[RP] Plus tard ... tu seras Princesse ma fille ... (fin)

Sarlat était maintenant loin ...

Partis du domaine de Genté, ils avaient chevauché à vive allure vers le nord. Une première halte à Tulle ne laissera pas un souvenir éternel dans leurs mémoires, pas plus que leur rapide passage à Limoges.

Le trajet pourtant verra leur relation à Eloa se transformer : une Lucky qui se détache de la petite à mesure que celle-ci se rapproche d'elle, un pèlerin qui malgré un certain agacement tente de maintenir le lien ...

Peine perdue, c'est au cours d'une halte en rase campagne, sur un noeud entre Gueret et Bourganeuf que les choses dégénèreront.

Un petit écart de conduite de la petite, qui comme à l'accoutumée en fait un caprice, et le pèlerin, agacé, cette fois laissera partir sa main ... La gifle claque. Lucky, non loin s'approche, la main qui la démangeait depuis quelques temps se lève à revers, s'abat sur l'autre joue. La correction sera sans appel, et la petite finira sans manger, recroquevillée au coin du feu.

Afin de soigner la petite, ils devront faire demi-tour jusqu'à Bourganeuf. Le retard de plusieurs jours que cela occasionnera achèvera la patience des amants, et, sans remords aucun, ils finiront par repartir vers le nord, seuls, abandonnant la petite à son sort d'enfant abandonnée ...
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La perspective de la mort est la plus sûre raison de savourer chaque instant de la vie. L'amour en est la plus folle.

[ A Bourganeuf]

Pendant ce temps Gladriel attend. Elle attend qu’on réponde à sa missive. Elle attend la réponse d’un père adoptif qui a oublié sa fille. Oublié ? Comment un homme peut il oublier son enfant ?

Elle l’avait pris dans ses bras, la petite, elle lui avait promis d’écrire à son père pour qu’il revienne la chercher… mais elle ne s’était pas fait d’illusion…pourtant elle attend quand même.

Elle attend, la petite qui compte sur elle, pour le faire revenir … lui qui l'a oublier? Elle avait compris Gladriel, elle le sait... il ne reviendra pas.
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Enfin seuls.

De longues semaines qu'ils ne pouvaient se retrouver en tête à tête sans devoir penser à la petite, penser à ses élucubrations en taverne, penser à ses envies, ses caprices de gamine, penser à l'occuper, jour après jour, lui tenir compagnie, s'occuper d'elle.

Bien sûr, la tendresse dont il faisait preuve avec elle n'était pas feinte, mais il s'est lassé, il s'est lassé d'une petite qui n'a pas su grandir aussi vite qu'il le voulait. Pour lui, c'est une déjà femme qu'il aurait voulu adopter, une femme qu'il aurait pu modeler à la convenance de sa mère, qui puisse servir ses projets d'envergure.

Elle n'était pas cela, elle n'était pas une autre Lucky, ce n'était qu'une enfant.

Pourtant le caractère, elle l'avait, cette aptitude à se jouer de son monde, pour en obtenir ce qu'elle voulait ... A peine avait-elle été abandonnée qu'elle s'était trouvé dans la journée une nounou d'occasion, une nounou qui tentait déjà de lui ramener ses parents.

Une missive, un pigeon ... que croyait-elle la gueuse avec ses mots offusqués. Peut-être se croyait-elle suffisamment assise dans la société pour se permettre un jugement, le jugement de ces nobliaux adoubés par leurs pairs à force de connivence et de mots doux.

Ou bien était-ce encore une gueuse de la pire espèce, de celles qui se satisfont de leur petite vie tranquille ... Il les connaissait bien celles là, celles-là même qui n'ont su se battre pour récupérer Eloa il y a si peu de temps.

Eux, fusionnés à jamais dans un couple se jouant des uns comme des autres, ont abandonné Eloa, eux ont le courage d'affronter leurs sentiments disparus pour la petite fille. Sans mots tendres qui font pleurer dans les chaumières le soir avant d'éteindre la bougie, sans amertume non plus, de celle de s'en vouloir d'avoir abandonné la pauauauvre petite fille toute seule.

Au moins comme ça, elle saura. Elle saura ce qu'est la vie, elle saura souffrir, elle saura rendre son cœur dur comme la pierre, et plus tard, oui plus tard, saura faire ce qu'il faut pour arriver à ce qu'elle veut, oui ...

Plus tard tu seras Princesse ma fille, plus tard ...

Mais déjà, commence par grandir.
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La perspective de la mort est la plus sûre raison de savourer chaque instant de la vie. L'amour en est la plus folle.

La gueuse, elle savoure sa vie tranquillement tourmenté. Tranquille, parce qu'elle a enfin trouvé un sens à sa vie. Tourmenté, parce que les démons d'un passé tortueux ne cesse jamais de la hanté.

La gueuse, la souffrance, elle l'a connu. Gravé dans sa chair et dans sa tête, elle l'a subi sans rechigné... malheureusement pour elle. De la douleur? Elle en a bouffer pour en arriver là. Et enfin la gueuse a réussit à ne plus l'être.

Se battre? La vie est un combat dont elle en a fait souvent d'amers expérience, mais jamais elle ne s'est battu en écrasant les autres et pourtant, elle a réussi là où elle le voulait. Dieu sait qu'elle ne cherche pas à être noble!

Et ses enfants elle les élève pour qu'il soit fort, pour qu'il ne subisse pas l'existence qu'elle leur a offert, mais apprendre à vivre ne demande pas forcément de souffrir... mais de comprendre.

La plus gueuse, elle a souffert et comprit, elle a aussi comprit sans souffrir. Elle a comprit que l'être humain, pour acquérir ce qu'il veut, n'aura aucun remord à faire souffrir, tant que ses envies à lui seront satisfaite. Et il veut toujours plus, car il n'est jamais content et il n'arrive jamais à atteindre ces objectifs.

De l'ambition, elle en a la Gladriel, mais elle sait l'utilisé.

Grandit, petite, Grandit! Mais comme je le dis moi-même à mes enfants, s'il y a un exemple à prendre, ce n'est surement pas celui de ses parents...
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