui donner mal au ventre à l'idée de ne plus l'entendre, la seule pour qui elle aurait donné son âme et sa vie... Elle se figea, le Coeur battant sans se retourner... il était donc venu...!

La voix ténébreuse et douce se fit encore entendre, le ton inhabituel de sa voix trahissait une lueur de peur qu'elle devinait avec étonnement.

Je sais que vous ne voulez plus me voir et que vous ne voulez plus de moi... mais je tiens à vous dire que ce serait une erreur de vous précipiter dans le vide de la sorte... parce que sans vous, je n'ai aucune raison d'être... et ma seule alternative serait de faire de même, vous rejoignant dans l'au delà... alors de grâce ne vous jetez pas !

Vous n'avez aucune raison d'être.... balbutia-t-elle hébétée.

Aucune raison de vivre sans vous...

La jeune femme se retourna et lui fit face, laissant découvrir son visage pâle, traits tirés, yeux rougis, joues trempées, les cheveux au vent. Elle n'était plus que l'ombre de la jeune femme pétillante et malicieuse qui était arrivée à Aix au bras de son tendre.

Valmont la regarda, face à face. Son visage marqué par la souffrance d'un homme qui sait aimer à ce point... amaigri, ses vêtements devenus un peu trop flottants, chancelant sur ses jambes, faible physiquement et faible de n'avoir pas eu si longtemps auprès de lui cette femme tant aimée.

Délicia le regarda fixement, les yeux s'emplissant de larmes :

Alors pourquoi? Pourquoi...????

Elle prit une grande inspiration avant d'achever sa phrase:

Pourquoi me faire tant de mal... Elle laissa échapper un sanglot. Pourquoi cette méchanceté?

Je n'étais plus moi même, je ne savais plus ce que je faisais, ce que je disais...

Vous n'avez montré aucun signe de remords! souffla-t-elle sur un ton de reproche.
Voilà des jours que je suis sans nouvelles de vous !!!

Je n'ai aucune excuse...

Délicia pleurait en le regardant un peu perdue...puis ajouta d'un ton grave et déterminé :

Moi aussi vous savez que je ne suis rien sans vous et là j'ai mal de penser que je vous ai perdu sans avoir commis aucune faute...

Sa voix se brisa et elle fit un pas en arrière s'approchant dangereusement du vide, ses yeux pleuraient toujours mais elle ne sentait rien d'autre que cette douleur dans le coeur qui la tenaillait quand elle le regardait. Elle l'aimait, bon dieu comme elle l'aimait !

Soudain l'expression de Valmont changea en la voyant se rapprocher du bord, il parlait plus vite, il semblait peu sûr de lui...fait incroyablement rare.

J'ai laissé un mot à votre tante et vous n'avez donné aucune suite...

Ce mot...comment penser qu'il était plus sincère que ces excuses forcées en taverne?

Voyez vous que je sois sorti ? non. Je ne pensais qu'à la fin! Je ne pensais qu'à la fin de nous, vous imaginant ne plus vouloir de moi après ce que JE vous ai fait subir, oui MOI ce monstre que je suis!!!

Doutez vous encore en voyant mon état ? Ce dans quoi je me suis moi même mis faute de ne pas avoir de nouvelles de vous avant cette lettre de menace de suicide ?

La belle le regarda à travers ses larmes...ses lèvres comme scellées ne pouvaient plus prononcer aucun mot. C'était comme si elle n'entendait pas les paroles de Valmont qui continuait à parler. Seul le vide l'attirait et cette envie de ne plus souffrir de la sorte. C'était trop dur à endurer. Elle vascilla légèrement et il se mit à parler plus fort ce qui eu pour effet que quelques mots lui parvinrent...

Si je ne tenais pas à vous aurais tenté un mot alors que je n'étais pas même capable de vous écrire ? Je ne crois pas!
Et si je ne tenais pas à vous, croyez vous que je serais accouru jusqu'ici où je vous ai trouvée ? Vraiment pas ! Mais je suis là ! Avec ou sans vous je redescendrai, avec vous je vivrai mais sans vous c'est d'ici que je sauterai !

La jeune bretonne réfléchit lentement et remit tout en ordre dans sa tête, commençant à percuter ce qu'il racontait...puis elle réagit enfin et sursauta :

Je ne veux pas que vous sautiez...

Vous croyez que je n'ai aucun remord ? Vous croyez que j'ai ri longtemps ? eh bien vous vous trompez... les larmes m'ont éreinté des jours, des nuits durant, je ne mangeais plus tellement j'avais la rage contre moi même, je ne faisais que chercher l'oubli de ma bêtise au fond d'une bouteille et cela a tout fait sauf une chose ! Empêcher de sans cesse penser à vous ! Combien ai-je voulu souffrir dans ma vie et combien l'ai-je regretté la seule fois ou c'était pour vous que je souffrais !
Parce que vous n'avez pas idée de ce que c'est que de perdre une partie de soi !

Elle se mit à pleurer de plus belle : Si je le sais!

Perdre sa raison d'être, ce souffle qui nous gratifie de la vie, cette lueur dans le regard qui fait que l'on soit pour une seule fois un homme capable d'aimer une femme

Je le sais....

Alors vous savez comment j'ai souffert et pourquoi ce soir je suis là...

J'ai tout perdu le jour où j'ai cru vous avoir perdu car sans vous je ne suis plus rien Valmont je vous aime plus que ma propre vie !

Délicia fit alors un pas vers lui...un tout petit pas mais un pas vers la vie...
_________________
"L'expérience est le nom que chacun donne à ses erreurs" Oscar Wilde

Delicia28

Le LJD Valmont ayant décidé d'arrêter je continuerais seule à narrer les événements tels qu'ils se sont déroulés par respect pour ceux qui ont commencé à lire et pour le plaisir d'écrire

Lorsqu'elle approcha il lui demanda vivement :

Alors pourquoi ne rien avoir fait suite au mot que je vous ai adressé ? ! Nous n'en serions pas là à pleurer si vous aviez donné suite à mon appel...

En baissant la tête, elle répondit dans un murmure audible pour lui seul : Je vous en voulais tellement ...

Soudain il se jeta à genoux à ses pieds et Del se figea, stupéfaite par cet acte dont jamais elle ne l'aurait cru capable, son coeur martelant sa poitrine elle le regarda.

Oui, regardez moi ma belle amie ! Je suis là à prier devant vous ! Jamais je ne l'ai fait et ne pensais un jour avoir à le faire ! Hélas, l'idée de vous perdre c'est perdre plus que ce qu'on a ! Et celà je ne saurais le supporter ! Je vous ai fait mal et j'en souffre et quand bien même des siècles passeraient, j'en souffrirai toujours ! Parce qu'une seule fois j'ai omis au serment de ma vie !

La jeune femme émue aux larmes se jeta à genoux à son tour pour fondre dans ses bras et le serrer à presque l'étouffer...

Oh mon amour....

Quel monstre ai--je été ? Ai-je encore droit de vivre après ce que je vous ai fait ? Et pourquoi me relever quand je suis abattu du seul fait de vous perdre ? Ma choutig... le jour ou je vous ai blessé c'était mon âme que je vendais au diable ! Parce que perdre votre amour ou fut-ce une seule partie de vous c'est estre damné de ce monde !

Délicia pleura dans ses bras et l'étreignit comme jamais tout comme il le faisait lui-même. Il lui avoua d'une voix rauque crispée par l'émotion:

Jamais je ne demanderai assez pardon et il n'est pas assez de jours dans une vie pour me faire pardonner de ce que je vous ai fait...
Cette semaine horrible n'a été qu'une suite de maux pires les uns que les autres, et les nuits n'avaient aucune arôme, aucun goût autre que celui de la peine, celui du vide. Sans vous je ne suis résolument plus rien ma choutig.

Valmont, je vous pardonne tout car je vous aime ...
_________________
"L'expérience est le nom que chacun donne à ses erreurs" Oscar Wilde

N'hellan ket bevañ hepdout ma choutig...

Bloody.guy

Titre traduit en français : "Je ne peux vivre sans toi ma chérie". A écouter pendant la lecture : http://www.youtube.com/watch?v=5qnA4bEmVPE

Delicia28

Bloody.guy

Delicia28

Valmont a écrit:

Bloody.guy

Delicia28

Bloody.guy

Delicia28

Délicia a écrit:

Bloody.guy

Delicia28

Le LJD Valmont ayant décidé d'arrêter je continuerais seule à narrer les événements tels qu'ils se sont déroulés par respect pour ceux qui ont commencé à lire et pour le plaisir d'écrire

Support us

[RP] N'hellan ket bevañ hepdout ma choutig...