Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Les noces noyées de la Saône

Vaxilart
S’il vous arrive un jour de passer par la Saône. Regardez bien au fond, entre les remous. Vous y verrez sans doute quelques algues bruissant sous l’effet du courant. La constatation serait assez simple et pourrait paraitre anodine, mais regardez-y à deux fois, car ces algues bruissant ne sont autres que quelques antiques cheveux gardant en leurs courbes le souvenir d’une main qui ne s’y glissa qu’une fois, une seule fois.


En Bourgogne, la période chaude tirait à sa fin, déjà les nuits se faisaient plus fraiches, et l’on sentait dans le vent et à travers le feuillage que l’automne arriverait bien assez tôt. Sur les chemins, à travers les premiers rayons du soleil qui se levaient, plusieurs charrettes circulaient tirés par de vieilles biquettes. La saison des récoltes s’achevait et les paysans s’afféraient à longueur de journée à la coupe de leurs dernières pousses afin d’engranger le tout pour l’hiver. Sous le soleil qui perdait de sa chaleur, un peu avant midi, le simili calme des cailloux parsemant la route fut assez brusquement poussé d’un coup de sabot. Un cheval galopait en direction de Sémur, sur la scelle, nul autre que le Duc Vaxilart.

Ce dernier avait été appelé à Nevers afin de parrainer le baptême de Felipe. Ayant été retenu à Dijon pour quelques questions de sécurité, l’homme avait dû laisser de côté son coche et faire le chemin à cheval pour arriver à l’heure. À l’allée, il n’avait pas hésité à couper à travers champs et bois, il avait pris une journée de retard, et son départ eut été retardé suite à quelques fâcheux évènements avec la jeune Aelyce Dénéré, concubine du Baron Theognis. Ceux-ci s’étaient brouillés en taverne pour quelques questions de bâtards, de vices, et de vertus. La dame, bien que ses courbes fussent des plus attirantes et son regard des plus hypnotisant, ne pouvait être nul autre qu’une tentation de la bête sans nom à laquelle le pauvre Baron eut succombé… De fait, elle n’avait de la douceur habituellement déléguée à la femme que l’apparence. Celle-ci l’avait attendu à l’extérieur, et aussitôt fut-il sorti de taverne, elle lui envoya le gant à la figure précisant qu’un duel ne pouvais être évité. Le Duc devait quitter la ville, la dame l’y attendrait le temps qu’il faudrait.

L’empressement de l’allée fut bien moindre au retour, et le cavalier se contenta des routes habituellement utilisés, n’hésitant point à s’arrêter déjeuner sur le bord de la route, ou de s’étendre quelques heures pour quelques lectures. Nous aurons sans doute l’occasion de revenir sur ses motivations dans quelqu’autres histoires, mais l’important, c’est le fait qu’une conjoncture particulièrement étrange d’évènements aussi diverses que variés avait rouvert une plaie que le Duc avait dissimulée, mais que l’homme n’avait réussit à totalement refermer. Celle-ci saignait au même rythme que la Saône, et le déchirait tout comme celle-ci déchirait la Bourgogne. Cette plaie, elle prenait naissance à Sémur.

Un peu avant la ville, le cheval bifurqua et sortit de route. Il entreprit de suivre un vieux sentier lequel avait déjà commencé à se couvrir de ronces et déboucha sur une rive de la dite rivière. Au loin, on apercevait vaguement le sillage de la ville, cependant, une seule forme se détachait de l’ombre, c’était le clocher de l’église. Ce même clocher qui 3 ans auparavant avait vu, avait vu cent fois même, avait vu, sans un mot, sans un bruissement, sans un appel. Il avait vu, et il avait laissé couler… Comme la Saône. Vaxilart, une fois le pied à terre l’aurait envoyé paitre chez le diable, ce clocher de ses peines, mais à quoi bon, il y a longtemps que son regard s’était détourné de son malheur.

L’homme s’avança vers l’eau. Il ne savait trop comment l’appréhender, comment l’approcher, l’aborder. Fallait-il la frapper? La tuer, la trainer dans les profondeurs. Devait-il lui pardonner? Héraclite ne disait-il pas : « on ne se baigne jamais deux fois dans la même rivière? » Il ne savait, réellement, la Saône aurait-elle jamais un cœur pour partager sa souffrance?

Il se rappelait, voilà 3 ans déjà, il était débarqué ici, à ce lieu exact, à ce lieu désormais honni, ignoré, évité des villageois, de ceux qui savaient. Il y était débarqué, armée. Il avait frappé, frappé milles fois, frappé jusqu’à en tomber d’épuisement. À chaque coup, l’eau n’avait fait qu’éviter sa lame, continuer sa route. En vain, elle n’avait pas saigné. Elle n’avait pas pleuré en ce jour, lui oui. Il avait pleuré en ce jour, la nuit suivante, également. Peu à peu, il avait oublié la chaleur de son sourire, le réconfort de son regard, la douceur de ses mains, la bonté de son cœur. D’elle, il ne lui restait rien, rien d’autre que la peine, seul souvenir du temps où le rêve lui était encore permis.

Vaxilart s’avança vers son Styx. Il y pénétra sans se déchausser. L’eau froide venant peu à peu flatter ses pieds le fit frissonner. Levant les bras, tel un crucifié, il y tomba, face première. Peu à peu, l’eau pénétrait ses narines, peu à peu, elle pénétrait ses oreilles, ils se fusionnaient. Ses courbes embrassaient les siennes, ses baisés, langoureux, l’étouffaient doucement. Enfin, ils se retrouvaient face à face, main dans la main. Sur son fond de glaise à l’apparence du marbre, chacun de ses cheveux oscillait entre ses doigts, suivant le courant du temps. Les pactes n’avaient pas encore rompu sa vie, mais, sans pitié, elles avaient coupé le fil d’Ariane le liant à l’amour, il y a trois ans déjà.

Ainsi bercée par sa mythique prophétesse, l’homme y serait resté éternellement. Maintenant, il le savait, l’amour, la mort, ça prend son plie sur le même support. Et, si ce n’était de la contre-volonté de son corps, l’âme y serait pour de bon restée. Luttant pour la rejoindre, ses forces ne furent suffisantes et son noble vaisseau le ramena à la surface…

Toussant, crachant l’eau de ses poumons, il s’étendit de son long sur la berge. La tête en l’air, vers les nuages, son heure n’était pas encore venue. Encore une fois, elle l’avait rejeté, elle lui avait, comme l’eau, glissé des mains. Encore, elle lui était insaisissable… Quand? Quand, se demandait-il, quand serons-nous finalement rassemblés?

Elle s’était perdue entre deux rives, des algues autour des chevilles. Il l’avait recherché, en vain. Sur ses lèvres, qu’un nom. Devak.

_________________
Sorane
[ Autun, bureau de la mairie, le matin du même jour ]

Sorane était plongée dans l'inventaire de la mairie, tellement plongée dedans, qu'elle sombrait au milieu des chiffres, les lignes de comptes flottaient et s'enroulaient autour d'elle... Et des bras musclés vinrent l'enlacer et l'entrainer dans un bruissement d'ailes, son tendre ami Morphée l'attirait vers son pays...

Plusieurs coups vinrent secouer la porte et Morphée disparut aussitôt, mais tout seul, l'abandonnant sur sa chaise, dans son bureau sombre et poussiéreux.
La réalité mit à peine quelques secondes pour s'imposer de nouveau à elle, et d'une voix qu'elle voulait assurée, elle lança le conventionnel
« Entrez !».

Un homme entra et sur le coup, Sorane s'attendit presque à voir entrer derrière lui une tempête dans le bureau tant sa tenue laissait le présager.
Ses vêtements étaient maculés et déchirés en plusieurs endroits. Des plaies, du sang et des bleus constellaient sa peau visible.

La consternation passée, Sorane se leva brusquement et se porta au secours du blessé.


« Par Saint Lazare, vous avez été agressé ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Laissez-moi examiner vos blessures, je vais vous soigner ! »

Elle guida l'homme sur un siège et appela aussitôt pour qu'on lui apporte de l'eau tiède, du linge propre, de quoi faire des pansements et quelques onguents qu'elle gardait sous la main en cas d'urgence.

En attendant le matériel, elle écouta les explications que l'homme débitait :


« Maïs perdu... perdu... renversé, ruisseau... attaque... »

Le pauvre semblait encore sous le choc. Il lui fallait un remontant et du bon ! Elle alla chercher sa précieuse bouteille de liqueur de carottes, elle en remplit un verre qu'elle vida ensuite entre les lèvres entrouvertes du blessés, et glissa ensuite le goulot entre ses propres lèvres pour avaler deux bonnes lampées. Elle aussi avait besoin d'un peu de force.

Tandis qu'elle nettoyait et pansait les paies tout en s'assurant qu'il n'y avait rien de cassé, elle questionna l'homme afin qu'il se remette à son récit, plus calme et compréhensible :

« Des brigands ! c'taient des brigands ! Une embuscade ! Mais Jean, c'te malin, les a vu se radiner ! Il a fouetté les bestiaux et hop dans le champs pour pas se faire coincer !
J'vous promet, les brigands en sont restés sur place, bien attrapés de n' pas nous avoir attrapés !"


L'homme reprit son souffle et une gorgée de liqueur.

"Mais la cariolle, elle a pas supporté. Sa roue s'est coincée dans une ornière et s'est brisée. Et toute la cargaison a versé dans le fossé ! une partie directement dans la Sâone ! Jean criait, il était coincé sous la cariole. Je crois que j'ai pris un coup sur la tête et que c'est ces cris qui m'ont remis la tête en ordre !
J'ai cherché du secours dans la ferme la plus proche. C'te cultivateur et sa famille s'occupe de Jean, la fille est même une sacrée gaillarde, va être bichonnée, j'le sens."


Puis l'homme se souvenant qu'il était en train de parler à son maire et d'un accident, lui adressa un sourire penaud avant de reprendre son récit :

"Je suis venu de suite vous prévenir. J' sais ben que vous attendez tout ces sacs de maïs avec impatience ! Tout ce maïs perdu ! Rin qu'du bon maïs ! Quelle honte ! »

Sorane tenta de le réconforter :
« Ne vous inquiétez pas, et vous allez vous reposer. Je vais vous emmener au presbytère pour vous confier au bon soin de Dame Leapuce. A priori, vous n'avez rien de cassé et ces plaies ne seront bientôt plus qu'un mauvais souvenir.
Je vais par contre me rendre de ce pas sur le lieu de l'accident avec une escorte et de l'aide, et m'assurer que votre compagnon est bien traité et reçoit les soins nécessaires. Expliquez-moi où trouver la carriole et votre compagnon d'infortune. »


"Pas loin de Sémur, ca s'faisait pas long que nous avions traversé la bourgade !"

Aussitôt dit, aussitôt fait. Elle appela de l'aide et le blessé fut transporté au presbytère et confié à Leapuce.

Elle repassa à son bureau pour récupérer son épée et son bouclier, et fourra dans une besace de quoi soigner.

Elle traversa alors la ville en pressant le pas et pénétra directement dans les locaux de la milice. Quatre hommes étaient présents et se reposer, l'autre équipe était en train de faire sa ronde.

Sorane les interpela sans détour :


« J'ai besoin d'une escorte et de main d'oeuvre, un convoi de maïs pour la ville a été attaqué près de Sémur et son contenu renversé. Les convoyeurs sont blessés, l'un est ici à Autun, l'autre au bon soin d'une famille sur place. Nous allons donc nous y rendre et vous serez chargé de ramener le maïs qui pourra être récupéré dans l'entrepôt de la mairie. Préparez-vous.
Je vais m'occuper de trouver une carriole et des chevaux ! »


Et après s'être assurée que ses ordres seraient suivi, elle repartit aussitôt. Il n'y avait pas de temps à perdre.
_________________
Leapuce
Le presbytère d’Autun se voulait accueillant le hall était aménager d’une petite table contre un mur
De deux chaises et de quoi suspendre mentels ou capes au besoin.
Les villageois ou voyageur pouvaient rentrer a leur guise déposer des documents ou leurs dons.
Il était inconcevable pour Léa , Tristan et le père Barral de laisser les gens attendre dehors par le froid ou la chaleur accablante.
Seul le bureau contenant les papiers officiels était fermé à clés.
Ce matin là Léa était arrivée de bonne heure pour remplir quelques papiers et faire partir les pigeons
urgent.
Un bruit dans le hall la fit sortir du bureau.


Sorane que c’est il passé !!! Tu es blessé ?
Ah ! Non ce n’est pas toi.
Rentrez, rentrez :

Oh ! Seigneur mon pauvre sir asseyez vous je vais m’occuper de vous.


Léa alla chercher un pichet de vin, un verre du pain frais et un bout de jambon
L’homme était encore tout tremblant et blême.


Merci Sorane de l’avoir emmené
Manger messire ensuite vous pourrez vous reposer dans cette pièce quelques heures


Léa en même temps montra une porte derrière laquelle était installée une couche d’appoint pour les voyageurs ………………………..
_________________
Sorane
[Sur la route entre Autun et Sémur, le même jour]

Escortée de quatre miliciens et suivie d'une carriole menée par un habile conducteur et deux boeufs, Sorane guettait les bords de la route, tentant de repérer l'endroit où le convoi avait versé dans le fossé.

Elle était partie rassurée, Leapuce allait s'occuper de son blessé.

Effectivement pas loin de Sémur, ils trouvèrent facilement la charrette accidentée. Des sacs de maïs étaient éparpillés partout, sur la route, dans le fossé, dans le champs.
Ils mirent pieds à terre et se mirent au travail.
Les hommes ramassaient les sacs de Maïs pour les porter dans la carriole.
Sorane tentait de les compter afin d'estimer les pertes.

Au bout d'un moment, ayant fini le compte approximatif, elle indiqua :


"Messires, je constate que vous avancez bien et que vous aurez bientôt terminé de tout ramasser et de charger la carriole. Merci à vous ! Je vais donc aller à la recherche de l'autre convoyeur blessé, pour m'assurer de son état.
Quand vous aurez terminé le ramassage, rentrez sur Autun et déposez tout dans le stock de la mairie. Ne m'attendez pas. Je rentrerai par moi-même où s'il est trop tard, je passerai la nuit à Sémur. Merci encore de votre aide ! Et bon retour à Autun."


Elle remonta sur sa monture et se dirigea vers la direction que son blessé lui avait indiquée, à la recherche de la ferme la plus proche.

Elle la trouva facilement, la famille lui réserva un accueil chaleureux. Ils avaient pris soin du blessé. Sorane l'examina, pansa ses plaies, immobilisa sa jambe avec des branches de bois taillées, lui fit boire une tisane pour qu'il dorme sans trop souffrir de la douleur et le réconforta.

Le soir était venu, la famille insista pour l'héberger, mais Sorane vit bien qu'ils comptaient lui céder leur couche alors qu'ils avaient déjà dû en céder une au blessé. Refusant de leur imposer encore plus de désagrément et d'obliger une partie de la famille à dormir dans l'étable, elle les remercia et refusa leur invitation par un pieux mensonge.


"Merci mes amis, je vous suis redevable pour l'aide que vous apportez au blessé et votre accueil. Mais je suis attendue à Sémur cette nuit, pour y passer la nuit chez des amis. Je ne voudrai pas les décevoir. Je repasserai vous rendre visite demain avant de rentrer sur Autun."

Elle partit souriante après les avoir embrassés... et avoir oublié discrètement une bourse de 40 écus dans leur cuisine. Elle suivit la route en direction de Sémur.


[A Sémur, à la nuit tombée.]

Sorane errait dans les rues de la ville à la recherche d'une taverne accueillante qui pourrait lui offrir une couche propre pour la nuit.
Elle finit par en trouver une qui avait l'air de répondre à ses critères de propreté et à l'agencement chaleureux.

Elle poussa la porte, entra dans la salle bondée, où des rires et des conversations se mêlaient, invitant à se joindre à la bonne humeur ambiante.
Elle repéra le tavernier et le rejoignit :


"Messire, je suis Sorane d'Autun. Auriez-vous une chambre confortable à me louer pour la nuit ? Et de quoi satisfaire mon appétit ?"

_________________
Gaspart Thenardier, incarné par Sorane
Gaspard jette un regard sur la bonne femme qui vient de rentrer et qui l'interpelle.
Il la scrute de bas en haut et se dit qu'elle est bien gaillarde la petite Dame, elle aurait de quoi satisfaire son appétit à lui. Il lui adresse donc son sourire édenté et lui répond avec une voix mielleuse :


"Et comment donc, ma petite Dame, z'avons de jolie chambre, avec des draps tout propres ! J'peux même m'occuper de vous y préparer une grande bassine. Z'aurez qu'à demander de l'eau chaude ! Je vous la porterai moi-même ! Surtout n'hésitez pas, j'suis à vot' service ! Moi !"

Gaspard se dit qu'avec un peu de chance pendant le service, il pourra toujours se rincer l'oeil. Cela l'empêchera pas de se rincer aussi sur la petite note... Faut bien qu'il satisfasse son appétit moins lubrique et celui de toute sa famille !
Des bains, l'eau chaude, le service, le savon, ça fait des surplus sur le prix de la chambre qui viendront remplir la petite note ! Même l'usure des miroirs à trop se r'garder dedans, il la compte dans les frais ! Faut bien qu'il ait ses p'tites astuces pour vivre.
Pis les coquettes ca r'garde pas à la dépense !


"z'avez qu'à me suivre, vais vous montrer vot' chambre !"

Il attrape une clef derrière le comptoir, puis se dirige d'un pas chaloupé vers des escaliers en fond de salle. Il surveille juste que la jolie poupée lui emboite le pas.
Y a pas à dire, lui doit se contenter de sa femme, cette bonne vieille Gertrude mais y a des fois où cela le démangerait de faire des extras ! Yen a qui sont vernis dans la vie !

Arrivé sur le pallier, il prend dans un coffre des draps propres puis se dirige vers sa plus jolie chambre. Il l'ouvre et tient la porte, tentant de s'effacer et de rentrer son ventre pour que la Dame puisse entrer.
Il lance :


"Après vous, ma petite Dame. C'est not'plus belle chambre !"


Il entre à la suite de la donzelle, pose les draps sur le lit.

"J'vais envoyer la Germaine pour préparer la couche !"
Sorane
Sorane remarque bien le regard lubrique que le tavernier pose sur elle... Ses yeux n'ont pas manqué de scruter chaque parcelle de son corps. Elle reste stoïque, il peut toujours regarder le bougre...

Un bain, bonne nouvelle, quoique... à voir l'insistance du type à vouloir la servir, elle sent qu'il y a une arnaque la-derrière... Qu'espère-t-il donc?

Enfin, elle le suit à l'étage, elle peut vérifier qu'il prend bien des draps propres, c'est au moins cela !
Arrivée à la chambre, le bougre veut se montrer galant et la laisse passer, tout en bouchant à moitié l'issue avec son ventre dodu... Enfin, elle attrape sa jupe dans ses mains et se faufile prestement dans l'ouverture.

La chambre est propre, l'aménagement sommaire, mais guère plus que dans son ancienne bergerie. Et il y a un broc et de l'eau avec des linges propres.
Elle répond donc :


"Cela me convient. Je vais redescendre dans quelques instants prendre le diner, je reviendrai plus tard. La nuit est toute jeune encore."


Elle prend la clef puis attend que le tavernier se décide à sortir, il a l'air d'hésiter... Une fois qu'elle est sure qu'il est reparti, elle ferme la porte et fait sa toilette pour effacer la poussière et la fatigue du voyage sur sa peau. Elle se change et met des vêtements propres. L'idée d'un bain la tente mais le souvenir du regard du tavernier finit de l'en dissuader.

Une fois prête, elle redescend dans la grande salle, vers les rires et les bruits de conversation.

_________________
Sorane
A peine arrivée dans la salle, le tavernier s'empresse de la guider vers une table.
Sorane doit cependant dire qu'elle apprécie le choix de la table, au fond de la salle, sans être trop isolée, mais un peu en retrait et surtout bien éclairée car proche d'un grand candélabre.

Elle prend place et commande un plat... En attendant, elle observe la salle et les clients. En fait les tavernes se ressemblent, toujours les mêmes piliers de taverne, les mêmes amis qui se retrouvent le soir après une dure journée de labeur... Quelques amoureux qui se murmurent dans l'oreille en souriant benoitement un peu à l'écart et quelques voyageurs de passage, certains qui cherchent la compagnie des habitués, d'autres qui préfèrent la solitude... C'est son cas ce soir.

Le tavernier revient et pose devant elle une grande assiette avec du ragout, une miche de pain, un morceau de fromage et un pichet de vin. Rien d'extraordinaire, mais elle remarque qu'il a fait un effort de décoration de son assiette avec quelques brins de ciboulette. Elle sourit.


"Merci beaucoup, cela a l'air appétissant ! Vous remercierez la cuisinière!"


De l'appétit, elle n'en a guère, enfin pas de cet ordre... Depuis quelques jours, c'est une autre sorte d'appétit qui la dévore, elle... Il n'a failli faire qu'une bouchée d'elle.

Tout en portant une cuillère à sa bouche, Sorane devient pensive.
Elle repense à sa mère... mariée trop jeune à un mari tyrannique qu'elle n'a jamais aimé. Sa mère qui vit en recluse, sans la moindre liberté, soumise aux humiliations de son mari, qui a même perdu le souvenir de ce qu'est la liberté.
Sa mère à laquelle, elle évite de penser tant elle culpabilise de l'avoir abandonnée, tant elle a de la peine pour elle.
Rien que de penser à elle, Sorane sent un gouffre qui se creuse dans sa poitrine et qui menace d'être inondé de ses larmes... Ses yeux se noient, ses paupières font barrage et clignent pour endiguer les flots.

Il y a quelques années, Sorane est partie... laissant derrière elle sa maman...
Ce funeste jour où ce père qui ne lui a jamais montré le moindre attachement est rentré en lui annonçant qu'il lui avait trouvé un époux et que la noce aurait lieu avant la fin du mois.

Cet époux qu'on lui réservait, était l'ami de son père, un homme rustre, qui ne manquait jamais de laisser trainer son regard lubrique et sa main sur toutes les croupes féminines qui passaient à portée, mais riche et bien établi, arborant sa petite noblesse de campagne comme une autorisation à maltraiter les autres et à n'en faire qu'à sa tête. Elle abhorrait cet homme, presque autant que son père ! Alors elle a pris quelques affaires, et elle s'est sauvée... Sa mère l'a laissée partir, le regard vide.
Et depuis Sorane s'est promis de ne jamais appartenir à un homme... de ne jamais devenir l'objet d'un tyran.

Par chance, elle a appris très jeune à manier l'épée, au départ plus par jeu et à cause du dépit de son père de n'avoir pas de fils... Et jusqu'à présent, cela lui a permis de garder à distance les hommes qui soupiraient un peu trop près d'elle...

Sauf il y a quelques jours... elle avait bien failli se laisser ...


Gaspard le tavernier :
"Ma p'tite Dame ne mange pas ? P'tet que vous voulez ot'chose ? C'est tout froid maintenant !"


Le tavernier venait de la tirer de ses souvenirs et lui jetait un regard réprobateur, il ne semblait pas comprendre qu'on puisse gâcher ainsi de la bonne nourriture... et qu'on rêvasse plutôt que de diner.
_________________
Vaxilart
Je ne saurais dire combien de temps Vaxilart passa là, étendu. Des heures, des jours peut-être même! Cela n’avait plus réellement d’importance, le temps s’était, l’espace d’une fraction lunaire, arrêté. Ses pensées typhonnaient dans sa tête, l’entrainant vers les profondeurs de son âme. Derrière le filtre inaliénable de son regard, il ne pouvait qu’abhorrer les grinçants engrenages de sa vie. Était-on ainsi fait que l’on ignorait inconsciemment l’existence des autres? Il ne saurait dire… vraiment…

Ce ne fut point l’envie de se lever, de quitter, ou la lassitude de sa position dégradante qui poussèrent l’homme à se remettre sur pied. Mais voilà que la nuit d’automne tombait, et avec elle les derniers rayons de l’éloigné soleil qui étaient la seule source encore vive de chaleur sur son cadavre animé. Lentement, il releva la tête et s’assit sur la grève. Écartant le rideau de cheveux qui lui bloquaient la vu d’un passage de main, il aperçut une forme sur l’autre rive. Il crut d’abord y voir un paysan curieux, ou alors un brigand profiteur… Mais, il ne s’était jamais attendu à y voir défunt son… défunt vassal : Arcas.

Il signa l’homme. Baron, il fut bon à son égard, il l’apprécia même. Mais l’appât… L’appât du gain? La jalousie? Ou alors, quelques plans de la bête sans nom? L’amour? L’avait poussé à convoiter la seule perle de son suzerain… Ni l’un, ni l’autre n’eurent gain de cause. Le destin avait choisit pour eux. Seulement, ce fut le cœur de pierre de ce camarade qui le coula jusqu’aux profondeurs de la terre sans chance de s’en ressortir – Comprenez alors la surprise. N’osant crier (car pour la peine, il était fou, c’était indéniable), il se contenta du regard. Il suivit chacun de ses gestes, il le vit se pencher sur la Saône, il le vit y plonger une main, y baigner ses doigts, y plonger ses lèvres, s’y abreuver… Incrédule Vaxilart plongea vers l’avant, rampant quelques décimètres jusqu’au rivage, il y plongea sa main. Rien? L’eau s’écartait, elle n’y était pas. Il y replongea une main, mais rien encore, aucune sensation, aucun frisson. Relevant la tête vers le spectre, ce dernier le regardait déjà. Sur les lèvres d’Arcas, un sourire, narquois. Pour la peine, le noble lui fit un serment, un seul.


-Tel ne sera pas à jamais mon état, quand j’arriverai, prépare toi, ce sera l’avènement du Walhalla...

L’apparition n’en demanda pas plus car dans un souffle, elle disparut.

Vaxilart jeta un dernier regret sur sa plaie. Elle serait encore là demain, elle serait toujours là. Ils auraient l’occasion de se recroiser, et peut-être, pour de bon s’embrasser l’un et l’autre. Mais, en attendant, il était engagé par serment sur l’honneur auprès d’un autre amour. Homme d’honneur, il ne quitterait son engagement que lorsque la mort même en serait la finalité.

D’un pas décidé, d’une tête ailleurs, il retourna à son cheval, encore trempé, et y monta. D’un coup de botte, il démarra sa monture et pris la direction des derniers milles avant Sémur… Le clocher le verrait arriver.

En ville, la Duc ne chercha nul ami chez qui profiter d’une chambre, aucune envie de compagnie ne le guidait. Une chambre, simple, une auberge, miteuse s’il le faut. Voilà tout ce qui ferait son affaire, le genre d’auberge mal éclairée au sein de laquelle les racailles se ramassent cacher à l’ombre. Voilà le genre d’endroit qui conviendrait à son âme coupable.

« Thénardier »… Avec un tel nom on ne se trompait pas. Laissant son cheval aux écuries, il fit les pas le menant jusqu’à la porte. Juste avant d’entrer, il attarda son regard sur son accoutrement. Il était certes assez connu en Bourgogne, mais les plus roturiers des gueux, et les plus lâches des brigands, jamais n’avaient l’occasion de croiser leur Duc, encore moins le noble d’une bourgade voisine n’étant pas la leur. Ainsi, sans riche apparat, aucun doute qu’il passerait inconito – pas la peine de se donner du mal à se déguiser, ses haillons mouillés étaient tout ce qu’il y a de plus gueux dans les environs, il passerait comme un charme. Il poussa la porte et se dirigea directement au comptoir.


-Un verre… En fait… Deux.

Pas de demi-mesure ce soir, il lui fallait en finir avec ses pensées. Agrippant les verres sans attention particulière, il scruta la salle à la recherche du coin le plus crasseux et le moins accueillant, du genre de celui que personne n’oserait s’approcher, même pour y cueillir une cagnotte pleine d’or…

Et, c’est là qu’il aurait été, s’il n’avait croisé ce regard. Le regard d’une femme assis dans le seul halo de lumière de l’établissement… Sorane? Si ces regards ne s’étaient croisés, il aurait fuit rapidement, se serait trouvé une autre auberge… Mais là… Il était reconnu, s’en aller sans égard n’était plus possible. Debout, il resta là, l’interloquant du regard… Sans un mot.

_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)