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[RP] Guermâ bèr sermâ tèr-djéh dârèd

Istanga
Guermâ bèr sermâ tèr-djéh dârèd – La chaleur est préférable au froid


Je suis sans doute vénale, mais l’idée d’une prime de 60 écus ne me laisse pas indifférente. Il est par contre tout à fait hors de question que je mette un pied à la mine. Darius ira à ma place et empochera les salaires pour moi, tandis que je pourrai étrenner ma barque neuve.

J’amène Darius et son singe jusqu’à ma nouvelle demeure du quartier des Cigales, le fais s’installer sur le banc, devant la maison, et m’assieds près de lui.


Alors, bad pesar , content de ta nouvelle vie ?

Sans attendre de réponse, je lui ôte son chapeau, à la mode Deltamu, lui ébouriffe les cheveux et continue.

Darius, j’ai eu une idée. Tu sais que je ne peux travailler à la mine… c’est contre nature ! As-tu déjà vu des femmes à la mine, dans ton pays ? Non, n’est-ce pas ?

Signe de dénégation, suivi d’un vigoureux

Non ! pas doxtar dans mine !

Je retiens un sourire.

Pas de fille, non. Donc, toi tu pourras y aller. Tu toucheras un salaire, peut-être une prime si tu y travailles tous les jours, et assurément un bon morceau de viande en fin de semaine. Pour l’argent, tu me le donneras, tu n’en as nul besoin. Je mettrai une partie de côté pour le jour où tu te trouveras femme.

Je me dis que, d’ici là, j’aurai largement fait fructifier ses écus. Un revenu assuré pour moi, un pécule pour lui. Je me frotte virtuellement les mains de cette bonne affaire. Un œil à Darius qui semble réfléchir à la proposition, me regardant d’un air rêveur.

Zan ? Delta ?

Aïe ! Ainsi donc, ça se vérifie, le drôle a le béguin pour Deltamu. Bah, elle s’en débrouillera bien…

Delta, Delta, d’ici là tu en rencontreras d’autres. Là n’est pas la question. Bon, tu es d’accord ?

Je pose la question pour la forme. Après tout, il m’appartient.

Il hoche la tête, sourit, se lève et bombe le torse, qu’il a plutôt menu, se plante devant moi.

Moi d’accord travailler mine. Moi être homme maintenant.


Reprise d'un RP interrompu et parti au délestage, mille excuses pour ceux qui l'ont déjà lu

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--_darius



Lundi 25 août

Darius s'est éveillé très tôt ce matin, s'est levé sans bruit, Sharpey le suivant, a fait une toilette sommaire et s'est revêtu de vieux vêtements préparés la veille par Istanga.

Il met dans sa besace un pain et quelques fruits -les fruits, c'est pour faire plaisir à Deltamu- qu'il partagera avec son singe. Il ajoute une chandelle de suif, pour y voir dans les galeries, et une gourde d'eau fraiche. Istanga n'a pas voulu lui donner de boukhra malgré ses prières répétées. Que le diable l'emporte, avec sa pingrerie!

Il se poste devant le miroir, y admire son reflet, il paraît plus âgé, ou tout au moins essaie-t-il de s'en persuader. Un coup d'oeil par la fenêtre : le soleil n'est pas levé encore et seule la lune éclaire le quartier de sa lueur blafarde.

Le gamin décide alors d'aller promener les bêtes d'Istanga, qu'il entend tourner dans leur enclos. Il leur ouvre la prison et part vers une crique qu'il a repérée, suivi des panthères. Il se demande si elles mangent du poisson...



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Que je l’aie acheté ou non, que vous importe ?
Istanga
Lundi 25 Août


J'ai un peu de mal à dormir depuis quelques jours. L'excitation à l'idée d'une nouvelle vie qui m'attend, sans doute. J'ai passé une partie de la nuit à musarder dans les ruelles marseillaises, à l'écoute des bruits diffus, avec la sensation d'entendre une respiration commune, se brisant par moments. Je suis rentrée avant l'aube et, avant de me jeter sur ma couche, suis allée vérifier le sommeil de Darius. Souriant aux anges, il dort profondément.

La porte de l'enclos me réveille quelques heures plus tard. Levée en sursaut, je sors et tombe nez à nez avec Darius qui me sourit, tout heureux.


سلام
Istanga! Moi promené Mitra et Anahita. Elles avoir mangé poissons que moi attraper.


Salâm, Darius. Hum... du poisson, tu es sûr? Et tu l'as attrapé comment, ton poisson? Avec les mains? Tu te prends pour un ours?

Je lui passe une main sur la joue en un geste tendre, car cela m'arrive parfois d'avoir de la tendresse pour lui, et le gronde doucement.

Cesse donc de raconter des âneries, et file à la mine! Il est l'heure!

Il ne se le fait pas dire deux fois, rentre en vitesse prendre sa besace et file à toute allure, me faisant un signe de la main. Je le regarde partir et rentre me préparer.

J'aurais normalement dû remplacer le tavernier, à l'Hydro-Mélide, mais Deltamu a oublié de me laisser la clé de la cave. Tant pis, ce sera pour une autre fois. Un petit tour sur le marché, une balade sur la place, aller aux nouvelles, voila une journée tranquille qui s'annonce... Me voila partie.

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Istanga
Vendredi 28 août

Darius a dédaigné la mine, aujourd’hui et hier. Je ne l’ai pas grondé, je comprends qu’il préfère le grand air. Travailler sous la terre… rien qu’à l’imaginer, j’en frissonne. Sans aucun doute des contes de mon enfance, mal digérés, mais je ne peux me départir de cette crainte des entrailles de la terre. En tout cas, je le vois filer dès l’aube et rentrer le soir, l’air satisfait. Me cacherait-il quelque chose ?

Je tourne en rond, comme mes panthères, m’interroge sur ces derniers jours. La prise de la mairie… Décidément, j’ai du mal à comprendre les provençaux, ils appellent à la révolte, à plusieurs reprises. Je ne m’en mêle pas, par peur de poser des questions déplaisantes ou stupides.

Mes comptes sont faits, j’ai pu m’acheter quelques moutons que j’ai mis à paître, et me rendrai tout à l’heure au Château. J’aimerais acquérir une boucherie, et destinerai une partie de la viande à la taverne de Delta. Le reste sera pour la famille, qui commence à arriver. J’ai déjà fait la connaissance d’Irmine, ma cousine, sœur de Samuel, et ne doute pas que d’autres membres ne tarderont pas à pointer le bout de leur nez.

Puis je songe à ma barque, toute neuve, que j’ai étrennée cette semaine. Elle m’a permis de rapporter une pêche plus fructueuse, que je destine à l’Hydro-Mélide. La vente de mon blé et les larcins de Darius m’ont permis d’acquérir bien vite le pécule suffisant. Je ris d’aise, songeant que demain, peut-être, j’achèterai un second champ. A moins que je ne garde cet argent pour le prêter à l’un des membres de la famille. Je réfléchis rapidement. Oui, pourquoi pas ? Avec un intérêt peut-être… Il faudra que j’en parle à mon cousin.

J’arrête de tourner ainsi dans la maisonnette et vais m’installer dehors, pichet de vin et verre posés sur le rebord de la fenêtre, m’assieds sur le banc et regarde passer les gens, observant leurs petites manies.

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Istanga
Première lubie : départ pour Aix, direction fête du cochon. Pouah!

Et voilà! je suis arrivée juste à temps pour entendre l'annonce de l'appréciant*, et apprécier le discours de Cristalline qui m'indique ainsi qu'elle a été élue. J'en suis heureuse pour elle, il me semble qu'elle fera une bonne "consule".

Je regarde ensuite, avec ébahissement, le Senhor Daemon arriver fièrement avec un cochon, ridicule le cochon, il faut bien le dire... Delta est là, bien entendu, visiblement prête à participer à ces jeux rustres. Une autre jeune femme, qui demande qu'on laisse la vie à sa monture.

Mon regard s'arrête un moment sur elle, l'impression de la connaître s'empare de moi. Je hausse les épaules, m'approche des tonneaux disposés sur la place, m'en éloigne et me dirige enfin près de Delta.

Darius et Sharpey me suivent. Un coup d'oeil au petit : il semble avoir une idée en tête. Je le laisse venir, et embrasse Delta.


Bonjorn ma belle! Je vois à ton air jovial que tu vas te commettre dans cette animation... villageoise! Ne crains-tu pas le ridicule?

Je regarde les cochons d'un air dégoûté.

Et grimper sur ces... bêtes immondes. Rien qu'à cette idée, je frémis. Quand je pense que certains les mangent...

Je me tourne vers Darius, qui me fusille du regard.

Tu peux, si tu le veux, Darius! Il y a un lot à gagner, et je pense que c'est toi qui choisiras!

Son regard-fusil se change en billes noires, brillantes de joie, et je le vois aller vers Selrach, tout fier, afin de s'inscrire.

* l'appréciant est un terme Deltamussien et désigne ici Selrach
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--_darius


Aix, fête du porc - suite -

Le gamin, après trois jours de travail aux mines, en a eu assez. Il a pu ainsi explorer les moindres recoins de Marseille, se glisser, innocent vagabond, parmi les groupes rassemblés ici et là.

Sharpey attire l'attention : un singe n'est pas si courant, et la main de Darius, légère comme un souffle d'été, déleste les badauds, non pas de leur bourse en totalité, pas si fou le gosse, mais d'une partie de leur contenu.

Rapidité d'exécution, voila le maître mot. Il faut dire qu'il s'est longuement entraîné sur ses compagnons de voyage...
Le problème était qu'il devait rendre le produit de ses larcins. Mais maintenant, Istanga le récupère. Ce qu'elle ne sait pas, c'est qu'il ne lui donne pas tout. Depuis qu'il connaît Delta, il amasse patiemment un pécule.

Aujourd'hui, pourtant, c'est jour de repos pour lui. Elle a accepté qu'il participe. Il est petit et léger, il sait qu'il peut gagner par sa vivacité. Il s'approche de Selrach, avec un sourire partagé entre amitié et jalousie, ce qui amène une expression de mélancolie sur son visage, et se décide à parler.


Salâm! Moi, Darius, vouloir monter cochon. Istanga dire oui.


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Que je l’aie acheté ou non, que vous importe ?
Deltamu, incarné par Istanga
Son appréciant s’approcha d’elle à la fin des discours, elle lui sourit. Elle observa la bête qui lui servirait de monture et lui murmura (à Selrach, pas au cochon)

- N’est ce pas tricher que d’avoir les faveurs du juge ? Et il est pas un peu gros ce cochon ?

Elle le regarda évoluer parmi les participants, en organisateur avisé. La demoiselle de Lendelin aperçue en taverne, Doch, la baill(onnette)i… Elle fut interrompue dans son observation par son amie Istanga, sans panthère d’ailleurs, chose inhabituelle. Elle l’embrassa et acquiesça lorsque celle-ci lui demanda si elle allait participer.

- Elles ne sont pas immondes ces bêtes ! Regarde, lorsqu’elles sont propres, elles ont une peau couleur d’homme. Et pour ce qui est de les manger… Je crois que tu l’as déjà fait. Si, si… l’autre jour… la terrine… Et puis…

Elle cessa là l’énumération, préférant changer de sujet.

- Et sinon, Darius va donc participer, rude adversaire !

Ce n'était nullement une moquerie, le gamin était vif et agile. Avant qu’il ne s’éloigne, comme à son habitude, elle lui vola son chapeau et lui planta un bécot sur la joue. Elle l’aimait bien ce gamin. Elle interrogea Istanga sur les amourettes du môme, et sur les siennes au passage. Elles songèrent à organiser une foire à l’homme pour la grande femme. Un poil plus tard, Delta alla rejoindre son appréciant, étant passée chercher deux verres d’hydromel auprès de Delicia.

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Deltamu, disparue
Istanga
Aix, fête du cochon, suite et pas de fin

Mais de quoi parle-t-elle donc? quelle terrine? je n'ose y penser, mon estomac se révulse à cette idée.

Elle s'arrête heureusement là, et les sujets abordés me conviennent mieux. Jusqu'à maintenant, je n'ai pas vu d'homme digne de ce nom. Ils doivent se cacher, ou être retenus contre leur gré, ces provençaux sont si étranges.

Toujours est-il que l'idée d'une foire me plaît : cela me rappellera les marchés aux esclaves. Je m'imagine déjà, tournant autour des "volontaires", leur examinant la dentition, palpant leur musculature et leur posant quelques questions bien ciblées. Bel homme oui, de préférence, mais ayant du répondant. Pas de ces imbéciles qui ne font que parler de leurs exploits réels ou fictifs, et dans le ventre desquels je rêve d'enfoncer ma dague.

Bon, je me calme un peu, en reviens à cette journée qui m'ennuie déjà. Je m'approche de Délicia, en bonne place.

Salâm! Je suis Istanga de Lendelin, et je meurs de soif, l'un explique l'autre! Un verre de vin de mûres me tente bien!

Verre bu et apprécié, je décide que j'ai assez vu cette place, cette fête et ces cochons. Je débusque Darius, l'empoigne et l'emmène malgré ses cris d'orfraie.
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Istanga
Deuxième lubie : Brignoles

Après de vaines tentatives pour me convaincre de le laisser participer à la joute, Darius a enfin compris que l'on ne discute jamais mes décisions, même quand j'ai tort. La gifle que je lui ai assénée l'a aidé un peu.

Nous avons donc repris la route, celle qui mène à Brignoles, moi juchée sur mon fidèle Muad’dib, Darius à califourchon sur une mule qu’il prétend avoir achetée à Marseille. Je doute que ce soit vrai, mais ne m’attarde pas sur le sujet, mes principes sur la propriété ne s’appliquant qu’à mes biens.

Je fais quitter à ma monture la route toute tracée, préférant bifurquer au travers du massif boisé. Nous pénétrons dans la hêtraie, et Mithra et Anahita s’en donnent à cœur joie, bondissant et pourchassant quelques volatiles aventureux. Je décide d’arrêter là, le temps de prendre un repas et profiter de la fraicheur du bois.

Darius, perpétuel affamé, se précipite et dépose le panier près de moi. J’en sors un jambon dont je taille de grandes tranches : le subterfuge de Delta mu a parfaitement fonctionné, et j’accepte maintenant, avec plaisir même, de manger cette viande qui me répugnait. J’ai même poussé le vice jusqu’à faire l’acquisition de quelques pourceaux que je m’attacherai à engraisser. Pour l’abattage, hors de question d’engager quelqu’un – à défaut d’égorger le premier venu à me manquer de respect, puisqu’il paraît qu’ici c’est mal vu -, je me ferai une joie de passer mes envies sur ces bêtes…

Je regarde Darius manger de bon appétit. Même s’il ne semble pas m’écouter, je lui confie mes pensées.

Tu sais, Darius, heureusement que personne ne sait ce que je pense réellement, on me regarderait de travers. Ils ont une vision si étriquée du bien et du mal…
Puis cette pastorale, qui va être un vrai calvaire… enfin, si jamais un curé quelconque se décide à venir m’enseigner ses préceptes ! Dommage que tu ne puisses la suivre avec moi, nous nous serions bien amusés !


Il hoche vigoureusement la tête, signe d’approbation. Je l’examine, me demandant s’il a compris ce que je lui ai dit, mais pas moyen de savoir, avec ce satané gamin : son expression reste indéchiffrable.

Gourde d’eau vidée, besoins naturels faits à l’abri d’un fourré, claquement des mains, la troupe repart vers Brignoles. Nous quittons le bois pour reprendre le chemin balisé et arrivons enfin à destination.

Recherche d’une auberge. Dilemme. Quel aubergiste acceptera de me loger, avec mes panthères, un gamin étrange et son singe ? En attendant, je laisse mes compagnons à l’entrée de la ville, je sais que je peux accorder toute ma confiance à Darius.

Mes pas me mènent à l’Estampel. Taverne municipale, valeur sûre, dit-on. L’endroit est vide, quelque temps.

Survient un homme, physique pas très avenant. Conversation entamée, quelques pistes convergent. Il me paraît bien plus intéressant qu’au prime abord. Quelques projets dévoilés, une association scellée par une chopine.

Je sens que je vais rester quelque temps à Brignoles.

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Istanga
Brignole's blues - suite -

J’entame ma troisième journée à Brignoles. Le village est très calme, j’en profite pour fouiner à mon aise. Chaque matin, mine de rien, je m’arrange pour rencontrer mon nouvel associé, échanger quelques mots avant qu’il ne parte à la mine, moi au verger. Il est rare de croiser des gens ayant conscience de leur condition, ayant conscience de l’intérêt de leur travail pour la collectivité.

J’ai repéré hier soir quelques pruniers bien chargés en fruits, et m’y dirige, suivie de Darius et Sharpey. Ce dernier semble se remettre de sa rencontre avec Kika et la colonne de la cathédrale. Je n’ai pas hésité une seconde, et l’ai recousu sans pitié avant qu’il reprenne conscience. Je doute pourtant qu’il puisse reprendre ses activités lucratives avant quelques jours : il me paraît quand même moins vif.

Une tape sur l’épaule de Darius, qui arbore un air renfrogné :

Ne t’inquiète donc pas ! Et puis, étant donné l’affluence ici, la chasse ne serait pas fructueuse ! Tiens ! Viens voir cet arbre !

Je le mène sous un des pruniers, prends sa main et la fais passer au-dessus des prunes.

Regarde ! Tu vois cette fine pellicule blanche ? Comme une brume sur les fruits… et ta main ne sent-elle pas une fraîcheur qui s’en dégage ? Comme si elle transpirait… Remplis ce panier, et n’oublie pas d’en manger, pour faire plaisir à Delta…

Je le laisse à son arbre, m’en choisis un autre. J’hésite à le secouer, je crains que les fruits n’en pâtissent, et me décide pour une délicate cueillette. Tout en chantonnant, je me demande si je ne devrais pas en récolter suffisamment pour en faire fermenter dans une cuve. Mes réserves de boukhra ne sont pas éternelles, il faut que j’y réfléchisse.

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--_darius


Mercredi à Brignoles

Six heures.

Le soleil se lève à peine, Darius s’étire, sa main accrochant la paille sur laquelle il a posé une couverture. Istanga a pris une chambre à l’auberge, il est donc responsable des panthères, attachées au poteau, qui s’agitent depuis un moment.

Sharpey a dormi avec Istanga : elle peut ainsi surveiller l’évolution de l’état du petit singe. Les mains de Darius se crispent en songeant à ce moment maudit, dans la cathédrale. Quand il sera grand, il fera la même chose à Kika, c’est décidé. En attendant, il fera ce qu’Istanga lui ordonnera.

Le gamin se lève, va jusqu’à l’entrée de la grange et ouvre ses braies, arrosant copieusement un canard qui passait justement. Il range son oiselet après l’avoir secoué, comme le lui a conseillé Istanga, puis s’étire encore une fois, longuement, le regard perdu dans les nuages.


Il va faire beau, décide-t-il.

Il secoue la tête en bas, passant la main dans sa tignasse pour en extirper les brins de paille, retourne ramasser son chapeau dont il se couvre fièrement le chef, détache Mithra et Anahita et les emmène en balade au bord du Carami.
Istanga
Brignole's Blues - Suite et fin - mais prélude

Mercredi

Sept heures.

Le soleil est levé, ses rayons m’interpellent, me chatouillent le nez. Je m’étire avec plaisir, mes mains s’accrochent sur le mur aux pierres inégales, dans la petite chambre de l’auberge où je suis logée.

Je m’attarde un moment sur ma couche, et ris toute seule au souvenir de ma soirée en taverne. Edheline y était, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’y suis allée. J’ai fait la connaissance de Serafina et Ulynaie. Des hommes étaient présents aussi, je cherche désespérément leur nom dans ma mémoire, mais rien… Ah si bien sûr, le militaire, Steiphens.

Je me réveille tout à fait, m’assois dans mon lit, et me remémore la scène.

Déjà, à mon salut, il n’a pu s’empêcher de répondre de même. Je fais goûter ma boukhra, du feu pour Ulynaie, il nous fait goûter son breuvage, dont j’ai oublié le nom. C’est piquant. Le nom, pas la boisson.

C’est un incorrigible bavard, vantard aussi. D’aucuns diront que je ne suis pas la dernière à bavarder et me vanter, mais je n’en ai que faire. Et cette façon d’interroger chacune de nous quatre sur d’éventuels époux.

Les trois ont répondu, il en arrive à moi.
« Istanga, êtes vous mariée ? »Bien entendu, ma réponse a fusé : je ne vais pas m’encombrer d’un homme « Surtout un comme moi… » m’a-t-il répondu.

Au moins, il a de l’humilité. Pas moi, mais je n’ai aucune raison d’être humble.
Il est ensuite reparti dans ce qu’il pensait être une opération « charme ». Evidemment, je n’ai pu m’empêcher de le moquer un peu. Mes conseils sur la technique d’approche ont semblé l’intéresser. Il faut dire que j’ai utilisé pour ce faire le seul langage qu’il semble réellement connaître, le langage militaire. Stratégie, tactique, retrait, sont des mots qui le touchent.

Il faut bien m’avouer que j’ai du mal avec cette armée. Ces militaires sont si… si provençaux. Ils semblent toujours s’éveiller d’une grande sieste sous les oliviers, et plus avides de courir les jupons que de participer à des batailles…

Enfin, il est l’heure de me lever. Darius doit m’attendre : j’ai prévu aujourd’hui de monter jusqu’aux gorges du Carami, sur les conseils d’un vieil homme rencontré au lavoir.

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Istanga
Intermède d'une naturopathe exaltée

La balade nous a pris trois jours. Nous avons sans crainte dormi à la belle étoile, sous la protection de Mithra et Anahita.

Au fil de l'eau, le sentier enroule ses anneaux en haut de la falaise, enjambe sans obscénité puits et fissures, se faufile sans sous entendu dans d'étroits couloirs rocheux, contourne les plus imposantes failles et dépressions avant de déboucher en un lieu où l'on surplombe une vallée. En bas, le Carami calme son ardeur pour s'enfoncer tranquillement dans la forêt. Je peux distinguer, au coude de la rivière, d'étranges formes blanches érigées.

Nous redescendons et, à l'ombre des pins, des chênes, des hêtres et des cornouillers, foulant un tapis de lierre rampant, nous avons poursuivi notre périple, tantôt longeant le cours d'eau, tantôt nous élevant à mi-hauteur de la falaise, jusqu'à émerger des arbres en plein soleil exactement.

A part les truites du Carami, peu d'animaux sont visibles en plein jour. Mais nous en repérons les traces : celles des blaireaux aux griffes longues , petits pas menus du mulot et de la musaraigne, rageurs sabots du sanglier...Et les chants des oiseaux l'accompagnent, tout ça, tout ça...

J'aime ces moments privilégiés où, seule avec Darius et les animaux, je me laisse aller au plaisir d'exister. Assis au bord de l'eau, nous laissons les sons, les essences et vibrations nous envahir et devenons aussi silencieux et bruyants qu'eux. C'est pour cela que nous avons pu assister au ballet étrange d'un oiseau.

Cet oiseau, quoique trapu, a un certain charme. De la taille d'un merle, son plumage est brun noirâtre, sa gorge et sa poitrine blanches, son ventre est roux.

Mais ce qu'il a de merveilleux, c'est qu'il utilise une technique de pêche unique. Nous le voyons plonger tête la première dans la rivière, s'immerger complètement dans l'eau. Et là, comme par magie, il marche sur le fond, à contre-courant, bombe le dos, écarte les ailes très légèrement, comme pour éviter d'être aspiré vers la surface. Puis, de son bec, il retourne les pierres du lit de la rivière pour y trouver sa nourriture.

Nous restons fascinés, un long moment, puis Darius me dit :


Moi, je ferai pareil pour pêcher à Marseille!

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