Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   1, 2, 3   >   >>

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Par un étrange hasard ...

--.pauline.


Arrivée en Alençon

Ils touchaient enfin à leur but. C'était la fin du voyage. Les voilà arrivés dans le duché d'Alençon. Ils venaient d'entrer dans la capitale, mais ils devaient encore trouver une auberge peu cher, mais propre. Après une vingtaine de jours de voyage, ils avaient mérité un bon repos, un bon repas, mais surtout un bon bain. Elle ne regrettait pas un seul instant d'avoir quitté la Bourgogne. Geran en valait grandement la peine. Elle ne l'avait pas entendu se plaindre une seule fois et il méritait bien d'être heureux et surtout avec sa famille ...

Ils marchaient tranquillement à la recherche de l'auberge idéale, quand elle en voit une. De l'extérieur, elle paraissait bien. Il y avait un panneau sur le mur près de la porte indiquant les menus et leurs prix ainsi que celui des chambres. Prix correct pour sa bourse, surtout qu'elle ne savait pas combien de temps ils allaient y rester. Retrouver la mère de Geran leur prendrait peut-être plusieurs jours.

Restait à voir l'intérieur. Elle poussa la porte de l'auberge et la première impression fut bonne. Pas de détritus sur le sol, pas de rire gras et malsain émergeant de partout à la fois. Cette auberge était parfaite pour une femme et un très jeune enfant. Un homme était derrière le comptoir, il essuyait des chopes. Elle s'avança, tenant la main de Geran.


Bonjour messire, dites-moi, auriez-vous une chambre de libre pour ce jeune homme et moi-même ?

Elle attendit patiemment que le taulier posa sa chope et son torchon pour lui répondre. Quand ce fut fait, il la scruta un moment puis ce décida enfin à répondre.

B'jour m'dame. B'sur qui m'reste des chambres. Combien d'temps restez-vous ?

En même temps qu'il posait la question, il prit une clé sur un tableau et la lui tendit. Elle approcha sa main pour la prendre et lui fait un signe de tête pour le remercier.

Merci bien pour la chambre. Je ne connais pas la durée de notre séjour chez vous. Nous sommes à la recherche d'une personne et nous resterons ici tant que nous ne l'aurons pas trouvé ... Avant de commencer nos recherches, nous aimerions nous reposer un peu, nous restaurer et nous laver ... Pouvez-vous nous faire monter un baquet d'eau et quelque chose à manger ?

Elle regardait l'homme tout en prenant quelques écus qu'elle déposa sur le comptoir.

V'la m'dame, c'est la chambre huit à l'étage. Bon séjour parmi nous alors. J'vous fais monter ça tout d'suite ... Et p'tète que j'connais la personne qu'vous chercher, c'est qu'j'en vois passer du monde. Faudra m'dire qui que c'est ...

Il prit les écus poser et les mis dans la caisse. Elle le salua et reprenant Geran par la main, ils montèrent se reposer dans leur chambre ...
Geran_
Depuis leur départ de Bourgogne, ce voyage était une véritable aventure pour lui. Du plus loin de ses souvenirs de jeune garçon, il ne se rappelait pas avoir vu tant de choses. Le Seigneur chez qui il vivait, ne voulait pas qu'il sorte de l'enceinte du château. Tout ce qu'il voyait était donc émerveillement et nouveauté. Ils avaient croisé bons nombres de personnes, toujours en faisant attention que ce ne soit pas des soldats du Seigneur.

Nany était un peu sur la défensive, mais plus on s'éloignait de la Bourgogne, plus elle se détendait. Elle ne lui avait rien dit de plus sur cette Dame qu'ils devaient retrouver et jusqu'à maintenant, il n'y avait plus pensée. Il commençait à être fatigué même s'il ne le disait pas. C'était un homme et il ne devait pas se plaindre.

Pour l'instant ils venaient de passer le poste garde d'une nouvelle ville et maintenant ils marchaient à la recherche d'un endroit où passer la nuit, comme à chaque fois qu'ils arrivaient dans un nouveau lieu. Il mourait de faim. Il regarda Nany à la dérober, elle regardait une bâtisse puis en poussa la porte pour entrer. Il fit de même et la suivi en lui tenant la main. Ils s'approchaient et Nany demanda une chambre. Il eut un sourire satisfait, ils allaient se reposer ici ... Et même rester plusieurs jours s'il avait bien entendu ce qu'avait dit la jeune femme.

Nany lui reprit la main et ils montèrent l'escalier qui montait à l'étage pour rejoindre leur chambre. Ils entrèrent et il se rua sur le lit. Poussant un gros soupir, il resta comme cela un bon moment. Il regarda Nany qui se débarrassa de quelques effets. Puis s'assoyant sur le bord du lit, il lui posa une question qui le démangeait depuis leur départ.


Nany ? Dites, c'est qui la Dame que vous cherchez ? Elle s'appelle comment ? Et comment on va la retrouver si on ne sait rien d'elle ? Ze vous ai dit que ze vous faisais confiance, mais ze ne sais pas où il faut commencer ... Et quel rapport avec moi ? ... Nany ??

Elle s'était approchée de lui et lui enlevait sa cape. Il attendait des réponses et il finirait bien par savoir, le fond de cette histoire. Il venait à peine d'arriver dans la chambre qu'on frappa à la porte. Sa nourrice alla ouvrir et deux hommes entrèrent portant un grand baquet et d'autre suivirent avec des seaux d'eau. Quand le dernier fut passé, une femme leur porta un plateau bien garni, ils allaient pouvoir manger.

Quand ils furent seuls, il attrapa une pomme et se dévêtit pour aller dans l'eau chaude du bain. Il se lava seul comme un grand, puis une fois terminé, il retourna sur le lit et s'endormit presque aussitôt.
_________________
Kalian
Elle errait sans but dans les rues d’Alençon, comme cela lui arrivait régulièrement. Ses jambes avançaient machinalement, tandis que son regard était plongé dans une sorte de brume. Rien ne semblait avoir de consistance autour d’elle. Comme si rien n’existait. Elle n’aurait pas sûr dire dans quel coin de la ville elle se trouvait, ni où elle se rendait. Bien qu’au final, elle revenait toujours à son point de départ. Son échoppe. Au dessus de laquelle elle vivait.

Elle y passait peu de temps. Les commandes étaient très rares et elle ne faisait rien pour se faire de la pub. Lorsqu’elle se décidait à travailler le bois, c’était davantage pour elle que pour une tierce personne. Elle préférait passer ses journées sur la rivière qui traversait la ville, la Sarthe. Elle partait un peu au large et pêchait tranquillement, appréciant le calme et la solitude.

Elle ne prenait pas la peine de se rendre en taverne pour rencontrer qui que ce soit. Son ami avait disparu sans laisser la moindre trace. Comme toutes les personnes qu’elle fréquentait finissait toujours par partir, soit dit en passant. Elle laissa échapper un soupire, empêchant son esprit de se diriger vers les souvenirs où se trouvait son fils. Depuis quelques temps, elle avait réussi à passer une étape. Repenser à lui ne lui faisait plus autant de mal. En fait, elle n’y pensait plus. Elle s’empêchait d’y penser.

Mais peu importait. Il faudrait bien qu’un jour elle reprenne sa vie en main. Se décide à sortir de sa torpeur. Retourner à Ryes ? Non. La Licorne n’avait pas réussi à lui apporter ce dont elle avait besoin. Peut être était-elle las de toutes ces guerres. Peut être pas. N’avait-elle pas rejoint les corps armés dans le seul but de mourir ? Mais à quoi bon, si au final on s’en sort toujours de justesse. Nouveau soupire.

Elle força cependant à arrêter le mouvement automatique de ses jambes. Sa tête se tourna pour découvrir une auberge. Après tout… Pourquoi pas ? Une hésitation avant de rentrer. Se passer mentalement en revue, afin de s’assurer qu’elle était présentable. Ses bottes lui montaient jusqu’à au genou, laissant ensuite place à un pantalon de cuir marron enserré par une ceinture permettant de tenir le fourreau d’où sortait son épée qu’elle avait reçu lors de son intronisation à la Licorne, dont le pommeau se terminait par un cercle s’enroulant sur lui-même, de part et d’autre de la garde de l’épée. Elle portait une chemise blanche faisant ressortir ses formes. Elle n’avait pas pris de cape, le temps ne s’y prêtant pas. Et puis, cela ne servait pas, vu qu’elle n’allait pas bien loin.

Bref, elle finit donc par pousser la porte de la dite auberge. Et faire un pas à l’intérieur. Cela lui fit un effet bizarre. Un lieu où les gens se regroupaient pour bavarder. Chose étrange que de revenir dans ce genre d’endroit qu’elle fuyait depuis tant de mois. Mais elle se força la main et alla s’installer à une table. Une table qui se trouvait dans l’ombre, légèrement éloigné. Comme elle l’avait fait la dernière fois qu’elle était entrée dans une auberge. Elle commanda une bière, gardant les yeux fixés sur la porte d’entrée. Surveiller. Instinct qui revenait en elle chaque fois qu’elle se trouvait dans un lieu public. Un long frisson lui traversa l’échine. Ne plus repenser à cette époque qui semblait si lointaine. Elle avait laissé tout cela derrière elle. Sa « famille ». Ses « amis ». Tout. Même ses ennemis.

_________________
--.pauline.


Dans la chambre

Tenant par la main son petit protégé, elle gravit les escaliers qui les menaient a leur chambre. Ouvrant la porte, elle regarda rapidement l'état des lieux alors que Geran se jetait déjà sur le lit. Malgré la fatigue accumuler de ses derniers jours, cela la fit sourire. Geran était un enfant assez sérieux pour son âge, mais il était aussi curieux d'apprendre les choses de la vie et de la nature. Durant tout le voyage, il lui avait posé bons nombres de questions, auxquels elle n'avait pas toutes les réponses ...

Ils venaient d'entrer dans la chambre que déjà Geran lui posait encore des questions.


Nany ? Dites, c'est qui la Dame que vous cherchez ? Elle s'appelle comment ? Et comment on va la retrouver si on ne sait rien d'elle ? Ze vous ai dit que ze vous faisais confiance, mais ze ne sais pas où il faut commencer ... Et quel rapport avec moi ? ... Nany ??

Elle lui fait petit sourire avant de répondre évasivement.

Tout d'abord, la Dame que nous cherchons se nomme Dame Kalian, c'est le nom que j'ai entendu. En ce qui concerne le rapport avec vous, comme je vous l'ai déjà dit, je ne connais pas tout et cette Dame pourra certainement nous répondre. Et par où commencer ? On va déjà voir si quelqu'un ici la connaît ...

A peine venait-elle de s'asseoir dans un fauteuil, qu'on frappait à la porte. Elle se releva difficilement pour aller ouvrir et laisser passer le baquet et les seaux d'eau. Un plateau de victuailles fut posé sur une table et tout ce petit monde fut ressorti aussi rapidement qu'ils étaient entrés. Elle les remercia puis ferma la porte derrière eux.

Geran en avait profité pour aller directement dans l'eau. Pendant qu'il se lavait, elle sortit des vêtements propres de son petit baluchon qu'elle posa sur le lit. Elle alla simplement l'aider à frotter son dos et à laver ses cheveux qu'il faudrait bientôt couper un peu. Une fois propre, il se sécha et passa simplement ses braie, puis retourna sur le lit où il s'endormit aussitôt.

S'approchant de lui, elle enleva une mèche encore mouiller de son jeune front et y déposa un baiser léger.


On la trouvera Geran. On y passera le temps qu'il faudra, mais on la trouvera. Je vous en fais la promesse ...


Dans la salle de l'auberge

Elle profita du sommeil du garçonnet pour se laver aussi. Une fois fait, elle s'habilla d'une chemise et d'une jupe propre. Elle jeta un coup d'oeil sur l'enfant qui dormait toujours, puis elle sortit de la chambre sans faire de bruit. Elle allait aller glaner quelques informations sur la Dame en question. Déjà, pour savoir si le taulier la connaissait. Quand elle arriva en bas, elle le vit servir une personne qu'elle ne distinguait pas. Le taulier étant devant.

Elle alla s'asseoir près du comptoir, sur un tabouret, attendant qu'il revienne. Quand elle entendit ses pas sur le parquet, elle se retourna et lui fit un sourire. Plus loin, elle distingua une jeune femme assise à une table. Elle lui fit un signe de tête en guise de bonjour avant de se retourner vers l'homme qui était revenu.


Je vous remercie pour le bain, cela nous a fait grand bien. Vous pouvez faire enlever le baquet, mais faites attention de ne pas faire de bruit, car mon petit bonhomme dort a poing fermé. Il a grandement besoin, nous avons fait un très long voyage depuis la Bourgogne ...

L'homme la regarda et lui fit un signe de tête suivi d'un « oui m'dame » prononcer avec un léger accent. Elle le regarda donner ses ordres avant de voir passer des hommes qui allaient enlever le baquet. Elle les regarda passer, puis une fois hors de vu, reporta son attention sur l'homme.

Je prendrais une tisane bien fraîche s'il vous plait ...

Dites, tout à l'heure vous m'avez dit de vous dire le nom de la personne que je recherche. Je ne sais pas grand-chose sur elle. C'est une femme, qui si elle n'est pas partie, vie ici à Alençon. J'espère qu'elle y est encore ... Je ne connais pas son nom complet, je sais juste qu'elle se nomme Kalian ... Dame Kalian ... Je sais que c'est peu, mais je ne sais rien d'autre sur cette femme et je dois absolument la retrouver, c'est très important ...


Elle regardait le taulier, les yeux pleins d'espoir. S'il avait au moins entendu ce nom-là une fois, elle serait satisfaite. Elle but une gorgée de la tisane qu'il venait de lui tendre en attendant la réponse.

J'suis désolé ma p'tite Dame, mais j'connais pas vôte Kalian. Jamais entendu c'nom là. Faut pas vous désespérer pour autant. Alençon c't'une grande ville. Faut d'mander aux échoppes et ôtes tavernes. Vous finirez bien par trouver que'qu'un qui la connait vôte Kalian. Et si j'entends parler de c'te Dame, j'vous l'dirais.

Il lui fit un clin d'oeil, puis retourna à sa plonge. Elle resta un moment assise au comptoir, le temps de finir sa tisane. Elle était déçue certes, mais elle savait qu'il n'allait pas être simple de la retrouver ...
Geran_
Il s'était endormi. Il était tombé comme une masse tellement il était fatigué. Ils avaient bien fait des pauses dans certain village, mais il n'était pas habitué à marcher comme cela. Il était heureux d'être enfin arrivé à destination. Cette petite sieste lui avait fait du bien. Les yeux encore embrumé, il se les frotta en s'asseyant sur le bord du lit.

Il lui semblait avoir entendu du bruit, mais là plus rien. Le silence complet et en regardant autour de lui, il vit que Nany n'était pas là et le baquet pour le bain non plus. Il prit la chemise qui était posée le lit et l'enfila avant de sauter a bas du lit et de se diriger vers la porte.

Nany ne devait pas être très loin, il allait voir où elle était. Sortant de la chambre, il traversa la portion de couloir pour arriver devant les marches qui menaient à la grande salle. D'un coup d'oeil rapide il la vit près du comptoir. Il y avait aussi une autre dame dans un coin de la salle. Il avait envie d'aller visiter la ville, mais il ne savait pas si Nany allait le laisserait aller seul ... Mieux valait ne pas lui demander. Elle parlait avec le taulier et lui tournait le dos. Il allait pouvoir sortir sans qu'elle le voit.

Se faufilant doucement, passa devant la dame assise au coin d'une table. La regardant à la dérober, il se dirigea vers la porte qu'il ouvrit en silence. Une chance pour lui, elle ne grinçait pas. Une fois dehors, il se dirigea vers le rempart de la cité ...

_________________
Kalian
Les gens allaient et venaient. Chacun vaquait à ses occupations sans réellement prendre conscience des gens les entourant. Chacun venait ici dans un but précis. Souffler un peu avant de retourner dans les champs. Retrouver une personne. S’évader l’espace d’une choppe. Mais rarement leur regard dépassait le but de leur excursion en dehors de chez eux. Leur aurait-on demandé, ils n’auraient pas été capables de dire s’il y avait ou non du monde dans la taverne. Peut être, vu le brouhaha. Peut être pas, car l’ambiance semblait calme. Un monde peuplé d’une race qui se foutait comme de sa première chemise du voisin.

Mais après tout, n’était-elle pas pareil ? Toutes ces heures passées à marcher dans la rue sans prendre conscience de son environnement. Sans prendre conscience des personnes l’entourant. Elle ne valait pas mieux. Et n’en avait pas envie. N’en avait plus envie. Elle n’était pas bien âgée. Son 26ème anniversaire arrivait à grand pas, et pourtant elle était lasse de ce que la vie lui avait réservée. Il fut une époque où tout semblait aller de soit. Où tout se déroulait comme elle l’espérait. Puis un jour, sans comprendre, tout avait basculé. Et alors, jamais elle n’avait réussi à garder un instant de bonheur plus de quelques mois, pour ne pas dire quelques semaines.

Ce fut dans un soupire qu’elle prit une gorgée de la bière qu’elle avait commandé. Ce fut dans un soupire qu’elle vit un petit garçon descendre discrètement les escaliers de l’auberge. Ce fut dans un soupire qu’elle sentit son sang se glacer tandis que ce petit garçon tournant ses yeux d’azur vers elle. Tous ses sens s’éveillèrent alors. Elle sentit ses muscles se raidirent tandis que sa choppe venait frapper plus violemment qu’elle ne l’aurait voulu la table. Son visage devint de glace alors qu’elle parcourait la salle d’un regard glacé. Un regard azuré. Comme ceux de son fils disparu. Comme ce petit garçon.

Peut-être n’était-ce que son imagination. Peut être pas. Quel âge avait-il ? 4 ans ? 5 ans ? Etrange coïncidence. Ou était-ce elle qui voulait créer cet heureux hasard ? N’avait-elle pas sombré dans la folie à une époque ? Prenant un simple morceau de chiffon pour son fils ? N’était-ce pas là les prémices d’une rechute ? Avait-elle imaginé tout ça ?

Un frisson lui parcourait l’échine tandis qu’elle se levait, une main sur la garde de son épée. Elle avait su dès le début que ça serait une mauvaise idée que de venir en ce lieu. Et pourtant, quelque chose l’y avait poussé. Sa folie. Elle étouffa un grognement et se dirigea vers le comptoir pour payer la consommation à laquelle elle avait à peine touché. Fuir. Fuir loin d’ici. Se terrer quelque part où jamais plus elle ne verrait de garçon de l’âge de son fils. Où jamais plus elle n’aurait à croiser un regard lui rappelant ce qu’elle avait perdu. Fuir.

Elle fit tomber un écu sur la planche du comptoir, se rapprochant d’une femme qu’elle avait aperçut du coin de l’œil quelques instants plutôt. S’excusant de s’immiscer dans la conversation afin de payer son dû, elle attendit qu’on lui rapporte la monnaie pour pouvoir enfin partir rapidement et s’enfermer chez elle. Et qui sait, peut être fuir la ville à la nuit tombée.

_________________
--.pauline.


Elle sirotait sa tisane sans se presser. Tournant le dos aux escaliers, elle n'avait pas vu que Geran avait filé en douce. Elle allait suivre les conseils du taulier en faisant toutes les échoppes et les auberges de cette ville pour retrouver cette femme. Elle s'était engagée dans cette aventure en sachant pertinemment que ce ne serait pas facile, mais elle devait le faire pour ce petit garçon auquel elle s'était tant attaché. Elle avait grandi heureuse dans une famille certes pauvre, mais entourer d'amour et elle voulait cela pour ce jeune garçon.

Elle était perdue dans ses pensées quand elle sentit la présence d'une personne à son côté. Elle tourna la tête pour voir la femme qu'elle avait aperçu quelques instants plus tôt. Elle venait payer sa consommation et attendait patiemment que le taulier pose son torchon. Elle détailla cette jeune femme. Devait-elle lui demander si par hasard elle connaissait la femme qu'elle cherchait ? Elle allait lui l'aborder quand le taulier prit les devant en ramassant les écus qui étaient posés sur le comptoir ...


M’ci bien ma bonne Dame … Dites, une question. Voyez, cette jeune femme qu’ voilà cherche une personne. J’sais pas si vous êtes d’Alençon, mais autant d’mander quand même. V’là, elle cherche une Dame du nom de Kalian. P’t’être que ça vous dit que’que chose ?

L’homme lui fit un clin d’œil et elle lui était reconnaissante de l’aider. S’il parlait de cette femme a tous ses clients cela lui faciliterait grandement ses recherches. Elle fit un sourire à la jeune femme qui avait tourné son regard bleu vers elle. Terminant sa tisane, elle confirma les dires du taulier.

Pardon Dame ... Oui c'est exact, je cherche une femme du nom de Kalian. Je viens de poser la question à cet homme, mais il ne la connaît pas ... J'ai fait un long voyage jusqu'ici pour la retrouver. C'est très important, alors si vous avez déjà entendu ce nom, cela m'aiderait grandement ...

C'était au moins un début, il fallait bien commencer à un moment ou à un autre. Si cette jeune femme n'avait jamais entendu ce nom, elle irait réveiller Geran et ils iraient faire quelques recherches avant la fin de la journée. Elle attendait la réponse, sans trop y croire quand même. Cette femme avait plus l'air d'un soldat vêtu de braies, plutôt qu'une ménagère, vivant ici depuis longtemps. Bien qu'elle ne connaisse rien sur la mère de Geran, elle ne l'imaginait pas comme cela ...
Geran_
A l'extérieur de l'auberge

Il était arrivé depuis peu dans cette grande cité qu'était Alençon. Pour le petit garçon de cinq ans qu'il était, tout n'était que découverte. Il venait de ce faufiler hors de l'auberge où il logeait avec sa nourrice et longeait un fleuve dont il ne connaissait pas encore le nom. Comme ils allaient rester dans cette ville, il le saurait très bientôt. Alençon était grand et d'après ce qu'il avait compris c'était une capitale.

Pour confirmer ses pensées, il voyait un grand château ce profiler devant lui. Il s'arrêta un instant pour le regarder. Il était bien plus gros que celui qu'il avait quitté voilà maintenant quelques jours déjà. Il continua sa promenade pour arriver devant le grand mur d'enceinte qui protégeait le château et tous les villageois. Il le longea un moment jusqu'à arriver près de la herse d'entrée. Il vit les marches qui menaient en haut et les grimpa pour se retrouver vite fait sur le chemin de ronde qu'utilisaient les soldats. Il en verrait peut-être quelques-uns en faisant le tour du rempart. Avant de commencer son tour, il s'approcha d'un des créneaux.

Il était trop petit pour voir en bas. Il mit son pied sur une pierre et avec ses bras, se hissa pour voir le dehors. Il était à plat ventre sur le créneau et ses pieds battaient l'air. Il ne se rendait pas compte qu'il pouvait tomber en basculant dans le vide, mais il était heureux d'être arrivé à voir l'extérieur. Il demanderait à Nany d'aller faire une balade en dehors de la ville ...

Peu de temps après être arrivé à grimper sur le créneaux il se sentit soulever. Il n'avait pas entendu le garde en faction approcher. Il tourna la tête pour voir l'homme qui venait de le reposer sur le sol. Il était penché vers lui et fronçait les sourcils. Il se redressa et il eut l'impression d'avoir un ours devant lui, mais il ne fut pas impressionné pour autant, il avait déjà vu des hommes de cette stature ... D'une voix bourru il le réprimanda ...


Dis donc gamin !! T'as rien à faire ici !! Elle est où ta mère ? Hein ... Aller r'tourne donc au village la rejoindre. C'est pas la place pour un p'tit gars comme toi. C'est dangereux ici ... Aller oust !! Déguerpis ...

D'un mouvement un peu brusque, il le dirigea vers les escaliers pour redescendre. Avec une moue boudeuse et un air renfrogné, il redescendit du rempart nettement mécontent. S'il avait été en Bourgogne, il se serait plaint à l'intendant du Seigneur et ce soldat aurait goûté au fouet pour lui avoir parlé comme cela. Enfonçant les mains dans ses poches, il rebroussa chemin d'un pas rageur ...

Une phrase revenait sans cesse dans sa tête. « Elle est où ta mère ? » Depuis toujours il avait vu défilé bon nombre de nourrices. Nany était la seule qui lui montrait de l'affection sans y être obligé. Il l'aimait beaucoup et il avait confiance en elle et c'est en partie pour cette raison qu'il était ici avec elle. Il avait bien repéré le chemin qu'il avait pris et pour retourner à l'auberge, il devait passer devant le château et longer le fleuve comme il venait de le faire.

Il ne se souciait pas de savoir si sa nourrice s'était aperçue de son absence. Sa colère s'était un peu calmée en voyant l'eau du fleuve couler sous ses yeux. Il n'était plus très loin de l'auberge, mais il ne rentra pas pour autant. Il s'assit sur la berge du fleuve, remontant ses genoux sous son menton. Il regarda passer deux cygnes blanc et tourna la tête quand il entendit des rires d'enfants un peu plus loin. Deux jeunes enfants jouaient dans l'eau avec leur mère. Lui n'en avait pas ... En Bourgogne, il n'avait qu'à demander et il avait tout ce qu'il voulait, mais il n'avait pas l'amour d'une mère ...

_________________
Kalian
Elle s’était appuyée sur le comptoir de façon nonchalante, essayant de remettre de l’ordre dans son esprit. C’est pourquoi elle mis du temps à s’apercevoir que c’était à elle que l’aubergiste s’adressait. Ce fut à l’énoncé de son prénom qu’elle tiqua. Que son sourcil s’arqua tandis qu’elle posait ses azurs glacés sur l’homme. Puis ce fut autour de la femme de prendre à nouveau la parole. Quelqu’un la cherchait. Se pouvait-il que ça soit Lui ? Non… Il avait eu ce qu’Il voulait, d’une certaine manière. Et l’objet de ses désirs se trouvait dans le sud. Elle n’avait plus rien avoir avec, d’ailleurs. Aurora ? Non. Celle-ci avait disparu, et peut être ne referait-elle jamais surface. Peut être était-ce mieux comme cela.

Cela avait forcément un rapport avec ce garçon. Elle en était sûre. Ca ne pouvait pas être un hasard. Elle retint un soupire agacé. La folie… Ca ne pouvait être que ça. Elle la guettait comme un fauve guette sa proie. Elle lui tournait autour, prête à reprendre possession de son corps. Ou peut être qu’elle était tout à fait saine d’esprit…

Un silence s’installa pendant quelques secondes. Quelques secondes afin de jauger la femme qui la demandait. De la regarder de haut en bas. De bas en haut. Rien de riche. Rien de pauvre. Difficile de savoir ce qu’elle était. Qui elle était. Ce fut d’une voix dont la glace rivalisait avec son regard, qu’elle s’adressa à elle.


Qui la demande ?

Etait-ce de la peur qu’elle sentait naître au fond de ses entrailles ? Une boule commençait à se lover au fond de son estomac. Une boule qu’elle ne connaissait que trop bien. Sa main se porta à nouveau sur la garde de son épée. Prête à être brandit. Elle pouvait également sentir les dagues qu’elle avait toujours sur elle, cachées. Les sentir contre sa peau. En prendre pleinement conscience afin de mieux parer à toute éventualité.
_________________
--.pauline.


La jeune femme la scrutait de ses yeux bleus. Quand elle ouvrit la bouche pour parler, ce fut d'un ton froid, méfiant.

Qui la demande ?

Se pouvait-il qu'elle connaisse cette femme ? Elle venait de piquer son intérêt. Se redressant sur son tabouret, elle regarda vite fait le taulier qui les regardait aussi avec curiosité, pour reporter aussi rapidement son regard intrigué, mais aussi inquiète sur la jeune femme qui se tenait devant elle. Cherchant ses mots, elle s'adressa à elle, un peu intimidé.

Oh ! Pardonnez-moi, je me nomme Pauline. Comme je viens de l'expliquer, j'ai fait un très long voyage pour retrouver cette personne, dont je dois l'avouer, je ne connais rien sauf qu'elle vie ici, si elle y est encore et qu'elle se nomme Kalian. Je sais que c'est peu, mais je n'ai rien d'autre. Avez-vous déjà entendu ce nom ? La connaissez-vous ? C'est important s'il vous plait ...

Elle espérait être convaincante, la moindre information était d'une grande importance, autant pour Geran que pour sa mère. Elle se méfiait et c'était légitime. Si elle la connaissait, elle la protégeait peut être. Était-elle de sa famille ? Tout un flot d'interrogation lui traversait l'esprit. Elle devait faire attention et poser les bonnes questions. Elle ne devait pas se tromper de personne. Geran en serait anéanti et elle aurait importuné une jeune femme pour rien.

Elle avait l'impression que le temps venait de s'arrêter. Son coeur battait fort dans sa poitrine. Elle avait les yeux rivés dans les siens avec espérance. Guettant le mouvement de ses lèvres quand elle commencerait à parler. Elle ne se rendait pas compte qu'elle triturait le tissu de sa jupe avec insistance, nerveusement.

Le regard de cette femme était froid, limite glaciale et elle n'avait pas pour habitude d'être observé comme cela, mais pour Geran elle était prête à essuyer toute sorte de comportement ... Tant que personne ne la violentait, elle n'avait rien d'un soldat comme cette jeune femme ...
Kalian
Oh ! Pardonnez-moi, je me nomme Pauline. Comme je viens de l'expliquer, j'ai fait un très long voyage pour retrouver cette personne, dont je dois l'avouer, je ne connais rien sauf qu'elle vie ici, si elle y est encore et qu'elle se nomme Kalian. Je sais que c'est peu, mais je n'ai rien d'autre. Avez-vous déjà entendu ce nom ? La connaissez-vous ? C'est important s'il vous plait ...

Son regard ne la quittait pas des yeux. Sa main tenait toujours la garde de son épée, prête à dégainer. S’Il avait été ici, il se serait déjà montré. Peut-être n’y avait-il rien à craindre. Peut être cette femme disait-elle vraie. Mais pourquoi la chercherait-elle ? Pourquoi diable voudrait-elle lui parler ? Elles ne se connaissaient pas. Et jamais elle n’avait entendu parler d’une Pauline.

Un grondement sourd fut rapidement étouffé. Ne pas créé d’émeutes ici. Garder son sang froid et quitter la salle principale. Ne pas rester là où tout le monde pourrait les voir. Car si c’était Lui qui l’envoyait, elle devrait la supprimer rapidement, avant qu’elle n’ait le temps de Le prévenir.


Allons ailleurs. Quelque part où personne ne pourra écouter notre conversation. Et vous me direz alors ce que vous lui voulez à cette Kalian.

L’ayant vu descendre des étages, elle en déduisait qu’elle devait certainement avoir une chambre ici. Dans ce cas, ça serait parfait. Sauf s’il fallait qu’elle se débarrasse d’elle. Le tavernier saurait qu’elles étaient parties toutes les deux… Raaaah ! Pourquoi rien ne marchait-il jamais comme elle le voulait ! Juste une fois dans cette vie maudite ! Sa main libre vint se poser sur le bras de cette Pauline afin de lui faire comprendre qu’il était temps de se mettre en route. Afin d’avoir une discussion. Elle se pencha vers cette femme, prête à se défendre, tous les muscles contractés, pour lui susurrer quelques mots.

Ne faites aucun geste brusque. Ne tentez pas de vous échapper. Il ne vous arrivera rien tant que vous faites ce que je dis et que vous n’essayez pas d’appeler à l’aide.

Sa voix était emplie de menace. Pauline devait comprendre qu’elle n’hésiterait pas une seule seconde à la tuer si jamais elle se montrait dangereuse. Un coup de menton vers les escaliers pour lui faire comprendre que c’était vers la chambre qu’elle voulait qu’elles se dirigent. Et rapidement.
_________________
--.pauline.


Son regard devenait de plus en plus insistant et la mettait mal à l'aise. Apparemment elle n'avait pas été convaincante et la réaction de la femme présageait qu'elle connaissait bien Dame Kalian. Ne voyait-elle pas qu'elle n'avait rien à craindre d'elle ? Ne voyait-elle pas qu'elle n'était pas armée ? Elle avait l'air de craindre quelque chose. Pourtant, ce n'était pas le cas venant de sa part, mais elle comprenait, car après tout elle ne la connaissait pas.

Elle ne pouvait pas savoir qu'elle avait fuit un château en Bourgogne avec un enfant. Elle avait fait attention de ne pas être suivi. Elle savait que les soldats du Seigneur devaient les chercher, c'est pour cela qu'elle aussi, devait prendre des précautions, mais elle ne s'était pas attendue à un tel accueil méfiant dès qu'elle poserait ses questions ...


Allons ailleurs. Quelque part où personne ne pourra écouter notre conversation. Et vous me direz alors ce que vous lui voulez à cette Kalian.

Elle voulait aller parler dans un endroit tranquille. Cela lui convenait. Personne d'autre, n'avait besoin de savoir de quoi il s'agissait. Elle hocha la tête en guise d'assentiment. Elle n'eut pas le temps de se lever de son tabouret que la femme lui agrippa le bras pour lui indiquer de se lever. Son comportement lui faisait peur. Elle ne comprenait pas pourquoi une telle animosité envers elle. Quand elle lui parla, le ton et les paroles montraient bien des menaces ...

Ne faites aucun geste brusque. Ne tentez pas de vous échapper. Il ne vous arrivera rien tant que vous faites ce que je dis et que vous n’essayez pas d’appeler à l’aide.

Elle se leva et elle l'entraîna vers les escaliers de l'étage. Elle voulait certainement aller dans la chambre où ils étaient installés avec Geran. Elle monta sans sourciller, mais son coeur battait si fort que ses tempes lui faisaient mal. Quand elles arrivèrent devant la porte de la chambre, elle se retourna vers la femme. Prenant une profonde inspiration pour calmer un peu sa peur, elle s'adressa à elle d'une voix qu'elle voulait calme.

Écoutez, vous n'avez rien à craindre de moi et votre comportement me ... me fait peur. J'aimerais simplement voir Dame Kalian, rien de plus ... S'il vous plait, il y a un enfant qui dort dans cette chambre et je ne veux pas qu'il ait peur en ce réveillant. Ne soyez pas si ... Si menaçante ... Il est très jeune, à peine cinq ans ...

Elle lui lança un regard suppliant en posant la main sur la poignée de la porte de la chambre. Après une hésitation elle ouvrit la porte et elles entrèrent dans la chambre. Quand elles furent entrées, son regard se posa directement sur le lit. Son coeur manqua un battement quand elle se rendit compte que Geran n'était pas là. Plantant là la jeune femme et en oubliant ses menaces, elle se dirigea vers le lit en courant presque. Elle fit un tour rapide de la chambre, mais rien. Il n'était plus là. Paniquée elle regarda la femme.

Il n'est plus là !! Il n'est plus là ... Non ce n'est pas possible ... Geran !! Messire Gerannnn où êtes-vous ? Sortant dans le couloir elle cria de plus belle ... Messire Gerannnnnnnn répondez-moiiiiii !!!

Mais pourquoi était-il sorti ? Elle devait fouiller toute l'auberge avant de paniquer complètement. Il était peut-être simplement allé faire un tour pour visiter l'auberge. Oui cela devait être ça. Elle n'osait imaginer qu'il soit allé ailleurs. Et si les soldats le retrouvaient ... Non pas de panique il ne pouvait pas être loin ...
Kalian
Il n'est plus là !! Il n'est plus là ... Non ce n'est pas possible ... Geran !! Messire Gerannnn où êtes-vous ? Messire Gerannnnnnnn répondez-moiiiiii !!!


Ce fut comme une gifle violente. Comme un coup de poignard porté au cœur. Non. Cela ne pouvait pas être. Elle sombrait. Il n’y avait pas d’autres solutions. La folie la rattrapait et cette femme n’était que le produit de son imagination. Il lui suffirait de fermer les yeux et alors elle se retrouverait seule, dans cette chambre d’auberge. Mais rien ne se produisit. Elle eut beau fermer et rouvrir ses azurs à plusieurs reprises, l’image ne changeait pas. La voix était toujours là, à crier le nom de son fils. Son défunt fils. Son fils disparut il y avait de cela tellement de temps.

Cette impression que ce cadavre qui avait été retrouvé n’était pas son fils. Cette impression qu’il ne pouvait être mort. Qu’il était quelque part, en vie. Etait-ce donc possible ? Une mère pouvait-elle ressentir ce genre de choses ? Sa mère ne lui avait-elle jamais répété qu’elle savait si ses enfants étaient en bonne santé ou non, en danger ou pas ? Ne lui avait-elle jamais dit que c’était leur rôle de le savoir ?

L’impression d’une décharge électrique la traversa tandis que Pauline déboulait dans le couloir en hurlant. Elle frôlait l’hystérie. Et surtout, elle allait rameuter toute l’auberge. Or, la jeune femme voulait passer inaperçu au maximum.

Elle se ressaisit, se redressant de toute sa hauteur. Elle empoigna Pauline par le bras afin de l’attirer dans la chambre et de fermer la porte derrière elle. Son visage n’exprimait rien, son regard azuré était vide de toute vie. Car l’espoir était un luxe qu’elle n’osait se permettre. Tout cela ne pouvait être qu’une coïncidence. Elle ne pouvait prendre ce risque. Ce fut donc d’une voix cinglante qu’elle s’adressa à cette pauvre femme qui semblait prête à éclater en mille morceaux.


Taisez vous ! rugit-elle d’une voix impérieuse. *De Dieu ! Si jamais quelqu’un l’entend…* La ferme j’ai dit ! Qu’est-ce que vous voulez ? Qui êtes vous ? Qui est ce garçon ? Pourquoi êtes-vous là ? D’où tenez vous mon nom ?

Elle n’avait pas lâché le bras de Pauline et se rendit compte qu’à mesure que son flot de questions se déversait, elle la secouait comme un prunier, comme si les fruits qu’elle voulait cueillir n’en tomberaient que plus facilement.

Répondez moi et arrêtez donc de hurler ! Si vous croyez que c’est comme ça que vous retrouverez je ne sais qui… A moins que ça ne soit un code avec quelqu’un…

Le doute l’assaillit. Se pouvait-il que cette misérable femme ne soit au final qu’un piège tendu par Lui ? Quelle meilleure façon y’a-t-il d’attirer la mère d’un garçonnet que de lui faire croire qu’il est dans les parages ? Sans même réfléchir, elle s’empara de la dague qui était lové au creux de ses reins puis plaqua la dite Pauline – peut être ce nom était-il faux…- contre un mur, la lame appuyée contre sa gorge.

Qui vous accompagne ? Qui vous envoie ? Où sont-ils ? Je vous conseille de ne pas chercher à me mentir, je le saurais de suite. Et je puis vous assurer que vous vous étoufferez avec vos mensonges si vous vous y avisiez !
_________________
--.pauline.


Panique à bord cette fois, elle avait beau l'appeler il ne répondait pas. Il était à l'extérieur de l'auberge elle en était sûre. Comment avait-il fait pour passer à travers sa vigilance ? Mais où avait-il la tête ? Elle lui avait pourtant assez répété qu'il ne devait pas s'éloigner d'elle. Du moins tant qu'elle ne serait pas sûre que les soldats ne les avaient pas retrouvé. Comment allait-elle faire pour le retrouver maintenant ? Elle ne connaissait pas du tout cette ville et lui non plus.

Elle appelait toujours, criant de plus en plus fort pour qu'il l'entende. Une poigne de fer lui tomba dessus sans qu'elle comprenne ce qui lui arrivait. Elle se retrouva dans la chambre avec cette femme dont elle se moquait comme d'une guigne. Elle devait retrouver Geran avant qu'il n'arrive un malheur. Elle la regarda avec des yeux ronds tout en essayant de lui faire lâcher prise. Elle lui faisait mal. Quand elle s'adressa à elle, le ton était sans réplique ...


Taisez vous ! La ferme j'ai dit ! Qu'est-ce que vous voulez ? Qui êtes vous ? Qui est ce garçon ? Pourquoi êtes-vous là ? D'où tenez vous mon nom ?

Elle lui posait des tas de questions qu'elle avait du mal à entendre tellement la femme la secouait. Elle n'arrivait pas à lui faire lâcher prise et elle serrait ses bras avec ses mains de plus en plus fort.

Répondez-moi et arrêtez donc de hurler ! Si vous croyez que c'est comme ça que vous retrouverez je ne sais qui... A moins que ça ne soit un code avec quelqu'un...

Son comportement changea en un clin d'oeil. Elle avait cessé de la secouer, mais d'un geste brusque elle se retrouva plaquer contre le mur de la chambre, une dague contre la gorge. Mais que ce passait-il ? Elle ne comprenait rien. Elle avait cessé de crier et elle regardait la femme qu'elle avait devant elle avec un regard paniqué essayant de comprendre les questions qu'elle venait de lui poser. La dague lui entaillait le cou, elle essayait de se reculer le plus possible de la lame, mais le mur l'en empêchait ...

Qui vous accompagne ? Qui vous envoie ? Où sont-ils ? Je vous conseille de ne pas chercher à me mentir, je le saurais de suite. Et je puis vous assurer que vous vous étoufferez avec vos mensonges si vous vous y avisiez !

Essayant de parler, elle mit sa main sur le bras qui tenait la dague. Pourquoi cette femme réagissait-elle comme cela ?

S'il ... S'il vous plait ... Vous me faites mal ... je ... Je dois retrouver Geran avant qu'il ne lui arrive malheur ... S'il vous plait ... J'ai fait ce voyage seul avec l'enfant, mais s'il est retrouvé par les soldats ... j'aurais fait ce voyage pour rien ... Vous comprenez ? Je suis la nourrice de ce jeune homme et je l'ai enlevé à un château qui se trouvait en Bourgogne. J'ai fait bien attention que les gardes du Seigneur ne nous suivent pas ... Si je suis venu ici c'est pour retrouver sa mère ... Dame Kalian est sa mère ... Vous comprenez ? Je ne mens pas, il faut me croire ...

Une question lui revint en tête. Dans la panique elle n'avait pas percuté. « D'où tenez vous mon nom ? » Seigneur, cette femme était la mère de Geran ?

Vous ... Vous êtes Dame Kalian n'est-ce pas ? Vous êtes la mère de Geran ? Lâchez-moi ... Je vous en prie, lâchez-moi ... Il faut que je le retrouve ...

Son regard était suppliant, implorant. Elle s'inquiétait pour Geran, il fallait qu'elle sorte de cette auberge pour partir à sa recherche. L'heure des explications attendrait, la sécurité de son protégé passait avant ...
Kalian
Devait-elle ou non faire confiance à cette inconnue ? Avait-elle le droit de se laisser aller à l’espoir qu’il s’agissait bien de son fils ? Qu’il était là, pas loin d’elle ? Que ce besoin, cette envie soudain de venir dans cette auberge n’était pas une simple coïncidence ? Pouvait-elle, ne serait-ce qu’une seconde, y croire ?

La réponse était simple. Oui. Parce qu’au plus profond d’elle-même, elle le savait parfaitement. Ce petit garçon qui était sorti et l’avait regardé, l’espace de quelques secondes. Quelques secondes qui lui avaient suffit pour le reconnaître. Reconnaître ce regard azuré qu’elle avait tant aimé contempler. Ce regard d’un bleu étincelant qu’il avait hérité de sa mère, de son oncle dont il portait le nom. *Geran*.

*Geran*. Une boule vint se ficher dans son estomac. Non, il ne s’agissait pas de la folie. Ni d’un de ses rêves qui la hantaient chaque nuit. Son fils était en vie. Elle l’avait toujours su, toujours sentit, malgré ce que cette hyène avait pu lui dire, lui soutenir. Son cœur hurlait désormais de douleur à l’idée qu’il ait à nouveau disparu. Si proche et pourtant si loin. Elle se sentit étouffer. Ce besoin de le serrer contre elle. De le regarder, de lui parler, de le toucher pour espérer que tout cela était bien réel.

*GERAN !* Elle avait envie de hurler. De crier. De courir à travers tout Alençon afin de le retrouver. Avant qu’il ne soit trop tard. Avant qu’Il ne vienne lui enlever à nouveau son fils. Mais cette fois-ci elle voulait être là. Présente. Affronter la bête. Offrir sa vie pour protéger celle de son fils. Se comporter comme une mère normale aurait du le faire. Et ne pas l’abandonner entre les mains d’une nourrice incompétente, comme elle l’avait fait.

Il lui fallut quelques secondes avant de pouvoir répondre. Assurer sa voix afin de ne pas y laisser transparaître la douleur qui l’étreignait. Afin de ne pas faire sentir à la femme qu’elle était au bord de la noyade. Prête à sombrer dans les abysses. Retirant doucement la lame de sa gorge, elle finit par s’adresser à elle d’une voix qu’elle espérait pas trop tremblante.


Si j’apprends que vous m’avez mentit, je vous promets que vous regretterez que je ne vous aie pas déjà tuez. Votre supplice sera tel que vous m’implorerez de vous donner la mort.

Depuis combien de temps êtes-vous partis ? Avez-vous remarqué quelqu’un qui vous suivait ? Pourquoi Ge… Pourquoi l’avez-vous laissé seul ?
Prononcer son prénom… Pourquoi n’avait-elle pas réussi ? *Geran…*

Nous allons descendre. Et vous allez vous tenir calme. Ca n’est pas en hurlant partout son nom que vous le sauverez. Nous allons le chercher et tâcher de rester discrète. Savez-vous s’il y avait quelque chose qu’il voulait voir ? Qui avait attiré son attention ? Rappelez vous, c’est important. Mais je ne veux pas d’hystérique qui hurle partout. Sinon je vous ferais avaler votre langue. Suis-je claire ?
_________________
See the RP information <<   1, 2, 3   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)