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[RP - Mort d'Erel] Au revoir, à jamais

Gnia
RP suivant la mort d'Erel durant les affrontements de la nuit du 31 octobre au 1er novembre.
Décor : l'Ostau Dénéré - Saint Just, à Tarbes.
Ouvert à tous ceux qui veulent participer à la veillée funèbre, aussitôt que Gnia aura fait partir les missives annonçant sa mort, que la nouvelle se sera répandue et que le corps aura été ramené.
Merci à tous et bon jeu à tous.



Agnès, courbée sur sa monture, aveuglée par le chagrin, parcourut au galop le court trajet entre la tente d'infirmerie dans le camp de l'armée Iunctis Viribus, sous les remparts de Tarbes, et les portes de la ville.
Une fois, patte blanche montrée aux guetteurs qui gardaient les lourdes portes, elle s'engagea à toute allure dans les ruelles de la cité, manquant de renverser à plusieurs reprises de pauvres passants.

Le cheval stoppa sa course effrénée dans un nuage de poussière au milieu de la cour. La vicomtesse mit pied à terre et tout en avançant d'un pas rapide vers la porte principale, elle lança un cri d'alarme à destination de l'ensemble de la maisonnée.


Dénéré ! Saint Just ! A moi ! Le maître est mort ! Tous à la grand' salle ! Immédiatement !

Elle passait à peine le pas de la porte que déjà certains s'affairaient à rejoindre en désordre la salle de réception de l'ostau. Agnès entra et s'avança vers l'immense cheminée. Elle s'appuya un instant sur le manteau, le contact froid de la pierre sur son front lui permettant de reprendre ses esprits.
Toussotements gênés et raclements de chausses sur le plancher la ramenèrent au moment présent.
Ses yeux à l'azur si sombre, presque noir en cet instant, détaillèrent l'ensemble de la mesnie rassemblée devant elle, famille et domesticité. Elle perçut les regards incrédules, l'inquiétude, pour certains déjà, la tristesse.

Profond soupir avant de prendre la parole. La voix trembla mais ne faiblit pas.


La nuit dernière, notre époux, le maître de la maison De Dénéré de Saint Just est tombé au combat, mortellement blessé par l'ennemi qui infecte notre comté.
Sa dépouille ne saurait rester à la tente d'infirmerie au camp de l'armée Iunctis Viribus où il a rendu son dernier soupir dans nos bras. Je vous mande de ramener le corps de mon époux sous son toit.


Moment de silence, tandis que la nouvelle se fraya un chemin dans les esprits. Puis quelques hommes sur un signe de Georges, l'intendant, sortirent sans plus attendre, obéissant aux ordres.


A partir de cet instant, nous sommes en deuil. Que les oriflammes et blasons de la maison soient immédiatement mis en berne. Qu'aucun rire ne résonne plus en ses murs durant 30 jours.


D'un signe de tête, elle fit comprendre à la petite assemblée qu'elle en avait terminé, pour l'heure. Georges s'approcha, il savait qu'il allait y avoir encore à faire.

Georges, apportez de quoi écrire, je vous prie...


Le vieil homme s'empressa, tirant d'un coffre, parchemins, plume, encrier et cire à cacheter et déposa le tout sur un écritoire près de l'une des fenêtres. Agnès s'installa dans l'alcôve et le front barré d'un pli soucieux, elle s'attela à répandre la funeste nouvelle.

Un silence de plomb s'abattit sur la maisonnée, ponctué dans la grand salle uniquement par le crissement de la plume sur le parchemin.
Le vieux Georges se tenait debout non loin de sa maîtresse, reniflant de temps à autre.

La vicomtesse releva enfin la tête et se tournant vers lui, lui confia un paquet de plis dûment cachetés à faire porter à leurs destinataires.
Arielle, la soeur d'Erel, Deedlitt, leur suzeraine, Ombeline, Puylaurens, Maltea, leur vassaux, Dotch, restée à Pau, autant de gens qu'elle voulait prévenir à l'instant, avec qui partager la douleur.
Viendrait ensuite le temps de prévenir ceux auxquels elle n'avait pas pensé et la hérauderie.
De toutes façons, la nouvelle en Béarn allait se répandre aussi vite que la rumeur et bientôt l'ostau abriterait les lamentations de ceux qui viendraient pleurer l'être cher disparu.


Georges, payer le prix qu'il faudra mais trouvez des coursiers prêts à braver l'insécurité des routes et faites moi porter en toute diligence ces plis.
Je me retire en mes appartements. Je n'y suis que pour mes proches.


Elle en rêvait à présent de quitter son équipement de guerre, de laver l'odeur du sang et de la mort, de les faire disparaitre, si cela s'avérait possible. Elle n'aspirait qu'au calme et au silence.
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Melina
Mélina avait recu un jour pour revenir chez elle et voir ses enfants. Ce jour n'allait pas être des plus amusant. Elle avait entendu l'appel à la grande salle. Mélina remis la petite Heka qui se tenait fortement à elle , embrassa sur le front ses trois enfants et laissa la charge à son fils Redsen pour les surveiller, il commençait à bien maturer.

Mélina quitta ses quartiers pour se rendre au rendez-vous. Elle ne savait que pensée, mais ce fut qu'une fois à l'intérieur que Mel vit la tension palpable de la salle. Puis voyant sa dame, elle compris que quelques choses c'était passé au champ de bataille.



La nuit dernière, notre époux, le maître de la maison De Dénéré de Saint Just est tombé au combat, mortellement blessé par l'ennemi qui infecte notre comté.
Sa dépouille ne saurait rester à la tente d'infirmerie au camp de l'armée Iunctis Viribus où il a rendu son dernier soupir dans nos bras. Je vous mande de ramener le corps de mon époux sous son toit.


Mel resta figer, ayant elle même perdu son époux elle ne pouvait que comprendre la peine incroyable que dame Gnia vivait en ce moment même. Mais elle savait aussi qu'elle se devait forte pour elle.



A partir de cet instant, nous sommes en deuil. Que les oriflammes et blasons de la maison soient immédiatement mis en berne. Qu'aucun rire ne résonne plus en ses murs durant 30 jours.


Mélina pensa aux enfants, comment eux allait prendre la nouvelle? Ils avaient déjà perdu leur père, maintenant, Sire Érel...Mel resta dans ses pensées pendant que la maisonnée alla vaquer au ordre de Gnia. Elle resta là encore sous le choc avec le regard fixe sur la nouvelle veuve. Elle resta encore là lorsque celle ci quittait la pièce pour se retirer. Mais elle ne put s'empêcher de la suivre en silence.

- Dame Gnia je suis désolé mais sachez que je serai là pour vous. Peu importe ce que vous aurez besoin. Je ne comprends que trop votre chagrin.

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Mélina Avis-Bragança
Dotch
[Pau - 1er novembre]

A Pau, la Commissaire aux mines avait élu domicile dans une auberge depuis son retour de Tarbes. Depuis les menaces oppressantes sur Pau, Dotch patrouillait avec son capitaine. Le pauvre homme, avait reçu des coups pendant la tentative de révolte dans la nuit du 30 au 31 octobre. Le principal était que la révolte est été repoussée.

En fin d'après-midi, Dotch se prépara pour aller affronter le grand froid. Elle enfila son pantalon qu'elle utilisait il y a encore peu pour aller à la chasse au faucon, chemise blanche de rigueur et veste unie de même couleur que son pantalon vert foncé. Elle réfléchissait en même temps à tout ce qu'il se passait dans le Comté de la manière dont les hommes et les femmes se donnaient pour défendre leur Comté. L'amour d'une province octroyait à ses habitants un courage insoupçonné. Dotch s'installa sur la chaise et prit une part une les bottes de cuir que sa servante lui tendait.


Madame, j'ai eu vent que votre ami Aimelin était arrivé sur Pau.

Dotch remonta la fermeture de sa botte droite.

Très bien, je m'en vais alors le retrouver de ce pas.

La Duchesse prit ses gants de cuir avant de sortir de la chambre pour retrouver Aimelin. Ils s'étaient quittés il y a peu, tous deux avaient fait voyage jusqu'à Tarbes où la Commissaire aux grands travaux devait vérifier la possibilité de construire un port... Aimelin avait dû retourner en urgence sur Mauléon pour faire du pain pour leur amie commune la Capitaine de ce Comté.

Hors de l'auberge, le froid et le vent s'était progressivement installé. La Toussaint fête des Saints, serait particulière cette année et fort probablement très peu fêtée. Ce jour du 1er novembre marquait l'entrée dans la partie de l'année sombre, moment où la nuit serait de plus en plus présente... Demain serait jour de commémoration des défunts, Dotch espérait qu'elle pourrait aller dans une Saincte Bâtisse pour prier pour les personnes chères à son coeur qui avaient quittés le monde des mortels.

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Aimelin_
[Entre Lourdes et Pau – très tôt le matin du 1er novembre]


Le jeune gars souffle sur ses doigts, essayant de se réchauffer aupres du feu qu’il a allumé à l’abri d’un mur de pierres. Le col de sa veste relevé, sa cape sur ses épaules pour se protéger du froid et de ce léger vent, il profite encore de quelques minutes de repos. La campagne est encore calme à cette heure matinale du jour et seul quelques rares oiseaux cherchant nourriture se font entendre. Son regard se porte sur son fidèle étalon merens, Altaïr, occupé à machouiller une touffe d’herbe à porté de sa bouche, ce qui décroche un sourire à son cavalier.

Je suis sûr que même avec un manteau de neige de plusieurs pieds tu trouverais à manger

Il quitte la pierre sur laquelle il s’est assis, et remet ses gants de peau, tout en se dirigeant vers lui. Sa main glisse doucement le long de son flanc passant derrière lui sans le quitter des yeux. Regard qui repart sur la jambe avant gauche de l’étalon tandis qu’il se place à ses côtés lui soulevant le pied.

Montres moi ça

Le fer tient encore et il lui faudra attendre d’être à Pau pour aller voir son ami qui lui prêtera outil pour le ferrer proprement. Un crochet de fer sorti de sa poche pour enlever les petits cailloux et la terre qui se sont nichés sous le sabot. La blessure a presque disparu à son grand soulagement.

Désolé de t’imposer ça mon vieux mais je dois vraiment aller à Pau, on m’y attend. Je m’occuperai de tes fers une fois là bas.

Même rituel de la main en passant devant lui pour finir par une caresse sur son encolure. Retour vers le feu qu’il éteint, écrasant de ses bottes les quelques braises qu’il reste, ceinturon de son épée attaché il remet pieds à l’étrier.

Allez direction Pau


[Pau – Fin d’apres midi le 1er novembre]


Installé à l’auberge, la même que son amie, les murs de sa chambre ne l’ont pas isolé bien longtemps. Visite promise pour ferrer de neuf Altaïr et chouchoutage de ce dernier. Depuis son départ de Mauléon trois jours auparavant, il n’avait guère eu le temps de s’en occuper. Entre deux nuits à la belle étoile dans le froid et une nuit à Lourdes le temps avait été compté. Mais il est enfin à Pau et il sait aussi que ses deux amies sont là
.
Missive à la belle blonde pour l’avertir qu’il est arrivé, un gamin envoyé pour avertir Dotch de sa présence, entretien rapide avec Clémence pour la défense du soir et il est prêt à retrouver la Duchesse de St Florentin pour leur ronde de surveillance. Epée à la ceinture et bouclier accroché à sa selle, il finit d’enfiler ses gants avant d’entrainer Altaïr à l’extérieur, posant son regard vers l’entrée de l’auberge.

Le petit vent léger qui s’est levé glace l’air autour de lui.
Quand je pense que certains sont devant un bon feu de cheminée Sa cheminée à lui, ce sera juste une nuit froide accompagné d’un petit vent qui se glisse insidieusement sous les vêtements. Petit sourire néanmoins quand il voit son amie arriver à sa rencontre.

Bonsoir beaux yeux léger baiser déposé sur sa joue, protocole absent entre eux lorsqu’ils le peuvent… quelle belle soirée pour une petite promenade n’est ce pas ?
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Lieutenant mis à pied
Rosedeplantagenest


[Au fin fond du Castel Diplomatique…]

La soirée était bien avancée lorsque Rose se mit à la fenêtre, une lourde pensée pour les soldats Béarnais qui combattaient sans répit depuis plusieurs jours. Enveloppé dans son châle, le chapelet entre les doigts, priant pour que meurent le moins de soldats possible durant cette guerre, elle entendit trois légers coups frapper derrière sa porte.

« -Entrez »

La voix était faible, presque inaudible et elle se retourna, les mirettes émeraude pétillantes quand elle vit un garde, un pli scellé sur un plateau, le visage baissé. Elle se rapprocha de lui et prit le parchemin qu’elle descella rapidement et, au fil de sa lecture blêmit un peu plus…

« -Faictes préparer ma voiture, nous nous rendons sur le champ au castel Comtal ! »

La demande était bien particulière et elle ne devait pas prendre la décision seule. Revêtant son mantel de renard blanc, elle sortit du castel diplomatique et se rendit en direction du castel Comtal.

En route, elle fut stoppée par un groupe filant à vives allures puis ensuite par un cavalier filant encore plus vite en direction de chez son oncle et sa tante. Intriguée, elle décida de faire changer son itinéraire et fit suivre la personne à cheval, l’étrange impression de connaître cette silhouette.


[Au castel Dénéré Saint-Just]

Froncement de sourcil en se rendant compte qu’ils arrivaient chez sa tante et son oncle ou elle était logé depuis son retour en Béarn. Sans attendre que le cocher ouvre sa porte, elle l’ouvre elle-mesme et saute presque de sa voiture en entendant sa tante hurler à tue teste.

Un froid glacial la pénètre, les mots entendu déchire la profondeur de ses entrailles somme si un ours les lui arrachait.

Son sang se glace, ses poumons se figent, un hurlement intérieur cherche à sortir d’entre ses lèvres bleuie par le froid et la nouvelle, mais rien…Elle reste là, debout à écouter les mots poignants la tuer à petit feu un peu plus.

Elle se sent maudite, détester, chaque hommes de sa famille meurent, sensation d’abandon qui l’envahit puis de haine envers elle…

Sa tante Agnès gère et Rose la voit s’enfoncer dans le castel familial, une présence derrière elle, son cocher…


« -Restes icelieu, attends mes ordres… »

Le ton est sec et sans appel, Rose poursuit sa tante et pénètre chez elle sans attendre d’y estre annoncé, elle croise George qui part presque au petit trot, Rose le stoppe rapidement :

« -Si besoin, prenez mes hommes dehors, ils attendent les ordres…. »

Sans rien de plus elle entre dans la pièce et rejoins Agnès.

La mort dans l’âme, l’impression qu’un couteau arrache de nouveau ses entrailles, elle la regarde, envie de se jeter dans ses bras et de hurler sa douleur…

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Dotch
[Pau - Durant la nuit]

La de Cassel était contente de retrouver son ami pour faire cette ronde.

Oui nous serons bien toi et moi à la fraîche à arpenter les rues de la ville.

Sourire de circonstance, la CAM joue avec ses gants.

Allons mon ami, affronter la rude nuit qui nous attend.

Ils sortirent tous deux de l'auberge. La Comtesse d'Armentières prit le bras d'Aimelin. La brise venait fouetter les branches dégarnies des arbres... Quelques feuilles résistaient encore, elles accumulaient encore un maximum de lumière, luttaient contre les nuits... D'ici quelques jours, le vent, la nuit, les auront obligées à abdiquer... laissant ainsi les arbres nus.

Le ciel était complétement dégagé, les étoiles dessinaient d'étranges formes... Pendant de longues heures ils sillonèrent les rues de la ville, n'apercevant que Dancetaria, la Capitaine qui courrait partout, elle semblait réunir du monde pour monter une armée. Pas moyen de la déconcentrer ou de la perturber dans sa tâche, ils continuèrent leur chemin.

De retour à l'auberge quelques heures avant le levé du soleil, ils montèrent dans leur chambre respectives. La fatigue fit son travail sans grande difficulté, la Duchesse s'endormit quelques minutes seulement après s'être glissé sous les draps.

Le sommeil l'avait déjà quitté quelques heures plus tard, léger comme la brise, il ne s'éternisait jamais bien longtemps... Elle resta un long moment dans son lit à regarder le plafond légèrement jaunâtre, elle se reposait ne pensant à rien.

On frappa deux coups à la porte. Dotch ne bougea pas, pas de réponses, rien elle continua de faire comme ci elle dormait, n'ayant aucune envie de sortir de ce lit douillet. Deux nouveaux coups retentirent, une voix grave l'accompagnant


Madame, un pli scellé pour vous

Elle resta dans son lit, enfuie sous les couvertures, se recroquevillant tel un enfant dans le ventre de sa mère.

L'homme frappa une nouvelle fois, attendit avant d'avoir l'intelligence de glisser le pli sous la porte. Le bruit du parchemin glissant sur le sol, obligea la Comtesse à sortir de son pieux. En chemise de nuit blanche, elle se baissa avant de retourner mettre ses pieds sous l'édredon.

Elle regarda le sceau, elle le reconnut rapidement, c'était celui de son amie. Elle l'arracha littéralement pour pouvoir entreprendre la lecture de la missive. La Duchesse pâlit certainement au fur et à mesure de la lecture.

Elle n'arrivait pas à y croire, pourquoi pourquoi lui ? Elle sortit sans aucun problème de son lit cette fois-ci. Elle marcha pied nus sur la tomette de l'auberge à demi-pas de course pour rejoindre la chambre d'Aimelin.

Elle frappa contre la porte à plusieurs reprises... continua jusqu'à ce qu'il ouvre.


Aime !! ouvres!!!
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Aimelin_
[Pau, dans une chambre d’auberge - 2 novembre tres tôt le matin]


Des rires gras, des visages haineux que des rictus déforment, le vacarme des lames qui s’entrechoquent, des boucliers qui se lèvent pour tenter d'amortir les coups mais qui souvent ne résistent plus à tant de haine et de violence. La poussière qui virevolte comme une danse macabre venue droit des enfers tout autour des combattants, avant de se poser sur eux, linceuil du temps qui laissera ses traces.

Il bouge, se tourne sur le côté, gémit
n.. non.. pa .. attenti... Il s'est retourné, elle est là, elle le fixe de ses yeux vides, sombres, qui lui dévorent l’espace et semblent plonger tout au fond de lui, dans ses entrailles. Elle se fraie un chemin, rétrécit le monde dans lequel il vit et s'accroche. Il lutte contre elle.

Tu ne me... prendras pas

Des hurlements qui fusent tout autour de lui, passent au-dessus de sa tête, tourbillonnent comme ce vent d'hivers qui vous glace le sang et se glisse sous le tissus, faisant s'envoler les feuilles, pour retomber en trombe d'eau tout autour de lui.
Ce soldat et son rictus qui revient sur lui levant sa lame qu'il tente d'arrêter en levant le bras. Le fracas de son bouclier quand il explose sous la violence du choc, lui brisant le bras. Cette douleur à son épaule et celle qui le fait se plier en deux quand la lame ennemie lui laboure le flanc. Son regard vide et hébété qu'il pose sur l'homme... pourquoi.... pourquoi !!!!! pourquoi ...

Pourquoi le tue t il … que lui a-t-il fait ... rien … il se trouve juste du mauvais côté, de l’autre côté.


Haaaaaaaa !!
Aimelin !!!

Les coups frappés à la porte de sa chambre le font se redresser d'un bond et s’asseoir sur le lit, le front inondé de sueur, la main posée sur son côté droit, là où la cicatrise lui rappellera toujours ce moment. Le souffle court, il parcourt du regard les murs de sa chambre. Un rêve, un mauvais rêve Aime, ça n’était qu’un rêve.

Aime !!!

Le souffle qu’il essaie de reprendre, sa salive qu’il avale la gorge sèche. Un rêve.

Aime !! ouvres!!!

Qu... qui... La voix se fait pressante et le fait réagir enfin. Il pose ses pieds au sol, attrape sa chemise posée au pied du lit, et se dirige vers la porte. La poignée qu'il tourne dans un grincement, son visage mal rasé et fatigué, son regard qui croise celui de la Duchesse de St Florentin qui se tient debout devant lui, les traits tirés, le visage grave. Son geste pour remettre son vêtement reste suspendu quand il réalise qu'elle est en tenue pour dormir.

- Dotch ? que se passe t il ?

Il ouvre la porte en grand et la laisse entrer, la suit des yeux tandis qu'il referme derrière elle. Il n’aime pas cet air qu’elle affiche, l’air des mauvais jours qui fait disparaitre son sourire pourtant si beau. Tant de choses peuvent arriver ces temps ci. Pourquoi cette boule qui se noue dans son estomac au moment où il pense à Elle. Et si...
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Lieutenant mis à pied
Gnia
[Tarbes - Ostau Dénéré- Saint Just - 1er novembre 1457]

Tandis qu'elle quittait la grande salle, elle sentit une présence derrière elle qui bientôt la rattrapa.

- Dame Gnia je suis désolé mais sachez que je serai là pour vous. Peu importe ce que vous aurez besoin. Je ne comprends que trop votre chagrin.

Agnès regarda un instant sa dame de compagnie, la douce Melina aux paroles si douces et à la patience propre aux mères. Son regard s'attarda un instant sur les traits bouleversés de Melina. Le visage crispé de la vicomtesse se détendit l'espace d'un court instant.

Venez... J'ai besoin de me laver de cette nuit maudite, d'en effacer toute trace sur mon corps à défaut d'y parvenir dans mon esprit... Et je ne saurai en cet instant supporter une camériste larmoyante...

Quels durs propos... Pourquoi ne s'est-elle encore point effondrée ? Agnès n'est encore parvenue à verser aucune larme. La colère qui l'anime ne laisse point de place à la tristesse. Quand donc l'affliction parviendra t-elle à prendre le dessus ? Si tant est qu'elle y parvienne un jour.
Dans quelques instants, une heure tout au plus, le corps de son époux reposera dans la grande salle, veillé par la maisonnée. La maison sera alors ouverte à tout ceux qui souhaitent accompagner sa famille dans leur deuil.
Et ce soir, il faudra reprendre les armes...

Elle vient à peine d'entrer dans ses appartements suivie par Melina que la porte s'ouvre sur sa nièce, dont la grand émotion peut se lire d'un coup d'oeil sur son visage.
Rose avance vers elle, semblant hésiter un instant sur la conduite à tenir, plongeant simplement son regard empli de douleur dans celui d'Agnès.
La vicomtesse soutient un instant le regard puis sans un mot attire la jeune fille contre elle, lui offrant un bien piètre giron où étancher ses pleurs.

Le temps se suspend. Le regard d'Agnès, serrant sa nièce contre elle se perd dans le vague, suivant par la pensée un invisible cortège. A présent si tout se déroule comme prévu, le corps de son époux, porté sur une civière ou transporté par un tombereau, doit passer les portes de Tarbes-la-Belle comme il se plaisait tant à l'appeler.
Dans quelques instants, ces moments d'intimités seront révolus car il faudra faire front, comme le proverbe cher à sa suzeraine Deedlitt. "Vivre coûte beaucoup, mourir également. Faire front exige de la dignité."

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Eriadan


Prison de Pau, durant les batailles qui font rage au dehors.

Un jour quelconque d'octobre ou peut être de novembre 1457...

C'est une lame que j'avais promis au Béarn pour la défendre contre les invasions barbares.
Ce sont par des barreaux que le Béarn m'a empêché de le défendre.

Je suis assailli par les ironies de ma vie... Souhaitant défendre des valeurs de justice, je me retrouve condamné par la justice. Je ne me sens pas pour autant coupable. Nul ne peut me juger, sinon Dieu lui-même...
De même que je suis incapable de juger ces Béarnais qui m'enferment alors qu'ils risquent leur vie au dehors...
Je ne les juge pas...
Mais je ne peux m'empêcher d'éprouver une terrible rancoeur à leur égard...

J'ignore pourquoi, mais en ce jour, en cette heure, c'est à Erel que je pense. A cette sensation que j'ai eu la dernière fois que je l'ai vu. J'ai cru que j'allais mourir pendu... Je me retrouve enfermé dans ce trou à rat...
Cette sensation étrange lui était-elle alors adressée? J'avoue l'ignorer. Et j'ignore également pourquoi je m'en inquiète. Cet homme me hait. Cet homme défend un Béarn auquel j'ai cessé de croire, et refuse de croire au Béarn pour lequel j'ai sacrifié ma dignité, ma liberté...
Quoiqu'il en soit c'est le dernier homme avec qui j'aurai eu envie de me battre sous les couleurs du Béarn.

Le dernier homme...

Et Dieu ne me l'a pas accordé, du moins pas cette fois-ci... Ni jamais d'ailleurs. Je quitte le Béarn. J'ai trop donné à cette province. Non pas que j'attendais un retour positif. Mais j'avais espéré au moins n'en pas trouver un retour aussi négatif...

Marval, le jeune gardien de prison que j'avais recruté lorsque j'étais Prévôt du Béarn vient de m'annoncer que je quittais ma cellule. J'achève ses lignes que je joins à l'histoire de Vae Victis, laissant cette histoire à votre curiosité, vous, quique vous soyez...
Brigand, truand, fraudeur, tueur, traître, ou idéaliste, défenseur des justes valeurs, voici mon héritage... Puissent ces lignes vous inspirer l'espoir d'un Béarn meilleur que j'ai voulu inspirer...


Eriadan Wolback,
dict le Loup du Lac





Sortant de prison, Eriadan regarda le lever de soleil. Les nuages étaient rouges comme le sang. Mauvais présage avait-il appris. Ces mêmes nuages peignaient le ciel lorsque Sadnezz était morte, de même qu'en revenant de son rapt, alors que la guerre civile avait fait rage... Les Béarnais s'étaient battus, et une fois de plus, il n'avait rien pu faire.
Eriadan avait la rage... Mettant sa sombre capuche sur le visage, il grimpa à dos de sa jument Avalone, il entreprit de chevaucher vers Tarbes...

Les sabots foulant à peine le sol, flottant au dessus de la terre du Béarn, Avalone était telle une licorne ténébreuse jaillissant au dessus des sentiers, la cape du Loup du Lac claquant l'air tel un fouet diabolique. La rage d'Eriadan se manifestait dans les flancs de sa jument dont la vitesse était impressionnante.
Arrivant alors à Tarbes, Avalone plongea ses sabots dans la terre sablonneuse pour s'arrêter.
Le cavalier noir observa alors la cité le regard impassible... Au loin, il aperçut un campement sous les remparts.
Dirigeant sa jument dans cette direction, il chevaucha alors au trot. Arrivant dans un endroit stratégique, car à l'abri de tous les regards du camp, il rencontra un soldat isolé, qui était bien loin du campement.
Celui ci lui somma au cavalier de descendre de cheval.
Sous sa capuche, Eriadan observa le soldat de son regard noir, l'air impassible. D'un coup de jambe et après avoir légèrement fait patienter le soldat inconnu, il descendit alors faisant tournoyer sa cape. Son attention retenue par la cape noire virevoltante, le soldat ne remarqua pas la lame d'Allwings terminer sous son cou.
Sous sa capuche, le soldat n'aperçut que le regard mauvais d'Eriadan, sa position étant parfaite pour le décapiter en un futile effort. D'une voix sombre et convainquante, il lui ordonna:


"Prouve que tu es Béarnais!"

Le soldat tremblait de terreur, et il n'avait pas à en avoir honte. L'allure mystique et ténébreuse d'Eriadan mêlé à sa rage étaient terrifiantes. Malgré tout le soldat put sortir quelques mots begayant légèrement...

"Grrrratia Ddddei, Sum Idddd Quod Sum !!!!"

Le Loup du Lac retira alors sa lame de la gorge du soldat et la rangea dans son fourreau. Il retira également sa sombre capuche supprimant l'effet noir princier qu'il donnait. Le soldat reconnut aussitôt le félon. Il le croyait en prison et eut une crainte refoulée. Malgré tout, cet homme venait de l'épargner...
Le regard d'Eriadan jaugea alors le soldat de haut en bas, et sans le rassurer, il lui ordonna de le mener au campement des blessés. Celui-ci s'exécuta jusqu'à ce qu'ils rencontrèrent un groupe de domestiques.
Eriadan ne put ignorer le nom qu'il entendit. Ils parlaient d'Erel.


"Vous!"

Trois hommes se retournèrent alors. Deux jeunes de pas plus de seize ans ainsi qu'un vieillard l'observèrent avec une certaine appréhension. Eriadan se dit que ses journées passées à broyer du noir en prison sans dormir une seule minute avaient dû lui donner une expression terrifiante pour être constamment observé de la sorte.
Dans un sens, il avait raison, ses cernes qu'il arborait, son teint ainsi que ses cheveux noirs donnaient l'impression d'avoir affaire à la mort elle-même. Le fait qu'il était désormais connu comme traître au Béarn n'arrangeait en rien la perception qu'on avait de lui...


"Vous avez parlé d'Erel... Où est-il?"

Les trois hommes se regardèrent hésitants. Eriadan fit signe au soldat de partir, et il s'exécuta immédiatement.
Soudain, le plus jeune mais le plus téméraire s'adressa alors au Loup du Lac avec une voix involontairement aigüe.

"Le sieur Erel nous a quitté Messire... Nous sommes chargés de ramener son corps dans l'enceinte de la ville. A son épouse... la Vicomtesse Gnia..."

Les yeux d'Eriadan s'ouvrirent alors d'horreur ce qui provoqua un pas de recul chez les trois hommes. Le coeur d'Eriadan bondissait dans sa poitrine. Il les regarda tour à tour... Erel était finalement mort... Dieu ne lui avait pas permis de combattre à ses côtés, et il lui avait enlevé la vie... Pourquoi lui, POURQUOI LUI????
Eriadan bouillait intérieurement, mais extérieurement, on n'apercevait presque rien. Son regard se posa au sol, son âme trébucha dans le profondeurs abyssales...
Pourquoi devait-il souffrir tant de morts, tant de pertes, tant d'échecs... Eriadan ne dit pas un mot. Son expression était impassible. Mais son âme hurlait de douleur, un cri que Dieu entendit, de même que le Diable lui-même...

C'est un regard brûlant que les domestiques virent se relever sur eux. Ils ignoraient si Eriadan était en colère ou triste, mais ils se sentaient mal rien qu'en voyant ses yeux... Il s'adressa finalement à eux dans une voix calme...


"Apportez-moi son corps... Je l'apporterai moi-même à votre Vicomtesse..."

Les trois domestiques ne se firent pas prier une deuxième fois et s'éxécutèrent. Eriadan se retourna vers sa jument, et plongea son regard dans le sien, accordant une pensée à Loulianne...
Il grimpa à dos d'Avalone lorsqu'apparurent les trois domestiques portant ensemble avec une grande prudence le corps couvert du Vicomte. Eriadan se recula légèrement pour qu'ils puissent poser le corps d'Erel devant lui. Sans un regard, ni un merci, ni une seule parole pour les domestiques, il partit contourner les murailles en direction des portes de Tarbes.
Cette même porte qu'il avait franchi avec le corps de Telya, puis celui de Lunconnu. Etaient-ils morts eux aussi? Eriadan l'ignorait.
Il dut donner la raison de sa visite au Maréchal de l'entrée et en profita pour réclamer la place de la demeure de la Vicomtesse Gnia...

Eriadan chevauchait au trot dans les rues étroites, jusqu'à ce qu'il arriva en face de la vaste demeure des Dénéré...

Devant les grilles, Avalone s'arrêta, et Eriadan regarda alors le corps couvert d'Erel. Il hésita une seconde, puis osa retirer l'etoffe de son visage découvrant un visage mort. Mais un visage noble. Son corps avait sûrement était nettoyé par ceux qui avaient du tenter en vain de le sauver... Recouvrant son visage, une larme coula le long de sa joue, malgré une expression faciale toujours aussi dure. Le seul Béarnais qu'il détestait avec le plus profond respect venait de partir...
Descendant de cheval, il ouvrit la grille et amena Avalone dans la cour sur laquelle reposait Erel...
Eriadan s'approcha alors de la porte et frappa trois grands coups dans le bois avant de revenir vers le corps du Vicomte.
S'approchant de lui, il l'attira à lui...


La porte s'ouvrit alors et la personne qui était dans l'encadrement vit le corps recouvert glisser d'un cheval noir pour atterrir dans les bras d'un homme vêtu aussi sombrement. Son regard se posa sur la personne qui venait d'ouvrir la porte, avec cette expresson indécelable sur le visage...

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Mis à pied pour avoir cru à ses idéaux
Rosedeplantagenest


Rose sentict les bras de sa tante la serrer contre elle pendant que le cœur explose de douleur. Il faut tenir, ne pas se montrer faible, mais la perte de son oncle, celui pour qui elle est revenue en Béarn alors que sa mère avait besoin de se retrouver dans un couvent fait que les larmes laissent des traces argentées sur ses joues pâles.

Pas un mot n’arrive à sortir de ses douces lèvres, juste l’envie de partir rejoindre les méandres affamés de son âme en perdition.

Le temps se stoppe, Rose sent la douleur de sa tante, très certainement plus vive que la sienne, mais elle sait qu’il va falloir faire front et se montrer digne car bientôt la maisonnée ne leur appartiendra plus. Les nobles et non nobles vont faire leur apparition pour la veillée funèbre, et Rose sait qu’après plus rien ne sera pareil…

Après elle va certainement reprendre la route et monter en son hostel parisien…

Un bruit se fict entendre à l’entrée, Rose observe sa tante, se prosterne dans une révérence et mande, la voix chevrotante :


« -Me laissez-vous gérer L’arrivée pendant que vous retirer vostre armure ma tante ? »

Le regard que sa tante luy offrit signifia qu’elle acceptait, mais Rose voulait connaistre ses désidérata avant de dire ou déposer le corps de son oncle tant aimé…

Elle savait que George était en train de faire pénétrer les hommes transportant son oncle dans la demeure, et elle aimerait se recueillir un moment seule avec luy…Elle avait encore tant à luy dire…

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Philodendron
Comme c'était jour de recueillement pour les braves béarnais qu'il avait non moins bravement combattu, Philo, philanthrope, s'approcha sans faire d'histoire, noyé dans la foule.

A ta mémoire, Commandateur ! Tu fus rude adversaire !

A la guerre comme à la guerre. Lorsque l'épée du genevois s'était enfoncée par dessous le gorgerin du seigneur béarnais, et qu'il l'avait navré proprement, comme il se doit pour un reitre suisse, cela avait été sans haine ni violence.

Clopin clopant, le soldat s'en fut, laissant la famille à sa prière des morts.
Gnia
[Tarbes - Ostau Dénéré- Saint Just - 1er novembre 1457 toujours]


Sa nièce blottie contre elle, le temps semblait un instant avoir suspendu sa course effrénée, se figeant justement à ce moment, empli de douleur, qui fait pression à tel point que l'on a l'impression que son coeur va exploser dans sa poitrine.

Du bruit à la porte les tira enfin de ce partage d'une souffrance incommensurable.


« -Me laissez-vous gérer L’arrivée pendant que vous retirer vostre armure ma tante ? »

Son armure... Elle l'avait oubliée. La souillure de cette nuit de combat, de cette matinée de mort. Agnès frissonna. Elle avait une irrépressible envie à nouveau de laver de toute cette horreur, comme si l'eau pouvait également nettoyer l'esprit, les souvenirs.
D'un signe de tête, elle signifia qu'elle accédait à la demande de Rose puis sans attendre, elle commença à tenter de défaire nerveusement les attaches des plates de son armure, tâchant d'oublier, de ne pas voir, de ne pas sentir, le sang qui la couvrait.

L'eau brûlante sur son corps apporta brièvement une once de réconfort. Agnès s'y noya un instant, hésitant à laisser remonter son visage à la surface. Là, sombrer, tout oublier, cela semblait si facile. Y'aurait-il ici aussi du sang, de la terre, du feu ?
Quand l'air vint à manquer, elle se résolut enfin à venir chercher la bouffée vitale. Un immense soupir accompagna la recherche désespérée d'air.
Une profonde inspiration puis elle se redressa soudainement dans son bain. Il avait pris une teinte rosée, celle du sang qui se délaye. Debout les mollets dans l'eau, elle attrapa une étoffe pour se sécher, s'en couvrit et quitta avec soulagement les prémisses qui annonçait le retour de son cauchemar éveillé.

Tandis qu'elle se frictionnait la peau à se l'arracher, elle s'adressa à sa dame de compagnie qui était restée tout ce temps auprès d'elle.


Dame Melina, trouvez parchemins plume et encrier et écrivez sous ma dictée, je vous prie. Je suis trop lasse pour écrire encore...

Lui laissant le temps de s'installer à l'écritoire lové dans une alcôve de la chambre, la vicomtesse farfouilla dans les nombreux coffres. Une éternité qu'elle ne s'était pas habillée seule. Voilà, enfin elle avait mis la main sur ce qu'elle cherchait.
Chainse longue de tissu non teinté, brut, rien de riche ou de soyeux. Elle l'enfila et commença à dicter tandis que ses doigts continuait de chercher parmi les étoffes entassées dans le coffre.


Citation:
De Nous, Agnès Adélaïde de Dénéré de Saint Just
A Vous, Eugénie de Varenne,

Nous vous prions tout d'abord de ne pas vous inquiéter de ne point reconnaitre notre écriture, la peine qui nous étreint en cet instant ne nous permet plus de coucher sans trembler les mots que nous voulons vous dire.
Nous avons donc l'immense regret de vous annoncer que ce matin, notre époux a succombé aux mortelles blessures qu'il a reçu sur le champ de bataille en défendant vaillamment Tarbes, si chère à son coeur.
Nous savons que vos relations d'amitié avec Erel s'était détériorées dernièrement mais nous savons également que vous vous teniez, fût un temps, mutuellement en grande estime et c'est pourquoi nous tenions à vous l'annoncer personnellement.
Nous nous excusons par avance de la brutalité et de la brièveté de cette missive, mais nous n'avons point trouvé formulation qui puisse atténuer notre douleur.
Si vous le souhaitez, vous pouvez vous invitons dès aujourd'hui en notre Ostau à Tarbes pour procéder à la veillée funèbre et joindre vos prières aux nôtres.

Nous vous laissons également le soin de prévenir quiconque parmi ses amis et connaissances auxquelles je n'aurai point pensé et qui voudrait se recueillir et partager sa douleur avec celle de sa famille.

Faict à Tarbes, le premier jour de novembre de l'an mil quatre cent cinquante sept.



Tandis que la plume gratte le parchemin, Agnès a revêtu sur la chainse un surcot de laine restée écrue car non travaillée, à la simplicité monacale.
Elle signe enfin d'une main tremblante et appose la bague où se dessine son scel dans la cire tiède.

Vains efforts pour tenter de discipliner son épaisse chevelure brune et de parvenir à y poser un tressoir et voilages. Quelques soupirs exaspérés plus tard et l'opération enfin achevée, elle fit signe à Melina.


Je crois, ma chère Melina qu'il faut à présent nous résoudre à rejoindre notre nièce auprès de notre époux...
Je compte sur vous pour faire porter ce pli en toute diligence à la Damoiselle de Varenne...


Avant de quitter la pièce, elle saisit un petit livre relié d'un cuir usé, patiné par le temps. Une dernière inspiration et le petit exemplaire du livre des vertus, seul héritage de ses parents, sur le coeur, elle avança vers la grand salle.
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Dotch
[Pau : 2 novembre au petit matin]

Dotch tambourinait la porte, pourquoi ne répondait-il pas ? Elle insista encore et encore, pour le faire sortir de son profond sommeil.

La lourde porte de chêne s'ouvre enfin, d'un pas pressé Dotch pénétra dans la pièce. Une odeur de sueur froide se fit sentir... odeur masculine telle une nuit agitée en compagnie d'une femme... pourtant personne, il était seul... Dotch se dirigea vers la fenêtre tira le lourd rideau filtrant tous les rayons de soleil, le tira et ouvrit la fenêtre.

Le poing serrant la missive, elle regarda Aimelin, les mâchoires serrées. Si serrées que la crispation était visible sur son visage. Dotch respira plusieurs fois fortement, avant de desserrer la mâchoire pour parler sur un ton qui se voulu très calme, très faible.


Aime, nouvelle d'Agnès j'ai reçu...

Une pause s'imposa. Aucune larmes ne venaient à ses yeux et pourtant l'émotion était intense. La haine ou la colère que sais-je l'envahissais à l'évocation de cette funèbre nouvelle.

Erel... Erel n'est plus... Il s'est fait tuer aux combats Aimelin.

Que rajouter de plus, elle tendit la lettre de son amie la vicomtesse à son ami.

Escortes moi jusqu'à Tarbes je te prie, je veux me rendre auprès d'Agnès. J'avois estime pour Erel et ne peux point laisser mon amie seule avec ses deux filles face à cette bien triste nouvelle.

Dotch tourna légèrement le dos à Aimelin et respira par la fenêtre plusieurs bouffée d'air. Regardant au loin, en direction de Tarbes... là où probablement son colistier, un des fondateurs de BEA avait rendu l'âme.
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Aimelin_
[Pau : chambre d’auberge, le 2 novembre au petit matin]


L’air froid qui s’engouffre par la fenêtre qu’elle a ouverte le fait frissonner, lui rappelant qu’il est torse nu. Sans la quitter des yeux il enfile sa chemise, l’air soucieux. Il connaît son amie quelque chose ne va pas. Il laisse son regard se porter sur la missive qu’elle tient serrée dans sa main et il n’ose demander. Cent mille pensées lui traversent l’esprit depuis qu’il a ouvert la porte.

Il revient croiser son regard, inquiet de cet air qu’elle affiche, l’air des mauvais jours comme il l’a pensé en la voyant. Ses traits sont las, certes, mais ils sont durs et lorsqu’elle se décide à parler il retient son souffle. Agnès .. il lui faut quelques secondes pour réaliser qu’elle parle de la Vicomtesse de Bapaume et les paroles qu’elle prononce se perdent dans le vide tout autour de lui.


- Erel ?ses pensées tourbillonnent dans sa tête pendant qu’il prend la missive qu’elle lui tend. Abasourdi il lit ces mots couchés sur le vélin qui ne font que confirmer … tombé sur le champs de bataille… Erel. La mort qu’il a rêvé pour lui, se délectait de quelqu’un d’autre, quelqu’un qu’il connaissait, qu’il côtoyait régulièrement au Castel de BEA.

Escortes moi jusqu'à Tarbes je te prie, je veux me rendre auprès d'Agnès. J'avois estime pour Erel et ne peux point laisser mon amie seule avec ses deux filles face à cette bien triste nouvelle.

Il s’approche d’elle et pose doucement ses mains sur ses épaules. Que dire devant une nouvelle si brutale. Les mots ne trouvent pas leur chemin pour le laisser exprimer ce qu’il ressent, toute cette colère. Mourir à cause de ces genevois venus semer la violence et la mort sur leur terre.. pourquoi… Sa voix se fait douce pour répondre.

- oui je vais t’escorter bien sûr. Files te préparer et tu me rejoins aux écuries de l’auberge j’y serai dans quelques minutes.


[Sur le chemin du Castel Dénéré Saint-Just]


La chevauchée vers le castel Dénéré Saint-Just se fait dans le silence. Ni l’un ni l’autre n’a de mots à prononcer devant ce qu’il se passe. Tant de violence, de haine, de sang versé et cette mort qui vient tirer le signal d’alarme pour rappeler aux hommes qu’ils vont trop loin. Le visage de l’ancien garde comtal est fermé, soucieux, le sourire qui éclaire maintenant son visage un peu plus souvent au fil des jours, a disparu.

Ses pensées déposent un léger voile devant ses yeux, il se revoit au Lavardin, où Gnia lui avait demandé de l’accompagner en tant qu’Ecuyer sachant son amour des chevaux. D’abord surpris il n’avait pas hésité et avait accepté avec fierté, souriant aux craintes qu’elle avait éprouvé pensant le vexer. Si la tâche d’Ecuyer était vue par beaucoup comme celle d’un larbin au service de la noblesse, lui voyait cela comme un travail de confiance.
Melissande, la louve de Champagne, lui avait souvent parlé du travail d’Ecuyer quand elle projetait de le faire entrer au service d’un chevalier s’il en sentait le désir. Elle lui avait appris à se perfectionner dans la connaissance plus technique des chevaux et des armures. Mel avait été une mine d’or et de conseils pour le jeune homme. Leurs âges rapprochés leur avait fait vivre des moments sans pareil et une nostalgie passait dans ses yeux à chaque fois qu’il pensait à elle. Elle lui manquait elle aussi malgré tout ce qui les avait séparés quand il était parti en Béarn, mais il était trop tard… la louve n’était plus… mais ses précieux conseils restaient à jamais.

La première fois qu’il avait rencontré la Vicomtesse de Bapaume, c’était au mariage de Maltea. La réception avait été très animée avec quelques coups d’épée de ci de là. Puis il l’avait retrouvée au Castel de BEA, et puis au fil des réunions et discussions passionnées qu’il avait avec elle et leurs autres compagnons d’aventures, il avait appris à la connaître et à l’apprécier. Il savait déjà par Malt qu’elle était une femme de valeur, et la chose avait été confirmée, et il se plaisait à échanger avec elle. Apprendre toujours et encore, s’intéresser, se passionner pour des sujets qu’il y a quelques mois n’auraient pas effleurés ses pensées.

Sortant de ses dites pensées, il tourne son visage vers Dotch qui chevauche en silence à ses côtés et se penche légèrement pour poser doucement sa main gantée sur la sienne, un petit sourire au bord des lèvres. Il est de ces personnes en Béarn qu’il ne veut perdre et toutes ces choses lui font prendre conscience au fil des jours de leur importance. Une guerre peut lui enlever tous ces moments de bonheur, toutes ces personnes qui font parties à leur manière de sa vie.


- nous arrivons bientôt.
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Lieutenant mis à pied
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