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[RP] Un brun, sur un cageot perché

Saens
Qui ne dormait pas.
Ne forniquait pas.
Ne marchait pas.
Ne cuisinait pas.

Il était juste assis, le brun. Il pensait à sa vie. En l'an de grâce mil quatre cent vingt neuf, au bord des terres rouges du Levant, je poussai mon premier cr... Minute vieillard, arrête de penser comme un grand-duc. Puis rétrograde en douceur, t'as pas le temps pour les remontées lointaines et larvaires on t'attend pour aller raccommoder des filets. Son cerveau se racla la gorge. Alors on retroussait la rive jusque quand ? Un an ? Un mois ? Une s'maine ? Même pas. Trois jours, ça irait.

Une grande inspiration, tempête d'air marin dans les poumons et varech dans les bronchioles. Allons-y. Il y a trois jours. C'était la nuit sranje, dans une taverne, la veuve faisait la réceptive sur la table. Lui il était juste en face. Il s'en souvenait, il avait un mollet gainé de noir dans chaque main. Premiers pas avant la sarabande, instants décisifs pour régler leurs violes – la discordance dans ces affaires-ci ça rend rarement du bon. Et la veuve qui lâche la note : elle est grosse.

Mais depuis quand ?
Mais deux mois !
Mais de qui ?
De vous !

Il s'était écarté, les braies en syncope vers le comptoir, avait refoulé la presse de jurons qui voulaient franchir son auguste labialité, des sécheresses slaves au gras-foutu françois, bousculés par des lapidaires anglois, d'énergiques teutons et de suave ritalités. Tous crachaient sur Aristote, sa mère, le chien et les fesses de Marthe. C'était du pareil au même. Ça restait toujours qu'elle avait une côtelette dans le buffet. Sa côtelette.

C'est là qu'elle propose de faire buffet froid, à coup de tisanes magiques. Le brun ça lui met les sourcils en jupon troussé, et puis quoi, tu portes mon enfant, mon engeance, ma graine, et tu veux l'expulser ? Ils s'expliquent. Ça dure toute la nuit. Conversations de draps, qui sentent le coton et l'angoisse. La nuit plus blanche qu'un cierge. Matin froid. Les jours passent et le brun se froisse. Leurs instruments battent aux antipodes, vache maigre au lit et la veuve qui graille à peine.

Ça s'arrangera. C'est tout ce qu'il a à dire, les fesses sur son cageot. Et puis c'est pas le sien d'ailleurs. Il l'a trouvé là. Évidemment, on pourrait faire plus poète : un rocher au milieu d'une plaine venteuse, une chaise sombre près d'une lucarne, du sable fin qui ne gratte pas la peau. Affaire du destin, ou pas, en face de chez lui il n'y avait qu'un port, de la terre et des caisses de bois. Reste que le cageot avait un lyrisme qui lui était propre avec ses lattes édentées et moisies – le point de vue nécessitait peut-être l'appui de quelques rasades d'eau de vie pour tenir la route, mais.

Ça s'arrangera – a-t-il le choix ? Il fixe le point d'encre qui lui gît sous la peau du poignet, se souvient, sans nostalgie mais pas sans rien, des heures fugaces. Et rabat sa manche, on l'appelle. Les filets. Le cageot le regarde s'éloigner, tremblotant. C'est décembre, qui viendra le réchauffer ? Marché honnête, un peu de chaleur contre un appui pour vos miches. Il ne sait même pas si quelqu'un reviendra avant qu'on le fourre de raves et qu'on l'envoie dans les bras d'une rustaude. Faut accepter le précaire, quand on est cageot public.

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