Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Après un bref échange épistolaire, Armand décide d'aller à la rencontre de la duchesse Béatrice de Castelmaure. Celle-ci saura-t-elle deviner qu'il n'est pas ce qu'il prêtant être?

[RP] Les faux-semblants

Armand.
[Dijon, duché de Bourgogne, le 9 novembre 1457]

Béatrice de Castelmaure….Duchesse de Nevers, Comtesse du Lauragais, Vicomtesse de Chastellux et Baronne de Chablis & de Laignes…. Voila un nom qui raisonnait à merveille aux oreilles d’Armand.

Arrivé à Dijon la veille en début d’après-midi, le jeune homme avait rejoint sa demeure avec une certaine hâte. La journée avait ensuite passé sans que personne ne le revit jusqu’à ce que, le soir venu, la porte de son atelier s’ouvrit enfin sur le jeune homme étrangement accoutré qui disparut presqu’aussitôt dans les ruelles avoisinantes déjà gorgées d’obscurité.

Ce n’est que plus tard, à l’autre bout de la ville, dans l’un des quartiers les plus huppés de Dijon que le jeune homme refit surface, s’apprêtant à entrer dans l’une des auberges les plus cossues des environs, lieu étape s’il en existait de toutes les bonnes fortunes du royaume n’ayant pas le privilège de posséder un hôtel particulier dans la capitale bourguignonne. Un mensonge plus tard, Armand se mêla à une troupe de domestiques venus en toute hâte décharger puis monter aux étages les affaires d’un quelconque fortuné client et se glissa dans l’établissement. L’accoutrement duquel il s’était affublé prit alors tout son sens et, prenant quelques bagages en mains, le jeune voleur se fondit dans le décor animé de l’auberge à la recherche de sa future victime. Courbant l’échine à chaque passage d’un nobliau, le blond déambula dans les couloirs repérant les lieux, identifiant les différents résidents sur le critère de leur richesse estimée. Bientôt, au détour d’un escalier, choix fut fait sur un jeune coq d’une vingtaine d’année, plus occupé à compter fleurette aux servantes qu’à s’occuper de ce qui l’entourait. Un sourire satisfait au coin des lèvres, Armand entreprit de suivre le jeune noble alors que celui-ci remonta de toute évidence à sa chambre. Il était encore relativement tôt, pas plus tard que l'angélus du soir, il n’était donc guère difficile d’imaginer que le bien né ne tarderait pas à sortir en vue de se restaurer ou de se livrer à une quelconque sortie nocturne. Trouvant à s’occuper Armand patienta, guetta, épia jusqu’à ce que le gentillâtre daigne enfin sortir comme présagé plus tôt.

Il ne fallut pas plus d’une minute au jeune voleur pour se débarrasser de son encombrant déguisement et se faufiler avec aisance dans l’antre de sa proie. Refermant la porte avec soir, Armand s’attarda un instant à la contemplation du mobilier avant de faire les quelques pas qui le menèrent à son objectif, la garde robe du sieur. Ouvrant les portes de l’armoire en grand, le blond caressa les différents habits de ses azurs. A défaut d’autre chose, le noblaillon avait au moins du gout. Les étoffes semblaient au voleur toutes plus belles les unes que les autres si bien qu’il eut grand mal à choisir l’habit qu’il comptait emprunter. Il ne fallait cependant point trop trainer aussi Armand se décida enfin sur un ensemble qui selon lui serait du meilleur effet.

Il serait tout en finesse, tout en nuance de noir. Le noir, cette teinture rare qui ne paye pas de mine face aux pourpres saturés et aux jaunes vifs mais si chère. La dernière mode cependant ; Venue de la cour de Bourgogne. La chemise et les braies n’en étaient que le commencement. Elles ne se voyaient pas cela ne l'intéressa pas. Mais il prit un soin tout particulier à choisir le doublet de laine le mieux taillé, des chausses parfaitement à sa taille. Le sombre ferait ressortir sa stature mince. Une robe longue viendrait ensuite le vêtir plus chaudement. Faite de laine fine, manches ouvertes pendant négligemment le long de son corps... de la même couleur que l'ensemble, le ton sur ton se voulant faussement modeste. Seules les bottes de cuir, trancheraient de leur couleur claire. La cape elle ne ferait que confirmer la tendance du costume, simple mais rehaussée de fourrure sur le col hermine... parfait. (*)
Plus que satisfait, Armand prit le temps de ranger les effets dans la petite valise qu’il avait emprunté en arrivant, prit garde de ne rien froisser et la referma ensuite. Traces de sa venue effacée, le blond quitta la chambre à pas de loup, descendit l’escalier et c’est par la porte dérobé dévolue aux serviteurs que le voleur, son méfait accomplit, s’évanouit dans une nuit aussi sombre que les vêtements qu’il venait de « s’offrir » qu’il disparut de nouveau.



[Le début des choses sérieuses…]

Et le voilà de bon matin aux abords de l’Hôtel Chambellan, construit par Charles de Castelmaure et véritable joyau d’artisanat de par la finesse de ses sculptures sur les poteaux et autres sablières lui avait-on dit. Armand avait, en effet, pris soit de se renseigner sur l’histoire de cet édifice autant que sur celle de ses occupants. Talonnant les flans de l’équidé qu’il s’était octroyé pour l’occasion Armand pénétra enfin dans le long corridor voûté d'ogives qui reliait la rue à la cour intérieure de l’hôtel où se trouvait une galerie en bois à deux étages, aux baies ajourées et à clefs pendantes qui reliait les corps de bâtiment. Un escalier d'angle à la fine rampe à lancettes extrêmement ouvragée semblait permettre l’accès aux étages. L’ensemble avait une facture qui était loin de déplaire au blond qui laissa un long moment son regard caresser les murs, sculptures et autres beautés du lieu.
Enfin arrivée dans la cour, Armand stoppa sa monture de laquelle il descendit avec souplesse avant de se retourner vers un valet qui s’avançait déjà vers lui sous l’œil inquisiteur des deux gardes en faction à l’entrée. Le jeune voleur lui adressa un sourire poli et d’une voix aussi claire qu’intransigeante il se contenta d’énoncer :


- Mon brave, pourriez vous annoncer à la duchesse qu’Armand d’Aldhalt est arrivé ?

Il détailla l’homme du regard, parcourant ses traits de ses azurs. La veille, il avait envoyé une missive à la Duchesse en réponse à son courrier la prévenant de son passage à Dijon et demandant audience. Le petit présomptueux n’avait à présent plus qu’à attendre de connaitre la réaction de la Jeune femme face à son audacieuse présence en ces lieux.
_________________
juste un jeune con prétentieux...
Beatritz
[Dernier étage de l'Hostel Chambellan, le 9 novembre 1457]

Elle toussa un peu, main devant sa bouche, et de l'autre faisant un signe à une dame de compagnie, que tout allait bien, que ce n'était rien. La jeune fille zélée avait déjà esquissé un mouvement pour se lever, pour soutenir sa maîtresse. Béatrice de Castelmaure redressa la tête. Ses yeux la piquaient. Elle posa son aiguille et son canevas sur les écheveaux de soie jaune d'or, et soupira. La coquette s'était mal couverte, et désormais il lui fallait des vêtements en excès, de peur que le mal ne s'aggravât. Elle avait chaud, mais doucement ses suivantes la grondaient, quand elle parlait d'enlever ce foulard qui ceignait sa gorge.

Le motif qu'elle brodait sur un bleu très sombre était fait de petites fleurs de lys. Malgré ses déboires au bal du Roi, elle en gardait beaucoup de nostalgie, et lui conservait une admiration et une fidélité qui confinaient à la dévotion. Ce serait la housse d'un coussin rebondi, si elle avait la force de le finir. Le motif n'était pas difficile, mais sa répétition, fastidieuse, plaisait à la jeune Castelmaure, qui pouvait d'autant mieux laisser errer ses pensées vers ceux qu'elle aimait, ceux qu'elle regrettait, et ceux dont elle avait intérêt à conserver l'amitié - mot qu'elle utilisait en beaucoup de circonstances, sans lui donner autant de profondeur que la plupart des personnes. Elle songeait au mariage qu'elle allait contracter, à ses conséquences, et l'idée d'épouser un époux absent, vieux, sur le déclin, et avec pourtant un tel panache, trouvait en son cœur un écho lointain et fugace, l'écho d'un regret, d'un passé oublié. Elle pensait à son père.

Comme elle avait posé son ouvrage, les deux dames qui lui tenaient compagnie relevèrent la tête. L'une d'elles jouait d'un instrument à cordes pour leur agrément, et l'autre faisait lecture du
Livre pour l'enseignement de ses filles du Chevalier de la Tour de Landry ; elles en étaient au chapitre dix-huitième.

    Cy parle de la bourgoise qui se fist ferir par son oultraige
    Chappitre XVIIIe



    Après ne doit l’en point à son seigneur estriver ne luy respondre son desplaisir, comme la bourgoise qui respondoit à chascune parolle que son seigneur luy disoit tant anvieusement, que son seigneur fut fel et courrouscié de soy veoir ainsi ramposner devant la gent; si en ot honte, et lui dist une foiz ou deux qu’elle se teust, et elle n’en voulsist riens faire. Et son seigneur, qui fut yrié, haulça le poing et l’abbati à terre, et oultre la fery du pié au visaige et luy rompit le nez. Si en fut toute sa vie deffaite, et ainsy par son ennuy et par sa riote elle ot le nez tort, qui moult lui mesadvint. Il luy eust mieux valu qu’elle se feust teue et soufferte; car il est raison et droit que le seigneur ait les haultes parolles, et n’est que honneur à la bonne femme de l’escouter et de soy tenir en paix et laissier le hault parler à son seigneur, et aussy du ccontraire, car c’est grant honte de oïr femme estriver à son seigneur, soit droit, soit tort, et par especial devant les gens.

    Je ne dis mis que, quant elle trouvera espace seul à seul, que par bel et par courtoisie, elle le puet bien aprendre et luy monstrer courtoisement qu’il avoit tort, et s’il est homme de Dieu il luy en saura bon gré, et s’il est autre, se n’aura elle fait que son droit.

    Car tout ainsy le doit faire preude femme à l’exemple de la sage dame la royne Hester, femme du roy de Surie, qui moult estoit colorique et hatif; mais sa bonne dame ne lui respondoit riens en son yre; maiz après, quant elle véoit son lieu, elle faisoit tout ce qu’elle vouloit, et c’estoit grant senz de dames, et ainsi le doivent faire les bonnes dames a ceste exemple.


La lecture s'était arrêtée comme la Duchesse de Nevers toussait, et ne reprit point, car la lectrice s'était levée pour aller, à la demande de sa maîtresse, chercher à boire une tisane qui réchaufferait sa gorge. Il n'était pas prévu qu'elle reçût qui que ce fût ces jours-là, si ce n'était des messagers qui avaient consigne de laisser leur pli en bas. Mais la suivante ouvrant la porte sur la galerie extérieure du deuxième étage manqua de renverser le valet de la cour.

-« Allons, Foulques, ne vous avait-on pas dit de ne pas nous déranger ? »

Le valet s'inclina.

-« Votre Grâce, c'est le maître Armand d'Aldhalt qui se fait annoncer. »

-« Armand d'Al... Ah, je l'avais oublié, celui-là ! »

Dans la voix de la Duchesse se mêlaient agacement et enthousiasme. Elle n'aimait pas l'imprévu, mais c'était compter qu'elle n'avait pas gardé beaucoup de souvenir des lettres qu'elle avait reçues la veille, où son mal de tête avait été grand. Cet homme-là avait été convié par elle à la visiter, et elle ne voulait pas le renvoyer, car en sus de l'impolitesse que cela aurait été - quoiqu'une Duchesse de son rang, et malade comme elle l'était, pût se le permettre - , elle n'aurait pu voir cet homme à la plume si délicieuse et délicieusement gauche, qui l'avait intriguée quand on lui en avait parlé. Oui, il lui avait tardé de faire l'encontre de cet homme. Il se présentait, il serait reçu.

-« Hm, bien. Allez devant, faites un détour par les cuisines, que l'on apporte une collation dans le logis arrière, salle des repas. Dites-lui que nous arrivons. »

Le valet parti, la Duchesse de Nevers commença par prendre dans un petit bol quelques graines de cardamone, qu'elle mâcha. Sur une malle, elle prit un ample châle de laine fine et bleue et l'ajusta sur ses épaules. Dans un miroir poli, elle s'assura que sa coiffe était bien mise. La musicienne l'aida à passer un peu de céruse sur son visage, du rouge betterave sur ses lèvres. Elle passa ses gants de marte. Cela n'avait pris que quelques minutes... Mais que sont les minutes, pour qui attend !

Elle sortit finalement de la chambre, en prenant garde au bruit que ferait la porte. Car elle aimait sortir avec discrétion, et regarder par dessus la rambarde de la galerie l'allure de ceux qui l'attendaient. L'air frais lui prit le nez ; elle retint un éternuement. Se pas résonnèrent sur le plancher de la galerie, aussi eut-elle à peine l'audace d'observer la silhouette noire. Arrivée au haut de l'escalier d'angle, en pierre, elle posa sa petite main gantée sur le jardinier aux liernes, et de l'autre souleva sa robe avec précaution en descendant. Quand le colimaçon le lui permettait, elle jetait à travers la dentelle de pierre quelques regards curieux vers l'homme blond et noir. Riche, vraiment ? Il avait en tout cas belle prestance.

De l'escalier, elle vit le valet revenir des cuisines et l'annoncer au visiteur. Parfaite coordination de la mesnie. Lui qui avait dû deviner la robe bleue et la coiffe dorée passer, n'aurait pas à attendre davantage. Béatrice de Castelmaure arriva dans la cour. Elle regarda l'hermine, pinça les lèvres, regarda la coupe de cheveux et le rasage du jeune homme, et leva les yeux pour croiser ceux d'Armand. Elle était plus petite que lui, comme beaucoup de femmes sont plus petites que les hommes, sans avoir à en rougir.


-« Que le Très Haut vous garde, Sire Armand d'Aldhalt. »
_________________
Bisous, bisous, gentil béa-nours !
Armand.
[Dans la cour de l'hôtel Chambellan, quelques instants plus tard]


Dos droit, posture élégante, Armand attendait la venue de la duchesse un léger sourire au bord des lèvres. Celui-ci soulignait la douceur d’un visage aux traits fins, parfaitement entretenu qui contrastait avec la tenue apriori austère bien que chic du jeune homme. Ce dernier, débarrassé de sa monture, s’était autorisé quelques pas vers l’entrée de l’hôtel laissant son regard caresser les bâtiments qui l’entouraient. Il prit ainsi le temps de noter chaque détail depuis la galerie en bois jusqu’à l’escalier d’angle à la fine rampe à lancettes extrêmement ouvragée qui permettait d'accéder aux étages. L’hôtel était de toute beauté et l’audacieux jeune homme ne manquerait pas, à la première occasion, de féliciter son hôtesse pour une si belle demeure.

Tout à son observation de l’escalier, il vit bientôt descendre à travers les interstices de la rampe une silhouette toute de bleue vêtue. Il la suivit du regard, jouant avec la pierre et lorsque qu’enfin la duchesse apparut à l’entrée son sourire s’agrandit légèrement, demeurant poli, on pouvait cependant y lire le plaisir qu’il avait à la rencontrer. Armand fit alors un pas dans sa direction pour venir à sa rencontre. Celle-ci semblait le détailler ce qui amusa le bellâtre, le rendant d’autant plus sure de lui. Les mots que la duchesse prononcèrent ensuite raisonnèrent comme une douce mélodie aux oreilles du jeune prétentieux qui, prenant garde de maintenir une distance respectueuse avec son interlocutrice, répondit :


Vostre grâce, c’est un honneur pour moi de faire enfin vostre connaissance.

Son sourire était franc, ses azurs d’un bleu aussi clair qu’un ciel d’été plongés dans les prunelles de son hôtesse. Toujours droit, il avait cependant posé une main derrière le dos puis inclina le buste avec élégance, offrant ainsi à la duchesse une révérence des plus soignées. Il se redressa ensuite posant une nouvelle fois son regard aux reflets métalliques sur sur la bourguignonne qu’il détailla un instant. Celle-ci était belle, fine et élégante dans sa robe d’un très beau bleu qui renvoyait à la clarté de son regard azuré. Un bleu largement mit en valeur par des cheveux noirs, bouclés et une peau claire qui laissait apparaitre des lèvres charnues, délicieusement bombées et un nez parfaitement dessiné. Elle avait une mine impérieuse et était dotée d’un regard vif qui plut immédiatement à l'usurpateur.

Armand ne s’attarda pas cependant à sa contemplation et reprit la parole presqu’aussitôt s’être redressé. Il parla alors d’une voix qui se voulait posée mêlant douceur et fermeté.


Permettez-moi vostre Grâce de vous complimenter tout d’abord pour vostre beauté. Ce bleu vous va à ravir. Je vous prie également de bien vouloir excuser le court délai entre ma lettre et ma venue mais je ne suis de passage en la capitale que pour deux jours, des affaires urgentes m’attendent auprès de mon père. Il marqua une pause avant de reprendre d’une voix plus douce. J’ose espérer que vous me pardonnerez l’audace de vous dire que vous possédez une plume des plus élégantes et comprendrez que, suite à nos échanges épistolaires, je ne pouvais passer à Dijon sans venir vous présenter mes salutations.

Le jeune homme esquissa un nouveau sourire qu’il voulait légèrement charmeur tout en restant poli. Son allure restait courtoise sans pour autant cacher son arrogance de jeune premier. Confiant, reprit :

Il commence à faire froid en cette période et je m’en voudrais si vous attrapiez mal par ma faute. Aussi, peut-être pourrions-nous converser en un lieu plus chaud ? Armand plongea de nouveau son regard dans de Béatrice de Castelmaure puis lui tendant le bras tout en faisant un pas vers le bâtiment, il poursuivit : Puis-je me permettre de vous offrir mon bras ?
_________________
juste un jeune con prétentieux...
Beatritz
-« Vostre grâce, c’est un honneur pour moi de faire enfin vostre connaissance. »

Encore heureux !
Hum. Pardon. La Castelmaure avait pourtant pensé, peu ou prou, ces mots. La maladie, qui assoupissait son esprit, n'était pas sans lien avec ces réactions de fierté brusque et sans élégance.
Elle aimait son sourire. Si elle avait plus d'acuité et moins d'orgueil de haut lignage, ç'aurait été le genre de sourires à la faire se pâmer et tomber en amour. Mais la défensive de la jeune pucelle était grande - presque davantage que son envie de connaître son visiteur. Il posait sur elle un regard presque inquisiteur, dérangeant, impoli, mais fin et délicat, comme de la flatterie, de l'insouciance ; comme si ce regard se faisait écrin, pour mieux souligner combien le compliment était vrai.


-« Permettez-moi vostre Grâce de vous complimenter tout d’abord pour vostre beauté. Ce bleu vous va à ravir. Je vous prie également de bien vouloir excuser le court délai entre ma lettre et ma venue mais je ne suis de passage en la capitale que pour deux jours, des affaires urgentes m’attendent auprès de mon père. »

Cet amas verbeux, couplé à la migraine de la jeune femme et au froid mordant, failli glisser sur Béatrice de Castelmaure sans qu'elle n'en retînt la moindre syllabe. Des compliments sur le bleu, elle en recevait son lot quotidien, et quoi qu'il fût sa plus grande fierté, elle finissait par ne plus les entendre, tellement ils lui semblaient évidents. Elle inspira, ferma un instant les yeux - ce qui pouvait passer pour une attitude pieuse et humble de réception de ces compliments - et attrapa quelques mots au passage. Des affaires urgentes l'attendent auprès de son père. Bien, bien. La jeune Duchesse de Nevers prend mentalement note. Elle le laissa continuer sa litanie bien méritée de compliments. Il avait de l'entraînement, le courtisan !

-« Il commence à faire froid en cette période et je m’en voudrais si vous attrapiez mal par ma faute. Aussi, peut-être pourrions-nous converser en un lieu plus chaud ? »

Armand d'Aldhalt marquait là des points délicats. Non content d'encore fixer du regard la très noble Duchesse, sa suggestion était ambiguë : entre sollicitude et arrogance déplacée de qui se croit assez important pour agir en maître des lieux.

-« Puis-je me permettre de vous offrir mon bras ? »

-« Et vous allez nous guider aussi dans notre propre demeure, peut-être ? »

La Castelmaure réajusta son châle sur ses épaules, réprima une légère toux, et d'aussi haut qu'elle le pouvait, toisa son visiteur.

-« Venez, entrons. »

Son regard signifiait qu'il n'avait pas intérêt à oser avancer ne serait-ce qu'un pouce en sa direction, pour l'aider. Faible, oui, impotente, non. Personne ne la guiderait dans son propre hostel.
Tournant les talons, d'une allure mesurée que l'homme suivrait sans peine, elle alla dans le logis arrière, dans la salle où l'on recevait. Sur la table, divers fromages, fruits secs, tranches de pain et un pichet de vin les attendait.

_________________
Bisous, bisous, gentil béa-nours !
Armand.
Le jeune prétentieux ne se formalisa guère de la réponse quelque peu sèche de son hôte à sa proposition. A dire vrai, celle-ci l’amusa même, faisant naitre un léger sourire au bord de ses lèvres. Il décida ne pas relever et se contenta de placer ses mains au bas de son dos en guise de réponse, adoptant une attitude toute aussi hautaine que celle renvoyée par la Duchesse de Nevers. D’une démarche souple, il lui emboita le pas vers la demeure lorsque celle-ci tourna les talons. Et bien qu’il n’eût aucun mal à la rattraper, il ne prit cependant pas la peine d’entamer plus en avant la conversation et laissa ses azurs voguer à la contemplation de l’hôtel.

L’intérieur de ce dernier était tout aussi majestueux que son extérieur. Les boiseries, les tapisseries et même le mobilier s’accordaient en une harmonie qui plut immédiatement au jeune usurpateur. Aucun doute n’était possible quant au raffinement de la famille de Castelmaure au vue du soin apporté à la décoration et ce, pour le grand plaisir d’Armand. Celui-ci se laissa conduire jusqu’au logis arrière silencieusement, absorbé qu’il était à graver sans sa mémoire ce qu’il voyait, les richesses, l’agencement des lieux, les entrées et sorties. Il tenta également de noter les allées et venues mais le ballet des domestiques se fit trop discret pour lui être utile. Tout à son observation, il veilla simplement à ne rien montrer de son enthousiasme, se composant un visage neutre, presque désabusé, ne laissant jamais plus de quelques secondes ses azurs caresser le même endroit. Et ce n’est qu’une fois dans la salle de réception où les attendait déjà quelques fromages, fruits secs, tranches de pain et vin qu’il posa de nouveau le regard sur Béatrice de Castelmaure.


« C’est une fort belle demeure que vous possédez là votre Grâce, beaucoup de caractère sans oublier le charme. » fit-il d’un ton neutre et poli en retirant son couvre-chef. « Elle me fait légèrement penser à l’une de nos propriétés où j’aimais séjourner étant enfant.» Tout en parlant, Armand avait quitté la jeune femme du regard pour le poser sur la fenêtre qui laissait encore apparaitre la douceur du jour. D’un pas lent mais assuré il se dirigea vers celle-ci laissant son regard vagabonder au dehors un instant avant de reprendre : « Dijon est une ville que j’apprécie grandement, je regrette de ne pouvoir rester plus longtemps. J’ais dans l’idée d’acheter une demeure dans les environs d’ici quelques temps peut-être pourrez-vous me conseiller ? » Disant cela il se retourna vers son interlocutrice et poursuivit : « J’aime la France, j’ai passé une partie de mon adolescence un peu plus à l’Est et je dois reconnaitre que se furent des années fort plaisantes. Aujourd’hui que je suis retournée au près de mon père pour l’aider dans ses affaires, je souhaiterais étendre le cercle de nos connaissances à ce pays et c’est pourquoi j’ai tenu à venir personnellement me présenter à vous, votre Grâce ».

Le jeune homme s’était exprimé d’une voix claire et assurée, le ton était neutre comme s’il se contentait d’énoncer une évidence. Puis faisant un pas vers le centre de la pièce il regarda la servante présente qu’il détailla un instant : Il s’agissait d’une femme au visage neutre, ni laid ni beau, avec un petit bonnet blanc, le regard rivé au sol. Un sourire naquit sur les traits du jeune voleur qui, demanda :
Pourriez-vous me tenir ceci je vous pris ? Il lui tendit alors son chapeau et regarda de nouveau la duchesse attendant que celle-ci ne l’invite à se découvrir et s’assoir.
_________________
juste un jeune con prétentieux...
Beatritz
-« C’est une fort belle demeure que vous possédez là votre Grâce, beaucoup de caractère sans oublier le charme. Elle me fait légèrement penser à l’une de nos propriétés où j’aimais séjourner étant enfant.»

Béatrice laissait parler son invité. Elle n'avait rien à dire, et beaucoup à penser, à son sujet. Et ce serait en l'écoutant parler, encore et encore, en notant mentalement, en cherchant les failles de son discours, son accent, ses fautes de langage, qu'elle saurait comprendre qui il était, d'où il venait, et où il voulait la mener.

-« Dijon est une ville que j’apprécie grandement, je regrette de ne pouvoir rester plus longtemps. J’ai dans l’idée d’acheter une demeure dans les environs d’ici quelques temps peut-être pourrez-vous me conseiller ? J’aime la France, j’ai passé une partie de mon adolescence un peu plus à l’Est et je dois reconnaitre que se furent des années fort plaisantes. Aujourd’hui que je suis retourné auprès de mon père pour l’aider dans ses affaires, je souhaiterais étendre le cercle de nos connaissances à ce pays et c’est pourquoi j’ai tenu à venir personnellement me présenter à vous, votre Grâce. »

Ce jeune hobereau avait, décidément, un aplomb bien trempé. Si Béatrice de Castelmaure ne le congédia pas sur-le-champ, ce fut à cause de sa belle vesture, d'un goût certain, et non sans richesse - quand bien même ce n'était pas une richesse comparable à celle de l'héritière du grand Duc de Nevers, la maîtresse de l'or bleu du Lauragais.

Armand d'Aldhalt se découvrit, et tendit son couvre-chef à Bertille. Béatrice fronça le nez alors que la servante, hésitante, jeta un regard à la jeune Duchesse de Nevers avant de saisir ce qu'on lui tendait, pour l'aller mettre en bonne place.

Cet homme avait quelque chose d'étrange. Une insolence qui faisait tressaillir la brune d'une sensation inconnue. Était-ce le défi, l'inconnu, l'orgueil qui lui inspiraient ces frissons ? Quelque chose lui disait, au fond d'elle, qu'il n'était pas encore venu le temps de clore la rencontre. Quelque chose en naîtrait... Haine ou amitié, complicité ou animosité... Avec un tel homme, bien habile qui aurait pu prévoir !
Ouvrant sa main gauche vers la table, elle désigna les petites choses à grignoter.


-« Servez-vous. Cet hostel n'aurait aucun mérite d'être somptueux, s'il fallait attribuer cette somptuosité à la chicherie de ceux qui l'ont construit et l'entretiennent... »

Elle laissa ses yeux bleus sur lui, comme pour le surveiller. Debout, parce qu'elle se trouvait déjà assez petite - c'était l'âge.

-« Ainsi, votre père est un notable bourguignon ? Nous ne connaissons personne de votre nom. Éclairez-nous... »
_________________
Bisous, bisous, gentil béa-nours !
Armand.
Le jeune usurpateur commençait à se plaire au jeu des faux-semblants et il était à présent déterminé à pousser plus en avant cet entretien. La jeune noble qui se tenait face à lui semblait quant-à-elle ne déroger en rien à ce qu’il avait pu apprendre d’elle et ce pour son plus grand plaisir. Il fait avouer que tout ceci l’amusait et cette jeune femme représentait un défi qu’il comptait bien remporter.

Prenant soit de paraitre toujours aussi impassible, Armand, s’étant débarrassé de son couvre-chef auprès de la servante, s’avança devant la table des petits fours sous l’invitation de son hôte. Il en prit un délicatement mais plutôt que de le porter à ses lèvres, il se tourna vers Béatrice et plongea ses azurs dans son regard.
Je crains, votre grâce, que vous ne vous mépreniez. Mon père n’est point notable bourguignon sans quoi je gage que nous nous connaitrions depuis fort longtemps, fit-il doucement tout en la regardant avec une lueur taquine dans le regard laissant un court silence s’installer. La bienséance aurait surement voulu qu’il prenne sur lui l’origine du quiproquo mais c’était mal le connaitre. Il était bien plus amusant de jouer la carte de l’arrogance et donc de n’admettre aucune part de responsabilité quelle qu’elle puisse être. Puis, détournant le regard pour le poser sur Bertille à laquelle il offrit un sourire qui se voulait charmeur, il reprit : Ma famille et moi-même possédons des terres plus à l’Est, dans le SRING mais j’ai pour ma part vécu un long moment en France. Outre la gestion du domaine et autres nobles taches qui nous incombe de part notre statut, ma famille et moi-même accordons la plus haute importance à diplomatie et sommes depuis toujours heureux de lier de nouvelles connaissances et ceci est la raison de ma présence ici.

De nouveau le jeune homme fit une pause, il avait reporté son attention sur la duchesse et guettait ses réactions modulant ainsi son discours selon ce qu’il pouvait percevoir des pensées de la jeune femme. Le corps et le visage s’expriment en effet souvent bien plus qu’on ne peut le penser pour qui prend la peine d’y prêter attention et dès lors bons nombres de palabres deviennent inutiles. Armand avait bien comprit cela au fil des années et aimait jouer à présent de cet art qu’il avait tenté de développer. Ne souhaitant cependant pas faire trainer trop longtemps ses explications il reprit : Je viens à votre rencontre car la Bourgogne est une terre que je ne connais encore que trop peu mais j’avoue être tombe sous son charme. Mon père, dans sa grande sagesse, estime qu’il est pour moi des plus importants de me faire connaitre bien sur dans le SRING mais également en dehors et qu’il n’y a pas meilleur apprentissage que celui-ci pour prendre sa relève d’ici quelques années. Comme je vous l’ai dit, la Bourgogne me plait beaucoup et je souhaiterais acquérir une demeure d’été en ce duché. Hélas je n’ai encore que peu de relations ici et c’est pour y remédier que je viens à vous, j’ose espérer que nous trouvions à nous entendre et que peut-être vous pourriez me conseiller sur les meilleurs terrains.

Le jeune homme avait parlé d’une voix calme et posée, son regard brillait d’une assurance non feinte comme si ce qu’il disait n’était que pure vérité. Explication donnée il se tue offrant un visage amical à Béatrice de Castelmaure, lui laissait ainsi à présent tout loisir de poursuivre ou non la conversation. La jeune duchesse se laisserait-elle aller à plus de curiosité ou estimerait-elle qu’elle n’avait point de temps à perdre avec les inquiétudes immobilières d’un jeune noble méconnu?... La question restait entière.
_________________
juste un jeune con prétentieux...
Beatritz
Pendant qu'il parlait, Béatrice, debout à côté de la table, mangeait. Du moins attrapait-elle, du bout de ses aimables gants, de tout petits fromages, gros comme un demi pouce, qu'elle portait à ses lèvres charnues et faisait disparaître derrière ses dents.
Elle aimait écouter les gens parler. Elle aimait les voix humaines. Elle aimait, en vérité, n'être pas seule. De temps en temps, on requérait qu'elle répondît, que d'une phrase, elle relançât la discussion. Elle ne servait qu'à rythmer le souffle de la conversation. Au demeurant, il lui suffisait de quelques mots pour faire bien sentir à son interlocuteur où elle le situait, et quel était son propre avis.
Le blond jeune homme qui était entré chez elle était d'un genre singulier. À l'entendre parler, elle sentait, de plus en plus, qu'il lui manquait quelque chose – ce que donne la bonne naissance par l'éducation, peut-être : l'art de parler, former un discours qui ne ressassât rien que ce ne soit un effet voulu par le style et la rhétorique. L'art de tourner les mots et les compliments. L'art, en un mot, de briller en société.

L'homme là manquait d'un peu tout cela ; de la noblesse, il avait toutefois l'aplomb. Béatrice de Castelmaure était prudente : tant de fils de noblesse étaient, en cette époque où la vieille noblesse périssait, et où la nouvelle dédaignait les pupîtres du trivium et du quadrivium, trop imbus et trop sots, et sans autre élégance que celle du corps, qu'il ne lui fallait pas trop vite méjuger de son hôte de passage. Elle comptait aussi sur sa migraine et son mal de gorge pour lui brouiller l'entendement, et saurait s'en garder.

Et puis, il avait un regard si singulier ! La Duchesse de Nevers se demandait si ses propres yeux, tout aussi bleus, avaient la même force lorsqu'ils fixaient leur proie.
Elle se sentait proie.


-« Et bien... Apprenez que pour vous faire connaître, vous vous y prenez bien mal, Messire d'Adalte : voilà dix minutes que vous nous parlez, et après une lettre, encore ! Et nous ne savons toujours pas les noms, titres et charges de vos parents, et nous n'avons réussi à savoir de vous que votre volonté d'acquérir une terre bourguignonne et de faire des relations qui pourront vous servir. Qui ne veut pas cela ? »

Une toux l'étouffa en cet instant. Elle détourna la tête, pour ne pas importuner Armand, puis, la toux passée, reprit :

-« Allons, au fait, Messire, puisque vous voulez vous faire connaître. Nous devons vous avouer que nous avons un mal qui nous serre la tête comme en un étau et la gorge comme s'il s'y trouvait quelque chat : soyez concis et instructif, si vous le pouvez. »
_________________
Bisous, bisous, gentil béa-nours !
Armand.
Armand aurait pu se formaliser des paroles de son interlocutrice mais il n’en fut rien. La duchesse était de toute évidence une de ces amoureuses du protocole dont le rang social était monté à la tête aussi surement que la nuit remplace le jour et le jeune homme décida alors de changer de stratégie. La fixant un instant, il songea tout d’abord à jouer la carte du noble blessé dans son orgueil se voyant déjà prendre congés de la jeune femme avec perte et fracas. Cette idée légèrement burlesque fit naître un sourire rêveur sur ses traits fins mais il l’écarta bien vite. Aux vues de la fierté et de la suffisance qui émanaient de ce petit bout de femme face à lui, il n’obtiendrait rien d’autre qu’une porte close derrière lui. Le jeune voleur opta donc pour une autre ... « approche ».

Maintenant son regard fixé sur elle, il fit glisser son amuse-bouche entre ses lèvres et prît, cette fois, le temps nécessaire pour le déguster à sa juste valeur. Si la Duchesse était pressée, se n’était absolument pas son cas et Armand comptait bien profiter du temps qu’il pourrait passer en ce lieu. Après cette pause gustative, il décida tout de même de répondre adoptant voix tout aussi calme que d’ordinaire mélangeant toutefois sérieux et légèreté.


Comme vous êtes abrupt Duchesse! Fit-il tout d’abord d'un air contrit avant de poursuivre avec plus de malice : Et la part de mystère dans tout ça? Voyons... M'auriez vous laissé entrer si vous saviez déjà tout de moi? Ne gâchons pas le plaisir d'une si charmante rencontre en sombrant dans une monotonie protocolaire qui ne ferait que vous enserrer le crâne d'avantage.

Voilà, le ton était donné et le faux noble agrémenta ses paroles d’un fin sourire qui se voulait sympathique, loin de toute bouffonnerie. Puisque la Duchesse semblait vouloir prendre cet entretien avec cérémonie et protocole, lui, allait plutôt s’amuser un peu. Il reprit alors sur le même ton : Que vos yeux s'alourdissent d'ennui en m'entendant vous énoncer mon impressionnant pédigrée et j'en rougirais de désespoir! Voilà qui serait dommage et qu'elle honte pour moi. Non vraiment Duchesse! Je préfère mille fois qu'ils pétillent d'impatience et de curiosité à mon égard, même s'il faut pour cela qu'ils brulent également d'agacement.

Il ponctua sa nouvelle tirade par la prise d’un petit fromage qu’il dégusta avec autant de soin que le précédant puis ôta son mantel qu’il posa sur le dossier d’une chaise jouxtant la table où étaient disposés les quelques mets. Ceci fait, il reprit enfin dans une gestuelle plus affirmée. Sa voix se fit enjouée, rieuse et d’une traite il proposa : Tenez jouons ensemble si vous le voulez bien! Quoi de mieux que le divertissement pour soulager la migraine? Dites-moi, d'après vous, qui peut donc être mon Père? L'imaginez-vous Prince, Marquis, Duc, Comte? ... Aller, ne soyez pas timide! Armand comptait bien donner une nouvelle direction à cette conversation après tout il n’avait rien à perdre dans l’histoire et tout à gagner…

Arriverait-il par cette petite pirouette à capter enfin l’intérêt de la jeune noble ? Seule la duchesse pouvait répondre à cette question.

_________________
juste un jeune con prétentieux...
Beatritz
Comment... Comment osait-il la prendre de si haut ? Le mystère ? Je vais t'en foutre du mystère, petit avorton !
La jeune Duchesse serra ses doigts dans sa main, et ses ongles s'enfoncèrent dans sa chair. Une crise d'ulcère, à quinze ans, est-ce crédible ? Le lecteur se souviendra, toutefois, que Béatrice avait un mal qu'elle devait à l'hiver et à sa santé fragile - ou bien était-ce qu'elle faisait peu de cas de porter des vêtements adaptés à la saison, pour peu qu'ils fussent riches et de brocards royaux.


-« Le myst... ! » voulut-elle intervenir - et la voilà qui commence à tousser, à s'en décoller les poumons.
Elle manquait de s'étouffer, tout en se refusant à être bruyante dans sa toux. Le rouge lui gonfla les joues, et peu à peu, la toux passa. Mais les mots de son hôte n'en étaient pas, pour autant, tombés dans l'oreille d'un sourd. Lui parler de son incroyable pedigree, de jouer tous les deux, ou...


-« MONOTONIE PROTOCOLAIRE ? AGACEM... ! »Nouvelle toux, un peu plus courte.

-« BERTIIIIIIIIIIIIILLE ! »

La domestique accourut. Attendit la nouvelle quinte de toux qui secouait la Duchesse, au point qu'elle prenait appui sur la table pour mieux récupérer.

-« Rends son chapeau et sa cape et tout ce que ce monsieur a pu laisser dans cet hôtel, et qu'il ne lui soit plus permis d'être introduit ou de m'être annoncé, qu'il n'ait énoncé la titulature de son siiiii brillant père. »

Sur le point de défaillir, elle se tourna vers le blond aux yeux délavés :

-« Au revoir, Monsieur. »
_________________
Bisous, bisous, gentil béa-nours !
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)