Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   1, 2   >   >>

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] De la mémoire, à la mémoire

zhaïa
Une mauvaise toux la réveille… Elle s’assied, un goût douçâtre dans la bouche. D’une main tremblante, elle saisit un mouchoir, attendant la prochaine quinte, qui ne tarde jamais bien longtemps à se manifester. Cela fait plusieurs jours qu’elle a commencé à cracher du sang.

Depuis quelques nuits, des rêves étranges la hantent. Des rêves comme ceux qu’elle faisait avant de venir s’installer à Sémur, avant qu’elle ne vienne retrouver son cher cousin Noegor. Noé… Il n’avait pas répondu à sa dernière missive, ce qui n’était pas étonnant en soi puisqu’il ne répondait plus à aucune lettre depuis belle lurette. Il restait cloîtré dans son fournil, expérimentant, la plupart du temps, potions et décoctions, testant les vertus de différentes plantes hallucinogènes. Il perdait la raison peu à peu, vivant reclus, refusant de laisser quiconque l’approcher. Zhaïa s’inquiétait pour lui d’autant qu’elle avait appris qu’il avait légué quelque argent à la municipalité de Sémur. Cela n’augurait rien de bon, les généreux donateurs ne courent pas les rues et sont rarement en bonne santé lorsqu’ils se sentent l’âme de mécènes.

Cette nuit-là, les cauchemars étaient venus l’assaillir de nouveau. La jeune femme n’arrivait pas à reconstituer le puzzle…
Elle n’avait jamais connu ses parents, élevée dans le Poitou par sa tante aux côtés de Noé.
Alors qu’elle servait au château du Comte, elle avait assisté au meurtre de son épouse. Et le meurtrier n’était autre que le Comte lui-même. Il avait égorgé sa femme après avoir découvert que cette dernière le trompait. Cela n’était pas étonnant, l’homme était tyrannique, libidineux et empestait à mourir. Il préférait s’asperger de parfum, plutôt que d’aller prendre un bon bain. Une horreur ! Dire que l’imbécile se croyait irrésistible… Fort heureusement pour Zhaïa, qui avait dû recourir à maints stratagèmes afin de se soustraire à ses avances, le Comte était souvent absent, préférant terroriser la populace et faire la guerre. Tout naturellement, la jeune Comtesse avait trouvé le réconfort dans les bras d’un autre… Noegor !

Horrifiée, Zhaïa s’était sauvée prévenir Noé. Lorsque l’infâme s’était rendu compte qu’elle avait vu son crime ignoble il avait lancé hommes et chiens à leurs trousses. Les cousins avaient été séparés durant leur fuite, la jeune femme n’avait dû son salut qu’à une chute vertigineuse, laissée pour morte au fond d’un ravin…

A son réveil, elle avait perdu la mémoire, ne sachant plus qui elle était, ni d’où elle venait. Elle avait erré longtemps, se nourrissant de racines et de baies récoltées le long du chemin, avant d’arriver enfin aux portes d’une ville inconnue, Chalon.

_________________
Ex-Douanière de Sémur
Ex-Adjudant de l'Ost - Garnison de Saint Martin du Lac
zhaïa
... La jeune femme ne restera pas à Chalon, juste le temps de se rétablir. Elle ne s’écarte pas du chemin de la mine, ne lie pas connaissance. Elle n’a rien à dire, à personne. Pas d’identité, pas de passé, le néant total. Un soir, harassée par une dure journée de labeur, elle fait une curieuse rencontre. Un vagabond, semblable aux autres vagabonds, la dévisage de ses yeux hallucinés. Il la pointe du doigt et s’enfuit à toutes jambes hurlant :

"Zhaïa… ZhaïaZhaïa…"

Ces hurlements poursuivront longtemps la jeune fille, jusque dans ses rêves, les souvenirs essayant de se frayer un passage vers sa conscience. Jusqu’au jour où, un mendiant lui porte une missive, d’un certain Noegor, qui dit être son cousin, et qui l’invite à le rejoindre à Sémur. A la recherche de son passé, elle partira, sa besace pour tout bagage. Noé lèvera le voile sur son passé. Le choc des révélations sera tel que la chevelure flamboyante de la jeune femme deviendra blanche en une nuit...
_________________
Ex-Douanière de Sémur
Ex-Adjudant de l'Ost - Garnison de Saint Martin du Lac
zhaïa
Nouvelle toux, plus forte, plus longue… Zhaïa sait qu’elle ne pourra se rendormir ce soir. Elle regarde la place vide à ses côtés. Eusaias… Elle laisse la tristesse l’envahir, s’installer au plus profond. Elle laisse les larmes couler…

"Eusaias, tu me manques tant… "

Longue plainte silencieuse. Elle aimerait hurler, pas un son ne franchit le mur de ses lèvres. La vie lui avait donné sa chance, la mort la lui reprenait. Ils avaient mordu dedans à pleines dents. Zhaïa avait vécu le plus grand bonheur dont on puisse rêver, elle avait touché du doigt le paradis terrestre, Eusaias avait fait d’elle une femme et une épouse comblée. Leur relation n’avait pas eu le temps de connaître l’usure du mariage et de ses habitudes, leur amour resterait intact, au-delà de la mort.

La nuit est chaude, elle se lève, blafarde. Dédaignant ses vêtements, elle se munit d’une plume, d’encre et de vélin qu’elle range soigneusement dans sa besace, une flasque de gnole, souvenir de leur dernier voyage dans son Poitou natal. Elle s’apprête à sortir quand son œil est attiré par l’étoffe blanche d’une chemise de son époux. Elle caresse le fin tissu, enfouit son visage dedans à la recherche de l’odeur de son aimé. Sa gorge se noue. Mue par une envie irrésistible, elle enfile le vêtement trop grand, retrousse les manches et se laisse aller au bien être que lui procure la sensation d’être avec lui. La lune est là, ronde majestueuse, éclairant Sémur, comme en plein jour. C’est une belle nuit pour mourir…

La jeune femme flatte une dernière fois sa monture, un magnifique pur sang anglois que lui a offert Eusaias. L’animal hennit doucement, pose sa tête sur son épaule.


"Adieu Libellule, prends soin de toi et d’Eusaias. Merci…"

Incapable de prononcer un mot de plus, elle lui laisse un bon seau d’avoine et s’éloigne. Rapide détour vers le pigeonnier, elle s’empare de son dernier coursier, l’accroche à son épaule et s’en va, à pied…
_________________
Ex-Douanière de Sémur
Ex-Adjudant de l'Ost - Garnison de Saint Martin du Lac
zhaïa
... Elle s’arrête un instant, regarde une dernière fois leur maison, pour en graver l’image à jamais dans son cœur, puis s’éloigne. Ses pas l’entraînent tout d’abord vers la rue Basse des remparts, au numéro 7. Son pas est léger, et étrangement, elle se sent soulagée d’un grand fardeau. Sa promenade nocturne lui met du baume au cœur. Elle se glisse sans bruit jusqu’à la demeure de Morgane et Marcko, extirpe de sa besace un parchemin roulé soigneusement et l’accroche solidement à la porte, bien en vue. Cela fait quelques jours déjà qu’elle a préparé sa missive pour son amie. Elle s’y était reprise à plusieurs fois pour écrire, ne sachant trop comment formuler…


Citation:


« Ma très chère amie,
je t’écris cette lettre pour te demander un service. J’ai laissé Libellule seul à la maison mais je ne sais quand Eusaias rentrera. Veux-tu bien t’occuper de le nourrir en attendant son retour ? Eusaias est actuellement chez les moines et je ne sais s’il sortira bientôt de sa retraite… Le mieux serait sans doute que tu prennes ma monture en pension chez toi, ainsi il aurait la compagnie de ses congénères. Tu trouveras de l'avoine en quantité dans la remise, j'ai laissé la maison ouverte.»




Dieu que c’était difficile…

Citation:


« Je suis très malade et mes jours sont comptés. Je pensais être tirée d’affaire, mais je crois que la cigüe aura finalement raison de moi… Lorsque tu liras cette lettre, je ne serai plus. C’est terrible de devoir t’écrire cela mais je ne puis plus dépérir ainsi.
Je suis fière de t’avoir comptée parmi mes amis, tu resteras gravée à jamais dans mon cœur, moi qui n’ai pas de famille, je te considère comme ma sœur.

Prends bien soin de toi, de Marcko et de la petite Margot. Je sais pouvoir compter sur ton indéfectible amitié pour Eusaias. Il aura besoin de toi.

Je t’embrasse une dernière fois.
Avec toute mon amitié,
Zhaïa »



_________________
Ex-Douanière de Sémur
Ex-Adjudant de l'Ost - Garnison de Saint Martin du Lac
zhaïa
Aussi silencieusement qu’elle est arrivée, elle repart. Pourtant, son pas se fait plus pesant à mesure que son cœur devient lourd. Elle laisse derrière elle des amis formidables. Ses pensées la ramènent quelques mois plus tôt, lorsque sa vie s’est arrêtée aux portes de Sémur. Elle était promise à un bel avenir, la vie lui souriait, elle était heureuse. Elle commençait même à songer à s’engager un peu plus pour le duché en rejoignant une liste pour les ducales. Elle venait de se marier.

Et la Drasnie avait de nouveau croisé leur route, comme surgie de nulle part. Ils n’étaient que trois, mais l’embuscade était bien préparée. Ils étaient venus pour les tuer. Enfin pour tuer Eusaias, Stragen de son vrai nom. Ils avaient bien failli réussir.

Sans l’aide de leurs amis, Eusaias et Zhaïa n’auraient pas survécu. Snell, Constance, Jusoor, Sinople et son chien, Morgane et Marcko… Ils n’étaient pas trop de huit pour faire face aux trois assassins. L’arrivée providentielle de soldats de Sémur avait fini par mettre Platime et Mélisse en fuite, ces deux là n’étaient pas des lâches, ils pensaient avoir rempli leur mission, simplement, et s’étaient évanouis dans la nature. L’infirmière Lesmoutonsbleus avait été efficace, prodiguant des soins, sans nul doute, qui leur sauvèrent la vie. Aeaeda, Zao_jun et Astrostol, alors simples soldats, ils avaient tous pris du grade depuis, une très belle réussite pour chacun d’entre eux, après s’être assuré qu’il n’y avait plus de danger, avaient organisé le rapatriement des blessés.

Le troisième brigand n’avait pas survécu, il était tombé sur un os, sous-estimant son adversaire. La Gamberge, c’était son nom, une ordure, une pourriture, fourbe et lâche, avait péri sous le glaive d’Eusaias.

Zhaïa serre les dents, une lueur meurtrière dans les yeux. Il était mort, saigné comme le porc qu’il était. Elle ne regrettait qu’une chose, qu’il n’ait pas souffert comme il le méritait. Son trépas avait été bien trop rapide. Puissent les démons de l’enfer le tourmenter jusqu’à la fin des temps…

_________________
Ex-Douanière de Sémur
Ex-Adjudant de l'Ost - Garnison de Saint Martin du Lac
zhaïa
Perdue dans ses pensées, la jeune femme à la crinière blanche déambule sur la promenade des remparts, les feuilles des platanes bruissent doucement sur son passage. Elle s’arrête un instant sur un banc. Nulle lumière aux fenêtres de la Mairie, même Cc est couchée ! Pincement au cœur… Elle connaît les lieux par cœur, elle pourrait s’y rendre les yeux fermés tant elle y a passé du temps. C’est au sein du conseil municipal qu’elle a rencontré la plupart des gens qui comptent pour elle…

A son arrivée à Sémur, Zhaïa ne possédait rien, elle n’était qu’une vagabonde sans le sou. Sans la confiance que lui témoignèrent Sarrasin et Poussdelaroch’, respectivement CAC et Maire, la vie eut été plus difficile. Ils lui offrirent un emploi taillé sur mesure : Marchande Ambulante officielle pour Sémur. Elle voyagea ainsi, parcourant les routes de Bourgogne et les duchés avoisinants, fit des rencontres intéressantes et gagna bien sa croute quotidienne. Une aubaine, au vu de sa condition de simple vagabonde.

Lorsqu’elle n’arpentait pas les chemins, elle prenait du bon temps en taverne. Pouss et Sarra avaient établi leur QG à la Sémuroise. Quelque soit l’heure, on pouvait les y trouver, toujours prêts à accueillir et renseigner villageois et voyageurs. La taverne était toujours pleine à craquer et il fallait jouer des coudes pour pouvoir y entrer.

C’est ainsi qu’elle avait fait la connaissance de quelques villageois. Diablo, Jackson, Enyz, la sœur de Bati, Wisom, Tornade, Galtaved, Celesse, la douce amie de Noé, Camilounette, Eusaias et bien d’autres… De suite, elle s’était bien entendue avec Enyz, alors la mie de Jack. Eusaias était venu jouer les trouble-fête dans cette relation, ravissant la belle qui était tombée sous son charme. Enyz était une jeune femme vive et pleine d’esprit, elle était douanière à l’époque et cherchait un assistant pour la seconder. Zhaïa avait fini par se proposer, car elle savait que ce serait un plaisir de travailler à ses côtés. Leur collaboration avait été fructueuse, mais de courte durée, Enyz avait été sauvagement assassinée dans sa boulangerie… Dès lors, Zhaïa était devenue douanière et s’était investi au sein du conseil municipal, pour la sécurité de Sémur et de la Bourgogne.

La nostalgie l’envahit de nouveau. Dernier regard et elle s’éloigne de la mairie. Elle parcourt tranquillement les ruelles endormies, elle n’est pas pressée…

_________________
Ex-Douanière de Sémur
Ex-Adjudant de l'Ost - Garnison de Saint Martin du Lac
Mélisse De Drasnie
[HUIS BANDIETEN : dans l'intimité d'une alcôve d'un établissement de Thermes - Quelque temps auparavant]

« Tu devrais regagner la Drasnie. Le Prince n'attendra pas ton rapport éternellement. »

Occupe-toi de tes oignons. Je ne suis pas en état de toute façon.

« Ça, pour sûr, pour un peu, tu me ferais presque pitié, si je ne savais pas que de tout ce qui t'arrive en ce moment, tu es l'instigatrice. »

Que ne comprends-tu pas dans la phrase 'occupe-toi de tes oignons' ?

« Mais je ne cherche qu'à t'être de bon conseil... Rentre en Drasnie, demande audience au Roy des Roys... Il n'attend plus que cela... Certes il n'aimera pas la nouvelle mais au moins es-tu assurée d'être reçue en priorité et puis... il ne t'a plus mise dans son lit depuis ta chasse aux fuyards... Le pauvre doit être en manque... Une maîtresse se doit d'assum... »

Arrête !

Sa voix, tremblante de rage, résonna comme un écho, portée par la vapeur d'eau chaude qui saturait l'air de la pièce. Quelques regards seulement se posèrent à l'endroit où elle s'était assise, son corps fatigué simplement vêtu d'une serviette. Pour se détourner aussi vite... les personnes présentes étant occupées, les unes à remplir la part de leur contrat – qui était pour une catin de satisfaire aux besoins et aux envies de son client – les autres à jouir pleinement des charmes échangés contre écus sonnants et trébuchants. Les couples se faisaient et se défaisaient... ne lui prêtant donc que peu d'attention afin de ne point gaspiller le temps à passer dans l'étreinte des puterelles, quantitativement proportionnel à la somme déboursée. Plaisirs volés... ou savourés...

Etait-ce ainsi qu'il se comportait avec elle quand dans l'intimité de leur chambre, il la retrouvait ?
Etait-ce ainsi qu'il leur était de nouveau donné de se retrouver puisque Thomas et elle-même avaient tous deux échoué ?

« Non... Non, bien sûr... Il n'y a qu'avec toi, qu'il était ainsi... Il n'y aura eu qu'à toi, qu'il aura fait l'amour comme à une catin. Avec elle, ce devait-être différent... il devait y avoir... du respect... beaucoup de respect. Celui-là même qu'il ne t'aura finalement jamais accordé. »

Elle déglutit avec difficulté, réprimant son envie de pleurer, serrant un bord de sa serviette dans son poing, à s'en faire blanchir les jointures.

Elle avait souffert le martyr, de le savoir vivant, dans les bras d'une autre, et même lorsqu'elle les avait crus morts tous les deux, elle n'avait pas retrouvé le repos : ses souvenirs revenant la hanter chaque nuit. Elle l'avait aimé, elle l'aimait encore, et elle ne serait jamais plus capable d'aimer quelqu'un d'autre. Elle avait espéré, elle avait mis tout son espoir, toute son énergie, dans l'accomplissement d'une vengeance qui avait fini de la détruire.

Elle laissa échapper un petit rire, anodin aux oreilles de quiconque l'entendait, mais aux allures de folie pour qui la connaissait un tant soit peu. Et qu'avait-elle appris dernièrement ? L'épouse de Stragen avait survécu pour mieux mourir à petit feu... Cette dernière, chef-maréchale, douanière, soldat... avait laissé courir le bruit parmi les brigands du royaume qu'elle attendrait Mélisse, un soir, près de son moulin en Sémur. Non pas qu'elle voulut faire la belle, mais bien pour laisser à Mélisse le loisir de finir le travail.

La tueuse ne savait que faire. Elle avait expérimenté la douleur de ce qu'elle avait cru "l'après-vengeance", elle savait que cela ne changerait rien à sa vie, et puis surtout, elle ne devait rien à sa rivale. Rien, et encore moins une mort digne.

Elle soupira, son corps luisant de sueur et de vapeur d'eau se recroquevilla sur lui-même : elle avait besoin de réfléchir à ce qu'elle allait faire.

_________________

Fidèle à Belladone, sa dague à deux lames, offerte et reprise par Stragen...
Remplacée désormais par Immortelle, sa "presque jumelle"

LJD Marcko a écrit:
Mélisse, j'la déteste pour tout ce que Marcko et Morgane ont eu à endurer, mais elle va me manquer, c'était te lire d'une façon complètement différente
zhaïa
...Rue de l’hôpital, rue des remparts, on pourrait croire qu’elle rentre chez elle. Sa maison est à deux pas, au 54, rue du Vieux marché, près de l’église, tout près aussi de la Taverne de Tornade, «Aux Bons amis ». Tornade et Bati sont en voyage de noces… L’ex-douanière sourit en pensant à ses amis. Son sourire s’élargit à la pensée de Kiss, l’un des meilleurs taverniers que Sémur ait connu.

"Tes nuits vont être courtes désormais !"

Zhaïa pouffe de rire, s’apercevant qu’elle vient de parler toute seule. Kiss est papa ! D’un petit ange, Gabriel… Oderay et Kiss lui ont présenté le nouveau né il y a quelques jours. Zao fera une bonne nounou ! Le petit avait gazouillé tout un moment au creux des bras de l’adjudant !

Sa maison… Zhaïa se retient de courir se réfugier dans son lit, d’abandonner ses projets de la nuit. Elle se sent mieux, le grand air lui fait du bien. Et si finalement, elle s’en tirait encore, qu’elle triomphe une fois encore de la faucheuse qui lui tient la porte grande ouverte… La rage monte de nouveau en elle, la jeune femme ne retient pas ses larmes. De toute façon, il n’y a personne pour la voir.

Son humeur de la nuit est à l’image de ce qu’elle ressent depuis qu’elle a découvert que le poison l’a finalement rattrapée, le désespoir laissant place à l’euphorie et vice-versa. Tout à fait les symptômes de la femme qui attend un enfant. Sauf, qu’elle n’est pas enceinte… Elle ne connaîtrait jamais ce bonheur.

Lorsqu’elle avait compris qu’en fin de compte, elle n’avait fait que différer l’inévitable, que sa fin était toute proche, elle s’était résolue à mourir. Mais, attendre chaque jour que la Fossoyeuse l’emporte lui était devenu insupportable. Elle avait donc décidé de choisir le jour et l’heure de son trépas. Elle devait en finir, avant que la maladie ne ravage son corps et son âme. Etre présentable quand viendrait l’heure de comparaître devant le très haut. Pensées impies, et sans nulle doute la porte ouverte vers l’enfer, mais sa décision était prise.

Sa première idée avait été de se jeter dans les eaux profondes du lac. En aurait-elle le courage ? Autre détail qui avait son importance, le lac était un lieu très fréquenté par les familles venues se détendre. Pouvait-elle accepter que ce soit des enfants qui découvrent son corps en décomposition ? Cette pensée lui était parfaitement intolérable. Il fallait trouver autre chose… Dieu qu’elle maudissait Mélisse et sa jalousie de femme bafouée. Sa lame n’avait pas tranché profondément, mais suffisamment pour la tuer, à petit feu.

Mélisse… Bizarrement, elle n’éprouvait pas de haine envers la tueuse de Drasnie, de la colère sans aucun doute, mais surtout de la compassion, et elle respectait la combattante. Lors de leur dernier affrontement, Mélisse avait dévoilé, bien malgré elle, l’humanité qu’elle pensait sans doute disparue à jamais.

Mélisse… Si elle savait qu’en fin de compte Eusaias et Zhaïa avaient survécu… Sa soif de vengeance l’amènerait-elle à venir achever son œuvre ? Zhaïa tenait la solution ! Elle allait lui offrir sa tête sur un plateau…

_________________
Ex-Douanière de Sémur
Ex-Adjudant de l'Ost - Garnison de Saint Martin du Lac
zhaïa
... La jeune condamnée s’apprête à emprunter la route qui la mènera aux abords de la forêt, de l’autre côté de l’Armançon.

"L'invitation est-elle parvenue jusqu’à ses oreilles ? Viendra-t-elle ? Seule ?"

Saisie d’un doute affreux, Zhaïa fait demi-tour, direction sa maison, non pour s’y réfugier, mais pour y chercher son épée. Eusaias l’a gardée précieusement en attendant que la belle sémuroise se décide enfin à la reprendre.

Et si Mélisse venait accompagnée du dragon Jurassien ? Platime, montagne de muscles, aussi fort qu’il est idiot, brute sanguinaire qui se complait à violer et égorger fillettes et femmes. Et si Mélisse se décidait à inviter le monstre au festin afin qu’il se délecte de la compagne de Stragen, avant que la drasniène ne l’achève ? Terrorisée à cette idée, Zhaïa se décide à enfiler braies et bottes. Il n’est pas question que l’infâme géant pose ses sales pattes sur son corps. Elle passe l’épée à sa ceinture et glisse une dague dans sa botte droite.


« Si jamais il ose, je le saigne ! Je lui coupe les couilles ! Je… »

Plus remontée que jamais, c’est au pas de course qu’elle se rend à son rendez-vous mortel. Elle traverse le Pont Joli, et pénètre dans la forêt. Elle se sent si vivante ! Sa vie de soldat lui colle à la peau, elle n’ rien oublié de ses longues heures à s’entraîner ou a traquer le brigand. Cette fois elle prend garde à ne pas faire de bruit, elle glisse le long des arbres, s’arrête, aux aguets. Elle scrute avec attention les alentours, nulle âme qui vive, en apparence… Prudente, elle avance jusqu’au chêne centenaire, celui-là même qui lui a offert son ombre réconfortante maintes fois. Il y a fort longtemps, elle y a laissé une belle bille de bois, bien plane, parfaite pour faire un siège, ou une table, selon… Elle s’agenouille et caresse le billot, à la recherche de sa marque, leurs initiales gravées par ses soins à la pointe de la dague. La blanche sourit, elles sont toujours là, à peine visibles, mais bien là...
_________________
Ex-Douanière de Sémur
Ex-Adjudant de l'Ost - Garnison de Saint Martin du Lac
Mélisse De Drasnie
[Dans une auberge miteuse non loin de Sémur, quelque temps après son passage à Huis Bandieten]

Elle avait réfléchi durant de longues, longues journées, tandis qu'inconsciemment, ses pas la guidaient vers le village de sa rivale. Pesant le pour, le contre, puis de nouveau le pour auquel elle trouvait finalement d'autres arguments contre...
Un balai de paroles, une joute verbale en tête à tête avec elle même.

Ce soir-là, elle avait trouvé refuge dans une auberge bourguignonne. Huis Bandieten s'éloignait, la torture mentale, elle, continuait, inlassablement, se saisissant sauvagement de son esprit.

« IL te déteste déjà tellement... ça ne changerait rien à ta vie. »


Je ne veux plus me battre contre lui, je ne veux plus le détester...

« petite chose miaulante, couinante... ELLE le réclame, tu lui rendrais service. »

Ça ne m'apportera pas le repos que j'en attends...

« Te dégonflerais-tu ? Où est donc passé la plus grande tueuse que la Drasnie ait connue ? »

Disparue...

« Lève-toi et marche vers Sémur, lève-toi et tue-là ! Finis-en de ce foutu contrat ! »


Je ne peux pas ! Je ne peux plus...

« Oh que si tu peux ! C'est juste que tu ne veux pas... Tu t'encroûtes dans tes souvenirs, tu t'enlises dans des sentiments humains sirupeux, mielleux, tu me dégoûtes ! »


Gémissements...

Mais vas-tu me laisser à la fin !

Comme à chaque fois, elle finissait recroquevillée sur elle-même, les mains bouchant violemment ses oreilles, tapant l'arrière de son crâne contre le mur derrière elle.

Depuis l'embuscade, elle sombrait dans la folie, doucement, mais sûrement. Aussi sûrement que l'eau d'un fleuve se jette dans l'étendue des mers. Elle faisait n'importe quoi, n'étant plus que l'ombre d'elle-même... Elle en avait souri tristement, à cette pensée... Ironie du sort ? La voilà qui était devenue telle la fugueuse, dépérissant à vue d'œil.


Si je le fais me ficheras-tu la paix ?

« Oui. »

Menteuse, je ne te crois pas... Tu me harcèles, sans cesse, cela n'aura jamais de fin.


« C'est un risque à prendre... Peut-être en vaut-il la peine ? »


Non.


Et elle s'endormait enfin, au petit matin, le corps tremblant d'épuisement d'avoir lutté contre elle-même. Pas plus avancée qu'avant par ses transactions nocturnes mais chaque fois plus proche de Sémur des quelques lieues parcourues la veille.
zhaïa
Face à elle, de l’autre côté de la rivière, son moulin, le « Don Quichotte ». Il y a bien longtemps que sa roue ne tourne plus, à l’abandon. Il lui en avait fallu du temps pour le baptiser ! La réponse lui était venue en rêve. La jeune femme accordait toujours de l’importance aux rêves, bien des solutions lui avaient été données durant son sommeil. Néanmoins, il restait des points obscurs, concernant sa prime enfance notamment. Zhaïa avait été élevée par sa tante, elle ne savait rien de ses parents naturels. Le sujet était tabou, le peu de questions qu’elle avait posées n’avaient reçu qu’une réponse. Ils étaient morts !

Depuis qu’elle se sait perdue, les rêves sont revenus, plus pressants, comme si sa mémoire oubliée tentait de la rattraper avant qu’il ne soit trop tard… Une femme, penchée sur son berceau lui parle doucement, sa voix résonne mais Zhaïa ne comprend pas ce qu’elle dit. L’intonation est douce, caressante… On dirait qu’elle chante…


« Duerme, bebé… Duerme bien… »

Un visage d’ange, chevelure flamboyante… A ses côtés, un homme aux cheveux noirs et au regard clair… Elle voit ses parents… Elle entend des cris, des rires d’enfants… Puis, plus rien… Elle n’en saura pas plus, il est trop tard… Peu importe, ces fragments suffisent à la réconforter un tant soit peu.

[edit : je scinde ce post en deux, ça me semble plus cohérent ]
_________________
Ex-Douanière de Sémur
Ex-Adjudant de l'Ost - Garnison de Saint Martin du Lac
Morgane
[Sémur, au beau milieu de la nuit]

Des cris !
Elle se réveille en sursaut.

Elle est si bien, aux côtés de son époux sous la couverture de laine qu'elle a ressortie à l'arrivée de l'automne.
Les journées en Sémur passent, se ressemblant plus ou moins, à cette différence près que le soleil fuit le ciel de plus en plus tôt le soir et que chaque lever du jour se fait plus cru.
Bientôt l'hiver pointera le bout de son nez et l'heure sera au feu dans l'âtre pour réchauffer la maisonnée.

Les cris reprennent alors qu'elle se dit qu'il lui faudrait rappeler à Marcko de stocker beaucoup de bois pour traverser la morne saison. Ils vont devoir chauffer plus pour que les enfants ne prennent pas froid.

Car en vérité, il ne s'agit plus seulement de Margot mais bel et bien de leur fille et de Jacob, le nouveau venu au 7, rue basse des Remparts.
Et de fait, les cris qui viennent de la réveiller sont ceux du nourrisson, affamé, réclamant la pitance.
Des cris de faim.

Doucement, elle s'étire puis se lève avec pour objectif de laisser Marcko dormir ; et c'est pieds nus comme à son habitude qu'elle se dirige vers la chambre des enfants. Nul besoin pour la jeune femme d'allumer une chandelle pour guider ses pas : ce couloir, ces pièces, elle les a arpentées un nombre incalculable de fois quand Margot réclamait encore sa têtée nocturne quelques mois plus tôt.

La porte grince sur ses gonds, le bébé se tait, Morgane arrive, il le sait. Se penchant sur le berceau de bois qui a jadis abrité les nuits de sa petite acrobate, elle prend Jacob dans ses bras, gagne son vieux fauteuil à bascules, qui en a vécus, des bercements de mère et d'enfant. D'une main habile, elle défait les boutons de sa longue chemise de nuit blanche et place le bébé contre son sein. Elle ferme les yeux, et du bout du pied, leur imprime le mouvement qui lentement, va les maintenir entre deux eaux, les préparant à retourner au monde des rêves dès que l'un sera repu et l'autre vidée.

En cet instant, alors que le fauteuil couine à chaque mouvement sur le plancher d'une maison où règne le bonheur, c'est une Morgane complètement insconsciente du drame qui va se jouer que la nuit surprend.

Son village, son amie... celle qui un jour lui sauva la vie...

_________________

*~*~*~*~*~*
Pseudo IG : D@rk_Sh@adow
Marcko
Oh non, ne pas ouvrir l'oeil...
Oh oui ! bien le garder fermer.

Et vite ressombrer, dans les appétissantes limbes du sommeil. Hmmmmmm qu'il y fait bon dormir. Qu'il y fait bon ne pas être esseulé. Juste un bras à tendre, et y sentir sa bien aimée à entourer, vêtue de sa douche chaleur, qu'elle répand ensommeillée.

D'ailleurs, tournons nous, allons vers elle, pour mieux sombrer, endormi tout contre elle.

Seulement, point de corps de l'être aimé, point de douce chaleur sous le bras trouvée. Juste une persistence résiduelle, sur l'endroit où était couchée Morgane il y a encore peu de temps.

Endormi, l'époux. Embrumé même. Mais bien conscient de ce à quoi pouvait être ocupée Morgane. Seule, occupée à combler l'appétit du jeune Jacob, le laissant se repaître d'elle, se laissant aller et somnoler. Décidé à ne pas manquer de les regarder, il se leva non sans envie de se jeter tout entier à nouveau sur le lit encore chaud.

Quelques pas plus loin, l'on pouvait apercevoir Marcko se pencher, passant le visage, et sourire. La nature n'est elle pas divinement bien faite ? Un enfant trouvé, un nourrisson adopté : Le cercle de la vie. Tout recommençait.

_________________

Marcko de Maussac-Thézan
zhaïa
... Un bruissement d’ailes, et le pigeon qu’elle a perdu dans sa course, vient se poser sur son épaule. Pensive, la jeune femme sort son nécessaire à écriture. Il lui reste encore du temps, largement le temps d’écrire si Mélisse se décide à venir, et encore plus si Zhaïa doit se résoudre au suicide.

En attendant, il lui faut écrire sa dernière lettre, pour son époux, qui ignore le drame qui se joue. Zhaïa sait qu’il sera anéanti, elle en crève de lui infliger cette insupportable douleur. Elle va faire subir à l’être qu’elle chérit le plus au monde, celui pour qui elle donnerait sa vie sans l’ombre d’une hésitation, une blessure qui peut le rendre fou. Le « mauvais » risque de prendre le dessus sur Eusaias.

Zhaïa pose son épée à terre, à porté de main, et se saisit de sa plume :


Citation:
« Mon très cher amour,

Pardonne-moi, je t’en prie,
»


Les mots à peine posés sur le parchemin, les larmes roulent sur ses joues. Elle s’interrompt pour les essuyer du revers de la main. Continuer à tout prix, lui laisser une trace ultime de son amour…

Citation:
« Je t’aime du plus profond de mon cœur, les mots ne suffiront pas pour exprimer le désespoir de t’abandonner lâchement ce soir.

Je ne puis continuer à vivre avec ce poison qui me ronge. Je vais mal, et je ne peux plus supporter la douleur, la déchéance de mon corps. Je veux que tu gardes une belle image de moi, pas celle de la maladie. La fin est proche, je le sais. J’ai choisi d’y mettre un terme. Ce soir, je vais mourir…
»


Lui avouer maintenant la folie d’avoir fait appel à Mélisse.

Citation:
« Comment te dire que j’ai fait courir le bruit parmi les brigands, que j’attendais Mélisse pour ce rendez-vous avec la mort ? Je ne sais si elle viendra… Sache que si je péris de sa main, c’est ma volonté, elle me rendra service. Si elle ne vient pas, je devrai me résoudre à me jeter dans l’Armançon.

Ô Eusaias, j’ai tellement mal de te perdre,
»


Une larme vient s’écraser sur le vélin, formant une étoile avec l’encre diluée.

Citation:
« Je suis malheureuse comme les pierres de devoir te laisser seul, mais la pensée d’avoir connu ce bonheur auprès de toi me réchauffe le cœur. J’aurai eu cette chance de vivre heureuse à tes côtés. Je veillerai sur toi où que tu sois. Regarde bien les étoiles et tu m’y trouveras chaque fois que tu le souhaiteras.

Ne te perds pas dans les méandres de la folie, ne laisse jamais plus le « mauvais » prendre le pouvoir. Tes fautes, tu les as expiées, et si j’ai pu t’aimer malgré ton passé, c’est parce que tu le mérites.

Ma dernière volonté est que tu ne portes pas le deuil, que tu gardes ton cœur ouvert, et que si l’amour se présente, tu lui ouvres grand la porte. Je veux te voir heureux, débarrassé de tous ces fardeaux qui t’encombrent... Il serait fort dommage que nulle ne connaisse l’homme charmant et attentionné que tu es malgré tes fanfaronnades et ta langue qui devance trop souvent ta pensée ! Tu vois, en écrivant ces derniers mots je retrouve le sourire.

A te revoir, dans une autre vie,

Puisses-tu me pardonner une jour...

Je t’aime,

Zhaïa »

_________________
Ex-Douanière de Sémur
Ex-Adjudant de l'Ost - Garnison de Saint Martin du Lac
zhaïa
Elle roule le vélin, très serré, noue soigneusement un ruban écarlate, doublé d’un morceau de tulle blanc, souvenir de son voile de mariée. Elle en a offert un carré à Eusaias, il y a longtemps maintenant… Un porte bonheur… Le parchemin est un peu encombrant, pourvu que le pigeon ne le perde pas en route ! Elle pose un baiser sur la tête du volatile et le lance dans les airs.

« File à la maison, directement au pigeonnier ! Eusaias ne devrait pas tarder… »

Le coursier prend son envol, péniblement tout d’abord, il décrit un cercle au-dessus de Zhaïa puis file au vent. Il n'a pas beaucoup de chemin à parcourir, il devrait arriver sans encombre.

L’ex-douanière range ses petites affaires, sa main rencontre la flasque de gnole.


«- Un remontant ?

- Ah ! Oui, merci c’est pas d’refus ma bonne dame ! A la bonne vôtre ! »


Elle trinque, et la voilà qui s’enfile une bonne lampée d’eau de vie. Dieu que c’est fort ! Elle manque de s’étrangler, tousse et recrache une bonne partie du liquide par le nez, et les yeux lui semble-t-il. Un bon coup de fouet ! Elle ne va pas se laisser décourager pour si peu ! Elle porte de nouveau le goulot à ses lèvres, cette fois-ci, pas de fausse route ! L’effet ne se fait pas attendre, elle sent la chaleur lui irradier les orteils, remonter lentement le long des jambes pour continuer son chemin jusqu’aux oreilles. Joues en feu, yeux larmoyants, elle doit être belle à voir ! A vrai dire, elle n’en a plus rien à faire, elle attend, patiemment, l’heure de la nuit éternelle…

La lune est toujours là, spectatrice aux premières loges. On y voit comme en plein jour. Mélisse doit se pointer aux premières lueurs. Zhaïa sent des fourmis lui engourdir les pieds, elle se relève et tente de les chasser en exécutant quelques cabrioles. A la voir, nul ne se douterait, qu’elle est aux portes de la mort. Durant sa longue convalescence, elle s’était astreinte à s’exercer quotidiennement, pour tenter de récupérer au plus vite sa condition physique. Elle y était parvenue…

Quelques étirements et elle s’assoit en tailleur, face à la forêt, le dos bien droit, les mains jointes. Les yeux clos, elle respire profondément, son épée, toujours à porté de main, au cas où…

_________________
Ex-Douanière de Sémur
Ex-Adjudant de l'Ost - Garnison de Saint Martin du Lac
See the RP information <<   1, 2   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)