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[RP] La peste arrive aussi… [Tulle]

Gyldas
Il faisait beau. De bon matin, comme elle en avait pris l'habitude depuis la naissance d'Alexandre, Gyldas se rendait chez la fermière la plus proche de chez elle possédant une chèvre. Le bébé prématuré avait maintenant trois mois, mais il ne supportait toujours pas le lait de vache. Et fragile comme il était, sa mère continuait à lui prodiguer des soins de nourrisson: lait de chèvre bouilli dans un biberon préalablement lavé à l'eau très chaude.

Elle n'en avait pas pour longtemps: l'animal était toujours trait à son arrivée, et Gyldas n'avait qu'à se servir dans le grand bidon. Elle poussa donc la grille de la cour mais ralentit aussitôt.

** Bizarre: les volets sont fermés. **

Elle jeta un coup d'œil alentours. La chèvre était dans son enclos et tentait de brouter l'herbe rase. Personne ne semblait lui avoir donné sa ration de foin. Méfiante plus qu'inquiète, Gyldas frappa à la porte de la petite chaumière. Personne ne répondit, mais quelqu'un toussa. Gyldas poussa doucement la porte avec précaution.


- Y'a quelqu'un? Je viens pour le lait.

Toujours pas de réponse, mais nouvelle quinte de toux qui fit grimacer Gyldas. Elle gardait un mauvis souvenir de la seule grippe qu'elle ait jamais eue, mais qui avait bien failli lui coûter la vie. Et aussi mal en point que semblât la fermière, Gyldas ne tenait pas particulièrement à l'aider, au risque de tomber malade à son tour. C'est encore et toujours à son bébé qu'elle pensait. S'il attrapait une infection quelconque, ça lui serait fatal.

La lieutenante de Tulle n'eut pas à enquêter bien longtemps pour savoir que ça n'allait pas. L'odeur de renfermé qui régnait dans la pièce la fit grimacer. Elle fut interrompue dans ses pensées par un rat qui s'enfuit soudain en lui filant entre les jambes. Elle sursauta et lâcha son bidon.


- Mais qu'est-ce que c'est que c'est que cette hygiène? Je suis un peu déçue, vous m'avez habituée à mieux que ça.

Laissant la porte ouverte, Gyldas entra dans la maison pour ouvrir les volets.


- Restez pas là madame. Ca fait deux jours que je suis malade. Prenez votre lait et partez. Vous me payerez plus tard.

La voix venait du lit situé en coin de la pièce.

- Malade ou pas, c'est pas une raison pour rester enfermée.

Gyldas ajouta une bûche dans l'âtre, mais elle devait bien reconnaître qu'elle répugnait à s'approcher de la petite femme. Secouée d'une nouvelle quinte de toux aussi peu rassurante que les précédentes, le regard de la fermière se fit suppliant.


- Je vous en prie! Allez vous-en! Prenez votre lait et allez vous-en!

Assez dubitative, Gyldas obéit et rempli son bidon tout en gardant un œil sur le chantier qui régnait dans la pièce. Si la fermière continuait sur cette lancée, il faudrait sérieusement songer à trouver quelqu'un d'autre pour s'approvisionner en lait de chèvre.

- Bon d'accord.

Elle laissa les volets ouverts pour laisser entrer la lumière et prit soin de bien refermer la porte afin que le peu de chaleur restât dans la pièce. Si demain la fermière était toujours dans cet état, elle prendrait sur elle pour lui envoyer un médecin.

Sur le chemin du retour, la lieutenante ne put s'empêcher d'analyser ce qu'elle venait de voir. Des rats, certes, elle en avait vu souvent à la fermette, mais qu'ils entrent dans la maison, c'était la première fois. Quelque chose clochait, mais elle ne parvenait pas à savoir quoi. Rentrée à la chaumière, elle donna le bidon à Lénor
a:

- Fais le bouillir plus longtemps que d'habitude. La fermière est sérieusement malade.

D'après le médecin, faire bouillir le lait écartait tout danger. Refoulant son appréhension, Gyldas tenta de se convaincre que ça serait vrai cette fois aussi.

- Je reviens, il faut que j'aille faire une course.


[A la mairie]

C'était trop soudain pour être normal. Gyldas avait donc sellé son cheval et foncé bride abattue jusqu'à la mairie. Elle frappa au bureau de Tique et entra. Certes il était occupé, avait d'autres chats à fouetter, mais Gyldas savait qu'il ne lui en voudrait pas: elle n'était pas du genre à déranger quelqu'un pour rien.

- Ticque: y'a un truc bizarre à la petite fermette en dehors de la ville. La femme est malade et des rats se baladent partout. Elle n'a pas l'air d'avoir la force de se lever. Ça m'inquiète, mais je n'ai pas trop osé m'attarder. Tu sais… j'ai des enfants et…

Elle attendit de voir s'il allait s'en inquiéter ou non. Elle espérait que ça serait le cas. Peut-être qu'elle paniquait pour rien. Mais le cas lui semblait sérieux, cette fois.

_________________
--Lenora

Le retour de Roche s'était passé sans encombre. Le froid avait rendu les enfants grognons, et Gyldas avait envoyé les filles se coucher pour quelques heures. Pendant que la mère des bambins était allée chercher le lait, Lénora avait dû s'atteler à quelques tâches ingrates mais indispensables lors des retours de voyage.

Elle venait de retirer son tablier quand Gyldas revint. Mais cette fois, elle ne s'occupa pas elle-même du lait d'Alexandre. Son visage avait prit l'air tracassé d'une lieutenante en plein boulot.


** Pff, on vient de rentrer, et elle a déjà du travail. C'est pas croyable! **

- Fais le bouillir plus longtemps que d'habitude. La fermière est sérieusement malade.
Je reviens, il faut que j'aille faire une course.


Et voilà! Ce qui s'était produit avec Cyrielle se reproduisait avec Alexandre. Si Gyldas avait interdit quiconque de s'en occuper quand il était entre la vie et la mort, il en allait tout autrement maintenant qu'il avait les réactions d'un nourrisson normal. Et Lénora écopait d'un enfant supplémentaire à s'occuper. Bien élevée, et ayant servi dans une bonne famille de nobles à Paris, l'employée soupira intérieurement, mais ne dit rien. Après tout, elle était payée pour ça.

- Bien madame! Puis-je savoir où vous allez?

Pas de réponse, Gyldas était déjà dehors en train de seller Pilgrim. Elle ne l'avait sûrement pas entendue. Tant mieux: la nourrice en serait quitte d'entendre une énième fois le reproche d'appeler sa patronne "madame". Elle mit le lait à bouillir et prépara le biberon du bébé. Au retour de Gyldas, Alexandre serait repus et changé, et Léna au fond de son lit pour un repos bien mérité.

--Corniaud
[Sur une route]

Jeannot, que tout le monde appelle l’corniaud du village, la vingtaine passée, l’bout de gars qui sort des braies, ne fait rien de ses journées et ne comptes pas vraiment que ça change un jour… Il vit chez sa mère qui elle n’as pas vraiment la même vision des choses. C’est pourquoi chaque samedi, il est bousculé par elle pour ramener de quoi manger pour la semaine. Ce n’est pas un travail qui l’occupera la journée mais bien les courses qui le pousse à faire le tour du village.

Il commence à avoir ses habitude l’corniaud, il va d’abord chez la fermière qui habite près de Tulle, pour chercher les œufs et le lait de chèvre dont a besoin la mère pour cuisiner… Il l’aime bien la vieille Mauricette… Il l’appelle d’ailleurs Mo depuis l’année dernière, quand il avait débarrassé le jardinet des taupes destructrices… Elle lui préparait tous les samedi des petits gâteaux pour tremper dans le lait et il restait souvent là-bas des heures avant de repartir pour le village.


[Ferme de la vieille]

Il arrive devant la vieille ferme tout délabré et entre sans frapper comme à son habitude. Il voit personne dans la salle et tombe des nues… Il se demande pourquoi y a pas la vieille Mo qui prépare les gâteaux, la bonne odeur qui vient réveiller les papilles, le bol de lait posé sur la table. Se serait-il trompé de jour le bougre ? Bah ça non, même si lui le pouvait, la mère surement pas ! C’était donc la vieille qui devenait sénile et avait oubliée de se lever pour lui.

Vexé, il déboula dans la chambre de Mo. Une odeur affreuse vint chatouiller ses narines si bien qu’il dut ressortir de la pièce pour respirer un coup. Il se retourne et regarde la chambre.


Ben la vieille… T’ain… Faut pas que t’oublies de te laver des fois, ça pues comme pas deux ici.

Il s’apprête à rentrer dans la piève lorsqu’il entend un bruit à ses pieds. Une rat qui couine affreusement lui passe entre les pieds et file vers la sortie. Là, il est sous le choc l’Jeannot. Ce n’est pas possible de s’enfermer avec telle bête dans la pièce. Le corps de Mo est sous les couvertures néanmoins. Tout doucement, il s’approche du lit en se bouchant le nez avec sa chemise sale. Il s’gratte un coup, son hygiène laissant à déplorer.

Mo ? Mo ? T’es réveillée ?

Il s’approche de plus en plus et avance une main délicatement vers la vieille, la touche et attends… Quelques secondes se passent mais rien ne bouge. L’angoisse qui se transforme en énervement le pousse à secouer violement le corps inerte pour la réveiller.

Tu vas te lever oui ? Il est prêt de midi, t’as rien à faire au pieu…

Mais la vieille ne bouge plus, n’ouvre pas un œil, ne pousse pas un soupire. L’regard gelé, l’Jeannot regarde ce spectacle et l’idée germe que l’a vieille Mo est morte dans son pieu et que l’odeur putride pourrait être le résultat de son début de décomposition. N’empêche, elle a une drôle de tête la Mo.

L’corniaud n’avait que rarement vu de mort dans sa vie… Une fois l’oncle germain qui s’est fait encorné par un taureau… Un spectacle affreux pour un gamin de 12 ans mais rien de comparable à ce qu’il venait de vivre. Il ferme la porte rapidement pour éviter que les insectes attaquent le corps de son amie et file vers le village pour finir ses courses et prévenir quelqu’un que la vieille est morte…. Pour finir surement par aller en taverne ou voir des catins pour soulager la grosse angoisse qui lui enserrait la poitrine…
Dnartreb
[ RIEN NE SERT DE PESTER ]

Il est des rumeurs qui précèdent certains évènements mais dans certains cas le porteur de ces rumeurs crée l'évènement.
Habitué à voyager en Limousin, Reb avait quelques opinions sur les gens de cette contrée et leur façon de partager leur quotidien avec les animaux.
Reb avait souvent pesté alors qu'il avait à cotoyer les rues de Tulle. Les miasmes entouraient certains quartiers populaires que de gros tas d'immondisses venaient compléter.

L'hiver venait de prendre son blanc mantel comme pour cacher pauvreté de sol. Beaucoup de vagabonds couchaient dehors, sous portes cochères. Ce fut au détour d'une ruelle que Reb rencontra son premier pesteux.

Reb avait déjà vécu épidémie en Bourgogne. Une maladie étrange qui prenait les poumons et dont les chances de survies étaient mince si l'on ne gagnait pas un dispensaire au plus vite.

L'alerte fut donnée par grands toussés lachés, accompagnés de longs râles que le vagabond avait peine à contenir. Son corps était adossé bras écartés. Ses jambes avaient écart alongé, bien décidées à ne plus porter.
Reb avait expérience et n'aimait pas se mélanger à autrui sans prendre assurance et distance.
Reb s'accroupi à 20 pas de l'étranger.

Tu es étranger n'est-pas?

Tu as la bien vilaine posture, aurais-tu mal donné par dame nature?


L'homme se contenta de tourner les yeux sans teint vers son interlocuteur puis se perdit dans une triste toux.

Dans l'ombre de la porte cochère, Reb distingua une autre personne dont le corps ne semblait bouger. Son corps avait été disposé de façon a gagner doux repos étrenel. Reb comprit vite que cette homme venait de perdre sa compagne et qu'il avait fait de son mieux pour lui donner meilleur repos de corps.

Est-ce ta compagne?

Reb avait grande peine mais ne pouvait rien faire.

Soit assuré, tu la rejoindras sous peu !

A cet instant, Reb repensa à sa propre vie, ses propres souffrances. Le ciel lui avait donné punition en le couvrant d'un mal étrange souvent confondu avec la lépre.
Le mal allait et venait, laissant marques à son gré sans jamais causer autre souci que perte de peau. Les autorité de Bourgogne lui avait imposé une crécelle pour annoncer sa venue...

Souriant à ce détail, il fouilla dans sa besace et extirpa l'objet donné en avril 1455. Reb se redressa puis reprit chemin en prenant soin de laisser sur son coté. Il fit tournoyer vivement l'objet en poussant de vive voix:

OYEZ OYEZ BRAVES GENS...LA PESTE EST ENTRE VOS MURS!

PEUT-ÊTRE AVEZ VOUS ÂME IMPURE !


Reb gagna les rues de Tulle, répandant triste son qu'il aimait à porter. Les maladies accompagnaient souvent grandes folies, comme les viols ou les meurtres. Folies de corps ou d'esprit, comme si dernier jour devait survenir.

Le Limousin devenait malsain et Reb ne voulait vivre d'autres lendemains incertains. Ses pas le menèrent à la taverne municipale...Il devait partir au plus vite mais devait s'enquérir de la santé d'une personne qu'il ne voulait perdre.
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--Lenora


Lénora s'éveilla de sa sieste avec une sensation désagréable de démangeaisons. A y regarder de plus près, elle avait quelques morsures sur les avant bras. Elle plissa les yeux et réfléchit. Mais oui! En revenant de la ferme, Gyldas avait demandé à Lénora de couvrir le berceau de sa cape pour que le bébé ne prenne pas froid. Le feu prenait son temps pour réchauffer la maison, et elle était toujours inquiète de la fragilité du nourrisson. Se pouvait-il que des bestioles se soient nichées à l'intérieur pendant le court moment où elle était restée chez la fermière?

Lénora grommela. Si c'était le cas, elle allait être de corvée de lessive pour désinfecter tout ça. Et laver plusieurs paires de draps en pareille saison ne l'enchantait guère.

Elle se leva d'un bond et descendit quatre à quatre à la cuisine. Le bébé dormait toujours profondément. Léna s'approcha et ôta le vêtement de Gyldas du berceau. De toute façon, il faisait désormais assez chaud, et il allait être l'heure du biberon. Ce n'était pas bien grave si Alexandre s'éveillait maintenant. La nourrice inspecta la cape, mais ne trouva rien.

** Ca doit vraiment être petit. Des tiques? Non, pas en cette saison. Des puces? **

Elle se pencha plus attentivement sur le berceau et se risqua à découvrir un peu l'enfant. Mince! Par Aristote, il avait lui aussi une morsure sur la joue. Il fallait changer sa literie sans attendre! Tant pis s'il prenait un peu froid. Pas question de laisser ces satanées bestioles, quelles qu'elles soient, provoquer des dégâts.

Lénora était rarement de mauvaise humeur, mais là, c'était le bouquet. Elle tenait la maison avec une hygiène irréprochable! Choper des puces! On aura tout vu! Elle s'empressa de vider complètement le berceau avant de jeter les draps dans un coin. Il faudrait faire attention que les filles ne s'en approchent pas. Si elles n'avaient pas déjà, elles aussi, plein de boutons partout!

En déposant le bébé sur une couche provisoire, Lénora vit que le cou de l'enfant regorgeait de taches rougeâtres.


- Oh non! C'est pas vrai! Et madame qui tarde! Bon sang, c'est pas normal, elle devrait déjà être rentrée!

Soudain, Lénora commença à se demander si la course en question n'allait pas se révéler plus grave que prévue. On n'attrapait pas des puces comme ça!

Taka
Dans les rues de Tulle...

Lorsque Taka ressortit de la taverne principale, son nez était encore penché dans sa besace. Ce qu'elle venait d'apprendre l'inquiétait au plus haut point.

Mais elle savait comment se protéger... elle avait bien d'autres petits secrets.

Cependant, un élément manquait dans sa réserve de plantes. Un élément vital. Il lui fallait en trouver absolument.

Elle n'avait rien dit à Treb et aux autres personnes présentes en taverne, pour ne pas les inquiéter. Ce qui lui manquait était rare, ne poussait qu'en des endroits bien précis et surtout... difficilement en cette saison.

Elle se mit à courir vers sa roulotte et ne vit personne. Elle regarda autour et trouva Solva, qui jouait avec deux autres enfants du village. Elle alla vers elle et sans trop d'explications, lui prit la main et l'entraina.

- Viens avec moi, on va chercher une fleur très dure à trouver et très importante. Tu vas voir, on va bien s'amuser.

La petite eut à peine le temps d'afficher un sourire ravi que déjà Taka repartait au pas de course vers l'extérieur de la ville.

Elle regarda autour d'elle, s'assura de na pas être observée, sortit un pieux fin et se dirigea vers un petit bois.

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Je vous souhaite des rêves à n'en plus finir,
Et l'envie furieuse d'en réaliser quelques uns...

(Jacques Brel)
--Balthus
Balthus déambulait dans les rues de Tulle. Il se sentait mal depuis la veille au soir et il s'était dit qu'un bol d'air frais lui ferait sans doute du bien. Il s'était fait violence pour s'extirper de son lit, flanchant sur ses jambes affaiblies.

L'air frais de ce mois de décembre lui soulagea les poumons mais ne le ravigota guère : il se sentait toujours aussi las, toujours aussi exténué. Il devait sans cesse faire halte, pour reprendre son souffle appuyé contre un mur. Sa fierté l'empêchait d'aller quérir un médecin et il se disait au fond de lui que ça lui passerait bien. Il avait souvent été malade et cette fatigue qui le terrassait était sans doute passagère.

Il reprit son chemin, saluant deux ou trois promeneurs d'un signe discret de la tête et s'approcha de la place du village. Peu de monde.... Sans doute les habitants étaient-ils occupés à préparer la Noël. Un quinte de toux lui déchira les poumons. Il ne pouvait se retenir, pendant plusieurs minutes, il toussa à en perdre la respiration, sentant sa gorge s'irriter de plus en plus, le brûlant intérieurement. La force de cette toux l'affaiblit encore plus, il sentit ses jambes se dérober sous son poids et se retrouva à genoux sur le sol, sa gorge douloureuse enserrée entre ses mains. Il cracha au sol ce qui encombrait son œsophage... Le glaire sanguinolent s'écrasa sur le pavé. Balthus sentait le goût du sang dans sa bouche et cracha une nouvelle fois au sol pour tenter vainement de dissiper ce goût nauséabond.

Un filet de salive mêlé de sang coulait sur son menton qu'il essuya du revers de la main. Il se força à se relever, s'aidant d'une gouttière afin d'alerter quelqu'un. Cracher du sang n'était pas anodin et il lui fallait absolument se faire aider. Mais par qui?

La mairie devait être fermée et ses amis soit trop loin pour que ses jambes tremblantes l'emmènent jusqu'à chez eux, soit certainement trop occupés pour l'aider.

Il se traina donc jusqu'au centre de la place et se mit à appeler de l'aide d'une voix faible.


Aidez moi, je suis malade, quelqu'un je vous en prie, aidez moi...


Balthus s'effondra au centre de la place, incapable de retrouver ses forces.
Eleonoreh
Au sortir d'une taverne, à Tulle

Eleonoreh avait planifié de rester passer les prochains jours à Tulle plutôt que de se trimballer de village en village durant cette période de l'année. Le froid lui engourdissait le corps et le coeur, rendant l'un et l'autre moins difficile à supporter. Elle avait pourtant de bonnes raisons de quitter Tulle au plus vite. Et d'autres aussi bonnes de rester.

L'ambivalence étant sa marque de commerce, la jeune femme réfléchissait, la tête baissée, tout en marchant dans la neige, sans regarder autour d'elle. Son instinct lui dicta in-extremis de s'arrêter. Elle faillit s'étaler de tout son long sur un corps inerte, jonchant le sol. Un pauvre bougre gisait là, une fine couche de neige commençant à recouvrir ses vêtements.

Elle recula d'un pas, indécise sur l'action à prendre et remarqua un peu de sang séché sur son menton... Prise de panique, elle recula de plusieurs pas, portant le pan de son mantel sur sa bouche, pour ne pas crier. L'homme était dans un piteux état, mais vu les rumeurs qui couraient et qui faisaient se glacer d'effroi le sang de la jeune femme, elle n'osa pas aller plus loin. Ni tenter de lui porter secours, car il semblait respirer encore. En toute hâte, elle courut avertir au poste de police, pataugant dans la neige fraichement tombée.
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--Balthus
Balthus sentit quelque chose le percuter, il ouvrit faiblement le yeux et vit une jeune femme s'enfuir en courant.

Désespérément, et même s'il savait qu'il était trop tard, il l'appela, sans doute trop faiblement pour qu'elle puisse l'entendre.


Je vous en prie, ne partez pas, je...


Sa voix se perdit dans une nouvelle quinte de toux, lui arrachant de nouveaux glaires ensanglantés qui maculèrent la fine pellicule de neige qui commençait à recouvrir le sol. Balthus rampa sur quelques mètres, pour trouver un abri mais, vidé de ses forces, se recroquevilla sur lui même en position fœtale.
Gyldas
Après être passée à la mairie, Gyldas n'était pas rentrée immédiatement. Ses problèmes personnels la taraudaient plus qu'elle ne voulait bien l'admettre. Elle n'aurait pas pu s'endormir. C'est donc au poste de police que la lieutenante décida d'aller passer sa journée. Elle n'avait guère de dossiers, mais les mettre à jour ne ferait pas de mal. Lénora savait parfaitement s'occuper des bambins, et elle saurait où trouver sa patronne en cas de problèmes: aucune inquiétude à avoir de ce côté-là.

Elle s'apprêtait à rentrer à la Chaumière quand elle vit accourir une silhouette dans la nuit. Mince à la fin! Elle n'avait eu personne de la journée, et c'est à l'heure de la fermeture qu'on se décidait à venir l'ennuyer. Plissant les yeux, elle reconnu une voyageuse qu'elle avait rencontré en taverne plusieurs fois.


- Eleonoreh? Ben qu'est ce qui vous arrive à courir comme ça? Vous avez vu un fantôme ou quoi?

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Taka
Taka revenait vers la taverne, une poignée d'herbes sans nom bien à l'abri dans sa besace. Elle avait ordonné à Solva de rester dans la roulotte, quoi qu'il arrive, et lui avait fait boire une étrange mixture.

Elle avait encore de quoi protéger deux personnes...


Arrivant sur la place, elle remarqua Eleonoreh, au loin. Elle semblait terrorisée devant une forme inerte au sol.
Taka comprit de suite. Elle voulut lui crier de ne pas toucher le malheureux, mais Ele faisait déjà marche arrière et alla chercher de l'aide.

Avec une boule à l'estomac, Taka continua de traverser la place, en prenant bien soin d'éviter le malheureux. Cette obligation lui déchirait l'âme et elle se maudit de ne pas avoir assez développé son talent pour pouvoir aider ces pauvres gens.

Protéger, pour l'instant, elle savait faire... Mais le fait que Ele se soit approché si près du mourant allait l'obliger à prendre un choix difficile.

Elle avait encore de quoi protéger deux personnes...

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Je vous souhaite des rêves à n'en plus finir,
Et l'envie furieuse d'en réaliser quelques uns...

(Jacques Brel)
Eleonoreh
Eleonoreh s'arrêta de courir, à bonne distance de Gyldas, la femme qu'elle avait rencontré à l'auberge et qui était partie de Tulle avec ses enfants le jour même où elle était arrivée. On ne savait pas... avec cette maladie... Elle n'avait pas l'intention d'infecter qui que ce soit, après tout, elle avait buté sur le corps inerte. Surtout pas une mère de trois enfants.

Essouflée, ses mots étaient entrecoupés de longues respirations: - Un homme, là sur la place... J'ai peur qu'il ait succombé. La...p...este...

Debout à quelques pas de la femme, e lle se tordait les mains, tentant de maîtriser sa peur panique.

- Ne vous approchez pas... je lui ai... touché... du bout du pied. Je suis venue avertir... Si les gens meurent en pleine rue maintenant...
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Gyldas
La femme semblait complètement paniquée. Gyldas ne comprenait pas un traître mot de son explication décousue. Gyldas ne parvint pas à maîtriser son agacement, et grommela:

- Montez-moi ça! On se grouille, j'ai froid, et je veux rentrer.

Gyldas prit tout de même le temps de refermer la porte à clef avant de suivre la voyageuse. Elle lui fit répéter doucement et écarquilla les yeux.

- Quoi? Vous plaisantez? Vous savez reconnaître cette saloperie vous? Vous êtes sûre que c'est ça?

Bon sang, comme si elle avait pas assez d'ennuis comme ça! Voilà qu'elle allait devoir se taper un rapport à faire parce qu'un clochard était mort en pleine rue! La lieutenante stoppa et fit face à Eleonoreh. Elle n'avait pas encore assisté aux cours sur la peste à l'université. Mais si elle ne savait pas en reconnaître les symptômes, elle savait parfaitement comment on l'attrapait. Elle tenta de rassurer la jeune femme.

- Bon! Vous l'avez touché du pied, vous dites? Il ne vous a pas toussé à la figure? Alors vous ne risquez rien. Inutile de paniquer.
Par contre, il va falloir tracer un périmètre pour empêcher quiconque de s'en approcher. Et faire brûler tout ce qu'il y a autour de lui.


Brûler! Oui! C'était la seule solution. Gyldas espéra qu'il était bien mort. Elle ne tenait pas vraiment à le faire brûler vif. Elle haussa les épaules à cette pensée ridicule. S'il n'était pas mort, il le serait d'ici quelques heures, de toute façon! Avec ce froid!

Arrivée sur place, elle remarqua un homme couché en chien de fusil. Non: pire, complètement recroquevillé sur lui-même. Pas de doute, il allait mourir de froid. Gyldas s'approcha doucement et dégaina son épée. Elle tapota le dos du moribond du plat de la lame. Pas de réaction. Autour de lui, une trace: il avait réussi à ramper quelques mètres. Gyldas se risqua à le contourner et… se retourna, prise d'un soudain haut-le-cœur. La trace en question était véritablement immonde. Elle se ressaisit en prenant appui sur son épée et prit les choses en main:


- Allez hop! Apportez du bois! Cramez-moi ça!

C'était l'heure d'un chassé-croisé en taverne, et la lieutenante héla les premiers qu'elle vit passer. Certains se défilèrent, mais Gyldas les ramena bien vite à la réalité. Elle tendit son bras qui tenait l'épée en travers de la porte et fronça les sourcils:

- STOP! Si vous ne voulez pas choper la saloperie de ce type, il faut le brûler! Et je ne peux pas faire ça toute seule. Alors si vous ne voulez pas que je vous arrête pour résistance aux forces de police, vous feriez mieux de m'écouter. Grouillez-vous!

Les derniers réticents ne demandèrent pas leur reste pour obéir, bon gré, mal gré. Le feu bien amorcé, les idées de Gyldas se remirent en place. Les symptômes de ce type… La fermière…! Le rapprochement s'imposa à l'esprit de la lieutenante comme une vision d'horreur. Elle se mit à trembler et aboya encore une fois des ordres:

- Dites au maire de continuer à surveiller la ville! Je dois aller voir ailleurs si ça ne s'est pas propagé!

Sans attendre de confirmation, elle grimpa sur son cheval et le lança au triple galop jusqu'à la fermette.

Les traces de pas dans la neige indiquèrent à Gyldas que quelqu'un d'autre était venu rendre visite à la fermière. Mais la porte refermée et les volets toujours ouverts ne disait rien de bon! En entrant, elle eut la confirmation de ce qu'elle craignait: le feu était éteint et la femme était morte.


- Bordel, c'est pas vrai!

Laissant la pauvre femme comme l'avait fait son précédent visiteur, Gyldas n'avait désormais plus qu'une seule idée en tête: retourner à la chaumière. A la fois glacée d'horreur et de froid, elle fonça bride abattue jusqu'à la maison dont elle ouvrit la porte avec fracas. Lénora était près du feu avec Alexandre, le berceau était vide et du linge, dont sa cape, gisait en tas dans le coin le moins fréquenté de la cuisine.

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--Lenora

La porte de la maison s'ouvrit soudain dans un fracas qui fit sursauter la servante. Elle se leva d'un bond, bien décidée à ce que personne ne l'approche. Elle osa ce qu'elle ne s'était jamais permis avec sa patronne: lui donner un ordre.

- Ne vous approchez pas. Le bébé et moi, nous avons attrapé des puces.

Lénora savait que ça allait bien plus loin que ça. Ne pas en parler n'y changerait rien.

- La fermière est malade vous m'avez dit. Alors on a peut être attrapé son mal. Vous ne devez pas nous approcher. Je sais, c'est votre bébé, mais c'est trop risqué!

Les yeux de Lénora devinrent suppliants:

- Vous devez vous en aller. Prenez les filles et allez vous-en! Elles n'ont rien, je le leur ai demandé à travers la porte. Je les ai interdit de m'approcher.

Au fur et à mesure de sa tirade, Lénora voyait Gyldas se mettre à trembler. Elle aussi avait compris!

Dnartreb
[ MORTE JOURNEE ]

La journée avançait à grands pas, la peste aussi. Le petit matin avait livré ses premiers morts, laissant une partie de la populations derrière de sombres volets que nuls ne voulaient relever.
La fête du solstice de l'hiver avait bien triste cadeau pour le renouveau. Il fallait dés maintenant enterrer ces pauvres gens hors du village. Le cimetière ne pouvant accueillir pestifirés. Reb devait trouver dés maintenant une personne compétente pour organiser état d'urgence en la ville.
Reb reprit son chemin vers les rues de Tulle. Il avait pu se rendre compte que les personnes qu'il connaissait se portaient bien, du moins pour cette heure.

Etait-il sur de n'être point contaminé?

Reb avait quitté Taka en bonne santé mais il lui restait à trouver d'autres personnes pour les prévenir de cette épidémie et surtout de ne pas se mêler avec autrui.
Alors qu'il aprentait les rues de Tulle, Reb aperçu Ele qui semblait ne savoir que faire...Pressant le pas avant qu'elle ne tourne dans une autre ruelle:

DAMOISELLE ELEONOREH....Damois...elle Ele....onoreh, avez vous...vu Taka? Je l'ai vu...ce matin même et semblait bien...mystérieuse !


Reb reprit son souffle peu à peu.

Vous avez triste mine....Allez vous bien?

Reb eut petite inquiétude mais poursuivi sur même ton:

Savez vous que la peste est arrivée en nos murs?...Ne restez point ici. Je dois trouver une personne compétente, le maire ou son adjoint.

Arf NON !...non! Il me faut prévenir le lieutenant de Tulle au plus vite. Lui seul peut donner des ordres précis et faire agir les forces de l'ordre.

Reb tenait Eleonoreh par des deux bras, la secouant un peu:

Avez vous vu Gyldas? Elle doit prendre les choses en mains m'entendez vous?

Je vais tenter de retrouver Taka. Le mieux serait que vous rentriez à l'auberge ou alors m'aider à la retrouver.
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