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Info:
Quand un blondinet fait des ricochets. La vie parfois fait plouf.

[RP] Dans un simple "Splatch!"

Cassian_darlezac
RP ouvert à tous bien sûr tant que la cohérence est respectée.


Adossé à un chêne, le gamin faisait jongler une pierre d’une main à l’autre, regardant l’Armançon coulé à ses pieds. En aval de la rivière se trouvait un moulin. Il le savait pour y avoir passé plusieurs heures à regarder la roue tourner, support idéal pour permettre à son esprit de vagabonder en suivant le fil de son imagination fertile. Mais ce jour là il avait décidé de se livré à une autre de ses occupations favorites. Faire des ricochets… Et en la matière le petit blond pouvait -et de loin- se targuer d’être un spécialiste. Un sourire fier affublant sa trogne, il venait une nouvelle fois de faire montre de son art et mettait au défi la nature de faire mieux. Alors, il lorgnait avec dédain les chênes, dont les glands chutaient dans un simple "flop !", se gaussait des hêtres dont les feuilles, bercées par le vent, atterrissait mollement sur la rivière. Puis, lançant un nouveau caillou avec fougue, il le regardait d’un air satisfait auréoler l’eau à plusieurs reprises. Là au moins il avait la maîtrise de la situation. Dans le monde des grands tout était bien plus difficile, telle la feuille, il se laissait passivement entraîner par le courant. Mais bientôt, quand il sera grand, il sera la pierre, ricochant sur la tête de ses ennemis. Bravant tout les dangers, surpassant tout ces adversaires, tel Messire Eusaias ou Maître Snell, il entrera alors dans la légende.

Le petit blond n’avait pas mis longtemps à s’habituer à son nouvel environnement. Arrivé à Sémur il avait d’abord découvert la demeure des Alterac et la chambre qui serait à présent sienne. Les yeux pétillants il avait visité le domaine, s’extasiant sur tout, sous le regard amusé de ses hôtes. Cependant au fur et à mesure qu’il avait parcouru les lieux des doutes l’assainissaient. Tout étant grand, beaux, élégant. Mais lui si petit, si peu au fait des us et coutumes nobiliaires, ne serait-il pas de trop ? Ne risquait-il pas de les décevoir ? Or la confiance et la gentillesse que lui avait témoigné les Alterac ayant croisé sa route, était à ce jour ce qui comptait le plus à ses yeux. L’anxiété était grandissante, affluait en lui telle une marée venant s’abattre sur son estomac pour y créer… une boule. Une sensation de "en trop", un peu comme un bloc de granit que des mains malhabiles auraient nichées dans une cathédrale de marbre blanc. D’un bâillement qu’il avait résolu le problème, prétextant la fatigue pour prendre la poudre d’escampette. Il s’était réfugié dans sa chambre et c’est là qu’il avait laissé coulé sa première larme. Pas faute d’avoir voulu la retenir pourtant, mais à la fatigue du voyage s’était ajouté ses craintes. Son petit corps démuni avait alors fait ce qu’il avait trouver de mieux à faire, extérioriser le tout. Ouvrir les écluses pour que le barrage ne succombe pas à la marrée montante. Et ensuite, dans un reniflement, le sommeil l’avait emporté, lui ses craintes et ses imperfections.

Le lendemain et les jours suivants, Cassian avait découvert la ville et ses habitants, appréciant de passer du temps à discuter avec eux en taverne. Il avait notamment fait plus ample connaissance avec le légendaire Messire Eusaias, avant qu’ils ne partent pour la Touraine... Pour la guerre…Et une angoisse en avait chassé une autre. A la peur de ne pas se faire pleinement accepté s’ajoutait celle de ne pas en avoir le temps. L’enfant savait que la mort pouvait frapper à tout moment et ce même quand on s’y attendait le moins. Le très haut se réservait le droit de les rappeler à ses côtés quand il le désirait et même lui ne pouvait rien y faire. Malgré tout il aurait aimé être plus grand et plus fort afin de pouvoir être au côté de sa bienfaitrice et la protéger en cas de danger. Au lieu de ça, à cause de sa faiblesse, il avait du rester à Sémur pour protéger Damoiselle Aleanore qui pourtant se défendait très bien toute seule. Alors il se faisait du sang d’encre, s’imaginant les pires scénario et se fustigiant aussitôt. Dame Marie Alice n’était elle pas auprès de Messire Eusaias ? Dès lors que pouvait-il lui arrivé ? Lui qui criait sa bravoure à qui voulait l’entendre avait peur, si terrorisé qu’il était à l’idée de se voir une nouvelle fois orphelin.


« Splatch ! » , un caillou tout juste ramassé venait d’atterrir lourdement dans l’eau. Un second suivit aussitôt puis un troisième, le gamin ressentait le besoin de se défouler. Chaque « splatch » représentait pour lui un ennemi qu'il venait de pourfendre. Une pluie de terre, feuilles, pierres s’abattaient sur la rivière alors que le gamin raclait avec fougue le sol avant de tout jeter dans l’eau. Tous tombaient raides morts sous ses coups. D’un geste vif l’enfant saisit alors son épée en bois, bataillant contre des assaillants imaginaires. Il enchaînait les coups, courant le long de la rive. Le tapi de feuilles mortes et humides était glissant mais le garçon ne s’en préoccupait pas, poursuivant dans son combat fictif. Alors qu’il s’apprêtait à parer un coup venant qui provenait de son flan gauche il se tourna dos à la rivière. La chute fut inévitable. Perdant équilibre le môme glissa s’étalant sur le dos dans l’eau glacée. De ricochets il n'en avait pas fait, il s'était juste étaler lamentablement dans un énième « Splatch ! ». La respiration coupé il tentait de se calmé et de regagner la rive. S’était sans compter sur le fait qu’il n’avait pas pied et ne savait nager. Le courant, plutôt fort à cette période de l’année l’entraînait inexorablement tentant de l’engloutir sous les flots. Il était entre le gland et la feuille, si l'un coulait, lui peinait à garder la tête de l'eau et comme l'autre il se laissait emporté par le courant. Encore une fois la peur l’envahit il bataillait de toute ses forces quand des cris de détresse parvinrent enfin à franchir ses lèvres. D'un rapide signe de croix il pria le très haut d’être entendu. Lui qui n’avait eu de cesse de s’inquiéter pour les autres venait par maladresse de mettre sa vie en jeu.

*Edit pour ajouter l'encart HRP
Parvatti
Parvatti se balladait dans Sémur, et appréciait tout ce qui l'environnait. Les oiseaux étaient plus que présents ici. Peut-être la fôret y était pour quelque chose ; quel plus agréable endroit pour virevolter qu' entre les branches épaisses de centaines d'arbres réunis. Il y avait certainement des animaux aussi. Elle aurait le temps de découvrir tout ça pendant son séjour. Son passage en taverne avait déjà été des plus promettants quant aux jours à venir, et après une bonne nuit de sommeil et un bon repas au réveil demain, elle irait faire pour la première fois connaissance d'une dure journée de labeur à couper du bois.

Son esprit était complètement absorbé par toutes sortes de réflexion, et son regard, instinctif, ne se posait sur rien d'alentours si ce n'est un point d'horizon imaginaire. C'est dans cet état d'esprit que Parvatti sursauta. Ramenée à la réalité, sa tête de tourna en direction de la rivière qu'elle longeait, et elle eut besoin de quelques secondes pour se mettre à y courrir. Ses yeux cherchaient quelqu'un, ses oreilles étaient à l'aguet d'un nouvel appel. C'était une appel au secours, elle en était presque certaine. Les bords de la rivière étaient glissants, et elle prenait grand soin d'où ses pieds se posaient afin de ne pas tomber dans la rivière ; l'eau devait être très froide à cette période de l'année, et même si elle adorait se baigner, elle se passerait volontiers d'avoir ne serait-ce que les pieds mouillés. Elle repoussait les branches et surveillait les berges, et sursauta à l'entente d'un nouvel appel. Elle se retourna, le coeur battant, sachant que ça ne prévoyait rien de bon. Son regard se fixa, des bras, une tête, elle n'en voyait pas grand chose, mais pouvait facilement en déduire que c'était un enfant. Ses pensées d'un instant plus tôt lui revinrent à l'esprit et elle prit une grande respiration, tout en analysant rapidement si l'eau était profonde ou pas.


[Dans l'eau]

L'eau était glaciale, coupante. Elle faisait barrière. L'eau n'était pour un instant vraiment pas profonde, et elle s'aidait tant bien que mal de ses jambes, pour moins se fatiguer. Elle se dit d'un coup qu'elle n'avait jamais eu à nager pour récupérer quelqu'un dans l'eau, et quand Claf et elle plongeait cet été, c'était plus pour barboter que pour faire des courses... quoique... Plus elle s'approchait, plus l'eau montait près de son visage, et plus elle ressentait le froid. Elle serrait les dents et gardait en vue l'enfant qui était porté par le courant descendant vers elle. Il semblait pris dans un courant sournois de la rivière, mais l'eau semblait plus calme quelques mètres après. Elle essaierait de le rattrapper au passage, en espérant qu'elle aurait à peu près pied pour avoir plus de tenue. Il arrivait rapidement, et ne sortait que rarement la tête de l'eau. Elle se mit à crier aussi fort que possible :

Je suis là, petit !! Essaies de garder la tête hors de l'eau !! Je vais essayer de te rattrapper, tu vas voir le courant va se calmer dans quelques mètres !!!

Elle se sentait impuissante. Il arrivait, mais est-ce qu'elle résussirait à le rattrapper ? Est-ce qu'il serait encore conscient pour entendre sa voix ? Pour faire un effort et lui attraper la main lui aussi ?
Cassian_darlezac
On dit souvent que les plus grandes terreurs de l’homme proviennent de l’ignorance, la peur de l’inconnu. Et le petit blond, bien que n’étant pas encore un homme, n’échappait pas à cette règle. Cependant alors que certains voyaient leur sang se glacer à l’évocation d’un dragons, que d’autres frissonnaient à l’idée qu’un monstre monstrueusement monstrueux de monstruosité puisse être terré dans leur commode, la peur de Cassian était tout autre. D’abord parce que les dragons ils les aimaient bien, ayant déjà prévu d’en apprivoisé un plus tard, et ensuite parce que pour pouvoir se cacher dans sa commode il aurait fallu que le monstre soit une miniature, vu la taille de sa nouvelle garde robe. Et un brave, c’est bien connu, n’a pas à avoir peur des plus petit que soi, du reste mieux valait être prudent.

C’est ainsi que Cassian avait mis une limite à sa bravoure. S’il n’hésitait pas à écrabouiller une araignée, un sourire sadique affublant sa trogne, il n’hésitait pas non plus à cavaler à la vue d’un taureau surexcité lui fonçant dessus. En somme il était là question de bon sens, au diable les simagrées, quand on est pas fol c’est l’pif du plus petit qu’on fait saigner en premier avant de se carapater à toutes jambes. Mais ça bien sûr il ne l’avouera jamais. Il n’avait pas passé deux semaines à vanter sa légendaire bravoure en taverne pour voir tout réduit à néant à cause de quelques araignées... D’autant que la responsable était avant tout Aleanore et son devoir de la protéger –surtout des arachnides. Mais trêve de digressions, tout cela est une autre histoire…

L’intrépide, comme bien d’autre, avait donc son talon d’Achille ; il s’agissait des péronnelles dont l’évocation même lui hérissait les poils. Bien fol, me direz vous, est celui qui fait fie des donzelles et de leur caractère indomptable. Mais là n’était pas la question puisque le bonhomme n’entendait rien à ce qu’est vraiment une péronnelle. Pour lui il s’agissait d’un monstre monstrueusement monstru… hum… -enfin cruel- se nourrissant de défunts s'étant réincarnés en fleur. Petite entorse à son éducation hautement aristotélicienne dont le responsable était un certain Jehan, marchand ambulant avec lequel il avait fait un bout de route. Celui ci lui avait expliqué, que se transformaient en fleurs, quiconque ne rejoignaient ni le paradis solaire ni l’enfer lunaire à l’heure de sa mort. Alors, avait il précisé, ils étaient condamner à passer leur vie à contempler le soleil sans jamais y accéder en attendant leur fin, celle ci étant provoquée par des péronnelles qui les cueillaient pour mieux les voir faner. Dès lors l’enfant avait eu en horreur les péronnelles, voyant en elle des êtres cruelles qui se plaisaient à troubler la tranquillité des morts. Il les imaginait tantôt semblable à ses montres épiques qui peuplaient la mythologie, telle l’hydre ou le cerbère, tantôt en vieille sorcière de l’enfer jouant avec les fils de nos destinés.

Aussi ce jour là, alors que le courant l’emportait et que chaque respiration menaçait de remplir ses poumons d’eau, il en entendit une. Du moins lui semblait-il.


« Je suis là, petit !! Essaies de garder la tête hors de l'eau !! Je vais essayer de te rattraper, tu vas voir le courant va se calmer dans quelques mètres !!! » , s’exclamait la créature dévoilant là toute sa fourberie. Mais bien que semi noyé le jeune garçon était loin d’être naïf, aussi avait vu clair dans son jeu. C’est alors que, contre toute attente, le courant faiblissait suivant les prédictions de la bête du sans nom. L’épée toujours tenu fermement au poing, puisqu’il ne voulait en aucun cas la lâcher malgré qu’elle limitât ses mouvements, il se rapprochait inexorablement de l’ignoble péronnelle. Nul porte de sortie, il fallait donc combattre même s’il était en fâcheuse posture. Continuant de remuer l’eau avec l’autre bras pour garder sa tête à l’abris des flots, il pointa alors son épée sur la vague forme que ses yeux embués distinguaient non loin de lui. C’est alors qu’il pris la parole de la voix la plus assurée qu’il était capable de prendre dans sa condition actuelle.

« Va t’en vile péronnelle ! Laisse moi tranquille ! », beugla t-il en direction de l’intruse, de sa voix fluette. Il aurait été en meilleur forme il lui aurait sans doute également précisé qu’il n’était pas petit mais presque grand, cependant pour l’heure il avait nul envie de deviser avec le monstre. Mais ce que Cassian ne savait pas encore c’est qu’en tendant son épée en direction de celle qu’il prenait pour une péronnelle, il venait de s’assurer une chance de survit. En effet, l’épée comblait la distance séparant son bras de celui de la Dame. Dès lors elle pouvait en saisir le bois pour l’aider à revenir sur la terre ferme, mais encore fallait-il que le gamin se laisse faire…
Parvatti
Parvatti arrivait à entrevoir une tête blonde. Mais même si son esprit pouvait en quelques secondes refaire le monde, il était bien incapable de prendre en ce moment même une décision assez rapide pour réfléchir à comment rattraper cet enfant. Le courant se calmait, comme prévu, et aussi, la masse fluette que l'eau s'amusait à couler puis faire remonter se faisait mieux visible.

Citation:
Va t’en vile péronnelle ! Laisse moi tranquille !


Vile péronnelle ?!... Laisse moi tranquille ?... répéta-telle. Elle n'était pas une vile péronnelle !! Encore fallait-il qu'elle sache ce que ça voulait dire... Mais le seul ton que la voix étouffée avait pris lui laissait s'imaginer qu'elle n'était pas là la bienvenue. Elle était interdite, ne sachant quoi penser. Bah non c'est pas possible de faire marche arrière ; me serais quand même pas jetée dans une eau glaciale pour m'entendre dire "Laisse moi tranquille". Voulait-il mourir ? Parvatti secoua la tête, comme à son habitude quand elle veut chasser les idées qui l'encombrent. Plus le temps, il est là, à deux ou trois mètres. Elle recule, avec la même appréhension et la même excitation liées que sur un terrain de soule. Rattraper la soule.... Rattraper la soule... Seulement là, elle avait à faire à une personne vivante. Et bien vivante de plus. Lui rendrait-il la tâche facile ? Elle en doutait fortement. Son regard ne se détournait pas de l'enfant. Rien d'ailleurs, semblait-il, n'aurait pu lui faire faire se détourner.

Plus rien, juste une douleur... Sa respiration semble coupée. Son regard n'est toujours pas détourné. ca fait mal, très mal. Ses pieds ont du mal à rester au sol. Elle se sent partir... Son esprit semble utiliser toutes ces capacités pour se concentrer sur la douleur aigüe qu'elle ressent dans le bas ventre. Qu'est-ce qu'il s'était passé ? Elle le voyait maintenant ; son regard était plongé dans le sien. Un regard qui se demandait ce qu'il se passait. Un regard presque affolé, d'un enfant qu'elle savait avoir déjà vu. Elle ne savait plus, elle se retrouvait là, et ne savait plus... Elle était venue pour donner secours.
Et d'un coup, comme si son esprit s'était livré bataille contre lui-même, elle entendit de nouveau : les oiseaux, l'eau, lenfant. Elle revenait à elle sans même avoir perdu connaissance. Elle avança ses mains sous l'eau à la recherche de ce qui venait de lui administrer un sacré coup, et en l'agrippant tant bien que mal, le corps du regard qu'elle n'avait toujours pas lâché s'immobilisa, devant elle.

Parfois le temps semble s'arrêter. Parfois, plus rien ne compte. Il était là, face à elle, à la regarder. Ils n'étaient séparés que par ce qu'ils tenaient chacun de leur côté pour se relier. Qu'allait-il faire ? Allait-il de nouveau lui dire de le laisser tranquille ? Allait-il lâcher ce qui lui semblait être un morceau de bois, et allait-elle le regarder flotter, au gré du courant, la regardant en s'éloignant ? Elle avait mal. Elle avait froid. Mais avait oublier, restant là à le regarder, dans cet instant qui semblait se prolonger...
Cassian_darlezac
Le courant réduisait petit à petit la distance qui le séparait de la péronnelle. Cramponnant son épée il avait alors usé du peu de force qui lui restait pour lui flanquer un bon coup une fois arrivé à son niveau. Acte désespéré qui, il l’espérait, lui permettrait d’échapper aux griffes du monstre. Et le bois l’avait heurté, pas violemment à cause de l’eau, mais il l’avait touché. Cependant la créature en avait profiter pour se cramponner à son épée. Alors il avait tourné la tête vers elle et l’avait vu, constatant l’inéluctable dans un murmure incrédule. « Dame Parvat… » , le nom s’était noyé dans les flots alors qu’il ne voulait croire ce que ses yeux lui montraient. Dame Parvatti une péronnelle ? Il avait du mal à y croire. Et pourtant n’était ce pas elle qui se tenait là en face de lui ? Epuisé, il ne poussa pas plus loin ses réflexions. Si c’était bien une péronnelle elle n’avait qu’à l’emporter, il n’avait pas la force de lutter de toute façon. Il s'en fichait.

Longtemps il resta là à plongeant son regard dans le sien. Attendant de voir ce qui allait se passer, il remettait son petit corps entre ses mains. En quelques tractions il était parvenu jusqu’à elle, grâce à l’épée qui les reliait. Une question avait alors franchi ses lèvres: « On va pas se noyer, hein ? Parce que moi j’ai pas trop envie... » suivit aussitôt d’une constatation « J’ai froid… ». La peur qui quelques instants auparavant l’avait réchauffé s’en était allé le laissant frissonnant et épuisé. Petit à petit il sentait ses membres s’engourdir, il allait s’endormir et alors tout irait mieux. Voilà la seule chose à laquelle il aspirait à ce moment là alors que ses forces l'abandonnaient progressivement.
Aleanore
-« M'entends-tu Clarisse ? Ecoute donc et arrête de m'arracher les cheveux ! Si tu continues à voir le Jean en cachette, je devrais te faire fouetter pour t'empêcher de céder au péché de lux.. Aaa..AaatChouM ! » Mine exaspérée de la brunette, comment faire un sermon digne de ce nom avec ce satané coup de froid. »Je disais donc, il ne faut plus que tu le vois, cela te conduirait au péché de luxure ! »

Péché de luxure, qu'elle n'a pas vraiment bien cerné, même si elle visualise la chose, enfin bon. Et toute à sa prêche, elle n'a pas entendu la cavalcade dans le couloir. Interrompant le sermon, un valet entre avec perte et fracas, haletant, rouge d'avoir couru, et virant vite au blanc crayeux que la peur faisait monter au visage des nouvellement promus domestiques au service de la petite damoiselle. Silence suspendu dans la pièce délicate aux couleurs harmonieuses, arrêt du regard masculin sur la tenue légère d'intérieur que porte la jeune fille, avant de planter ses yeux dans les noisettes étincelantes de la demoiselle.

-« Cinq ! »
-« Cin.. De quoi ma demoiselle ? »
-« Vous avez cinq minutes pour exposer la raison de votre venue icelieu avant que je ne vous fasse fouetter pour avoir pénétré dans ma chambre et y avoir vu ce que vous y avez vu. »


Pomme d'adam qui roule, la sueur s'écoule, condamné pour condamné autant le dire.

-« J'étais dehors avec.. Occupé quand j'ai entendu crier qu'il y avait des personnes qui s'étaient jetés dans le .. La .. l'eau-là ! »
Haussement de sourcils de la jeunette.
-« Et vous voudriez que nous envoyons de l'aide ? Où est donc Cassian ? Il sera surement heureux d'y aller avec des gens. »
-« C'est qu'à dire vrai, je n'ai pas vu le petit monsieur de la journée. »

Instant arraché à une éternité qu'on voudrait oubliée, frisson qui parcourt le corps longiligne, tandis que les noisettes virent définitivement au doré et se plissent pour n'offrir que deux fentes. Le poing frêle s'abat sur le guéridon.
-« OU EST CASSIAN ? »
-« Je ne sais pas demoiselle... Je ne sais pas.. »
-« Tu n'es qu'un incapa..Aaa..AaatChouM ! CLARISSE ! Une tenue vite ! Toi ! »

Doigt accusateur pointé sur le valet.
-« Il te reste deux minutes pour aller chercher de quoi sortir ces personnes de l'Armançon et s'il s'avère que c'est Cassian .. Ce n'est pas le fouet qui t'attend. Clarisse ! Cette tenue ! Aaaah..AtChouM ! Par Aristote ! »

Les bras levés au ciel pour passer les différentes pièces d’habillement, le visage tournée vers la fenêtre fermée, barricadée pour ne pas laisser passer le moindre petit souffle d’air extérieur. Princesse dans sa tour de verre qui fuit l’hiver, regard tourné vers le lointain. Ils s’en sont allés loin, tous ceux qu’elle aimait, mais Lui, petit bout d’homme, petit bout de légende, elle ne le laissera pas. Noisette la tenue de velours et de satin, couleur chatoyante et chaleureuse, couleur des amandes, couleur de la soie de la chevelure, paradoxe vivant. Elle n’est pas chaleureuse l’Etincelle. Chevelure tirée en arrière, port altier, pas de place pour la critique, ne laisse aucune prise pour la remarque, le qu’en dira-t-on ne l’atteindra pas. Rattrapant ses jupes à pleines mains, pieds rapidement glissés dans les mules délicates et délicieuses, la jeunette dévale les escaliers – vous noterez la maitrise dans l’exercice – et se plante devant le valet, armé d’une corde et d’une perche. Trêve annoncée, et c’est un silence religieux qui accompagne les deux sauveurs en devenir, entrecoupé d’éternuements intempestifs. Le spectacle offert à la vue de la jeunette lui coupe le souffle, oubliée la menace au valet, ne reste que la peur intense, l’angoisse latente. Le perdre. Lui, elle s’est faite une raison, elle l’a perdu, il est aux côtés du Très-Haut mais Cassian, sa petite légende, elle ne le laissera pas le reprendre. Situation vite évaluée, il y a une femme aux côtés du blondinet, le noie-t-elle ? Peut être veut-elle l’aider.. Noisettes qui fixent l’onde, et lâche d’une voix froide et sèche, sans quitter le duo aquatique du regard.

-« La perche. Tend leur la perche ! »
Levant les yeux au ciel, la jeunette jette un regard chargé de promesses et d’amour.
-« Laissez le moi.. »
De nouveau, elle pose les yeux sur l’onde et plaque un sourire tendre sur les lèvres fines.
-« Cassian, accroche toi à la perche. Sois courageux, bientôt nous serons à la maison ! »
Promesse tout sauf vaine, tant pis pour son coup de froid, elle s'occuperait de lui, elle lui avait dit qu'il serait une légende plus tard, et trop de rêves personnels s'étaient brisés pour qu'elle supporte qu'il en soit de même pour lui.

-« Ne me le reprenez pas, par Aaa..AatChouM ! Aristote.. Que cela cesse ! Aaa..AaatChouM !.. »
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Plume..
Parvatti
Il était là, à la regarder... Elle ne savait plus quoi faire... Elle sentait une terrible douleur dans le bas ventre. Elle grelottait de froid... Il fallait qu'elle sorte de l'eau.

Citation:
Cassian, accroche toi à la perche. Sois courageux, bientôt nous serons à la maison !


Elle tourne la tête, et voit de l'agitation sur les bords de la rivière. Des gens, venus pour sauver l'enfant.... Cassian ?! Elle le regarde... Cassian... le garçon "presque grand "de la taverne, celui qui aime faire des ricochets. Elle relâche légèrement le bout de bois qu'elle tient fermement depuis un instant, puis réveillée par cet écart, le tient plus fermement encore. Un soupçon de vigueur lui permet de se ressaisir, et d'essayer d'oublier la douleur. Elle tire, autant qu'elle peu, mais le courant emporte les jambes de Cassian, et il entrave ses efforts.

Citation:
Cassian, accroche toi à la perche. Sois courageux, bientôt nous serons à la maison !


Accroche toi à la perche ?! Hum... Y a du bon, puisqu'il y a une une perche, mais elle aurait quand même bien aimé entendre "accrochez vous"...
Elle continue de tirer, tenant le morceau de bois fermement, et espère que la perche ira assez loin pour qu'il puisse l'attraper, et qu'elle essaie de se tirer de cette eau glaciale, et se tordre de douleur du coup reçu...
Cassian_darlezac
Aucune réponse de la Dame. Le gamin s’en fichait. Flou. Tout était flou autour de lui. Les azurs vaguement posé sur Parvatti il se sentait partir, loin, très loin. Dans un lieu où il était en sécurité. Peu à peu le froid l’abandonnait alors qu’il se réfugiait en son fort intérieur. Il ne cherchait plus à se débattre. Emporté dans les méandres de son esprit le petit garçon quittait la réalité. Au fur et à mesure que ses membres s’engourdissait ses soucis s’envolait et ses pensés avec. Tout n’était plus que sensation. Malgré le froid se sentait bien, empli d’une sérénité qu’il n’avait jamais connu. Progressivement il s’abandonnait à l’eau, il devenait l’eau.

« Cassian, accroche toi à la perche. Sois courageux, bientôt nous serons à la maison ! » La voix de la jeune femme avait pénétrée sa confiance, créant comme un électrochoc en ébranlant ses remparts. Il se réveillait, reprenait pied dans la réalité. Un frisson parcouru tout son être. Que se passait-il ? Où était-il ? Que faisait-il là ? Pendant quelques instant il demeura interdit avant de retrouver ses esprit. Alors tout revint à sa place, il se rappelait. La guerre, le vilain duc tout plein de poil, le combat, la chute, l’Armançon, la péronnelle, Dame Parvatti et cette voix…

Nul doute que c’était celle de Damoiselle Aléanore. Etait-elle en danger ? Que faisait-il ici à barboter dans l’eau avec une personne qu’il connaissait à peine alors que sa protégée risquait peut être sa vie ? N’était-il pas comme son Chevalier ? D’un coup sa vision redevint plus clair. Il était grand temps qu’il sorte du pétrin où il s’était fourré. D’un regard il compris que Dame Parvatti ne lui serait pas d’une grande aide. Sans compter qu’il restait cette possibilité, celle qu’elle soit vraiment une péronnelle. Peut être était-ce elle qui avait endormi son esprit pour l’amener à se noyer ? Après tout ça demeurait possible... Oui il devait se débrouiller tout seul, comme un grand.

C’est alors qu’il vit la perche et entendit la voix d’Aléanore. Elle semblait inquiète, était-elle venu le sauver ? Une moue défigura son visage alors qu’il se sentait un peu honteux. S’il avait lu moult épopées où des preux Chevaliers portaient secours à leur princesse, jamais il n’avait entendu parler de princesse secourant leur Chevalier. Cependant le froid interrompit vite ses réflexions. Adressant quand même un signe à la Dame il lâcha son épée tout en lui désignant la perche. Puis dans un dernier effort il saisit celle ci à pleine main le sourire aux lèvres. Damoiselle Aléanore était là, c’était le principal après tout et ça suffisait à le rassurer.
Parvatti
Il la regardait. Elle était à bout de force... Elle avait mal, mais lui était sauvé... ou presque ! Qu'attendaient-ils sur la berge pour tirer cette satanée perche et que cet enfant sorte de l'eau, une fois pour toute ! Elle grelottait, et ses machoires s'entrechoquaient mais elle réussissait à garder la bouche fermée. Elle regarda ce qu'il lui avait laissé entre les mains. Son épée... Elle ne put s'empêcher de sourire. Plus rien ne lui faisait poids, elle pouvvait se hisser hors de l'eau, ce qu'elle fit. Sur le bord de la rivière, des gens s'activaient autour de Cassian pour lui offrir une couverture. Et cette Dame... d'une toute beauté : elle devait être Dame Aléanor. Parvatti sourit de nouveau malgré elle, puis sortit doucement de l'eau, un peu plus loin que l'escadron qui était venu en renfort, et trottina en boitant légèrement, sur la route, pour rentrer à l'auberge, dégoulinante. Elle pensa à Atypic, et à l'estuve qu'elle lui avait commandée pour prendre des bains, et se dit qu'elle en aurait bien pris un.
Aleanore
Tapotant vivement de la main sur l’épaule du valet, la jeune fille le presse de retirer la perche doucement, suivant du regard avec anxiété le petit corps qui coupe les flots. Un regard à peine jeté à l’autre femme, tandis qu’elle renverse le valet d’un mouvement ample du bras, recueillant au creux de ses bras, le corps trempé de l’enfant. Main qui balaie la tignasse blonde dégoulinante, geste vain pour se rassurer. Le châle de velours glisse des épaules délicates pour s’enrouler autour du petit corps, elle se reprend intérieurement, que n’a-t-elle pensé à prendre des couvertures.

-« Je.. Pourrais-tu.. » Les mots glissent, ça n’a plus le même impact qu’elle aurait souhaité, la peur enlève toute profondeur à ses remontrances. Seul demeure le besoin de le serrer contre elle, se rassurer, il a eu peur, il a eu froid, mais il est là. Coup de vent, froid mordant qui rappelle la jeune fille à la réalité, il vient de tomber à l’eau, elle est malade, ils sont dehors, et il fait froid. Envie d’attraper le petit corps et le porter dans ses bras pour rentrer plus vite, mais elle ne s’en sent pas la force, et doute que l’idée lui plaise à lui, petit homme orgueilleux.

La jeunette se laisse glisser à genoux, étouffant une quinte de toux, ne reste que le col montant en velours pour la protéger des assauts de la fraicheur automnale. Un sourire tendre à Cassian, elle ouvre les bras et l’attire contre elle, déposant son visage sur la chevelure humide. Profite petit homme, ils sont rares les moments de tendresse qu’elle s’offre l’Etincelle, et plus rares encore, les personnes qui peuvent en profiter. Elle écarte le garçon pour se rassurer, il est là. Les larmes coulent silencieusement sur la courbe veloutée, cela aurait du être aussi simple pour Lui, et pour sa Flamme aussi, une arrivée à temps, on arrête le cours du temps. Elle tend la main pour que le valet l’aide à se relever puis se ravise, et colle la main blanche habituée à tourner des pages, dans la terre humide et boueuse du sol, foutue pour foutue, elle prendra un bain et puis c’est tout. Debout dans le vent frais, la jeune fille détache ses cheveux et les lisse le long de sa nuque pour se protéger des courants d’air. Un sourire en coin, elle regarde le valet, avant de lâcher sans cesser de sourire.

-« Je n’ai pas oublié le fouet. »
Une main qui se perd dans les mèches blondes du garçon, avant de planter son regard dans celui effrayé du valet.
-« Mais remercie le, je n’ai plus l’envie. Par contre, tu retrouveras la jeune femme, je veux savoir pourquoi elle était là, et si c’est pour l’aider, remercie la de ma part.»
La jeune fille pousse un soupir, puis glisse sa main dans celle du garçon, resserrant le châle sur les frêles épaules.
-« Tu me dois des explications, Cassian. Rentrons nous ? » La voix n’est pas sèche, juste lasse. Lasse de devoir se battre pour garder ceux qu’elle aime à ses côtés.
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Plume..
Cassian_darlezac
Lentement mais sûrement le petit blond avait rejoint la berge. A peine le temps de savourer son retour sur la terre ferme que déjà les bras salvateurs d’Aleanore l’accueillent. Pas même un regard adressé au pauvre valet, le garçon n’a d’yeux que pour l’Etincelle. Déjà le châle glisse, l’enveloppe et le réchauffe dans une odeur apaisante, alors que de ses mains il en resserre l’étreinte. Et la peur fait place au soulagement, elle semble aller bien. Un peu inquiète tout de même… Un énième sourire pour la rassurer et tenter de faire passer la pilule. Parce que bon il a toujours à l’esprit qu’elle est malade et qu’il vient de la forcer à venir faire une escapade dehors et sur terrain boueux. Un petit coup d’œil rapide sur les mules suivis d’une légère moue quand il s’aperçoit que celles-ci ont déjà virées au marron. Au petit blond d’effacer aussitôt son sourire pour se mettre à grelotter avec ferveur. Mieux valait attirer l’attention sur lui et paraître pitoyable. C’est qu’il ne voulait pas gâcher ses charmantes retrouvailles non plus, qui pour l’instant tournaient en sa faveur. Il avançait sur un terrain glissant –et ça il était d’ailleurs bien placé pour le savoir- aussi devait-il faire attention.

Le stratège semble efficace, d’autant que le gamin n’a pas besoin de forcer beaucoup le trait pour paraître frigorifié. Faut dire qu’il n’a pas très chaud non plus… Les premiers mots s’échappent de la bouche de sa protéger pour s’évanouir aussitôt. Elle s’agenouille, sous le regard surpris du gamin, qui trop heureux s’empresse d’aller se blottir contre elle. Il a déjà oublié l’eau, la boue, ne se rend pas vraiment compte non plus qu’il aurait pu y passer. Il se contente de savourer l’instant, la sécurité et la quiétude que lui procure cette étreinte. C’est qu’il est bel et bien orgueilleux le bonhomme et il aime être au cœur de toutes les attentions. Et sur ce point la jeune femme sait le combler. Voilà pourquoi, depuis quelques jours, une conclusion logique a pris place dans son esprit. Quand il sera grand, il se mariera avec Damoiselle Aleanore. Evidemment on ne peut pas dire qu’il y connaisse grand chose à l’amour notre petit Chevalier en goguette… Pas plus qu ‘en ce qui concerne le désir d’ailleurs. Tout ça il s’en moque éperdument. Non, tout ce qu’il lui importe c’est qu’il se sent bien à ses cotés. Il se contente de recevoir, sans rien demander de plus, et elle lui donne beaucoup. Alors même s’il y connaît rien, il sait qu’il en fasse de lui quelqu’un d’exceptionnelle.

Plusieurs fois il avait d’ailleurs entendu des murmures suite au passage de sa protégée, tantôt des domestiques, tantôt des villageois. Tous semblaient d’accord sur un point : elle était bigrement bien faite la nobliote. Et c’est entre deux blagues grivoises qu’ ils faisaient en chœur éloge de ses courbes harmonieuses, faisant fie du gamin. L’intrépide quant à lui se contentait de sourire naïvement, les confortant dans l’idée qu’il ne comprenait rien à leurs divagations. Il les laissait dire, après tout il s’en fiche royalement. Bien qu’il ne soit que presque grand, il a une longueur d’avance sur tout ces lourdauds. C’est sa pomme et pas la leur qu’elle a choisi pour la protéger !

Et la voilà qui se recule, mettant fin à ses réflexions, il redresse la tête. Des larmes, elle pleure... Bien que surpris le gamin ne lui posera pas de question, pas même un regard interrogatif. Il sait le môme qu’il y a de nombreuses raisons pour pleurer et si peu de mots pour les faire comprendre aux autres. Peut être est-elle juste toujours inquiète? Ca ne le regarde pas... Elle prend alors la parole, une allusion au fouet. Le gamin s’en fiche, même s’il sait qu’il en est sans doute responsable, c’est des histoires de grands tout ça. Seule une crainte point en lui, celle que maintenant il puisse se retrouver affublé d’ un valet en permanence collé à ses chausses. Puis Dame Parvatti est évoquée, il l’avait oublié. Elle semble aller bien et s’en être sorti également. Vient alors le temps où il va devoir rendre des comptes. Il hoche la tête. Il fait froid, il est mouillé, elle est malade. Il est temps de rentrer il s’expliquera ensuite. Vu l'état des mules et de la robe il faudra bien présenter la chose et il le sait. Le voilà donc qui enchaîne le pas à la demoiselle et la suit sur la route menant chez elle, chez eux…
Aleanore
Te souviens-tu l’Etincelle ? Il était un temps où tu te baladais dans les rues douces et chaudes de Limoges, sa main dans la tienne, le sourire en plus, le sourire à deux. Un temps où ta main et la sienne n’étaient qu’une, où ton cœur battait au rythme du sien, le temps où plus rien n’avait d’importance, ni les rumeurs sur votre passage, ni ce père entraperçu et reconnu sur un médaillon, ni ce bébé roux qu’on vous a présenté quand ta mère a épousé cet homme que tu appelles Papa. Te souviens-tu de son visage ? Te souviens-tu de ton Autre ? As-tu oublié la douleur et la couleur ? Miroir inversé, les noisettes toujours, les traits de celui qui se décèle sur ton médaillon, vestige d’un passé où ta mère riait.

Reviens l’Etincelle, reviens.. Et le frisson s’insinue sournoisement dans tout le corps fragile de la pâle jeune fille, qui ne comprend pas comment la vie a pu si vite changer sans l’attendre, sans lui faire comprendre. Sémur, l’automne froid de la Bourgogne, et dans sa main, celle d’un petit garçon, plus le même, des saphirs ont remplacé l’ambre. Elle le connaissait par cœur, celui là, elle va devoir l’apprendre. Repartir de zéro. Ce n’est pas son frère, ce n’est pas un frère. C’est.. Un sourire indulgent joue sur les lèvres qui virent déjà au violet. Elle n’a pas encore défini vraiment la place qu’il occupe dans son cœur, mais la jeune fille sait que le petit blond a une place assez importante. Et savoir qu’alors que sa mère lui a confiée, elle a failli le perdre, lui procure des sueurs froides telles qu’elle n’en a connu qu’en apprenant la blessure de sa Flamme.

Silence de plomb sur le retour, valet qui tend à se faire oublier, blondinet qui s’essaye au même stratagème et elle qui rumine ses frayeurs passées, jusqu’à ce qu’elle entende Clarisse hurler de joie en les voyant arriver, elle qui attendait sur le perron de l’hostel. Sourire en coin, sourire moqueur, on peut dire ce qu’on veut de la jolie blonde qui sert de gouvernante/camériste/dame de compagnie, mais elle est d’une fidélité à toute épreuve, rattrapant ainsi le peu d’intelligence dont elle fait preuve. Quand soudain, la joie sur le minois rose de la servante s’efface pour faire place à un dégoût profond, la jeune fille relève le nez et la fusille du regard de quel droit la regarde-t-elle comme cela ? Bien sur, qu’elle s’est quelque peu tâché les mains, et peut être un peu le bas de la robe, et .. Gémissement étouffé en constatant que non seulement sa robe est à jeter mais ses mules qu’elle chérissait pour leur couleur champagne délicieuse, sont elles aussi dans un état des plus déplorables.

Transformée en statue de sel, l’Alterac Junior, yeux exorbités, bouche entrouverte, souffle, haletante.

-« Mes… mes mules.. »

Le teint se fait plus pâle encore, et dans un tourbillon de jupons, elle se dirige vers les écuries d’un pas vif, martelant le pavé à qui mieux, mieux. Hélant un palefrenier et deux garçons d’écurie, elle montre le valet d’un doigt accusateur. Retour vers le petit groupe, la jeune fille attrape la main de Cassian et gravit les escaliers du perron, tandis qu’au dehors, les garçons d’écuries ont attrapé le valet pour lui faire son sort. Clarisse de suivre de son mieux, et de donner des ordres rapides pour qu’on fasse allumer les feux dans les cheminées, qu’on porte des couvertures, et surtout un bain pour la Damoiselle. Abandonnant le petit blond aux valets à son service, la jeune fille se laisse faire par sa servante, faisant résonner de ses quintes de toux redoublées la pièce où trône le baquet.

Comme elle aimerait pouvoir parler sérieusement avec lui, dans un cadre solennel, mais l’envie ne vient pas, ne peut pas, elle n’aspire qu’au sommeil réparateur et déjà, sa gorge la brûle. Emmitouflée dans une fourrure, dissimulant la simple robe d’intérieur fine, Aleanore se glisse dans le fauteuil devant la cheminée et pendant quelques instants, la jeune fille se perd dans la contemplation des flammes, avant que Clarisse ne la rappelle à ses devoirs.


-« Dis lui de venir, qu’on en finisse.. Pourquoi … »
-« Cette discussion pourrait attendre demain, le petit monsieur va bien et vous êtes malade. »
-« Cela n’attendra pas demain, va le chercher immédiatement. Je suis lasse de subir les folies de mes proches. »


Et déjà la voix suraigüe de la soubrette se fait entendre dans les couloirs tandis que la jeune fille s’étouffe dans une nouvelle quinte de toux, se mêle à ce vacarme typiquement féminin, les hurlements de douleur et les claquements de fouets qui résonnent dans la cour. La paix.. Est-ce si dur à obtenir ?


-« Ne peut-on le faire taire ? Clarisse ferme cette fenêtre pour l'amour du Ciel, on n'entend que lui ! »
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Plume..
Cassian_darlezac
Une seule obsession trottait dans la tête du môme tendit qu’il suivait docilement sa promise autoproclamée. Comment allait il faire pour dépeindre ce qui lui était arrivé, sans perdre toute sa crédibilité ? Il ne s’agissait pas d’élaborer un mensonge, non, juste d’arranger un peu le tout à sa sauce. Il n’était donc plus sur le point de se noyer mais tentait d’aider vaillamment Dame Parvatti à sortir de l’eau, celle ci ayant cru qu’il était en difficulté alors que pas du tout. Ou non… Ca n’allait pas, il faisait fausse route. On balaye le tout et on recommence, mais cette fois on garde à l’esprit qu'Aleanore s’est déplacée. Elle aussi elle a sa fierté la brunette, elle n’apprécierait sans doute pas d’apprendre qu’elle est venu pour rien. Sa bouillonne dans la petite cervelle blonde, les neurones sont en effervescence. Ca y est, il a trouvé ! Tout est de la faute du tout plein de poil et de la péronnelle. Lui n’est qu’une pauvre victime impuissante, voilà qui était bien pensé ! Si cette position n’est guère glorieuse au moins aura t-elle peut être l’intérêt de le protéger du courroux de la jeune femme. D’autant que ce n’est pas faux. Le poussin était bel et bien à l’origine du combat qui causa sa chute. La péronnelle avait alors accélérée la vitesse du courant, qui l’entraînait à son plus grand damne, puis y avait jeter Dame Parvatti. Alors une fois les poissons prit dans ses filets, elle avait décidée de les laisser mourir à petits flots la vilaine. Un sourire conclue ses réflexions, voilà qui fera son affaire. S’il espère que cette histoire sera vite oublié, pour l’instant elle lui semble parfaite. Et quand il sera Chevalier légendaire tout cela sera vite écrasé sous le poids de ses incommensurables victoires.

Silence méditatif troublé par un cris de joie, celui de Clarysse, l’intrépide redresse la tête. Les voilà accueillis par l’enthousiasme de la suivantes tout sourire. A moins que.. A bien y regarder elle ne sourit plus tellement là… Le regard du blondinet passe d’Aleanore à Clarysse, de Clarysse à Aleanore, quand l’inévitable arrive.

- « Mes… mes mules.. », ah ben oui pour être fichues, elles étaient belle et bien fichues… Cependant une fois n’est pas coutume, le gamin d’habitude si prompt à s’exprimer s’abstient de toute réflexion. Il regarde ses chausses à lui le môme mais pas pour les mêmes raisons…Un petit soupire de soulagement s’échappe de ses lèvres quand il voit la colère de l’Etincelle se retourner contre le valet. Il ne culpabilise pas pour autant le bonhomme. Si Aleanore considère que le domestique est coupable, il ne se permettra pas de remettre son jugement en question. Il sait être bien élevé quand il veut, sans compter qu’ à ses yeux l’Etincelle a toujours raison. Un peu comme sa défunte sœur, Edwynna aussi avait toujours raison. Relevant les autres ressemblances qui unissent les jeune femmes il se laisse entraîner à l’intérieur. Ce n’est que très rarement qu’il pense volontairement à sa sœur le presque grand. Jamais il n’en parle, tout juste s’il l’évoque. Il faut dire que la pilule n’est pas encore passée. Chaque fois qu’il y pense une boule lui obstrue la trachée et les larmes suivent. Les images aussi… Un ordre lancé par le père, ils devaient fuir. Alors il avait pris ses jambes à son cou. C’est quand il avait enfin osé lancé un regard par dessus son épaule qu’il avait compris. Elle était resté derrière, il l’avait laissé derrière… Elle aurait pu rencontrer Dame Marie elle aussi, elle aurait du. Sans doute se serait elle bien entendu avec Aleanore. N’était-elle pas toute les deux aussi pieuses, partageant un amour immodéré pour la lecture ? D’un geste las il envoie paître ses pensées macabre pour revenir dans le présent.

La brunette avait disparu le laissant entre les mains des domestiques. Des changes lui sont apportés, un bain proposé, poliment réfuté pour le bain, saisit dans un sourire pour les changes. Il ôte rapidement ses vêtements dégoulinant, s’essuie puis revêtit les secs. Un regard parcourt la salle, les azurs sont inquiets, quelque chose ne va pas. Petit moineau qui s’affole, de sa main il tapote son flan, n’y trouve rien. Son épée qui jamais ne le quitte n’est plus là. Que ce soit dans ses frusques trempée ou sur le sol, elle est nul part. Il l’a oublié dans l’eau, il le sait, la panique s’éveille en lui. Sans doute dérive t-elle encore sur la rivière, mais avec un peu de chance elle a pu être arrêté par quelques branchage,. C’est un cadeau de Dame Marie et, dusse t-il encore replonger dans l’Armençon, il doit la récupérer ! Sa décision est prise et c’est ce moment que choisit Clarysse pour entrer. Sa protégée l’attend. D’un simple signe de la tête il réfute l’invitation -qui n’en ai pas vraiment une d’ailleurs.


- « Je ne peux pas. J’ai oublié mon épée en bois dans l’eau, je vais la chercher ! » Petit blond qui tourne les talons et se dirige vers l’entrée. La dame de compagnie s’élance, lui barre vaillamment le passage avant de lui spécifier qu’il en est hors de question. Elle se répète : la demoiselle l’attend. Les deux volontés s’opposent quelques instant avant que le combat ne soit interrompu.


- « Ne peut-on le faire taire ? Clarisse ferme cette fenêtre pour l'amour du Ciel, on n'entend que lui ! » Voilà la Clarysse qui accourt continuant à fulminer, elle compte bien en avertir sa maîtresse. Deux temps, trois mouvement. La gouvernante est arrivée auprès de la demoiselle, le gamin à franchit les quelques mètres le séparant de la porte. Maintenant tout deux attendent la réaction de l’Etincelle. L’intrépide souhaitant s’assurer qu’elle est au courant avant de sortir alors que l’autre, en manque d’autorité, vient chercher ses ordres.
Aleanore
Vos paupières sont lourdes, très lourdes, trop lourdes. Vous avez envie de dormir. Et pourtant .. Les cris dehors continuent à résonner, berçant doucement la jeune fille qui dans l’attente de la venue du jeune garçon s’est assoupie. Soudain, la sieste improvisée est troublée par l’arrivée d’une Clarisse surexcitée qui déballe que le petit monsieur est prêt à partir de nouveau pour retrouver son épée.

Etonnant la capacité de réaction d’une adolescente même malade, les paupières s’ouvrent subitement, les doigts se sont crispés sur les accoudoirs du fauteuil. Retourner dehors, aller chercher une vulgaire épée en bois dans le froid, est-il fou ou veut-il la rendre folle ? La mine fatiguée a laissé place à un visage crispé, froid et hautain, la jeune fille s’extirpe du fauteuil, drape sa fourrure autour de ses épaules, et sans un regard à Clarisse, gagne le hall d’entrée, où après avoir jeté un regard agacé au blondinet, elle s’appuie sur la chambranle d’une porte.


-« Comptais-tu nous quitter Cassian ? J’ai demandé à te voir, il me semble.. »


Quinte de toux prolongée qui la force à se plier en deux, la blonde qui se jette sur elle pour l’aider, mais qu’importe à l’Alterac junior, qui ne voit plus que lui, cet enfant de quelques années qui lui tient tête et voudrait risquer sa vie pour un bout de bois. Silence de glace, la tête s’appuie à son tour contre le support solide que représente le mur, les yeux jaugent l’enfant. Finalement, la jeune fille se détache d’un coup de rein de son appui, pour regagner le salon, du repos, elle l’a mérité. Elle s’arrête avant de franchir le seuil de la pièce, les noisettes se portent sur l’intérieur, son fauteuil.. La cheminée, le sommeil réparateur, mais plus tard.


-« J’attends tes explications quant à ta présence dans l’Armançon. Si tu franchis cette porte avant cela, Cassian, alors j’en conclue que nous n’avons plus rien à nous dire puisque tu ne daignes pas tenir compte de mes sentiments, et que mes frayeurs t’importent peu. »


Veut-elle le faire grandir trop vite, veut-elle le faire souffrir autant qu’elle a souffert ? Elle ne sait pas, mais le voir sur le pas de cette porte prêt à la quitter discrètement, lui rappelle trop de départs, et l’Etincelle ne veut plus les subir passivement. Soupir las qui s’échappe des lèvres, la jeune fille regagne son fauteuil et s’y love en posant son regard sur les flammes, la sienne lui manque tellement.

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Plume..
Cassian_darlezac
Pas si patient que ça, le bonhomme qui lorgne la porte. Il piétine s’apprêtant à sortir une fois l’étincelle au courant de sa futur escapade. L’attente est vite troublée par les pas de celle-ci qui déjà annonce son arrivée. La voilà dans le hall d’entrée, statue de marbre qui peine cependant à rester droite. L’intrépide la regarde, c’est qu’elle n’a pas l’air très contente. Il s’apprête à se faire fustigé pour avoir oublié l’épée. Sans doute va t-elle lui ordonner d’aller la chercher dans l’instant, demander à un valet de l’accompagner… Et le verdict tombe entrecoupé d’une quinte de toux qui alarme le môme -pourtant bien agacé. Puis la demoiselle s’en repart illico presto ne lui laissant même pas le temps de répondre.

C’est avec une moue contrarié qu’il voit sa fourrure disparaître de l’entrebâillement. Le choix est difficile. D’un côté il y a le premier cadeau de Marie Alice auquel il apporte vraiment de l’importance et de l’autre Aleanore qu’il a promis de protéger et qu’il ne veut pas décevoir. Or là elle avoue avoir peur. Le gamin demeure septique ne voyant pas ce qui l’inquiète. Ne comprends t-elle pas qu’il faut qu’il aille récupérer son épée ? Il hésite demeurant devant la porte avant de faire volte face. Après tout il pouvait répondre rapidement à ses questions et aller rechercher aussitôt après. Il ne devait perdre de temps.

Le voilà donc qui rejoint le salon à vitesse grand V, avant de poster devant la jeune femme douillettement installer dans son fauteuil. Envolé son histoire épique, disparu le terrible combat imaginaire auquel il avait participé, évanouie la péronnelle. Il fallait aller droit au but. C’est qu’il est buté le petit blond et il n’hésite pas à défier la grande du regard, enfin pas trop non plus. Son but n’est pas de l’exaspérée encore plus, il veut juste lui faire comprendre que si ça ne tenait qu’à lui il serait déjà dehors. Il se résigne à lui obéir mais pas de gaieté de cœur. Alors une fois qu’il est sûr qu’elle l’a remarqué il se lance.


- « Voilà, je suis là. Si j'voulais sortir c’est à cause que j’ai oublié mon épée dans l’eau et qu’il faut que je vais la chercher maintenant. C’est un cadeau de Dame Marie Alice... Dans la précipitation les erreurs syntaxiques s’accumulent, il en a cure ne s’en rend même pas compte. Dernière phrase qui demeure en suspend, il se justifie avant de poursuivre. J’étais dans l’Armançon parce que j’ai glissé. Et je m’importe vraiment de vos frayeurs mais il n’y a pas de raisons, je vais faire gaffe hein ! Je peux aller chercher mon épée maintenant ? Je ferai vraiment attention, promis. »

Le gamin se répète pour s'assurer qu'elle a bien compris qu'elle est satisfaite. Pour un peu un soupire de lassitude pourrait s'échapper de ses lèvres. Est-ce une pointe d’insolence qui brille dans ton regard gamin ? Allons bon, as tu oublié ? C’est pas comme ça que va pouvoir l’amadouer ton étincelle. D’autant qu’elle vient de te faire comprendre qu’elle tenait à toi. Aller un sourire suppliant pour couronner et adoucir le tout. Ne reste plus qu’à attendre la réponse.
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