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[RP] Etranges retrouvailles

--Casse_trogne


[Poterne Saint Thomas, fin d'après-midi]

Les ombres n'en finissaient pas de s'étirer, et la journée avec elles.
Les rares étrangers qui étaient entrés en Alençon n'étaient pas arrivés par la route du Maine aujourd'hui.

C'était bientôt l'heure où Tsampa, la maréchale en chef de la capitale, passait chercher la liste des gens qui étaient entré en ville.
Anselme, dit Casse-Trogne attendait cette visite avec impatience, non pas qu'il aima particulièrement la jeune femme, quoi qu'il n'avait rien à lui reprocher non plus, mais sa venue signifiait la fin de sa journée de travail. Il rejoindrait alors son acolyte, dont la dextérité à manier l'épée l'avait fait affubler du surnom de Boutonnière et ensembles, ils iraient courir la ribaude, traquer la gueuse en taverne.
Ils trouvaient toujours jeunettes, ou moins jeunes, peu regardantes, prêtes à relever leurs jupons, pour troquer leurs corps contre quelques écus et une choppe de bière.
A cette seule idée, le gaillard s'émoustillait déjà.
Une nouvelle auberge avait ouvert dans la capitale. Ils avaient décidé d'y aller, ce matin, en attendant que les portes de la ville et les tours de garde leur soit attribués. Ils espéraient que quelques filles encore inconnues seraient arrivées avec le tavernier...

Ses rêveries furent interrompues par un bruit de bottes sur le pavé. Tsampa et la relève...
Le sourire du garde s'étira... Plus que quelques minutes et c'était bon...

Salut discret à la jeune femme, qui le lui rendit, accompagné d'un sourire et d'un regard franc. Leur rapports étaient cordiaux, à défaut d'être amicaux.
Pendant qu'il lui dictait les noms et titres des personnes qui avaient passé la poterne Saint Thomas dans la journée, et que la jeune femme les notait dans son calepin, il surveillait un groupe qui s'avançait vers la porte percée dans le bas des courtines. Sa vue perçante cherchait a distinguer sur les silhouettes qui s'approchaient des indices qui lui permettrait de les nommer. Il ne reconnu personne.
Il marmonna dans sa barbe mal taillée quelque chose que la maréchale interpréta comme "Z'ont pas l'air d'là. P'quoi passent pas par l'aut' porte?"

Tsampa qui tournait le dos aux voyageurs se retourna, scrutant les traits concentrés de son garde. Cet homme avait toujours une intuition précieuse et se trompait rarement dans ses impressions quant aux gens qu'il croisait. Et même si elle connaissait ses penchants pour les filles peu farouches, elle le respectait pour la qualité de son travail.

L'attitude du garde la fit se retourner vers les arrivants.
De ce qu'elle pouvait voir, le groupe était composé d'un homme brun, d'une femme et de deux enfants.
L'homme cheminait en tête, suivaient les enfants montés sur le même cheval. La femme fermait la marche, montée sur un élégant palefroi blanc. Elle tenait par la longe un autre cheval, bâté, et chargé comme une mule. Quelque chose qui pouvait ressembler à un tonneau semblait être accroché sur l'arrière du chargement. Elle pensa d'abord à une famille de marchands ambulants, mais plus le groupe approchait, plus lui semblait familière la silhouette de l'homme. Son attitude, la manière dont il se tenait en selle, la forme des épaules, le port de tête...

C'était maintenat au tour de Casse-Trogne d'observer sa chef, sourcil froncés. Elle si calme d'habitude, semblait se tendre comme un arc au fur et à mesure de l'avancée de la famille. Dans les yeux d'océan de la brune, il vit passer l'interrogation, la surprise, l'incrédulité, puis de la certitude et enfin quelque chose qui lui faisait penser à de la peur. Instinctivement, à sa grande surprise, il se déplacça légèrement, comme pour masquer la jeune femme aux yeux des arrivants.
La jeune femme se retourna vers l'intérieur de la minuscule pièce creusée dans le rempart et qui servait d'abris au garde pendant sa faction. Elle fit mine de se concentrer sur son carnet, puis chercha dans sa besace sa flasque de calva, et avala une telle rasade d'alcool qu'elle en toussa, n'entendant pas la voix de l'homme qui se présentait, mais qu'elle aurait de toute manière reconnue entre mille.

Tout en portant de nouveau le goulot à ses lèvres devenues blanches, une seule pensée occupait son esprit... Qu'est-ce qu'il vient faire ici?
Colhomban
[Sur les chemins, avant l'Alençon...]



Et elle est comment ? Brune comme toi ? Et elle a quel âge ? Elle aime quoi ? Tu crois qu'elle m'aimera moi...? Et a qui tu écris ? Col ! A qui tu écris ?

Le brun décocha le plus charmant de ses sourires à la petite curieuse qui lui tournait autour, bravant tous les "chuuuut" de ses questions tenaces.

J'écris à ma maîtresse, ma mie ? Quelle question !

Il attrapa la main fugace prête à le souffleter, l'attirant à lui en éclatant de rire, et vint coller un baiser sonore sur la moue boudeuse de sa compagne.

Sorianne était curieuse, et Colhomban peu volubile : deux opposés cheminant ensemble depuis les confins des royaumes. Les situations dans lesquelles ils se fourraient pouvaient être des plus cocaces, mais le petit côté maladroit de Sorianne les rendaient vite intrépides, voir dangereuses. C'était cela leur quotidien, "cela" et deux garnements qui ne cessaient de se jouer du jeune homme. Certes, il n'était pas leur père et ne l'avait que trop entendu, mais il se promettait tous les jours de se faire patience afin de les amadouer, de leurs démontrer sa juste valeur. Long processus, mais ô combien nécessaire ! Surtout quand il s'agissait des enfants d'un autre...


Allons Sorianne à qui crois-tu que j'écris à part à la douane de ce duché ? Tu sais comment ils peuvent être : des vers affamés sur une pomme gourmande !

Il passa la main dans ses cheveux, rajuste son catogan, lissa sa chemise et tapa ses bottes contre une grosse pierre. Il était temps qu'ils arrivent ! Leurs habits ne ressemblaient plus qu'à des haillons sans tenue, tandis que leurs aspects crottés ne donnaient pas envie aux auberges les plus prestigieuses de leur ouvrir leur porte. Pis ! La dernière fois, il avait fallu faire sonner une bourse pleine d'écus sous le nez du propriétaire des lieux, et lui montrer le blason de famille encrasser de boue avant de pouvoir entrer se reposer. Jamais plus on ne reprendrait un d'Eusébius à devoir faire aumône de la sorte! Fichtre, la bienséance devait dominer dans ce bas monde. Il jetta un air blasé sur sa culotte de velours côttelé et dodelina de la tête d'un air mécontent. Vite, vite ! La civilisation !

Glissant une main gracile dans la poche de sa grande cape huilée pour en sortir la carte du Royaume de France, Colhomban sentit sous ses doigts le doux aspect d'un parchemin de bonne qualité qu'il gardait dissimulé là. Hum... Voilà qu'il avait oublié la lettre de Shappeless... De toute façon cela ne servirait à rien de répondre à cette petite sotte qui se donnait de belle manière avant de mieux lever jupon en taverne ! A rien ! Hormis à faire râler Sorianne de la belle manière. Un fin sourire éclaira son visage et il se promit de garder le pli en réserve comme une botte secrète pour faire bouder la demoiselle. C'était si bon de la voir exploser de façon si attendue. Le brun gloussa pour lui-même ce qui ne fit qu'attirer l'attention de la belle. Il coupa court à ses nouvelles questions.

Nous sommes bientôt arrivés ma mie de pain ! Nous n'avons jamais été aussi prés de toucher au but de ce voyage, pourtant je n'ai jamais été aussi détendu... Il se tâta le front pour s'assurer qu'une nouvelle maladie n'était pas le symptôme de cet étrange quiétude.
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Sorianne
Sa maitresse, sa maitresse... En attendant il ne répondait pas à ses questions au sujet de la sœur disparue!! La pause peu avant Alençon était bienfaitrice, le fessier douloureux demandait repos, et matelas moelleux. Le trajet était long, et voilà une bonne semaine qu'ils n'avaient pas fait de véritable pause, s'arrêtant dans les villages uniquement pour se restaurer, dormir un peu avant de repartir de plus belle. Plus ça allait et moins les monstres causaient, signe de fatigue! Mais de repos pour les adultes les accompagnant.

Assise au pied d'un arbre, le dos appuyé contre le tronc, jambes tendues afin de s'étendre au maximum avant de reprendre la route, So ne cessait d'embêter Col, elle voulait savoir! Et à qui écrivait-il encore? A la douane... Elle accueillit la réponse avec le sourire. Oh bien sûr qu'il pouvait converser avec ses amiEs, pour sûr, juste qu'elle savait que beaucoup espéraient bien plus. Et elle n'avait que rarement confiance en ce genre de femmes... On se demande pourquoi! Mais vu qu'elle faisait confiance à Colhomban...

Je ne sais pas à qui tu peux écrire de cette façon! A la maitresse à qui tu écrivais plus tôt! Peut-être que je vais me prendre un amant, nous serons à égalité.

Elle essaya de garder son sérieux pendant qu'il se réajustait mais finit par pouffer de rire devant la mine de son compagnon. Bon! Départ imminent! So se leva et un craaac se fit entendre. Une pause et la jeune femme se tourna à demi pour voir un morceau de ses jupes attaché au tronc contre lequel elle était appuyée... Bon, c'était le bas mais encore une houppelande à jeter... Arf décidément... Les monstres dormaient à moitié. Se penchant sur eux, la jeune femmes les secoua doucement.

Allez, le voyage est bientôt fini, courage, vous allez pouvoir vous reposer.

Les aidant à monter sur le cheval qui leur servait de monture, So jetait en même temps des coups d'œil souriant à Col. Il lui tardait de se poser enfin.


Nous sommes bientôt arrivés ma mie de pain ! Nous n'avons jamais été aussi prés de toucher au but de ce voyage, pourtant je n'ai jamais été aussi détendu...

So accueilla ces paroles avec un large sourire.

Il me tarde vraiment d'arriver! J'ai mal partout! Et un bain, et un... la brunette rougit et son sourire s'agrandit encore... Eeeeet ta sœur! Tu vas me dire comment elle est à la fin!? Tu crois qu'on va la trouver? Je l'espère vraiment pour toi, tu sais...

La jeune femme se rendit jusqu'à lui, et le fit se pencher vers elle afin de lui déposer un baiser, avant de lui faire un grand sourire et de se sauver pour se rendre jusqu'à Razel. Bon sang qu'elle lui semblait haute cette petite jument... Même pas sûre d'arriver à monter, tellement ses jambes lui pesaient. Mais avec l'aide de son brun compagnon elle fut en selle rapidement.

Merci! Encore un peu de route et c'est bon! Il me taaaarde!!!

Nouant de nouveau les rênes du cheval trainant les monstres à sa selle, ainsi que la longe du cheval de bât, qui le pauvre, traînait le tonneau que So avait tenu à acheter quand ils étaient passés en Anjou, et c'était reparti! La fin du trajet se passa sans encombre, et non sans questions. C'est qu'elle y tenait à savoir comment était la jeune femme, sœur de Col!

Si tu ne me dis pas, je te boude et je dors avec les enfants!

Mode chantage, s'il n'y avait que ça pour le faire craquer, mouhahaha! Elle le ferait. Na. Les portes en vue, la bruine commençait à s'épandre doucement sur le sol et dans l'air, obscurcissant légèrement la vue et trempant les pauvres hères qui restaient dehors. Deux silhouettes se découpaient à l'entrée, et So laissa Colhomban prendre les devants, c'est qu'il avait plus le don pour parler qu'elle. Un gamin arriva de nul part, en tous cas, So ne le vit pas venir, et il lui donna une missive, papier qu'elle lut de suite, et qui venait d'un des douaniers du village. Haussant le sourcil, elle passa outre et glissa le vélin dans sa besace, elle y reviendra plus tard. En attendant, se présenter et chercher à entrer au village, capitale de l'Alençon. Juste avant d'arriver, So se pencha en direction de son brun,

Psssssst Col, ne tousses pas, n'éternues pas, je n'ai pas envie de ne pas te revoir pendant encore quinze longs jours, on ne se quitte pas hein...


Une toux de femme, sûrement une qui va atterrir dans une maison de santé une fois qu'elle sera devant le garde du village... Et Col qui prend la parole, So souriante, la natte à moitié défaite balançant dans le vent qui soufflait doucement, le bas des jupes crottés et déchirés. Souriante oui, mais surtout pressée de se poser et de se couler dans un bain...
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Colhomban
Peut-être que je vais me prendre un amant, nous serons à égalité.

Cette répartie cloua le bec du nobliau qui se renfrogna un peu. A vouloir trop taquiner le poisson on tombe à l'eau ! Le dicton était d'autant plus de rigueur en Alençon, ville pourvue de grands lacs poissonneux. Tout à ses réflexions il aida la jeune femme à monter en selle, callant un genoux sous l'étrier. Par Aristote, il lui semblait qu'elle avait pris un peu de poids la demoiselle. Col se massa les reins, et fit sa propre monter à cheval, menant Fengor avec agilité jusque sur la grande route.

A peine venaient-ils de faire un lieu que Sorianne repartit de plus belles dans ses questions. A vrai dire Colhomban essayait de les éluder une par une, car il avait bien peur de ne plus reconnaitre sa propre soeur. Une soeur petite, fragile, qu'il avait laissé à une famille désunie et bancale. Une chère enfant brune, avec qui il avait passé beaucoup de temps étant plus jeune, consolant ses pleurs sur ses genoux quand elle tombait, lui relatant de douces histoires le soir avant de s'endormir, ou encore la défendant quand sa mère voulait la gronder. Tsampa... Sa chère Tsampa... Disparue en une nuit, partie, évaporée. En tout cas c'est ce que lui avait relaté ses frères lorsqu'il était revenu auprés de sa mère mourante, ne retrouvant plus la benjamine au domaine famillial. Il avait tant espéré la retrouver qu'il était lui même surpris que ce soit si "tôt". Elle était si jeune au moment de son propre départ de chez les d'Eusébius qu'elle lui en voudrait peut-être. Ne l'avait-il pas abandonné à son sort ?

Col se massa les tempes et fit une embardée qu'il ne tarda pas à rectifier d'un coup de talon dans le flan de sa monture. Allons ils étaient presque arrivés...


Si tu ne me dis pas, je te boude et je dors avec les enfants!

So lui arracha un sourire. Il connaissait bien la frileuse, et sans doute ne tiendrait-elle pas longtemps loin de la bouillote qu'il représentait. Il n'en dit rien et sourit à la demoiselle, un de ses sourires de gentilhomme.

Ma mie... Ne soit pas si méchante... Tu vas avoir la réponse à tes questions dans les jours qui viennent, alors cesse donc de titiller ma mémoire ! Il semblerait que la curiosité prenne de plus en plus le pas sur ta capacité à garder le silence. Il prit un air taquin. Hum, il faudra faire pénitence pour ce vilain pêché demoiselle !

Alors qu'ils s'échangeaient quelques phrases badines, le tout porté sur un humour large en degrés supérieur, les portes de la ville se profilèrent à l'horizon.

Psssssst Col, ne tousses pas, n'éternues pas, je n'ai pas envie de ne pas te revoir pendant encore quinze longs jours, on ne se quitte pas hein..

Ho ça ! Cette fois-ci même si j'ai une irrémédiable envie de me moucher, je te jure que je le ferai une fois à l'intérieur de la ville. Dussais-je laisser le tout couler ! Il sourit à l'air écoeuré de sa mie de pain, et donna du talon jusqu'au poste de garde.

Là-bas, deux personnes se tenaient droites, immobiles dans l'air frais de cette fin de journée. Une femme semblait-il, et un homme plus court, plus corpulent. Colhomban plissa les yeux, et avant qu'il ne put détailler plus amplement ces deux personnes, il ne restait plus que l'homme debout, face à leur groupe. Les chevaux ralentirent l'allure, et il démonta, prenant la tête de leur cortège, et le devant pour les présentations d'usage.

Messire... Le garde avair pris un air pincé, et sans se défaire de son habituelle confiance, Col énuméra leur identité.

Colhomban d'Eusébius, ancien habitant du Périgord-Angoumois, Angoulême la Belle pour être exact, enchanté. Me voici sur les routes depuis de nombreuses semaines, accompagné de Sorianne Cabrera, et de ses enfants Vegoku, deuxième du nom, et Lysithee d'Olénius, tous trois également d'Angoulême. Ils sont placés sous ma protection puisque Sorianne est ma compagne. Aussi ce que vous leurs faites, vous le faites également contre moi. Il haussa un sourcil suffisant. Nous nous sommes compris ?

Cela faisait trop de fois qu'ils s'étaient faits avoir et séparé à cause de cela. Marquant le coup, Col espérait qu'il porte ses fruits.
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Tsampa


C'est comme une torture... un coup dans le creux du ventre...
L'inquiétude, la joie, la peur... Elle ne peut pas distinguer ce qu'elle ressent dans cet embrouillamini d'émotions qui lui chavire le coeur et l'estomac.

Se cacher... Se jeter à son cou... Disparaitre... L'embrasser... Fuir...

La tête lui tourne, la nausée lui vient, comme à chaque fois qu' elle ne contrôle pas ce qui lui arrive. La fiole de Calva se vide, gorgée par gorgée, dans l'ombre de Casse-Trogne qui fait rempart entre elle et les étrangers.
Des étrangers... Est-ce qu'elle peut dire que ce sont des étrangers? Surement oui...
Elle n'a guère de souvenirs de lui, finalement. Combien de temps s'était écoulé depuis la dernière fois où elle avait plongé son regard d'enfant dans le sien? Des années... Peut-être même l'avait-il oubliée...

Grand frère au coeur tendre, qui était parti, un soir, fâché avec la famille entière, pour des raisons qui lui avaient parues obscures, à elle, trop petite pour avoir droit au chapitre dans les conflits et les décisions familiales. Elle avait entendu les voix furieuses des parents, une porte claquer, puis le claquement sec des sabots de son cheval sur le pavé de la cour, alors qu'elle était couchée, la tête sous les couvertures pour éteindre le bruit de leur cris, et cacher ses sanglots.
Leur père lui avait juste dit, quand elle avait insisté pour savoir où était Col, qu'il ne reviendrait plus, qu'il n'était plus son frère, et avait clôt la discussion, sèchement, en disant que le premier qui prononcerai son nom en sa présence aurait à le regretter.
Elle avait obéi. Mais en secret, elle avait guetté son retour, attendu au coin du mur des écuries, espérer voir son cheval galoper dans l'allée du Domaine, ramenant son cavalier à la maison.
Puis les jours avaient passés, les années... Jamais il n'était revenu, et elle avait fini par se convaincre qu'elle ne le reverrai pas. Qu'il les avait rejetés. Lui, ce frère qu'elle aimait tant...

Il ne la reconnaitra pas, elle en est sûre.
Et s'il la reconnaissait quand même... Qu'est ce qu'il dira quand il saura? Quand il apprendra ce qui s'est passé, pourquoi elle est là, en Alençon, pourquoi elle n'est plus au Domaine avec leurs parents...
Non, il ne faut pas qu'il la voit...

Alors elle se recule, contre le mur du poste de garde.

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--Casse_trogne


Casse Trogne les regardait avancer vers lui, un air peu amène plaqué sur le visage. Ces gens ne lui plaisaient pas, comme la plupart des étrangers qui venaient en ville d'ailleurs.

Les seuls qui trouvaient grâce à ses yeux, c'étaient les nouvelles filles des bordels, que les maquereaux passaient en douce quand il était en faction, et qu'il faisait semblant de ne pas voir.
Les autres n'étaient que brigands et troublions, qui avaient même ses derniers temps, tendance à se déclarer Alençonnais un peu trop rapidement à son goût.
Ceux là ne devaient pas valoir guère mieux.

Colhomban d'Eusébius, ancien habitant du Périgord-Angoumois, Angoulême la Belle pour être exact, enchanté. Me voici sur les routes depuis de nombreuses semaines, accompagné de Sorianne Cabrera, et de ses enfants Vegoku, deuxième du nom, et Lysithee d'Olénius, tous trois également d'Angoulême. Ils sont placés sous ma protection puisque Sorianne est ma compagne. Aussi ce que vous leurs faites, vous le faites également contre moi.

Casse-Trogne a en horreur ces petits nobles qui se donnent de l'importance en permanence. Il hausse un sourcil, ce qui accentua l'asymétrie de son visage.

Nous nous sommes compris ?


Le garde hausse les épaules, marquant ainsi ce qu'il pense de l'homme qui s'adresse à lui.
Mais il ne l'écoute déjà plus. Il détaille, un sourire en coin, la jolie brune qui s'avance à son tour...
Sorianne Cabrera, un nom qui lui évoque quelque chose, mais il ne sait plus quoi.

Tout à ses réflexions, aussi aigrillardes qu'intriguées, il interpelle la maréchale, dont il a oublié l'attitude surprenante.

Dame Tsampa, notez donc dans vot' carnet ces gens, ça vous évitera d'vous abîmer les yeux sur mes pattes de mouches dans le registre du poste de garde!

Il énumère alors, sans prendre garde au bruit que fait la fiole de Calva qui tombe à terre dans son dos

Sorianne Cabrera, ses gosses Vegoku deuxième du nom et Lysithee d'Olénius ainsi que Colhomban d'Eusébius, tous d'Angulème, dans le Périgord-Angoumois, et armés.


Tout en parlant, il prend conscience de ce qu'il est en train de dire à sa supérieure.
Il se retourne, les yeux écarquillés

D'Eusebius? Comme vous?


Colhomban
Hausser les épaules ? Juste les hausser ? Là : une puis l'autre... Mais où allaient les royaumes ! Dire que notre nobliau d'infortune se voulait intrigant, pénible, un rien apeurant aussi, mais tout ce qu'il récoltait c'était un mouvement rotatif des deux coiffes du garde qui lui faisait face. Moue de dépit.

Puis Colhomban se reconstitua un visage, un de ces airs intelligents et racés qu'il adoooorait par dessus tout. Passant une main fine et gantée sur sa barbe de plusieurs jours, le brun fit mine de toiser le petit bonhomme. Moui... Pas si petit quand même... Ni vu, ni connu, il souleva de quelques millimètres ses talons conférant à sa personne la grandeur voulue et avec cela un mouvement d'avant en arrière peu plaisant. C'est qu'il tanguait le bougre ! Cornebuse et coccigrue ! Il retomba sur ses bottes de plein pied, non sans éviter le "clap" sonore honteux, et continua de fixer d'un oeil lourd le garde qui attardaient les siens vers Sorianne.

Non mais ! Il la reluquait le vilain ? Colhomban se plaça entre le voyeur et sa brune et haussa de plus belle les sourcils.


Huuuum...

Son vis à vis "mine de rien" se tourna vers une personne positionnée dans la petite maison qui jouxtait l'enceinte et fit part de son rapport.

Dame Tsampa, notez donc dans vot' carnet ces gens, ça vous évitera d'vous abîmer les yeux sur mes pattes de mouches dans le registre du poste de garde!

Colhomban tout à son inventaire des cailloux qui jonchaient le chemin écoutait d'une oreille distraite les informations qu'échangeaient les deux personnes. Il tira doucement sur les rênes de Fengor, rajustant son catogan comme une donzelle le ferait avec son décolleté. Il se trouvait certes superbe, mais la vieillesse gagnant du terrain il n'avait de cesse de contempler son image afin d'y déceler les signes de son âge avancé. Presque 30 ans ! Il en était là de ses réflexions quand un mot attira son subconscient comme une guêpe sur un pot de miel.

Tsampa. Le rappel se fit subtil, et avec agacement il revint à la réalité, écoutant par le désir de ses esgourdes seules ce que les gardes se disaient.

Tsampa...
Tsam - Pa


Par Aristote ! Tsampa ! Les yeux de Colhomban décrivirent un rond parfait et Fengor se libéra sans peine des mains de son maître : bras ballants et bouche ouverte ce dernier ne répondait plus de rien.


D'Eusebius? Comme vous?

Le brun avança d'un pas. Il fallait qu'il la voit, qu'il la touche, qu'il lui prenne les mains, qu'il sente ses cheveux, son visage mutin, et lui explique tout. Il devait s'approcher coûte que coûte, franchir ce dernier obstacle le séparant de plusieurs années d'absence et de doute, passer les remparts s'il le fallait avec une armée aux trousses, mais il devait lui parler. Combien de temps, combien de minutes s'écoulèrent dans ce lent ballet fraternel, dans ce mélange des sens ? 10 ? 5 ? Peut-être bien 2 ? Ou encore une ?

Une tout petite minute...

Poussant le garde sans ménagement Col fonça vers la maisonnette.

Ses mains battirent l'air un instant, comme si le jeune homme essayait de se raccrocher à quelque chose. Oserait-il l'approcher ? Faire fuir ce possible rêve ? Depuis quand avait-il tant de chance pour retrouver sa benjamine si rapidement ? Devait-il croire ses yeux ? Etaient-ce des relents de fièvre qui venait nourrir son esprit d'illusions perdues ?

Du bout des lèvres Colhomban prononça le mot magique, le prénom fatidique, celui qui lui ouvrerait toutes les portes, ou les fermeraient...


A... Althea ?

Là, droit, dans l'encadrement de la porte, un grand frère re-découvrait sa petite soeur.
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Sorianne
Que c'est long des présentations... Monstres à dos de cheval, So pieds à terre un peu en retrait de Col qui les nommait. Qu'est-ce qu'elle avait hâte de se couler dans un bain chaud, de voir une de ces baignoires de cuivre dans un coin de la chambre d'une bonne auberge, fumante d'eau chaude qui ferait tant de bien à ses muscles endoloris... La jeune femme cacha difficilement un bâillement derrière sa main. Oh et un lit. Un lit avec un énooorme édredon de plume sous lequel elle se collerait à son amant, hum juste pour se réchauffer!

A moitié endormie, elle ne fit pas attention aux regards dirigés vers elle, tout juste si elle avait prêté attention au garde, alors... Un grand coup de vent glacé vint se faufilé sous la cape en laine qu'elle portait. Avec un frisson, elle la referma, la collant contre elle plus fermement. Il allait falloir sortir les vêtements chaud, on se caillait ici... Dire qu'en Périgord il devait surement encore faire doux... Bah il allait falloir s'y faire! Elle ne voulait plus y retourner, maintenant, changer de vie. Et c'est ce qu'elle s'évertuait à faire.


D'Eusebius? Comme vous?


Petite phrase qui la sortit de sa réverie, il avait dit quoi? Pas sûre de ce qu'elle avait entendu, So coula un regard à un Col complètement hagard, abasourdi qui se tenait là, mais sans vraiment y être.

Col? C'est...


Il ne l'entendait pas et se rendait déjà dans l'ouverture. Serait-il possible que ce soit elle? Déjà? Alors qu'ils n'étaient même pas certains de la trouver? Et là elle apparaitrait sans même avoir à la chercher?! Un sourire se dessina sur les lèvres de Sorianne. Si seulement ce pouvait bien être elle, elle serait heureuse que Col retrouve un bout de sa famille, sa petite sœur. Dire qu'elle l'avait prise pour sa femme... Curieuse, mais en même temps voulant se faire discrète, So resta en retrait, bien qu'elle se soit approchée un peu du garde. Garde qu'elle regarda avec curiosité. Alors c'était ça un alençonnais? Oups, est-ce que ça s'appelait comme ça déjà?! Elle lui fit un sourire un peu timide.

Je... Je crois que c'est sa soeur...

C'est qu'elle se demandait comment les retrouvailles allaient se passer...
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Tsampa
D'Eusebius? Comme vous?

L'imbécile! Voilà ce que c'est que de travailler avec des Homo Crétinus!
Elle le fusille du regard, comme s'il était à l'origine de cette situation qui lui échappe.


Oui comme moi!


Elle aurait bien aimé le dire sur un autre ton, moins sec, moins rageur... Mais elle n'a pas réussi a maîtriser sa voix.
Des années qu'elle ne l'a pas revu, des années où elle a bataillé pour l'oublier... et là, pouf! Comme surgi de nulle part, le revoilà, la bouche en coeur, qui débarque là où elle l'attendait le moins, dans sa vie.
Sa vie à elle, celle qu'elle s'est fabriquée, celle qu'elle s'est trouvée...

Elle le regarde à la dérobée, le temps qu'il se reprenne, que ses joues retrouvent quelques couleurs. Il est tel qu'il a toujours été... les traits plus marqué par les ans peut-être... Mais le même visage, les mêmes mimiques, le même soin porté à sa personne, le même catogan, la même posture. Le même...

C'est bien lui, Colhomban d'Eusebius, aîné de la fratrie, celui qu'elle adorait, celui qui est parti...

A cet instant, là, juste là, alors qu'il est stoïque, bouche-bée, que l'information que le garde a donnée se distille dans les méandres de son cerveau, elle se rend compte de la démesure de la peine qu'il lui a faite en partant...
En la laissant derrière lui, petite soeur qu'il avait promis de toujours protéger, petite princesse de la famille, il l'avait forcée, pour la première fois, à goûter le parfum âcre de la colère et de l'injustice.
Et de la solitude aussi.
Celle dont on ne peut pas parler, parce qu'il n'y a pas de mots pour la décrire.
Celle qui vous broie le coeur, vous brûle les entrailles.
Celle qui créé le vide autour de soi alors que tant de monde est encore là pourtant.


Alors que des larmes emplissent ses yeux d'océan, elle le sent s'approcher plus qu'elle ne le voit.
La violence de cet instant la cloue sur place. Colère et bonheur se disputent l'envie de le fuir ou de l'embrasser.
Elle devine la tempête qui gronde en elle, l'orage qui s'apprête à éclater, et qu'elle n'a pas envie de retenir.

Mais voilà qu'il parle.
Qu'il lui parle.


A... Althea ?


Cette voix... Cette incertitude... Ce tremblement quand il prononce ce prénom.
Son prénom.

Alors, tout disparaît, la peine, la colère, la rancune...
Tout s'efface dans le sourire qu'elle laisse se dessiner sur ses lèvres.


Je... Je crois que c'est sa soeur...


Elle pleure, elle sourit, redevenue petite fille...


Oui, c'est mon frère...
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Colhomban
Il a honte, tellement honte à ce qu'il a fait subir aux siens, que les larmes de sa soeur lui noient le coeur sous un torrent de remord. Doit-il croire ce sourire sur ses lèvres bien aimées ?
Oui, c'est mon frère...

La phrase remplit l'air lourd qui entoure les protagonistes, claque sur Colhomban et l'envoie presque au tapis. Il l'a retrouvée, pour de bon, pour de vrai... Elle a grandi pour sûr, ses cheveux sont plus longs que dans ses souvenirs, et son visage plus adulte. Droite, fière, Tsampa semble tenir par des ficelles tendues de toute part, tel des promesses faites aux autres et à elle même. Elle semble êtres quelqu'un sur qui l'on peut compter. N'est-elle pas maréchale de cette ville ?

Le grand frère est empli de fierté en regardant la jeune femme que sa petite soeur est devenue. C'est une D'Eusébius, une bretonne de sang italien, ça se voit, ça se sent.

Il gonfle les poumons et ouvre les bras pour accueillir l'enfant qu'elle n'est plus, et qui lui a pourtant tant manqué. Blottis l'un contre l'autre ils se laissent aller à quelque sentimentalisme qu'ils n'ont pas l'habitude d'éprouver. Larmes mêlées.


Sorianne ! Sorianne vient voir qui est là ! Colhomban crie à tue-tête pour appeler sa compagne. Il faut qu'il lui présente sa soeur, qu'il lui fasse part de la bonne nouvelle. Le voyage long et épuisant qu'ils viennent de vivre aura été semé d'embûches et une fin heureuse leur fera le plus grand bien. Une fin heureuse et un bon bain !
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Sorianne
Brrrrrrr quel temps, les cheveux trempés de bruine, enroulée dans sa cape, essayant de se tenir au chaud sans pour autant y arriver, la brunette qui se remet à peine d'un gros rhume, a le nez tout rouge et n'a qu'une envie aller se réchauffer au plus vite. Sautillant presque sur place, pour essayer de se réchauffer, elle sourit à la jeune femme qui confirme que Col est bien son frère, sourire franc et montrant qu'elle était heureuse pour eux.

Les laissant un peu à leurs retrouvailles, So rejoignit ses monstres à moitié endormis sur le dos du cheval qui les portait. Ils avaient entendu ce qu'il s'était dit et ne manquèrent pas de l'interroger... Du moins Lysi, TiVeg prenant un malin plaisir à éviter de parler ou faisant mine de se désintéresser complètement de Colhomban.


Il a une sœur? C'est ça? pourquoi y nous a jamais dit? Elle s'appelle comment la dame? C'est des jumeaux aussi? J'croyais qu'c'était son amoureuse! Maman! J'ai faim!

Moi aussi.


Tu crois qu'elle a un château la dame? Tu crois qu'on va habiter avec elle?

Chtttttttt

Confuse et le rouge aux joues, charmant ensemble si on compte aussi le bout du nez, So se retourne pour regarder en direction de la fratrie qui se retrouve, l'air gêné et s'excuse d'un sourire avant de se retourner de nouveau vers ses rejetons qui continuent de plus belle. Doigt sur les lèvres en signe de silence, So essaye d'attraper la fillette pour la faire taire.

Je n'en sais rien, chuuuut, on ira à l'auberge et c'est tout, au pire tu verras bien, peut-être que je te laisserai sous un pont si tu ne te tais pas chuuuut.


Haaaaaaan tu veux m'abandonner?!

Ouéééééééééé!!


Et voilà comment faire démarrer une querelle de frère et sœur... Préférant filer en douce en évitant de répondre, So se rapprocha de nouveau du garde qui les avait si chaleureusement accueilli et avisa la petite flasque qu'il portait. Ça devait réchauffer ça... Mais il avait l'air bourru... Est-ce qu'il la lui prêterait si elle lui demandait? Et si elle se servait et remettait en place, il n'y verrait peut-être que du feu..? Col et Tsampa à leurs retrouvailles, le garde à son office... So tendit la main, tirant un bout de langue dans sa grande concentration, fallait pas qu'il sente, fallait pas qu'il sente, elle l'a!

Sorianne ! Sorianne vient voir qui est là !


Avec un sursaut elle se tourne vers Colhomban, prise en flagrant délit, la flasque serrée contre elle. Oups.


Je... Je... Elle est tombée...

Elle regarde le garde avec un air coupable, sourire un peu forcé et lui retend la flasque l'air de rien avant de filer en direction des frères et sœur! Arrivée devant la soeur de Col, c'est là qu'elle se rend compte de l'image qu'elle devait renvoyée... Tout d'une gueuse! Bas des jupes déchirés à cause de ce maudit arbre rencontré lors de la pause, cheveux sombres en batailles malgré la natte, vêtements complètement crottés et l'air sûrement fatigué, sans compter le fait qu'elle était gelée et que son bout de nez était tout rouge!

Bonjour!
... So regarda autour d'elle... Bonsoir plutôt... Vous devez être Tsampa! Elle était tout sourire, contente pour Col, heureuse qu'il ait retrouvée sa soeur perdue. Je suis contente que vous soyez bien là.

L'air de rien, la So se dirigea vers Col, peut-être qu'il serait susceptible de la réchauffer un peu.

Col n'a jamais voulu me dire comment vous étiez! Ce n'est pas faute d'avoir insisté! Moi je suis Sorianne.


Nouveau grand sourire chaleureux avant de le transformer en un petit sourire gêné. Et désolée pour ce qu'on dit les monstres... Elle les désigna de la main et Lysi fit signe dans leur direction. Comme d'hab, TiVeg esquive.

Hum...

So laissa Col les présenter tous, dans les règles, il semblait heureux, ravi, et cela convenait bien à la jeune femme. So détailla un peu plus avant la soeur de son compagnon, brune, de jolis yeux bleus, elle avait de vagues airs de Colhomban. Du coup elle se demanda comment étaient les autres frères! Brrr nouveau frisson.

Excusez moi, j'ai besoin d'un feu... Ou d'une source de chaleur...


So glissa un œil au garde en repensant à la flasque qu'il gardait maintenant en main.

Peut-être que des retrouvailles au chaud....

Un petit air suppliant au visage, elle regardait tour à tour Col et Tsampa qui devaient avoir des tas de choses à se dire... Comment ils avaient retrouvé la jeune demoiselle, quel hasard les emmenait par là, ce qu'ils étaient devenus tout le temps qu'ils ne s'étaient pas vu, oh que oui, ils allaient avoir un tas de choses à se raconter...
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Tsampa


Il lui ouvre les bras, comme avant... Comme il le faisait quand il rentrait de campagne, ou quand il partait plusieurs jours visiter les terres de leur père...
Comme si cela ne faisait que deux ou trois toutes petites journées qu'il était loin...
Comme si elle était encore une enfant...
Comme si de rien n'était...
Malgré elle elle sent ses sourcils se froncer, et son regard s'assombrir.
La colère revient, pas éteinte encore, feu couvant qui n'attend qu'un petit souffle de vent sur ses braises pour se réenflammer.

Inspiration... Expiration...

La brune sourit à son frère et se blotti dans ses bras. Le reste viendra après, plus tard, demain, un autre jour... Jamais peut-être, mais ça elle en doute...
L'heure n'est pas au ressentiment, ni à la rancune.

L'heure est aux retrouvailles, à la tendresse qu'il lui donne dans cette étreinte, au souffle d'amour qu'il souffle dans sur sa nuque, bras serrés autours d'elle.
Alors elle se laisse aller, et laisse ses pleurs inonder la veste de son frère.

Quand elle se détache de lui, consciente d'un coup d'être le centre d'une scène qui la met mal à l'aise, elle a un petit sourire gêné, mais ravi vers ses deux gardes, qui, elle le sait vont faire leurs choux gras des larmes et de la séquence émotion qu'elle leur a donné... Elle la chef, petit bout de femme, une bonne tête de moins qu'eux, moitié moins que leur âge environ, qui porte la parole du conseil, claque des talons sur les ramparts et porte l'alcool et les braies aussi bien qu'eux a d'abord tremblé de trouille et pleuré comme un bébé dans les bras d'un nobliau...

Si vous n'en rajoutez pas trop, je peux peut-être faire taire à coup de chopines un de ces soirs? ou vous donner une prime pour, je sais pas, visiter la nouvelle taverne?

Elle se mord la lèvre, pour ne pas rire. Elle sait que non seulement, elle va devoir y aller de sa bourse, mais qu'ils ne tiendront pas leur langue... Alors elle fouille dans sa poche, leur tend sa bourse, et éclate de rire.

C'est mon jour aujourd'hui... Profitez-en, mais vous avez intérêt à être à l'heure demain dans la salle de garde du château, et les yeux en face des trous, sinon je vous colle au cachot!


A coté de Colhomban, la brune qui l'accompagne essaie de calmer deux bambins.

Bonsoir plutôt... Vous devez être Tsampa!

Bonjour Sorianne...
Ainsi vous êtes la femme de Colhomban... Et la mère de ses enfants!
C'est bizarre de le retrouver la corde au cou et papa... Qui l'eut cru!


Tout en disant cela, elle cherche quelques ressemblances entre son frère et les enfants, et ne trouve point trace du sang des d'Eusebieus sur leur visage. Surprise, elle n'en laisse rien remarquer.

Et désolée pour ce qu'on dit les monstres...

Volontairement, elle n'a "pas" entendu la remarque sur l'amoureuse... Elle sourit à Sorianne, comprenant sa confusion.

Des monstres, où ça, des monstres? Moi je vois deux trolls, frigorifiés, qui posent des questions sur cette dame qui entre dans leur vie par la porte d'une ville qui leur est inconnue!


Elle se penche vers eux, faisant mine de ne pas voir la mine du petit gars qui se renfrogne à son approche et leur murmure

Un château? Oui. Non. Enfin, pas à moi... Au Duc.
On ira le visiter si votre maman vous laisse...


Elle tapote sa besace.

J'ai les clés de la ville, et du château... Mais faut rien dire aux grands!


Devant la mine bleuie et le nez rouge de sa ... belle-soeur, elle décroche sa cape, et la lui glisse sur les épaules. Sorianne fait plus ou moins la même taille qu'elle, ce qui tombe bien... Tsampa un éclair malicieux et moqueur dans le regard. Avec cette cape d'homme, à la lourde fibule en argent, sur sa robe déchirée, sa belle-soeur a un petit air décalé qui lui plait bien.

Aller, venez.
On va se mettre au chaud, chez moi ou dans une taverne, comme vous voulez.


Elle glisse sa main dans celle de son frère et après avoir salué les gardes qui n'attendent que son départ pour déguerpir les entraine avec elle.

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