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[RP] L'amante affutée

Abby8659
Un pas en avant, deux pas en arrière, un pas sur l’côté, un pas de l’autre côté. Jolie petite danse que la tulliste venait d’effectuer. Sans réel utilité, son voyage était fait de va et viens et l’avait ramené à Loches.

Loches, ville ravagée, au pourcentage d’éclopés le plus important du Royaume, autrefois assaillie de berrichons, brigands ou chevaliers désorganisés. Une ville ou la jeune tulliste n’avait guère envie de remettre les pieds mais où elle avait tout de même mené son étalon. Une noble quête l’avait amené en ces terres et elle était ravie que l’aventure frappe de nouveau à sa porte. C’était désespéré qu’elle s’était encroutée à Bourbon, déçue par ceux dont elle attendait beaucoup, abandonnée dans sa grande solitude. Pourtant une rumeur nordique l’avait appelé, comme un beau gros steak appelle la fourchette, sans raison ni volonté, juste instinctivement, naïvement et maladivement.

Un bon gros steak, voilà qui n’aurait pas été pour lui déplaire mais l’heure était à la disette et sa bourse sonnait cruellement vide dans sa besace. Appauvrie, amincie, fatiguée, elle passa devant les murs d’enceinte de la ville et stoppa son canasson devant la porte. Quatre jours qu’elle parcourait les chemins, avec la bête puante et sa bouteille de clairette pour seule véritable compagnie.

Mais pleine d’espoir, la brunette partait à la recherche d’un joyau, une pierre aussi brute que la roche mais précieuse à ses yeux. Ainsi devrait-elle fouiller les auberges et les tavernes, interrogeant taverniers et ivrognes du coin, nobles, artisans ou simple paysans, pour retrouver sa trace. Loches, ville aux mille et une merveilles, enfin surtout une qui était loin de passer inaperçu.

L’aube se levait à peine et ne parvenait pas à faire disparaître le vent glacial de la nuit. Une rasade du breuvage alcoolisé et la chaleur revint, donnant l’carburant à ses muscles pour avancer. Pénétrant dans la cité, elle s’mit en marche vers l’auberge qu’elle cherchait. Une fois dans la taverne, son regard fut attiré par un grand miroir sur un pan du mur. Une bonne toilette s’imposait, elle prit donc le temps de se faire une ptite beauté et de grimacer devant ses cernes et sa pâleur. Elle eut également le temps de boire trois pintes, de tournicoter ses pouces, de compter l’nombre de poutres au plafond et de décortiquer les ailes d’une pauv’ mouche qui passait par là. S’réveillant d’un coup après un brève somme, elle s’aperçut qu’il était presque l’heure du déjeuner. Voyant qu’il ne servait à rien d’attendre au lieu de rendez-vous, elle s’mit en tête de partir à la recherche du trésor qu’elle était venue chercher.

Hors de la taverne, quelques rayons de soleil perçaient faiblement et rendaient la ville encore plus terne qu’elle ne l’était. C’était une certitude, elle ne viendrait pas y finir ses vieux jours. Un coup de tête à droite, un coup à gauche, oui mais par où commencer ? Les ruelles étaient presque désertes malgré l’heure avancée de la journée mais un jeune garçon était accolé au mur, regardant dans le vague.


Hé gamin, viens là ! J’ai un truc à te demander


Il leva la tête et la regarda interloqué. Oui m’dame ?

T’aurais pas vu une belle femme, genre attirante, qui passe pas inaperçue en taverne, éclopée en c’moment et qui n’hésite pas à sortir la dague si tu la cherches de trop et que t’es un mâle….

C’est une brigande qu’vous cherchez m’dame, j’sais pô mais y en a plein la ville.

Grognant, elle lança d’un coup une calotte sur l’sommet du crâne du morveux.
M’enfin non, c’est d’une noble dame que j’te parle, andouille.


Des nobles dames, j’en connais pas, par contre des pouilleuses comme vous, j’en connais un tas, sur que si c’est une de vos amies, j’dois la connaître…

Restant médusée par la réponse du garçon, elle maugréa dans sa barbe avant de lancer un « Sale mioche ! » si fort que les quelques passants dans la rue se retournèrent tous avec un air de réprobation. Haussant les épaules, mettant les mains dans ses poches, elle continua son chemin. Elle commençait doucement à désespérer, s’disant que le coucher du soleil serait peut-être plus enclin à faire sortir son amie d’sa couche. Quand soudain, un vieil homme avec une grande barbe l’arrêta dans la rue. Sur le qui vive, elle le repoussa et le regarda, méfiante.

Oh dame, n’ayez crainte, je n’vous veux pas d’mal. Mais ma vue baisse et je voulais savoir si vous étiez cette personne que je connaissais.

Je n’pense pas vous connaître, vous devez faire erreur m’sire.

Oh c’est que vous lui ressemblez tant à ma fille. Elle est partie voyez-vous, avec cette guerre qui menaçait notre Duché. Mais je n’ai toujours pas de nouvelles. En l’attendant je m’occupe des blessés mais j’attends son retour avec impatience.

Oh, je vois… Bien peut-être que si vous me donniez son nom, je pourrais me renseigner, et en contrepartie, peut-être pourriez-vous m’aider à trouver une amie, c’est une Dame blanche qui a été blessée par l’armée berrichonne il y a presque un mois...

Oh, bien oui, ça je peux ma bonne damoiselle. Les chevalières sont toutes installées dans l’auberge un peu plus loin. Attendez, je vais vous indiquer le chemin…

S’en suivi quelques explications et des paroles rassurantes données au vieil homme à propos de sa fille. Après plusieurs dizaines de minutes à tournicoter dans la ville, elle trouve enfin l’auberge qu’il lui avait indiquée. Elle leva le menton pour observer la fenêtre à l’étage. Souriant en coin, un peu enivrée par les litres d’alcools engloutis, elle cria à la fenêtre.

Baileeeeeeeeeeeee, ma mie, ma dulcinée, sors tes fesses de ta paillasse et cours me rejoindre. J’vais t’emmener sur mon cheval blanc pour te faire enfin goûter au bonheur.

Elle éclata de rire, s’disant que décidément l’alcool n’était pas l’mieux de bon matin, même pour la ptite bretonne qu’elle était.

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Rebaile
Plus que quelques jours de patience à Loches, quelques jours d'abstinence forcée, dans cette ville carrefour du Nord depuis un moment, et qu'elle n'a pas cherché à découvrir, loin de là. Elle n'est pas sortie d'l'auberge, la Baile, du moins pas de celle où on les a rassemblées, après les avoir ramassées sur la route comme des champignons d'automne écrasés, elle et ses blanches camarades.

Plutôt vite rétablie de ses blessures cette fois, contrairement à Cosnes ou encore Angoulême, elle a passé les jours suivants à se ronger le frein et tout ce qu'elle portait comme ongles à ses doigts, au chevet d'un Ange presque mort, puis limite agonisant, et qu'aura eu besoin d'un jeûne de vie de près de quarante jours pour retrouver sourire et énergie. Elle aurait certainement manqué de courage, s'il n'y avait eu le court retour à Loches de Thea et d'Abby, avant que la Licorneuse et la Tulliste n'aillent voir si le ciel du Berry était plus bleu que celui d'Touraine.

Et avec leur départ, malgré une accalmie de quelques jours, était revenue la déprime, contre-coup d'un poutrage inopportun et d'un mutisme angélique encore plus insupportable. Alors la Baile s'était enfermée dans son monde à elle, passant des heures en tête-à-tête avec la magnifique dague que la Moulinoise lui avait offerte, dormant même avec, se demandant, imperturbable et cynique, si la lame serait effectivement sa dernière amante, le jour où elle se décidera à baiser avec, seppuku tout ce qu'il y a de moins sensuel mais dont elle rêvait, des fois, quand la culpabilité et l'abattement devenaient trop forts.

Mais l'Ange de la chambre d'à côté ne mourrait toujours pas, et tant que cette jeune femme unique au monde vivrait, même en silence, même loin d'elle, la Baile n'aurait jamais l'courage de se donner elle-même la mort. Alors, pendant un moment, elle a décidé de faire comme si tout allait bien. Elle avait descendu quelques fois les escaliers la séparant de la taverne du d'ssous, bu quelques verres, parlé à ses compagnes d'infortune, fait quelques tours en ville, même, et commandé, en bon St Bernard, des épées de rechange à une forgeronne qu'elle avait rencontrée.

Et le temps avait passé. La solitude avait repris ses droits. Jusqu'à cette missive qu'elle avait, un matin, trouvée au pied d'la porte de sa chambre. Elle l'avait lue, de bas en haut pour changer, avant de retourner vers le bas et de s'y attarder, forcément.


Citation:

Ma très chère Baile,

Une rumeur m'est venue du Nord. Un pressentiment l'a accompagné. Celui que ton éclat commençait à perdre de son intensité. Je pensais pourtant ta blancheur éclatante, ton énergie inépuisable. Je vais de ce pas me rendre à Loches, même si je n'ai à t'offrir que ma personne et que je la sais insuffisante. Mais jamais je ne laisserais ce Royaume perdre une autre de ces richesses, du moins pas sans lui arracher un sourire et un peu de plaisir avant la fin.

Tu sais sans nul doute comme je tiens à toi et à quel point je souhaite que ces rumeurs soient issues de vils commérages. En cette heure d'importance, où c'est moi qui mène mes pas vers les dames blanches, vers ce qui me semble être mon chemin, c'est plus que jamais de toi dont j'ai besoin. J'avoue que je te pensais éternelle, toujours là, quelque part dans le Royaume, si jamais j'avais envie de te voir. Je pensais me battre à tes côtés et vivre de grandes aventures avec celles qui font parties de ta vie.

Je suis, quant à moi, très fière de ce que tu es devenue, fière d'être une de tes amies, fière d'être beaucoup plus aussi. De rouge, puis blanche, tu as réussis à élargir considérablement ton panel et aujourd'hui tu resplendis. Toutefois je ne sais si tes angoisses qui te tourmentaient jadis sont parvenues à te quitter. Je les sais liées à ces femmes que tu aimes mais j'aimerais tant qu'elles passent.

Nos dernières retrouvailles à Loches furent trop succinctes, trop tourmentées, trop habitées. Trop de monde autour de nous pour qu'elles soient véritablement empruntes de spontanéité. A présent, je vais rester à Loches, jusque ce que tu prennes une décision, jusqu'à ce que tu sois libérée ou jusque ta guérison, je ne le sais encore. A l'aube du quatrième jour, je te donne donc rendez-vous dans l'auberge ou nous nous sommes vues.
Je t'embrasse fort
A jamais à toi
Abbygaelle


Elle était restée un moment immobile, plantée sur le pas d'sa porte. Pas juste qu'elle ne s'y attendait pas, à cette lettre, mais c'te fille avait toujours les mots pour remuer les tripes. Plus que les mots d'ailleurs, mais ça, c'est une autre paire de braies. Là, en cet instant où elle a fini de lire le parchemin, elle est juste remuée par ces paroles venues d'ailleurs et qui la sortent brutalement de son marasme. Et puis le déclic. Elle réalise que cette fameuse aube du quatrième jour, c'est le lendemain. C'est l'effervescence dans sa tête. Elle est à la fois heureuse, et pas vraiment prête à voir du monde, qui que ce soit, tant que la vie d'sa Cap' sera en jeu.

Mais bon, au vu des moyens actuels de communication, elle n'a aucune possibilité de demander à la jeune Limousine de retarder sa venue, voire de l'annuler. Elle est d'jà sur les routes, et c'est demain qu'elle arrive. Alors la Baile finit par accepter ce cadeau du destin, replie proprement et silencieusement la missive, se dirige vers la chambre de l'Ange, hésite à ouvrir, renonce, retourne dans la sienne, y griffonne deux mots à la hâte, et décide de glisser le papier dans la chambre de Zya.


Citation:
Abby vient demain, s'tu veux la voir...
Baile



Elle ne sait pas si la jeune capitaine est en état de voir du monde non plus, mais elle lira ce papier, ou quelqu'un le fera pour elle. Et peut-être que l'arrivée d'la Tulliste ramènera aussi un peu de vie ailleurs que dans la tête de la garde-du-corps. Elle, elle va aller dormir. Là maintenant de suite. Ranger d'abord son arme dans son fourreau, pour la première fois depuis des jours, paske bah, on ne pense pas à baiser avec une dague quand une Abby se pointe pour vous voir, et rêver d'une autre chorégraphie que son suicide nippon.

Et c'est encore en plein dans ses pas de danse érotiques qu'elle se réveille en sursaut. Elle a l'étrange impression d'être dans une ferme, au début, le temps de recouvrer ses esprits et de comprendre que c'est bien son prénom qu'on scandait. Elle se lève d'un bond, efface rapidement le sourire de son visage, et ouvre la fenêtre, arborant une expression faussement courroucée.

T'ain Abby ! Ferme-la steuplé, tu vas réveiller tout l'monde, et même les Anges sont grognons au réveil!


Puis son sourire revient, paske ce petit bout de femme lui plait, la touche, l'amuse et l'excite depuis cette autre vie où elle l'a rencontrée, ya une éternité de ça.

Bon t'attends quoi pour entrer? Que j'te balance les draps pour grimper ou que j't'ouvre la porte?

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Abby8659
Grand sourire sur le faciès d’Abbygaelle à la vue d’son amie. Elle s’attendait un peu à cette réaction mais il faut dire que réveiller la Baile en braillant, c’était ce qu’on appelait prendre des risques. Toutefois, pas de quoi dégriser la jeune bretonne. Elle a l’habitude des mots doux de sa douce et les accueille avec plaisir.

Que dire des émotions qui la traversent à cet instant, sous cette fenêtre à la voir enfin… Un bon gros mélange d’une envie d’la câliner et de l’étreindre, d’lui sauter à la gorge mais aussi de la materner, de lui dire que tout ira bien et de lui retirer tout envie de baiser des armes coupantes. Mais pour connaître les deux gourgandines, le lecteur doit savoir que rien de tout ceci ne se déroulera dans la suite des événements. Pas de gestes tendres ni de paroles attendrissantes pour les deux amazones, mais l’corps à corps n’en sera pas moins dénué de toute chaleur humaine.

Elle n’oublie cependant pas pourquoi elle est là. Après tout ce temps, elle s’met à l’observer quelques minutes. Elle sent alors remonter en elle c’qu’elle a détecté comme étant de la peur. Peur de quoi ? Peur de la perdre, sa Baile. Quelque chose dans ses tripes la fit frissonner et ce n’était pas le vent glacial d’hiver. C’est qu’elle s’ouvrait peu la brunette, n’étant pas capable de faire confiance au tout venant. Sa barrière de marbre était difficile à franchir et il fallait donner de sa personne pour se frayer une ouverture. De ce fait, les gens qui importaient pour la tulliste se comptaient sur les doigts d’une main. On pouvait même dire qu’ils étaient d’une grande rareté. Tout ça pour dire qu’elle y tenait à la blanche. Alors l’idée ne serait-ce d’la perdre la perturbait complètement….

Toutefois c’est un plaisir ancien qui refit surface et qui gicla la peur de son espace psychique. C’plaisir malicieux qui venait d’cette complicité qu’elles entretenaient malgré la distance. Et c’est tout naturellement qu’elle répondit à ses brusqueries en hurlant encore plus fort.


Hého, m’dame de Torcy le petit ! C’est plus l’heure de dormir, même pour les anges les plus divins. Et j’la ferme si j’veux… sinon faudra descendre pour me faire taire !

L’sourire angélique était équivoque, en tout cas plus pour son amie qu’pour les passants outrés. Elle soupesa alors les propositions qu’elle lui faisait et choisit la bonne. Imbibée d’la tête au pied et prête à tout pour celle auquel elle tenait tant, elle opta pour l’escalade. Pas besoin d’draps, c’était l’meilleur moyen d’glisser et s’faire mal. Et Loches n’avait vraiment pas besoin d’une éclopée de plus. Elle s’accrocha donc aux vieilles pierres qui ornaient le mur et entreprit de grimper.

Souple et de petit gabarit, elle arriva aisément à mi-parcours. Mais la fraîcheur matinale avait humidifié la pierre qui devint un terrain glissant pour notre aventurière en herbe. Deux ou trois fois, son pied ripa et donna un bien drôle de suspens aux badauds venus regarder ce qu’il se passait. Mais sa tête apparut soudain dans l’encadrure de la fenêtre. Son regard bleu profond se voulait espiègle et son sourire s’étendait jusqu’aux oreilles. Se maintenant avec la main gauche à la fenêtre, elle prit sa bouteille de clairette à peine entamée et la posa sur l’rebord d’un coup.


Regarde, je t’ai même amené de la compagnie…

Ses pieds gesticulaient dans l’vide et elle se hissa laborieusement. Elle lui tendit alors une main pour lui demander l’aide nécessaire pour terminer cette cascade ô combien périlleuse… Elle avait dans l’idée que si l’soutien était assez fort, elle serait propulsée bonant malant dans les bras d’la Baile, et qu’la suite ne serait pas un long baragouinage pour expliquer ce qu’elle fait ici…

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Rebaile
Un soupir, mi d’agacement mi de tendresse, lui échappe quand elle entend la Limousine d’adoption l’appeler par ce titre qui est le sien uniquement par la volonté d’une Normande à qui elle ne pouvait rien refuser, mais qu’elle ne supporte pas, par ailleurs. Elle sait comment la toucher, la Abby, mais ca s’paiera, parce que rien n’est gratuit dans cette vie d’façon. Elle la regarde se démener comme un félin saoul pour arriver jusqu’à elle, et l’accueille d’un sourire goguenard.

Dis-moi, la bretonne, t’as perdu un peu d’ta force en chassant du Berrichon, non ? Viens donc, j’ai un moyen sûr pour te la faire retrouver… Hééééé ! gaffe à toi quand même !


Elle lâche ce cri au moment où Abby glisse pour le première fois, et s’tait, légèrement crispée, en attendant que le périple enivré s’achève par une main tendue qu’elle saisit fermement.

Faudrait pas qu’tu meures avant qu’on…hmmm.. bref tu vois, quoi ! J’suis pas adepte des corps morts, han ?

Ou hein, m’enfin ça ne change rien au sens général de sa phrase, et elle hisse la jeune femme d’un coup sec, des deux mains, avant d’en retirer une pour agripper solidement la bouteille dauphinoise qui allait droit vers une mort assurée.

T’as failli briser ma compagnie…

Elle sourit, dégage la bouteille de la poigne de la probable future aspirante et la balance sur le lit. Le sauvetage de la clairette réussi, elle se concentre sur celle qui a joué les funambules pour venir la voir. Elle sait qu’il n’y a jamais eu d’échanges traditionnellement tendres entre elles, toutes deux refusant farouchement d'exprimer un quelconque sentiment qui leur donnerait l’impression d’aliéner leur liberté affective. Mais cette amie, accessoirement amante aussi, elle l’aime bien, la Baile. Alors, après un moment de silence où elles n’ont fait que se dévisager, le garde-du-corps qu’elle est tend la main et ébouriffe dans un sourire les cheveux déjà en bataille pour cause d'activité aérienne, de la jeune femme.

Bon, la gamine, tu sais qu’on repart dans peu de jours hein ? T’as fait toute la route pour rien, c’est absolument pas rentable ! Sauf si…

Et elle la pousse gentiment sur le lit, s’allongeant sur le dos à côté d’elle, tenant toujours ses doigts entre les siens. S’mordant la lèvre inférieure, elle tourne la tête vers Abby.

Sauf si on le rentabilise un peu avant, hein ?

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Abby8659
Trop d’acrobaties pour la journée, pas sure qu’elle puisse en accomplir d’autres dans la soirée. Mais on trouve toujours une petite réserve quand il s’agit de danse et de ballet synchronisé. Mais pour l’heure, regard inquiet sur la mine pourtant enthousiaste de son éclopée. Puis, vérification d’usage, comme à chaque fois qu’elle se revoyait après une longue absence, pour constater les dégâts laissés par les aventures passées.

Elle la dévisagea pour tenter d’percer l’mur qu’elle mettrait forcement avec ses ressentis. Il aurait fallu de longues heures avant que les deux ne se lâchent enfin mais elles ne les avaient pas devant elle. Alors c’est naturellement qu’elles se retrouvaient au lit, côte à côte.


J’suis pas venu faire de profit alors j’me fiche bien de ta rentabilité ma belle. Par contre ça peut te rapporter gros de pas trop t’éloigner d’cette couche…

Petit sourire en coin tandis qu’une main serre fort la sienne et que l’autre s’approche de la clairette, envoyé valsé bizarrement sur la paillasse. Elle l’a déboucha, et offrit l’goulot à sa voisine.

Mais il faut débuter par l’commencement. Prend une rasade de mon médicament préféré, qui marche pour presque tous les maux. Je t’en avais ramené plusieurs bouteilles mais il se trouve qu’elles ont… servi en chemin.

Petit sifflotement qui s’échappe et regard qui fait l’tour de la pièce avant d’revenir sur celle qui méritait toute son attention. C’était l’heure… de lui faire plaisir ou de la pousser dans ses retranchements. Les deux feraient mal sur l’coup mais permettrait l’relâchement doux et apaisant qui succède à toute épreuve. Pas d’états d’âme ce soir, elle ne lui parlerait pas pendant de longues heures de Zya, d’la guerre, des dagues et des soupirs mélancolique. A quoi bon ressassé des choses que la blanche rumine déjà à longueurs de journée même si en parler serait expiatoire. Y a d’autres formes d’expiation, fort heureusement, et cela passerait par ses lèvres, l’bout de ses doigts et l’remuage des orteils qui suivraient l’reste.

Abby s’pencha sur la baile pour lui ôter ce cil qui s’était perdue sur sa joue et quand l’souffle fut suffisamment prêt, elle croisa son regard avant d’fermer les yeux. Un bruit sourd dans l’couloir arrêta soudain tout geste entre les deux femmes. Une porte qui claque, une voix basse qui s’fait entendre. La tulliste n’regarde pas vers la porte mais lit dans l’regard de l’apprentie l’inquiétude se peindre doucement. Aurait-elle réveillé effectivement toute la maisonnée avec ses déclarations ubuesques ? Aurait-elle réveillé celle qu’il ne fallait pas réveillé ? Elle avala sa salive, n’voulant pas stopper c’moment par sa bêtise de femme enivrée.


Que s’passe-t-il ? Tu penses que j’ai réveillé tous l’monde ? Peut-être qu’elles se préparent juste à partir, peut-être qu’on a encore un peu de temps pour…

Elle ne termina pas sa phrase. Elle venait d’lire dans ses yeux que c’temps là était révolu. Qu’un autre les attendait…

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Rebaile
Oui bah elle aurait dû s'en douter, que la jeune Abbygaelle de Tulle n'allait pas se laisser faire de suite en dérogeant à son habitude la plus ancrée: boire et proposer de boire. Qu'à cela ne tienne, elle boira donc, la Baile, avant de rentabiliser pour deux, toute son énergie retrouvée avec ce rayon de soleil limousin venu la titiller ce matin. Elle prend donc le trésor de Dié qui ne vaut tout d'même pas l'or normand, et se d'mande un instant si ça se fait de se saouler de bon matin alors qu'elle a un Ange à garder, même de loin. Et puis elle cède à ses démons, se redresse sur un coude et boit, comme d'autres le feront plus subtilement plus tard, à la santé de toutes les femmes de la terre, putains ou chevaliers, sans lesquelles elle ne saurait vivre.

Elle redonne la bouteille à sa voisine, qui ne la voit pas, occupée à regarder ailleurs. Elle peste intérieurement et se redresse totalement dans l'but de poser la clairette sur la table de chevet, puis se remet comme elle était. Juste à temps pour ouvrir les bras, croyant réceptionner la belle Tulliste. Elle referme ses bras sur elle, laissant la jeune femme lui caresser la joue pour une obscure raison, et quand elle approche suffisamment sa tête de son visage, la Baile croit enfin le moment arrivé. Que nenni! Une espèce de marionnettiste dont elles n'ont pas conscience s'amuse, juste à ce moment, à perturber leur jeu, en les faisant sursauter toutes deux.

Elle relâche rapidement Abby et se lève d'un bond, saisissant au passage la dague qui trainait sur le lit. Elle écoute sans y répondre les paroles de son amie, et vole plus qu'elle ne court vers la porte, ses sens en alerte, mais pas dans l'sens qu'elle voudrait... Sur le seuil, elle reste plantée sans rien dire, observant sa Cap' qui finissait de s'relever, la porte de sa chambre fermée derrière elle. Elle range promptement la dague dans son fourreau et regarde l'Ange d'un air interrogateur. La réponse vient, presque cinglante comme d'habitude.

Ca va, tout va bien, j'vais juste prendre l'air un moment. Toi en tout cas tu as l'air de prendre ton pied...

Ne comprenant pas immédiatement l'allusion de l'Ange, la Baile tourne la tête pour suivre son regard, et s'mord la lèvre pour ne pas rire quand elle voit la tête d'Abby qui s'pointe.

C'pas ce que tu crois, elle...

Mais pas l'temps de finir sa phrase que la Cap' a d'jà disparu, laissant derrière elle une Baile longtemps pensive. Et puis elle revient à la réalité, tournant les talons pour regagner le lit, s'y asseyant au lieu de s'y allonger. Elle se frotte un peu la figure avant de dévisager la Limousine.

Elle est un peu comme ça... encore plus renfermée, depuis le poutrage... Mais bon, si elle sort de sa chambre, c'est ptêtre que ça commence à aller mieux, j'sais pas...

Elle se relève de nouveau, totalement dégrisée ou alors c'est que la clairette n'en était pas une, et s'dirige vers sa besace.

J'devrais peut-être la suivre, t'en penses quoi?

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