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Autant en emporte le temps

Sadnezz
"Le temps, c'est de l'argent sur nos cheveux" avait un jour dit un homme, complètement saoul, dans une auberge miteuse du Berry. Sadnezz avait trouvé cette phrase tout à fait juste, même si son auteur délirait pleinement en piquant du nez dans son verre de vinasse, lorsqu'il l'avait prononcée. Elle s'était éloignée du village, à la recherche d'un coin tranquille pour remettre ses idées au clair. La lettre de Julien, avait ravivée une vieille douleur, une vieille rancune bien plus mauvaise que l'amertume d'avoir fait toute cette route pour rien, une douleur que le temps n'avait su effacer. Elle traina dans le sous bois frais, emmitouflée dans une grand châle sombre, en soufflant un peu sur ses mains. Sa monture avait été laissée à l'auberge, la Corleone désirait être seule, l'endroit était désert. Sur un tronc d'arbre elle s'assit en regardant les sommets de ces grands arbres centenaires qui l'entouraient, laissant juste filtrer assez de lumière pour ne pas laisser paraitre le lieu lugubre.

Elle repensa aux mots de son parrain, décidé à rester à Toulouse. Tolosà... La ville qui avait vu, quelques années auparavant, deux hommes en cavale, se cacher dans ses auberges. La ville qui avait accueilli en son sein, les auteurs d'un sinistre fait; une tentative d'assassinat contre la personne du Duc Chiffré Angevin... Deux âmes perdues, dont l'une d'elle, juste sortie de l'innocence. Son fils. Un fugitif, à peine sorti de son adolescence. Tolosà... Sadnezz avait eu quelques brèves nouvelles, Julien et Anto étaient bien arrivé à Toulouse, et se cachaient en attendant que l'affaire se tasse. Elle n'avait pas compris comment les choses avaient pu dégénérer de façon aussi sanglante, en l'espace d'un mois. Mois où elle était absente, cloitrée dans un couvent a faire le deuil de son frère assassiné comme le voulait les coutumes italiennes... Elle ne savait pas à cet époque là, ce qu'était de vivre en abritant le poids du regret, mais elle sût bien plus tard, que la colère n'apaise pas les âmes qui en étaient tourmentées. A son retour, son fils avait fuit l'Anjou, en cavale avec son parrain... Elle regrettait. Regret de n'avoir pas été là, peut - être que les choses se seraient passées autrement. Inexorablement, Anto fut la cause première de cette déchirure familiale, ce soir là où, dans la nuit quitta Angers, traqué comme une bête. Cette fuite, personne n'aurait pu en soupçonner les dégâts collatéraux.

soudain des bruits de sabots, claquèrent sourdement dans le silence du sous bois, allant et venant. les rumeurs de cette cavalcade hasardeuse venaient aux oreilles de la brune, attentive, bien que pensive.

Anto... Son petit garçon, qui avait grandit dans le mauvais chemin... Son enfant, elle l'avait aimé, et peut-être même qu'au fond d'elle, elle l'aimait encore. Mais comment pardonner à son fils, fruit de sa chair, élevé dans les plus basiques principes de respect, ses erreurs si tragiques... Lever la main sur son père, renier son nom, insulter celui de sa mère en voulant se défaire de l'emprise paternelle, et finalement fuir pour se trouver une nouvelle famille, celle de Julien, le propre parrain de Sadnezz.... personne ne peut comprendre la douleur d'une mère qui voit son enfant partir dans la déchéance, préférant porter un autre nom, celui des gens qui lui sont le plus cher, Nanane, Julien; tant qu'il ne l'a pas vécu. Ainsi personne ou presque, ne comprenait la haine que Sadnezz avait nourri pour son enfant, des lors qu'il avait fait voler en éclat la famille Valmont Corleone. Lorsque Julien lui avait demandé officiellement de renoncer à ses droits de mère sur Anto au profit de Nanane, déjà vaincue , elle avait laissé faire. Dès lors, c'en fût fini de l'âge tendre et de cette unité qu'ils formaient tous ensemble par le passé. Ingérable. Anto était ingérable, et c'était pour cela que Sadnezz le haïssait aussi fort qu'elle pouvait l'aimer. Elle pensa à Yugo qu'elle avait confié à Emy avant de disparaitre, à Ricks, à leur famille qui avait été jadis source de grandes joies dans sa vie, Avant. La perte de son fils, le viol, l'assassinat de son frère... Elle avait perdu le sens des raisons... La folie s'était emparée d'elle. Espérant panser ses blessures à Saint- Aignan, elle avait sombré dans la démence, silencieuse et cachée, lorsqu'elle s'était aperçue que c'était vain. Finalement, elle était vraiment morte ce jour là... Emportée par son coté sombre, elle était devenue mauvaise, impulsive et associable... Puisse dieu lui pardonner.

Les bruits de sabots semblaient avoir trouvé leur chemin après avoir longuement tourné en rond. Ils se rapprochèrent peu à peu. Sadnezz grogna et se baissa un peu, n'ayant pas envie d'être importunée par ce cavalier perdu.

- Corléone?

Une voix rauque, un homme. Sadnezz se redressa avec prudence, considérant l'homme qu'elle apercevait a maintenant, à travers l'épaisse végétation.

- ...


La voix insista...

- Dama Sadnezz, Madama Corleone?

Diantre, elle qui voulait être au calme... Il allait être reçu.

- Qui êtes vous? Et pourquoi cherchez vous Sadnezz?


L'homme, guidé par la voix de Sad, descendit de sa monture et traversa les fourrés. Sadnezz porta sa main à sa hache instinctivement. à cette vue, l'homme stoppa, face à elle et dit d'un ton calme et assuré:

- Je suis le messager de Julien de Dommart. Je cherche Sadnezz Corleone, j'ai une lettre de la plus haute importance à lui faire parvenir... Etes vous Sadnezz? On m'a dit au village, qu'on l'avait vu aller vers les bois il y a une heure environ...

Sadnezz vit la missive enroulée et cachetée de cire dans les mains du messager. Elle lâcha sa hache et avança vers lui.

- C'est moi même.

Le gars sembla heureux d'avoir enfin trouvé la destinataire, et de pouvoir enfin rentrer chez lui. Il lui tendit la lettre et remonta à cheval, pressé de repartir. Sadnezz le regarda faire, puis posa ses yeux sur cette nouvelle lettre... Elle attendit que l'homme ne soit plus à portée de vue pour aller se rassoir et l'ouvrir. Elle lût, impassible les premières secondes. Si Julien lui envoyait un messager pour s'assurer que cette lettre soit remise en main propre, c'est que c'était de la plus haute importance.
Citation:

Bonjour ma filleule,

Je t'écris ce courrier un peu tardivement et je m'en excuse. Comment t'annoncer une nouvelle pareille sachant ta situation actuelle.
Je n'irais pas par quatre chemins mais sache qu'après m'avoir lu tu risques d'avoir le coeur blessé. Tu m'avais confié ton fils Anto et je n'ai pas été à la hauteur même si dans sa lettre il dit le contraire. Cette lettre je te la remettrais à ton arrivée sur Tolosa. Une partie était pour moi, l'autre pour toi...
Cette lettre je l'ai trouvée un matin dans sa chambre...Il n'y était pas...
Quand je suis partis dans la grange pour seller mon cheval et le retrouver je l'ai vu..là devant moi pendu à la poutre... Pardonne moi ma filleule de t'annoncer cela, moi même j'ai mis plusieurs jours à faire mon deuil... Nous avons décidé avec la famille de t'attendre pour son enterrement pour que tu puisses lui dire au revoir...J'espère qu'un jour tu pourras me pardonner de n'avoir pas su le sauver... Ne fais pas de bêtise je sais à quel point ton coeur va se déchirer à la lecture de ce courrier. Je t'aime ma filleule comme un frère et je te soutiens du mieux que je peux en ce moment difficile. Aucun de mes mots pourra panser tes blessures je le sais mais je serais toujours là.

Ton parrain
Julien91 De Dommart


La lettre se froissa entre deux mains tremblantes. Julien... Comme le temps fait bien les choses... Elle qui vivait ses quarante printemps comme un charme, prit tout à coup quelques années en pleine face, le revers de la médaille, le revers du temps. Son fruit, venait de tomber de l'arbre. Son fils n'était plus. Les yeux de Sadnezz restèrent étrangement secs, mais sa gorge se noua. Elle fût prise d'un spasme et cessa de respirer jusqu'à en devenir bleue. Elle flageola sur ses jambes. Il lui avait prit son fils, et n'avait même pas su le protéger... Ses genoux plièrent sous son poid, ou peut-être celui des regrets...
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