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Info:
La délégation bourguignonne pour le bal du roi arrive à Paris. En particulier s'y trouvent Béatrice de Castelmaure, Duchesse de Nevers, sa suivante Della et le Duc de Saint-Fargeau, Vaxilart, qui accompagne la Duchesse de Nevers.

[RP] Au long de la Seine, sonnets sonnez

Beatritz
D'Auxerre, à mi-chemin, ils trouvèrent la Seine,
Son eau noire et paisible aux mille et un détours,
Le brouillard matinal, le pays alentour,
Et ce courant normand qui au loin vous entraîne.

Dans un trou d'eau bleu-vert, le lit d'une morène
Sur laquelle est posée, dès que se point le jour,
Celle qui de son chant se croit bœuf de labour,
Cette bondissante et viride fraîche raine.

Parfois il arrivait que les six chevaux bais,
Face à quelque danger, ruent ; même ils regimbaient,
Ce qui de petits bonds secouait l'attelage,

Qui embardé soudain, filait à travers bois,
Et peu s'en faudrait lors qu'ils ruent jusqu'à l'Aubois !
L'inconfort est certain en un tel voiturage.

*

De ses gants la Duchesse, impatiente égraine,
Son patenôtre de calcédoine à rebours
Assise sagement dans ses riches atours,
Murmurant pour sa mère une tardive thrène.

Car cette enfant ferait dans un jour son étrenne
D'un legs de sang fort bleu, et qui pèse fort lourd :
Dans un jour Béatrice entrerait à la Cour
Dont elle espère un jour être la souveraine.

Cette très orgueilleuse obsession l'inhibait
Et son regard portant sur les serfs qui tourbaient,
Sur les errants nuages, ou tel bruyant flottage,

Son nez fleurant là bas une biche aux abois,
Sa voix priant tout bas, et son visible émoi
Tenaient au silence les amis de voyage.

*

Elle rêvait déjà, du bal, de son potage,
Du rôt, second service, et de ce qu'on y boit,
Se figurait une tarte aux mûres des bois,
Qui serait la suite à de grands plats de fromage.

Il coulerait dans des gosiers de haut parage,
Accompagnant des assiettes d'or qui giboient,
Vin d'arbois tourangeau, vin de paille d'Arbois,
Pour abreuver ce monde au si brillant lignage.

Chair prisée de murène et huîtres de Marennes
Des poissons qui côtoient la volaille ; la drenne,
Farcie bien grassement à la pomme rambour,

Qui dans la vigne, avant, allait et cacabait,
Qui les grains de raisin, d'un coup d'un seul, gobait,
La voilà affrontée, dans un plat, à un tourd !

*

Elle voyait les danses, caroles et loures,
C'était à son oreille un grelot, une draine,
Car de ce monde en fleur, elle se voulait reine,
éveillée à l'aube au grondement des tambours.

Et la Castelmaure en sa robe en velours,
En chaleur en voiture en son épaisse traîne,
Ne voulait que fort peu : juste qu'on la comprenne,
Ailleurs qu'en rêveries, où elle vécut toujours.

Quand enfin s'éclipsa le songe des hautbois,
Le cortège achevait la traversée d'un bois
Qui débouchait sur un parisien mirage :

Bientôt à l'horizon de multiples gibets,
Tentacules d'un monstre de mort au rabais.
Béatrice revint aux dits de l'entourage.

*

Tandis que la voiture empruntait un virage,
Et qu'une suivante lâchait un calembour,
Elle ajusta son peigne en bois de calambour,
Et soupira heureuse à ce chaud babillage.

Délaissant à la fin le mignon commérage,
Elle appela le Duc et dit non sans humour :

-« J'avais à vous parler, venons-en au contour
de mon idée – c'est ça ! Parlons de mariage. »


Dans ses iris azur une flamme flambait
Un regard étranger, malin, qui perturbait :

-« J'attends de vous, cher Duc, qu'à l'autel on me mène,

Qu'engagé envers moi, vous m'aidiez dans mes choix
de morale et d'hymen ; c'est à vous qu'il échoie
de recevoir de moi le vœu qu'on me parraine. »


[Merci à LJD Barahir pour sa merveilleuse contrainte d'écriture ; à cause de ça, il est 5h et je n'ai pas encore dormi ! ^^
RP fermé pour l'heure à ceux qui ne se trouvent pas dans l'équipage bourguignon pour le bal du Roi.]

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-- Nobles, peuplez le Louvre ! Que ça vive !
Vaxilart
D'Auxerre, à mi-chemin, ils trouvèrent la Seine,
Scrutant chaque remous, reflets de la Saône,
Le Duc cherchait le sourire de sa matrone,
En vain, fut-il libéré de son mécène?

Leur promenade en soi silencieuse,
Égayé entre temps de mignon commérage,
Séparé par le temps, si ce n’était par l’âge,
Ces derniers s’en tinrent à la fable pieuse.

« J'ai toujours été émue par la vue de l'eau »,
C’était les mots qui hantaient le bon St-Fargeau,
Pour lui, c’était assez irrationnel,

C’est de peur en sursaut, que l’homme se grave,
On a beau rester seul échoué sur le rivage,
L’on surpasse mieux à deux nos peurs mortelles.

*

Le Duc l’écoutait d’une oreille distraite,
Son bain de la veille, étouffé à Sémur,
Le gardait loin du vrai, y maçonnant un mur…
Béatrice l’atteint d’un coup de briquette.

La flamme, qu’elle éveilla, sonna comme la cloche
Du dernier jugement. S’élevant en Sainte,
Le Duc ne put que la juger sans contrainte.
Devant lui se tenait Béatrice, si proche!

Dante Alighieri traversa l’enfer,
Avec en tête, l’idée de se parfaire,
Ne serait-ce que pour oser la regarder.

Et lui, sans un regard, et sans même un soupir,
Sans non plus l’intérêt du plus divin désir,
La voyait devant lui offerte à marier.

*

À telle question, une seule réponse,
Lorsque deux fois son âge nous sommes ainé,
L’épousaille, bien que l’idée nous eut quitté,
Ne peut que recevoir une prompte annonce.

Valant son pesant d’or, la jeune Castelmaure,
À un noble affranchi de tout plaisir ludique,
Offrait la meilleure qualité pour un cynique,
Celle d’avoir pour père un pair tout juste mort.

Résolu à l’idée d’enfin s’engager,
Dans une relation pour l’éternité,
Le Duc se retourna, et d’un trait répondit.


« Si je dois vous mener à l’autel devant Dieu,
S’il en échoit à moi de combler vos vœux
J’accepte maintenant d’offrir mon cœur sans édit »
Della
Roule, tangue, ballote de droite à gauche, tombe dans un trou et roule sur un gros caillou...Même les carrosses les plus confortables ne peuvent éviter les embûches des chemins.
De Bourgogne à Paris, il devait y avoir un bon nombre d'ornières. Il serait urgent de prévoir des ouvriers chargés d'entretenir les routes, on pourrait les appeler cantonniers par exemple.
Cela éviterait à des personnalités importantes de se cogner régulièrement le crâne sur les montants de leur carrosse.


Le paysage défilait sous mes yeux abandonnant les vallons couverts de vignes pour naître sur des forêts denses et mystérieuses qui évoquèrent en moi les contes de fées que me contait jadis ma chère nourrice.


Je ne donnais attention à la conversation entre Duc et Duchesse.
La politesse voulant que je ne m'en mêle point et la décence faisant que mon esprit ne gardait que brides choisies.
Pourtant, mon oreille recueillit quelques lambeaux d'un échange pour le moins inattendu.
Duchesse entretenant Duc d'autel et d'épousailles.

Je savais que ma Duchesse était parti intéressant, main à prendre et coeur à gagner. Si toutefois l'on pouvait avoir l'un et l'autre, ce dont je m'étais mise à douter fortement.
Je trouvais ravissante l'idée de s'entourer des bons conseils d'un Duc âgé, ayant déjà bien vécu, connaissant la vie et ses tourments, afin de ne point commettre faute dans l'élection de l'heureux gagnant.
Le Duc Vaxilart, que je connaissais fort peu et que je n'avais guère fréquenté que dans ce carrosse, donnait l'impression d'un vieux sage érodé par le temps et l'expérience.
Je n'aurais pas mieux choisi concernant un tel parrainage.
De plus, Duchesse proposait de la mener à l'autel. Ce qui était un grand honneur.

Voilà donc que Duc se prend à répondre...et que je cache mon sourire moqueur - personne n'est parfait, pas même moi - derrière ma main gantée, tournant le regard sur le dehors.
C'est que le Duc venait de confondre rêve et réalité et n'avait entendu que ce que sa raison semblait lui dicter.
Le pauvre homme devait avoir bien grande estime de lui pour imaginer que Duchesse le prenne en épousailles.
Mais l'homme est faible, chacun le sait.

J'osai alors glisser un regard bleuté vers ma Duchesse, attendant avec une impatience gourmande, d'ouïr sa réponse...

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Beatritz
L'attelage roulait ; des faubourgs les tannins,
Le fracas lointain des peaux émues au bouloir,
Et la rassurante cadence des fouloirs
Dans ces aigres relents de bestiaux et d'humains.

De leurs pots de mordant sortiraient des carmins,
De superbes couleurs rehaussées de perloirs,
Des pièces de cuir à tailler en avaloirs,
Et des petits agneaux devenus parchemins.

Dante offre maintenant son cœur à Béatrice,
Et la Diguidine, qui fut presque clarisse,
De stupeur mâtinée, s'en trouve pantelante.

Elle voyait la lueur, l'occasion érectrice,
Dont les détours de sa verve génuflectrice,
Avaient accouché dans l'hagard cœur de ce Dante.

*

Un regard à Della, pétulante suivante,
On les croirait, les deux, comparses d'hétéries,
Paroles bien brossées au papier d'émeri...
Comment choisir ses mots, sans être discordante ?


-« Cher ami, que voilà volonté fort ardente !
Pour telle demande, mieux vaut une astérie...
Mais nous nous voyions mieux princesse d'Asturies !
Votre ouïe vous a trahi, quelle mauvaise pente... »


Fière et compatissante, au vieux Duc florentin,
rêvant jà de l'écu de Nevers léonin
et du giron ducal où mettre sa sarisse,

Elle dit :
« Nous voulons être votre filleule,
et notre marraine, Jehanne, notre aïeule. »

Et plaise au Saint-Fargeau qu'il ne surenchérisse...
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-- Nobles, peuplez le Louvre ! Que ça vive !
Vaxilart
Le Duc se réveilla peu à peu devant l’air malaisé de la compagne, et la réponse suffisamment sec de la Duchesse. Brodant, brodant, il reprit.

-Ciel! Je ne suis aussi aise que vous pour la poésie… Je crains de m’être fait mal comprendre…

J’accepte Duchesse de vous parrainé, bien que vous me sembliez fort apte à trouver bon parti. Princesse! Voilà bien le seul titre pouvant asseoir votre égo!


C’était chancelant, mais nul doute que l’excuse suffirait, celles-ci ne souhaitant sans doute embrumé le reste du voyage d’une inconfortable brume. Le Duc quant à lui ne parut pas spécialement déçu, il s’était résigné à ne trouver descendance… Et, bien même son fourvoiement l’eut-il fait rêver un instant, son âme n’avait eu le temps de s’en convaincre.

Ne voulant toutefois laisser la conversation filer sur quelconque direction gênante, il reprit.


-Ainsi donc, le prince d’Asturies… L’élu a-t-il un nom? Je ne suis expert en descendance royale…
Della
Duchesse avait rattrapé le pauvre Duc avec une élégance raffinée.
C'est qu'il ne fallait pas trop le vexer si comme parrain, elle le souhaitait.
Qui sait ce que la rancoeur peut lever comme semence dans un coeur labouré.
L'allusion à l'ouïe, si délicate soit-elle, risquait peut-être de déplaire. N'était-ce pas là, un des nombreux déclins qui advenaient avec l'âge ?

Duc se rattrapa aussi...mais plutôt à la manière barbare. Quoiqu'il en dise, il s'était bel et bien mépris...si si si...
Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, Duc choisit le "oui" poli au parrainage proposé qui après tout, était un fort joli lot de consolation et négligeant tout à fait l'objet de ma peur : son âge avancé mentionné.

Mais, me dis-je, peut-être ma Duchesse aurait-elle dû faire ce choix-là. Duc est vieux, sans enfant, riche...Tout le portrait d'un élu !

Me reprenant, je m'interdis de penser chose pareille, à nouveau !
Et pendant que l'on continuait sur le nom d'un prince, je m'enfonçai en prière, suppliant le Très Haut de me pardonner ma pensée.
Il faudrait, sans conteste, que j'aille à confesse !

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Beatritz
Béatrice de Castelmaure ne s'attarda pas sur la façon qu'avait eue le Duc de Saint-Fargeau de se rattraper. Elle ne choisissait pas un rhéteur, mais un homme de morale. De plus, il y avait glissé un maladroit compliment et la discussion enchaînait, et cela facilitait une légèreté de ton peu encline aux reproches.

Elle répondit ainsi d'une voix pédagogue :


-« Le Prince des Asturies hérite de la Couronne de Castille, cher parrain. Nous ignorons son nom et même si la Castille a un prince héritier célibataire en ce moment-même. Mais c'était le symbole, la marque de la puissance et vertu que nous rechercherions pour époux, un époux dont feues Leurs Seigneuries nos parents n'auraient pas eu à pâlir, un noble de haut lignage, bien sûr, n'ayant point de descendants légitimes vivants.

Par exemple... Sa Majesté le Roi de France. Lui proposeriez-vous notre main, cher parrain ? »


Et après un très court instant, d'ajouter d'un ton d'évidence :

-« Il ne donne pas un bal où devront être présentés tous les jeunes héritiers de haut lignage du Royaume si ce n'est pas pour trouver une nouvelle épouse ! C'est presque trop beau. »
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-- Nobles, peuplez le Louvre ! Que ça vive !
Vaxilart
Le Duc regarda un instant la jeune duchesse, sur le coup, il pensait être victime d’un canular… Et puis, finalement, non, sans doute pas. Elle devait trop tenir de son père pour cracher sur un haut titre, peu importe la cause et le sacrifice nécessaire pour l’obtenir.

Remarquez qu’être Roy, la jeunesse rafraichissante de Béatrice ne répugnerait pas le bon Duc! Et puis, parrain et conseiller était une chose, mais les intérêts personnels avaient aussi leur importance non? Parrainer une future Reyne de France? Cela, sans aucun doute ne pouvait nuire! À cette pensée le Duc eut un sourire, et ramena son attention vers la conversation.


-Mademoiselle la Duchesse, si le Roy est l’objet de votre ambition, je ne pourrais mettre de freins à un si grandiose mariage. Soyez sûr, que je ferai de mon mieux pour vous faire détonner de vos adversaires… Cela est bien ce que vous voulez?

Préférant s’assurer que la duchesse puisse y penser réellement et non y répondre instinctivement, il y alla également d’un conseil.

Concernant les princes et nobles de haut lignage, je tiens à vous mettre en garde. À séparer son pouvoir, on en vient à le perdre en entier. Mieux vaut vous trouver une demeure fixe et vous assurer de faire graviter vos diverses terres autour de ce lieu, c’est la seule manière de vous assurer une reconnaissance globale et pouvoir autre que théorique… Enfin, tout dépend de vos croyances… Si vous me permettez de paraphraser Pépin le Bref : « le titre est-il le nom ou le pouvoir? »

Répondre à cette question est essentiel afin de planifier son avenir…


Ainsi, Vaxilart espéra imposer une réflexion plus profonde à la jeune dame souvent si prompte à répondre de ses enseignements ecclésiastiques.
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