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Arrivée et installation en Lorraine de tout un groupe de mômes qui ne tiennent pas en place.

[RP] Jeux d'Enfants

Negan
La nouvelle du décès d'Eiddin de Margny-Riddermark était parvenue aux oreilles de sa sœur : la petite malade, soudainement, s'était sentie mieux et s'était levée pour profiter de ce sentiment de bonheur qui l'envahissait par vagues : la saleté fraternelle était morte ! Ce sang exécré qui l'avait souillé en faisant couler le sien n'était plus ! Et la jeune fillette de douze ans, contrainte de porter un deuil hypocrite pour maintenir un semblant de compassion familiale, cacherait sous le voile noir un grand sourire comblé. Ce serait un jeu d'enfant que de paraître attristé du trépas du frère abhorré, tant il en valait la chandelle.

Les besoins généalogiques de la nouvelle contraignirent Negan à se pencher sur sa famille et sa double lignée ; la lignée de Margny-Riddermark, tout particulièrement, pour son affiliation avec le défunt haï, ce qui lui permit d'apprendre l'existence d'une sienne cousine vivant en Lorraine et issue de Debenka de Riddermark, et à laquelle elle se promit d'écrire afin de faire plus ample connaissance. Mais si en ces jours de deuil elle devenait par intérêt une Margny-Riddermark, elle n'oublierait jamais avoir été élevée par l'autre branche, la dynastie Adams de Mélincour, dont elle est issue par sa mère, et au sein de laquelle son grand-père Greenwarrior de Rougemont avait confié son éducation à l'oncle Erwin le Jeune. Mais si l'heure était par circonstance aux affaires de familles, elle n'était pas aux souvenirs, et c'est à la Hérauderie que la jeune malade, après s'être contrainte à acquérir le matière nécessaire à l'écriture - son oncle Erwin lui avait appris les lettres, toute jeune - destina sa première lettre.




A la noble Hérauderie Impériale & à ses dignitaires,

Je, Negan de Margny-Melincour, fille de l'union de feu le vicomte Sirius de Margny-Riddermark et de feue dame Aleks Adams de Melincour, viens d'apprendre le trépas d'Eiddin de Margny-Riddermark, mon frère, et c'est le cœur alourdi d'une immense peine que je prend la plume d'un bras bandé de noir pour vous écrire au sujet de la vacance de la baronnie de Dannes-et-Quatre-Vents, sise en le duché de Lorraine où je réside & que je sers. En l'absence de toutes dispositions testamentaires qu'auraient pu laisser mon défunt frère, afin de relever nos armes & notre blason pour que ces derniers ne tombent point en quenouille, & enfin pour pouvoir servir plus en profondeur le duché de Lorraine où suis déjà engagée dans les forces armées, j'aimerais vous faire connaître mes prétentions à l'héritage de ladite baronnie de Dannes-et-Quatre-Vents, sise en Lorraine.

Nancy, le dixième de septembre mil quatre cent cinquante & sept,
Negan de Margny-Melincour

L'écriture de cette missive avait épuisé la jeune enfant, affaiblie par l'heure tardive ne convenant point aux jeunes filles de douze ans, et par les faiblesses qui la prenaient régulièrement. Au petit matin, lorsque le soleil darda ses premiers rayons dans la petite propriété de Negan, elle se réveilla toute penaude d'avoir dormi sur la planche d'écriture en bois, sans avoir eu la force de s'en aller coucher. Elle avait néanmoins récupéré quelques forces et, repensant à la cousine Lorraine qu'elle venait de se découvrir, s'empressa de lui écrire, mettant plus d'une heure à rédiger la missive pourtant fort courte qu'elle désirait lui écrire, pesant chacun des mots et se forçant à simuler la tristesse à l'annonce de la mort de son frère.



A Nayenna de Riddermark,

Je vous écris, mademoiselle de Riddermark, car suis Negan de Margny-Riddermark Adams de Mélincour, votre cousine, & viens d'apprendre à force d'études & de lectures de nos registres familiaux votre existence et votre choix de vivre & d'habiter en le duché de Lorraine, ainsi que moi qui réside en les murs de Nancy. En ces heures sombres ou l'annonce du décès d'un être cher à mes yeux et à mon sang, mon frère, votre cousin, Eiddin de Margny-Riddermark, j'ai besoin de me tourner vers mon sang pour y trouver de l'affection & du réconfort, seuls remèdes susceptibles de me sortir de l'affliction dans laquelle cette nouvelle m'a plongé. J'aurais, mademoiselle ma cousine, grand besoin & forte envie de faire votre connaissance, aussi ose-je vous inviter en Nancy où j'ai grand espoir que la présence d'un être proche de moi par l'âge & le sang me rendre goût à l'existence, et sache combler le grand vide qui survient en moi après ce trépas.

Nancy, le onzième de septembre mil quatre cent cinquante & sept,
Negan de Margny-Melincour

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Nayenna
L’après-midi était déjà bien avancée, lorsque Nayenna décida d’accomplir la suite de son expédition.
Voilà que depuis le matin, relativement tôt, elle rêvassait à ces chemins continus qui sortaient de ci de là du village, qu’elle n’avait plus empruntés depuis tant de temps, mais qui hantait chaque jour ses jeux d’enfant. Chaque jour la menait un peu plus loin que le précédant dans ses fougueuses aventures.
Elle était revêtue de sa plus jolie robe. Une bleue pâle, reliée et attachée dans son dos par tout un amas de fanfreluches et, comme tous les jours, elle était debout, face au petit sentier qui traversait le bois et dont elle connaissait si bien les 45 premiers mètres.
Ce n’était pas force d’essayer d’aller plus loin, mais ça faisait quinze jour seulement qu’elle s’y attelait, marchant chaque fois trois pas nouveaux et inconnus. C’était toujours le même rituel, une fois que la matinée chargée en cours et enseignements divers se clôturait, l’après midi était pour elle et pour elle seule. Avec bien sur Lizzie, sa chère et tendre poupée qui ne la quittait jamais. Au début, elle paradât dans toute la ville pour afficher sa belle robe et attirer un peu l’attention des gens autour d’elle. Mais bien vite, elle se lassa de cette occupation médiocre et revint sur ses terrains de jeu.
Ce jour, elle devait dépasser les 50 mètres.


Tu vas voir Lizzie, quand on y sera, plus rien ne nous arrêtera…
Glissa-t-elle à sa poupée qui pendouillait mollement de sa sacoche. Et un jour, on dépassera même les 100 mètres… Ca s’ra super tu sais.
La petit fille sourit, et remonta ses jupes. Premier pas. L’excitation monta d’un seul coup et elle ne pu retenir un petit rire. Le deuxième pas était toujours le pas décisif, qui l’empêchait de faire demi-tour. Mais cette fois elle le fit. Ensuite, les pas suivant c’était du tout cuit. Elle marcha en comptant sur ses doigts. S’arrêtant de temps à autre pour vérifier en fonction de ses points de repères. L’arbre qui ressemble à sa mère à cause de ses formes bombées, 10, la pomme de pain écrasée, 13, le trou de souris ou de lapins, 20… Ainsi de suite jusqu’à 45.
Là, l’excitation était à son comble. La forêt était déjà pas mal dense et elle ne voyait presque plus les toits des maisons.
Nayenna prit Lizzie dans ses bras et renifle légèrement.


Tu vois, on y est arrivé encore une fois. Et j’suis sur que si on continue on verra plus les maisons…

Elle se tourna tout sourire vers le chemin sinueux, et serra sa poupée contre son cœur… soudain un cri retentit.

NAYENNA VON RIDDERMAAARK…. NAYENNAAAAA…. NAYENNAAAA
La gamine soupira et leva les yeux au ciel. La vieille la réclamait. Si près du but, elle devait tout abandonner… Un instant, elle fut tentée de ne pas écouter et de continuer son chemin, bravant l’interdit une fois de plus. Mais si les cris annonçaient la venue de ses parents, elle risquait de se faire gravement réprimander et la dernière fois, sa mère n’avait pas été tendre en la privant repas toute une journée.
Elle abandonna donc… se promettant de remettre ça à demain et courut vers le village. Lorsqu’elle arriva devant la maison, elle plissa les yeux et regarda les gens présents. Sa nourrice, bien sur, sa servante, de fait, et un drôle d’homme tout habillé de couleurs étranges. La nourrice accourut vers elle.


Vous voilà enfin mon enfant. Il y a du courrier pour vous. Cet homme est porteur d’un message urgent. Il avait hâte de vous trouver.
La fillette jeta un regard mauvais à l’homme qui la dévisageait et passa devant lui en l’ignorant, le menton haut et les épaules droite. Elle marcha ainsi jusqu’au petit salon et pria à sa servante de faire entrer le messager après avoir prit soin d’attendre quelques minutes.
Le messager entra et lui délivra le message. Et bien qu’elle fut relativement jeune, Nayenna savait lire. Elle prit donc connaissance de la lettre avec des froncements de sourcils continu, un sourire placé à certains moments, et une profonde compassion à d’autre.

J’ai une cousine… murmura-t-elle au bord de l’extase. Elle qui pensait être la seule enfant de sa famille… Elle a une cousine. Pas loin d’Epinal qui plus est ! La joie était à son comble, cette cousine la réclamait. Savait-elle seulement comment elle s’en fichait éperdument de la mort de… De qui encore.
La petite fille relut la lettre avec attention, et se souvint de cet Eiddin, le fils de Sirius. Elle ne le connaissait pas, mais ressentait une certaine tristesse dans la lettre. La compassion fit donc place à la joie éprouvée quelque secondes auparavant. Negan avait l’air accablée par la mort de son frère. Et en tant que cousine, elle devait la rejoindre…
Un grand sourire s’affichait sur son visage à mesure que ses décisions étaient prises. Très vite, elle fit venir son scribe, et, ne sachant pas écrire aussi bien qu’elle lisait, elle dicta sa réponse.




A Negan Margny-Melincour.

Très chère cousine.
C’est avec grande tristesse que j’ai accueilli votre lettre. Et toutes mes condoléances vous sont envoyées dès à présent.
Je regrette également la mort de mon cousin Eiddin bien qu’inconnu pour moi, il reste quelqu’un de mon sang et je me mets en route dès la fin de cette lettre pour venir vous apporter mon soutien et mon réconfort.
Du moins autant que vous en aurez besoin je l’espère.
Vous avez bien fait, chère cousine de m’écrire et je remercie le ciel que nos registres soient si bien entretenus et que vous en ayez eu connaissance.

Nayenna Von Riddermark, le treize septembre mil quatre cent cinquante-sept.



Chose faite, elle demanda à ce qu’on prévienne ses parents, fit préparer le carrosse par sa servante et autres domestiques, ordonna à sa dame de compagnie de faire ses bagages. Le voyage serait sans doute long et comme le soleil commençait à lécher les toits et les sommets des arbres, la fillette porta son voyage au lendemain, tandis que le porteur du message s'en allait.
Elle ne dormit pas cette nuit là, ou peu. Et dès l'aube, le voyage prit forme avec deux carrosses, domestiques, gardes et nourrice. Nayenna dormit tout le long, bien qu'elle eut longuement luté contre le sommeil. Et après un nombre interminable d'heure de route et de ballotement, Nancy se profilait devant-elle...

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Leandre
[Terminus, tout l'monde descend !]


La petite troupe était enfin arrivée à Epinal. La Lorraine, finalité de leur voyage, était atteinte. Ce sont cinq enfants, âgés entre cinq et treize ans, qui ont franchi les murailles spinaliennes, accompagnés de leur monture et leurs bagages. Aucun adulte avec eux, parce que les plus grands des gamins s'estimaient capables de faire sans. Néanmois, il fallait bien s'occuper des plus petits, et même si ce n'est pas tâche aisée, Leandre pensait qu'il s'en sortait plutôt bien. Il faisait régner l'ordre parmi les deux soeurs angevines, en menaçant de manger la moins âgée. Ce qui lui attirait les foudres de l'aînée, bien évidemment. Question ordre, on repassera.

Ils resteraient pour quelques jours dans cette cité pour le moins étrange, avant de rejoindre Vaudémont pour certains, Nancy pour d'autres. C'est ainsi qu'ils installèrent leurs affaires dans une auberge de la ville, et commencèrent à monopoliser les tavernes, pour le plus grand dam de certains habitants facilement irritables. Ils firent la rencontre d'une autre gamine - comme si la présence de celles que Leandre se coltinait déjà ne suffisait pas - âgée de sept ans. Nayenna de Riddermark. Une cousine éloignée de Soeli, la préceptrice du Valfrey. Ainsi l'enfant décida qu'elle serait sympathique. Seule ombre au tableau, l'oncle de la gamine n'était autre que Max de Mazière, ennemi juré de son père. Mais il essayerait de ne pas lui en tenir rigueur, pendant un temps.

En cette soirée, profitant d'un moment de calme, Leandre s'installa à la table d'une taverne vide, et y posa sa besace afin d'en sortir encrier, plume, parchemin et petite rose en métal. Il avait quelque chose à faire, comme le lui avait demandé son père, et il comptait bien s'y atteler avec soin. Du dos de la main, il aplatit la feuille, et de l'autre membre attrapa la plume qu'il trempa quelques instants dans l'encrier. Il commença ainsi la rédaction de sa lettre, minutieusement.




Citation:
Au duc Yanahor Goulard de Rubempré,
De nous, Leandre Lazare, bâtard de Valfrey,

Salutations.

Nous ne nous connaissons pas. Si je vous écris ce jour, c'est sur conseil de mon père, le comte de Beaufort, Jontas de Valfrey. Celui-ci se repose actuellement en une abbaye franc-comtoise, suite à son duel remporté face au pédant Max de Mazière et m'a demandé de continuer ma route vers la Lorraine. Je lui obéis donc même si je ne sais trop quoi vous dire. Mon père m'a expliqué que vous et lui êtes amis, et qu'il pourrait compter sur vous pour nous aider à nous intégrer, mes compagnons de voyage et moi, le temps que lui-même arrive. Je suis actuellement accompagné de Maeve Alterac, ma promise, de Calyce et Clélie, des angevines de naissance dont j'ai oublié le nom de famille, d'Aliénor de Lastequelque chose, une bourguignonne je crois, et je pense que Nayenna de Riddermark nous rejoint.

Comme vous devez sûrement vous le dire, ça en fait des mioches. Moi-même je trouve cela épuisant, surtout que Calyce crie sans arrêt dans mes oreilles, et que Clélie saute sur les chaises en taverne. Les autres elles sont plus calmes. Maeve aussi évidemment, mais elle c'est normal, elle est parfaite. En chemin, nous avons rencontré des Von Frayner, une sœur, et son frère. Blanche qu'elle s'appelle. Elle est horrible, c'est une menteuse. Et son frère a menacé de me couper la tête si je disais encore qu'elle mentait. Pourtant c'est la vérité... Il paraît que la Lorraine est infestée de gens comme eux, et moi je dois veiller à la sécurité de Maeve, surtout depuis que je possède une vraie épée qu'elle m'a offert. Donc j'espère que vous assurerez notre protection contre les Von Frayner le temps de notre séjour dans votre duché.

Je ne vais pas vous raconter ma vie plus longtemps, je ne veux pas vous ennuyer... je joins à cette missive un objet que mon père m'a confié. Il m'a dit que vous seriez ainsi certain que je suis bien envoyé par lui. Donc, voilà, vous avez normalement trouvé l'objet métallique dans le parchemin enroulé.

Dans l'espérance d'avoir de vos nouvelles rapidement, nous continuons notre route vers Vaudémont.

Respectueusement,

Leandre Lazare de Valfrey.






Satisfait, le môme posa sa plume à coté de l'encrier. Encrier qu'il avait d'ailleurs retrouvé en fouillant dans les affaires de Calyce. La peste le lui avait subtilisé en Franche-Comté, certainement pour écrire à son amie spinoziste de quatre ans que Leandre considérait, elle aussi, comme une hérétique. L'impérial fourra son matériel d'écriture dans sa besace, enroula le parchemin autour de la rose argentée, non sans la comtempler une dernière fois, se demandant bien ce qu'elle pouvait signifier, et attrapa la besace en question d'une main, gardant le parchemin dans l'autre, avant de filer hors de la taverne rejoindre Maeve aux écuries de la ville. Il s'assurera alors que sa lettre soit confiée à un messager digne de ce nom.
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Maeve.
Les différences étaient notables. La jeune rouquine, tout au long du chemin, avait fait attention aux disparités de paysages et d'architecture des régions traversées. Si la Normandie était baignée par des effluves d'iode, des paysages parsemés de vergers et de champs de vaches, en revanche le Berry était d'un calme plat que presque rien ne venait troubler que de petits hameaux.
La Bourgogne était vallonnée et humide. Et l'Auvergne.. l'Auvergne et ses volcans, elle avait aimé. Collines trouées à leur faîte, courbes vertes d'une végétation luxuriante, un climat qui pouvait changer du tout au tout en quelques secondes et les villages cachés au détour d'une pente... Sans compter les innombrables cours d'eau et sources qui sillonnaient la région.

Et l'eau, c'est très important pour Maeve figurez-vous. C'est une enfant d'obsessions. L'eau, les coquillages, les chevaux, l'Ordre Royal de la Licorne, ses parents, et Leandre. Pas forcément dans cet ordre d'ailleurs. La jeune fille d'une douzaine d'années maintenant aimait, et ce depuis toute petite, aller tremper ses pieds dans tous les ruisseaux, rivières ou fleuves qu'elle pouvait croiser. C'était souvent son premier objectif quand elle arrivait quelque part d'ailleurs.
Mais quand les enfants avaient en vue des abords d'Epinal, ce qui l'avait d'abord frappée, c'est la différence d'architecture avec les villes françaises plus au Sud. Les pierres, plus foncées, étaient aussi taillées plus larges, les maisons plus basses, les rues plus étroites. Le temps aussi était différent. Les nuages plus lourds menaçaient à chaque instant de laisser une pluie drue les tremper, avant de s'enfuir rapidement, trouée de lumière qui d'un coup les réchauffait.
Les petits villages qu'ils avaient traversés avant d'arriver aux murailles principales - Dinozé, Saint Laurent, Chantraine- étaient rattachés à la ville par des routes qui facilitaient le commerce, et une fois passée l'enceinte de la Grand'ville, le pont de grosses pierres qui traversait la Meurthe les menaient sur une petite place toute en arcades. Les prunelles azurées de la jeune Alterac s'étaient écarquillées devant un si joli endroit.
Pour une fois, elle n'était pas retournée au bord de la Meurthe pour y baigner ses petons, mais avait fait le tour des quartiers qui entouraient la place des Vosges. Tout autour, des montagnes paraissaient protéger la petite ville de leur halo rassurant.

Et la forêt... Drue, immense, qui prenait pied des les murailles pour aller manger les collines de leur verdure changeante, elle était impressionnante. Surtout pour Maeve... La rouquine avait peur des forêts. Quand elle n'était encore qu'une petite fille au minois angélique et à l'engouement communicatif, elle aimait y entrer, se faire peur avec l'ombre des branches, courir parmi les ronces, cueillir des fougères et découvrir de petites clairières ombragées où elle s'entrainait à l'arc.
Seulement, à l'orée d'une clairière limousine, elle avait rencontré le Mal au milieu des arbres. Un ange blond, déchu, dont le plaisir ce jour-là avait été de torturer, de meurtrir et de traumatiser une petite noble qui ne demandait qu'à rire et s'amuser. La marque rose sur la joue droite resterait à jamais le souvenir de cette rencontre. Depuis, elle avait peur de la forêt, même celles pleine de promesses comme les forêts spinaliennes.

Une fois le tour des environs effectués, elle était passée voir Anthelme aux écuries, bien sur. Leur grand frison noir, à Leandre et elle. Celui qui les suivait depuis des années, depuis leur retour mémorable de Dieppe. Fidèle au poste, il les conduisait le long d'une route pleine de découvertes. C'est alors qu'elle venait d'emprunter une poignée d'avoine qu'elle mélangeait à des morceaux de pomme pour l'apporter à leur cheval qu'elle vit arriver le jeune impérial.
Comme toujours dans ces cas-là, elle avait sourit, étirant légèrement sa cicatrice, repoussant machinalement une boucle rousse perdue sur son front. Léger rose sur les pommettes, nouveau pour sa part. L'âge sans doute... Une nouvelle timidité qu'elle n'avait pas lorsqu'ils étaient enfants, qui apparait de temps en temps désormais, parce qu'ils ont grandi.

Au côté du futur chevalier, une épée rutilante, encore neuve, qu'il arbore fièrement, ce qui étire encore plus largement le sourire de la jeune fille. Elle lui en a fait cadeau. Il avait fallu faire vite, et payer un peu que prévu le forgeron, pour qu'il la forge avant qu'ils ne reprennent la route. Retrouver leur blason familial pour le faire graver sur la garde, et décrire Leandre pour qu'elle soit équilibrée. Mais tout cela en valait la peine à voir son promis la porter ainsi...


Bonjour Leandre ! Tu vas bien ?
Tu veux m'aider à donner ça à Anthelme ? Il faut que j'écrive à Maman...


Aussitot dit aussitot fait... Nourrir ensemble leur premier cheval, puis se caler dans un coin de l'écurie, endroit où elle se sentait autant chez elle que dans les tavernes. De sa besace élimée, elle sort une plume malingre et un pot d'encre neuf, le dernier ayant été épuisé à Dijon pour son procès.
Appliquée, le velin coincé sur un genou, elle entreprend la rédaction de sa missive.


Citation:

Maman,
Bien le bon jour,

Nous sommes arrivés à Epinal. Rassurez vous pour mon procès, il semblerait qu'il y ait eu une erreur et le procureur m'a promis la relaxe.

L'Empire n'est pas si différent, et pourtant tellement dissemblable à ce que j'ai connu. Maman, si vous voyiez les forêts, les champs à fleur de colline, les bâtiments plus bas, plus travaillées, cette pierre rose qu'ils appellent "Grès des Vosges"... C'est vraiment joli. Et puis les gens sont plutot gentils ici.
Nous sommes, Leandre et moi, accompagnés de beaucoup d'enfants. C'est très chouette d'être ainsi en groupe. Comme nous restons ici quelques temps, je vais utiliser mes économies pour m'acheter une petite maison, ça ne coute rien dans le coin, ainsi, vous savez que je ne dors pas dans une auberge mal famée. Le comte de Beaufort nous rejoint un peu plus tard, il a du entreprendre une retraite chez les moines pour se remettre complètement de son duel contre Max de Mazière. Mais nous nous en sortons bien, et je gère la bourse que vous m'avez laissée, en plus des revenus de mon petit potager sémurois.

Tout se passe donc bien pour moi, il n'y a pour vous aucune raison de vous inquiéter à mon sujet. Vous me manquez, bien sur. j'espère que tout va bien pour vous. Avez-vous retrouvé Papa ? Va-t-il bien ? Et Aleanore, sort-elle bientot de ses études au couvent ? Maman, je me fais du souci pour vous, j'ose espérer que le sourire vous pare de nouveau.

En vous embrassant, prenez soin de vous.
Transmettez je vous en prie un mot pour Gaspard.

Votre fille qui vous aime,
Maeve Alterac


Attrapant un velin gratté, Maeve trace rapidement quelques mots pour son presque-frère qui lui manque beaucoup en ce moment. Sourire niché au coin des lèvres, elle reprend.

Citation:

Gaspard,
Mon presque-frère, mon ami,
Bonjour !

Quoi que tu fasses, sois sage avec Maman. Ensuite, raconte moi donc ce que tu fais en ce moment ! Pour ma part, je suis en Lorraine avec Leandre - et pas de gna gna gna... - et plein d'autres enfants.Nous nous amusons beaucoup, et c'est, en plus, très joli dans le coin.
je ne sais pas où tu en es de tes lectures, mais si tu as fini l'Histoire de France, essaie donc celle de l'Empire, je suis sure qu'il y a plein de choses à apprendre que tu pourras ensuite me raconter.

Prends soin de toi,
Ta presque-soeur qui pense à toi,
Maeve Alterac


Roulant les deux parchemins l'un dans l'autre, elle range son matériel, avant de sortir de l'écurie pour faire bruler un peu de cire, il ne faudrait pas mettre le feu à la paille... Une fois quelques gouttes de cire tombée sur le pli, elle y applique son pouce gauche, comme elle le fait depuis l'enfance pour sceller ses lettres à sa mère.

Tu as aussi du courrier ? On va au pigeonnier ?

C'est ainsi qu'avant de rejoindre les autres en taverne, pour en profiter avant qu'ils ne se séparent tous, les deux promis s'en vont main dans la main vers le pigeonnier de la ville. Sourire flottant sur les lèvres.
_________________
Clelie.
[Au fil de la plume]

Assise en tailleur sur le lit d'une petite auberge d'Epinal dont la fenêtre donne vue sur une rue animée, comme chaque jour les charrettes affluent chargées de victuailles pour approvisionner les étals du marché. Clélie tourne une mèche de cheveux autour de son doigt, les noisettes contemplent la feuille blanche, elle devait l'écrire maintenant...Voilà des jours qu'elles avaient fugué laissant Manon et sa charrette quelque part en Franche-Comté, là même où la mioche s'était égarée traversant la forêt sans prêter gare au danger, paniquée à l'idée d'être sans sa soeur elle avait pris la route sans réfléchir, la volonté d'une enfant ayant une idée derrière la tête, inébranlable...
Pourquoi ?
Une lubie de Calyce qui n'écoutant que la voix dans sa tête celle d'un Leandre imaginaire qui conviaient les gamines dans un voyage hors du commun...Pour ça c'était réussi ! Souffres douleurs et futures servantes v'là ce qui les attendaient arrivées à destination. Elles étaient bien tentées de rebrousser chemin pour rejoindre l'Anjou mais le Leandre -cette fois bien réel- les avaient terrorisé, du moins Clelie, en leur disant qu'elles allaient se faire dévorer par les loups, téméraire mais pas suicidaire la mioche, l'avait fallu user de subterfuges pour convaincre une Calyce particulièrement déterminée et en rogne.

Les petits doigts effleure le velin, Manon...Mine de rien fallait se rendre à l'évidence, la vieille bique lui manquait et elles étaient d'accord avec calyce fallait la retrouver. Sans compter les deux choses informes qui trônaient de part et d'autre de son crane et qui ressemblaient à présent à tout sauf à deux chignons, l'était vraiment temps de faire quelque chose.
Soupir déconfit, sous le regard encourageant de sa sœur la fillette se lance d'une main hésitante et paf une grosse tâche d'encre...
Avec ça au moins limite elle aurait pas besoin de signer que Manon saurait qui en était l'expéditeur.


Citation:
Ma vieille Manon,

Tout d'abord on est * rature * tinocente ! C'pas not'fote * rature *! Pis tu nous mankes * rature *...t'es où ?


-Humpf ! Donnes-moi ça, on comprend rien à ce que t'écris ! T'fais n'importe quoi et elle nous trouvera jamais !
-Même pas vrai d'abord, c'toi qui me laisses pas faire !
-Clélie Dénéré de Dongenan ! Dooooonnes !



Depuis qu'elles avaient quitté l'Anjou, Calyce apprenait à Clélie à écrire et même si cette dernière en éprouvait une vive envie, elle en avait marre que ça soit toujours Calyce qui corresponde avec Estrella, elle aussi voulait écrire, mais les leçons ne se passaient jamais sans éclats.
Une Clélie peu soigneuse et facilement déconcentrée face à une Calyce minutieuse ça créait bien des étincelles et surtout des jets d'encre à profusion.
C'est en position de replis que la mioche voit l'aîné fondre sur elle comme une chien enragé. La plume coincée entre deux mains elle veut pas lâcher l'affaire mais sa sœur reste l'aînée, la force sans ressent, au bout de quelques minutes de batailles mâchoire crispée, la cadette cède, les articulations des doigts blanchit par l'énergie qu'elle y a mis, la plume s'envole déversant au passage sa charge d'encre sur la front d'une Calyce au minois courroucé.
Éclats de rire, roulé boulets sur lit, Clélie se tortille secouée par des soubresauts dû au fou rire entrainant au passage une Calyce pas rancunière, ceci sonnant la réconciliation entre les deux sœurs.
Aussi entêtées que Raoul l'âne de leur père, les deux mioches se lancent souvent dans des batailles acharnées pour des broutilles où les pleurs succèdent aux rire avec une facilité déconcertante pour l'entourage.

Essuyant du revers de sa main les larmes de joie qui emplissent ses petites noisettes, la brunette se rassoit aux côtés de Calyce entame un résumé des faits.


D't'façon t'veux qu'on lui dise quoi à Manon ? C'est que la vérité que j'ai écrit.
Et je te ferais dire que si on est ici, parce que t'a voulu qu'on rejoigne Leandre et qu'il fait que de nous dire qu'on est des pestes !
Heureusement que Maeve l'est gentille avec nous elle ! Je l'aime bien...
Dis tu sais comment elle s'est fait ça -sous entendu la cicatrice qu'elle arbore et qui intrigue la petite fille dont la curiosité morbide est plus qu'aiguisée- toi ?


S'allongeant sur le ventre pour laisser ses pieds ballotter dans l'air, les deux mioches se remettent à écrire.
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Calyce.
La Lorraine… Epinal…

Dernier coup d’œil avant de franchir les portes de la ville. L’Anjou doit être bien loin maintenant, vu les jours et les nuits que la gamine avait passés sur les chemins. Petite grimace en regardant le reste du groupe devant elle et comme une envie de prendre sa sœur par la main et de faire demi-tour en courant… Nostalgique, la gamine veut retrouver son père, il avait beau ne pas avoir de château, il n’en reste pas moins celui qui les avait engendrées elle et sa sœur et puis il y a tellement de chose là haut, en Anjou, qu’elle ne retrouvait pas ici et qu’elle n’avait trouvé dans aucun des comtés qu’elle avait traversés d’ailleurs.

Enfin bref maintenant elle était là, elle avait dit qu’elle suivrait et elle se tiendrait à ce qu’elle avait dit. Assise dans un coin de taverne, la mioche repousse poliment une chope. Chope que sa sœur s’empresse d’attraper et de vider d’un trait. Calyce écarquille les yeux avant de froncer les sourcils, nez plissé, elle se saisit de la chope qu’elle tape violemment contre la table à côté. Etant l’ainée, la fillette se sentait dans l’obligation de veiller sur la cadette, de remplacer leur vieille nourrice en quelque sorte… Chose vaine, la gamine n’ayant en rien la stature impressionnante de la Manon, Clélie se contentait d’un sourire espiègle tout en tentant de siffloter, l’air de rien.

Fallait la retrouver la vieille Manon et Clélie était d’accord. Deux fillettes seules dans la nature ce n’est pas prudent, ni pour elles, ni pour les personnes qu’elles croisaient. Faut dire que dans le genre petites filles sages, les deux sœurs angevines n’étaient pas un exemple à suivre, loin de là. Pas qu’elles soient non plus des monstres hein. Mais elles avaient une manière de voir et faire les choses bien à elles… Seule Manon pouvait les comprendre, elle les avait élevées.

Comment la trouver ?... Une lettre écrite par les menottes d’une Clélie qui commençait à peine à apprendre à écrire, un truc bien attendrissant, lui dire qu’elle leur manquait à toutes les deux, le tout parsemé de quelques larmes…Oui ça le ferait bien.

Le but étant de la retrouver et de repartir aussi vite pour les terres angevines afin d’échapper à leur futur vie de servantes. Perspective d’un avenir peu affriolant aux yeux de la brunette qui s’est fixé un but et un seul : Devenir Reyne, avoir un grand beau château, épouser le messire Armand et tout ça en étant spinoziste… Bon d’accord ça fait plus qu’un seul but et alors ? Elle a huit ans et le droit de rêver hein.
Et puis devenir la servante de Léandre, rien qu’à l’idée la gamine devenait pâle. Tout sauf ça. Devoir servir ce jeune homme qui faisait preuve de méchanceté gratuite envers elle… Bon d’accord elle le cherchait bien, mais ce n’était pas une raison !

Nous disions donc, Manon, la lettre…

De retour à l’auberge les émeraudes qui fixent le parchemin vierge devant Clélie. Elle commence par l’encourager avant de froncer sévèrement les sourcils. Insatisfaite de ce qu’elle voyait écrit, trop léger et incompréhensible, Manon n’apprécierait pas et ça ne ferait que la mettre d’avantage en rogne. Quelques minutes de lutte plus tard, un front entaché qu’elle essuie du revers de la main en riant, elle essaye de marquer aussi le visage de sa soeurette mais Clélie court très vite humpf…

Elle grimace en l’entendant poser ses questions au sujet de la cicatrice de Maeve. Elle n’avait jamais osé demander comment c’était arrivé mais une chose est sure elle voulait éviter de voir son visage et celui de clélie balafrés de la sorte. Haussement d’épaules avant de répondre…


J’sais pas Clé…C’est vrai qu’elle est gentille en plus. Peut être que ça va disparaître hein…

Candide, la gamine pensait qu’on pouvait avoir tout ce que l’on désirait si on le souhaitait vraiment, encore en phase « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (sauf Léandre bien entendu). Elle sourit en voyant Clélie hausser les épaules à son tour puis elle s’installe pour écrire.


Citation:
Chère Manon qu’on aime même si ça se voit pas

Il faut que tu saches que tu nous manques beaucoup et que si on t’a perdue c’est pas notre faute. Mais ne t’inquiètes pas tu sais, on est avec Léandre (il est plus imaginaire et son père c’est pas le sans nom je te jure Manon !) il est plus grand et il veille sur nous même si il le fait bien moins bien que toi (parce que c’est aussi un enfant mais il aime qu’on le dise alors on dit qu’il est grand hein). Mais maintenant on en a marre, on veut rentrer voir papa avec toi et il faut que tu refasses les chignons de Clélie, elle est toute décoiffée.

Pour le moment nous sommes à Epinal avec eux et on va bientôt s’en aller vers un village qui s’appelle « vos-démons » (Je trouve ce nom très bizarre je suis sure que c’est la maison du sans nom, on y restera pas longtemps promis juré).

J’espère que tu n’es pas loin et que le zozio saura te retrouver comme il l’a toujours fait.

Clélie et Calyce.


Relecture, attente de quelques minutes que l’encre soit sèche, Calyce tend le parchemin à sa sœur et pointe la buse du menton

Tu peux l’attacher à sa patte, comme ça on l’aura vraiment fait toutes les deux.

Missive envoyée, les gamines à la fenêtre, fixent l’oiseau jusqu’à ce qu’il disparaisse entre les nuages… Et hop un petit tour dans les tavernes du coin, histoire de retrouver leurs compagnons de route dans la joie et la bonne humeur…Ou pas.

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Alienor_de_lasteyrie
Toujours la Lorraine...

Loin de la Normandie, loin de la ville au fleur... Loin de la Bourgogne...
Mais surtout, oh oui surtout, au grand damne de sa gouvernante loin de la famille de la Louveterie à qui elle avait été confié et la jeune Marie, quand la petite Lasteyrie rentrera en Normandie risque d'avoir des problèmes, si elle évite la potence ce sera une bonne chose.
La petite blonde n'a ni plus ni moins faussé compagnie à Asdubaelvect et à Ellesya...
Sang d'encre pour eux resté, elle, elle n'a pas du encore se rendre compte de l'énormité de sa bêtise et elle vadrouille ravie, à suivre les plus vieux.
Que c'est bon de se sentir grand!

Petite gamine d'à peine cinq ans, si elle n'est pas la plus jeune du groupe c'est qu'elle est la deuxième.

La lorraine...
C'est différent, elle aime beaucoup regarder les paysages, mais en coche c'est mieux! Moins fatiguant, moins salissant, en un seule mot, ou deux quoi que... Elle tend ses petites mains devant elle pour compter ses doigts. trois!: Milles fois mieux!

La troupe s'arrête, on écrit des lettres mais Alienor...ben elle sait pas encore faire très bien.
Elle joue avec ses cheveux, pour se souvenir: Un beau vélin, la plume de pôpa, pis... on fait des dessins!

Impatiente elle commence à piétiner, ca fait longtemps qu'elle a pas vu maman.
Et les grands, ils écrivent quoi?
Prise de panique soudaine! Maman!
Et un peu à la manière de la petite angevine elle commence à sauter partout en hurlant!
Maman? maman...maman!!!

Sans prévenir, sans rien changer elle se calme.

La Lorraine... que fait-elle la?
Pure évidence, Maeve elle est graaande, elle agite les bras: Au moins grande comme caaa!
Et pis en plus elle est belle avec ses cheveux rouge, alors quand on lui as dit de venir...
Ben la question ne se pose pas elle est venue.
Mais ou elle va maintenant, Calyce elle va avec Clélie pis Maeve avec Leandre, pis Alienor elle suit Maeve.


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Clelie.
[Quand une mioche révise la grammaire...]

Nouveau jour, Nouvelle ville...

Vosdémons qui z'avaient dit les deux grands v'là qui a fait taire la Clélie une bonne partie du voyage, donc la petite en avait conclu qu'ils allaient à Mesdémons
Une moue pensive collée au minois, pour sur ça pouvait être que la ville du Sans Nom.. Pourquoi qu'il avait pas de nom d'ailleurs celui-là ? P'tete sa mère n'avait pas eu assez d'imagination pour lui trouver un prénom tant il était hideux et avait fini par l'abandonner à son triste sort et après on s'étonne que ce type soit méchant, leur mère à elles avait au moins eu la décence de leur trouver un prénom à Caly et à elle avant de se barrer pour rejoindre Aris...
Haussement d'épaule la mioche claque sa langue trouvant sa logique implacable.
Ondulant au gré de la monture calée derrière Calyce, la mioche s'interrogeait. Qui s'étaient ses démons qu'elle allait rencontrer ? Une jeune chambrière voulant à tout prix la baigner et la parfumer avant de la saucissonner dans d'innombrable jupons l'obligeant à mettre une de ses robes avec plein de froufrous, voir même un joli ruban de satin pour attacher ses chignons. Parée comme une meringue, elle allait devoir faire courbette et afficher un sourire remontant au moins jusqu'aux oreilles. La môme frissonne rien qu'à l'idée et secoue la tête pour mieux la chasser.
C'était décidé elle éviterait toutes les jeunes servantes qu'elle croiserait sait-on jamais !

L'instant d'après elle observe les autres à part sa sœur dans toutes les veines coulent du sang bleu. Elles n'étaient que de simples gueuses avec des rêves plein la tête aussi sans penser aux conséquences elles les avaient suivi.
Si sa sœur nourrissait le désir de devenir Reyne, Clélie, elle, voulait devenir une femme d'arme, pas le genre barbare sanguinaire non celui là Manon n'en avait pas parlé dans les histoires qu'elle leur contait, sa fascination pour la guerre était sans borne...
La petite n'avait aucun mal à s'imaginer toute de cuir vêtue, une miséricorde harnachée à son dos, épée à la ceinture et dague dissimulée le long d'une de ses bottes, elle serait habile et leste, manierait toutes sortes d'armes et n'aurait de cesse de voyager pour offrir ses compétences...
Une sourire plaquée sur le minois la petite avait fini par accorder grâce à un sommeil agité.
En effet un
 « Ouille ! »  suraigu l'avait tiré de celui-ci -Caly avait reçu son petit poing dans le flanc- , l'obligeant à s'arracher à un combat qu'elle gagnait -forcément !- les doigts dans le nez.
Grognement ensommeillé, petites mirettes qui clignotent pour découvrir les remparts de pierres sombres qui s'élèvent sous leur yeux, la petite troupe pénètre au pas dans l'enceinte de la ville, nombres de regard les observe d'un air méfiant, faut dire que c'est pas tous les jours qu'on voit débouler chez soi un groupe de mioche voyageant seuls..
Clélie n'y prête pas la moindre attention bien trop concentrée sur les gargouillis qui grondent au creux de son estomac, c'est donc avec vivacité qu'elle part cherché le marché et de quoi se sustenter à peine le pied à terre, d't'façon l'est trop petite pour s'occuper de la paperasse ou même des bagages.
Noissettes avides de découverte, la mioche se demande si dans la ville des démons les poules ont des crocs, peut-être qu'elle pourrait en chasser une avec son lance-pierre pour la montrer à Caly...
Menottes qui plonge dans la besace à la recherche de Patapouf, la souris qu'elle avait adopté à Epinal.


T'as vu z'ont menti y a même pas des démons, les gens sont tous comme ailleurs, même les bras gauches de Papi Viochi font plus peur !
T'as faim toi aussi j'suis sure...


Petite main qui caresse affectueusement le poil crasseux, la mioche n'aperçoit pas le pigeon qui lui fonce dessus...Et paf sur le coin de la tête ! Froncement de sourcil, Clélie tire rageusement sur le vélin rouler à la pâte.

Où t'as appris à voler toi ? Tsssss !

Les leçons de Calyce avait porté leur fruit et Clélie arrivait suffisamment à déchiffrer les mots pour pouvoir comprendre la teneur de la missive, nous ne préciserons pas qu'il lui a fallu un bon quart d'heure et nombres de grimaces pour venir à bout de sa lecture...
Les yeux écarquillés, les doigts serrés sur la missive et un Patapouf perplexe sur l'épaule, la mioche part à toutes jambes en hurlant le nom de sa soeur, la faim s'étant subitement atténuée.


CalyyyyyyyYYYYYYyyyyyyyy !
Haaaaaaaaaaaan ! Christos fait pas que pleureeeeeeeeer ! Il sait écrire aussi !


Secouant le courrier responsable de ce boucan, elle rejoint à la hâte sa sœur.

Il dit que not'maman est en Lorraine et qu'à quelqu'un qui peut nous aider à la trouver...L'a trop bu moi j'dis ! Il se rappelle même pu que Maman elle habite chez lui !
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Calyce.
Pfffffffff !

La môme souffle sur une mèche ébène, pas qu’elle soit râleuse mais elle espère bien se reposer au moins plus d’une semaine dans un coin. Depuis trop longtemps sur les routes, elle ne fait même plus attention aux paysages qui défilent. Ca vous impressionne mais au bout d’un moment ça commence à bien aller hein !
Elle rêve d’un bon lit moelleux où elle pourrait s’endormir des heures voire plusieurs jours, un bon repas chaud… Mmmmm. Les sabots des montures qui claquent sur le pavé la sorte de ses pensées, soupire, la petite troupe arrive à Vaudémont… Vos démons…Humpf. Quelle idée de vouloir passer dans un village portant un nom pareil, faut bien être grand et bête pour le vouloir, c’est sur c’est une idée de Léandre.

Léandre ? Le seul garçon de la petite troupe avait manqué le départ, il était resté à Epinal, surement en train de ronfler sur une botte de foin. Sourire en coin de la gamine qui l’imagine perdu et sans défense, elle espère aussi qu’il se fera manger par une meute de loup. Pas un mot à Maeve, elle pourrait le prendre mal, il s’agissait tout de même de son promis, son namoureux et elle n’aimait pas trop qu’on se moque ou qu’on y veuille du mal au gamin presque-adulte. Donc Calyce espère la disparition de son ex-ami-imaginaire en silence.

Sourire poli qui fend le minois de la brunette quand elle voit les passants les regarder, puis elle lève la menotte pour les saluer. Du haut de sa monture-de prêt- elle avait presque l’impression d’être une Reyne et une Reyne bah ça salue son peuple hein…La classe quand même.
Chausse au sol, retour à la triste réalité. Grimace, elle époussette ce qui lui sert de vêtement avant de suivre Clélie dans sa quête de nourriture. Elles ne voleraient pas sur les étales, pas cette fois, elles paieraient. Pas envie de faire mauvaise impression devant Maeve et ses copines nobles. Les angevines se tiendraient bien.

Mouvement de recul, la fillette déglutit à la vue du nouveau compagnon de sa sœur. Une souris… Elle ne peut s’en prendre qu’à elle-même puisque c’est elle qui a insufflé l’idée de l’adoption de l’animal… Calyce reste loin de sa cadette, distance de sécurité oblige entre elle et le rongeur. Les émeraudes qui sillonnent les alentours et qui scrutent les autochtones avec curiosité. Ils n’ont rien de démoniaque mais vaut mieux rester prudente.

Haussement de petites épaules, un coup de pieds dans un gros caillou pour s’amuser, elle s’ennuie…


Humpf…ç’fait mal heuuuu

La mioche s’assoit sur l’herbe, déchaussée en vitesse elle se tient le gros orteil endolori, il n’avait pas l’air si gros que ça le caillou. ET puis le vol pas net d’un zozio lui fait oublier la douleur. Tête penchée, elle le suit du regard jusqu’à disparition. Froncement de sourcil, émeraudes levés au ciel… Duché bizarre où même les oiseaux sont alcooliques, mais où va le monde ?!

CalyyyyyyyYYYYYYyyyyyyyy !
Haaaaaaaaaaaan ! Christos fait pas que pleureeeeeeeeer ! Il sait écrire aussi !


Erf il n’y avait pas que l’oiseau qu’avait picolé apparemment : Clélie aussi. Christos écrire…mouais. La brunette de relève et se dirige hâtivement vers l’endroit d’où provenait la voix fluette de la petite sœur. Et elle la retrouve agitant un parchemin comme le drapeau blanc en période de guerre… Elle l’écoute avant de lui poser la menotte sur le front. Manquerait plus qu’elle soit malade…

Clélie , déjà c’est Aristote qui pleure pas Christos hein

Une goutte de pluie qui lui atterrit sur le bout du nez, elle grimace avant de reprendre en baissant la voix. Pas envie de s’attirer les foudres –au sens propre-des deux prophètes qui se la coulent douce au soleil…

Pis j’suis sure qu’ils savent pas écrire, ni l’un ni l’autre… Ils nous font des blagues parce qu’on a décidé d’être spinozic ; ‘doivent pas aimer. Et M’man l’est avec eux…doit pas être fière de nous de là haut… Mais on s’en moque l’avait qu’à pas nous zabandonnées pis valà.

Long soupire puis elle reprend en regardant le pigeon porteur de la missive presque-divine, elle leur en veut aux deux hurluberlus en haut

T’sais quoi tu d’vrais lui répondre et lui dire tout ça… Lui dire que c’est pas joli de faire croire à deux petites filles innocentes -ça c’est nous hein, on est innocentes même si on a tué des poules hein- que leur moman l’est vivante alors qu’elle est mourue depuis le début !

C’est vrai quoi, huit ans que Manon ne cessait de leur raconter comment elle était morte leur mère, ça avait fini par rentrer et Calyce n’avait aucunement l’intention de croire le contraire, quoiqu’en dise Christos… Depuis quand c’est lui qui commande ?! Nanmého. Pas pour rien qu’elles allaient devenir spinoziste les mioches…

Allez viens on va rejoindre les autre pis on va y écrire à Christos… Mais tu dis rien à personne hein ! ‘Vont nous prendre pour des folles alors qu’on a juste l’esprit ouvert…C’pour ça qu’Aristote ; Christos et toussa ils arrivent à nous parler à nous…Les autres sont trop fermés. Tu dis rien !


Les gamines marchent en direction de l’auberge où elles vont retrouver le reste de la troupe de gamins
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