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[RP]Quand un soleil s’éteint, les ténèbres pleurent..

Miramaz
RP ouvert à tous ceux connaissant lomaxou..n'hésitez pas à participer


[Nuit sombre, Demeure de Lomaxou, Loches]

Il fait sombre dans la bâtisse, seul la lune et un feu presque éteint diffusent un peu de lumière dans la pièce, dessinant des ombres mouvantes dans les recoins de la pièce. Sur la couche, face à l’âtre, un blond et une brune sont allongés côte à côte, douce habitude instaurée ces dernières nuits. Appuyée sur un coude, elle veille sur son sommeil, la main gauche parcourt le corps endormi, s’attardant sur le visage dont elle redessine les traits du bout des doigts. Les mouvements se font de plus en plus tendres, leur lenteur hypnotise la brune, la plongeant dans un demi-sommeil où les souvenirs refont surfaces.

Angers.. une taverne presque déserte.. première rencontre.. le blondinet l’attire sans qu’elle ne sache pourquoi.. rencontre brève entretenant l’espoir de retrouvailles futures.

Loches.. à peine arrivé Lomax est l’objet de toutes les convoitises féminines.. toutes le veulent et aucun coup n’est interdit.. à ce jeu là Mira se débrouille plutôt bien, prête à en venir aux mains s’il le faut, pas de pitié pour les amies.. elle remporte le lot, le blondinet est pour elle, première fois qu’elle tombe amoureuse..il a l’air de l’aimer aussi..tout va bien.. et puis il part, comme ça sans raison, plus aucune nouvelles pendant des mois et des mois.. la brune est déçue, plus qu’elle ne le montre, plus qu’elle ne l’avouera jamais même si elle sait très bien qu’elle l’aurait quitté s’il était resté..pauvre fille qui ne sait jamais ce qu’elle veut.. mais la vie continue au gré des chemins et des rencontres, le blondinet reste coincée dans un coin de sa poitrine, ne disparaissant pas malgré le temps et l’absence de nouvelles..trop fière pour en prendre elle essaie de l’oublier dans les bras d’autres hommes..mais aucun n’a la même saveur..


Yeux qui s’entrouvrent un instant, ses bras l’étreignent un peu plus comme pour lui oter tout envie de repartir maintenant, sa main repousse une mèche de cheveux dorés, ses lèvres se posent sur le tempe ainsi dégagée avant que ses yeux ne se referment pour replonger dans le passé.

Saint-Aignan..plus tard..beaucoup plus tard.. des bagages d’un chaperon sort un blondinet..surprise de le voir ici..se rappelle-t-il d’elle ?.. retrouvailles étranges..si proches et pourtant si distants.. le cœur du blond est pris.. la brune n’insistera pas.. se contentant de veiller sur lui de loin, une pointe de jalousie lui rappelant sans cesse qu’elle n’a pas réussi à l’oublier.. et puis..disparition du chaperon..le blond part une fois encore et la brune s’enfuit pour se changer les idées..

Un soupir s’échappe des lèvres entrouvertes, effleurant le front du dormeur, épuisé il ne tressaille même pas, prisonnier des filets de Morphée il ne sera libéré qu’aux premières lueurs de l’aube, elle, profite de ces instants où son corps s’abandonne, la laissant libre de l’admirer sans crainte que son regard la surprenne. Mais bien vite ses pensées se rappellent à elle, passé qui devient présent.

Loches à nouveau..le blondinet est de retour, seul cette fois..esprits qui se rapprochent, cœurs qui s’ouvrent un peu plus..la brune espère que l’avenir sera meilleur..pour lui comme pour elle.. Les souvenirs rejoignent le présent et la veilleuse s’assoupit dans la quiétude de la nuit qui se termine, rêvant d’un futur ou elle sera à ses côtés comme en cet instant..

[Même endroit, Matin glacial]

Le soleil est déjà haut dans le ciel lorsqu’elle est réveillée par le froid qui transit ses os, la pièce baigne dans une lumière blanche, lumière solaire traversant les nuées. Elle ouvre les yeux étonnée qu’il ne l’ait pas réveillé plus tôt, serait-il de plus en plus fatigué pour ne pas bouger malgré le froid. Un baiser sur sa joue qu’elle trouve fraîche sous ses lèvre, se hâtant alors d’aller raviver le feu, ceci fait la belle reprend place sur la couche pour le réveiller d’un tendre baiser, geste interrompu lorsqu’elle constate qu’il ne réagira pas. La mort s’est emparée du blondinet, profitant des ombres de la nuit pour faire son œuvre, profitant de l’assoupissement de la brunette pour chasser toute parcelle de vie. Figée par la tristesse, elle reste penchée sur lui, parcourant son visage de ses lèvres, ses mains caressant le corps immobile dans une tentative désespérée de lui redonner vie. Les heures passent et elle reste là, l’enlaçant et lui murmurant tous les mots qu’elle aurait aimé lui dire et qu’il n’entendra jamais, combien elle l’aime, qu’elle voulait rester à ses côtés, qu’elle n’aurait jamais du renoncer, qu’il était important pour elle, le seul à être aussi proche, qu’elle ne l’oubliera jamais, qu’il lui manquera... Les phrases sont hachées par les sanglots, la gorge est inondée par les larmes qu’elle ne veut pas laisser couler, pathétique espoir qu’il puisse l’entendre de là-bas, de la contrée des anges blonds..Adieu Lom..Adieu mon blondinet..
Sadnezz
[Au soir]

Les rouges poulaines crissent sur les gravillons du chemin, les sabots fonçés claquent lentement à leur suite dans une mélodie simplette qui égaye le silence de cette soirée sur Loches. Les yeux cherchent dans la pénombre LA maison. Plus tôt, alors que la Corleone venait juste de prendre ses marques à Chinon avec les siens, elle avait reçu la nouvelle en pleine figure, de la main tremblante d'une Miramaz en deuil. Lomaxou...

Son regard s'était voilé un instant, s'irisant d'un éclat terne et vitreux, étrange mariage... Elle n'avait pas relut la missive deux fois, son contenu était assez clair et Sadnezz s'attendait à la recevoir un jour, cette lettre de malheur. Pendant qu'elle oeuvrait avec la jeune Isabeau à confectionner quelques broutilles pour la taverne, elle avait réfléchit à toute allure, pour trouver une excuse afin de partir sans dire qu'un nouveau décès avait eu lieu dans son entourage. Finalement, elle avait maquillé la vérité sous le fard d'une virée de chasse pour ramener de quoi mangeailler au repaire. Abandonnant ses compagnons, elle avait prit la route à l'allure la plus vive que sa monture pouvait lui offrir, la sollicitant férocement.

Maintenant Sadnezz était là, fouillant des yeux la rue et ses maisonnées toutes si semblables. L'une d'elle laissait poindre une petite lucarne derrière le papier gras de la fenêtre, une veilleuse. Veiller un mort est toujours une épreuve pour les êtres qui entourent le défunt. Sad le savait, ayant par de trop nombreuse fois veillé les frères Corleone, et pleuré tous les hommes de la famille en fait. Plus de père, plus de fils ainé. Ce soir c'etait un homme encore, mais pas de ceux que le sang relie au coeur. Juste de ceux qui nous laissent amère tant on les a laissé blessés.

Sans frapper elle entra dans la demeure, cherchant la veilleuse. Elle était là. Sa cape trainant légèrement au sol, Sad avança vers son amie, qui semblait aussi pâle que la dépouille qu'elle pleurait... Elle s'appliqua à ne pas regarder le corps sans vie de Lomaxou, ainsi que son visage. Pas encore. Elle enveloppa les frêles épaules de Miramaz de ses bras et caressa ses cheveux. Bien sur, sa gorge se noua terriblement, mais elle s'interdit de pleurer. Si elle était là ce soir, c'était pour rendre Lomaxou à la terre, et demander pardon.


Il fallait procéder avec sagesse, étape par étape. Sadnezz accordait beaucoup d'importance au rite funéraire, et se préparait déjà à rendre l'âme du blond au tres haut, comme on le faisait dans les contrées qui lui donnaient ses traits typés. La voix feutrée, elle murmura aux oreilles de son amie quelques mots.


- Je suis là, le temps presse. Ne perdons pas de temps.

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Miramaz
Les yeux clos, l'esprit engourdi, elle ne faisait plus attention à rien, une seule pensée prenait possession de son crâne, chassant toutes les autres: Il est mort. Mort et il allait falloir s'en occuper, ne sachant quoi faire, détestant tout ce qui avait trait à la mort de près ou de loin, ne sachant même pas ce qu'étaient les dernières volontés du blondinet, elle n'avait trouvé d'autre solution que de LA prévenir. Sadou, malgré les derniers évènements elle était la mieux placer pour l'aider et tant pis si cela n'aurait peut-être pas plu au blond, après tout il était mort et n'avait plus rien à dire.

Soudain des bras autour de ses épaules, une main caresse ses cheveux, trop éperdue pour sursauter, la Prunette tourna doucement la tête, un pâle sourire fit se mouvoir ses lèvres, pour la remercier d'être venue si vite. Sad n'avait pas l'air d'aller beaucoup mieux qu'elle même, même si la tristesse ne déformait pas ses traits, même si aucune larme ne coulait de ses yeux, elle avait l'air émue, après tout pourquoi ne le serait-elle pas. La jeune serra la vieille contre elle, acquiesça à ses paroles pleines de bon sens: oui il fallait faire vire, le corps ne pouvait décemment pas rester ainsi trop longtemps si l'on voulait que l'esprit rejoigne la place qui était sienne. Le paradis ou l'enfer, le soleil ou la lune, ce n'était pas à elles de choisir mais elles devaient faire de leur mieux pour qu'il ne reste pas au milieu, les yeux de la châtaigne questionnaient la brune, dialogue sans parole, jeu de regards, suffisamment expressif pour qu'elles se comprennent.

Rassurée, Mira se leva, s'approchant de la cheminée pour prendre un cierge, il n'était pas neuf, il avait déjà servi à éclairer la pièce lors de leur longue soirée mais il n'y en avait pas d'autre. Se penchant vers le feu presque éteint, soufflant pour le raviver, elle réussit à enflammer la mèche, le cierge répandait maintenant une faible lueur, elle s'empressa de le poser dans son bougeoir et de le disposer sur la couche, juste à côté de la tête de Lom. Un regard vers Sad pour être sûre de la suite et elle fit rouler le corps, l'allongeant sur le dos avant de commencer à le dévêtir, d'abord les bottes qu'il n'avait pas enlevé pour dormir, se plaignant du froid qui lui gelait les pieds, puis la chemise et les braies, continuant jusqu'à ce qu'il soit aussi nu qu'au jour de sa naissance, les vêtements furent déposés au pied du lit, ou se trouvait déjà son chapeau et la bourse qui contenait ses quelques écus.

Elle se détourna ensuite, se reculant de quelques pas jusqu'à glisser sa main dans celle de son amie. N'osant pas continuer seule, ne sachant pas vraiment ce qu'il convenait de faire elle se mordit les lèvres jusqu'au sang pour que la douleur lui fasse oublier un instant sa peine et faisant un effort pour retenir ses larmes, la voix rauque d'avoir tant pleuré et hurlé, elle chuchota sans la regarder:


vas-y.. continue toi..
Sadnezz
Alors que Miramaz éveillait la douce lumière d'un cierge à moitié consumé, Sadnezz regardait les braises dans l'âtre. Quand le silence total se fit dans la pièce, la petite voix de son amie se fit entendre et sa chaude main se glissa dans la sienne. Il était temps. Temps de faire le vide dans son esprit, parasité par une myriade de pensées depuis qu'elle avait posé un pied dans cette demeure. Sadnezz prit une inspiration et fit volte face, couvant du regard le défunt comme s'il fut la première fois qu'elle rencontrait ce visage. Lomaxou... Elle s'approcha lentement et prit place à ses côtés, posant le cierge un peu à l'ecart. Des cet instant, les gestes s'enchainèrent , précis et empreints de fermeté sans en être pour autant dénués de douceur. Chacun d'entre eux s'accompagnait de la voix basse de Sadnezz qui psalmodiait, se gardant concentrée sur les prières latines et ses actes.

Sa main se posa sur ses paupières closes en un geste descendant, comme pour les fermer une seconde fois et stoppa quelques instants au dessus des pâles lèvres mutiques du blond. Lorsqu'elle reprirent leur course jusqu'à sa poitrine immobile, Sadnezz tressaillit, sans ciller. C'était la première fois qu'elle voyait Lomaxou nu, dans le plus simple des appareils, comme juste né. Etrange ressentiment qui s'empara de ses pensées mais qui ne reussit qu'à faire trembler un peu plus que de raison sa main enfin posée sur la peau froide et diaphane de son ami. Ne se laissant pas déconcentrer, elle se pencha sur les lèvres claires et les cueillit des siennes, dans le geste de celui qui reccueille le dernier soupir, bien qu'il fusse trop tard le rite devait être parfaitement respecté. Le conclamatio résonna par trois fois dans la pièce, pour appeler la mort. Les prémices étaient achevés, mais déja venait le tour d'une étape particulièrement difficile à la brune. Ne pas se démonter, rester solide et continuer par la toilette funéraire.

Elle manda à Miramaz une cuvette d'eau claire et un linge, ce qu'elle obtint rapidement. Des lors, les mains usées par le temps trempèrent l'étoffe dans l'onde, gorgeant le tissus de l'eau purificatrice et elle commença. Le linge courrut sur la longueur des jambes musclées, laissant de fines trainées humides sur chaque relief charnel. Les mains s'attardèrent sur la moindre parcelle de cette peau autrefois chaude et tendre, devenue glacée et raide... Il fallut garder les yeux rivés sur sa main serrant fermement l'étoffe humide, pour ne pas se laisser aller à détailler l'anatomie pourtant gracieuse de Lomax. Il n'aurait sûrement pas voulu cela, pas elle , ici. Mais c'etait ainsi, c'etait elle ici et maintenant, n'en déplaise à celui à qui elle avait fait du mal... La toilette était la plus longue étape, et Sadnezz y passa un long moment, soucieuse de faire les choses correctement. La tradition aurait voulu que le lit du defunt soit orné de fleurs, et la brune se désola... Aucune de ces roses que son ami affectionnait tant et cultivait secrètement n'aurait daigné se montrer aux abords de sa route en cet hiver froid... Aussi le seul parfum qui accompagnerait le linceul son ami pour ce dernier voyage était celui de deux femmes qui avaient partagé sa vie, le vert et le rouge pour couleurs d'adieu, comme celles d'une rose d'amour...

Sadnezz chercha du regard le dernier et le plus indispensable des accessoires, les yeux effleurant ceux de Miramaz un instant. Pour la première fois, elle la vit désoeuvrée et se forca a chasser les pensées qui pouvaient accompagner cette vue, du moins jusququ'à la fin du rituel. Elle apperçut enfin la petite bourse de cuir tout pres, et y plongea les doigts. Parmis les piécettes qu'elle contenait, Sad choisit le plus bel écu, le mieux frappé et le plus régulier. Elle le baisa fugacement puis sans cesser ses prières quasi sourdes le placa dans la bouche de son ami. Cette pièce serait le paiement à Charon, qui transporte en bac les morts au travers du Styx, fleuve des enfers... Point du curé,point d'autel pour bruler l'essence de myrrhe et accorder l'ultime prière, Sadnezz fit au mieux. Quelques gouttes coulées dans la cire liquide du cierge bientôt mort sur la petite table à coté, un regard à Lomaxou. Le rituel s'achevait par la crémation. Elle couvrit le corps inerte du drap clair qui le supportait à moitié et se tourna vers Miramaz, livide.

-Il faut le rendre à la terre avant l'aube... Trouver du bois sec. Viens.

Sadnezz remonta ses manches et l'entraina au dehors. La nuit ne faisait que commencer...


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Miramaz
Debout à quelques pas d'eux, elle observait le ballet funèbre sans réagir, inanimée par le manque de connaissances, que faire sinon observer les rituels exécutés par Sad et tenter de les retenir pour une prochaine fois, épreuve redoutée mais qui ne manquera pas d'arriver à nouveau. Alors elle restait immobile, appréciant la douceur des gestes, les yeux brouillés suivaient les mouvements de la brune, qui avait l'air presque intimidée comme gênée de devoir faire ces gestes sur le blondinet. Elle ne comprenait rien des paroles que psalmodiait Sad, et ne pouvant l’accompagner elle se mit à réciter tout bas le Credo, seul souvenir des séances religieuses qui avaient précédées son baptême, accompagnant la prière aristotélicienne de quelques paroles pour recommander l’esprit du mort au Très-Haut.

La voix de Sadou la sortit de ses pensées, elle voulait une cuvette d’eau claire et un linge, obéissante, sans chercher à comprendre ce que la brune voulait laver, elle se déplaça dans la chaumière pour lui rapporter le nécessaire, faisant le plus rapidement possible pour combler le retard déjà pris. Elle les déposa auprès de la Corlèone et se mit en retrait à nouveau, la laissant faire, admirant le corps du blondinet qui ne bougeait pas sous les doigts agiles. Elle détailla une dernière fois chaque parcelle de peau gravant le moindre détail dans sa mémoire, la longueur des jambes, la musculature bien développée, la finesse des traits, elle voulait en retenir une image la plus fidèle possible, et surtout qu’elle ne s’efface pas avant longtemps. Car malgré les promesses que l’on se fait, on finit toujours par oublier à quoi ressemblait le mort, on oublie les expressions du visage, les attitudes, le son de sa voix et puis c’est le visage tout entier qu’on ne se rappelle plus qu’avec des immenses efforts..et elle ne voulait pas que cela arrive trop vite, elle ne voulait pas le perdre vraiment, tant qu’elle se rappellerait de lui elle aurait l’espoir qu’un jour il apparaisse au détour d’un chemin..

Un tintement de pièces et la prunette s’éveilla, observant avec un intérêt croissant la scène qui se déroulait sous ses yeux, écu embrassé puis glissé entre les lèvres de son blond, odeur d’église qui se répandit dans la pièce et enfin le drap qui couvrit le tout, on aurait presque pu croire qu’il dormait si ce n’est qu’il n’aurait jamais dormi la tête recouverte. Puis Sad la prit par le bras, l’entraînant dehors :
Il faut le rendre à la terre avant l'aube... Trouver du bois sec. Viens. L’aube sera là dans peu de temps, dépêchons nous, pour le bois je sais où en trouver..suis moi. Et la châtain d’entrainer la brune dans une course effrénée vers le quartier des boulangers, course rapide mais silencieuse, l’heure n’est pas à l’amusement. Entrer discrètement dans l’arrière-cour de la première boulangerie venue, prendre quelques morceaux de bois -autant qu’elles peuvent en porter- et repartir en courant toujours, retourner dans la demeure du blond, la traverser sans s’arrêter pour jeter un œil au corps, laisser tomber les bûches au milieu du jardinet et souffler un instant. Regards qui se croisent, la nuit s’éclaircit de plus en plus, il faut se hâter, alors la plus jeune se met à la tâche, alignant les rondins pour former un rectangle de la taille d’un lit, continuant de les empiler ensuite en les croisant, glissant dans les interstices des lambeaux de tissus tirés des vêtements dont il ne se servira plus.

Le bûcher est installé, le premier qu’elle monte et elle espère que ce sera le dernier, elle ne pourra plus jamais parler de bruler quelqu’un sans repenser à ce funeste jour, elle se rapproche de son amie, glisse un bras autour de ses hanches, l’autre main lui montrant l’astre solaire qui commence à poindre, puis le tas de bois prêt à être enflammé. Le bras enserre plus fortement la solide taille de la brune, l’attirant face à elle, front presque lisse allant à la rencontre d’un autre un peu plus marqué, noisettes plongeant dans les onyx, lèvres qui s’entrouvrent à peine pour libérer dans un souffle les paroles les plus importantes qu’elle a jamais prononcées :
Il est temps..allons le chercher et laissons le partir en fumée..qu’il soit là-haut au plus vite.
Sadnezz
Sad se laissa entrainer dans la course folle de Mira, l'air froid fouettant son visage empourpré , deux ombres filant dans les méandres de la ville endormie. Du bois, du bois pour faire d'un corps une âme, des flammes pour dernier cercueil... Arrière cours d'une petite échoppe, un tas de fines bûches à voler, du bois sec. Les bras se chargent au possible, les dos se courbent sous le poids sans réduire la cadence. Ne pas se faire prendre, rester discrète sans perdre de temps. Les deux femmes retrouvent leur chemin, échine en sueur, haletantes et pourtant si silencieuses. Le bucher prend forme, méthodiquement, mécaniquement... Erigé là, attend son passager . Les deux amies se rapprochent, les murmurent se mêlent aux soupirs et à la langueur des gestes.

Il est temps..allons le chercher et laissons le partir en fumée..qu’il soit là-haut au plus vite.

Elle est belle Mira, même quand elle est triste . Son visage a toujours cette expression mélancolique et lasse, mais sa beauté n'a jamais brillé plus que ce soir, dans ses traits fermés de douleurs et ses yeux éteints. Sadnezz sait combien elle a pu s'attacher au blond, même si elle ne le lui a jamais vraiment dit. Le ciel s'éclaircissait derrière le doigt levé de la jeune, ne pas tarder, penser.. Plus tard. La Corleone l'attire plus pres contre elle, embrasse sa joue fraiche et hume l'odeur si significative de sa crinière... Puis la tire vers la maison. Leurs pas résonnent sur le plancher , le corps est là, bien sur. Sad se met aux pieds du lit et invite Mira à se mettre à la tête du regard. Porter un poids mort, quoi que rigide, jamais elle n'avait connu si désagréable sensation. Plus lourd que le pire des fardeaux, la dépouille demanda quelques longues minutes pour être enfin à sa place. Sadnezz délogea une branchette qu'elle partit enflammer non sans peine dans les braises de la cheminée. L'air grave, elle revint vers le bucher et l'y déposa parmi les morceaux d'étoffes et les brindilles. L'attente commençait.... Drapé sur son lit d'incandescence, il partait. Les lieux s'éclairèrent avec lenteur, baignant les deux visages dans un halo mortuaire pourtant apaisant.

Sadnezz fut prise d'une angoisse sourde. Et si le bucher ne s'enflammait pas complètement, laissant sa tâche inachevée...? Pour chasser cette pensée malsaine, elle défit son col et le tendit à Miramaz. L'odeur de chair grillée commençait déja à flotter dans l'air, insupportable. Sadnezz rabattit sa cape sur le bas de son visage, se couvrant pour ne pas subir les assauts de cette atmosphère chargée. Le linceul disparaissait et Sadnezz détourna les yeux, cherchant ceux de son amie. L'attente commençait.... Elle vint se réfugier près de Miramaz, et scruta le ciel sombre. "Quelle ironie Lomaxou... Tu as surement assisté à ma dernière heure et porté ma tombe vide alors que c'est moi qui te rend aux cieux ou aux enfers ce soir...". Quand elle disait qu'un au revoir n'était pas un adieu...

Il était temps de demander pardon, le repentir apaise, les remords se taisent. En prière muette elle demanda pardon à Lomaxou, pour le mal qu'elle avait pu lui causer, pour la peine qu'elle avait pu lui faire. Elle savait qu'il avait souffert de sa mort orchestrée, de ce mensonge effronté qu'elle lui avait fait, comme aux autres. Elle demanda pardon pour l'avoir abandonné, laissé seul avec sa tristesse alors qu'elle lui avait donné l'illusion d'avoir enfin tourné la page du passé et d'être prête à refaire sa vie, rangée. Elle lui demanda pardon pour lui avoir accordé si peu et deja trop, alors qu'elle partait lâchement loin de lui. Elle demanda pardon pour l'avoir laissé l'aimer avant que de ne fuir. Plus que tout elle lui manda pardon pour son silence, qu'il avait du prendre pour mépris lorsqu'elle l'avait recroisé quelques semaines auparavant, au hasard d'une taverne.... Elle était restée prostrée et muette à sa vue, ne lui répondant pas, détournant les yeux, partant sans mot dire. Il avait affiché la déception pure, et Sad comprenait bien... Mais les mots ne venaient pas, que pouvait-elle dire si ce n'est.. Pardon? Le pardon qu'elle ne méritait pas.

Les phrases étaient restées bloquées dans sa gorge, et la honte l'avait baillonnée. Elle savait qu'il l'avait adorée, que malgré sa propre peine, il avait compté sur elle pour redonner un sens à sa vie, qu'il la respectait... Elle savait qu'il avait du se sentir trahi. Elle avait été ignoble dans son silence, et c'était sa pénitence que de le voir là, retournant aux flammes, bientôt poussière jouet du vent... Lomaxou . Chaque fois qu'elle avait contemplé son visage, elle avait revu tous ses démons ressurgir. Lomax était l'Anjou, sa vie passée, ses fantômes. Elle avait eu du mal à le lui avouer, comme une confession à demi mot pour justifier qu'elle était désarçonnée face à leur relation complexe... Sad pensait sincèrement qu'il était parti en la maudissant, mais n'avait pas l'arrogance ni la prétention de dire qu'il était là sur ce bucher à cause d'elle. Non, c'était certain, elle s'en rassurait, n'aurait pas voulu le croire... Il avait eu une vie chargée et entachée de drames, mais il gardait cela si secret... Dire qu'ils s'étaient connu en Anjou, quand Sadnezz était si jeune et dynamique, remuant toutes les places des villages pour animer le coin.... Elle avait plus de souvenirs que si elle avait eut mille ans et lui aussi surement. Elle ne lui avait pas connu d'enfant, ni d'épousailles. Lomaxou avait été sage... l'aube pointait, et Sad eut un relent d'amertume. Se trainant endolorie de cette longue nuit plus loin, elle vomit contre un arbre toutes ses tripes et sa honte.

"Et demain, il fait déjà jour, tu vois" . Miramaz aurait pu le rendre heureux, s'il l'avait laissé faire. A croire qu'on fuit toujours le bonheur quand on l'entrevoit.

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--Carolinaa


Une triste nouvelle s’était répandue aux alentours de la Tourraine. Décembre était dur, le froid était pesant, fatiguant, malgré les laines et habits chauds.
Cette berrichonne ne connaissait point ce blondinet qui avait quitté ce monde. Lomaxou. Pourtant, à l’annonce de la nouvelle, son cœur s’était serré.
Serait ce peut être parce que sa chère amie Chabinne lui en avait tant parlé, autrefois, d’ailleurs pas si autrefois que ça.
Elle était partie elle aussi. A croire que les meilleurs partent les premiers.

Une histoire de tendresse, d’attachement.
Elle sait à quel point cet homme avait compté dans la vie de son amie. A chaque fois qu’elle avait eu besoin de lui, il s’était montré présent, délicat, patient.
Elle avait été heureuse avec lui, et peut être par peur de l’amour, elle l’avait laissé, sûrement, effectivement le blondinet lui faisait de plus en plus d’effets et c’est pour cette unique raison qu’elle était partie.
La fuite.
La peur des choix.
Pourtant, elle était revenue le chercher plus tard, mais à ce moment là, l’homme était conquis par une autre. Et puis c'est lui qui plus tard était venu de nouveau vers elle.
A ce moment là, c’était son amie qui était prise.
Ils n’avaient finalement jamais pu se retrouver.

Et pourtant, ils s’aimaient beaucoup. Peut être qu’ils auraient eu un avenir si le destin ne s’était pas lié contre eux.
Elle aimait à croire que tout était de la faute du destin quand quelque chose ne fonctionnait pas comme on l’aurait aimé.

Ce jeune homme était loyal, sûrement amusant, un homme de confiance. En tout cas, c’est ainsi que la Chab’ l’avait décrit.
Il avait tout le respect de la jeune femme, finalement, bien plus que n’importe quel autre homme.

Le temps finalement a tout arrêté.
Qui sait s’il y a une vie après la mort ?
Peut être que ces deux là se retrouveraient.
Elle l’espérait de tout son cœur.
Elle ne doutait pas que cet homme, était un homme bien.

Carolina se promit de prier pour faire en sorte que son vœu se réalise, et bien sûr, elle se rendrait si il était possible à sa tombe, ou elle écrirait aux personnes concernées. En tout cas, elle serait digne, comme lui.
Miramaz
Le bûcher était entièrement érigé, il fallait ensuite y placer le mort, suivant l’ordre silencieux, la jeune prit le blondinet par les épaules, caressant sa peau une dernière fois avant qu’elle ne soit réduite en cendres. Le corps était lourd, le poids de la mort se faisait sentir, lourd car la vie en désertant avait durcie les muscles les rendant aussi pesant que de la pierre, mais lourd surtout car la tristesse avait diminué les forces des deux femmes. Après de tristes efforts elles réussirent à le transporter et à l’installer sur sa dernière couche, il donnait presque l’impression de s’y reposer, si l’on faisait abstraction de la pâleur de la peau, et de l’absence de mouvement de la poitrine.

Sad alla chercher du feu pour allumer le brasier et Mira se retrouva à nouveau seule avec lui, se rapprochant elle glissa sa main dans la sienne, ses yeux fixaient les paupières closes et tandis que ses doigts exerçaient une légères pression sur ceux raides et glacés du blond, un faible murmure s’échappa de ses lèvres, trois petits mots sans aucun effet, « je t’aimais » n’est pas une formule magique, rien n’avait pu l’empêcher de partir, et rien ne le ferait revenir à la vie.

Un bruit de pas dans son dos, Sadou revenait avec le feu, elle eut juste le temps de lâcher la main de Lomaxou et de s’écarter avant que les flammes ne commencent à lécher le bois et les morceaux d’étoffes. L’odeur devint insoutenable, et le col fut le bienvenue, elle y enfouit son visage, autant pour respirer plus facilement que pour y cacher sa peine, plonger ses yeux dans ceux de son amie, réconfort mutuel sans échange de parole, se tenir à côté d’elle sans perturber ses pensées, la laisser se recueillir et attendre que le blondinet ne soit plus qu’un tas de cendres, ne rien dire quand elle s’éloigne pour vomir, même si elle comprend bien que ce n’est rien de physique qui a provoqué cette réaction mais l’ancien chaperon n’aimerait pas qu’elle l’interroge alors elle la laisse seule, se contentant d’un faible sourire avant reporter son attention sur le bûcher ou déjà il ne reste plus rien de Lom.

Alors pour ne rien laisser au hasard, pour qu’il n’y ait aucune mauvaise surprise, la triste prunette va éparpiller les cendres chaudes, les laissant voleter dans le souffle matinal, le tourbillon gris tourne autour d’elles deux, comme un dernier adieu de sa part, lui arrachant un sourire puis un soupire, tout est fini Lomaxou n’est plus, il a enfin rejoint les cieux comme il le désirait tant.

Se détourner et serrer la rouge contre elle, l’éloigner du jardin funèbre, l’emmener devant la demeure du blondinet pour lui dire au revoir, l’embrasser en lui disant à bientôt et finalement partir à petits pas, sans regarder en arrière. Enfermer ce moment au fond de son cœur avec les autres souvenirs qu’elle a de Lomax, puis fuir sans penser à lui, laisser le temps effacer la douleur pour que plus tard il n’y ait plus aucune tristesse en repensant à lui.

Rejoindre les autres, ne pas montrer combien elle est affectée, répondre que ça va bien, continuer de vivre sans rien montrer, ce n’est qu’un mort de plus après tout ni le premier ni le dernier, elle le reverra bientôt, ce n’est qu’un au-revoir, ils se retrouveront dans le monde d’après ; elle a beau se répéter ces mots stupides comme un talisman pour éloigner la douleur, rien n’y fait, le deuil de Lomaxou est aussi douloureux que les autres, et comme à chaque décès elle perd un peu plus de sa joie de vivre pour ne plus être qu’une ourse grognonne, soupirant à chaque instant, n’ayant plus le goût de rien mais donner le change aux autres pour qu’on la laisse tranquille, en s’enthousiasmant pour n’importe quelle idée idiote, gamine insouciante en façade, femme effondrée à l’intérieur.
Sadnezz
[Plus tard dans la matinée, sur la route de Chinon]

Quelques faisans achetés sur le marché de Loches, pour masquer sa funèbre sortie, sur le chemin du retour l'oeil vide elle avance, de retour vers chinon ses pensées sont enfuies.

Voilà les feuilles sans sève qui tombent sur le gazon,voilà le vent qui s’élève et gémit dans le vallon, voilà l’errante hirondelle qui rase du bout de l’aile l’eau dormante des marais.voilà l’enfant des chaumières qui glane sur les bruyères le bois tombé des forêts. L’onde n’a plus le murmure dont elle enchantait les bois ; sous des rameaux sans verdure les oiseaux n’ont plus de voix. Le soir est près de l’aurore ,l’astre à peine vient d’éclore qu’il va terminer son tour,il jette par intervalle une heure de clarté pâle qu’on appelle encore un jour. L’aube n’a plus de zéphyre sous ses nuages dorés, la pourpre du soir expire sur les flots décolorés. la mer solitaire et vide n’est plus qu’un désert aride où l’œil cherche en vain l’esquif, et sur la grève plus sourde la vague orageuse et lourde n’a qu’un murmure plaintif. La brebis sur les collines ne trouve plus le gazon, son agneau laisse aux épines les débris de sa toison. la flûte aux accords champêtres ne réjouit plus les hêtres des airs de joie ou d’amour, toute herbe aux champs est glanée : ainsi finit une année, ainsi finissent nos jours ! C’est la saison où tout tombe aux coups redoublés des vents ; un vent qui vient de la tombe moissonne aussi les vivants. Ils tombent alors par mille, comme la plume inutile que l’aigle abandonne aux airs, lorsque des plumes nouvelles viennent réchauffer ses ailes à l’approche des hivers. C’est alors que ma paupière vous vit pâlir et mourir, tendres fruits qu’à la lumière dieu n’a pas laissé mûrir ! quoique jeune sur la terre, je suis déjà solitaire parmi ceux de ma saison, et quand je dis en moi-même : où sont ceux que ton cœur aime ? je regarde le gazon. Leur tombe est sur la colline, mon pied la sait ; la voilà ! mais leur essence divine, mais eux, Seigneur, sont-ils là ? Jusqu’à l’indien rivage le ramier porte un message qu’il rapporte à nos climats ; la voile passe et repasse, mais de son étroit espace leur âme ne revient pas. Ah ! quand les vents de l’automne sifflent dans les rameaux morts, quand le brin d’herbe frissonne, quand le pin rend ses accords, quand la cloche des ténèbres balance ses glas funèbres, la nuit, à travers les bois, à chaque vent qui s’élève, à chaque flot sur la grève, je dis : N’es-tu pas leur voix ? Du moins si leur voix si pure est trop vague pour nos sens,leur âme en secret murmure de plus intimes accents ; au fond des cœurs qui sommeillent, leurs souvenirs qui s’éveillent se pressent de tous côtés, comme d’arides feuillages que rapportent les orages au tronc qui les a portés ! C’est une mère ravie à ses enfants dispersés, qui leur tend de l’autre vie ces bras qui les ont bercés ; des baisers sont sur sa bouche, sur ce sein qui fut leur couche son cœur les rappelle à soi ; des pleurs voilent son sourire, et son regard semble dire : vous aime-t-on comme moi ? Ils furent ce que nous sommes, poussière, jouet du vent ! Fragiles comme des hommes, faibles comme le néant ! si leurs pieds souvent glissèrent, si leurs lèvres transgressèrent quelque lettre de ta loi, Ô Père ! ô Juge suprême ! ah ! ne les vois pas eux-même, ne regarde en eux que toi ! Si tu scrutes la poussière, elle s’enfuit à ta voix ! si tu touches la lumière, elle ternira tes doigts ! si ton œil divin les sonde,les colonnes de ce monde et des cieux chancelleront : si tu dis à l’innocence : monte et plaide en ma présence tes vertus se voileront. Ô Père de la nature, source, abîme de tout bien, rien à toi ne se mesure, ne te mesure à rien ! Mets, ô divine clémence, mets ton poids dans la balance, si tu pèses le néant triomphe, ô vertu suprême en te contemplant toi-même, triomphe en nous pardonnant !

aurevoir la Mira aurevoir le blond, on se reverra.

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