Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Audience demandée au Coms du Lengadòc

Apolonie
Le chateau se dresse devant elle. L'accent occitan des gens qui gravitent autour, des marchands et artisans du coin ne laisse aucun doute. Apolonie est arrivée en Languedoc. Première étape d'un voyage dont l'idée a germé un jour dans une taverne moulinoise. Non, pas le fait de prendre la route, ça c'est ancré en elle comme son appartenance à la terre auvergnate. Il était sûr qu'elle courrait les chemins dès qu'elle serait en état de le faire et enfin débarrassée de sa fonction de bourgmestre. C'est surtout pourquoi et comment qui l'avait amenée à réfléchir - oui il est bien connu qu'une femme ne réfléchit qu'avec une sacrément bonne raison - et petit à petit, ça s'était imposé dans son esprit.

C'est ainsi qu'elle avait pris la route du Sud... Une question en tête qu'elle compte bien poser un peu partout où elle passe. Une question qui la travaille, et ce à chaque fois qu'elle effleure d'un doigt ou d'une pensée les cicatrices qui zèbrent son corps de demoiselle. Et c'est au petit matin que la joyeuse troupe arrive devant le château languedocien. Les rumeurs qui filent du sud au nord, et de l'est vers l'ouest ont laissé courir le bruit qu'elle devrait la poser là. Enfin "là". Pas là maintenant, ça n'aurait aucun sens, ses compagnons de route seraient bien incapables d'y répondre... Mais dans une pièce de ce château. Au Coms, s'il daigne lui accorder audience. Elle ne croit pas aux rumeurs, et aimerait bien découvrir que celle-ci est infondée.

Elle est aux portes. A sénestre son écuyer, jeune homme qui doit à son impulsivité la punition de la servir pendant deux mois malgré son rang supérieur. Sourire en coin d'Apolonie à chaque fois qu'elle y songe. Chlodwig Von Frayner d'Azayes, Baron de Chateau-Rouge et Seigneur de Belzaize, écuyer de la brunette pour avoir osé porter un regard insistant sur sa poitrine, et posé le pied lourdement botté sur celui finement chaussé de sa partenaire de danse d'un soir. Peu avant, Grid et Lilou se sont arrêtés. Un besoin de se retrouver seuls, la fatigue du voyage pour deux moulinois qui commencent à peine à s'habituer aux chevauchées nocturnes, on ne saura pas, mais ils ont bifurqué à l'orée du village, rejoignant une auberge. Regort, en bon ancien diacre, et sûrement parfaitement paniqué à l'idée de quitter pour la première fois en trois ans les terres auvergnates, a loupé le départ de Polignac, et les rejoindra demain.

L'azur, quittant un instant le bâtiment imposant qui leur fait face, caresse tendrement le visage de celui qui se tient à ses côtés. A dextre, sa main se tend, rejoignant la sienne dans un geste qui se fait réflexe depuis ... Depuis toujours ? Non... Quelques semaines, qui semblent être passées à la fois si vite, et si lentement... Un sourire vient fleurir sur ses lèvres de le savoir là. Alayn sait à peu près qui elle est, mais elle se demande parfois s'il réalise vraiment ce qu'elle a pu être, accomplir, ce qu'elle est encore et les conséquences des choix qu'elle a fait bien après l'avoir connu, bien avant l'avoir revu. Une première étape, la première d'une longue série rajoute-t-elle avec espoir. Redressant les épaules, et reportant son regard sur le poste de garde, elle vérifie :


Je peux le faire seule vous savez. Après tout, c'est mon problème, pas le votre.
Chlo, si tu veux aller courir la gueuse ou monter le camp avant la nuit...
Alayn, si vous voulez aller vous reposer...


Elle s'attendait bien à la réponse et elle en rit presque devant leur "On reste" catégorique et uni. Sa tresse légèrement défaite en pendule dans le dos de sa cape salie par la route coule en une rivière auburn jusqu'à ses reins, les bottes du même cuir usé et noir que ses braies claquent sur le sol alors qu'elle s'avance de quelques pas. Et de la voix rauque et forte qui a déjà crié sur nombre de remparts et de champs de bataille, elle demande autorisation pour entrer.

Ola ! Veuillez s'il vous plait annoncer et faire entrer Alayn de Viverols, vicomte d'Ambert, Chlodwig Von Frayner d'Azayes, baron de Chateau-Rouge et seigneur de Belzaize, et Apolonie de Nerra, dame d'Orval et de Varennes-sur-Allier, auvergnats.

Vache c'est de plus en plus long ces présentations... Dire qu'il y a quelques temps, un simple "Libertad" était considéré comme un passe pour entrer, de gré ou pas. Et puis avant ça... Elle se dit qu'au final c'est presque plus court que lorsqu'elle remplissait encore un tas de fonctions en BA et qu'elle devait les énoncer à chaque entrée... Elle n'a même pas pensé à préciser qu'elle était conseillère diplomatique. Mais après tout, c'est une affaire personnelle et elle détesterait faire la même sottise que Jariane qui engage son duché en se présentant comme Capitaine pour toute requête même à son titre propre. Non, cela ne concerne pas le Bourbonnais-Auvergne, juste elle.

Je souhaiterais obtenir audience auprès du Coms Cristòl de Siarr s'il accepte de me recevoir, accompagnée de mon écuyer et mon compagnon.

Compagnon... Elle se demande si c'est le bon terme, mais sur le coup n'en a pas trouvé d'autre. Et puis c'est bien ce qu'il est non ? Pas le temps de s'appesantir que déjà elle s'interroge sur la réponse de Cristòl. Il doit être en pleine campagne d'après les bruits qui courent dans les villages traversés. Mais peut-être se souviendra-t-il de la jeune femme avec qui il avait agréablement, lui semble-t-il, devisé à l'entrée de la tente du banquet des joutes du Lavardin. Il ne reste plus qu'à attendre, et on verra...
_________________
Co-fondatrice avec Amberle du fan club de Constant Corteis.
Alayn
A nouveau le jeune vicomte arpentait les routes de France, après avoir tenu quelques longues (?) semaines en place, et pour une fois il n'était pas question de combats, de guerre, mais bien d'un simple voyage, du moins pour lui. Ils avaient quitté sa ville natale de Montbrisson deux jours plus tôt, passé Polignac et bien vite laissé le duché du Bourbonnais-Auvergne derrière eux. Le Languedoc, ou Lengadòc comme on dit icelieu, contrée qu'il a peut-être déjà traversée un jour, ou pas, il ne s'en souvenait plus très bien à dire vrai... Qu'importe, aujourd'hui il y est, et c'est tout ce qui compte, n'est-ce pas ? Pour lui c'est sûr, la réponse est oui. Bien que l'époque ne soit pas des plus propices aux voyages d'agrément il est heureux de le faire, d'autant plus en compagnie de celle qui lui est chère à son cœur et de son vieil ami Chlo - pas si vieux que ça, il est toujours dans la puberté le pauvre.

Voyage marqué d'un cap franchi pour Alayn, une chose des plus anodines pour aux yeux de tous... la route avait été différente de toutes celles qu'il avait parcouru jusqu'à présent. Il montait un étalon acheté juste avant le départ, laissant Beledonian, un pur sang arabe qu'il tenait de son défunt père, à son domaine d'Ambert pour qu'il y finisse ses jours paisiblement. Ce dernier avait fait assez de route contrairement à son cavalier qu'il ne pouvait plus suivre. Par chance, la bête que le vicomte venait d'acquérir avait été bien dressée et aucun incident notoire n'est à déclarer jusqu'alors, mais ce n'est pas le bel étalon à la robe blanche et fidèle compagnon de route qu'il a l'habitude de monter, ce cheval qui était l'unique lien qui le rattachait à son père. Il était seul maintenant, et enfin prêt à affronter son destin sans aucune autre aide que ses propres mains. C'était sans compter cette rencontre, ces retrouvailles si l'on peut dire...
Avec elle, elle qui a conquit son cœur ; et chaque jour un peu plus il se dit que finalement ce destin n'est pas uniquement le sien, mais bien à eux deux. Pour la première fois depuis des mois il est heureux, et c'est grâce à elle.

C'est justement pour elle, la dame d'Orval et de Varennes-sur-Allier, ce petit bout de femme bien plus forte qu'elle ne peut paraître, son aimée, qu'ils sont icelieu, devant le castel de Montpellier, pour un but bien précis. Tout de rouge vêtu, son épée battant son flanc, et une main qui vient se nicher dans celle, plus douce, d'Apolonie alors qu'ils se trouvent à quelques dizaines de mètres de l'imposant édifice. Et cette question, posée mainte fois déjà



"Je peux le faire seule vous savez. Après tout, c'est mon problème, pas le votre.
Chlo, si tu veux aller courir la gueuse ou monter le camp avant la nuit...
Alayn, si vous voulez aller vous reposer..."



La réponse se fait à l'unisson avec Chlo, un « On reste » venant du cœur, accompagné d'un regard complice et d'un sourire adressés à son aimée. Les portes du castel se rapprochent alors - ou bien n'est-ce pas plutôt eux qui avancent ? - et le trio arrive devant les gardes, Apolonie en tête qui fait seule les mètres qui les séparent du poste de garde pour nous annoncer.

Et bien ! C'est qu'elle en impose avec sa grosse voix... et tous ces titres énoncés... Trois personnes, un vicomte, un seigneur et baron issu de deux familles connues et reconnues, et enfin une dame, ils ne doivent pas voir ça tous les jours. Un regard assez étonné vers Chlodwig, puis se tourne à nouveau vers la jeune femme lorsqu'elle termine en donnant la raison de notre, de sa présence en terres Languedociennes, une demande d'audience avec le Coms Cristòl de Siarr.

_________________
Cristòl
[Château comtal - Dernier étage de la Tour du Mézenc]

Varennes-sur-Allier ? Elle a obtenu de la promotion, ou elle s'est mariée...

Telle fut la première pensée du très occupé Comte du Languedoc. Il laissa sortir un profond soupir, sans autre fondement qu'un relâchement de tension. Il se devait de recevoir ces personnes. La dòna d'Orval lui en tiendrait rigueur, et il se souvenait encore de son penchant pour les joutes oratoires. Ce serait indigne, de les laisser à la porte, oui - mais ces dossiers qui s'accumulaient, à l'approche de la fin du mandat !

Un Auvergnat et un Comtois, pour l'accompagner... Assurément, c'était de la bonne compagnie. Peut-être meilleure que celle d'une Libertad... L'étaient-ils aussi ? Bientôt en saurait-il plus.


[Pont-Levis]

Le garde s'effaça pour laisser entrer les visiteurs dans la cour, car il n'était guère de coutume de laisser qui que ce fût sur le Pont, pour peu qu'il ne montrât pas d'intentions ouvertement belliqueuses.
Il fallut en revanche au groupe attendre dans la Cour, où allaient et venaient valetaille et agents comtaux.

Finalement, un petit homme grisonnant les vint trouver, qui leur demanda de les suivre.


-« Sa Grandeur va vous recevoir en son bureau privé. Si vous voulez bien me suivre... »

Et de monter, haut, haut, tout en haut de la Tour du Mézenc, qui faisait l'un des angles du château comtal.
_________________
Apolonie
L'attente perdure, dans la cour où on les a pourtant rapidement fait entrer. Ça s'agite et ça grouille là dedans, ça respire la fin de mandat, et l'activité fébrile des derniers jours. Le sourire se glisse en coin. Elle qui a toujours refusé la moindre fonction ducale, d'être autre chose que dernière sur les listes électorales... sourit. Parce qu'elle comprend sans saisir totalement l'effervescence qui peut les motiver. Parce qu'elle sait à quel point on peut vouloir changer un duché, et le faire de manière "politique" et sage. Parce qu'elle réalise aussi combien c'est difficile et épuisant.

En revanche s'ils sont entrés rapidement, il leur faut user de patience avant qu'un homme vienne enfin les accueillir et leur annoncer que le Coms accepte de les recevoir. Apolonie n'en attendait pas moins de Cristòl. Elle se doute qu'il doit être terriblement occupé... mais la question qui lui brûle les lèvres et lui écorche la conscience qu'elle a par ailleurs tranquille mérite d'être posée, et elle ne repartira pas sans l'avoir fait. De caractère elle ne manque pas, d'aplomb non plus.

Le pas se fait silencieux alors qu'elle avance la première derrière le grisonnant, grimpant les escaliers, arpentant les couloirs, Alayn et Chlo à sa suite. Trois auvergnats en terre languedocienne, juste guidés par la fierté et l'honneur de la demoiselle qui refuse la rumeur, qui préfère avoir fait le chemin pour rien plutôt que d'y accorder crédit. Plus ils approchent du bureau privé du comte, et moins le style est épuré. Le château, agencé différemment de celui de Clermont, n'en est pas moins impressionnant, ou du moins moins décoré. L'azur curieux détaille l'environnement, comme toujours, tâchant de se préparer à l'entretien.

Une bonne dizaine de minutes plus tard, ils sont enfin devant une porte entrouverte. De la pointe d'une botte l'entrebâiller puis l'ouvrir. Le valet, majordome, homme de main ou qu'importe, s'est éclipsé. Sûrement d'autres missions à accomplir. Un minois qui se glisse dans l'interstice, suivi de près par l'reste de la brunette. La cape sombre retenue par un saphir s'entrouvre juste le temps de laisser apparaître le pommeau de son épée et les dagues retenue par des liens de cuir sur ses cuisses. Silhouette noire qui s'avance au centre de la pièce, bientôt rejointe par son écuyer et Alayn, présence devenue indispensable à ses côtés.

Le comte est attablé, entouré de piles de parchemins, à tel point qu'elle croirait voir son bureau à la chancellerie. La fossette se creuse en marque de l'amusement compatissant ressenti. Mais l'azur, toujours aussi franc, cherche le regard de Cristòl et s'y plante, assuré. Inclinaison polie de la tête, sans robe pas de révérence, ce serait déplacé. Et puis c'est un bureau privé, pas une salle de représentation. Ce qui tombe bien, entre les joutes, son anoblissement et le banquet royal, elle a eu son quota de mondanités pour un bon moment là.


Bonsoir Votre Grace.

Le ton est formel. Après tout, elle ne le connait presque pas. A peine un moment partagé au Lavardin, un plaisir de jouer des mots et des réparties amusées et amusantes d'un jeune homme. Et puis c'est au comte qu'elle s'adresse ce jour. A tous les coups il va lui sortir du dame... ça va l'agacer. Mais pour une fois elle évitera, peut-être, de grogner.

Excusez-moi de vous déranger dans votre travail, Cristòl.
Mais j'avais une question à vous poser, qui en entrainera peut-être d'autres selon la réponse.


D'un sourire l'encourager à accepter. De toute façon, s'il les a acceptés ici, c'est bien qu'il est d'accord sur le principe. Et se préparer à la réponse, le nez en froncement imperceptible. Une réputation, des rumeurs... Elle ne peut pas demander à tous de comprendre qui elle est après tout.
_________________
Co-fondatrice avec Amberle du fan club de Constant Corteis.
Cristòl
La jeune femme qui se présentait à lui était très différente du souvenir qu'il en avait. Alors, elle avait un regard taquin, mais parfois troublé, et une longue robe qui soulignait sa gracieuse silhouette. C'était une parmi d'autres, parmi ces femmes de caractère qui, d'un coup d'éventail, montrent tout leur désaccord et toute leur impérieuse autorité.

Pas d'éventail, là. Le regard aiguisé du Comte s'arrêta sur la tenue aux mâles accents de la jeune femme, et un fragment de secondes, sur les armes qu'elle portait. Il n'avait pas demandé de désarmer ses visiteurs, c'était là peut-être une erreur. Il n'avait pas imaginé, c'était un fait, la tenue dans laquelle la jolie Apolonie, qu'il avait rencontrée aux joutes de la Saint Michel, serait si martiale. Sans doute aurait-il dû s'arrêter sur le titre d'écuyer que portait l'un de ses compagnons de route... Il avait péché par négligence.

Elle capta son regard, et il se trouvait presque rassuré de ce bleu électrique ; car trop de femmes autour de lui avaient des iris verts, qui le dérangeaient fort, car lui-même n'avait pas, dans ses yeux bichromes, cette teinte-là.


-« Bonsoir Votre Grâce. »

Votre Grandeur. Je ne suis pas un Duc, pas encore, non. Mais le jeune Coms ne releva pas, et pardonnait volontiers à une Auvergnate cette méprise.

-« Excusez-moi de vous déranger dans votre travail, Cristòl.
Mais j'avais une question à vous poser, qui en entraînera peut-être d'autres selon la réponse. »


Revenu de son inspection minutieuse de la dame, et arrachant son regard aux yeux azurés, en même temps que son silence, le jeune Sìarr se leva de son bureau.

-« Bonvespré, Dòna Apolonie. Bonvespré, Messers. Je vous écoute. »

Et il lui semblait étrange qu'il n'y eût pas davantage de civilités, de nouvelles échangées. Cela insufflait à la demande d'Apolonie un caractère urgent qui interpellait le Comte.
_________________
Apolonie
La lueur de surprise dans les yeux vairons du comte n'échappe pas à la jeune femme. Sourire en caboche alors qu'elle effleure d'une pensée leur première rencontre. Oui, il doit se souvenir d'une jeune fille, un peu intimidée, premières joutes, habillée en jeune femme... Marie-Alice l'avait faite coiffer et apprêtée. Elle n'était alors que dame d'Orval, Sa Grace préférée ne lui ayant pas encore fait cadeau des terres auvergnates de Varennes. Et en pleine mondanités.

Or, c'est la femme d'armes, celle qui est responsable de deux domaines, l'auvergnate mais pas la diplomate, qui fait face à Cristòl. C'est en son nom propre qu'elle se présente dans ce bureau. Les banalités et les questions dont on se fiche de la réponse posées par réflexe elle déteste ça. Le comte et la moulinoise ne se connaissent pas assez pour qu'il lui réponde franchement si elle demande comment il se porte, et elle de toute façon ne répond jamais à la question, même quand elle vient de ses meilleurs amis. Autant entrer dans le vif du sujet. Et puis, au Panthéon de Moulins elle est bien inscrite avec le sobriquet d'Apolonie dicte la Directe, pourquoi changer ?


Au cours d'une discussion fort instructive que j'ai eue il y a peu dans une taverne auvergnate, j'ai appris qu'il y avait des risques que mon nom se trouve sur les fameuses listes "noires" "rouges" ou je ne sais quelle couleur elles portent en Languedoc. Celles qui servent aux armées pour se défouler.
Je suis donc venue jusqu'ici pour vous demander si c'était vrai. J'espère bien que cette rumeur n'était pas fondée, auquel cas je vous présenterais mes excuses pour le dérangement causé. En revanche si c'est avéré, je vous prierais de m'en donner les raisons.


Comme souvent dans ces cas là, sa main parcourt inconsciemment les cicatrices qui zèbrent son corps. Cette fois-ci, les doigts se portent à sa gorge. La dernière, la pire. Mais l'azur ne cille pas, et reste concentré sur le Coms. C'est qu'elle ne voyage pas seule. Mourir pour rien, passe encore. Mais que ses amis soient blessés ou pire juste parce que les comtés ou duchés ne savent pas tenir à jour leurs listes iniques, son esprit refuse de l'envisager. Sûre d'elle, elle vient déjà de se battre en Bourbonnais-Auvergne pour que ces listes soient contrôlées... Trop facile, trop simple... Et bien trop d'abus. Rien que ces derniers jours, trois innocents ont été laissés pour morts sur le bord d'un chemin, sans aucune raison que leur présence sur un parchemin transmis aux armées... Et encore, elle n'est pas au courant des dernières nouvelles. Elle ne sait pas pour Libertà, la gamine de 5 ans, elle ne sait pas encore pour la pacifiste Linon. Elle ne sait pas pour son frère.
_________________
Co-fondatrice avec Amberle du fan club de Constant Corteis.
Cristòl
Le Coms, fiché sur ses pieds, croisa les bras. Il voulait bien qu'on lui posât n'importe quelle question... Mais il fallait bien reconnaître à son chauvinisme occitan quelques sautes d'humeur, et une grande fierté qu'il ne put dissimuler.
Ses talons claquèrent, son regard s'assombrit, et joignant les mains dans son dos, vieille habitude de militaire, il fit quelques pas dans la pièce, avant de relever la tête.


-« Nous ne sommes pas des assassins.
Les valeurs du Languedoc sont fondées sur les valeurs courtoises occitanes, lo paratge : générosité de cœur, mérite personnel et esprit chevaleresque, bon droit, justice de la cause et loyauté.

Qu'il y ait, en d'aucunes provinces, des armées se plaisant à tourmenter les voyageurs ne me regarde guère. C'est presque une insulte à l'honneur du Languedoc, de le croire capable d'attaquer de toute une armée un simple voyageur, pour ce qu'on a pu entendre sur lui... Et le reconnaîtrait-il seulement ? Nos armées ne se défoulent pas, comme vous le dites. Nous avons notre fierté, et nous attaquons ceux qui nous ont causé un tort sans équivoque, par le passé : à ce que je sache, vous n'avez jamais agi à l'encontre du Languedoc, d'une manière qui se soit sue par la suite. »


Furibard, le Coms. Sa main gauche tentait à tout prix d'arracher à la droite son pouce, et il pinça les lèvres, avant de poursuivre.

-« Il y a bien des listes établies en Languedoc, sur lesquelles nous fondons nos soupçons de menaces, pour augmenter nos défenses. Peut-être êtes-vous dans l'une d'elles pour des faits passés, dans d'autres provinces, que j'ignore, et seriez-vous considérée comme une personne à surveiller. Je n'ai jamais appris de tête ces longues listes, j'ai eu bien d'autres choses à faire, durant ces deux mois de mandat éprouvants. Je n'ai toutefois pas le souvenir de vous avoir vu dans les récents rapports recensant les individus suspects présents en Languedoc ; je doute pourtant que vous ayez pu échapper durant votre chemin jusqu'à Montpelhièr à quelques contrôles de douane. »

Mouvement de tête agacé.

-« Il y a les listes des individus qui ont fait grand dommage au Languedoc, et qui méritent d'en être chassés. Ceux-là, et ceux-là seuls, peuvent craindre nos armées.

Si vous n'avez rien à vous reprocher vis-à-vis du Languedoc, alors passez votre chemin, et nul mal ne vous sera fait. »


Il planta finalement son regard dans celui de la dame d'Orval, et sans doute put-elle y lire toute la fierté qui s'agitait derrière ces grands miroirs.

-« Massacrer sur des soupçons est incompatible avec les valeurs du Languedoc, telles qu'inscrites dans notre coutume. »
_________________
Apolonie
L'azur pétille à le voir réagir. A vrai dire, qu'elle n'avait eu qu'un léger aperçu du Coms aux joutes de la Saint-Michel, mais elle ne doutait pas que pour avoir conduit un comté tel que le Languedoc avec seulement six conseillers, il devait avoir un certain caractère, et c'est loin de lui déplaire. Les gens qui savent défendre leurs convictions, mieux, qui sont attachés à leur terre et leurs valeurs comme elle peut l'être aux siennes, ceux-là méritent le respect et Aristote sait que celui d'Apolonie est dur à gagner.

Il défend son comté, son armée et les principes y étant liés. Elle l'écoute. Opinant du chef à quelques phrases, ravie d'apprendre qu'elle partage les valeurs du Languedoc, à défaut de l'inverse. Qu'au moins ici ils savent ce que rumeurs, présomptions et mauvaise interprétation peuvent faire. L'agacement de Cristòl est proportionnel à l'augmentation de l'estime qu'elle lui porte. Plus il défend sa terre, tant dans son attitude que dans ses mots, plus le sourire s'élargit.


à ce que je sache, vous n'avez jamais agi à l'encontre du Languedoc, d'une manière qui se soit sue par la suite. Peut-être êtes-vous dans l'une d'elles pour des faits passés, dans d'autres provinces, que j'ignore, et seriez-vous considérée comme une personne à surveiller.


En effet. En fait, je n'ai jamais rien fait d'illégal. Nulle part.
A part peut-être en Gascogne, avec la Zoko, mais j'ai été graciée par le Duc Gascon pour ça. Donc mon casier est vierge. Je n'ai jamais brigandé, ni trahi... 'fin bref... je ne suis donc pas sur vos listes...


Un léger sourire rejoint ses lèvres. Les épaules s'affaissent imperceptiblement, mais cela donne à sa silhouette un air plus souple. Moins martial. L'attitude d'la demoiselle qui redevient plus diplomate, qui, soulagée d'un poids qu'elle sentait peser sur ses épaules, profite mieux de l'air languedocien, d'un coup. Et qui savoure le fait qu'elle n'est pas seule à penser ainsi... Et que si chez elle c'est pas encore parfait, au moins un duché essaie de respecter les règles de la logique.

C'est un plaisir, Cristòl, de voir que votre duché a un fonctionnement juste.
Et cela mon séjour ici d'autant plus agréable. Vos terres sont accueillantes.


Un sourire, franc, sincère. Offert, juste comme ça. Histoire qu'il arrête de jouer avec ses doigts et de s'sentir agressé. Elle n'a rien contre le Languedoc, juste une rumeur parvenue à ses oreilles qui les chatouillait tant qu'elle voulait la démentir. Ce qu'il vient de faire, et cela lui convient tout à fait. Un regard porté sur Alayn, sa main qui trouve la sienne, instinctivement. Retour sur le Coms.

C'est toujours un plaisir, Cristòl, de discuter avec vous. Vraiment.
Votre mandat ? Pas trop dur ? Vous rempilez, si j'en crois les listes affichées ?


Une fois l'inquiétude passée, une fois les épaules libérées du poids difficile d'une suspicion imméritée, elle est de nouveau la jeune femme souriante et affable qu'elle sait être, au naturel.
_________________
Co-fondatrice avec Amberle du fan club de Constant Corteis.
Cristòl
A mesure qu'elle parlait, Cristòl tentait d'assimiler ce que cachaient ses paroles, et qui elle était vraiment. L'entrevue plaisante au Lavardin lui semblait un lointain et doux rêve, où il n'avait somme toute rencontré qu'une malicieuse jeune femme, mais rien qui s'approchât de ce qu'elle évoquait à demi. Graciée ? Il fallait faire de graves choses, pour invoquer une grâce.

Lentement, l'humeur de la conversation glisse, et dans les mots que lâcha finalement la dame d'Orval, il n'y eut plus pour Cristòl de raison de se draper de fierté.
D'une voix redevenue posée, il répondit :


-« Etre Coms vous donne à peu près le temps de faire tout, sauf ce dont vous avez envie ou besoin. On dort peut, on erre dans bien des couloirs, et sauf à mener la guerre, ce que je n'ai pas fait, on n'a plus guère le temps de s'entraîner au maniement des armes. Mais je sers le Languedoc, et c'est là une joie qui vaut bien tous les autres sacrifices.
Je serai au prochain conseil, je l'espère, et je fais tout pour cela. Il y a des projets à finir, que mon conseil réduit n'avait pas le pouvoir de voter.

Mais sans doute n'est-il pas exact de dire que je rempile. J'espère avoir moins de responsabilités, dans les deux mois à venir, car j'ai une noce à préparer.

Voulez-vous boire quelque chose ? J'ai beaucoup à faire, mais je manquerais à toutes les règles de l'hospitalité, en vous reconduisant à ma porte ainsi. »


Et il jeta un léger regard aux hommes, restés en arrière, qui n'avaient pour l'heure pas pipé mot.
_________________
Alayn
L'attente est longue, mais le château est grand et le comte un homme occupé... Il connaissait cela le vicomte, et d'ailleurs et se demandait vraiment si Cristòl allait les recevoir. Pourquoi le ferait-il après tout ? D'autres auraient très bien pu répondre aux interrogations de la dame d'Orval et de Varennes-sur-Allier à sa place. Dans la cour intérieure du castel Alayn laissait se poser ses yeux partout autour de lui, notant quelques détails architecturaux spécifiques à la région. De temps à autres un sourire lancé à Apolonie, guettant du coin de l'oeil une éventuelle appréhension quant à ce qui allait suivre, mais elle ne laisse rien paraître, gardant son sérieux, déterminée à faire ce pourquoi elle est venue, et ce jusque devant la porte où le Comte, qui a bien voulu les recevoir, les attend.

Une fois dans son bureau, reconnaissable à ce même désordre organisé que l'on peut voir dans chaque bureau ducal ou comtal, mais aussi aux riches tentures accrochées aux murs, et à l'ameublement finement ouvragé, quelques mots de politesse sont échangés. Il ne relève pas - bon si quand même, il faut bien avouer, mais intérieurement – l'erreur commise par l'attachée diplomatique qui s'adresse au comte par un « vostre grasce » ; Alayn salue l'homme en retour, accompagnant la parole d'un signe de tête respectueux, et se campe enfin sur la dextre de la jeune femme, un peu en recul, l'allure décontractée, ce n'est pas lui l'interlocuteur principal.

Il ne connaît de la vie d'Apolonie que ce qu'elle a bien voulu lui dire, suffisamment pour qu'il se fasse une idée de ce qu'elle a bien pu faire, de la femme qu'elle a été. Mais il a le sentiment que beaucoup de passages ont été occultés, qu'il manque des pièces à ce puzzle, peut-être est-ce pour le protéger lui, peut-être... ou tout simplement se protéger, elle. Aura-t-il un jour tous les détails ? Il en doute sincèrement et s'est fait à l'idée, tout le monde à son propre jardin secret après tout, lui le premier.

Comme elle s'était annoncée, elle ouvre directement le sujet, pas de palabres inutiles, la couleur du débat est lancée... s'il y aurait débat. La fameuse question posée, et la réponse de Cristòl est immédiate, mais il prend le temps d'argumenter ses dires, d'expliquer le fonctionnement de son duché. Les gestes de l'homme le trahissent, piqué au vif, réaction normale - humaine oserai-je dire - pour un régnant qui se doit de défendre ses terres, ses institutions, ses valeurs, sa fierté. Le ton est sec, le vicomte meurt d'envie d'intervenir mais n'en fait rien, le Coms a parlé sincèrement, la réponse est donnée, rien est à ajouter.
Puis l'atmosphère se détend, Apolonie semble satisfaite et arbore enfin un sourire, sa main rejoint celle du Vicomte, le sujet est à présent clos, c'est certain. Et viennent ce qu'on peut appeler les banalités, plus ou moins, les premières sensations d'un régnant à la fin de son mandat, il est fatigué, quel duc ou comte ne l'est pas après deux mois ? Mais il se prépare déjà pour les prochains mois. Alayn avait bien essayé de faire 6 mois de suite, mais jamais il n'avait été au bout, exténué par son propre mandat de Duc, il avait préféré jeter l'éponge et laisser sa place à un homme plus frais, qui s'en était fort bien sorti.

Les yeux du Coms se tourne alors vers Chlo et le jeune vicomte, les interrogeant presque du regard, Alayn s'avance naturellement avant de prendre la parole.


Vostre Grandeur, tout d'abord sachez que je suis honoré d'avoir en ce jour pu vous rencontrer, Apolonie, la dame d'Orval et de Varennes-sur-Allier, ne m'avait dit que du bien de vostre personne, et je ne puis qu'approuver ses dires.
Pour ce qui est de vostre hospitalité, le simple fait de nous avoir reçu en vostre bureau est déjà très appréciable. Bien entendu, si le temps vous le permet nous ne nous refuserons point à boire une coupe en vostre compagnie.


Un coup d'oeil rapide à son ami à senestre, un regard plus tendre à Apolonie qui semble acquiescer, et revenir enfin sur Cristòl, un sourire léger mais sincère affiché aux lèvres d'Alayn pour appuyer son discours.
_________________
Apolonie
L'écuyer est taiseux, il doit encore bouder, pour changer. A tous les coups c'est l'attente dans la cour qui nous l'aura vexé, le gamin. Satané Chlo, elle désespère de l'avoir avec elle. Tout en sachant qu'elle désespérerait de pas l'avoir, d'ailleurs. Mais ça, même sous la torture, elle ne l'avouera pas. Manquerait plus qu'il s'en rende compte ! Comment avoir le dernier mot ensuite ? Hein ?

Le ton de la conversation avec Cristòl se fait plus badin maintenant que le sujet de l'entrevue a changé. L'échange peut suivre son cours tranquille, les banalités et les politesses reprendre une place choisie, et le sourire étirer les lèvres de la demoiselle. Elle laisse son côté mondain et joyeux reprendre le dessus sur la jeune combattante.

D'un regard, d'un sourire, son aimé s'avance. Et elle se marre intérieurement. Alayn refuser une coupe ? Non, elle ne l'a jamais vu faire. Et c'est avec plaisir qu'elle s'avance à son tour jusqu'à se trouver à son côté. Leurs mains sont toujours liées, comme depuis leurs retrouvailles. L'azur s'pose amoureux sur son vicomte, avant d'retrouver les yeux bichromes du Coms.


Comme le dit Alayn... Si vous avez le temps... Sinon on peut aussi rejoindre nos pénates...

L'intonation est amusée. Le sourire franc. Et l'envie de discuter, un peu, présente. Une question qui se présente... Comme ça, au débotté.

Etes vous inscrit aux joutes d'Anjou, Cristòl ?
_________________
Co-fondatrice avec Amberle du fan club de Constant Corteis.
Cristòl
-« Vostre Grandeur, tout d'abord sachez que je suis honoré d'avoir en ce jour pu vous rencontrer, Apolonie, la dame d'Orval et de Varennes-sur-Allier, ne m'avait dit que du bien de vostre personne, et je ne puis qu'approuver ses dires.
Pour ce qui est de vostre hospitalité, le simple fait de nous avoir reçu en vostre bureau est déjà très appréciable. Bien entendu, si le temps vous le permet nous ne nous refuserons point à boire une coupe en vostre compagnie. »


Cristòl agitait tout juste une clochette claire et tintante, lorsqu'Apolonie se prit de préciser :

-« Comme le dit Alayn... Si vous avez le temps... Sinon on peut aussi rejoindre nos pénates... »

Et le jeune Sìarr reconnut ce petit air de défi qu'il avait connu au Lavardin, de celui qui semblait dire : "Chiche !"
Déjà enchaînait-elle.


-« Etes vous inscrit aux joutes d'Anjou, Cristòl ? »

Le serviteur d'arriver. Le Coms demanda qu'on apportât un Costières de Nîmes. Et regard amusé vers ses hôtes, qu'il avait fait languir, avant que de répondre :

-« La période électorale, qui plus est pour un Comte encore en exercice qui se place en tête de liste, ne laisse guère de répit pour un voyage de courtoisie à l'autre bout du Royaume, ou presque. Ce n'est pas faute, de la part de Sa Grâce Fitzounette, de m'y avoir invité ! »

A la pensée de la petite blonde au train de feu, et aux manières spontanées parfois discutables, il effleura la pensée du Languedocien que c'était, encore, une blonde. Et il félicita en son for intérieur Apolonie de ne pas l'être.
Enfin, se tournant vers le Vicomte :


-« Je suis ravi de vous rencontrer, mais... Il est étonnant, Vicomte, que la dame d'Orval ait dit tant de bien de moi, lors que j'ai passé un long temps à ne faire que la taquiner, ce qui était, vous en conviendrez, fort déplacé de ma part, envers une telle précieuse... »

L'espace d'une seconde son regard glissa sur la brunette : un regard mutin, comme ceux qu'ils avaient échangés, en septembre.
Le serviteur revint, et leur remit à tous entre les mains une coupe d'un vin languedocien qui ne déméritait pas.

_________________
Apolonie
Le geste se fait réponse de la part de Cristòl, et rapidement un serviteur se présente. Un vin ou du moins une boisson dont elle n'a jamais entendu parler. A tous les coups c'est alcoolisé. Elle qui ne boit que peu sourit en coin, et se demande si elle ne va pas, juste pour l'embêter, demander plutôt une tisane, qu'elle agrémentera du miel qu'elle trimballe en permanence sur elle. Mais non, de toute façon l'homme est déjà reparti et ne tarde pas à revenir faire le service.

Les yeux vairons du Coms, déparés de leur fierté brillent maintenant d'une taquinerie qu'elle reconnait. Le sourire se glisse naturellement, l'azur pétillant à son tour d'une malice toute amusée.


Ce n'est pas faute, de la part de Sa Grâce Fitzounette, de m'y avoir invité !

Ah ça, je crois que Fitz n'a jamais autant insisté pour quelque chose que pour ces joutes...
Du coup, j'ai pour ma part cédé. Il faut dire aussi que j'ai une revanche à prendre après les deux dernières qui m'ont laissées une vilaine cicatrice.
Et puis c'est en joutant qu'on devient jouteur... Besoin d'entrainement.
D'autant que mon frère est angevin et qu'il ne s'y présente pas, il faut veiller à ce que notre nom ne soit pas uniquement attaché à des prises de mairies.


Elle sait qu'évoquer les hauts faits du frangin ne sont pas de nature à plaire au languedocien, mais elle ne va surement pas renier son double juste pour agréer le jeune homme, et puis faut bien l'avouer, elle aime bien le chercher. Une pensée qui s'envole vers un colosse en plein combat, qui a promis d'en revenir. Pincement d'espoir. Avant de manquer s'étouffer avec la première gorgée de vin nîmois qu'elle vient de porter à ses lèvres.

Alors que j'ai passé un long temps à ne faire que la taquiner, ce qui était, vous en conviendrez, fort déplacé de ma part, envers une telle précieuse...


L'étincelle mutine du regard de Cristòl ne lui échappe pas, mais le toussotement non plus. Marquant par là-même son étonnement. Qu'il la taquine, elle n'y voit aucun inconvénient, et participe même avec plaisir aux joutes verbales dont ils semblent avoir fait leur lot, mais alors "précieuse" ? Même pour rire, elle n'aurait pas songé que ce terme puisse lui être attribué... Plus depuis des mois en tout cas... Plus depuis qu'elle sait se battre... Et encore, même à l'époque où elle n'était qu'ambassadrice et consul, même lorsque sa vie se résumait à l'animation de son village, et aux cérémonies en tout genre... On ne pouvait la qualifier ainsi.

Apolonie était tout de même connue pour se vautrer lamentablement à chaque entrée dans une pièce bondée, avec en option l'atterrissage aux pieds du duc ou au milieu de bris de vitres... Un éclat de rire se forme dans ses tripes, mais elle parvient, in extremis, à le retenir, et tente d'avaler sa gorgée sans faillir. La mine entre amusement et déconfiture, elle laisse l'azur osciller entre Alayn et Cristòl. Précieuse...


N'exagérons rien... Alayn est particulièrement poli.
Mais j'avoue cependant, Votre Grandeur,
Sourire en coin... que j'ai préféré notre échange à celui, mielleux à souhait, d'autres jouteurs présents au Lavardin. Et puis, vous conviendrez, j'en suis sûre, que les taquineries étaient dans les deux sens.

Les doigts pressent ceux de son aimé, s'excusant doucement de ne pas correspondre tout à fait à la définition de la jeune dame qu'elle est pourtant. Les fanfreluches, les discussions d'une banalité déconcertante, la préciosité justement, et la futile obséquiosité sont choses qui l'ennuient au plus haut point. Quand on a la franchise en étendard, les armes comme amies et le caractère qui va avec, comment faire autrement... D'ailleurs, elle croit bien se souvenir qu'elle était à deux répliques de remporter leur mini-joute verbale, si Llyr n'avait pas annoncé le dîner, et si le discours sur le "vivre noblement" de leur hôte n'avait pas agacé Cristòl au point de le faire fuir. Oui... Une allocution en demi-teinte... Apolonie ne voyait pas la noblesse ainsi, et si l'on le prenait au premier degré, alors non, elle ne souscrivait pas non plus à cette manière de penser, à ce groupe qui se formait.
_________________
Co-fondatrice avec Amberle du fan club de Constant Corteis.
Cristòl
Le Coms tiqua lorsque la dame d'Orval parla de son frère. Allons... Voulait-elle lui donner des raisons de se méfier d'elle ? Mais il n'eut guère le loisir d'en parler, et même, ne le voulait-il point, car l'humeur était au beau fixe, et il trouvait cela bien mieux ainsi. Il avala une nouvelle gorgée de Costières.
Manifestement, l'un comme l'autre repoussait les limites de ce qu'il était convenable de dire, même en plaisantant. Le balancier du regard azuré de son interlocutrice, entre le Vicomte auvergnat et le Comte languedocien, parlait de lui-même. Elle était décontenancée... Un partout.


-« N'exagérons rien... Alayn est particulièrement poli.
Mais j'avoue cependant, Votre Grandeur, que j'ai préféré notre échange à celui, mielleux à souhait, d'autres jouteurs présents au Lavardin. Et puis, vous conviendrez, j'en suis sûre, que les taquineries étaient dans les deux sens. »


Hochement de tête, et nouveau sourire. Répondre sérieusement, ou renchérir ? Il prit au Comte une envolée logorrhéique :

-« J'en conviens, j'en conviens, et le revendique même ! Ce n'est certes pas dur à comprendre en fin de compte, Dòna Apolonie, car beaucoup trop d'hommes croient qu'il est plus aisé de s'attirer l'amitié d'une femme en soupirant, et je crois, hélas, qu'à cela on ne gagne qu'à être pris pour un trousse-jupons, lors que quelques piques bien senties peuvent instaurer une complicité qui sied mieux à l'amitié, et...

Bref. »


Regard au Vicomte Alayn, au Baron Chlodwig, qui manifestait tous les signes de l'ennui le plus profond, et ne se serait pas davantage montré attentif s'il s'était agi d'une nuée de moustiques impaludés. Il comprit bien vite qu'il n'aurait aucun secours de ce côté-là, et devrait se démêler tout seul du verbeux verbiage qu'il avait initié.

-« Alors pour la joute, je vous souhaite bonne fortune... Cela ne devrait point être trop compliqué, vous avez bien de l'aisance pour désarçonner vos adversaires, à la pointe de la langue. Pourquoi en serait-il différent, à la pointe d'une lance... ? »

On venait de frapper vigoureusement à la porte du bureau privé. Réponse automatique : Dintratz ! Et un valet essoufflé s'inclina.

-« La Seuna Grandsa, es entà la Provença e los Germans... »
-« Sat ! »

Se tournant vers ses visiteurs, l'air désolé :

-« Je crois, Vicomte, Dòna, que nous allons devoir couper court à cette entrevue. Nous nous reverrons, je gage, avant votre départ de Montpellier... Mais j'ai là quelques affaires urgentes à étudier. Veuillez m'excuser. »
_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)