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[RP] L'ennui est un des visages de la mort

--Le_tueur_a_gage
"L'ennui est un des visages de la mort", de Julien Green (1900 - 1998)




Voilà une bonne semaine que j'étais venu me perdre dans ce village où je m'ennuyais. Épier les gens par la fenêtre de l'auberge où je dormais ne me distrayait plus. D'ailleurs, ce matin encore, les rues étaient pratiquement toutes désertes. De rares paysans allaient voir si il n'y avait pas d'embauches à la mairie ; et je les regardais revenir, la mine déçue. Ils travaillaient, se nourrissaient, allez boire en taverne, y restez sans rien dire, et allez dormir avant de recommencer la même chose. Cette vie monotone me répugnait. Je voyais passer devant moi des damnés, condamnés à subir la routine. C'en était assez.

Je tire les rideaux beiges troués -une odeur de fumée englobe la pièce- pour empêcher la lumière de venir me déranger pendant que j'allais dormir ; mais un rayon de lumière avait réussi à pénétrer dans la pièce. Il éclairait un bout de tissu noir et blanc. Et pas n'importe quel bout de tissu. Ce n'était pas un chiffon, mais un blason. Celui que m'avait confié cet homme au regard fourbe, dédaigneux, au visage balafré, et à cette façon de marcher si étrange. Un noble qui avait l'air d'un videur de tavernes. Peut être était-ce pour cela que son emblème est une tête de loup fou sur un fond noir comme les plus profondes abimes, parce qu'il est fou et que son âme est noire. Peu importe, après tout. Je n'ai pas à me poser ce genre de questions. Je dois juste faire ce pourquoi on m'a payé : tuer.


Tue-le, lui et tous ceux qui seront avec, tels ont été ses mots, pendant qu'il me tendait une bourse d'écus contenant 90 écus. Le reste viendrait plus tard.

Je frôla le blason du bout des doigts, et un étrange frisson me parcourut l'échine. Peut être un mauvais présage, ou c'est cette haine dans les yeux de mon employeur qui me fait cet effet. Il avait l'air encore plus enragé que les époux cocus qui me demandaient de nettoyer le lit profané après leur départ. J'espère que mon client n'est pas comme lui.

Je finis par saisir le blason, le chiffonne, et le range dans la poche de mon mantel, qui me tient chaud dans cette fraicheur matinale. Je me dirige ensuite vers mon vieux chevet qui grince à chaque fois que je le touche, y saisit un petit bout de ficelle, et attache mes longs cheveux d'ébène en une queue de cheval, avant d'enfiler mon tricorne qui était suspendu à un clou de la porte. J'ouvre celle-ci, mais ne la referme pas. Soit je reviendrais dans un quart d'heure, soit je ne reviendrais jamais. C'est ça mon boulot. Je prends les risques pour les autres, et après, ce sont eux qui ont toutes les louanges, mais aussi les représailles. Les gens comme moi se contentent de rester dans l'ombre, ou de se faire bien voir par de puissants seigneurs comploteurs.

J'arrive dehors, d'un pas lent. Il fait frais, mais les crocs de l'hiver n'ont pas encore fais de victime. Certains badauds me dévisagent, sûrement parce qu'ils ne m'ont jamais vu. Tout le monde se connait dans ce genre de patelin, c'est pour cela que les voyageurs ne passent pas incognito ; nous traversons le chemin nommé Habitude, et nous disparaissons dans un fourré, continuant notre route qui nous mènera à traverser d'autres Habitudes. Et cela semble déranger, puisque dans une grande partie du Royaume, si nous ne sommes pas un autochtone, nous n'avons pas le droit de commercer comme nous le voudrions. Mais cela contribue à ce qu'on ait une vie palpitante, une route qui s'écarte du droit chemin pour que nous en arrivions au bout.

Je marchais dans la rue principale en me dirigeant vers les murailles du village. Selon les informations que j'ai recueilli, celui que je cherchais habitait à l'extérieur du village. Un marginale qui ne sortait plus de chez lui ces temps-ci ; cela ne pouvait que m'avantageait. Je n'aime pas être dérangé dans mon travail. Le seul problème qui pouvait donc s'interposer, c'était cette femme qu'on disait être la compagne du bouseux. "Une chevalière", qu'avait dit mes informateurs ; elle serait apparemment vêtue d'une armure et armée d'une épée. Mais ne dit-on pas que l'habit ne fait pas le moine ?

Je finis par passer les portes du village. D'un côté, cela me soulagea, car si je ne suis pas mort, c'est pour passer ma vie ailleurs que dans un village-fantôme ; d'un autre côté, je sentais l'adrénaline montait en moi, je voyais un chemin se dessiné devant mes yeux. Mon chemin. Celui qui me mena à une vieille bicoque délabrée, habitation de la cible à abattre.

Je me posta devant la porte pourrie. J'eus un instant d'hésitation, car ils m'attendaient peut être -ou quelqu'un de ma trempe. Je recule donc, et je me penche en avant pour jeter un coup d'œil dans la chaumière. Il ne semblait y avoir personne, mais il fallait rester prudent. Et discret. Je tâte ma ceinture pour vérifier que ma dague est bien là, puis j'ouvre doucement la porte qui grinça. Trop de bruit. Il y avait trop de bruit. J'allais me faire repérer avant même d'avoir fait un pas dans cette bâtisse, mais maintenant que j'y étais, je ne pouvais plus reculer. Je ne pouvais plus hésiter. Je devais finir le travail.

Je continua d'avancer, poussant la porte qui continuait à grincer. J'avais sorti ma dague au cas où quelqu'un se précipite sur moi. Mais personne n'apparut, ce qui ne voulait pas dire que je n'avais pas été réparé. Peut être allais-je voir bondir un adversaire d'un coin sombre, ou bien entendre des volets claqués. Mais rien de tout cela...


Mmmh...

Je me retourna subitement, en position de combat, prêt à parer une arme qui s'abattait sur moi ; mais personne ne se trouvait devant moi. Puis il y eut un nouveau gémissement, et je baissa les yeux. Une jeune femme d'une vingtaine d'années, blonde, était allongée dans sa couche, les yeux clos, sans doute entrain de dormir. C'était sûrement cette fameuse chevalière qui ne quittait pas ma cible ; et là, elle était vulnérable comme un oiseau blessé.

Agesisel ? demanda-t-elle en gémissant de nouveau, les yeux toujours fermés. Viens, j'ai froid, ajouta-t-elle en se caressant énergiquement les côtes.

Que faire ? Je pouvais me faire passer pour ce qui semblait être l'homme qui partageait sa vie et sa couche, le temps de prendre sa tête entre mes mains et de lui rompre la nuque, d'un coup sec et silencieux. Je pouvais aussi retourner sur mes pas, étant donné que Agesisel semblait être sorti, et renoncer à mon contrat. Je pouvais aussi mettre ma dague sous sa gorge en m'amuser un peu en attendant que la cible arrive.

Je m'approcha, doucement, sans relâcher ma poigne sur le manche de mon arme ; puis je m'agenouilla à côté de cette jeune femme que je ne connaissais pas. Elle ne devait pas laisser les hommes indifférents. Mes doigts commencèrent à jouer avec ses boucles blondes, s'amusant à les enrouler et les dérouler. Un sourire vint éclairer ce visage féminin, et sa main se posa sur la mienne. Elle ne semblait pas faire la différence entre moi et son amant ; ou alors, nous avions tous les deux des mains identiques.


Je te sens tendu. Tu as pu la voir ?

Oui, répondis-je, après un petit moment d'hésitation, ne sachant pas de quoi elle parlait.

Et ? insista-t-elle

Je resta là, silencieux, ne disant plus rien. Si je continuais à parler, elle allait se rendre compte que ma voix n'est celle qu'elle croyait être ; et je ne pouvais pas me permettre de prendre des risques.


Ne bouge pas.

Hein...

Elle ne finit pas sa phrase, non pas parce qu'elle s'était rendu compte de la supercherie, mais parce que je lui avais trancher la gorge. D'un geste expert, j'avais posé la lame sur sa gorge offerte, j'y ai exercé une pression, et ait fait glisser le fer dans la chair. Le liquide chaud se répandit très rapidement sur les draps blancs, tandis que de grands yeux bleus remplis de surprise me regardaient. Je soutenus ce regard sans vie pendant ce qui me sembla être une éternité, puis je finis par poser ma main sur son visage, et baissa ses paupières en le caressant.

Je resta assis près d'elle pendant un temps que je ne saurais définir, trop absorbé à admirer le pouvoir de l'Homme sur ses congénères. Le pouvoir de vie ou de mort était normalement réservé au Très Haut, mais les gens comme moi se l'approprient. Allons-nous aller en Enfer pour autant ? Sûrement. Mais je préfère être torturé pour l'éternité et vivre comme je le fais plutôt que de vivre et revivre dans la Routine. Voilà à quoi ressemblait ma réflexion, les genoux sur du tissu humide, jusqu'à ce que ce qui devait arriver arriva.

Agesisel rentra dans la pièce, l'air dépité. Il ne prêta même pas attention au carnage à côté duquel il était passé en entrant, trop occupé à se morfondre car il voulait voir Tayabrina pour s'excuser. Oui, s'excuser. Pas de l'avoir embrassé, mais d'avoir aussi mal réagi. Mais pourquoi en parler ? Il était trop tard pour lui. Je m'étais déjà levé, sans un bruit, laissant la blonde où elle était. Je m'approchais maintenant de l'homme qui me tournait le dos, pensant que sa compagne dormait encore. Grossière erreur qui me permit de planter d'un coup sec ma dague dans ce qui me semblait être le cœur.

Le va-nu-pieds commença à respirer bruyamment, sentant le sang envahir doucement ses poumons. Moi, je n'éprouvais aucune pitié particulière, juste le sentiment d'un travail bien fait. Un travail qui était entrain de mourir dans mes bras, car je ne l'avais pas laissé s'écrouler sur le sol, je n'ai rien contre lui.


Qui ? demanda-t-il d'une voix faible

Votre frère.

Il ne sembla pas surpris d'apprendre que c'était son petit frère qui m'avait embauché pour le tuer. Apparemment, cette querelle familiale ne datait pas d'aujourd'hui. Peut être était-ce aussi ce pourquoi le brigand semblait si dégouté quand il parlait de Agesisel. Mais qu'est ce que j'en ai à faire après tout ? Une fois payé, je n'entendrais plus parler d'eux.

Dîtes-lui... Il finira... En... Enfer...

Tu y étais déjà, lui rétorquais-je, mais cela n'avait servi à rien puisqu'il avait rendu son dernier souffle en prononçant le nom de cet endroit où il a peur de finir.

Peut être par compassion pour ce manque de savoir-vivre, je déplaça le corps à côté de celui de sa blondinette, avant de lier leurs mains ensembles et de mettre le tissu blasonné sur la tête d'Agesisel. Ainsi, ils seront ensemble dans les premiers instants de leurs morts. Je dirais même quelques jours, avant qu'un passant ou les bêtes sauvages ne les découvrent. A moins que les vers soient particulièrement gourmands en cette saison ?

"Pas vu, pas pris" était le dicton qui rythmait ma vie, c'est pour cela que je ne resta pas sur les lieux. Je rangea ma dague et je partis, jetant un dernier coup d'œil aux murailles ternes, avant de repartir pour la Normandie, là où je devais toucher le reste de mon salaire.

_________________


Comme vous l'aurez tous devinés, Agesisel est mort, autant RP que IG. Pourquoi ? Parce qu'en créant ce personnage, j'espérais jouer un RP de "gentil" comme il y a 2 ans. Peut être est-ce ma vision de l'amusement sur les RR qui a changé, ou l'ambiance à Loches ; quoi qu'il en soit, je m'ennuyais, même en faisant un RP de politicien : il n'y avait pas assez d'actifs pour faire un RP d'opposition, des complots, prendre le contrôle de l'économie.

Je préfère donc reprendre un RP de brigand que j'ai dû délaisser à cause du manque total de fairplay d'un groupe de joueurs. Je ne me suis jamais autant amusé qu'en incarnant ce personnage (dont je ne citerais pas le nom), après la mort de mon précédent personnage (celui d'il y a 2 ans).

Et je ne me trompe pas : je commence à faire un RP de brigandage sur la gargote, et, déjà, une joueuse me contacte pour faire un RP de loup qui attaque mon brigand. Un chouette RP qui s'est terminé par la mort du loup et l'arrachage de l'oreille droite de mon personnage déjà bien marqué par les bagarres, malgré son âge .

Je tiens quand même à remercier les joueurs lochois qui ont interagi avec Agesisel. Je pense à LJD Tayabrina, Jasson, Waneuguen, Jcp57, Lucario58, Skippy, Mary, Line, sans oublier Melian, Nefti et Naell Quant pour m'avoir appris la politique dans les RR, mais aussi Hanort, Lea et Izaac pour le RP au Lion de Juda ; et d'autres que j'oublie sûrement ^^.

J'en profite aussi pour remercier LJD Alixandra, qui avait fondé à la base le Théâtre de Loches pour aider les rôlistes débutants, mais qui m'a appris les "RP qui font plus de 5 lignes" lorsque j'étais avec mon premier personnage, en Orléannais, avec l'Armée des Ombres. Un RP dont je me souviendrais encore longtemps je pense. Le premier "vrai" RP où j'ai participé, et qui m'a encouragé à explorer ce pan du jeu à fond.

J'espère que vous continuerez à vous amusez sur les RR Il n'est pas impossible que mon "nouveau" personnage passe par Loches, mais comptez pas sur moi pour vous le dire ^^.

LJD Agesisel / Kevin450 (pour les dinosaures qui se souviennent de moi)
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