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[RPrivé]Parce qu'il vaut mieux en rire qu'en pleurer

Zoyah
L’heure Ash…

Tout le monde a son instant de célébrité, paraît-il. Et bien, aujourd’hui, c’était celui d’Ashlaan. Le beau Magyar allait se retrouver sous la lueur des torches d’ici peu…se doutant vraisemblablement pas que sa requête serait exécutée avec fracas et tout le manque de discrétion dont est capable une femme ivre de vengeance et ivre tout court.

Pauvre Ashoushou me direz-vous ? Un peu oui…mais quand cœur saigne…ça fait toujours du bruit…et surtout l’esprit fuit l’objectivité. Du moins, le geste sera à la hauteur de la déception de sa belle….Zoyah, hurluberlue notoire qui n’a pas sa langue dans sa poche.

Certainement que vous, chers lecteurs (joueurs), vous ne comprenez pas un seul mot à tout ce charabia…voici l’explication.

Zoyah était la plus heureuse des femmes depuis qu’elle se pavanait fièrement au bras de son Joli Minois. A peine leurs regards s’étaient croisés, qu’elle s’était sentie transportée par les méandres de la passion. Si si c’est vrai…

Toute sa vie ou presque tournait autour de celui qu’elle surnommait affectueusement Ashou ou « mon gros étalon de la Puzta ». Pas besoin d’expliquer pourquoi, on en devine aisément la raison. La jeune femme était envoûtée par ce charmeur…enivrée par son odeur…grisée par ses baisers. Il suffisait qu’il la touche pour qu’elle défaille presque. Bon j’exagère un peu là, je vous l’accorde.

Etant en convalescence en ce moment, la bougresse était bien désœuvrée. Ainsi, ses domestiques la surprenaient souvent un vêtement d’Ashou entre les bras, pressé contre son visage opalin, un sourire niais gravé sur le visage et humant son odeur à pleins poumons. Tout y passait…les chemises…les côtes…les surcotes…les braies….mêmes les chausses…Dieu qu’elle l’aimait, cette fol dingo. Mathilde posait sur elle un regard plein d’appréhension. Cela va mal finir pensait la vieille croûte tel un oiseau de mauvais augures. Elle savait que l’amour rendait aveugle mais con à ce point-là, non.

Bref…tout ça pour dire que Zozo était au paroxysme de l’Amuuuuureuuuhhhh.

Et pourtant un jour, enfin plutôt un soir, le Ashou lui colla une bonne torgnolle. Enfin, rien de physique…il ne lui aurait fait du mal pour rien au monde…au contraire, la plus part du temps, il n’aspirait qu’à lui faire du bien. Disons que ce qu’il venait de lui apprendre, l’avait brisé.

Ouiiiiiiiii….luiiii…son chéri que c’est elle qui l’aime le plus…il avait commencé un truc avec une autre ! Un truc ?!...oui, enfin une relation…de la drague qui avait pris une tournure plus sérieuse…mais il n’y a pas eut tromperie hein ! Bah ! Comme si cela allait la consoler.

Le matin même le goujat lui susurrait quelques gentillesses avec des petits cœurs clignotants plein les yeux…et quelques heures après…bing !

Il n’y avait en vérité rien de bien méchant…le chéri en question avait eut l’honnêteté de tout dévoiler à sa compagne, néanmoins le but de la manœuvre restait flou. Lui-même ne savait plus où il en était…
Mais ce qui avait surtout blessé Zoyah, ce n’était pas qu’il avait séduit une autre femme. Elle commençait à connaître l’animal. D’ailleurs, elle se fichait pas mal des boniments qu’il avait pu lui sortir à la dame pour arriver à ses fins, mais plus qu’il avait envisagé de l’abandonner elle, alors qu’elle s’était entièrement livrée à lui, qu'elle lui avait resque tout donné. Pourtant, il savait à quel point elle avait été éprouvée par l'amour dans le passé. Et il venait de la dépecer...elle se sentait vide. Tout ce mal, pour finalement faire retour arrière en lui disant qu’il avait moins à perdre en restant ses côtés. Ce fût le début du désenchantement pour la brune qui maudissait les deux responsables de sa souffrance.

Zoyah était tombée de son petit nuage. Et elle avait visiblement du mal à se remettre de la chute…

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Zoyah
Etat d’âme…Etat de la dame

[18 rue du chevalier Marzïn...milieu de journée]

La Castelroussine avait perdu de sa morgue et de sa verve. Elle, jadis impertinente et enjôleuse, taquine et douce, n’était plus rien de tout ça. Elle s’était écroulée aussi sûrement que les remparts de Châteauroux sous les assauts de l’ADC. Petite chose rosée et fragile, couronnée d’ébène, bien tassée au fond du lit qu’elle ne quittait que sous la pression de Mathilde et de ses amies. L’impétueuse brune ressassait dans sa tête l’échange qui avait tout provoqué.

Les paupières gonflées de chagrin, les yeux rougis d’avoir trop pleuré, Zoyah méditait sur ce qu’il s’était passé. Les larmes s’étaient taries et son esprit semblait alors plus enclin à la réflexion.Elle ne le haïssait pas…elle était déçue…vidée de tout ce qui donnait du sens à sa vie.

Son regard bleu était fixé sur un mantel richement orné qui appartenait à Ashlaan. Un manteau fabriqué dans son pays natal et à la mode local. Il était splendide et il ne le portait qu’en de très rares occasions. Cet accessoire semblait presque investit d’une charge émotionnelle dont il n’avait jamais souhaité lui faire part encore. La gorge se sert…sa poitrine lui fait mal…elle écarquille les yeux afin de retenir quelques larmes menaçantes.

L’incompréhension demeurait….et comme lorsqu’on est face à une telle situation….celle où l’être chéri semble avoir désiré une autre…Zoyah commença à se remettre en cause. Il l’aimait pourtant, elle en était persuadée puisqu’il lui prouvait presque chaque jour. A moins qu’il soit vraiment bon acteur ou habile menteur. Où avait-elle échoué ? Elle avait pourtant passé le concours d’entrée haut la main, pourquoi est-ce qu’elle devait aller au repêchage ? Parce que rien n’est jamais vraiment acquis peut-être. La brune s’ébouriffa les cheveux un peu plus qu’ils ne l’étaient déjà, comme si le geste pouvait l’aider à remettre ses idées en ordre.

Elle n’était pas idiote, ni naïve, comment avait-elle pu se laisser abuser à ce point….

Ash avait toujours aimé séduire, c’était un fait….cependant, elle ne l’avait jamais vraiment empêché de s’amuser à ce petit jeu. Et quand bien même, elle n’aurait jamais pu…


C’était inégalmurmura-t-elle….inégal….j’avais tout à perdre…et…et…elle… rien à gagner….c’était pas le même enjeud’une voix pleine d’émotion.

S’il l’avait abandonné….elle perdait tout. Tout ce qui faisait sa joie de vivre, tout ce qui lui donnait envie de se dépasser, tout ce qui lui donnait l’envie de se battre…son envie de vivre en fait.

Mais il était resté…avec des doutes cependant….elle n’avait pas gagné pour autant. Envolé son insouciance, celle qui la faisait croire en lui, la faisait imaginer que dans un futur lointain, il lui ferait un enfant, celle qui faisait éclater sur son visage tout le bonheur qu’elle ressentait d’être avec lui.

Mais pourquoi lui avait-il fait ça ? Avait-elle donc perdu tout intérêt pour lui ?

Elle avait réalisé qu’elle n’avait plus cet aspect d’île inconnue qui demandait qu’à être découverte et suscitait certainement la convoitise chez la plupart des hommes. Ashlaan ne la convoitait plus, puisqu’il l’avait déjà conquise …c’était peut-être là…le fond du problème. Elle avait perdu cet attrait aux yeux du Magyar….
Mais est-ce qu'il aurait pu supporter de la voir pendue aux lèvres d'un autre homme ?....assurément, elle, ne pouvait pas accpeter qu'il en serre une autre qu'elle dans ses bras.

La demoiselle ferma ses paupières un moment, puis elle se décida à lui écrire sa vision des choses. A ce jour, elle était tout bonnement incapable de lui faire face sans être transpercée d’émotions contraires.

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Zoyah
Des mots pour des maux


Une fois sa missive rédigée, la brunette encore un peu reniflante, alla glisser le billet sur une pile de documents qu’Ashlaan parcourait souvent le soir en rentrant. Il avait une pièce qui lui était réservée au 18 rue du chevalier Marzin et où il traitait ses affaires courantes. Zoyah, pourtant bien curieuse, s’était promise de jamais aller y farfouiller…
Elle se contenta donc de poser le pli, bien en vu…


Citation:

Ashlaan, Tendre Ashlaan, Doux Ashlaan,
Mon encore mien ?

Je prends le temps de me poser et de réfléchir sur l’évènement d’hier soir. J’ai peu dormi et les larmes mouillent encore mon visage. Beaucoup de pensées tournent dans ma tête. Des sentiments surtout…colère… tristesse… déception… incompréhension… et amour.

Colère…

Colère de voir qu’au nom d’une amourette –le terme me semble inapproprié, vous seul pouvez mettre les mots justes sur ce que vous avez vécu- vous étiez prêt à sacrifier ce qui nous unissait, ce que nous avions commencé de bâtir tout doucement, mais surement. Un palais à l’image de nos sentiments. La base édifiée sur la confiance m’avait semblé stable. Et pourtant, pour mieux plaire à une autre, vous n’avez pas hésité à donner un négligent et irrespectueux coup de pied dans ce socle et êtes parvenu à le fissurer.

Tristesse…

Tristesse de constater qu’au final, les sentiments forts, amoureux, passionnés et sincères que vous disiez ressentir à mon encontre, n’étaient peut-être que douce illusion ….ou bien pas aussi intenses que vous le pensiez. Pourquoi sinon, avoir imaginé que vous trouveriez peut-être dans les bras d’une autre femme, plus de félicité et un amour plus profond ?

Déception…

Déception de m’apercevoir que ma seule présence à vos côtés ne vous comblait pas, que mes sentiments et ma tendresse ne suffisaient pas à vous contenter. Où ais-je donc failli ?

Je me plais à penser que cette « histoire » avec cette personne n’a pu être que grâce au contexte où elle est née. Que sorti de ce cadre, rien ne se serait passé. Mais même cette supposition ne parvient à atténuer ma désillusion.

Vous me dites qu’il ne faut pas honnir celle qui vous a détourné de moi ne serait-ce qu’un instant. Qu’elle est une victime et qu’elle souffre également de la situation.

Néanmoins, je pense qu’elle a sa part de responsabilité dans cette trahison. Elle savait parfaitement qui tentait de la séduire. Que vous étiez en couple et qui était votre compagne. Elle avait pleinement conscience en acceptant vos maudites avances que vous entreteniez déjà une relation amoureuse. L’un comme l’autre, tout heureux que vous étiez de vous découvrir bien dissimulés à l’abri de votre forteresse, n’avez songé au mal que vous alliez me faire….à la blessure cruelle et injuste que vous alliez m’infliger. Alors ne me demandez pas de considérer ses souffrances à elle, je ne le puis pas.

Incompréhension…

Incompréhension face à un si soudain revirement qui en fait n’était qu’un tour sur vous-même. Il n’y a pas à dire, vous êtes doué pour les pirouettes, mais cette fois-ci vous avez chuté quelque peu à la réception. Le matin encore vous me couvriez de vos doux baisers et me témoigniez avec tendresse vos sentiments, pour le soir m’assommer sous cette vérité. Et l’instant d’après, vous voilà à tenter de panser mes blessures en m’affirmant « Ordonnez et j’obéirai ».
J’ai ordonné et vous avez obéi dans l’instant en quittant votre compagnie aussitôt. J’avoue que vous ne pouviez pas me donner plus belle preuve d’amour en l’instant présent, mais elle temporise à peine la souffrance qui me martèle encore la poitrine. Vous avez mis mon cœur au supplice et brisé la confiance totale que j’avais placée en vous.

Amour…

Et malgré tout…
Malgré la peine que je ressens. Tout ceci ne fait que me confirmer une chose que je sais être depuis longtemps.
Je vous aime...de tout mon cœur, de tout mon corps et de toute mon âme.
Je vous aime.
L’idée que vous vous détourniez de moi m’est insupportable. Ce n’est pas un simple désir que j’éprouve pour vous…c’est passion ardente…pulsionnelle…voluptueuse et vraie. Je n’aspire qu’à une chose…vous respirer…vous entendre…vous goûter…vous vivre.

Peut-être…vous étouffe-je ?

Voilà…
Je suis parvenue à coucher mon ressenti quant à cette décevante situation…
Je vous garde, néanmoins près de mon cœur et à mes côtés, puisque tel est votre désir, mais surtout parce que je ne me sens pas la force de vous faire payer cet outrage.

Je vous aime…encore et certainement pour toujours.

Zoyah
Ivre d’amour pour vous….et certainement aveuglée.

P-S : je vous transmettrai la liste demandée sous peu.

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Zoyah
L’esprit noyé…

Zoyah quittait le bureau d’Ashlaan lorsque ses prunelles se mirent à briller étrangement.
Elle espérait intérieurement que celui qu’elle aimait ne se contenterait pas d’une réponse trop hâtive lorsque son regard tomba sur la porte de la cave.

Simplement vêtue d’une longue chemise blanche qui tombait jusqu’aux genoux, de bas immaculés qui montaient jusqu’à mi-cuisse, la Castelroussine dévala les quelques marches qui la séparaient de l’antre de Dionysos. A peine eut-elle posé ses pieds non chaussés sur la terre humide qui tapissait le sol qu’elle sentit la moiteur des lieux imprégner le tissu de ses bas. De la plante jusqu’au dessus des pieds, l’étoffe lactescente se teinta de brun, la souillant inévitablement de la boue de la pièce. Son corps entier frissonna et ses mamelons se durcirent à cause de la fraîcheur de la pièce qui l’oppressait. Elle attendit un instant que ses prunelles s’habituent à la pénombre. La clarté diffuse qui se frayait un chemin par l’entrebâillement de la pièce parvenait à peine à l’atténuer.

Les iris dilatés, elle se dirigea sur la pointe des pieds vers le stock de bouteilles de úr* Ashlaan en provenance direct de sa Magyarország** natale. Elle songea furtivement qu’il ne lui avait jamais révélé son nom de famille…mais elle avait remarqué aussi qu’il portait au petit doigt une chevalière en argent. Cependant, il la plaçait toujours à l’envers, si bien qu’elle n’avait jamais pu apercevoir le motif qui était gravé dessus. Un mystère, un de plus qui éveillait sa soif d’en savoir plus sur lui.
Non….leur histoire ne pouvait se terminer ainsi…ils avaient encore trop de choses à découvrir l’un sur l’autre. Trop de choses à vivre. Elle se rappela les repas en tête à tête où son homme, parce qu’il était bien son homme, lui racontait sa Hongrie avec une passion non feinte. Et enfin….et enfin…un sourire apaisé fleurit sur les lèvres de la brune. Sourire fugitif cependant et vite éclipsé par les maux qui lui tarabustait l’esprit.

Le vin précieux était issu d’un petit domaine dont le brun entretenait une solide et secrète amitié avec le propriétaire. Il était situé près d’Eger, non loin de Tokaji. C’est le nectar du même nom qu’il avait fait venir à coup d’écus sonnants et trébuchants. Du cinq, du quatre et trois puttonyos qui allait du plus au moins liquoreux. Douze bouteilles qui trônaient sur une étagère. Le petit trésor du Magyar qu’il comptait réserver pour de grandes occasions.
Elle resta pensive…hésitante…caressant les bouteilles du bout des doigts….un remord ?...puis repensant à l’Affaire, son visage se durcit, elle s’empara brusquement de toutes les bouteilles qu’elle pouvait transporter. D’un coup de pied rageur, elle renversa l’étagère afin que ce qu’elle ne pouvait prendre soit perdu. Les quelques bouteilles éclatèrent au contact du sol et le liquide couleur miel se répandit et imprégna la terre. Elle recula, effrayée par l’acharnement déployé, par l’inutilité et la stupidité de son geste. Elle le revit alors lorsqu’il avait réceptionné le chargement rendu poussiéreux par le périlleux voyage du domaine de Naji au Val. Humant les bouteilles, les mirant à travers la lumière du soleil afin d’en apprécier la robe, satisfait de son choix…..ohhh qu’il était beau. Un soupire de désir franchit la barrière des lèvres charnues de l’amoureuse. Zoyah quitta alors la cave, les bras chargés de l’inestimable boisson.

Frêle silhouette évanescente qui flotte à travers l’ombre des lieux, petit fantôme dont le cliquetis des chaînes est remplacé par le tintement de bouteilles qui s’entrechoquent. Elle était si gracile et lui si fort, si nerveux, qu’il pouvait la soulever à bout de bras, comme lorsqu’il la juchait sur son étalon ibérique lors de leurs chevauchées à travers la campagne berrichonne.

Montée dans sa chambre, Zoyah laissa choir les bouteilles à même sa couche. Un coup d’œil engloba la pièce…rien pour ouvrir les bouteilles. Contenant en main, la tisserande s’approche du rebord d’un coffre et fracasse le goulot, le rompant irrégulièrement en son milieu.
Elle le porte alors à ses lèvres purpurines afin d’imbiber son corps de la chaleur que procure l’alcool. Une manière de faire taire le mal acéré qui la labourait en son sein par la douceur de l’ivresse. Une douleur vive se fait ressentir au niveau de sa lèvre inférieure.
Ah ! Un cri s’échappe…

Dans sa bouche, du sang se mêle au tokaji qui coulait à grand flot dans la gorge tendre, lui donnant une pointe amère désagréable. Zoyah repousse la bouteille et porte la main à la zone endolorie. Une légère coupure…quelques gouttes de sang perlent et viennent se répandre sur la chemise…juste au niveau de son cœur.

Un mauvais présage pensa-t-elle


*monsieur
**Hongrie

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Zoyah
Le sacrifice…

Quelques heures après l’immersion « tokajiesque », les cadavres de bouteilles jonchaient le sol de la chambre. Certaines avaient roulé sous le lit, d’autres étaient couchées en plein milieu de la pièce, souillant les tapis finement ouvragés que la demoiselle affectionnaient tant. Des bris de verres, vestiges de goulots fracassés, brillaient comme des petites pépites argentées au pied de la couche.

Elle les avait presque toute vidées au point de frôler le coma éthylique…
A chaque gorgée de trop, son estomac se tordait en de violents spasmes, menaçant à tout moment de renvoyer à l’expéditeur le breuvage sournois qui tournait l’esprit et torturait les entrailles lorsqu’on se noyait dedans.

Elle avait crié …hurlé…chanté même…tout ce que son cœur contenait. Propos diffus, flous et souvent incohérents, mais toujours sincères. Fort heureusement, l’épaisseur des murs et le calfeutrage de tapisseries les avaient étouffés et cachés à la rue.

Zoyah ne gémissait plus…elle ne pleurait plus…elle ne pensait plus…elle couinait un peu quand même. L’alcool avait eu comme un effet soporifique sur ses capacités de réflexions. Un dernier coup de colère et elle avait pulvérisée le fourbi qu’Ashlaan avait ramené de l’Endroit honni. De tout cet attirail militaire, elle trouvait qu’il se dégageait une vague odeur de marée qui l’exaspérait au plus au point.

La tempête se déchaina une dernière fois…

Tout ce qui pouvait être brûlé le fût et vint nourrir le feu dans l'âtre de la cheminée. Tout ce qui pouvait être brisé le fût également. Tout ce qui pouvait être déchiré subit le châtiment de la furie. Cette frénésie irascible que l’impression d’avoir été trahie ou presque peut faite naître, fût déchainée sans aucun remord…cette fois-ci. Et les traces d’une courte vie de mercenaire, réduites en bouillie par le chagrin et la colère d’une jeune femme au cœur trop confiant. Elle s’imaginait que tout ce barda militaire devait porter l’odeur de l’autre et elle les considérait comme une offense, une dernière provocation de le voir choir dans leur chambre à coucher.

Ainsi, telle une prêtresse des temps anciens dont le corps est drapé de blanc, elle sacrifia au nom de sa souffrance et son humiliation, les témoins muets de l’impensable et dégoutante déloyauté. La feu avait été attisé. Son sang avait été versé, pour preuve les gouttes carmins mouchetant sa chemise et sa lèvre boursouflée. Offrande nécessaire afin d’établir un lien intangible entre une quelconque présence et l’officiante. Les débris étaient éparpillés dans la pièce entre les bouteilles et les casseaux de verre dans un sinistre désordre. Tout ce qui n’avait put être pulvérisé par son ire destructrice fut entassé dans un coin et copieusement arrosé du contenu de la dernière bouteille…prêt à être immolé…ainsi le rite fut sanctifié et la jeune femme assouvie.

Vidée de son courroux…soulagée de sa rage…la colère semblait déjà se faire plus sourde…ses muscles se relâchaient lentement…son sang à qui l’alcool avait insufflé un regain de violence, ne bouillait plus. Zoyah s’écroula sur le sol en poussant un énorme soupire de fatigue.

Des mots résonnaient dans sa tête. Ils n'étaient pas sien, mais ceux d'un talentueux poète. Néanmoins, ils donnaient un aspect matériel à ses sentiments...elle les murmura alors, imaginant qu'Ashlaan se tenait devant elle...


Je suis perdu, vois-tu,
je suis noyé,
Inondé d'amour;
je ne sais plus
si je vis,
si je mange,
si je respire,
si je parle;
je sais que je t'aime
.
*




* Alfred de Musset
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Zoyah
Carpette George…


Zoyah était agenouillée sur une peau de bête étalée devant la cheminée. Le feu purificateur crépitait joyeusement, récemment revigoré par quelques paperasses et linges venus le nourrir.

La chaleur des flammes lui procurait un certain réconfort. La fièvre dévastatrice l’avait quittée, l’abandonnant à une apparente torpeur. Son cerveau était en mode veille…ses sens au repos…et même l’air vicié par les émanations de Tokaj qui emplissaient la pièce, ne semblaient pas perturber son odorat. Néanmoins, les effluves d’alcool lui vrillaient toujours le crâne et ses tempes semblaient battre à un rythme effréné. Son visage au teint laiteux irradiait de pourpre et trahissait l’abus excessif de vin hongrois. Par moment, quelques faibles soupirs las s’échappaient de sa petite personne. Les flammes s’adonnaient à une danse hypnotique devant ses prunelles irisées de cobalt et fascinées par leurs ondulations magnétiques.


D’un geste quasi inconscient, elle essuya d’un coin de sa manche un filet de bave qui coulait à la commissure de ses lèvres ramollies. Ses doigts rencontrèrent ensuite les touffes de poils de la peau de bête, ravivant brusquement en elle un joyeux souvenir. Ses phalanges longues et fines, celles d’une tisserande de talent, fouillèrent la fourrure de la bête afin de motiver la résurgence de ce bon moment dans sa petite caboche un peu trop secouée par les évènements.

Soudain, un éclat de rire fuse…rompant le silence….le calme avait succédé à la tempête et le soleil semblait poindre un peu. La mémoire capricieuse avait daigné se plier à l’exigence de la belle…celle de lui faire se remémorer le jour où elle avait ramené cette peau en son logis.

Souvenirs...souvenirs...nanananaaaaaaaaaaaa.....

Zoyah l’avait acheté à un marchand ambulant de passage qui lui avait vendu comme une somptueuse peau d’ours des Carpates. Fière de son acquisition et certaine qu’elle ferait le bonheur de son couple lors de froides nuits d’hiver, elle l’avait soigneusement installée sur leur lit en guise de couverture. A la découverte de « la chose », Ashlaan s’était ouvertement esclaffé. Il fallait avouer qu’elle ne payait pas de mine et ne valait surtout pas le prix que Zoyah l’avait acheté.


Et bien Ma Mie, vous êtes partie à la chasse au Velu ce matin et vous avez eu la peau de George ?!...ah ah ah !

Piquée au vif, la brunette lui vanta les mérites de la peau d’ours des Carpates, comme le marchand ambulant l’avait fait avec elle. Se collant alors contre le dos de la jeune femme et l’enserrant dans ses bras, Ashlaan posa son menton sur l’épaule de sa compagne afin de mieux jouir de la pathétique et très « poilesque » vision. Le Magyar posait un regard rieur et moqueur sur la dite peau d’ours et écouta Zoyah énumérer les qualités de son achat, sourire aux lèvres.

C’est adorable de votre part, ma chérie de vouloir protéger mes pieds du froid l’hiver tout en voulant apporter une note de mon pays avec une peau d’ours des Caaarrpppatttes…sauf queAshlaan toujours dans la même posture resserra son étreinte autour de la taille de Zoyahil s’agit d’une peau de sanglierles yeux pers roulants du bas vers le haut, le sourire goguenard s’élargissant à l’extrême.


??!!!!!?????

Stupeur chez la tisserande qui adopte alors la blonde attitude, soit : joues qui se teintent de pourpre, yeux qui s’écarquillent et petit index droit qui vient s’apposer sur le bord de la lèvre inférieur.

Oh !voyez comme elle exprime de façon claire et concise la confusion.

Vous êtes sûr ?…allez une petite tentative pour se sentir moins bête.


Igenpresque murmuréj’en ai tué suffisamment lors de parties de chasse pour en être certainpuis moqueur…je comprends mieux que vous ayez pu confondre des baudets avec des destriers… claquement de langue provocateur…le Magyar est à l’affût d’une ruade de sa pouliche préférée et surtout d’une bonne paire de baffes.

………………… *silence*…moue boudeuse sur le visage et yeux qui se plissent.

Se décollant d’elle et lui caressant le dosceci dit…ça aurait pu être pire…il aurait pu vous vendre une peau de blaireaule Magyar part en éclat de rire.

Rhooooooooooooooooooooooo !!... s’offusque, la très « blondissime » brune.

Vous exagérez…vous êtes un incorrigible !!! pointant un doigt faussement menaçant en sa direction.

Il retient la petite main qui ne demandait qu’à rencontrer son beau visage et lui vole un baiser pour se faire pardonner.


Ashlaan lui murmure alors à l’oreillemais s’il vous plaît, ne la mettez sur le lit car à chaque fois, j’aurai l’impression que le duc d’Aigurande partage notre couche.se déplaçant devant la cheminée….Mettez-là ici…j’aurai au moins le plaisir de me décrotter les bottes dessus….la gratifie d’un sourire auquel elle ne pouvait résister.

Et depuis ce jour, la fameuse peau de sanglier fut surnommée « Carpette George ». Des souvenirs de la sorte, elle en avait engrangé beaucoup. Et tous ravivaient en elle l’amour profond et sincère qu’elle éprouvait pour son Magyar. Cela dit, ils atténuaient à peine la blessure ouverte…seul lui pourrait le faire…ou pas.



[hrp : lu et approuvé par ljdAshoushou ^^]
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Zoyah
Amouurrrrrr, gloire et beautéééééééééééé !...des mots qui font ...PAF ! La ferme !


Une fois les nerfs apaisés, l’esprit calmé et rassasié de bons souvenirs, Zoyah avait déambulé dans tout l’étage. Frêle poupée échevelée aux joues teintées d’incarnat, chancelante et fragile, qui se cognait contre les murs. Flottant dans sa chemise fluide et errant à la recherche de dieu sait quoi…de lui peut-être et du réconfort de ses bras…de son équilibre sûrement. Voyez comme l’ivresse peut parfois prendre une tournure plus poétique lorsque l’on sait choisir ses mots.

Pendant tout ce temps-là, ses deux domestiques s’étaient terrés dans la cuisine, attendant que la crise passe. Ils espéraient que le compagnon rentre rapidement afin de clarifier la situation une bonne fois pour toute. Mais le pouvait-il seulement…le voulait-il … ?

La jeune femme avait chuté plus d’une fois, mais ce fut sans mal si ce n’est un bleu ou deux qui seront vite oubliés. De toute manière, elle ne pouvait pas tomber plus haut que de son petit nuage rose bonbon où l’amuuureuuhh d’Ashoushou l’avait transporté. Certainement que l’arc-en-ciel des Bisounours était en panne ce jour là, du coup elle s’est rétamé sur les pavés de la place Castelroussine…ouille ! Bobo…Et oui ça fait mal les amours déçus.

Dans un recoin, un panier d’où débordaient quelques revues oubliées par des invités, semblait attendre qu’on s’intéresse à son cas. Certaines devaient appartenir à la brunette, mais elle était trop honteuse d’admettre qu’elle fournissait si piètre nourriture intellectuelle à son cerveau. Vu la qualité des écrits, le tout était bon à foutre au feu mais Zoyah les trouva subitement plein d’intérêt. C’était soit ça…soit elle tombait amoureuse d’une latte de parquet dont les nervures semblaient dessiner un petit cœur.

Elle retourna cahin-caha dans sa chambre en traînant le panier à sa suite….


Ffriiiiiiiiiiiiichhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh

*hips*…entendons-nous bien, c’est le panier qui « fricchhh » et Zoyah qui « hips ».

Elle se laissa tomber mollement et s’étala de tout son long sur « carpette George » afin de compulser ses petites revues hautement philosophiques. Elle tâcha d’en faire une pile, enfin plutôt un tas, mais qui dans sa tête, vu son état et sa face pilée par le chagrin, était une pile. Elle se saisit de la première feuille de chou…vague pensée à Degaulle… puis la demoiselle lut à voix haute en plissant un coup les yeux et les écarquillant ensuite afin de décrypter

« Catin et Pucelle vont faire l’aumône »

??!!???....mé …qu’est-ce que c’est que *hips* ça ?


Elle parcouru l’ouvrage qui narrait de manière un peu vulgaire les déboires de deux jeunes écervelées. Les donzelles avaient visiblement le don de se mettre dans ses situation fort cocasses que semblaient apprécier les messires. Quelques illustrations très suggestives complétaient le tout et ne laissaient planer aucun doute sur le type d’ouvrage.

Misère ….*hips*mais qui a laissé *hips* une cochonnerie pareille au Val !


« Cela devait être Ysaoth ! » se dit-elle intérieurement.
« Je suis certaine que c’est ce torchon qu’Ashlaan et Jonas regardaient avec un air abruti, une fois, et qu’ils se sont dépêchés cacher lorsque je suis rentrée…groumph »


Elle le balança aussi sec dans la cheminée qui l’engloutit sous ses flammes. Puis elle se saisit lentement d’un second ouvrage …

« Com-ment de-ve-nir *hips* Dieu av-ec un cha-ris-me d’huî-tre *hips*en dix le-çons ? » …lut-elle de manière syllabique.

Misère *hisp*….quand est-ce qu’Horvy est venu chez moi !!!!
S’exclama-t-elle furibonde....probablement et sûrement jamais La feuille de chou fut parachutée quelques part dans la pièce

Le troisième choix se porta sur un des romans que la blondinette avait laissés entre deux séjours chez elle. Zoyah avait remarqué que de compulser ces ouvrages semblait lui redonner du baume au cœur après un chagrin d’amour…et Dieu sait que la blondinette en avait de nombreuses fois le cœur brisé.

La couverture représentait un homme poitrine nu offrant une rose à une femme en vêtement de princesse. Un grognement moqueur parvient à poindre entre deux *HIPS*


« Les jours heureux de nos années merveilleuses pendant les mois des moissons de la belle saison de l’époque de la migration des reinettes»

Hum ?...*hips*…ça migre les reineeeeeettteeeeeeeees ?....s’étonna la Castelroussine….ola...v’là que la brune à la voix qui déraille.


« Je vais le lire, tient….je suis sûr que c’est complètement stupide …des histoires à l’eau de rose, avec des drames amoureux ….mais ça me fera toujours du bien de voir que c’est pire chez les autres…snnifffff » couina-t-elle intérieurement, espérant certainement y trouver une quelconque consolation à ses malheurs.

Elle ouvrit le livre en son milieu et commença à lire à haute voix.



Chapitre 10 : « Quand la passion *hips* des sentiments de l’amour vous fait monter *hips* en haut dans le ciel du firmament *hips*»

« Rhhoooo lalal…pfff…..et dire que j’attendais ce bal depuis des lustres » * hips* songeait Marie-Cindy, les yeux penchés sur son ouvrage *hips* de broderie, tout en épiant le bellâtre qui se pavanait devant les dames du Casteleuuhh *hips*.
Jacoquelet était non seulement le médicastre le plus en vue *hips* de tout le Comté, mais également le plus bel homme des alentours. Toutes les dames se pâmaient devant lui et même sous lui.*hips*


« Tiens ça me rappelle quelqu’un…. »...songea-t-elle, un brin ironique.

Zoyah tourna plusieurs pages, son visage inexpressif trahissait tout l’émoi que provoquait cette lecture chez elle.


Mais Jacoquelet remarqua *hips* la jeune pucelle qui l’observait *hips*avec ses yeux de veaux…. et Marie-Cindy sentit alors le puissant désir étinceler *hips* dans les yeux de Jacoquelet comme une étoile filante qui brille *hips* dans le ciel nocturneuuhhh de la nuit. *

« ...mais c’est complètement con ce truc...toute manière tous des menteurs »...finit-elle par conclure en reniflant bruyamment.

Zoyah referma le roman d’un coup sec…non, décidément même cette histoire d’amour à la noix ne parvenait à la consoler. Ah non...pas les noix...ça lui rappelait trop le duc de Dun



* Clin d’œil
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Zoyah
Le songe heureux

Quelques heures s’étaient écoulées…

Quelques heures pendant lesquelles, Zoyah avait eu tout le loisir de plancher sur la fameuse liste d’exigences que lui avait demandé son compagnon. Liste qu’Ashlaan se ferait un plaisir d’exécuter à la lettre tellement il avait à cœur de se faire pardonner le « Truc ». Ceci dit, le fautif était loin d’être idiot et il connaissait bien sa vilaine. Il lui avait donc bien fait comprendre qu’il faudrait tout de même qu’elle soit raisonnable, sans quoi elle risquait d’être déçue. « Je comprends » avait-elle marmonnée du bout des lèvres.

Une fois ses revendications couchées sur le vélin, un crieur avait été expressément mandé afin qu’il porte aux oreilles du Magyar les réclamations de la Castelroussine. Un peu réticent au départ, ne comprenant pas vraiment pourquoi il devait faire publiquement une annonce qui semblait plutôt tenir de la sphère privée, il s’était laissé convaincre par une bourse bien garnie.

La brunette s’était ensuite assoupie sur la fameuse « Carpette George ». La chaleur des flammes lui caressaient agréablement la peau. Son sang était moins saturé d’alcool et son esprit moins excité par la colère, alors son corps avait réclamé un repos mérité.

Une fois sa requête ayant pris la route de la place publique, elle s’était donc effondrée comme un château de carte…harassée et meurtrie…mais presque assouvie. Son ire s’était violement, voir même sauvagement, déchaînée puis s’en était allée pour faire place à quelques sentiments plus ambigus. Des sentiments qu’un humour grinçant ou un verbe acide semblait au mieux exprimer. Elle était dans la phase de l’amertume…peut-être viendrait bientôt celle du pardon, puis de l’oubli.

Les songes de Zoyah semblaient l’inviter à suivre cette route. Ils l’éloignaient de ce moment où Ashlaan avait évoqué le « truc », brisant pour longtemps la promesse d’un avenir radieux et ensoleillé. Il y avait toujours eu une part de mystère et d’ombre chez lui que la tisserande n’avait qu’effleuré jusqu’à présent. L’homme s’était toujours dérobé et semblait éluder tout questionnement sur cet aspect de sa personne avec l’agilité d’une anguille. Zoyah avait parfois l’impression que c’est cette partie sombre et occulte d’Ashlaan qui venait de la bousculer sentimentalement Elle trouvait que depuis qu’il avait rejoint cette compagnie, il avait changé. Possédait-il une part de violence en lui qu’il exprimait, non pas en usant de brutalité physique, mais par des manières impalpables et insondables…celles des sentiments et de la pensée. Une souffrance qu’il infligeait au moment où on s’y attendait le moins ? La brunette savait qu’elle n’aurait jamais de réponses à ses interrogations…pourtant…pourtant…elle avait envie de savoir…de comprendre tout ce qui semblait empreint d’étrangeté chez son homme.

Cependant, ses rêves et ses souvenirs semblaient s’être donné le mot et ravivaient en elle les merveilleux instants passés avec son Magyar. Comme pour lui dire… « Ce n’est pas si grave…il est encore là…regarde »…Les yeux d’azur se fermèrent…l’être se fit nuit…et l’esprit s’anime de kyrielle d’images…

Elle revit un des instants où elle fleuretait avec Ashlaan, peu de temps avant leurs premiers émois.

Celui où elle l’avait presque supplié de lui enseigner quelques rudiments de Magyar. Elle tenait à le saluer dans sa langue natale.


Bien, quand vous me voyez le matin, vous devez me dire « te csodás* »…quand c’est l’après-midi…c’est « Szeretlek** » et le soir lorsque vous prenez congé et que vous voulez me souhaiter une bonne nuit, vous devez me dire «Remélem tölteni az éjszakát veled** »

Zoyah avait mis du temps à comprendre pourquoi le Magyar s’esclaffait par moment. Elle avait mis cela sur le compte de son accent déplorable et ne lui en tenait pas rigueur jusqu’au jour où elle comprit la farce.

Des bruits de pas dans les escaliers…la voix de Mathilde qui résonne…des chuchotements...la jeune femme revient à elle, à peine revigorée par la courte sieste. Une porte s’entrouvre et c’est la tête de la blondinette qui apparaît.


Ben alors Zozo ! C’est quoi ce chantier ? C’est les affaires d’Ashoupashou que tu as massacré comme ça ?!Aurais-tu oublié la soirée Veau-doux qui était destinée justement à te défouler ?




*Vous êtes merveilleux
**Je vous aime
***J’aimerai passer la nuit avec vous

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Zoyah
De veau-doux à veau-de-ville…tout part en vrille…

Les proches amies de Zoyah, Neheryn la rouquine et Ealaena la blonde, s’étaient engouffrées dans la chambre jadis ordonnée qui était, ce jour, entièrement retournée. Les deux jeunes femmes évitaient tant bien que mal de poser le pied sur quelques tessons de verres ou objets divers qui avaient été fracassés au sol. Eal qui était en fin de grossesse, porta aussitôt la main à son nez et se hâta d’entrouvrir légèrement la fenêtre. L’odeur d’alcool était suffocante et manqua de lui donner un haut-le cœur. La rouquine quant à elle, semblait plus apte à en supporter les émanations…l’habitude sûrement… et se contenta d’un froncement de nez.

La brune les regardait d’un œil torve…soirée veau-doux ?...soirée veau-doux ?...la mémoire lui alors fait cruellement défaut et le cerveau mouline. Le tokaj en huile très mal les engrenages et les ralentit plus que ne les encourage. Pendant ce temps-là, la blonde va s’installer confortablement sur le lit, seule place encore à peu près intacte. Neheryn inspecte le contenu d’une bouteille encore pleine au tiers qui avait roulé jusqu’au pied de la cheminée. Elle la porte à hauteur de son nez en évitant les bords coupants et la hume…


…hummm...et bien Zo, avec quelle boisson tu t’es retournée la tête ? Ne serait-ce pas là le fameux Tokaj qu’Ashlaan dissimule dans la cave ? Celui dont je ne suis jamais parvenue à lui faire ouvrir une bouteille et qu’il veillait jalousement comme un dragon protégerait son trésor ?

La brune opine lentement du chef. La rouquine grimace, une mine déçue se dessine sur son beau visage.

… on dirait que je n’y goûterai jamais…observant sa vilaine amie…oh mais tu t’es coupée ?

Zoyah porta machinalement la main à sa lèvre boursouflée... On dirait oui…

La rouquine s’approche et constate qu’il ne s’agit que d’une simple coupure.


Tu t’es mise dans un de ces états…

…triste constat devant la scène navrante auquel la brunette répond par un simple soupire abattu.

…j’avoue que j’aimerai voir la tête d’Ash quand il va rentrer…il n’est pas prêt d’oublier cette journée.

La blonde appuyée contre un des gros oreillers de la couche, fronce légèrement les sourcils et marmonne …

…Moui, 'fin s’il rentre…

Nenette s’approche d’elle, démarche en crabe qui se voudrait discrète, en gratifiant au passage la brunette décomposée d’un sourire mielleux, l’air de dire « tout va bien Zo, tu n’as rien entendu et le gros bidon blond n’a rien dit ». Enfin Nehe se penche lentement à l’oreille d’Ealaena…

…tu ne veux pas pestouiller moins fort…elle est ivre pas sourde…voyons…

Haussement d’épaule de la blonde qui répond entre ses dents tout en souriant à son tour mièvrement à Zoyah…

…Bah quoi ? Autant qu'elle s'attende au pire, non ?

Echanges de regards inquiets entre les deux vilaines. La rouquine revient rapidement aux côtés de la tisserande. De quelques coup de pieds, elle pousse tout le fatras afin d’éclaircir un peu les lieux et surtout de pouvoir s’asseoir face à son amie.

Alors racontes-nous tout ça Zo…parce que je t’avoue que je n’ai pas tout compris…

Et moi donc…*hips*…se contente de répondre la Castelroussine.

Encouragée par ses copines, la brune se décide à narrer en détail ce qui s’était passé, les révélations que lui avaient fait Ash, son revirement de quelques instants pour retourner rapidement vers elle, ses doutes, etc. L’histoire est entrecoupée de quelques hips. Les deux vilaines étaient perplexes et un peu affligées. On pouvait entendre fuser de leurs bouches « mais c’est n’importe quoi ! », « M’enfin il n’est pas bien cet homme-là ! Il avait bu ? » « Pfff, les hommes quelles sources de déceptions ! » « Et bien, moi ça m’étonne pas Zozo, j’avais vu claire dans son jeu à l’autre ! Depuis le début où elle l’avait presque suppliée à l’horloge de venir sous sa tente » « Je t’avais dit de te méfier, quelle sournoise ! », « Ash est décevant, je n’aurai jamais cru ça de lui », etc. Les différents protagonistes en prirent largement pour leur grade, même s’il est vrai que les trois demoiselles ne connaissaient pas vraiment tout le fond de l’histoire. Seul Ashlaan pouvait éclaircir le brouillard dans lequel Zoyah était plongé.

La rousse et la blonde étaient venues d’une part pour consoler leur amie déçue et d’autre part pour l’aider à accoucher de toute la colère, amertume, soif de vengeance qu’elle pouvait ressentir. C’était le but de cette petite réunion…un moment pour se défouler, pour déverser toute sa rancœur, toute son ire sur des petites poupées de paille. Une fois apaisée, avaient-elles songé, Zoyah verrait les choses d’un autre œil et serait plus amène avec Ash. Une façon pour elles de faire que le couple n’explose pas suite à cette petite entorse. La brunette avait connu quelques déceptions par le passé et ne se livrant pas facilement à un homme, elles craignaient que celle-là soit celle de trop. Elles constatèrent que Zoyah ne les avait pas attendues pour se vider de sa colère. Eal tapa alors dans ses mains…


Allez ! Commençons la soirée Veau-doux avant que le veau-rien ne rentre !...

La Pestouille parvient à faire poindre l’ébauche d’un sourire un peu fade sur le visage de Zoyah. Assise sur ses genoux au milieu du lit, la blonde Eal farfouille dans sa sacoche, un sourire espiègle rivé aux lèvres, et en extrait quelques fioles en tous genres.

La brunette écarquille les yeux. Son regard s’éveille tout d’un coup et sa curiosité insatiable est piquée.
Mais qu’est-ce que *hips* c’est que ça ?

Sourire mystérieux de la blonde
ça ?...ce sont des en-chante-ments…petit rire narquois à la mode pestouille.

Gnéé ?...un sourcil en accent circonflexe, la bouche légèrement de biais, Zoyah panique un peu…mais pourquoi faire ?


Comment ça pourquoi faire ?!...s’offusque presque la blondinette…pour jeter des sorts pardi ! Qu’est-ce que tu veux faire d’autre ?

Avisant la lueur d’incompréhension dans les yeux de ses deux comparses, Eal agita un à un les petits flacons en expliquant quels étaient leurs effets néfastes…

Alors, celui-là…c’est pour le rendre impuissant …celui-là…si jamais il touche une autre femme que la sienne, et bien, ses bourses se dessècheront et finiront par tomber…et avec celui-là, dès qu’il courtisera une autre que toi, il se mettra à zozoter effroyablement…

Au fur et à mesure que la blondinette évoquait les épreuves terribles que subirait Joli Minois s’il venait encore à presque faillir, la brune et la rouquine grimaçaient de dégoût.

Je ne veux pas *hips* qu’on lui fasse ça ! protesta Zoyah alors que la blonde s’était levée du lit afin de s’emparer de la poupée de paille. La rousse approuve…la blonde rouspète…c'est qu'elle en avait des vachement bien des sorts. Surtout celui où il se transforme en gaine pour grand-mères.


…c’est un peu exagéré quand même…non ?

Zoyah souscrit aux dires de la rouquine…oui, elle lui en voulait énormément, mais pas à ce point là…Eal bougonne puis obtempère…

Sérieusement, tu avais mis quoi dans ces fioles ?...

De la tisane…je ne sais pas faire d’élixirs…des potions médicinales oui, mais des filtres d’enchantements, ce n’est pas mon domaine…la blondinette s’empourpre.

Zoyah qui n’avait pas bougé de Carpette George, soudain éclate de rire…
tu n’as rien trouvé de mieux pour recycler la Eal-tisane…faire des enchantements ?!


Hannnnnnnnn….vive contestation de la blondinette…

Les rires résonnèrent alors dans la chambre. Plus tard, après quelques vives discussions, les jeunes femmes se laissèrent aller à quelques représentations théâtrales grotesques. Zoyah avait enfilé le luxueux manteau du Magyar, ainsi que sa toque en fourrure. Elle s’amusa alors à le parodier de manière ridicule en train de séduire une femme… « Mâdâaaaameeeuuhh, la manière dont vous tranchez ce jambon me rend tout chooooosseeeee »…..Eal et Neheryn jouaient alors les femmes conquises ou tentant à leur tour de le charmer par moult manigances…
« ôôô…vient dans ma forteresse que je te flagelle à coup de cimeterreeeeeee »


Puis ce fut le tour du fameux soir où le Magyar avait annoncé « le truc »… « ôô ma chérie, je te trouve merveilleuse mais je vais te quitter. Pourtant je veux continuer à te voir tous les jours et parler comme on le fait !! » Le ridicule était au rendez-vous…la raillerie aussi….la moquerie également…mais surtout les rires.
Eal dû prendre congé afin d’aller s’occuper de son fils et abandonna les deux vilaines à leurs caricatures burlesques.

Zoyah était montée debout sur une chaise, une jambe repliée et le pied prenant appui sur le dossier révélant une jambe fine et une cuisse fuselée. Le mantel richement orné était bien trop grand pour elle et la toque lui tombait au ras des yeux. Elle brandissait le poignard d’Ashlann telle une épée sortie de son fourreau. Cette fois, c’était le mercenaire qui était malmené…la jeune femme était en train de débiter une tirade inventée sur l’instant lorsque Neheryn commença à paniquer.


Zo ! Zo ! …je crois qu’il arrive ?!.....Zoooo !...faisant de grands gestes alarmés.

Mais la brune encore un peu ivre prit cela pour un jeu et n’y prêta guère attention. A peine eut-elle le temps de voir Nenette filer sous le lit pour son plus grand étonnement que la porte s’ouvrit brusquement sur Ashlaan.



Zoyah ?!



HRP : Post vu avec ljd@Eal et ljd @Nenette
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Zoyah
D'explication à fornication...il n'y a qu'un pas qui mène à la réconciliation

Elle avait à la fois espéré et redouté ce moment…cet instant où il viendrait faire la lumière sur toute cette affaire. Des questions elle en avait par milliers…
Mais pourquoi ?
Et pourquoi ?


Pourquoi… ?!
Qu’est-ce qui ne te plaît pas chez moi… ?

Le vouvoiement s’efface devant le tutoiement…moins poli…plus incisif…plus intime.

C’était juste une stupide farce que tu me faisais depuis le début où tu me courtisais ?
J’étais donc qu’un passe-temps agréable pour toi ?...
la voix est émue…une larme perle irrémédiablement le long de sa joue rose…

Comme elle peut se haïr en cet instant de laisser apparente une fragilité poignante.
Le regard si bleu se noie un peu plus encore…
Comme elle peut le maudire de la faire souffrir.
Pourtant dans un regain de vigueur, le poignard est brandit…menaçant, nerveux, hargneux...amoureux encore, hélas.
D’un geste vif et étrangement plein d’assurance, elle place la lame sur la glotte du Magyar…puis la fait glisser lentement jusqu’au milieu du thorax. L’homme est muet. Surpris certainement de l’accueil qui lui est fait.


Parle ! une voix…non, un cri, un ordre, une exigence…la rage du cœur s’exprime. Une pression sur l’arme qui meurtrit très légèrement la chair. Une goutte de sang souille la chemise noire d’Ashlaan.

Le Magyar parlera…confus…flou…ambigu…il lui servira la même soupe assaisonnée au mensonge comme il le fait depuis le début.

Il l’aime…oui…un mensonge ça aussi ?...mais trop…il n’y a pas un jour où il ne tremble pas pour elle. Pourquoi ?...ah…le Pinocchio de l’Est se creuse les méninges. C’est incroyable comme les lobes cervicaux semblent fonctionner avec plus de vélocité lorsqu’une donzelle ivre de colère menace de darder votre cœur avec un poignard. Il lui narre alors une histoire fantasque d’article rédigé par ses soins à Paris qui aurait incriminé une personne d’influence.


Il est traqué…recherché…Tous ceux qu’il aime périssent ou disparaissent…
Il a peur…peur de la perdre…peur de la faire souffrir…peur qu’il lui arrive du mal…ou pire.


Balivernes !...hurle-t-elle, incrédule…de sa main libre, elle lui assène soudain une gifle magistrale qui retentit dans toute la pièce. Elle lui aurait bien dit qu’il l'avait déjà un peu perdu d’une certaine manière…que la souffrance, il venait de lui infliger injustement.

Le Magyar ferme les yeux…frotte sa joue enflammée par le coup…sa mâchoire se crispe, il n’aime pas se faire malmener…mais force est d’avouer qu’il ne l’a pas volé. Et puis, il aurait pu finir transformer en gaine pour mamies alors il s’en tire pas trop mal...hein.
Le brun s’étonne en même temps de la force déployée par sa brune…si on peut encore dire sa brune.


Il insiste…recommence son histoire, y ajoute des détails sordides afin de la rendre plus crédible…Elle relâche l’effort…le poignard s’éloigne d’un demi-doigt...puis Zoyah s’embrase de nouveau.

Mensonges !...vocifère-t-elle…non, ça ne pouvait être ça….pas cette histoire abracadabrantesque…

La colère lui brûle les intestins et encore une fois pleine de rage, elle s’acharne sur la joue carmin de son compagnon. Une deuxième claque est décochée aussi rapidement que le dard d’une arbalète. Sous le choc, Ashlaan recule d’un pas. La douleur est moindre, forcément…mais l’ardeur que Zoyah met à lui coller de bonnes torgnoles le laisse pantois…sans réaction…du moins pour le moment.

Il ose alors faire une plaisanterie et, entre deux rires jaunes, lui fait observer qu’elle aurait pu très bien corriger Mestois elle-même vu la férocité avec laquelle elle le talochait.

La ferme !....

Le visage de la Castelroussine se durcit encore plus…un genou vengeur ne demande qu’à rencontrer une des parties les plus sensibles du messire. Un peu excédé et surtout pas enclin à laisser réduire en miette ses bijoux de famille alors qu’il n’avait même pas fauté, le Magyar le bloque sèchement.

La belle étonnée par les reflexes d’Ashlaan se fige et baisse sa garde.
Il la désarme sans mal et tente de la ramener à lui…des excuses fusent…des pardons pleuvent à ne plus pouvoir les compter… Elle tente de se dérober …lutte…la brunette cogne de ses petits poings contre le torse blessé, l’endolorissant encore plus …il l’enlace malgré tout...l’enserre ...la maintient tout en se laissant frapper, ravalant sa fierté. Il attend patiemment que la crise se passe et tente de la cajoler timidement…doucement…


Et finalement, au bout d’un moment…la fureur se tait…et la brune s’effondre comme une poupée de chiffon entre les bras de son aimé. Le silence de la pièce devient presque apaisant…

Il lui chuchote des choses à l’oreille…peut-être ce qu’elle a besoin d’entendre…
Elle tend un visage bouffi et fatigué vers lui…


Moielle déglutit difficilement….je n’aurai pas supporté de te voir au bras d’une autre…et toi….tu…tules mots lui manquent pour exprimer son désarroi.


Tu…? encourage-t-il tendrement en lui caressant la joue.
Une moue boudeuse pour toute réponse à laquelle le Magyar répond d’un soupir presqu’amusé. Une lueur d’excitation illumine ses yeux pers. La violence que sa belle avait exprimé l’avait étonné soit, mais avait également fait naître un certain trouble.


On en reparlera un autre jour si tu veuxne lui laissant pas le temps de répliquer, il colle fougueusement ses lèvres aux siennes, la pressant fortement contre son corps. Lovée contre lui…goûtant sa bouche…elle s’abandonne. Toutes ces sensations réveillent en elle les premiers émois, les premiers désirs. Une pulsion charnelle prend vie et lui consume le bas-ventre. Elle a envie de lui…un soupir…presqu’un gémissement s’échappe de sa bouche bien dessinée. Elle a envie qu’il la prenne avec force et sans ménagement...qu’il lui fasse mal lorsqu’il se fonderait en elle afin que la douleur physique chasse la sentimentale. L’invitation est de suite comprise et Ashlaan ne demande pas mieux que de s’exécuter. Sans même le savoir…le Magyar allait remplir la dernière exigence de la brunette, soit un bébé avant Nowel 1458. Et sans le savoir, Zoyah profitait des derniers instants de bonheur avec son Ash…

Et c’est ainsi que se termine cette histoire et c’est bien assez car le foutage de gueule à ses limites tout de même. Comprendra qui pourra…

Mais pourtant…
Pendant toute cette scène…
Une demoiselle à la chevelure incandescente était dissimulée sous la couche…à deux doigts de se manger le matelas à chaque secousse

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