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[RP] Renaissance forcée.

Felina
« Je t’apprendrai à faire de cette main blessée un atout … Fais moi confiance. »

Des jours, des semaines qu’elle se remémore ces quelques mots, inlassablement.
Des jours, des semaines qu’elle ne pense plus qu’à cela.
Des jours, des semaines qu’elle ne survit que dans ce but : renaître.

La Bourgogne et ses tourments sont désormais loin derrière, la Zoko presqu’au complet a regagné son camp de base : Saumur. Les habitudes ont lentement repris, mais la Féline n’a plus qu’une idée, qui tourne à l’obsession, et ce depuis son départ de Joinville.
Alors elle est là, dans la cour d’entraînement de la forteresse … Adossée contre le mur, le visage relevé vers le ciel alors que le soleil se lève à peine, caressant de ses pâles rayons les noires murailles de l’enceinte.

Attente …

Elle l’attend oui. Lui en qui elle place tant d’espoir, son « maître » selon les grades en usage dans la compagnie, mais pas seulement. Celui en qui elle croît, celui entre les mains de qui elle place de nouveau son destin. Celui qui doit lui apprendre à se battre. Va-t-il seulement venir ? Aura-t-il oublié ? Le doute subsiste, malgré la confiance qu’elle a placé en lui, prête à le suivre jusqu’en Enfer s’il lui demandait.

Espoir …

Elle a changé, tant mentalement que physiquement. Le corps est plus malingre, et les formes féminines moins rondes qu’il y a quelques mois, résultat d’un séjour forcé en prison. Le visage est marqué, des fines ridules aux coins des yeux et des cernes creusant son regard, témoignages indélébiles des épreuves affrontées. Une cicatrice à peine visible sur la joue et descendant vers la gorge, qui fait échos à quelques autres, invisibles sous le corsage noir et le jupon blanc. Machinalement elle porte sa main à son épaule, pouvant ressentir sous la finesse du tissu le B infamant incrusté dans sa chair, la brûlure commençant à peine à cicatriser.

Vengeance …

Elle craignait la mort, maintenant qu’elle l’a affrontée les yeux dans les yeux, elle sait qu’elle passera sa vie à danser avec elle, et peu importe qui l’emportera sur l’autre, elle acceptera la fin comme une délivrance.
Dans sa main valide, un vélin froissé et usé. Le visage se baisse et son regard se pose pour la énième fois sur une esquisse au fusain, la représentant de trois quarts alors qu’elle s’apprête à lancer une dague, souvenir d’une leçon dans une forêt béarnaise. Le regard se fait plus froid, le corps se crispe alors que les doigts se referment avec force sur le morceau de parchemin, le froissant jusqu’à n’en faire qu’une boule qu’elle lance avec rage vers le mur qui lui fait face.

Colère …

Toute sa détermination et son envie de réussir ne pourront rien faire face à l’inéluctable vérité, elle n’a désormais plus qu’une seule main, et bien long sera le chemin pour retrouver l’habileté et la précision dont elle était si fière, redevenir « la Dagueuse ». Elle le sait, et elle est prête à affronter les épreuves qui ne manqueront pas de lui barrer la route. Les iris noirs, dans lesquels brûle une flamme qui ne les a plus quittés depuis la Bourgogne, sinuent lentement vers l’autre main, le membre fantôme comme elle le nomme. Gauchement, elle entame, et ce pour la première fois depuis des semaines, d’ôter le foulard crasseux qui dissimule les doigts brisés et définitivement immobiles.

Courage …

Elle a besoin de voir, d’affronter l’ampleur du désastre. La peau est très pâle, les phalanges ont gardé cette teinte bleu noir qu’elle avait pu constater quelques jours après que le Bourreau lui est broyé la main. Les cinq doigts sont collés les uns autres, comme ne formant plus qu’un seul. Seul le pouce peut encore bouger très légèrement, non sans faire grimacer la Rastignac de douleur. Comme pour conjurer le sort, elle tente, en vain, de faire se mouvoir les doigts qui ne répondent plus, alors que sa main valide glisse jusqu’à l’anneau encore présent sur l’annulaire droit. Étonnamment le bourrel ne le lui a pas enlevé. Les doigts en redessinent chaque contour, effleurant à peine le serpent qui l’ornemente avant de s’en saisir et de la lui ôter d’un geste rapide, accompagné d’un rictus de douleur. La bague est alors portée devant son visage, et la Féline s’abandonne un long moment à sa contemplation, un léger sourire au coin des lèvres. Étrange comme ce simple bijou peut tant représenter à ses yeux.

Avenir…

Enfin elle passe l’anneau à sa main gauche, cette main si malhabile et imprécise. Il va pourtant lui falloir apprendre le maniement des épées et autres lames de cette main là, plus guère d’autre choix. Fini le temps de l'insouciance et de la légèreté. Une page se tourne, ne reste plus désormais qu’à remplir la suivante; encore vierge et immaculée.

Renaîssance …


Ne manque plus lui et le bal pourra commencer. Entre et dans avec moi El Diablo … Laisse moi apprendre avec toi, apprendre de toi et entrer pour de bon dans ton Royaume.

Murmure à peine audible, auquel seul le silence de la courette fait écho.
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La Liberté existe, il suffit d'en payer le prix.
Eikorc
Une routine qui avait repris… De nouvelles coutures, des nouvelles marques, et pourtant rien de changé… Ou presque. Un retour en Anjou, un colosse faisant mine de rien… Personne ne lui a reparlé de l’attaque du geôlier, personne n’a cherché à savoir si quelque chose avait changé… Et heureusement.
Un effort peu conséquent pour masquer sa folie, chercher à faire comme si de rien était… Comme si sa rage n’existait pas, comme si son envie de tuer exacerbée n’était rien… El Diablo plongé entièrement dans son domaine, les enfers consumant son être et son esprit à petit feu. Esprit de plus en plus pervers, de plus en plus sadique qui fait germer des idées… Comme pour cette féline qui ne voulait plus que mourir.

Les bottes claquent sur le sol glacé de sa forteresse. Ombre parmi les ombres dans ce long corridor où seule quelques flammèches orangées apportent de la lumière, léchant les ombres qui s’écartent face à leur halo… Flamme vacillante face au courant d’air que sa carcasse démesurée entraîne, cliquettement presque agressif des semelles métalliques contre la pierre comme celui de ses lames sur le cuir.
Les courriers ont été envoyé… Les contacts pris pour les prochaines missions comme pour la surprise qu’il réserve à son apprentie. Des mots balancés comme si de rien était en taverne, pour lui faire reprendre de la bête… Au moment même où l’image s’imposait à son esprit. Sourire qui vient flotter sur les lèvres du de Nerra qui traverse sa demeure en imaginant à nouveau la jeune femme brune avec sa future arme… Etincelle qui s’allume au fond des prunelles glaciales, chaque faiblesse peut devenir une arme redoutable…

Mais avant de la former à devenir une nouvelle arme… Avant de la faire devenir plus dangereuse qu’elle ne l’est… Il faut qu’elle sache utilise une lame. Soupire qui s’échappe alors qu’il se dirige vers la cour d’entrainement, là où ils passeront énormément de temps dans les jours qui viennent…
Au fur et à mesure qu’il s’approche, l’allure ralentit, les portes ne claquent plus et s’ouvrent discrètement… Sourire qu’il se force à effacer, pour se concentrer. L’entraînement n’est pas son fort… Il essaie par tout les moyens de donner les mêmes enseignements qu’il a reçu, mais sa carcasse et sa puissance font qu’ils sont souvent très dangereux…

Devant ses yeux viennent voleter les souvenirs d’enfance… Devant lui se dresse à nouveau l’homme trapu au cou de taureau et à la longue chevelure blanche qui l’avait mené sur le terrain d’entraînement… Perdu dans ses pensées, dans les souvenirs des reflexes que son mentor lui a inculqué, le colosse ouvre la dernière porte qui le sépare de son apprentie.
Regard métallique qui vient glisser sur le sable fin qui crisse sous ses bottes… Il avance pas à pas, ses doigts tapotant sur la garde de sa lame, tirant sur la cicatrice qui recouvre le dos de sa main gauche… Lentement il redresse le visage, inspirant profondément en se dressant de toute sa hauteur ; et son regard de venir se plonger dans les onyx qui lui font face.


« L’heure est venue, félina.
Je t’ai promis de t’apprendre à te battre avec les armes que tu ne connais pas…
Je t’ai dis que tu sauras ne rien lâcher, toujours te relever malgré les coups durs… »


L’azur est dur, froid, alors que sa voix est distante… Les muscles se contractent doucement alors que les différentes douleurs qui traversent son corps viennent faire palpiter au fond de lui les élans de folie… Clignement de paupière avant qu’il n’envoie sa main gauche se refermer sur la dextre de son apprentie… Foulard qui vient trouver le sol, dévoilant la chair brûlée alors que ses doigts pressent durement les doigts brisés… Et sans faire attention à la réaction, il reprend d’une voix puissante.

« J’t’apprendrais à réutiliser cette main qui te fait souffrir… Mais tu devras commencer par apprendre à supporter la douleur sans fléchir. »

Pression qui se fait plus forte sur la main blessée alors que le colosse détourne le regard de la jeune femme, retirant sa main pour venir saisir la lame glissée dans son dos, à la place de sa hache… La laissant tomber pointe en avant entre leurs jambes pour qu’elle se plante dans le sable au moment où sa dextre vient libérer son arme à lui dans un crissement de métal.

« Deuxième leçon… Manier la lame…
Et pour ce faire... Il faut commencer par parer... »


Nouveau pas en arrière, la lame siffle dans l’air alors que le poignet droit fait des moulinets, échauffant l'articulation… La lame passe d’une main à l’autre, chaque choc de la garde dans la paume de sa main gauche arrachant un frisson de douleur au colosse dont le regard se durcit ; Les mâchoires se crispant spasmodiquement pour empêcher la rage qui vit au creux de son ventre d’enflammer tout son être… Dès qu’elle s’emparera de l’arme, il attaquera…
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"Pour toujours... Et à jamais."
Felina
Ses yeux sombres rivés sur cette bague, qu’elle porte désormais à l’annulaire gauche, comme elle pourrait porter une alliance, la Féline ne voit, pas plus qu’elle n’entend son maître d’arme entrer dans la courette, et ce n’est que lorsqu’une ombre imposante vient lui masquer le soleil qu’elle relève le visage pour croiser le regard de celui dont elle reconnaît la silhouette immédiatement.

Pas un sourire ne vient éclairer son visage fermé, mais une étincelle s’allume dans ses prunelles ébènes lorsqu’elles croisent le regard métallique du colosse. Elle se souvient alors comment, lors de leurs toutes premières rencontre, la Rastignac était bien incapable de soutenir la force inouïe et inexplicable de ce regard. Mais la mercenaire a murit, et évolué au contact de ses compagnons d’aventure, et désormais, bien que toujours impressionnée par le magnétisme qui se dégage de ces deux billes azurées posées sur elle, elle parvient, au prix d’un gros effort, à les soutenir sans ciller.

Pourtant, en cet instant, ce qu’elle lit dans ce regard est bien différent de tout ce qu’elle y a toujours vu, et à la seconde où leurs yeux se croisent, elle sursaute malgré elle, étouffant un hoquet de stupeur, alors qu’une image s’impose violemment à son esprit. Elle le revoit, là bas, dans les jardins de Varennes. Elle ne le connaît pas encore, et vient à peine de le croiser dans les couloirs du domaine alors qu’il fonce tête baissée vers le rez-de-chaussée. Il lui fait face, il vient de frapper une femme aux cheveux couleur de feu au visage et la Féline est entre eux, tentant vainement de protéger de son corps la rouquine à terre. comme paralysée, incapable de faire le moindre mouvement. Une tornade blonde vient de s’interposer, et il s’apprête à la balancer telle une poupée de chiffon dans sa direction. Là, l’espace d’une courte seconde qu’elle n’oubliera jamais, elle croise son regard pour la toute première fois de sa vie : un regard si effrayant : presque inhumain, un mélange entre celui d’une bête blessée et celui du diable personnifié, l’expression de la folie pure.

Elle réalise alors, le souffle soudain coupé que c’est ce regard là qu’elle a devant elle, et à cette seconde là, elle n’est plus bien sûre de vouloir affronter l’homme qui se dresse devant elle. Jamais elle n’avait encore réalisé que la Bourgogne l’avait tant marqué lui aussi. Un instant, une ombre de regret passe dans les onyx. Jamais elle n’a pris le temps de l’écouter depuis leur retour … trop centrée sur elle-même, , sur ses petits malheurs, monstre d’égoïsme incapable de se préoccuper des autres.

Un frisson qui la parcourt de part en part lorsqu’il prend la parole, d’un ton froid et dur … tellement distant, tellement différent, sa voix la tirant de ses sombres pensées. Frisson qui s’intensifie encore, alors qu’il vient se saisir de sa main. Le regard glisse alors, et tombe sur la brûlure qui orne la large paluche du de Nerra, mais à peine a-t-elle le temps de s’interroger sur l’origine de cette immonde plaie, que ses doigts se font enserrer sous la poigne de fer du colosse, la faisant grimacer de douleur et pousser un gémissement qu’elle ne peut retenir.

Elle redresse alors lentement le visage vers lui, plongeant de nouveau son regard dans le sien, alors que dans ses prunelles se mêlent une lueur d’incompréhension et de douleur. Retenant à grand peine les sanglots qui prennent soudain naissance sous ses paupières, la Féline serre les dents pour soutenir tant bien que mal la sourde douleur qui s’empare d’elle, alors que le sang semble abandonner rapidement toute sa main et les muscles de son bras. Ne pas fléchir, tenir coûte que coûte, pour ne pas décevoir une fois de plus ce diable d’homme, qui ne semble plus guère avoir une once d’humanité. Respiration plus difficile, rythme cardiaque qui s’accélère, et finalement, un soupir lorsqu’enfin il se décide à la lâcher, laissant sur sa main meurtrie la trace de son passage, sous la forme de larges marques rouges.

Apprendre à supporter la douleur … si seulement cela pouvait être possible. A l’écouter cela semblait si facile, pourtant, il vient de lui faire un mal de chien, et il lui a fallu toute sa fierté et sa détermination pour ne pas hurler, alors qu’il n’a fait que lui enserrer ses doigts brisés. Elle ne peut oublier qu’elle n’a pas su résister dans les geôles de Bourgogne, se laissant sombrer dans l’inconscience après que le bourel lui ai brisé un à un les doigts, puis marqué l’épaule au fer rouge. Son poing valide se crispe soudainement à ce souvenir alors qu’une lame vient se ficher entre ses jambes et que le colosse se saisit de son épée.

L’heure ne semble plus être à finasser, et Eikorc semble pressé d’en découdre. Grimace qui s’affiche malgré elle sur le visage de la Féline : les prochaines minutes promettent de ne guère être réjouissantes. Jamais elle n’a su se servir d’une épée alors qu’elle disposait de ses deux mains, alors à la simple idée d’en user de sa seule main gauche, le découragement s’empare d’elle. Mais hors de question de lui montrer ses doutes, plutôt crever ! S’il doit l’entraîner, alors autant commencer tout de suite et entrer directement dans le vif du sujet.

Oubliant comme elle le peut la douleur lancinante qui semble ne plus vouloir quitter sa dextre, la sauvageonne se saisit rapidement de l’épée qu’il lui a lancé, et recule aussitôt d’un pas alors qu’elle assure comme elle peut sa prise maladroite sur la garde de l’arme. Dieu qu’elle est lourde … voilà qui change du poids des dagues qu’elle lançait avec une telle facilité. Elle maudit la faiblesse de ce bras gauche sur qui pèse déjà le poids de cette épée, alors même que le combat n’a pas commencé, mais son visage reste le plus impassible possible. Ne surtout rien laisser transparaître de ses craintes et de ses doutes quand à la réussite de cette première passe d’armes.


A nous deux donc … Chef …

La voix est calme, posée, et dissimule presque parfaitement la tempête de sentiments qui l’assaille en cet instant. Elle commence à devenir forte à ce petit jeu là … Ne plus rien dévoiler de ce qu’elle pense, et garder cette impassibilité apparente.
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La Liberté existe, il suffit d'en payer le prix.
Eikorc
Quelques secondes filent alors qu’une légère brise se lève… Douceur qui vient glisser sur le corps puissant du de Nerra qui fixe son apprentie sans ciller, continuant à échauffer ses mains puissantes. La première leçon semble porter ses fruits, le regard qu’elle lui lance est presque aussi froid et dur que le sien…
Peut-elle deviner que derrière la barrière métallique de ses yeux, son être est perclus de douleur ? Peut-elle imaginer la souffrance qui traverse sa main, ses doigts, son bras, à chaque geste qu’il fait ? Non… Bien sûr que non. Comme personne ne sait à quel point sa nuque le fait souffrir, qu’elle arrive à le faire vaciller en troublant sa vision… Sourire amusé, clignement de paupière pour repousser toute cette douleur qui fait partie de sa vie…

Tête qui roule sur ses épaules, faisant craquer sa nuque dans de secs claquements alors qu’elle prend place face à lui en soulevant son arme… Les regards se retrouvent, il la fixe, sans rien ajouter… Il lit tout au fond d’elle, la peur qu’il lui insuffle ; Autant son corps ne la trahit en rien, autant son regard n’est pas encore assez dur pour tout lui cacher.
Arme qui vole d’une main à l’autre, sa dextre s’emparant de la garde pour qu’index et auriculaire tape le tempo d’un rythme que lui seul connaît… Les armes sont sa vie, les morts et meurtres aussi. Lame qui siffle dans l’air, une fois, deux fois… Et à la troisième c’est le colosse qui s’élance de tout son poids en avant.

Epée qui s’envole en suivant le bras puissant, décrivant un arc de cercle parfait pour plonger vers le crâne de son apprentie… Le mouvement est maîtrisé, précis, professionnel, et il sait qu’elle peut voir l’acier plonger vers elle sans pouvoir l’en empêcher. Là, à cette seconde, il pourrait la tuer, lui fracassant le crâne d’un seul coup. Mais au dernier moment, d’un léger mouvement de poignet qui assoupli sa prise sur son arme ; L’arme pivote, se détournant de sa cible pour venir heurter violemment l’épaule de la féline du plat de la lame…
La seconde qui suit l’arme s’envole à nouveau, fusant dans l’air pour venir percuter violemment l’avant-bras de la jeune femme, la pointe de la lame heurtant son coude pour la faire lâcher son arme.

Un grognement échappe au colosse qui se rend compte que ses propres mouvements ne sont pas naturels, pas assez souples… Mais il ne peut décemment pas laisser son art de la mort venir frapper cette Zokoiste qu’il doit entraîner. D’un pas il se recule, faisant rouler la garde de son épée dans sa main, la jetant à sa senestre qui se serre fortement sur le cuir qui recouvre l’arme…


« Ramasse ton épée… Dépêche toi ! »

Voix qui claque comme un fouet pour obliger la féline à oublier la douleur qui doit lui vriller le corps… Il compte sur le ton dur, sur la peur qu’elle a de lui dans cet état pour qu’elle réagisse… Une seconde leçon qui débute pour surtout accentuer la première : Lorsqu’elle maitrisera son corps et ses douleurs, l’épée lui paraitra plus légère et plus maniable…
D’un bond il replonge sur elle, sa lame s’envolant à nouveau, fusant à toute allure vers sa cuisse droite cette fois-ci… Douleur vive qui traverse son bras au moment où le choc se fait sentir, le nez se plisse, les crocs se montrent dans un sourire sadique alors qu’il vient d’abattre la dernière carte du premier entraînement… Sans un regard pour elle, il pose sa main droite sur son épaule meurtrie pour presser doucement et attirer son attention sur sa voix…


« Demain, à l’aube, on recommence…
Soit en forme, car on y passera la journée… Et celle d’après… »


Et sans rien ajouter de plus, le colosse se détourne de son apprentie, rangeant sa lame dans un crissement métallique alors que déjà ses bottes le mènent ailleurs… Quelques assauts, juste assez pour ne pas sombrer. Juste assez pour empêcher son gout du sang d’exploser au creux de son ventre… Mais bien assez pour initier cette féline… Combien d’heures lui faudra-t-il pour maîtriser cette lame ? Combien de jours ? De mois ?
Il n’en sait rien… Il s’en fout, ça prendra le temps que ça prendra, il la tuera peut-être à la tâche, mais elle saura tenir une lame quand il en aura fini avec elle… Et sans doute que pour elle se sera le pire calvaire de toute sa vie…

Cette scène se répète plusieurs jours de suite… De nombreux autres jours, même. Eux deux, à l’aube, alors que le soleil perce à peine à travers les nuages, que le vent souffle pour chasser le manteau obscur de la nuit… Et cette lame qui siffle, fuse, frappe… De taille seulement. A droite, à gauche, en bas, en haut…
Il meurtrit sans états d’âmes son apprentie, pour la façonner à sa façon, à son image… Et peu à peu les réflexes se font plus sûrs, plus vifs. Mais toujours trop lents pour lui.

Masque de glace apposé sur son visage alors qu’il pourfend la panthère brune de sa lame… Souriant intérieurement de la voir ainsi peiner à éviter ses coups puissants, de la voir se démener pour réussir reprendre du poil de la bête. Encaisser sans plus broncher, ne jamais lâcher sa lame malgré les nombreux coups qui pleuvent sur son épaule, son poignet ou son coude…
Toutes les parties du corps de la féline sont usées, sont touchées. Même son crâne ; le plat de sa lame faisant des ravages sans faire de dommages irréparables…

C’est donc sûr de lui que le de Nerra assène ses coups assurés, dans un rythme effréné… Cette matinée là, alors que son arme vient de heurter puissamment les côtes de son apprentie et qu’elle fuse vers le haut de son crâne, comme à son habitude…
Eclat azuréen qui s’illumine alors qu’il voit sa lame s’envoler à toute allure vers sa cible, son épaule se contractant à peine pour encaisser le choc de l’acier contre la chair tandis que son poignet se détend pour assouplir le contact et surtout heurter du plat…
Mais contre toute attente de sa part, ce n’est pas la tête de Félina qu’il heurte, mais bel et bien le métal de son arme qu’il n’a vu qu’arriver bien trop tard du coin de l’œil… Haussement de sourcil surpris, celle là, il ne s’y attendait vraiment pas…

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"Pour toujours... Et à jamais."
Felina
Corps tendu à l’extrême, lame en avant, vacillant légèrement … elle attend l’assaut qui ne se fait pas attendre. Ne surtout pas fermer les yeux, rester fixée sur cette lame ennemie qui s’abat sur elle à toute vitesse, bien trop vite pour qu’elle puisse riposter. Une fraction de seconde, la Rastignac voit sa dernière heure arriver, totalement paralysée par la rapidité et la violence de l’attaque de son maître d’armes. Veut il donc la tuer ? Les paupières se ferment par réflexe et alors qu’elle s’imagine déjà ne plus jamais les rouvrir, une douleur fulgurante lui irradie l’épaule, lui faisant écarquiller les yeux de surprise. Un cri s’échappe malgré elle de sa gorge, mais luttant comme elle peut contre la souffrance, elle tente de relever son arme vers son adversaire … en vain. Le coup suivant la fait vaciller sur ses appuis et lui fait lâcher son épée sans qu’elle puisse lutter contre, et c’est dans un grognement étouffé qu’elle la regarde glisser sur le sable à quelques mètres d’elle.
Main droite raide qui vient frotter par réflexe l’épaule et le coude meurtris, une grimace déformant son visage, alors que le souffle se fait plus court ; mais déjà l’ordre claque dans l’air, autoritaire, cinglant, et sans appel.

« Ramasse ton épée… Dépêche toi ! »

Docile, le poing crispé de douleur et de colère, elle franchit la courte distance qui la sépare de son épée, et se baisse pour la ramasser, sans quitter une seule seconde du regard le colosse. Ses yeux brillent de fureur et de frustration de se faire ainsi malmener, sans parvenir à riposter. Elle inspire une large bouffée d’air, essayant par là de faire taire la douleur qui lui irradie tout le bras, et lui fait de nouveau face, lame devant son visage, les doigts serrés sur la garde pour ne plus la perdre cette fois ci.
Un pas en arrière lorsqu’il fonce de nouveau sur elle, elle est persuadée qu’il va encore tenter de lui faire lâcher son épée, et ne s’attend pas du tout à ce qu’il vise cette fois ci ses jambes, aussi ne se méfie-t-elle pas. Erreur qui va lui arracher un second cri de douleur lorsque le plat de la lame du de Nerra vient s’abattre avec force sur sa cuisse, la faisant ployer et poser genou à terre. Pour la seconde fois de sa vie, la voici agenouillée face à son maître, mais cette fois ci contre sa volonté. Un frisson traverse tout son être lorsqu’elle aperçoit son sourire mauvais. Le bougre semble prendre un tel plaisir à se jouer d’elle et à la faire ramper plus bas que terre. Elle ressent les battements de son cœur pulser dans ses veines, et sa respiration est haletante. La voilà totalement à bout de souffle, épuisée alors qu’elle le lui a pas porter le moindre coup. Elle tente vainement de capter son regard, et se redresse dans un soupir lorsqu’il vient écraser son épaule, l’invitant à poursuivre les réjouissances le lendemain.

Frustrée elle voudrait lui hurler en retour de ne pas partir, de ne pas la laisser comme ça, mais son corps crie stop, et elle sait pertinemment qu’elle ne peut pas lutter contre l’évidence : elle est bien incapable de poursuivre l’entraînement aujourd’hui, et c’est d’un pas traînant, sans un regard ni un mot pour lui qu’elle prend la direction de sa cellule et s’y effondre pour y dormir de longues heures.

Puis les jours et les nuits s’enchaînent, tous semblables, avec leur lot de douleur et de fatigue
Dans la courette, la Féline se fait malmener chaque matin à l’aube, voyant s’abattre sur elle les coups violents, même si elle les sait contenus, du colosse. Aucune partie de son corps n’est épargnée, et chaque soir elle compte ses nouveaux bleu, se désespère devant les dizaines de bosses parsemant son crâne, pansant ses nouvelles coupures comme elle peut, sans jamais demander d’aide ni se plaindre lorsqu’elle croise l’un ou l’une de ses compagnons d’armes.

Les premiers jours, les fins d’entraînement sont semblables au premier, et l’apprentie ne peut que se traîner jusqu’à sa cellule et s’effondrer sur sa couche pour laisser son corps se reposer et récupérer légèrement. Mais au fur et à mesure que le temps passe, lorsque le colosse tourne les talons, toujours sans un regard ou un mot d’encouragement pour elle, elle décide de rester dans la courette, s’entraînant alors seule à tenter de reproduire les mouvements d’Eikorc. Fermant les yeux pour se remémorer ses différentes passes, c’est dans la solitude de cette petite cour que la Féline apprend à manier sa lame, parfois contre un ennemi imaginaire, la laissant simplement fuser dans l’air, parfois contre un des poteau de soutien de la toiture, qui après plusieurs jours de ce traitement se voit entaillé et marqué de part en part, parfois même contre un sac de sable suspendu à l’une des poulies fixées dans la muraille de la forteresse. Son épée ne la quitte plus jamais, faisant corps avec elle, jour et nuit, devenant peu à peu le prolongement de son bras. Elle taille, elle fend, elle glisse, elle pointe, par pur mimétisme.

Au fil des jours, le bras gauche se muscle, le poids de son arme lui semblant de moins en moins important, la prise sur la garde de son épée se fait plus ferme, le poignet devient plus souple et les mouvements de sa lame sont de moins en moins maladroits, de plus en plus précis. Lorsque parfois son épée touche exactement son but, la Féline exulte, exprimant la joie de ses maigres victoires par de petits cris. Les progrès sont certes lents, bien trop lents pour l’impatiente sauvageonne, mais ils sont bel et bien là … et la mercenaire ne flanche pas, malgré les coups, malgré les douleurs, malgré la frustration de ne pas parvenir à parer la moindre attaque du colosse.
Les nuits sont courtes, trop courtes pour que son corps puisse récupérer complètement des souffrances infligées à la fois par le colosse, et par son entraînement personnel. La Féline ne sort plus du tout de la forteresse et les jours se suivent, tous semblables les uns des autres.
Affrontement à l’aube avec son maître … Entraînement en solitaire jusqu’à la tombée de la nuit, et sommeil sans rêve pendant les quelques heures de ses nuits.

Mais un matin … enfin … les efforts de la sauvageonne vont porter leur fruits. Comme à l’accoutumée elle se fait malmener depuis près d’une heure, encaissant comme elle peut les coups de son maître, luttant de toutes ses forces pour ne pas flancher sous ses assauts qui redoublent de force et de violence. Pourtant cette fois là, lorsque la lame fuse en direction de son crâne et alors qu’elle imagine déjà la douleur de ce coup résonner en elle, elle bande tous les muscles de son corps, concentrant toute sa volonté, et dans un mouvement d’une rapidité qui la surprend elle-même, elle lève sa lame pour l’amener à la rencontre de son homologue, et au lieu de l’habituel choc sourd du métal contre sa tête, c’est le bruit de deux lames qui s’entrechoquent qui vient faire vibrer tout son être, lui arrachant en même temps un léger sourire.

Paré !! Elle a paré le coup d’Eikorc ! Pourtant au lieu de s’en réjouir, au risque de se faire de nouveau avoir, la Féline reste concentrée comme jamais, seul son regard trahissant à ce moment là sa satisfaction d’avoir réussit à parer ce coup.
Comme galvanisée par cette première victoire depuis que le long et pénible entraînement a commencé, la Rastignac n’en reste pas là, et sans attendre elle fait glisser sa lame contre celle du colosse, se délectant avec un plaisir non feint du bruits des deux plats métalliques s’affrontant enfin. Puis elle se détache rapidement du géant d’un rapide pas en arrière avant de bondir de nouveau et de foncer sur lui, faisant tournoyer son épée au dessus d’elle comme elle le lui a si souvent faire, pour venir enfin lui porter un coup dans les côtes, du plat de sa lame, le tout accompagné d’un hurlement dans lequel elle met toute sa rage et son envie de lui faire mal, ne retenant absolument pas son bras, contrairement à lui, cherchant tout simplement à l’atteindre quoiqu’il arrive.


Prends ça !!

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La Liberté existe, il suffit d'en payer le prix.
Eikorc
Sourire autant narquois qui fier qui vient se glisser sur les lèvres de son apprentie alors que les lames vibrent sous le choc… Il s’attend à un hurlement de joie, à une perte de concentration pour qu’elle lui ouvre à nouveau sa garde et qu’il la fasse finalement chuter sous un assaut plus puissants que les autres… Son corps se préparant même à cette initiative, les muscles imposants se contractant pour faire se redresser la lame… Mais contrairement à ce qu’il pense, la féline le surprend une seconde fois…
Habilement, elle fait racler les lames l’une contre l’autre, le crissement de métal faisant frémir l’échine du colosse alors qu’un sourire amusé vient étiré ses lèvres… D’un pas elle se libère avant de se jeter sur lui… Les yeux s’étrécissent alors que l’arme fuse à toute allure dans sa direction alors qu’elle pousse un hurlement de victoire, il sait qu’il ne peut parer cette attaque, mais son sourire s’élargit…

Le choc est rude, la lame claquant violemment contre ses côtes en lui arrachant un grognement… Mais le corps réagit instinctivement, loin de faire attention à la douleur, sa main gauche vient se refermer violemment sur la lame pour la garder plaquer contre son torse puissant… Et la main droite s’envole, soulevant comme une plume cette épée immense qui fuse vers son apprentie…
Le visage est impassible, seuls ses yeux brûlent de toute sa folie ravivée par la douleur qui vrille son flanc… Et alors qu’il vise le nœud entre son cou et son épaule, que la lame part pour s’y planter et la transpercer de part en part, il croise son regard.

Les muscles de son épaule se contractent, redressant juste à temps la lame qui vient glisser derrière elle et se planter dans le sable derrière elle alors que la garde de l’épée tout comme le bras puissant percute violemment clavicule et épaule de la jeune femme…
Il reste ainsi quelques secondes, penché par-dessus elle, il inspire longuement pour contenir la rage qui vient d’un coup d’embraser ses sens… Et il se redresse, arrachant sa lame au sable fin dans un crissement et se recule d’un pas avant de la fixer.


« Bien joué… J’m’y attendais pas…
Mais t’as encore du boulot si tu veux abattre des colosses dans mon genre… »


D’un geste, sa lame vient retrouver son fourreau et sa main droite se tend vers la féline pour l’aider à se redresser tandis que la senestre se lève et qu’un claquement de doigt retenti dans la cour… Des bruits de pas s’en suivent et un gamin arrive en courant, ahanant sous un coffret de métal qu’il porte sur ses bras.
La montagne de muscles s’emparent de la boîte, la glissant devant les yeux de Félina alors que sa voix puissante s’élève à nouveau dans les airs…


« T’as bien bossé…
Plus que quelques détails à régler et tu seras prête pour combattre pour de bon…
Mais tu n’as plus besoin de moi pour te les apprendre et c’est pourquoi tu n’es plus mon apprentie mais bel et bien une mercenaire aguerrie… »


Quelques secondes défilent, il la regarde à peine, glissant son regard sur le coffret qu’il tient dans sa main… Peu importe à quoi elle pense, peu importe ce qu’elle ressent à l’instant présent, il a fait ce qu’il fallait pour lui apprendre à utiliser sa lame et elle a survécu à toutes les douleurs qu’il lui a infligé, sans se plaindre outre mesure et surtout, sans abandonner…

« Il me reste une dernière chose à faire… Une dernière parole à tenir…
Tu te rappelles de ce que j’avais dis à Joinville lorsqu’on est sorti ?
Tu te souviens que j’avais prévu quelque chose ? »


A nouveau une pause alors qu’un fin sourire vient étirer le coin de ses lèvres… Les idées diaboliques siègeront donc toutes sa vie dans son esprit, et l’arme qu’il a concocté pour la mercenaire est tout à fait adéquate à sa condition…
Il lui laisse le temps de se remémorer ses paroles… Le temps de revivre les instants qui ont suivit les claques puissantes qui avaient fait chauffer ses joues… Et doucement, il vient ouvrir la boîte métallique, prenant son temps pour ménager son effet…


« Voici tes nouvelles griffes la féline… »

Et devant le regard noire de la jeune femme, il dévoile le gantelet créé sur-mesure pour elle… Un gant en cuir sur lequel repose une plaque en métal et de part et d’autres des bagues d’armures au pointes plus longues, plus effilées… A nouveau le de Nerra se permet un sourire… Une arme, une main diabolique pour l’ancienne apprentie d’El Diablo… Qu’aurait-il pu trouver de mieux ?

« A toi de t’y faire…
A toi d’apprendre à te servir de cette arme…
Mais je ne doute pas que tu t’en sortiras à merveille… Amuse toi bien la miaou. »

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