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Info:
Résidence champenoise du comte Jeanjacob et de la comtesse Arielle.

[RP] Manoir Gilraen, voie de Chaudefontaine

Arielle_de_siorac


Vers la sortie du bourg de Saincte-Ménehould, sur le chemin paisible menant au couvent de Chaudefontaine, à quelques lieues de là, un charmant manoir et son modeste domaine faisait le coin de la route de Compiègne, blotti contre le silence bleuté de l'Aisne. Là, entre un potager et un reste de jardin de fleurs, s'étalait en proportions discrètes un manoir de pierres. L'édifice, partiellement dissimulé aux passants par des bouquets de chênes et d'ormes, était élégamment drapé dans un manteau de lierre.

C'était la demeure champenoise que la comtesse de Nijmegen, pourtant largement pourvue en résidences à travers le royaume, avait fait acheter par son intendant parigot, Médard. La noble dame avait en effet fort apprécié son récent séjour au couvent de Chaudefontaine et, désirant posséder une retraite campagnarde raisonnablement près de Paris, avait jugé que les proximités de Saincte-Ménehould tombaient fort à propos.

Bien que relativement récent, l'édifice avait un peu souffert d'un abandon de quelques années. Les précédents propriétaires avaient en effet disparu sans laisser de traces environ un lustre auparavant. Bien entendu, cet étonnant évanouissement d'une famille entière avait longtemps alimenté les rumeurs dans toute la région. Entre autres fables, on racontait notamment que le Sans Nom était venu un soir de pleine lune et qu'avec sa flûte diabolique, il avait envoûté parents et enfants pour les noyer dans la rivière; depuis, ces lieux étaient hantés, murmurait-on. De la sorte, peu de badauds s'attardaient à l'ombre des murs de pierre. Le manoir n'avait échappé aux ravages rapides des éléments que par les soins désintéressés d'un voisin imperturbable.

D'importants travaux de restauration avaient donc été commandés par Médard en prévision de l'arrivée prochaine de la comtesse et, peut-être, de sa famille. En raison du mystère entourant ces lieux, l'intendant avait dû aller chercher sa main-d'oeuvre un peu plus loin, là où on se moquait bien du sort des âmes disparues.

Bientôt, la résidence retrouva l'activité et le confort qui lui allaient si bien. Un mobilier sommaire était venu remplacer les vieux lits et les chaises couverts de fils d'araignée. L'installation plus complète se ferait lors de la venue de la propriétaire afin de lui laisser le choix des meubles et de la décoration.


Note HRP: ceci est un RP privé. Ceux qui souhaitent y participer sont invités à m'envoyer un MP d'abord ou au moins à s'annoncer et attendre qu'on leur ouvre, car la maison est protégée par des gardes. Merci de tenir compte de la description physique des lieux et de la cohérence générale du RP.
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Paskweten
Paskweten aimait à se promener en dehors de la ville pour fuir les tracas de la mairie, ce jour là il avait décidé d'aller marcher en forêt et de ramasser quelques herbes et plantes sauvages pour aromatiser les plats de la taverne. C'est donc tout naturellement qu'il passa près de la vieille demeure abandonnée il y a plusieurs années. Jusqu'à présent le maire souriait à chaque fois qu'il passait ici, encore des nobles qui ont fuit la ville se disait-il. Quand il vit que des maçon s'affairaient autour de la bicoque et que celle-ci avait repris toute sa beauté d'autrefois il se demanda qui avait bien pu acheter cet endroit qui portait la poisse, personne dans le village n'aurait acheté cette masure... Tous savaient que les nobles n'étaient pas appréciés à Sainte Ménéhould, ça devait surement être un étranger. Il fallait le prévenir qu'il devait dégager de Sainte, il se décida donc à entrer dans le jardin et à frapper à la porte.

Ola ! Y a quelqu'un ?!
--Medard


Médard arborait une mine d'enterrement.

Un coursier venait de lui porter missive lui annonçant l'arrivée imminente de la maîtresse. "Il me tarde de découvrir ce manoir dont vous m'avez vanté le potentiel", avait écrit icelle. Oui bon... le potentiel était bien là et ne posait aucun problème à l'Intendant. En effet, les artisans avaient fait de cette quasi-ruine un doux cocon, quelque peu modeste pour une comtesse mais néanmoins chaleureux.

Non, ce qui barrait le front de Médard, c'était le manque criant de domestiques à recruter. Certes, on l'avait mis en garde contre la réputation de cette demeure dite hantée. Il avait immédiatement balayé ces réserves du revers de la main, préférant croire qu'il s'agissait là de sornettes véhiculées par quelque seigneur du coin en vue de s'approprier ce joli manoir. Pourtant, les villageois semblaient véritablement éviter le petit domaine; ses appels au recrutement étaient restés sans réponse.


Balivernes que tout cela, marmonnait-il dans sa barbe. En plus d'un mois, la seule chose suspecte que j'ai vue, c'était la vertu d'une maritorne croisée en ville.

Un petit sourire rêveur vint adoucir sa mimique. Elle était salée, d'ailleurs, la coquine.

Ola ! Y a quelqu'un ?! Une voix masculine, suivi d'un léger frappement à la porte. Le sourire de Médard s'élargit. C'était là assurément quelque étranger venu se faire embaucher comme laquais, valet ou garde.

Oui un moment, j'arrive!

L'Intendant ouvrit la porte en grand, le geste ample, la mine enthousiaste.

Bien le bonjour, mon brave! lança-t-il à l'homme qui se tenait là. Vous tombez à pic, je commençais à croire qu'aucun de ces badauds superstitieux n'allait jamais répondre à mon appel. Je n'ai pas envie d'aller jusqu'à Reims pour recruter! Entrez, entrez! C'est pour quelle charge? Vous avez des références?
Paskweten
Paskweten fût un peu surpris par l'accueil du bonhomme mais ne se laissa pas intimider pour autant. Il passa devant le majordome sans répondre à ses questions, son besoin de fouiner et de s'inviter partout était le plus fort. Il entra donc dans la demeure et commença à toucher aux bibelots, à regarder un peu partout en faisant de petits commentaires.

Dîtes-donc, savez pas que c'est hanté par ici ?


Les nobles ne sont pas les bienvenus dans mon village. Z'êtes pas noble vous ? Vous avez une drôle de bobine. Waaah c'est cossu, j'adore le style ! Vous me rapp'ler un gars, l'était pas très beau lui aussi...

Il continua son tour du propriétaire et entra dans la cuisine et ouvrit le garde-manger. Il siffla devant un morceau de jambon, il n'en avait encore jamais vu d'aussi gros.

Par Aristote, il devait être énorme ce cochon !! J'peux goûter ?

Sans attendre la réponse il ferma le garde-manger et ouvrit le placard à côté. Il regarda tranquillement et finalement prit un fruit qui trônait sur la table. Il croqua dedans et s'adressa à l'homme tout en mangeant et postillonnant.

Alors vous êtes qui ? Moi j'm'appelle Paskweten, j'suis l'maire du village. C'est une bien belle bicoque... Bon j'suppose que vous êtes pas le proprio. Il est où ?

Il continua de manger la pomme attendant des réponses à ses questions.
--Medard


Les yeux de Médard s'agrandirent tandis que l'inconnu se mettait à toucher à tout comme s'il était chez lui. Stupéfait devant tant d'effronterie, il resta bouche bée juste le temps nécessaire pour que l'intrus se faufile jusqu'aux cuisines.

Revenu de sa surprise, l'Intendant fit un signe de la main aux quelques artisans qui, travaillant toujours sur un pan de mur du salon, s'étaient arrêtés pour observer l'énergumène. C'est donc accompagné d'une petite escorte qu'il rejoint le malotru.

Iceluy croquait sans vergogne dans une pomme, annonçant nonchalamment qu'il était maire du village. Médard, les bras croisés, toisa le rustaud d'un regard noir. Il était urgent de compléter le recrutement de la garde!


Messire Paskte... Pastek... Messire! Tout maire que vous êtes, vous n'êtes pas céans en votre cambuse. Je vous ai invité à entrer, pas à vous installer.

Habitué depuis des années au contact raffiné de la haute société, il tremblait presque d'indignation devant tant d'impudence. Il songea toutefois à modérer sa colère; pour la tranquillité de la comtesse, il se devait de préserver des relations cordiales avec les Ménehildiens, en particulier avec leur bourgmestre, si inconvenant fût-il.

Mon nom est Médard, rajouta-t-il d'une voix radoucie. Je suis Intendant pour la propriétaire des lieux, la comtesse de Nijmegen. Je prépare son arrivée prochaine.

Les mots lancés plus tôt par le maire résonnaient encore aux oreilles de Médard. Les nobles ne sont pas les bienvenus dans ce village. "Bon, encore autre chose!" songea-t-il, découragé. "Après les fantômes, les paysans frustrés! Mais pourquoi diantre Dame Arielle a-t-elle choisi Saincte-Ménehould?!?"

Je crains que nous ne soyons pas en mesure de vous recevoir en ce moment, avança-t-il en regardant la pomme disparaître dans cette grande bouche. Toutefois, lorsque Sa Grandeur aura complété son installation, je ne doute pas qu'elle se fera un plaisir de vous inviter à sa table.
Paskweten
Paskweten finit sa pomme et regarda le bonhomme lui parler. Il n'avait pas tout écouté et continua donc de parler comme si de rien n'était répondant à ce qui l'intéressait.

Pask-we-ten on dit, c'est pas compliqué. Et pis j'm'installe pas, j'regarde... C'est sympa ici, j'aime bien les boiseries. Ça doit être pas mal pour vivre, vous devez être riche. C'est bien vous allez pouvoir payer beaucoup d'impôts...

Il fait un grand sourire en partie édenté au majordome.

Alors Médard, très joli prénom. Par contre comtesse de Nissemgem j'aime moins. On est pas trop trop noble ici, c'est simple y en a pas un seul. On les vire en général. J'espère que vous avez une bonne raison de rester.

Il retourna dans l'entrée quand il entendit qu'on l'invitait à manger.

Toutefois, lorsque Sa Grandeur aura complété son installation, je ne doute pas qu'elle se fera un plaisir de vous inviter à sa table.

Vrai ? Vous m'invitez à manger ? Ben avec plaisir. Qu'est-ce qu'on mange ?

Il retourna dans la cuisine aussi vite qu'il était entré dans la maison et ouvrit à nouveau le garde-manger. Il commença à beugler.

Hey Med' ! On s'le fait ce jambon ?! On pourra discuter de ta comtesse en mangeant. T'as d'la bière ???!!
--Medard


Le rustaud s'alourdissait au même rythme que le poids d'angoisse dans la poitrine de l'Intendant. Manifestement, le bourgmestre n'écoutait guère ce qu'on lui disait; pire, il parlait contre la noblesse, sacrilège aux yeux de Médard si dévoué à la comtesse et à sa famille.

À tout le moins se dirigeait-il à présent vers la sortie, laissant enfin l'Intendant à ses urgentes obligations. Ce dernier sentait passer les minutes comme le sang douloureux dans ses veines; la maîtresse allait arriver, la maîtresse serait peut-être là cette semaine, demain ou... ou même ce soir! Et il n'y avait que lui, un garde et deux chambrières pour l'accueillir!

Les yeux fermés, Médard respira par le nez lentement... Inspire. Expire. Inspire. Expire. Pas de panique, il allait s'en sortir, il allait être à la hauteur, il allait trouver une solution à ce problème de domestiques...

Il se massa un instant les tempes, en proie à un mal de crâne subit. À cet instant, il entendit un cri venant de la cuisine.


Hey Med' ! On s'le fait ce jambon ?!

Le choc. Médard rouvrit les yeux, le menton affaissé, les bras ballants.

Oh bien sûr, il était contrarié de constater que, loin d'être parti, l'intrus était retourné dans les cuisines. En fait, cela n'était guère surprenant compte tenu du manque total de civilité de l'importun.

Le choc avait en fait parcouru l'échine de l'Intendant tandis que
Hey Med' se rendait, à travers ses oreilles, jusqu'aux tréfonds de sa mémoire. Il en resta pantois. Personne ne l'avait appelé ainsi depuis la mort de son frère, vingt-cinq ans auparavant. Le fier crédencier était à nouveau un gamin empoté accourant à l'appel de son aîné, son héros.

Déstabilisé, Médard retourna à la cuisine, non sans avoir fait un nouveau signe de la main aux artisans afin qu'ils retournent à leur tâche. Arrivé sur le pas de la porte, il se refit peu à peu une contenance en observant pensivement le maire occupé à fouiller dans les vivres.


Hum... Oui, oui... Bien sûr, il y a de la bière. Ce n'est pas le Manoir Gilraen pour rien, prononça-t-il machinalement.

En réfléchissant, il se dit qu'après tout, partager quelque pitance avec le bourgmestre pourrait bien être la meilleure façon de régler son problème. En effet, qui de mieux que ce messire pour inciter les habitants à venir travailler céans! Le sacrifice de ce superbe jambon, qu'il réservait aux ripailles d'accueil de la comtesse, en valait bien la chandelle.

C'est ainsi que bière, jambon et, pourquoi pas, quelques fromages et du pain se retrouvèrent rapidement coincés sur la table entre l'Intendant et le maire.


Alors Messire Past... Paske... Paskweten, parlez-moi un peu de votre charmant village.

Déjà, l'angoisse de Médard s'était légèrement allégée.
Paskweten
Paskweten pris place et commença à découper le jambon. Il donna une tranche au majordome tandis qu'il s'était d'abord réservé 4 tranches épaisse comme un pouce. Il tartina de fromage une grande tranche de pain et se versa une pinte de bière qu'il vida d'un trait avant de se resservir et d'entamer le jambon. Il parla la bouche pleine comme d'habitude.

Alors Med', pourquoi vous êtes venus ici ? J'vous ais pas vu en taverne, z'aimez pas les gens ?

Il pointa son couteau vers l'homme.

Vous savez pas que ça porte la poisse cet endroit ? Z'avez pas peur ? Ca te dérange pas qu'j't'appelle Med' ? J'tutoie tout l'monde, ma mère a essayé de m'éduquer mais ça n'a pas marché.

Il éclata de rire ce qui le fit postillonner.

Ralala tu sais que j'ai bossé pour une noble aussi ? Hein ? T'es tout pâle, ça va ? T'as pas faim ? Je peux prendre ta tranche de jambon alors ?

Son appétit semblait intarissable, il continuait d'ingurgiter de la nourriture sans soucis...
--Medard


Hum... Fraterniser avec l'énergumène n'allait pas être une partie de plaisir. Déjà, le mal de tête revenait marteler le crâne de Médard tandis que le rustaud parlait la bouche pleine, laissant voir l'étendue de son manque d'hygiène buccale.

J'aime pas les gens, j'aime pas les gens... Ça dépend lesquels, marmonna l'Intendant tout en se massant à nouveau les tempes.

Dédaignant la tranche de viande où le maire avait mis partout ses gros doigts, il se concentra un moment sur sa respiration afin de trouver le courage d'affronter cette épreuve. Il lui fallait obtenir l'aide de ce maroufle, il le fallait!

Il laissa le bourgmestre monologuer alors qu'il tombait dans la contemplation fascinée de cette mastication spectaculaire. Il avait vaguement la nausée.

N'écoutant plus que d'une oreille, l'Intendant repensa au choc de s'être fait appeler Med', comme ça, sans crier gare, par un être aussi éloigné de son défunt frère qu'on aurait pu l'imaginer. C'était tout de même incroyable. Et voilà que cet aîné refaisait surface en son esprit un quart de siècle après sa disparition. Il lui manquait, tiens.

Médard s'ébroua un peu lorsque son interlocuteur lui chipa la pièce de jambon tristement avachie devant lui.


Allez-y, tutoyez-moi... Au point où nous en sommes, songea-t-il. Hum... Alors non, je ne crois pas en cette histoire de fantôme et je suis persuadé que la comtesse trouvera paix et sérénité céans. En autant que la populace ne s'approche pas trop, faillit-il rajouter.

Je n'ai guère le loisir d'aller m'encanailler en taverne, malheureusement. D'ailleurs, j'ai un souci dont j'aimerais vous faire part... Son regard prit une teinte suppliante malgré lui. C'est que, voyez-vous... Il me faut trouver gardes, chambrières, laquais, valets, cuisiniers et jardinier... et heu... je me demandais si vous pourriez m'indiquer le nom de Ménehildiens en recherche d'un emploi honorable et bien rémunéré... Presque personne n'a démontré d'intérêt, je ne comprends pas... Je crains devoir aller jusqu'à Reims pour mon recrutement.

La migraine se faisait tonitruante. Médard avait la nette impression de se montrer indigne de lui-même, de la si belle condition où il avait réussi à se hisser malgré la modestie de ses origines. Oh, si la comtesse le voyait...
Paskweten
Paskweten s'arrêta de mâcher, le majordome n'avait pas l'air dans son assiette.

Si ça ne va pas faut manger, vous êtes tout maigre, c'est pas bon. Le gras c'est la vie !

Il finit sa deuxième pinte de bière et son assiette avant de reprendre.

... des Ménéhildiens qui cherchent du travail ? Y en a. Des Ménéhildiens au service d'un noble, pas à ma connaissance. Z'avez pas lu le panneau de la mairie ? Vous savez lire au moins ? Moi j'ai appris tout seul, c'est pas facile, ça m'arrive encore de confondre certaines lettres !

Il commença à se curer les dents avec le couteau et continua de discuter.

Dommage que vous ne croyez pas à cet histoire de fantôme... c'est fait pour qu'aucun noble ne rachète cette bicoque... Tiens au fait, moi j'suis diacre alors les histoires de fantôme. Vous êtes baptisé ? Je suis très vigilent la-dessus. Vous êtes marié ? Vous avez des enfants ? Elle revient ta comtesse ? Désolé j'aime bien parler et poser des questions, ch'ais pas pourquoi.

Il sourit les dents nickels, aucun morceau de viande coincé !
--Medard


Non seulement Médard s'était-il montré indigne de lui-même mais en outre l'avait-il fait pour rien: le bourgmestre semblait imperméable à sa supplique - mais pas à la bière, qu'il ingurgitait sans retenue.

L'Intendant allait perdre patience, il le sentait... Ça lui brûlait les cheveux.


Je suis baptisé, et marié, et mon épouse est à Paris avec notre fille unique chez la comtesse, et oui icelle s'en vient très bientôt, peut-être même aujourd'hui, et non, je n'ai pas lu le panneau à la mairie, mais oui, je sais évidemment lire, et aussi compter, et aussi dompter, répondit-il, un peu pincé. J'ai des choses plus urgentes à faire que lire des panneaux, j'ai une vie, des responsabilités, des soucis, des problèmes à résoudre, un manoir à retaper, toute une domesticité à trouver!

Il sentait sa courtoisie lustrée s'effriter un peu plus à chaque coup de marteau dans son crâne. Les mots étaient sortis vite, en un jet incontrôlé, et déjà Médard sentait que s'il avait pu avoir une toute petite chance d'obtenir de l'aide de ce butor, il venait assurément de la broyer.

Les yeux fermés, il se massa le front un instant, incapable de réfléchir. Sa gorge s'était nouée à l'idée d'avoir saboté à l'avance la paix que la comtesse espérait trouver en ce village.

Regardant à nouveau l'ogre, il se leva et, dans un geste large, le manteau drapé, il tenta de limiter les dégâts en saluant son interlocuteur avec déférence.


À présent, je vous prie de m'excuser. Il me faut partir sans tarder pour aller à la capitale trouver des gens qui ne dédaigneront pas un emploi bien payé en une maison honorable.

Raimon vous raccompagnera,
fit-il en appelant le seul garde déjà en poste. Je vous remercie de votre visite et suis enchanté d'avoir fait votre connaissance.

Et sur ce joli mensonge, il fit une nouvelle pirouette courtoise et sortit, plus pâle que jamais.
Paskweten
Paskweten n'avait pas eu le temps de répondre que Médard était déjà dehors, il resta bouche bée et regarda Raimon arriver. Finalement il continua de parler, peu importe l'interlocuteur, il bavardait comme si de rien n'était.

L'a pas l'air bien ton copain. Tu devrais l'aider Raimon. Tu permets que j't'appelle Raimon ? Bon en tout cas j'ai hâte de voir votre comtesse.

Tu parles pas beaucoup. T'es muet ? Hé ho !! Bon tant pis.


Il se leva et commença à se diriger vers la cuisine avant de faire demi-tour et de prendre le restant de jambon. Il regarda le garde qui lui portait un regard désapprobateur.

Bah quoi ? Faut pas gâcher, on sait pas quand ta comtesse revient... Il a le temps de sécher.

Il mis le jambon sous son bras et quitta la maison tranquillement. Ne sachant plus ce qu'il était venu faire dans le coin il se dirigea vers sa taverne pour aller boire une bière et finir son jambon.
Arielle_de_siorac
[Quelques heures plus tard]

Entouré de son habituelle escorte armée, le carrosse frappé des armes de Nijmegen avançait tout doucement sur la route sinueuse menant à Saincte-Ménehould. À l'intérieur, Arielle se tenait prostrée, les yeux fixant sans le voir un parchemin tombé sur le plancher.

La fatalité avait rejoint la comtesse sous la forme d'un coursier porteur d'une missive. Le coup, un direct au coeur, l'avait foudroyée peu après sa dernière escale, dans cette auberge où elle s'était arrêtée avec deux petites Dénéré rencontrées par hasard sur le chemin.

La missive venait du Béarn.


Gnia a écrit:
De Nous, Agnès Adélaïde de Dénéré de Saint Just,
A Vous, Arielle de Gilraen de Dénéré, notre soeur,

Notre plume tremble alors que nous écrivons ces quelques lignes. Nous ne saurions arriver à nous étendre bien longtemps tant l'émotion de ce que nous avons à vous annoncer nous étreint.
Nous aurions pu vous annoncer fièrement que nous avons accompli notre devoir d'épouse en donnant à notre époux, non pas l'héritier tant escompté, mais du moins double descendance. Deux filles, dont l'une au moins semble en bonne santé.
Mais le destin ne nous permet pas de nous en réjouir.
Cette nuit, votre frère, notre époux, a été blessé mortellement lors d'une bataille nous opposant aux hérétiques Lions de Juda et à leurs vils commanditaires genevois sous les rempart de Tarbes.
Il a rendu son dernier soupir en notre présence ce jourd'hui à l'aube.

Nous vous prions d'excuser la brièveté et la brutalité des mots contenus dans cette lettre. Ils sont à la mesure de la douleur que nous éprouvons et du grand désarroi dans lequel nous sommes plongée.

Faict à Tarbes, le Premier jour du mois de Novembre de l'An mil quatre cent cinquante sept.



Voilà que le manoir promis se dessinait entre les arbres, promettant, sinon la paix, à tout le moins un cocon douillet pour y accueillir la comtesse éplorée. Bientôt, le véhicule et son escorte s'immobilisèrent. Ils étaient arrivés.

Seuls un garde et deux chambrières se tenaient devant la porte, en une haie d'honneur dérisoire où l'on sentait pointer une légère panique en l'absence de l'Intendant. Médard était parti recruter à Reims! Comment accueillir la maîtresse? Quel était le protocole?

Mais les courbettes étaient le dernier des soucis d'Arielle, qui mettait pied à terre d'un air absent. Appuyée sur sa canne, la dame vieillissante, le cou voûté sous le choc, semblait avoir gagné quelques cheveux gris supplémentaires pendant son voyage.

Sans même un regard pour l'inhabituelle simplicité de son entourage, elle fit trois pas. Ses genoux eurent une faiblesse.

Elle chut dans les bras d'un Raimon abasourdi. Une plume tombée là, sans rien dire.



[Le lendemain matin]

Le pire avec les cauchemars, c'est qu'ils nous tombent dessus à chaque réveil, telle une chape de plomb sur la lumière matinale.

Roulée en boule dans son lit, Arielle avait tourné le dos au jour naissant et tentait de se noyer dans la chaleur silencieuse de ses larmes. Seul un discret sanglot, échappé parfois entre deux abîmes, permettait aux chambrières postées près de la porte de deviner que la comtesse était bien éveillée.

La Dénéré avait tant voulu un frère. Les compagnons de son enfance périgourdine étaient depuis longtemps sortis de sa vie, d'abord par la distance, ensuite par la révélation des véritables origines d'Arielle. Elle était orpheline, à jamais fille unique, individuelle, coupée d'un Autre qui aurait son sang, qui serait son double. Elle s'était fait à l'idée.

Et puis voilà qu'un jour d'été, dans son verger béarnais où sa vie semblait trompeusement sereine, un jeune étranger devenu l'ami était venu lui montrer une lettre. Un bout de parchemin moisi et froissé qui avait tout changé. Erel était le fils de Clovis, le frère d'Arielle.

Le frère d'Arielle.

Sitôt entré en son coeur, ce frère tout neuf était parti, laissant sa soeur dans les limbes et leur affection en friche. Les promesses d'une sublime fraternité n'avaient eu qu'un soubresaut au cours d'un échange épistolaire plutôt maigre. Les noces d'Erel avaient brièvement réuni les deux Dénéré, il y avait déjà un long moment.

Aucune nouvelle depuis, sauf les échos mondains d'une France bavarde.

Et puis, cette lettre...

Quelque part en après-midi, la comtesse s'extirpa de sa torpeur et descendit s'asseoir sur le bord de la rivière. Drapée dans sa robe de chambre, ayant jeûné toute la journée - autant par manque d'appétit que par une carence en cuisiniers - elle retrouva la prostration contemplative qui avait caractérisé ses premiers temps à Bruges. Les deuils s'accumulent et se ressemblent un peu.

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Paskweten
Paskweten s'était levé pas trop tard ce matin là et après l'achat de denrées pour la ville et la foire ducale il avait décidé d'aller pêcher, après tout il était le représentant local de la fédération des pêcheurs. Il faisait pas très chaud mais l'air était sec il marmonna :

... vais p't être me laver aujourd'hui...

Il prit sa canne et commença par se diriger vers le lac avant de marquer un temps d'arrêt. Il renifla et sentait comme une bonne odeur pas loin de lui. Il remonta la rue et vit qu'un boulanger avait préparer des tartes et les faisait refroidir sur le rebord de la fenêtre. Les clients allaient bientôt arriver, il fallait que tout soit prêt, le pain frais, les tartes aux fruits et aux légumes etc... Il regarda la tarte avec envie, se retourna à gauche et à droite et la chaparda. Il s'enfuit en courant et tourna à la première ruelle puis changea de direction à la seconde et finalement s'arrêta contre le mur d'une maison.

...Ça m'rappelle ma jeunesse tout ça !

Il sourit et gouta la tarte aux pommes, il la mangea avec délice, elle était vraiment succulente. Je retournerais chez ce boulanger se dit il en riant à moitié. Il regarda où il était arrivé après cette petite course et se rendit compte qu'il était arrivé pas très loin de chez Medard, il eu envie d'aller voir si la comtesse était arrivée, il se remit en route la canne à pêche sur l'épaule. Il longea la rivière et finalement aperçu la grande maison, j'aurais dû l'acheter c'est une belle maison ronchonna-t-il. Au détour d'un léger virage il vit qu'une femme était assise près de l'eau en robe de nuit, devant l'étrangeté de ce tableau et le froid du matin il s'approcha.

Bonjour Ma Dame, il fait froid vous devriez rentrer. Voulez vous que je vous accompagne ?

N'attendant pas sa réponse il posa sa canne à terre et défit son mantel qu'il proposa, quelle meilleure façon de dire qu'il comptait bien la raccompagner chez elle...
Arielle_de_siorac
Était-ce le matin ou l'après-midi? Peu importait. La comtesse n'en avait ni la notion, ni le souci.

Seule comptait cette étrange répétition d'une scène trop connue. Immobile dans le froid, Arielle laissait novembre engourdir ses larmes. Cette fois-ci, l'horreur était moindre; nuls yeux morts gorgés de pluie pour la hanter jusque dans ses os. Nul saule pour se déverser dans l'onde sombre, métaphore tragique de ses émotions. Nul désir d'en finir avec l'existence non plus; le disparu n'avait certes pas suscité de passions contrariées chez sa soeur. La douleur était néanmoins virulente, l'imagination débridée de la dame n'aidant pas.

Les prunelles perdues dans les nuances glauques de l'eau passant devant elle comme une foule indifférente, elle croyait voir Erel agoniser, son beau visage tordu par la détresse. Dans ce songe, le pauvre vicomte gisait dans une mare collante, rouge sombre, irréparablement seul au milieu de la fureur du combat. Arielle entendait presque les hurlements hérétiques couvrir les gémissements du mourant.

Avait-il eu une dernière pensée pour elle avant de s'éteindre? Savait-il qu'il était tendrement aimé par son double, sa chair jumelle, sa demi-soeur? Avait-il conscience du vide qu'il laissait en quittant ce monde?

Et qu'allait-il advenir de sa veuve et de leurs deux petites filles?

Il allait falloir trouver l'énergie de prendre la plume pour annoncer la terrible nouvelle aux proches, tous paradoxalement loin. Oh, comme ils lui manquaient tous en ces heures d'affliction! En particulier son époux, dont elle avait si peu de nouvelles. Que n'aurait-elle pas donné pour qu'il la prenne à l'instant dans ses bras!

Une variation dans la texture de l'air la tira bientôt de ses réflexions. C'était une forte odeur, celle d'un fauve en rut. Avant même que la comtesse ait le temps de s'interroger sur l'origine de ces effluves, icelle se manifesta par quelques mots lancés d'une voix de tranche-montagne. Un colosse - ou du moins ce qui parut tel à Arielle recroquevillée par terre - s'approchait d'elle, une lueur de sollicitude au fond des yeux.

L'inconnu alla même jusqu'à enlever son mantel, manifestement pour lui apporter quelque réconfortante chaleur.

Le vêtement ainsi agité devant la comtesse exhalait une haleine rance promettant de la prendre à la gorge si elle s'aventurait à accepter de s'y glisser; ce n'était certes pas le genre d'étreinte à laquelle Arielle avait aspiré. Néanmoins, icelle fut touchée par la gentillesse spontanée du quidam.


Bonjour Messire, chuchota-t-elle, à peine plus audible que le roucoulement de la rivière.

N'ayant nulle envie de parler, et encore moins de s'envelopper dans ce mantel suffocant, elle commença par hésiter sur la réponse à donner. Ne pouvait-on la laisser souffrir en silence? Pouvait-elle se permettre la discourtoisie de chasser les importuns, pour une fois? Mais la bonté qu'elle vit chez cet homme la retint de lui opposer un refus catégorique.

Aussi déposa-t-elle le mantel sur ses épaules, non sans une imperceptible crispation dégoûtée.


Merci, c'est fort délicat de votre part. Je vais profiter de cette chaleur quelques instants mais ne souhaite point rentrer.

La gorge nouée, autant par le chagrin que par la difficulté qu'elle avait à respirer dans ce tourbillon méphitique, la Dénéré se tourna à nouveau vers la surface lisse de l'eau, prête à reprendre le fil de sa mélancolie.

Une minute passa. Les prunelles noisettes revinrent bientôt s'accrocher dans la barbe hirsute de l'étranger. Hum... Oui, la bienséance commandait à tout le moins quelques échanges polis. Arielle allait encore devoir faire des efforts.


Vous habitez au village?

Vaine question, dont la réponse n'intéressait pas la comtesse de toute façon. Mais les bonnes manières faisaient partie de sa façon d'être et puis, la bienveillance méritait quelque écho.
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