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[RP] Onagre, une vie... Un destin !

Lylla


[Reims...]

Voilà de nombreux jours que Lylla se trouvait à Reims, sa visite dans la capitale n'était pas anodine mais bien peu en connaissait les raisons précises.

Elle revenait du marché et se trouvait dans leur chambre quand quelques coup furent frappés à la porte qu'elle alla ouvrir. La plus jeune des filles de l'aubergiste, se tenait devant elle, les joues fortement rougies .

Un pli est arrivé pour vous par coursier spécial Dame, on m'a chargé de vous le remettre. Lylla n'eut même pas le temps de la remercier que la petite sauterelle était partie en courant.

Refermant la porte, Lylla regarda le sceau qui scellait la missive... Il y avait longtemps que courrier pareillement frappé ne lui avait été remis. Une soudaine inquiétude s'empara de la jeune femme. C'est d'un doigt nerveux qu'elle brisa le scel de cire et déplia la lettre. Ce qu'elle y lut ne fut pas fait pour calmer son angoisse. Voilà que l'intendant de son mentor la sommait de venir au plus vite... Une boule de peur vint soudain se loger dans sa poitrine, oppressant sa respiration. Les mauvaises nouvelles ne cessaient d'affluer des derniers temps.
Non l'histoire ne pouvait se répéter, ce n'était pas possible, pas celui qui avait guidé ses pas, il fallait conjurer le mauvais sort qui s'abattait sur les êtres qu'elle aimait.

La si grande inquiétude qui troublait son cœur lui fit boucler ses affaires en moins de temps qu'il n'en fallut pour le dire. Après une dernière conversation avec une personne chère à son coeur, Lylla gagna les écuries où sa jument l'attendait, sellé comme à sa demande. Se mettant prestement en selle, elles gagnèrent la sortie de la ville, où passé la herse, femme et bête s'élancèrent au galop vers Brienne et la seigneurie de son mentor.


[ Terres de Petit-Mesnil...Par une froide journée d'Octobre]

Le jour se levait à peine en cette fin octobre quand la cavalière arriva en vue des terres d'Onagre.
Toute la nuit elle avait galopé, ne s'arrêtant que le temps de laisser reposer sa monture, n'écoutant pas son propre corps qui réclamait une once de repos, mais simplement cette voix qui au fond d'elle la pressait d'aller toujours plus vite. Dans le silence sourd du petit matin la jeune femme avait ralenti sa monture pour remonter l'allée principale. On aurait dit que tout ici dormait encore, l'absence de bruit se faisait pesante... Ses oreilles bourdonnaient désagréablement et sa sensation de malaise n'allait quand s'accentuant. Sans bien savoir comment, elle laissa sa jument entre les mains du premier palefrenier qui se présenta, sans même remarquer que celui ci gardait la tête étrangement basse. Ses yeux restaient fixé sur l'imposante porte en chêne vers laquelle elle se dirigeait.
Elle gravissait les marches du perron quand cette même porte s'ouvrit sans le moindre grincement sur l'intendant du domaine qu'elle n'avait eu l'occasion de croiser qu'une seule et unique fois.


Bonjour Dame Lylla, et merci d'avoir répondu si vite à ma demande. Suivez moi je vous prie, je vous attendais.

La gorge de la jeune femme était si serrée qu'aucun son ne franchissait ses lèvres. Pourtant mille questions tournoyaient dans sa tête, où était son ami ? Pourquoi cette urgence dans la lettre reçue ? En quel honneur l'intendant avait il guetter sa venue ? Le cœur féminin s'emballait, ses tempes raisonnant à ses oreilles alors qu'elle emboitait le pas de l'homme vers le petit salon où aimait à recevoir l'hôte de ce lieu. L'attendait il ?... Son espoir fut de courte durée quand elle constata que la pièce était vide et aussi silencieuse que le reste de la maisonnée.

Lylla savait que depuis plusieurs mois son ami et mentor c'était retiré sur ses terres, y cherchant refuge après le dégout suscitait par la nouvelle société troyenne, partageant son temps entre le domaine de Brienne et la paroisse où il recevait des soins et aimait discuter théologie. Certes Il n'était plus de la prime jeunesse mais à aucun moment pourtant durant leurs échanges, Onagre ne lui avait laissé entendre que sa santé est pu s'affaiblir.
De plus en plus perdue, comme abrutie par le situation présente, Lylla pris place dans le fauteuil que lui désignait l'intendant, redoutant les mots qui allaient suivre.

L'intendant,debout à quelques pas d'elle, impassible et digne, à l'image de son maître, prit alors la parole.


Dame Lylla, Messire Onagre s'est éteint... Sachez qu'il n'a voulut personne à ses côtés durant ses dernières heures. Il a par contre souhaité que vous soyez la première informée de son décès, me demandant de vous remettre personnellement ces objets et cette lettre en main propre.

Des larmes vint couler doucement sur les joues féminines alors que Lylla portait son poing à sa bouche pour étouffer le cri muet qui obstruait sa gorge. Ainsi c'était donc vrai.... Ses pires craintes se voyaient vérifié... Un immense vide se faisait soudain en elle la laissant comme pétrifié, elle regarda l'intendant d'un air absent et pris le bâton et le carnet reliait de cuir sombre qu'il lui tendait, ainsi qu'une lettre qui accompagnait le tout.

Lylla essuya du bout de ses doigts les perles salines que ses yeux ne cessaient de déverser pour ne point souiller le vélin où apparaissait son nom traçait à la plume.


Messire Onagre a aussi spécifie que vous deviez vous attendre à avoir des nouvelles de son avocat, pour l'ouverture de son testament.

C'est à peine si elle entendit la dernière phrase que prononçât l'intendant avant de quitter la pièce.
Indifférente à ce qui l'entourait, les doigts tremblant, la jeune femme ouvrit la dernière lettre de son ami. La vue de l'écriture de celui qui avait toujours été à ses côtés lui arracha de nouvelles larmes dès les premiers mots...


Citation:
Très chère Lylla,

Je t’écris aujourd’hui pour te faire part de certaines choses, joyeuses ou tristes.
Tout d’abord, l’événement ayant mené à la lecture de cette lettre n’est probablement pas le plus joyeux qui puisse être. Pourtant, tu le savais, nous devions bien en arriver là un jour. Cependant, ne pense surtout pas que ce soit une terrible chose. Tu sais tout comme moi que l’époque actuelle ne me convenait guère. Je restais ancré dans le passé et ne parvenais à accepter les nouvelles générations. Ceci m’aura évité encore de longues années de consternation.

Si je t’écris, c’est que je veux te parler Lylla. Je voudrais que tu restes la belle jeune femme que j’ai connue. Que tu continues à grandir, à progresser comme tu l’as si bien fait jusqu’ici. Reste sûr de toi, affirme tes positions et ne crains jamais d’affronter qui que ce soit. Rappel toi mes effronteries face au Grand Maître de France feu Juju Di Juliani. Tu dois rester entière et suivre tes convictions. Mais pour ceci, toujours, reste rationnelle, posée et objective. Ne crains pas de prendre le temps nécessaire à l’évaluation de toute situation. La réflexion et la raison seront tes meilleures guides.

Te concernant, j’ai choisi de te léguer un certain nombre de choses m’appartenant. Une partie diverse et varié de mes biens, qui, je l’espère pourra t’être utile. Parmi ces biens, je tiens à mettre en lumière un petit carnet à la reliure de cuir. Aucun titre n’y est inscrit. Pourtant, tu y trouveras l’histoire de ma vie. J’espère que tu te laisseras tenter à sa lecture et que tu y trouveras un quelconque intérêt.

Pour ce qui est de mon domaine, ce si joli domaine qui me fut si généreusement confié par les Wagner en signe de reconnaissance, celui-ci va être à présent bien vide. Ce domaine était pour moi un lien d’attachement aux Wagner, mais également un véritable havre de paix à l’abri des importuns. Le Très-Haut sait combien ils sont nombreux aujourd’hui. Mais je ne m’en fais guère. Car j’ai un dernier dessein pour ce beau domaine du Petit-Mesnil et je pressent que ce dessein est bon.

À présent, il est temps pour moi de te dire adieu. Une dernière fois.

Au revoir Lylla, ta présence dans ma vie aura été une bénédiction. Tu auras éclairé mes derniers pas et prodigué une joie immense à ma dernière ballade.

Au revoir Lylla,

Onagre…

De gros sanglots secouaient sa poitrine arrivé à la fin de la lettre, de ce dernier moment passé en sa compagnie. Devant ses yeux noyés de larmes brulantes se promenait le visage souriant de son ami..

A partir d'aujourd'hui la petite étoile n'aurait plus aucun soleil pour accompagner sa course...


(Avertissement : ce RP est strictement privé, merci de ne faire aucune intervention. Si toutefois cette consigne n’était pas suivie, tout message indésirable serait supprimé. Merci de votre compréhension.

NB de LDJ Onagre : le lecteur s’en apercevra peut-être, certains pseudonymes de personnages ont été modifiés. Il ne s’agit pas de masquer tel ou tel personnage, mais d’adapter les pseudonymes au RP. En effet, selon ma propre conception du RP, un pseudonyme comme Killer85 fait tache. Voici donc la raison de ces quelques modifications.)



Lylla


C'est complètement effondrée que Lylla avait quitté les terres de Petit Mesnil. Le décès de son ami et mentor, la laissé telle une orpheline dans ce monde où elle avait l'impression de se noyer. Tant de choses changées si brusquement ces derniers temps...

Repensant au dernier courrier que lui avait laissé Onagre, la jeune femme avait relevé le menton, fière comme il aurait aimé qu'elle le soit et plantait son regard sur l'horizon. D'un côté, Troyes de l'autre Reims... Les deux villes l'appelaient, chaque pour des raisons différentes. Remettant de l'ordre dans ses pensées, elle avait flatté doucement l'encolure de sa jument, avant de prendre la direction de la ville qui l'avait naitre. Les remparts de Troyes se profilaient au loin, l'esprit de la cavalière fonctionnait à vive allure, il allait lui falloir mettre de l'ordre dans ses affaires, aller embrasser son petit garçon et le serrer dans ses bras, fermer sa maison, préparer ses bagages... Elle aurait du pain sur la planche avant de repartir vers Reims où un homme et une mairie l'attendait.

Mais ce jour là rien ne devait ce passer comme prévu. Alors que ses affaires étaient bouclé et après avoir embrasser son fils sur le seuil de leur maison, la blondinette avait prit la route. Quelques lieux avaient à peine été parcouru que son palefrenier les rejoignait à telle allure qu'on eu pu croire qu'il avait le Sans Nom aux trousses. Ce n'en était guère loin. Sa demeure avait été attaquée, pillée, incendiée, mais plus grave que tout, son fils avait été blessé !

[De longues heures s'étaient écoulé dans le sablier du temps.]

A l'hospice où on les avait conduit, le verdict du médicastre était tombé, Kylian n'avait aucune blessure apparente mais son esprit refusait de s'ouvrir à la vie. Il était là petit ange fragile dans ce lit si grand.
La veille, elle avait fait partir des courriers pour s'excuser auprès des Reimois de son absences aux futures élections municipales et un pli bien plus tendre et personnel à celui qui devait s'inquiéter de son absence.
La nuit s'était écouler et un nouveau jour ce levait à présent.
Lylla faisait les cent pas dans la chambre, quand son regard se posa sur la table. De sa besace entrouverte dépassait la couverte de cuir sombre du carnet que lui avait fait remettre Onagre. S'en approchant elle s'en saisit délicatement, ses doigts glissaient sur la peau caressant le travail de l'artisant, appréciant le grain qui roulait sous la pulpe de ses doigts.

Posément, alors que son cœur battait la chamade, la jeune femme tira le fauteuil, le positionna entre la fenêtre où elle espérait voir apparaître à tout instant un pigeon venant de Reims et le lit où reposait le trésor de sa vie. Une fois confortablement installer. Avec une émotion qui était grande, elle ouvrit le manuscrit. Dès les premières lignes l'écriture d'Onagre y était reconnaissable, alors d'une voix douce et posée, Lylla en entreprit la lecture, aussi bien pour bercé son fils du son mélodieux de sa voix, que pour s'instruire de la vie de son ami et y puiser la force et le courage qu'il savait si bien lui transmettre. Sa voix s'éleva doucement dans le silence de la chambre...

Citation:
Je m’apprête ici à écrire ce qui sera la dernière œuvre de ma longue vie. Trop longue faut-il croire, puisque la fin qui approche est périodiquement jalonnée d’une âpre mélancolie. Mais que traduit-elle ? Divers sentiments. Regret, amertume et mépris. Le regret d’une jeunesse et d’une époque qui se sont envolées. L’amertume d’une société qui a changé. Le mépris du monstre qui en naquit, aberration de la nature.
Mais n’allons pas croire que toute joie a quitté mon cœur. Il y en a encore. Le plaisir que mes souvenirs suscitent, les joies que le présent me donne, si généreusement, au travers des heures passées auprès de vieux amis, ou, confortablement installé pour la lecture d’écrits anciens aux illustres noms.
Pourtant, je dois admettre qu’il m’est aujourd’hui plus difficile de sourire. La perte du dernier Grand m’a beaucoup affectée. Mais il est encore trop tôt pour en parler. Il nous faut pour le moment revenir à ce jour qui me berça de ses rayons d’amour, il y a de cela bon nombre d’années…

Enfance et départ vers Troyes

Je naquis en Champagne, dans la belle ville de Conflans-les-Sens, il y a de cela quelques quatre-vingt années. En ce temps, Conflans-les-Sens n’était que faiblement peuplé et la vie y était monotone. Je ne connus guère père et mère. Les souvenirs de mon enfance sont aujourd’hui diffus et très tôt je fus confié aux ecclésiastiques de notre paroisse pour y suivre l’enseignement religieux. Est-ce de cette époque que vînt mon malin plaisir à offenser la piété ? Je ne puis le dire avec assurance, mais une chose est sûre, ces années religieuses n’y furent pas étrangères.

Dans l’enseignement qui me fut donné, on m’apprit à apprécier les espèces de la nature, espèces que le Très-Haut nous offrait dans sa grande bonté. Pour ma part je me mis à apprécier ces espèces pour ce qu’elles étaient et ce, sans aucune arrière pensée religieuse. S’en rendant compte, les paroissiaux qui à mon accueil souhaitaient faire de ma personne un des leurs, furent heureux de me découvrir intéressé par un domaine particulier. Eux qui désespéraient de me voir dériver vers les écueils libertins des athées. Malgré la vie dure que je leur fis mener, ils n’avaient jamais levé la main sur moi, se contentant de réprimander durement mon âme par des paroles non moins tendres. Néanmoins, ceux-ci ne se doutaient pas encore des impressions que les Sciences laisseraient sur ma personne. Celles-ci ne cessant de conforter mon aversion face à la religion.
À ceci, je me dois de nuancer mes paroles, car c’est davantage par provocation que par réelle impiété que je remis en doute toute ma vie les biens faits du Très-Haut. J’étais en effet, et tout paradoxal que ce soit, passionné par la théologie et extrêmement reconnaissant à la religion des enseignements qu’elle fournissait aux jeunes gens. Encore plus reconnaissant étaient mes égards à l’intention des écrits religieux, sources inépuisables pour les Lettres.

C’est ainsi qu’à l’approche de mon adolescence, l’on cessa de me former aux ordres pour me diriger vers la médecine. Un vieil homme pensionné à notre paroisse m’enseigna la chose, de même que plusieurs religieux.
Je ne sortais que rarement de cette retraite, mes seules curiosités suffisant à être assouvies au sein de l’enclos paroissial. De temps à autre je rendais visite à père et mère, mais aussi étrange que cela puisse paraître, je n’en ressentais pas de véritable besoin, m’étant habitué à grandir sans eux.
Les études médicales durèrent quelques années. Je fis mes premières armes auprès de vagabonds nécessiteux et mes notions d’anatomie se parfirent sur les corps sans vie. Bien entendu, ceci était contraire à l’enseignement de notre paroisse et, durant ces années, je crains toujours d’être découvert. Mais ce ne fut jamais le cas.

Peu après, alors âgé de quelque vingt années, je décidais de tout quitter, c’est-à-dire presque rien. Père et mère n’étaient plus, la raison de leur décès me restait inconnue. On me parla de réminiscences de la peste en campagne, mais jamais je ne vis les corps.
La vie à Conflans-les-Sens m’avait toujours été agréable, mais il ne s’y passait alors que très peu de chose. Les échos de la vieille Troyes, non loin de Conflans, étaient quant à eux palpitant. Bien plus peuplée, la ville était décrite à l’image d’une véritable fourmilière, foisonnante de vie. Ainsi, sans trop y réfléchir, ma décision fut prise. Troyes allait s’ouvrir à moi et à mon avenir…


Lylla s'arrêta... Elle venait de réalisait que son ami était Conflandais.... Elle qui l'avait toujours cru Troyen.... Décidément à croire que les hommes de Conflans exerçaient chez elle une certaine attirance !

Elle se leva pour aller se servir un gobelet d'eau, sa gorge altérée par la lecture. Elle chercha ensuite dans son havresac, un morceau de parchemin où un cœur était dessiné et qui ne l'a quitté plus puis le glissa entre les pages du livre.

Posant le carnet sur la table, elle regarda tendrement son fils qui n'avait toujours pas bougé, puis serrant frileusement ses bras autour de sa poitrine, Lylla s'approcha de la fenêtre pour profiter du moindre rayon de soleil, son regard perdu vers le jardin qui ceinturait l'hospice tout en réfléchissant à cette étrange coïncidence.









--Lylla





[Un nouveau matin...]

Une longue nuit venait de s'écouler. Le sommeil de Kylian avait été agité sans cesse il avait remuer sa petite frimousse d'un côté à l'autre, marmonnant quelques sons incompréhensibles avant de replonger dans l'inertie qui l'enveloppait. Longtemps Lylla avait bassiné son front, essuyant à l'aide d'un linge humidifié à l'eau fraîche, les petites perles de sueur qui venaient le recouvrir.
Une larme perla à ses cils, que sa mère essuya du bout des doigts, inquiète de ne pas savoir ce qui pouvait à ce point tourmenter son fils, le plongeant dans ce si long silence.
Tendrement, pour tenter de l'apaiser, elle fredonner tout doucement la même berceuse qu'elle lui chantait depuis sa naissance. Et lentement l'enfant se calma...

Il y avait longtemps que la bougie avait finie de se consumer, seul l'âtre où rougeoyaient encore les braises qui réchauffaient la pièce et les rayons de lune pénétrant par la croisée apporté une pale lueur blanchâtre à la chambre désormais silencieuse. L'inquiétude qui avait gagné la jeune mère avait fait fuir le sommeil qui avait déjà tendance à déserter ces nuits dernièrement. Aussi abandonnant la couche de l'enfant pour ne pas le déranger, Lylla s'enveloppa dans une grosse couverture de laine, tira le fauteuil au plus près du lit et s'y installa, allongeant ses jambes sur la paillasse et calant son dos avec un coussin. Le coude appuyé sur le bras du siège supportait sa tête qu'elle avait posé dans sa main.

Dans le calme revenu et la solitude de l'instant, son esprit remonta le temps... Les circonstances d'une rencontre renaissaient sous ses paupières closes. Tout revenait à sa mémoire, les moments de partage, la douce tendresse dont il avait si bien su l'entourait, les échanges d'opinions concernant leur travail, les émotions qui se faisaient jour lentement, l'émoi qui avait été le sien à l'évocation d'un futur commun, les joies intimement partager comme les tristesses qu'ils s'étaient mutuellement confier, les sourires, les rires, cette complicité faite de petits mots connus d'eux seuls, la chaleur de deux mains qui se frôlent et du premier baiser échangé... Tout ces instants partageaient tournés sans fin dans sa tête, son rire raisonnait à son oreille, tout comme les mises en garde et les mots d'amour.
Celui qui pouvait être un démon avait su lui faire découvrir des trésors de tendresse et elle se refusait à croire que cet homme là est pu disparaître du jour au lendemain.
Elle savait qu'une relation durable devait être construite sur des sentiments profonds et solides, jamais elle ne pourrait mettre en doute la véracité et la sincérité de ces moments là.
Alors qu'elle sentait un profond sentiment de solitude venir enserrer son cœur de ses mâchoires acérées, un souvenir encore plus ancien remonta à la surface.
Une ravissante jeune femme posait son index sous son menton et relevait son visage en lui souriant.

Ne baisse jamais la tête Lylla, reste fière d'être toi même...
[i]

Sans même s'en rendre compte, alors que l'aube commençait à se lever sur une plaine voilée d'une ombre d'humide rosée, la blondinette se redressa légèrement, releva la tête dans un geste emplie de cette fierté qu'elle avait en grande partie abandonnée. Non ne pas baisser la tête !
L'épouse de son filleul avait raison. N'était elle pas aujourd'hui marié à l'homme qu'elle aimait profondément et n'allait elle pas mettre au monde le fruit de cet amour, la preuve vivante de l'union de leurs cœurs et de leurs âmes...

Y aurait il au monde une chose plus belle que la naissance d'un enfant exceptionnel, porteur de la douceur de l'une et du savoir de l'autre...

Abandonnant son cocon de chaleur, Lylla se leva et dans la lumière matinale s'empara de tout les parchemin qu'elle lui destinait, se dirigeant vers le foyer de la cheminée, elle prit le fer, atisa les braises et remis une belle belle dans l'âtre. Le feu reparti aussitôt, ses langues brulantes apportant leurs baisers mortel au bois sec qui s'enflammait. Elle resta un moment immobile à regarder se ballets ondulant puis un à un alimenta la flambée de ses écrits. Lentement tout partait en fumée...

Il savait où elle était, quelle peine l'affligeait, inutile de se morfondre à présent, elle avait une vie à vivre, un enfant à sauver... Maintes fois elle lui avait donné preuves et signes des sentiments qui l'animaient, si comme elle le pressentait cet amour était partagé, il trouverait le moyen de lui faire savoir qu'elle était dans ses pensées. Elle lui ferait confiance, elle aurait foi en la vie qu'elle allait devoir dérouler devant elle. Au cœur de cette nuit, une femme venait de retrouver sa fierté, ce serait désormais à lui de venir à elle s'il l'aimait.

Trois coups frappés à la porte et l'arrivée de la petite servante portant un plateau plaisamment garni, vint chassé ses dernières réflexions.[i]

Bonjour Ninon.[i]
Un nouveau sourire illuminait son visage, révélant un air de madone malgré les cernes des nuits sans sommeil qui soulignaient ses yeux et ses joues qui s'étaient légèrement creusées. Son fils plus que jamais avait besoin d'elle.



--Lylla





Encore une journée qui s'écoulait avec une lenteur désespéré dans le sablier du temps. Tel les minuscules grains de sable qui tombaient lentement les uns sur les autres, les minutes s'égrenaient pour devenir des heures, et la course de l'astre solaire qu'étreignaient la moutonneuse masse nuageuse, rythmait de sa lumière cet enchainement. Ainsi se formaient les jours, qui comme les perles d'un collier s'accolaient les uns aux autres.

Recluse dans la chambre de son fils, la jeune femme ne voyait d'autres visages, que ceux devenus familiers du personnel de l'office. Et encore, ils remplissaient leur tache avec une extrême discrétion. Le medicastre qui suivait l'enfant se voulait rassurant, mais Lylla ne pouvait s'empêcher d'éprouver une colère devant le Très Haut à voir son fils ainsi retranché du monde alors qu'il devrait être en train de courir parmi les feuilles mortes et une certaine lassitude commençait à la gagner à vivre ainsi coupé de tout et de tous.

Heureusement que la lecture lui offrait une ouverture sur l'extérieur, l'entrainant dans d'autre vies, d'autres lieux, d'autres temps. Elle prit le petit carnet de cuir sur la table et s'installa sur le lit, tout à côtés de Kylian, elle prit sa petite main dans la sienne et le recueil dans l'autre main commença la lecture.
Citation:


L’inconnu…

Ainsi s’écoulèrent des heures difficiles. Heureusement, la solidarité Troyenne permit de subvenir aux besoins des plus nécessiteux et bientôt, la crise passa d’elle-même. Pour ma part, mon expérience en matière de politique et de débat ne cessait d’augmenter à tel point qu’un jour, me vînt l’idée d’aller voir ce qui se passait au conseil ducal. Jusqu’alors je ne m’étais point préoccupé des affaires de nos dirigeants, les travers de ma petite vie me suffisant amplement. Cependant, l’intérêt qui devait advenir pour la « grande politique » se présenta logiquement à mes yeux. En effet, comment ne pas s’apercevoir de sa nécessité ? De son implication dans la vie de tous les jours ? Fréquentant les divers maires de Troyes, leurs conseillers, mon jeune esprit s’aperçut qu’une institution supérieure nous gouvernait, gérait notre quotidien. N’allons pas croire que ceci ne m’était point parvenu auparavant ! Je concède avoir été en ce temps un être peu expérimenté, peut-être naïf, mais point idiot. Ainsi, un beau jour, j’entrepris d’aller voir les « Grands » qui dirigeaient notre Duché. C’est comme cela que mon entrée en gargote champenoise se fit. Et qu’elle fut ma surprise, lorsque pour la première fois j'eus l’honneur de rencontrer un univers foisonnant de vie ! Troyes paraissait bien dérisoire à côté et c’est ce qui contribua, j’en suis aujourd’hui convaincu, à me désintéresser peu à peu de la politique municipale. Celle-ci n’était pas pour autant une politique subalterne ou de bas étage. La vie municipale portait un grand intérêt ! En est l’exemple du conseil des maires, qui à ses heures glorieuses sera d’un grand poids dans la balance politique du duché. Mais pour ma part, la gargote revêtait un nouvel intérêt. Tout était si nouveau, je pouvais alors voir le véritable centre de décision. Et quelles décisions étaient sur le point de se prendre à ce moment-là ? Tout semblait pourtant être porté sur la bonne entente et la fête. En effet, à cette époque se déroulèrent les joutes ducales. De nombreux participants y affluaient, chacun désireux de montrer sa valeur. Les combats faisaient rage, le sang étant parfois à déplorer, mais jamais les trépas. Les dignes combattants n’étaient pas là pour priver le Duché de son élite, mais tout bonnement pour démontrer leur courage.

Assistant à divers combats, l’un d’entre eux fut des plus singuliers. Celui-ci opposait un dénommé Jarkov à un homme dont le visage était resté pour le moment inconnu de tous. Au premier abord, il s’agissait tout simplement d’un inconnu, probablement un badaud qui n’irait guère loin dans le tournoi. Pourtant, celui-ci se retrouva à affronter le grand Jarkov, Breton mythique qui se fit connaître pour son œuvre politique et religieuse, mais également pour sa liaison avec Tsarine, Duchesse de Champagne à cette époque. Comment un inconnu, que tout le monde assurait perdant, avait pu se hisser à ce sommet de la compétition face au combattant qu’était Jarkov ? De la réponse à cette question allait bientôt découler de grands bouleversements…


Kylian remuait à ses côtés. Lylla referma le livre pour le bercer dans ses bras, se demandant de qui Onagre pouvait bien parler....





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