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Reclue dans le sanctuaire d'une âme perdue

sadnezz
Indépendante et fière, l'abbatiale dressait ses pierres sans âges vers le ciel, étourdissante de grandeur propice au recueillement et à la réflexion. Le silence abyssal laissait aux personnes qui foulaient son sol le besoin d'emplir leur pensées de sons énigmatiques, les accompagnant dans les profondeurs de l'édifice comme de vieilles litanies . Ses hauteurs arboraient des vitraux aux couleurs profondes coulant sur les parois lors des jours très clairs, comme celui de ce jour à la neige. L'église de l'abbaye était déserte, Sadnezz s'avançait en son coeur, armes laissées à sa porte. Là où les moines de chœur prennent place dans deux rangées de sièges luisaient quelques cierges en veilleuses, comme pour rappeler que cette désertion n'était qu'apparences, à respecter.

Le sanctuaire s'offrait à elle, lorsque dans un soupir elle se laissa choir sur un prie-dieu, visage en berne tourné vers le sol et mains liées au dessus de sa tête, serrant un chapelet. Son châle sombre glissa sur ses épaules, laissant à découvert la fine étoffe de sa houppelande la plus simple, d'un blanc immaculé. Le froid s'insinua dans le tissus et fit frissonner la peau de la pénitente, qui n'en demeura pas moins immobile, prostrée. Ses paupières closes aux rides timides se fermèrent pour ne plus s'ouvrir jusqu'au soir, jusqu'à la douleur de son échine courbée, aux crampes des ses cuisses engourdies, aux derniers spasmes de froid. Le jeûne pour purifier un corps ennoirci de l'intérieur, la faim pour pénitence de trop d'heures loin de la croix originelle.


Elle s'enveloppe de repentir, cherche à dissocier ses péchés véniels et péchés mortels, traits crispés comme masque de douleur. Confession silencieuse à la recherche de l'absolution. Les larmes sinueuses viennent sillonner les rigoles des plis de son faciès lorsqu'elle réalise que sa conversion du cœur ne se fera jamais vraiment. Elle se sait accueillir l'affliction de l’esprit, mais pas la pleine contrition. Elle nage dans le péché de délectation morose, prête à s'y noyer.

Même l'acte de rédemption par les cordes flagellatrices durcies à leurs extrémités par de la résine lui est interdit. Le crucifix qui mutile toute la longueur de son dos, brulures incrustées dans ses chairs en souvenir d'une nuit avec le Sans Nom est là pour le lui rappeler chaque jours que dieu fait. On ne défigure pas une image pieuse, et moins encore quand on sait déjà notre cas très aggravé... Seuls les douleurs qu'elle réveille tous les soirs au fond de sa couche semblent être châtiment réel pour ses fautes, car physiquement mesurables.

Un à un, elle se remémore ses actes, des plus vils aux plus sournois. Des plus lâches aux plus éloquents. L'instant où elle pense recevoir le malaise de la fin, comme une délivrance, tarde à l'enlacer. Les muscles tremblants elle gémit mais reste à sa place. Les psaumes éclatent dans sa tête, prières latines en ébullition. Le regard bienveillant d'une madone s'irise de satisfaction lorsqu'elle est au bout de ses ultimes forces. Les heures ont passées, sans qu'elle ne s'autorise à se mouvoir volontairement une seconde, le mutisme qui l'entoure n'a d'égal que les complaintes et supplications qui fusent dans sa tête. Le temps passe...

le bruit sourd de son corps s'écroulant sur la pierre froide du sol béni perce enfin l'atmosphère, comme anémiée sous le courroux divin au fil des heures, tordue de souffrance, Sadnezz sombre sans plus de cérémonie. Le chapelet semble incrusté dans ses paumes, et le saillant de ses genoux sous le tissus à pris une vilaine couleur bleutée.

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Une âme sans repos
Elle aime, seule chose au monde qu'elle peut aimer, les pierres froides et stériles de la vieille abbatiale. C'est un tumulus spirituel, une élévation intemporelle, contre les faibles œuvres de la nature qui s'étiolent sous une simple froidure.
Elle ne ressent plus le moindre frisson, depuis un nombre d'années qui ne se compte plus. Bannie de ce monde comme de l'autre, elle se prétend supérieure aux deux, oubliant ainsi la morne solitude qui enveloppe sa perpétuelle errance.
Ici, elle vient, et s'élevant à mi-chemin entre le sol pavé et la voute du transept, elle regarde la passion de Sadnezz. Délicieuses émotions qui ravissent son âme, quand les péchés gourmands s'exhalent en prières haletantes. Elle savoure ce moment comme une jouissance pure. N'est-il pas là, le Vougier, cette brute animale, pour contempler les transes de l'affliction?
Il n'est, hélas, qu'une médiocre forme matérielle de sa folie. Peut-être arrivera-t-elle à l'éduquer, mais....La brigande est diablement tentante. Elle sait, cette âme sans repos, que sous la robe se cache un crucifix large comme son dos. Tatouage que les mains d'hommes parcourent, des mains maladroites, apeurées. Elle ne craint pas ces symboles inventés par les hommes pour adorer les dieux et chasser les démons. Dieu n'a pas de visage et n'a aucun symbole. Elle sourit. N'échappe-t-elle pas à Son contrôle? Pourrait-elle investir cet esprit asservi par les fautes, souillé de péchés?
L'expérience est si tentante....Proche de Sad, elle s'efforce, au prix d'une lutte acharnée, à maîtriser le seul pouvoir qu'elle possède en ce monde: celui du souffle. Lentement se détache ces mots:


....Aime-moi....
sadnezz
Etendue sur le froid du sol, son regard est absent. Perdu. Elle ne dort pas, et ne le pourrait pas sous les crampes qui la tiraillent. Les prunelles caressent la voute au dessus du corps endolori, comme un ciel marmoréen et austère juste avant les grosses ombrées d'averse. Il fait certainement nuit au dehors, enfin elle n'en sait plus trop rien. La notion des heures s'est évaporée sur un prie-dieu, laissant place à la notion... de sa vie. Mesurer toute l'horreur de sa nature s'était avéré plus difficile qu'estimé, et pour l'heure, elle n'était encline à rien d'autre que tenter de retrouver les sensations de ses membres, de sa peau.

Gisante, si près de la terre des hommes, elle perçoit des courants d'air glacés, affluant de toute part, presque convergents sur l'étoffe de sa houppelande... Fixant un point imaginaire, elle en oublie presque la faim qui tenaille son ventre et la soif qui assèche sa gorge. D'ailleurs même ses yeux commencent à s'assécher, à force de rester braqués sans ciller, comme une morte gardant sa dernière vision au creux des pupilles. La légère brise lui apporte d'étranges songes, voix égarées en murmures qui se coulent aux creux de ses oreilles, elle croirait presque écouter la complainte doucereuse d'un choeur, pourtant elle se sait seule. Dans les rumeurs imaginaires qui tournoient, quelques mots se distinguent au delà des autres, compréhensibles.

..Aime moi..

Un violent frisson s'empare de ses frêles muscles, la laissant grimaçante face au désagréable du réveil musculaire. Cette voix à peine audible, elle jurerait l'avoir sentie caresser sa joue dans un souffle tiède, très distinct des afflux aériens qui s'engouffraient sous la lourde porte de la maison du Très Haut. L'évanescente intruse déclenche déjà l'effroi général chez Sadnezz.

Arquian, combien de chimères abrites-tu sous ses pierres damnées? combien d'âmes meurtries gravitent sur les remparts erratiques de tes tourelles les plus abandonnées?

Depuis son entrevue avec le diable, l'italienne ne saurait décrire les terres de Theognis comme lieu de quiétude dénué d'histoire... Chaque parcelle de terre exhale l'inquiétude dérangeante et des cris centenaires que l'on a étouffés . Aussi folle puisse-t-elle passer, elle sait que la maison divine n'a pas accueilli sa seule âme tourmentée ce soir. Encore tremblante, elle se redresse... Ses cheveux sont entrés en guerre contre la loi de l'attraction, certaines mèches pointant vers le ciel sous les plis que la posture leur a donné. Seuls les plus gros cierges ont subsisté, éclairant faiblement quelques visages saints taillés dans de clairs granits.

Sadnezz se traine presque pour attraper son châle d'une main fébrile, et s'en drape furtivement avant de retomber en tétanie, à demi assise, scrutant les recoins que la lumière des flammèches ne daignent pas approcher. Silence. Qui possède l'âme du géant? Qui se plait à se mouvoir pres des dragons endormis... Arquian, n'as-tu donc pas compris que ce coeur là ne bat plus pour personne depuis bien longtemps... une certitude. Elle en sortira plus folle qu'elle n'y est entrée.

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Une âme sans repos
La déception traverse l'âme du spectre comme un trait de flèche percerait un nuage d'étoiles. Au lieu de s'ouvrir à lui, elle s'est refermée sur elle-même, gardant l'équilibre de son esprit entre Prudence et Peur. Elle a le geste ridicule de se couvrir de son châle, comme si le frisson ressenti provenait du froid. Voyez, statues de pierre, comme elle tremble et palpite! Voyez, sous vos yeux sereins, son front brûlant de fièvre! Elle se garde, immobile, de toute tentation, car le moindre de ses gestes libère l'effluve charnelle de ses passions, et couvre la terre de l'ombre de ses crimes....
Mû par ces silencieuses exhortations, l'âme se regonfle d'espoir, comme le vent sur une voile. Proche de Sadnezz, elle veut s'en rapprocher encore, mais hésite sur la stratégie à prendre. Lui montrer ses victimes, nues de misère, par la faute de ses impitoyables larcins, est un bon moyen. Non le meilleur, non. La faim est un sentiment trop commun dans ce monde pour n'être pas banal. La Dame a besoin de ce désir qui aiguillonne les révolutions du monde. Car celui qui se fait brigander s'est égaré sur un mauvais chemin, alors que celui qui aime le choisit sans hésiter. Il y a là une ouverture dont le profit est palpable.

Il suffit qu'elle se concentre un instant. Quand on maîtrise le souffle, il n'est pas difficile de changer d'apparence. L'absence de muscles améliore la grâce du sourire, comme l'absence de globes rendent les yeux plus beaux. Elle est Elle, plus que jamais belle.

En face de Sad, elle apparait, royale. Elle a les cheveux couleur du soleil, et les lèvres couleur de l'aube. Son vêtement, ajusté avec négligence, laisse entrevoir la pointe rose d'un sein blanc. Ses jambes fuselées cachent la promesse d'une plaine aux fleurs blondes. Sa voix culmine à l'apogée de la féminine sensualité:


Embrasse-moi....Depuis si longtemps, j'en ai l'envie....
sadnezz
La fatigue s'empare d'elle, ses paupières clignent dans un etrange ballet, mais l'inquiétude la tient éveillée. Un bruissement la rappelle à sa froide réalité, elle sursaute, regarde autour d'elle. Dans la pénombre, là, quelqu'un. Ou... Quelqu'une. Sa gorge se noue, ses traits se crispent, le châle se resserre sur ses épaules, comme un bien maigre bouclier. Quelqu'un est entré, elle ne l'a pas entendu s'avancer si près d'elle. Sad, dans un halo lumineux, se terre sous l'aura d'un cierge encore envie, comme si la découpe de lumière suffisait à elle seule pour la protéger de l'inconnu. Un rempart évanescent, pour ses peurs enfouies.

Ses prunelles perçoivent l'intruse, et soudain tout se fait si différent. L'hébétude l'envahit, elle reste figée de stupeur. C'est ELLE. Elle ici? impossible... Quel étrange apparition. Pourtant oui, elle la regarde, sa chevelure dorée et sa démarche qui n'appartient qu'à elle, son visage posé... Est-ce un rêve? Ce visage qu'elle a beaucoup regardé, sous le masque impassible de ses expressions, c'est bien le sien. Elle lui a arraché un cri de stupeur, la belle agile... C'est de ne pas avoir senti son pauvre coeur palpiter depuis si longtemps, d'être froide à tout ressentiment amoureux ou d'attachement qui la rend si... Confuse à sa vue. Ou pas.

Incapable de faire autre chose que de la dévisager, la première minute est longue et fracassante de silence. La nuit l'a portée à elle, et ses yeux clairs sont bien posés sur les siens. Etrange... Que fait-elle à Arquian, serait-ce une des innombrables amantes qui l'arpente? Prier à cette heure, sous le couvert de la nuit...iréel. Elle a tout de suite vu son vêtement, trop fin pour la réchauffer, trop ou pas assez, elle ne sait plus, elle la contemple. Quelques mots se heurtent à son immobilité, et la laissent effrayée tout à coup.


Embrasse-moi....Depuis si longtemps, j'en ai l'envie...

- Mais... que dis tu... T'embrasser? Non, pas ici, pas comme cela, pas maintenant... Le regard des statues mutiques nous transperce toute deux, comme on épie par le trou d'une serrure. Pas toi, dans la maison de dieu ma belle enfant, puis mes lèvres n'ont jamais osé effleurer celles d'une créature aussi femelle que toi, et rien que de te regarder je suis déjà voué aux enfers le sais tu..?-

C'est un songe, ou un cauchemar. Elle ne peut être là, elle s'attarde sur sa peau diaphane, et sur ses mots qui résonnent. Dans sa tête brune ou dans l'église....? Frapper un grand coup, se réveiller, réapprendre à parler.


Que... Toi, ici... que fais-tu là?

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Une âme sans repos
Un soupir délicat s'arrache de ses lèvres, si froid à l'intérieur il devient si chaud au contact du souffle de la pénitente qu'il se transforme en buée légère sur sa peau. La Dame s'étonne de la force de ce désir qu'elle a provoqué, et se sent excitée par la puissance de cette volonté d'amour. Elle n'a jamais ressenti le plaisir d'être regardée ainsi. Le plaisir même était un mot sans définition jusqu'à ce moment du soir.
Ces sentiments si étranges renforcent l'illusion, les traits du visage se précisent comme les courbes de son corps s'élancent sur l'autel de la sensualité. Elle est divine à contempler et semble prête à toutes les folies amoureuses. Mais Sad doit embrasser sa bouche en premier pour que la magie opère. Sinon, ses doigts ou ses lèvres disperseront les formes fragiles de ce corps créé par le vent.
Mais l'image ne suffit pas, la belle brune semble reprendre ses esprits, au dépit de cette âme maléfique. Elle avait cru que la vision de la tentation suffirait, en l'entendant exhaler ses péchés hors d'elle-même, elle s'était imaginée que Sad ne pourrait résister longtemps. Mais elle a sous-estimé le pouvoir de ces maudites pierres sur une âme pieuse, et qu'une raison paradoxale en émergerait.


Le lieu....L'endroit....Est-ce si important? Ce qui compte, c'est que je t'aime et que je veux t'embrasser. Donne-moi tes lèvres pour sceller cet amour interdit....Sinon, je repartirai en maudissant ton nom!

Pour la Dame, menace et séduction sont des termes proches, comme le désir et l'amour.
sadnezz
sceller.... interdit.... maudissant ....

Sadnezz se redresse maladroitement, étire ses muscles jusqu'à être debout, semi grimaçante... L'image qu'elle perçoit se trouble, ou est-ce sa raison? La folie s'est enfin emparée de sa petite caboche brune, la voilà qui voit des femelles d'outre temps là ou il n'y a que le néant et ses pensées réminiscentes. Le lieu la rappelle à la raison, ne serait-ce que quelques fugaces secondes... Il n'y a rien, rien à voir, tout à craindre. Le sans nom l'aurait suivie depuis la fameuse nuit....? Les mots qui lui parviennent sont pures affabulation , machination du démon, hallucination. Un collet qui n'attend que le saut de la belladone à pied joint ....

Sad met une main sur ses paupière quelques instants, pour dérober à sa vue cette entité qui est venue la hanter, peut-être juste est-elle le châtiment qu'elle a mérité? Sans prononcer un mot la conversation de sourds se poursuit, le langage est clair d'un esprit à l'autre...

Que vas tu maudire créature damnée, je suis déjà consumée, tes sommations n'y feront rien. Tu n'es pas celle que je vois, pas celle que j'ai cru. La malice dors sous tes mots et me voilà bien folle de t'entendre. Tu t'es leurrée en franchissant le mauvaise seuil, y vois-tu écris les singulières inscriptions du néant...?

Elle persiffle, ramenant sa main à sa poitrine, serrant l'étoffe claire, les yeux noirs :

"Toi qui entre ici abandonne toute espérance... "

En foulant la maison du seigneur tu n'es qu'injure à son nom... car il en a un, lui.

Si tu ne pars pas je ne te chasserais pas, je sais que mon espérance est vaine, je partirais. Je suis blanche vois tu, je me suis lavée de mes péchés, y as tu vu invitation à entacher de nouveau mon âme? Tu ne m'auras pas, tu ne m'auras plus.

Son coeur bat la chamade, et tout en révulsant la demande de son hôte elle a reculé jusqu'à se plaquer contre la paroi froide, les mains crispées sur la pierre. L'une d'elle heurte un bénitier, et y plonge comme les lèvres à un élixir de vie, fébrile. La lueur infime qui retenait les lieux à l'auréole lumineuse meurt soudain, et les abysses reprennent leurs droits dans l'immense bâtiment. Panique. Sad tâtonne, semi courant, comme si un invisible compte à rebours pulsait sous ses paupières. Sortir, sortir de là au plus vite. Elle vole presque, sa course raisonnant et sa respiration haletante perçant l'atmosphère. Elle n'y voit pas, s'attendant à tout moment à percuter un banc ou une statue, la peur la guide comme une bête traquée. La pointe de sa poulaine gauche s'embronche dans un obstacle non identifié et elle trébuche, mains en avant pour amortir sa chute.

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Theognis
Des cris, un bruit de course, et le silence, à nouveau. Le pas rapide et les yeux prudents, Théo se hâte vers l'entrée de l'abbaye. Mais une fois devant, il hésite. L'épée tirée au clair, brillant d'un pâle reflet de lune, se dresse devant la bouche emplie de ténèbres.
Dans l'autre main, il tient une torche allumée et fouille l'obscurité à la recherche d'indices. Soudain, un grand souffle glacé s'exhale des portes ouvertes et éteint le flambeau aussitôt.

Le cœur du Baron d'Arquian ne s'emballe plus face à de tels phénomènes. Sauf empoisonner son air, elle ne peut rien faire contre lui. Alors, il avance, d'un pas résolu. Les cierges sont éteints, il fait noir comme un four, mais Théo connait la disposition des bancs.


Hé!

Sa botte heurte dans l'obscurité une forme inconnue, sur laquelle il trébuche et tombe par terre, mains en avant.

Mais? Qu'est ce c'est? Qui est là?

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sadnezz
La chute est douleureuse, le suite l'est encore plus. Un halo de lumière surgit, elle ne le capte qu'à demi, encore sous le coup de la chute. La voix de Théo résonne puis les ténèbres reprennent possession des lieux et alors qu'elle se redresse enfin, une main sur le crane, une masse s'écroule à moitié sur ses jambes dans un bruit mat. Le réflexe de Sad est de se recroqueviller sur elle même, tête dans les genoux.

Mais? Qu'est ce c'est? Qui est là?

Sadnezz se décrispe, elle n'a plus de doute sur l'identité du malheureux chuteur qui est entré dans l'église. Theognis. Malgré cette conviction, elle ne parvient pas à sortir de sa posture de protection, comme si les instants vécus jusqu'à son arrivée avaient constitués un choc qui la laissait prostrée, pétrifiée. Il fallait répondre pourtant et c'est avec toute la difficulté du monde qu'elle bredouilla un faible
" Sad" dans l'étau de ses jambes.

Autour d'eux le calme était revenu, elle semblait être partie, peut-être avait-elle lâché prise . Sad osa un regard inutile vers la voix du baron, la nuit d'encre enveloppait le tout. Peu à peu lui parvint sa chaleur, humaine et rassurante. Il était juste là, devant elle. Mais que faisait-il ici lui aussi? la nuit était bien entamée, la brune pensait que Theo songeait depuis longtemps dans ses draps chauds.

Nenni. Elle tâtonna de la dextre avec prudence, sans se déployer plus que cela encore méfiante. Sa main rencontra l'étoffe d'un mantel ou de braies. Elle lâcha un soupir soulagé et se redressa enfin, dans une lenteur infinie et tremblante.

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