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Quand l'Orgueilleux Chlodwig Von Frayner tombe nez à nez avec la Vaniteuse Aleanore Jagellon Alterac... La vanité, décidément mon péché préféré.

[RP] J'aime pas les coches

Chlodwig_von_frayner
Les étoiles brillent fort dans la nuit, je sais ça veut rien dire mais j’avais pas d’intro. Bref, le soleil grisaillant de début d’hiver lançait parfois quelque rayons sur le froid paysage bourguignon. Pléonasme diraient certains (pour le coup du froid et du paysage bourguignon, hein), mais pour un Chlo qui venait de Lorraine, l’impression était plutôt de débarquer dans un pays tropical… enfin peut être pas mais peu s’en faut. En tout cas il n’était pas dépaysé. Tout autour de lui s’étendait des forets tristes et mornes traversées par quelque chemins boueux. Il y avait quelque belles routes, témoignages d’une antique opulence (peut être pas si antique que ça d’ailleurs), mais dans l’ensemble, le pays semblait à l’abandon. Étrange… enfin… pas tant que ça, mais il restait tout de même assez étonné par un tel état. Le reste du duché ne devait guère être différent. Au moins n’avait il pas fait de mauvaises rencontres.

Les quatre cavaliers chevauchaient à bride abattue vers Dijon, capitale de la Bourgogne, où devait résider son Éminence Grâce, la sublimissime Ingeburge (si si elle est tout ça et même plus). Parmi toutes les raisons qui avaient permis ce voyage, c’était la principale. Il avait mission )à remplir, et il le ferait, comme à son habitude. Les fastes parisiens ne seraient pas pour lui cette fois ci… pour changer. Et comme d’habitude, els récompenses ne seraient pas pour lui. Elles étaient pour les politiciens, les courtisans, et ceux qui faisaient des ronds de jambe. Pour un baron arrogant et soupe au lait, rien du tout… Remarquez, il ne demandait rien à part qu’on le laissa en paix. Pourquoi les gens s’acharnaient ils à vouloir à tout prix collectionner les ennuis ? Leur logique lui échappait. Au moins récoltaient ils ce qu’ils méritaient. En Bourgogne, les choses seraient sûrement plus calmes, moins de risques à prendre, moins de gens à fâcher… quelque conseillers qu’il faudrait éviter de frustrer peut être… il se tairait si il le fallait.? Il était là pour faire honneur à la princizzin, point pour lui porter atteinte. Après trois mandats à la tête de son duché, elle devait avoir calmé les factions… donc des choses tranchées. Au moins se serait facile. Et puis… peut être voudrait elle qu’il n’en dit rien… bah… elle lui dirait tout ça en temps et en heure.

Plus loin sur la route, un coche allait, cahin cahant, portant visiblement quelque armoiries qu’il ne reconnu pas au premier abord. Il fallait dire aussi que pressé comme il était, quasi n’importe qui se serait trouvé sur sa route qu’il n’en aurait rien eu à faire. Il n’avait, encore une fois,qu’une idée en tête : arriver le plus rapidement possible à Dijon. Après on verrait. Il aurait sûrement le temps de flâner… en attendant son fils ou entre deux missions pour la princesse. Donc revenons à nos moutons, et même plutôt à nos coches. celui-ci était plutôt moche… question de goût vous me direz, oui mais j’aime bien critiquer ! Donc celui là était moche et ressemblait à… un coche… Nan mais je vous vois venir, quel est l’intérêt d’écrire ces quelque lignes ! Aucun. Bref… Ce fameux coche tout moche et ressemblant à un coche bloquait la route en cet endroit, se trouvant en plein milieu. Erreur fatale… Car pour ces cavaliers qui se gaussaient de ce moyen de transport, qu’il qualifiaient de transport de femme (au moins celles-ci ne puaient pas la sueur et le voyage en arrivant dans les salons huppés, mais c’était une autre histoire), un bon coche devait se trouver… dans le fossé… et la donzelle qui se trouvait dedans… je vous laisse deviner.

Enfin, inutile de s’attarder sur les états d’âme d’une bande de brute aimant jouer à la bagarre et concentrons plutôt sur le… coche, oui voilà. Comme celui-ci encombrait la chaussée et que les quatre cavaliers souhaitaient circuler à deux de front, ils ne cherchèrent pas plus que ça à ralentir et passèrent de chaque côté … de façon un peu brutale pour se venger de cette offense fait à leur vue et à leur sensibilité (comment ça ils n’en ont pas ?), en profitant pour affoler un peu les chevaux et bousculer ledit coche en passant. De la pure mesquinerie… et gaminerie en plus. Bref des hommes. Ils avaient néanmoins ralentit, pour pouvoir accomplir leur forfait en toute impunité (et surtout en évitant de se ramasser par terre au passage).

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Aleanore
Attendue et enfin reçue la missive d’un des valets envoyés à travers le Royaume pour trouver la perle rare. Non pour une fois, il n’est nulle question de fanfreluches, ou autres froufroutantes pièces de tissus, ou même quelques délicieuses mules vénitiennes. Cette fois-ci, la perle rare se trouve être le cadeau parfait pour Cassian, car si elle faisait confiance à Eusaias pour le protéger, la jeune fille doutait de sa capacité à occuper l’enfant qui était souvent bien seul, aussi quand son blondinet préféré avait déclaré vouloir un chien, la jeune fille n’avait eu de cesse que de lui trouver le chien qui lui fallait. Elle en avait profité pour faire chercher un chien pour elle-même, les derniers jours passés à attendre sa Flamme, Eusaias et Cassian partis dans les villages voisins, lui avaient prouvée à quel point, on pouvait se sentir seule même avec une tonne de servantes à martyriser ou des livres à profusion.

Aussi quand la missive avait été reçu, la jeune fille avait fait préparer son coche frappé aux armes des Alterac, et était partie sur les chemins pour aller au devant du valet. Comprenez que pour la jeune fille, le chien n’est somme toute qu’un accessoire de mode comme un autre, comme les cachets de cire aux couleurs chatoyantes que l’on trouve à Paris. Ne dit-on pas que la maréchale d’armes elle-même a son propre chien ? Après avoir récupéré les dits accessoires de modes auprès du valet, l’équipage fait demi-tour, bercé par les éternuements de Clarisse qui guette avec répugnance l’intérieur des paniers, comparant les deux chiots tout deux issus de deux races différentes, elle n’allait pas prendre un gros chien, l’Etincelle. Depuis qu’elle a entendu parler d’une race de petit lévrier en Italie, elle n’a eu de cesse d’en avoir un pour elle.

L’Etincelle est donc de bonne humeur, et les fruits confits vont bon train, et c’est alors qu’elle chantonne une chanson qu’elle a entendu d’un valet qu’elle a fait fouetter récemment pour avoir regardé par l’œilleton de la serrure de la chambre de Clarisse.


Sous mes yeux verts de galant, délace-moi ce balconnet de soie, que l’on morde enfin ton fruit défendu … »


Et là, c’est le drame, le coche s’ébranle et des rires se font entendre, et alors que la jeune fille voit son monde s’effondrer devant ses yeux et Clarisse qui se jette sur les paniers pour éviter que les chiots ne valsent par-dessus bord, le cocher calme les chevaux d’une main de maître, de celle qu’on acquiert quand on a pour maitresse, une jeune fille capricieuse qui ne supporte les cahots. Arête du nez pincé entre le majeur et le pouce, tandis qu’elle expire avec puissance, se calmer, surtout se calmer, ne pas gâcher une si belle journée pour de vulgaires maraudeurs, puisqu’il ne s’agit que de ça pour l’Etincelle. Une fois le coche stabilisé et toujours sur le chemin, la jeune fille sort la tête par la fenêtre au risque de ruiner l’étendue du travail en matière de coiffure de Clarisse. S’adressant au cocher, tandis qu’elle essaye de rajuster le manteau de fourrure sur ses épaules.


-« Arrêtez le coche. IMMEDIATEMENT ! »


Et le doigt qui s’agite en même temps que le véhicule secoué par les ordres donnés, tandis qu’elle fusille les deux cavaliers qui sont à portée d’elle.


-« Et Vous ! Arrêtez vous aussi ! TOUT DE SUITE ! »


Noisettes furieuses qui rentrent à l’intérieur du coche qui s’est arrêté. La porte s’ouvre sur une jeune fille vêtue de marron chaud, à l’étoffe brodée de fils d’or, fourrure rabattue sur le devant. Derrière elle, une servante blonde qui rajuste les boucles brunes du chignon. Main qui s’élève pour taper sur celle de la servante.

-« C’est tout. »


Et d’attendre à l’orée du marchepied que le faquin qui a failli les faire verser dans le fossé ait au moins la galanterie de la faire descendre de l’écrin du coche pour recevoir correction.
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.tristan.
C’est heure de grande affluence, sur cette route, puisqu’en sus d’un coche et de cavaliers s’y trouve aussi un piéton, en la personne du jeune Tristan. Ce dernier, jeune homme d’une quinzaine d’années, à la mine avenante – à l’exception de ceux qui se montreraient un peu trop exigeants quand à l’hygiène corporelle, mais enfin, avec les pluies d’automne, on est bien assez lavé comme ça, non ? – et à la silhouette élancée. Ce qu’il fait là, sur cette route, il ne le sait pas bien lui-même… Peut-être suit-il, avec plusieurs semaines de retard, les oiseaux qui descendent au sud pour les mois d’hiver, ou peut-être simplement emprunte-t-il la route que ses pieds choisissent pour lui… Le voyage est pour lui le quotidien, l’ordinaire, tant il en a connu déjà depuis ses plus jeunes années. La différence, cette fois, est qu’il se retrouve seul, ce qui n’est pas foncièrement pour déplaire à cette créature égoïste, imbue d’elle-même et persuadée de tout savoir sur le vaste monde, et qu’on appelle généralement « adolescent ».

Peu importe, en vérité ; ce qui nous intéresse – ou pas – dans le cadre de cette intrigue est simplement le fait qu’il se trouve ici, sur cette route, à quelques dizaines de pas à peine de l’endroit où la troupe de cavaliers qui l’a doublé quelques instants à peine auparavant s’amuse avec le coche qui l’a lui aussi doublé à peine plus tôt (les deux ayant ajouté à leur passage une petite contribution à la couche de boue qui s’est formée sur ses vêtements à mesure du trajet, mais le jeune homme n’en est plus à cela près). L’attitude des cavaliers le surprend, à défaut d’un meilleur mot ; il ne sait en effet pas s’il doit en rire ou s’en offusquer, le blason fort chargé qui ornait les portières de la voiture étant sévèrement concurrencé par une impulsion tellement plus commune, à savoir le comique de la situation, tout particulièrement les glapissements qui émanent du coche alors que celui-ci s’arrête, permettant au voyageur solitaire de s’en rapprocher alors que l’affaire est encore seulement sur le point de sérieusement débuter.

Affaire bien étrange, d’ailleurs, qui met ainsi aux prises une jeune fille recouverte de fourrures, si élégante aux yeux du jeune Tristan qui n’a jamais vu mieux jusque là que des filles de tavernes recouvertes de suie ; et un groupe de cavaliers pas bien vieux non plus, du moins lui semble-t-il selon ce qu’il a pu en entrevoir alors qu’ils le dépassaient à fond de train. « Et s’ils se connaissaient, les uns et les autres, et que tu intervenais dans une affaire privée, voire une blague ?», ne peut-il s’empêcher de penser alors qu’il arrive à hauteur des autres protagonistes, craignant le ridicule. Mais la jeune femme a l’air si outragé, et elle est si belle… Non, ce doit vraiment être une affaire de goujats maltraitant une femme bien née, et il faut respecter les personnes bien nées, du moins est-ce que qu’on lui a enseigné il y a bien des années, quand on lui parlait de sa propre noblesse… Oubliée depuis longtemps, celle-là.

Toujours est-il que dans le cas présent, la belle chevelure brune de celle qui se dresse au bord du véhicule arrêté parvient à réveiller en lui quelques restes de ces enseignements, et le voilà donc qui s’avance courageu… Euh, stupidement, serrant son bâton de marche dans les poings, et braillant à l’adresse des cavaliers:


Holà ! J’ai tout vu, vous avez tenté de renverser le carrosse de la noble dame !

La belle apostrophe que voilà, en vérité… C’était délibéré, donc ils sont parfaitement au courant qu’ils l’ont fait, et elle aussi, puisqu’elle en était passagère… « Quel brillant chevalier secoureur tu fais, Tristan », se morigène-t-il, se rendant du même coup compte pour la première fois depuis des semaines de la saleté qui le recouvre, et qui l’empourpre des oreilles au menton (c’est alors que la boue sur la figure devient utile, quand bien même elle ne masque pas tout).

« Tu viens de te fourrer dans des ennuis qui ne te regardent absolument pas, Tristan, mon vieux… Comment tout cela va-t-il tourner, maintenant?»

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Tristan vous a envoyé un courrier RP? Alors vous pouvez l'utiliser.
Chlodwig_von_frayner
Alors croyez le ou non, mais sur cette fameuse route où il n’y passe à tout casser que trois brigands et deux pécores par mois, si peu fréquentée qu’on avait omis de l’entretenir de façon régulière (nan mais regardez moi ces ornières et cette chaussée défoncée… tsss… pas étonnant que le biauuuu manteau du Chlo soit sale), eh bien cette route (ou plutôt ce chemin) se retrouvait congestionné. Quel était le pourcentage de chance pour que se retrouvent au même moment un groupe de cavaliers décérébrés, un coche avec une gamine pourrie gâtée hurlant à tout vent et un… jeune garçon plein de terre , sortant, à s’y méprendre, des tribunaux champenois ? Le narrateur étant horriblement mauvais en mathématiques, il ne vous donnera pas le résultat mais il était sûrement très faible. Quelle journée mes amis.

Inutile de vous dire qu’aux premiers cris particulièrement stridents qui s’étaient échappés du coche, le meneur avait fait stopper sa monture pour revenir en arrière. Sans se presser bien sur, au pas, les yeux rivés sur l’espèce de… sale gamine excitée, pourrie gâtée, prétentieuse et complètement tarée auquel il faut ajouter bien sur un physique et des fringues de rêve, véritable appel au viol envoyé à tout organisme mâle normalement constitué. Du moins c’est ainsi qu’elle apparu à la vue du Chlo. Et le délabrement du paysage hivernal, triste, morne et froid, constitué d’arbres dénudés, de terres en friche et de chemin de boue défoncés n’y était pas étranger. Cette donzelle était sans doute ce le seul îlot de civilisation visible à des lieues à la ronde (mouarf quelle civilisation…) et rien qu’à la regarder, deux sentiments lui venaient… la plaquer dans un coin pour faire des tas d’trucs sympathiques (la notion de sympathie ne doit pas forcément être partagé par la femme dans ces moments plein de poésie où tout la délicatesse et le lyrisme masculin s’expriment), et partir dans un grand éclat de rire tant sa posture et le pincement de ses lèvres étaient risibles.

Arrivé au niveau du coche, il fit signe à ceux qui le suivaient de rester en arrière, et s’avança seul, contrôlant sans peine la fougue désormais maîtrisée de « Bat » sa monture offerte un matin par le duc de Romorantin (un dénommé Baptistin). Il tourna sa figure désormais franchement hilare vers la gamine qui semblait attendre un geste de sa part, l’air hautain et pincé… Il jeta un œil vers les armoiries du coche… inconnues au bataillon. Ça ne devait pas être une famille connue, sûrement des petits seigneurs mettant le maximum d’argent pour tenter de se rehausser socialement, ou alors un de ces nouveaux nobles si peu classieux qui se croyaient plus malins que tout le monde à cause de leurs titres acquis par le mérite. Le mérite ! N’avait on jamais sorti de choses plus stupides ? La noblesse se transmettait par le sang ! Lui était né pour diriger, régner, gouverner, c’était l’ordre des choses voulu par Dieu (trop fort il connaît même les volontés du Tout-puissant le Chlo, il est génial je vous dis) ! Il s’apprêtait à lancer une de ses phrases complètement débiles et presque vexantes dont il avait le secret lorsqu’une voix masculine retentit à côté d’eux. Surpris, il tourna la tête en direction de l’hom… euuuh… plutôt du gosse, qui se trouvait à leurs côtés. Il le détailla du regard… et plus ses yeux l’observaient plus sa figure se transformait en une sorte d’étonnement condescendant. Comment un pécore malpropre pouvait il s’adresser à lui ainsi ? Lui parler directement alors qu’il ne le connaissait pas ? Pour l’accuser en plus ? Ah ces gueux ça se croyait tout permis. Il fit mine de chasser une poussière de son manteau (geste dérisoire si on considère qu’un trajet sur ces routes soulève boue et poussière… je vous laisse imaginer l’état dudit manteau… sans compter que le Chlo devait bien puer la transpiration, la vinasse et… plein d’autres choses eu égard à son statut de voyageur) et rajusta sa fibule en or orné des armes des Von Frayner. Il tourna légèrement la tête et d’un ton dédaigneux lâcha :


Si un jour j’ai envie d’entendre le son de ta voix, je te donnerai la permission de parler, ce qui, note bien au passage, n’est sûrement pas prêt d’arriver.

Et sans lui laisser l’occasion d’en placer une pour le coup, il se tourna en direction de pupu… hum de la jolie et gentille jeune fille (si si en forçant beaucoup on y arrivera peut être) qui se trouvait à présent jusqu’à côté. Il la regarda un instant, attendant qu’elle parle… puis croisa les bras sur sa poitrine, l’air blasé. Qu’attendait elle donc ? Qu’il lui fasse des excuses ? Plutôt crever. Il ne s’excusait jamais, et sûrement pas quand il «était en tord… ah si en confession, et même parfois il était sincère… Mais fréquenter le souverain de Bolchen ne l’avait pas aidé à acquérir un minimum de savoir vivre et même pour ainsi dire avait détruit tout le travail que ses précepteurs avaient tant bien que mal tenté d’effectuer.

Eh bien quoi ?
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Aleanore
Main prête à être dégainée pour se poser sur un bras qui dans un élan de repentance, ce serait éventuellement tendu, et qui finalement retombe sur le tissu chatoyant de la cotte. Les ongles entretenus avec soin, massacrent avec un soin tout aussi méticuleux, le tissu onéreux de la tenue, tandis que les noisettes se paillettent d’un or de mauvais augure. Alors même qu’elle s’apprêtait à répondre au jeune homme au sourire doux, et au visage plein de boue, voilà que l’autre mufle se permet de lui adresser la parole. Mais encore ? Pour dire ces quelques mots signifiant clairement qu’il n’a nullement l’intention de lui tendre le bras attendu.

Et à l’interjection lâchée par le butor accoutré d’une sorte qu’on ne pourrait se tromper sur son origine - il n’y a que les impériaux pour se vêtir de la sorte, cela va de soit - l’Etincelle enchaine avec un rire dédaigneux, avant de se décoller d’un coup de rein de l’ouverture du coche, pour en descendre le plus gracieusement possible.. seule et accoutrée comme elle l’est, laissant à Clarisse, le soin de veiller sur les chiots. Moue hautaine et clairement moqueuse en passant au niveau du cavalier à la tenue souillée du voyage, main qui vient épousseter à son tour, sa fourrure avant de sourire amusé, et d’un air entendu, évidemment qu’il n’y a rien à épousseter, puisqu’elle sait se tenir, et par là, il est clair que même si elle n’est que fille de noble, Aleanore Jagellon Alterac ne saurait se montrer en public, vêtue de vêtements salis. La classe à l’Alterac ? Parce qu’elle le vaut bien.

Noisettes qui jaugent de haut en bas le Von Frayner avant de se détourner ostensiblement et de reporter toute leur attention sur le jeune homme qui en intervenant dans la situation, vient de se mettre dans une galère innommable – la narratrice propose ici une minute de silence pour le pauvre Tristan – et de lui offrir son plus beau sourire.


-« Allons bon, mon brave, ne vous donnez point tant de mal en dénonçant des futilités. Tout le monde sait que les jeunes coqs ont besoin d’espace pour se montrer. Et quand celui-ci aura appris à contenir sa monture, je gage qu’il saura se tenir en société. Il suffirait de quelques coups de fouet pour bien le dresser. »

Museau qui se tourne vers le cavalier, sourire narquois.

-« L’animal. »

De nouveau, le profil pâle de la jeune fille se retourne vers son interlocuteur boueux, froncement de nez qu’elle réprime à grande peine. Ah ça, il veut la traiter de haut. Plutôt parler à un gueux que lui adresser la parole.


-« Où alliez vous donc de la sorte ? Voulez-vous que nous vous déposions ? Il y a de la place aux côtés de mon cocher. »


Evidemment, qu’elle ne va pas lui proposer de monter à l’intérieur avec elle, déjà qu’elle frissonne à l’idée de savoir les chiots et leurs poils en dehors des paniers, ce n’est pas pour y faire rentrer un gueux tout sale. Mais l’idée lui semble généreuse, il ne marchera pas, c’est déjà cela. Et persuadée qu’il ne peut qu’acquiescer à cette proposition des plus convenables, la jeune fille se retourne, prête à gagner l’écrin doré de son coche. Regard à la dérobée vers le Von Frayner, grand, bien bâti, beau. Mais la moue se fait méprisante au lieu d’exprimer ce qu’elle pense, être ou paraître, Aleanore ne se pose plus la question.

-« Vous êtes toujours là vous ? Si vous n’avez rien à faire, je gage qu’au village prochain, vous trouverez bien quelques putains à trousser pour vous occuper, cela vous évitera de caracoler dangereusement sur les routes comme un puceau en mal de reconnaissance. Vous devez pouvoir trouver un boucher aussi. Les animaux dangereux, on les abat.»

Nez qui se fronce clairement. Qu’il la prenne comme il veut – la remarque hein ?! – l’Etincelle a d’autres chats à fouetter. Même si, elle le fouetterait bien lui aussi pour se venger de l’affront qu’il vient de lui faire subir devant des tiers. Mais là, encore, elle se restreint. Sourire amusé, et salir un fouet sur un pourceau comme celui-ci ? Elle ne peut s’y résoudre, aussi préfère-t-elle, s’abstenir, même si l’idée la fait frissonner de plaisir. Noisettes qui vaguement survolent les protagonistes, elle ne les voit pas, elle l’imagine supplier d’arrêter. Enfin, mèche brune glissée derrière l’oreille avant de se retourner vers le voyageur, attendant une réponse qui ne peut qu’être positive, pour elle.
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.tristan.
La réponse arrogante – et c’est peu dire – du cavalier confronte brutalement Tristan à la réalité de son inexpérience vis-à-vis de la lie de la noble société. Qu’était-il supposé dire, ou faire, dans ce cas de figure ? Certainement pas rester bouche bée comme un simplet, en tout cas, aussi s’empressa-t-il de la refermer, et de trouver prestement une répartie cinglante qui ridiculiserait le paon, et le ferait paraître si brillant aux yeux de la damoiselle (on est naïf, à quinze ans). Pas un grand succès, d’ailleurs, que ce frénétique passage en revue des répliques qui lui venaient à l’esprit… Peu de chances que le « dans l’os, la vieille ! » qu’il aimait à lancer narquoisement à la vieille poissonnière qui servait de victime à ses larcins juvéniles il n’y avait somme toute pas si longtemps affecte grandement la morgue du cavalier.

C’est donc la damoiselle en détresse qui vient à la rescousse de celui qui se voulait valeureux sauveur, en quelques phrases au travers desquelles suinte un orgueil égal à celui qui chez le troisième protagoniste avait cloué le bec du jeune garçon, mais qui là passe inaperçu derrière l’éclatant sourire (bis : on est naïf, à quinze ans) qu’elle lui adresse. Car oui, elle lui sourit… Les histoires de sa nourrice sur les sauvetages de jeunes femmes semblent donc vraies ; en tout cas, ça en prend le chemin. Et cela semble réveiller les neurones de Tristan, comme quoi, une bonne motivation, il n’y a que cela de vrai… Et voilà que les mots filent de sa bouche, sans qu’il puisse les contrôler :


L’envie que vous avez d’entendre le son de ma voix, sieur, est totalement indépendante de la nécessité qu’a celle-ci de s’élever. Pour user de mots plus simples, afin de pénétrer plus aisément dans votre esprit épais, je n’en ai cure, de vos envies : puisqu’il convient visiblement de vous rappeler quelles sont les bonnes manières du gentilhomme pour lequel je présume que vous pourriez presque passer, si du moins vous rajoutiez assez de boue sur vous pour masquer l’odeur rance du mauvais vin qui vous couvre.

Sitôt que sa bouche se referme, Tristan réalise sa stupidité, une nouvelle fois en l’espace de quelques secondes. Un bref calcul des chances de voir le cavalier tolérer que l’on s’adresse ainsi à lui l’amène à un résultat approximatif de zéro - comme quoi, les leçons de calcul dispensées par son précepteur n’avaient pas été totalement inutiles, il savait très bien calculer dans certains cas particuliers – et l’amène à revoir rapidement le comportement qu’il convient d’adopter. D’autant que le cavalier n’est pas seul, mais accompagné de trois compagnons qui n’ont pas l’air plus sociables que leur meneur… La proposition de la demoiselle de l’embarquer dans le coche, bien qu’uniquement à la place d’un laquais, gagne soudain en attrait, et tant pis pour la dignité à préserver, hein. Il se tourne donc vers elle rapidement :

C’est fort aimable de la part de votre Seigneurie de me proposer ainsi de profiter de votre véhicule, dit-il en lançant le titre au hasard, ça ne peut logiquement que faire plaisir, non ? J’accepte donc avec gratitude votre proposition, et vous remercie d’avoir de surcroît la prévenance de me proposer un siège avec le bénéfice du plein air, particulièrement agréable en cette saison, alors que vous pourriez en bénéficier vous-même.

Bon, la saison commençait plutôt à être franchement glaciale, mais l’adolescent a sa fierté, et n’entend tout de même pas se retrouver ainsi considéré comme égal à un serviteur sans rien dire, même avec des paroles ne pouvant qu’être vaines; et c'est donc en rendant son sourire à la demoiselle, avec un air un brin niais, qu'il acquiesce à son invitation.

Oh, et je vais vers Sémur; je ne sais quelle est votre destination, mais si elle est différente, je quitterai simplement le véhicule au moment de la bifurcation de nos routes, votre Seigneurie.

Oui, parce que comme on est naïf à quinze ans (mais ça, l'habile lecteur aura fini par le comprendre), Tristan s'imagine qu'elle entend réellement en proposant de le "déposer" qu'il est possible de faire un détour juste pour cela... Remarquez, c'est si imprévisible, une femme, déjà dès cet âge-ci, alors pourquoi pas?
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Tristan vous a envoyé un courrier RP? Alors vous pouvez l'utiliser.
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