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Les retrouvailles, après deux ans de séparation, de Leandre Lazare batard de Valfrey et de Maeve Alterac.

[RP] Un chevalier, une princesse, le dragon s'en est allé.

Leandre
Les vacances sous le soleil provençal avaient pris fin, plus tôt que prévu. Les champs de lavande, ceux des cigales - qui ne s'écrivent cependant pas de la même façon, le pastis pris à la terrasse d'un café du vieux port... (comment ça on sent la frustration du joueur qui devait partir à Marseille cet été, et qui n'a finalement pas pu ?) Bref, la Provence semblait avoir tout pour plaire, en théorie. Mais en pratique... le jeune Leandre n'avait même pas pu y parfaire son éducation politique, comme l'avait pourtant souhaité son maître, Versatyl de Louvelle, alors prétendant au trône de Provence. Il avait même reçu un courrier lui intimant l'ordre de se rendre au tribunal, la procure du comté ayant instruit une procédure contre lui pour non respect des institutions de ce même comté, refus de quitter le comté pour présence non légitime, trouble à l'ordre public et non-coopération flagrante. Et malgré l'avocat qui l'avait défendu, l'impérial écopa d'une amende de quatre-vingt écus, somme qu'il ne possédait même pas sur lui. Quant à son maître, il se vit emmener devant la cour de justice pour une tentative de déstabilisation du pouvoir, ou quelque chose du genre (la flemme de fouiller les archives à Aix, hein...). Comme si réclamer un trône qui appartenait de droit à sa famille était condamnable... sont fous ces provençaux. Mais l'escapade provençale n'avait pas été qu'une succession d'évènements malencontreux et déplaisants.

Leandre Lazare de Valfrey y avait fait des rencontres formidables, que ce soit à Arles, ou sur la route qui y menait depuis la Bourgogne et son départ de Sémur. Ce fut tout d'abord ce groupe de mercenaires emmené par Lelmax, et chargé d'asseoir le pouvoir de Versatyl sur la Provence, auquel le jeune garçon s'intéressa de plus près. Il les aimait bien... cette façon de vivre ne lui déplaisait guère, même s'il estimait bien peu noble le fait de vendre les services de son épée à quiconque possédant une fortune digne de ce nom. Mais la formation de l'armée à Montbrisson se heurta à plusieurs problèmes, principalement le chantage fait par les autorités auvergnates pour s'assurer de l'utilité de voir une armée se constituer sur leur sol. Versatyl refusa de prendre part aux querelles territoriales entre le Bourbonnais et le Berry, et décida que la troupe continuerait son chemin vers la Provence sans oriflamme. La COBA n'inquiéta pas les hommes de Versatyl et Lelmax, principalement - et cela n'engageait que Leandre et ses pensées - grâce aux histoires d'amour de ce dernier avec un membre important de l'armée auvergnate. Le premier enseignement que Leandre tira de cette aventure... la manipulation était un facteur important à connaître pour la réussite d'une opération. Faire chanter, faire croire et faire espérer étaient des éléments indispensables à maîtriser, semblait-il.

Puis vint le Lyonnais-Dauphiné, où l'on mangeait très bien. Des bugnes qu'ils appellent ça. Des sortes de beignets, en quelque sorte. Le Lyonnais ne possède pas que de bonne nourriture, il a aussi des soldats d'exception. Preuve en est lorsqu'il fit la rencontre d'Aldraien, une femme qui lui proposa un duel au bâton... et qui le vainquit, sans l'ombre d'un doute. Ce qui n'empêcha pas les deux de devenir amis. Ils se reverraient d'ailleurs, deux ans plus tard, pour la revanche du duel qui ne fut pas plus glorieuse pour l'impérial.
Et il y eu les angevines, qui le couvrirent d'attention, de bérets, de chausses, de caillou et de gâteaux. Rani, Chabinne, et Yuna. La dernière fut sauvagement attaquée par les armées provençales, en même temps qu'Aurélien de Penthièvre, aussi appelé l'escroc par ces même femmes. Avant de quitter le Lyonnais, chausses neuves aux pieds, pendentif avec un caillou qui porte chance autour du cou, et béret bleu sur la tête, une drôle de dame lui prédit bien des choses : deux épouses, cinq enfants, et le fait qu'il deviendra "plus haut qu'un chevalier". Alors une fois le Lyonnais Dauphiné quitté, le Valfrey se voit bien Grand Maître de la Licorne, lorsqu'il sera adulte, mais certainement pas prendre plusieurs épouses... Et cinq mioches dont il faut s'occuper, ça fait peut-être un peu beaucoup. Il se promit d'en toucher quelques mots à Maeve quand ils se retrouveraient. Après tout, c'était elle qui allait les mettre au monde, et souffrir pour cela, elle avait bien son mot à dire.

Enfin la Provence donc, but ultime de cette expédition qui réserva bien des surprises. Accueil lamentable, explicable par les intentions du Roy légitime de Provence de récupérer son trône : le peuple avait avalé les couleuvres de ce marquis auto-proclamé qui n'avait d'enviable que sa couronne violette. Leandre l'aurait bien offert comme présent à la vicomtesse Marie-Alice Alterac si d'obscurs évènements ne seraient venus gâcher les plans de Versatyl. Il est bien inutile de les remémorer ici, le Valfrey ne sachant de toute façon ce qu'il s'était réellement passé en cette nuit d'été, dans l'enceinte du château de la capitale provençale. Il ne vit que le résultat : des centaines, voire des milliers d'écus envolés comme par enchantement. La sorcellerie venait, semble t-il, de frapper la Provence dans son entièreté. A Arles, le jeune garçon, qui prenait de l'aplomb et de la prestance avec l'âge, fut assimilé à la prise d'Aix par ces sorciers. Un homme du nom de Vega en vint même à le provoquer en duel. Son père lui avait toujours répété que la noblesse ne dépensait pas son énergie à combattre un roturier pour l'honneur, mais Leandre s'apprêtait pourtant à accepter, sans doute dans un sursaut d'orgueil. Si le comte de Beaufort, paternel de Leandre donc, n'était intervenu pour remettre les pendules à l'heure, nul doute que Maeve n'aurait plus jamais revu son chevalier servant. Le dénommé Vega lui avoua bien plus tard qu'il n'avait jamais compté lui faire de mal, mais qu'il devait absolument garder sa couverture devant les autres provençaux. Il n'avait pas vraiment compris l'utilité d'une couverture par ce temps ensoleillé, et lui pardonna tout de même. Plus tard, Vega lui offrit une arquebuse, que Leandre ne maîtrisait pas encore tout à fait. Le mercenaire lui assura qu'avec ceci il pourrait tirer dans le séant du duc le Chat si celui-ci pointait le bout de son museau dans les parages.

Le louveteau, qui devenait peu à peu loup, apprit l'art de la rhétorique, tout autant que celui de l'épée, auprès de Versatyl. Il le servit en tant qu'écuyer, après qu'il eut l'autorisation de son père. Ce dernier lui promit une véritable épée, une fois qu'ils seraient rentré en l'Empire. D'ailleurs, le comte de Beaufort, excédé de ne pouvoir faire tomber le château de ces félons à l'empire qu'il haïssait tant, décréta qu'il était temps pour lui, son fils, et Soeli, de quitter la Provence. Rani lui confia la couronne d'un certain Reese de Louvelle avant son départ - ce qui donna lieu à "la quête de la couronne", selon Leandre - auquel il était chargé de lui rapporter son bien. Il ne savait pas vraiment pour quelles raisons elle lui avait confié, et ignorait encore qu'il ne la verrait plus jamais, tout comme Chabinne, Yuna, et Versatyl...

Le retour parut bien plus calme. Ils firent le trajet en compagnie d'Arielle, une voyageuse rencontrée à Arles. Soeli apprit à Leandre à se servir d'un arc, et il fit ses essais sur des poules qui n'avaient rien demandé à personne. Ce ne se révéla pas très concluant, mais le Valfrey estimait qu'il maîtrisait le tir à l'arc dorénavant.
Dans l'ensemble, l'aventure provençale se révéla utile pour son apprentissage, et ce même malgré les procès et autres diffamations à l'encontre du petit groupe. Non, la seule ombre au tableau, car oui il en fallait toujours une, ne concernait pas directement la Provence. La Bourgogne approchait, tandis que les moindres pensées de Leandre concernaient une seule et unique personne qu'il allait retrouver : Maeve. Oui, sa princesse qu'il avait dû abandonner pour suivre son père, apprendre les rudiments de la vie. Punition, s'il en était, résultant de l'escapade normande. Il ne savait pas encore les conséquences qu'avait eu le fait de la quitter, et qui la marqueraient sans doute à vie.

En Bourgogne, ils rencontrèrent la nouvelle duchesse élue, et aussi princesse de Cologne. Elle était malheureusement accompagnée du pédant de Mazière, qu'Arielle surnommait, affectueusement, le comte de misère. Les discussions débouchèrent sur une évidence : Mazière était toujours aussi pleutre, malgré que la princesse finit par lui faire accepter ce duel contre le père de Leandre, tant attendu depuis des années. Inutile de revenir plus en détail sur le déroulement du duel. Il est juste nécessaire de savoir que le comte de Beaufort ne pouvait faillir face à celui de Belfort. Et tandis que son père se remettait de son duel, Leandre apprit la venue à Dijon de la vicomtesse Marie Alice, ainsi que de sa fille, la rouquine qu'il appréciait tant, sa promise, Maeve.

Laissant Jontas à son repos forcé, il parcourut avec entrain les rues de Dijon, à la recherche d'une quelconque trace des armes des Alterac. Quoi de mieux que l'auberge principale de la ville pour accueillir un Pair de France ? Ni une, ni deux, fier de sa déduction, il prit la direction de la dite taverne, courant comme un dératé à travers les marchands et autres badauds parcourant la cité dijonnaise, pour arriver, essoufflé, devant l'entrée. Il en était sûr, elles seraient là. Elle serait là. Expirant les derniers signes de ces efforts pour arriver jusqu'ici, il pénétra dans l'auberge, sans demander son reste. Les yeux sombres n'eurent pas besoin de beaucoup de temps pour trouver presque instantanément ce qu'il était venu chercher. Ignorant le tavernier, et l'interrompant d'une main tendue, paume vers lui, anticipant ainsi un éventuel "Vous désirez ?", il rejoignit rapidement Marie Alice et Maeve, tout sourire, yeux rivés sur la rouquine dont les cheveux couvraient une partie de son visage. Elles ne l'aperçurent pas immédiatement, et Leandre brisa le silence afin de se faire remarquer.


Bonjour vicomtesse.

Et hop l'inclinaison habituelle de la tête pour la saluer.

Bonjour Maeve.

Il avait bien du mal à contenir son enthousiasme. Le son de sa voix le trahissait d'ailleurs quelque peu, tout comme ses mains qui, nerveusement, étaient triturées l'une par l'autre.
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Maeve.
Elle a grandi. Que reste-t-il de la naïve rouquine qui arpentait les routes de Normandie et du royaume dans la jeune fille attablée dans cette taverne bourguignonne ? Quelques traits, la couleur changeante de ses boucles éparses sur ses épaules, quelques questions encore empreintes d’innocence… Pour le reste… Elle a grandi.
Deux ans plus tôt, elle avait eu peur d’un Chat au mariage d’une duchesse blonde. Elle riait à gorge déployée, semait des pourquoi comme d’autres des bonjour, elle courait la campagne dès qu’elle en volait l’occasion à la surveillance de sa mère, mascotte des tavernes et gambettes hyperactives.
Qui est-elle aujourd’hui, cette jeune fille assise sur une chaise, légèrement courbée pour permettre à ses cheveux de bien retomber devant son visage marqué ? Qu’a-t-elle vécu, la petite Maeve, pour devenir la jeune Alterac ?

Elle a perdu ses illusions, voilà tout. Une partie au moins. Catapultée dans un monde bien trop noir pour une enfant qui voyait tout en rose. Elle a rencontré le Mal . Il y a deux ans maintenant. Elle avait vu ce qu’était vraiment la méchanceté à l’état pur, ce qu’on pouvait ressentir à plonger dans un regard vide de remord ou de regret, ce que l’humanité pouvait receler de pire. La cruauté d’un ange déchu qui l’avait marquée à vie.
Comme dans un brouillard salutaire, elle se souvient de son retour en Bourgogne. De la convalescence, longue, difficile. Les plaies physiques avaient été soignées, doucement, longuement, jusqu’à ne plus laisser que quelques traces, mais dans sa caboche tournaient et retournaient nombre de questions qui ne trouvaient pas de réponse. Marie-Alice ne savait plus que dire à cette enfant qui n’en était plus une, et Maeve refusait de quitter sa chambre dans le château d’un presque fantôme.

Les jours comme les semaines défilaient, avec pour tout décor une grande chambre richement décorée. Les lourds rideaux tirés, afin que la noirceur de la pièce rejoigne celle de ses idées, Maeve restait à déambuler. Du bureau au lit, du lit à la fenêtre, frêle silhouette qui rejetait tout contact avec d’autres que son frère ou sa mère.
Les conversations avec cette dernière finissaient régulièrement en pugilat. Marie, fidèle à elle-même, culpabilisait. La vicomtesse en voulait à la Terre entière : l’agresseur, sa fille de ne pas avoir écouté les mises en garde, Gaborn de n’être pas présent, et surtout, elle s’en voulait à elle-même. Mauvaise mère, elle n’avait su protéger sa propre chair du mal. Tout cela ressortait, s’envenimait, et l’obstination de Maeve ne faisait que rajouter de l’huile sur un brasier qui n’en avait nul besoin.

Il avait fallu du temps, beaucoup de temps, avant que la jeune fille n’ouvre de nouveau les yeux sur le monde. Qu’elle arrête de se sentir fautive, qu’elle arrête d’en vouloir à tous pour ce qu’il lui était arrivé, qu’elle assume, pas à pas, ce qu’elle était devenue ; pour qu’elle parvienne à s’extirper de sa chambre, par petites incursions dans le vaste château. La nuit d’abord. Petite souris qui se glisse dans les ombres pour se rendre invisible, prenant garde à ce qu’il se passe derrière elle. Petons glacés qui parcourent les dalles froides des couloirs déserts.
Jusqu’à la nuit où elle avait été surprise. Sursaut au coin de l’escalier. Le cœur avait battu une chamade endiablée, avant que les prunelles habituées à l’obscurité ne reconnaissent son frère, ou presque. Regard croisé. Menotte qui en rejoint une autre. Et l’aube qui s’était levée devant deux gamins silencieux dans un jardin vide.

De nouvelles saisons ont passé. Petit à petit, la rouquine a appris à revivre. Dans les couloirs de nouveau résonnent les rires de deux enfants. L’histoire difficile de Gaspard qui les avait séparés un temps comble finalement le fossé que Maeve avait creusé entre elle et les autres. Ensemble, ils se reconstruisent, il lui réapprend à s’amuser, elle lui apprend à grandir. Deux enfants qui crapahutent dans un château bourguignon, s’apprivoisant.
D’un petit garçon chétif et un peu peureux, Gaspard est devenu un jeune homme, conscient de son titre, de sa famille, et surtout passionné d’Histoire et de lecture. Quand ils n’étaient pas occupés à grimper aux arbres, à s’égratigner dans les fourrés, il lui raconte ce qu’il a lu, les grandes étapes du Royaume, ses figures les plus emblématiques, biographies des hommes et femmes qui avaient à leur manière participé à construire leur présent. Elle, pour sa part, ne feuillette que des récits épiques, avec des contes qui se terminent bien, où la princesse sans cesse est sauvée par un chevalier qui dans son esprit porte les traits d’un certain impérial.

D’un bout à l’autre du domaine, elle fait son apprentissage. Des écuries aux jardins, elle se lie avec les domestiques, récoltant toute information qui l’intéresse, elle parfait aussi son équitation, prenant plaisir à monter à cheval, se promener alentours, rassurée par la présence entre ses genoux du célèbre Anthelme. Cet hongre noir qu’ils avaient « emprunté », Leandre et elle, pour s’enfuir de Dieppe. Première aventure d’une longue série. La dernière aurait du la refroidir, la faire changer d’avis ; se contenter de rester la princesse qui attend au château que les guerres se fassent, bien en sécurité… Elle avait failli ne pas franchir cet écueil.

Ses rêves ont au contraire pris une nouvelle ampleur.

Maeve a toujours voulu devenir chevalier. Depuis qu’elle est haute comme trois pommes, elle le clame à qui veut l’entendre. Dans son imaginaire, des armures rutilantes aux reflets métalliques sous un soleil rayonnant se disputent la place à des chevaux ornés de parures militaires piaffant, leurs sabots claquant sur le sol sec d’un champ de bataille. Les étendards flottent dans un vent qui porte dans ses courants les effluves d’une victoire contre ceux qui veulent porter atteinte à la Couronne ou à la justice. Elle se voit au milieu d’eux, et depuis Dieppe, Leandre à ses côtés. Bien sûr, des Licornes se cabrent sur les capes et les drapeaux qui ondulent.
Ainsi vont les rêves. Un jour ils s’oublient, ou se réalisent. Parfois, ce sont seulement les motifs et raisons qui sont à la base de ces rêves qui évoluent. Qu’il s’agisse des gens de passage, mais surtout de ses parents, de Cerridween ou d’autres, elle avait depuis longtemps compris qu’il serait difficile et long d’arriver à son but.
Elle savait aussi, pour suivre Marie-Alice sur les routes, que la vie de chevalier était loin de l’image idyllique qu’elle formait au moment de sombrer dans les bras de Morphée. Arpenter sans cesse les chemins boueux, combattre plus souvent la rigueur d’un hiver ou la chaleur étouffante d’un été sec qu’un ennemi bien humain, les armures brillent bien moins sous la poussière. Pour autant l’enfant ne lâchait pas son idée.

Désormais elle a de nouvelles raisons pour entreprendre cette longue route, plus sérieuses… qui la rendent encore plus obstinée. Mais ce qu’elle espère surtout, assise sur cette chaise d’un bois craquelé d’une taverne les yeux dans le vague, c’est qu’elle ne la prendra pas seule. Perdue dans ses pensées, elle n’écoute sa mère que d’une oreille distraite. Le voyage, toujours, quelles étapes, le retour à Joinville afin que Gaspard rencontre enfin son oncle. Les petits détails d’une vie qui reprend son cours après une pause convalescente.
Les sorties de Maeve à l’extérieur sont encore récentes. A peine quelques mois qu’elle ose affronter les regards d’inconnus. Masquée derrière un rideau roux, elle écoute d’une oreille distraite Marie-Alice. Elle repense à la proposition d’Eusaias de lui apprendre à bretter. Et la porte s’ouvre.

Elle tourne doucement la tête, pour ne pas que sa mèche de cheveux se déplace trop.

Elle ne réalise pas tout de suite. Un jeune homme brun, aux cheveux en bataille, au sourire rayonnant, pressé. Il avance, salue Marie, puis elle… Et son cœur fait un bond dans sa poitrine.


Leandre … Leandre !

Elle n’en revient pas, la petite rouquine, redevenue soudain l’enfant qui trouvait un futur chevalier très beau. Elle ose à peine y croire, à la présence de l’impérial. Leur dernière rencontre, pourtant si précise dans son esprit malgré les années passées, s’était soldée par une promesse. Aux noces de Belialith, ils s’étaient juré de se marier, eux aussi, quand ils en auraient l’âge. Etre époux pour ne plus être séparés, et lier leurs vies.
Mais alors qu’elle est déjà debout, prête à sauter au cou de Leandre, soudain la réalité la rattrape. Elle s’arrête, elle baisse la tête, effleurant d’un regard les mains inquiètes de son chevalier. Il ne sait après tout que ce qu’elle lui a écrit : ses voyages, ses envies, ses rencontres… Sans lui parler du principal. Elle a tu son agression, et surtout ses conséquences. Sans oser relever les yeux, elle reste muette, devinant sur les traits de Marie l’inquiétude maternelle, provoquant la surprise chez Leandre.


Tu es là… Je … Tu m’as manqué, beaucoup… Mais…

Elle inspire… relève ses grands yeux bleus vers son chevalier, cherchant sur son visage l’étincelle qui permettrait de continuer. Fidèle à lui-même, il est impatient, ravi, il pose des questions dont elle n’entend pas grand-chose, concentrée sur la nouvelle qu’elle doit lui apprendre. Apeurée par l’idée qu’il grimace, qu’il soit dégouté par le visage qui est le sien désormais.
Sur la joue, la Marque du Mal se fait chaude, presque brulante. Rien qu’une impression, mais douloureuse. Les battements de son cœur accélèrent tandis que l’estomac se serre. Sans pour autant détacher la mèche rousse de sa pommette, elle trouve enfin le courage de parler, tout doucement, d’une voix fluette, presque tremblotante. Mouvement de main hésitant vers celle du jeune brun, qu’elle retient au dernier moment.


Avant que… Il faut que je te dise… j’ai… une cicatrice. Une agression…

L’estafilade court de son œil à son oreille, tout au long de la joue droite qui a perdu sa rondeur enfantine. Rose, droite, mais clairement visible si elle consentait à mettre ses cheveux en arrière. Elle n’a plus grand-chose de la petite princesse au visage angélique qu’elle était la dernière fois. L’instant n’est pas encore à penser à la promesse, qu’il lui conserve son amitié serait déjà source de joie pour Maeve. D’un regard timide, elle sonde les réactions de son chevalier.
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