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Cours d'arme privé au Château de Beaumont-sur-Sarthe, entre un Comte Licorneux et une artisane incapable de manier quoique ce soit sans se blesser...

[Rp]Du maniement des armes...

Guilhem
La salle d’arme… Des années qu’il n’y était pas venu… La dernière fois, son père était encore en vie… Et c’était lui qui frappait les mannequins de pailles, avec une certaines dextérité… Depuis sa mort, il avait fuit ce lieu… Tenté de se rattaché à des endroits où il savait que son géniteur était passé, sans pour autant qu’il l’ai vu de ses propres yeux… tel que Ryes… Imprenable forteresse de l’ordre… Sa salle d’arme… Combien de fois Guilhem avait-il arpenté cette salle en espérant découvrir des traces du passage paternel… Combien de fois…

Mais aujourd’hui il n’en était plus… Et tout cela grâce à une simple rencontre en taverne…grâce à une promesse de donner des cours d’armes… Il avait réinvesti ce lieu, fait nettoyer la salle, graisser les armes et rempailler les mannequins… Et maintenant il se tenait là, seul au milieu de la pièce… Regardant pas l’une des fenêtre le soleil commençant à s’élever dans le ciel azur… La respiration lente du jeune Comte, semble troubler le calme du château… Il ferme les yeux un instant, avant de les rouvrir pour fixer le râtelier aux armes émoussées…

Marchant droit sur lui, il déboutonne son pourpoint rouge… Découvrant ainsi sa chemise… Il se saisit d’une épée longue… Sans fioriture, totalement inutile pour ce qu’il voulais faire, et commence quelques échauffements de poignets… Le regard se tourne vers un des mannequins… Petit sourire en coin… Et il part dans sa direction… Taille…Estoc…Estoc…Taille… Les coups s’enchaînent… tel que lui avait appris sa tante, et ses assistants a Ryes… Jamais un de ses coups ne semble pas fluide et à la trajectoire parfaite… Les gouttes de sueurs s’accumulent sur son front… Sa chemise devient de plus en plus humide… Il finit par s’arrêter après un petit moment…

Signe de tête vers un des valets qui se tapi dans l’ombre de la pièce…Ce dernier accours, et lui tend une serviette de lin, dans lequel il viens essuyer son front… Il se débarrasse de sa chemise… Dévoilant ainsi son buste, aux diverses légères cicatrices, souvenirs de bataille… Ou de menace…

Les coups repartent dans le même rythme effréné, durant quelques minutes… Le souffle devient de plus en plus rapide… Jusqu’à la limite… Tout s’arrête…L’épée tombe au sol dans un fracas métallique… Guilhem se recule… tourne le regard… Repart vers la fenêtre… Il regarde le jardin… Il regarde bien plus loin… A l’horizon… Un jour il repartirait là bas… Où les batailles font rage… Où il pourra vraiment prouver sa valeur aux yeux de sa tante… Un jour il tuera de nouveau… Un jour il sera fin prêt pour affronter son destin… Quel qu’il soit… Les yeux dans le vide, il reste immobile, torse nu… Attendant une arrivée…

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Rheanne
Après quelques minutes interminables à arpenter les couloirs du château à suivre le serviteur qui semblait ne pas prendre conscience que la jeune femme n’était pas coutumière de tant de grandeur et de magnificence. Elle aurait apprécié que le serviteur soit moins pressé de se débarrasser d’elle, à croire vraiment qu’après l’accueil par les gardes, elle n’était pas la bienvenue ici. A croire qu’elle détonnait dans ce décor. Ne recevaient-ils icelieu que des gentilshommes et nobles dames ?? Elle commençait à le croire.

Dans un énième couloir, elle croisa son profil dans un miroir et comprit que son accoutrement ne devait pas être la tenue officielle en ces lieux. Elle s’arrêta un instant pour se regarder. Vêtue de sa paire de braies habituels et d’une simple chemise blanche, ses cheveux bruns foncés retenu bas à l’aide d’une simple bande de tissu, les coups d’œil des gens de maison devenaient tout d’un coup très sensés. Comment le Comte et maitre des lieux pouvait avoir convié cette paysanne en sa demeure ? Elle rougit de confusion de dénoter ainsi dans le riche décor. Et se parlant à elle-même comme pour se rassurer.


Cette tenue est la seule recommandée pour l’apprentissage des armes.

Il était vrai qu’en partant de sa chambre d’auberge ce matin là, elle n’avait pensé qu’au prochain cours. Et après avoir donné les consignes pour ses champs aux ouvriers qu’elle avait recrutés, elle était partie ainsi, en tenue quotidienne. Mais la Rheanne était ainsi faite, elle suivait ses envies et présentement, elle ne s’était pas imaginée devoir revêtir une tenue exceptionnelle pour l’occasion. Même si se regardant dans le miroir, elle savait que le moment à venir n’avait rien de banal. Elle se sourit pas très fière du spectacle mais il en était ainsi.

Tu vas t’entrainer, ma fille, pas question de jouer les péronnelles.

Le serviteur avait du remarquer que la brune ne suivait pas car elle entendit un raclement de gorge qui semblait venir de loin. Elle tourna la tête en direction du bruit et vit le serviteur en arrêt devant une porte. Il semblait lui indiquer qu’elle était arrivée à destination. Elle fit comme si de rien refixant une mèche rebelle derrière son oreille droite.

Et le plus naturellement possible, elle rejoignit le serviteur.


Merci bien. Je pense que pour la visite des lieux, je demanderai à Monsieur le Comte de s’en occuper.

Elle était à la fois impatiente et hésitante à cette nouvelle rencontre. L’instant où elle avait tenu l’épée de Guilhem en main était imprégné en elle. Ce fort sentiment de puissance et de protection qu’elle avait ressenti. Mais était-ce le seul effet de l’épée qui avait appartenu à son père ?

Un dernier regard un peu hautain au serviteur pour le congédier, et Rheanne posa la main droite sur l’une des poignées de la porte. Elle s’arrêta net entendant un bruit sec de ferraille. Guilhem était-il déjà à l’entrainement. Brève hésitation, la jeune femme tourne la poignée lentement et en pousse la porte s’attendant à découvrir un Guilhem prêt à fondre sur elle pour lui apprendre une seconde leçon, celle d’être toujours sur ses gardes. Se serait bien le genre, se dit-elle.

Mais ce qu’elle vit, elle ne s’y attendait pas. L’épée qui avait été la cause du fracas gisait au milieu de la salle équipée de mannequin empaillé et de diverses armes dont elle découvrait présentement qu’ils puissent exister. Il avait du y avoir un sacré combat car certains mannequins portaient les séquelles de coups violents.
Et Guilhem debout devant la fenêtre le torse nu et ruisselant de sueur. Il semblait absorbé par ce qu’il regardait et Rheanne se sentit désemparée comme les fois où il semblait être ailleurs lorsqu’elle avait malencontreusement fait ressurgir de douloureux souvenirs.

Ne sachant ce qui avait causé son état et ses pensées de l’instant, Rheanne hésita à engager la conversation. Elle sentait plutôt le besoin d’aller vers lui, de lui proposer son aide ou bien simplement son attention. Elle se sentait attachée au jeune homme mais d’une façon qui lui était encore assez difficile à comprendre.
Alors comme à son habitude, elle écouta son instinct, elle avait toujours fonctionné ainsi et ne cesserait d’aucune façon. Sans réfléchir et sans tricher, elle agissait.
Elle traversa à pas modéré la salle d’arme ne cherchant pas non plus à masquer sa présence. Plus la distance qui la séparait du jeune homme s’effaçait, plus il lui semblait qu’il était concentré mais d’une façon qui dérangeait la brune.

Un pas en amenant un autre, elle se retrouva juste derrière lui remarquant seulement de fines marques sur son dos. Elle mourrait d’envie de passer ses doigts sur ce qui avaient du être en leur temps des blessures. Pourtant si jeune, il semblait avoir vécu plus d’une vie.

Ne voulant pas se montrer trop familière, elle redirigea sa main pour la poser sur l’épaule du Comte dans un geste d’affection et parla d’une voix douce pour le ramener lentement au moment présent.


Guilhem…
Guilhem
Guilhem…

Le jeune Comte sursaute…Puis tourne la tête, un peu desapointé de s’être fait surprendre aussi facilement…Il regarde la main posée sur son épaule… Cherche à comprendre comment il n’avait pas pu la sentir avant d’entre la voix familière de Rheanne… Il fixe cette dernière quelques secondes, ses yeux perdus dans les siens, avant de se rendre compte dans quel accoutrement il était… Légère moue… Suivit d’un sourire timide pour celle qu’il appellerait désormais son élève… Il pose sa main dextre sur celle de Rheanne, la retirant lentement de son épaule…

Tu a eu au moins le mérite de me surprendre…

Profond soupire après avoir réaliser que si il avait s’agit d’un assassin, il ne serais déjà plus de ce monde… Certes il serait difficile pour eux d’entrer dans ce château, avec une garde incorruptible puisque ne comprenant pas un traite mot d’oïl, mais tout de même, cela n’était pas totalement impossible…. Il devrait désormais rester sur ses gardes… ne sait-on jamais, en se lançant dans la politique, il allait se faire de nombreux ennemi voulant sa mort… Léger sourire à cette idée… Il s’avance en direction de la table où il avait laissé son pourpoint… Celle-ci étant à moitié recouvert d’un tissu de lin, cachant visiblement divers objets au vue des bosselures qui déformait l’étoffe…

Enfin…Je suis tout de même heureux que tu aies accepté mon invitation en ces murs… J’espère que le capitaine de ma garde ne t’a pas trop effrayé… Il semble un peu rustre comme ça, mais quand on le connais, et quand on le comprend surtout, c’est une bonne personne…

Il tourne la tête un instant en direction de la brune, cherchant à capter une émotions qui trahirait ses sentiments actuels… Après les conversations qu’ils avaient eu, un léger doute s’était installé dans l’esprit du Licorneux, quant à ce que Rheanne pensait de lui… Enfin, pour le moment il devait penser à autre chose… Pour le moment… Il saisit son pourpoint, l’enfile d’un geste, sans mettre sa chemise trempée en dessous… Boutonnant jusqu’au niveau du torse, laissant ainsi apparaître une petite cicatrice sur son torse, volontairement ou non seul lui le sais…

Il se retourne de nouveau… Craquant aux passage les articulations de ses doigts, engourdies après la petite pause qu’il c’était imposée… Une fois ceci fait, il fait un geste ample de sa main, englobant toute la salle…


Bienvenue dans ce qui sera désormais ta salle d’entraînement… La salle d’arme d’un des plus grand chevalier qu’ai connu le Royaume…geste en direction des différents râteliers….Comme tu as pu l’observer les armes présentent ici, sont toutes différentes les unes des autres…

Il se retourne sans laisser la parole à son élève… laissant glisser ses doigts sur le tissu qui recouvrait une partie de la table… la voix s’élève un peu pour retomber, en même temps que le drap est écarté…

Enfin… Pour le moment nous n’utiliserons que ces armes…

Il s’écarte pour lui laisser la vue sur les armes en bois qui était disposés par deux sur la table… Epées courtes… Dagues… Bâtons… Les armes de bases que tout le monde était censé avoir, hormis peut-être l’épée, trop cher pour que de simple paysans puissent en posséder une… Dire que des décennies auparavant le droit de porter l’épée était exclusivement réservé aux nobles... Ou aux exécuteurs… Ces derniers pouvait donc maintenant remercier le Roy de laisser le bas peuple s’armer et ainsi les tuer plus facilement qu’ils ne l’auraient dû… Enfin, personnellement Guilhem s’en foutait royalement, voir même lui aurait remercié ce Roy pour cette idée… Au moins cela lui permettait d’assurer ce cours, qui serait forcement riche en émotions…

As-tu des questions avant que cette leçon commence… Sache que toutes les questions peuvent être posées ici… Et sur tous les sujets… Sur les armes, le château, mes gens, ou même sur…moi…

Le regard devenait plus perçant…Son sourire devint plus carnassier… Il cherchait une nouvelle faille… Il cherchait à tout connaître d’elle, sans jamais lui poser la moindre question…

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Rheanne
Rheanne ne s'était pas attendu à ce que le jeune Comte puisse être surpris par son approche. Elle aurait pourtant juré qu'il était assez aguerri pour pouvoir percevoir le moindre bruissement sur le sol ou le moindre déplacement d'air. Mais la brune ne pouvait croire que Guilhem puisse être dénuée d'un sens aigu de perception de ce qui l'entoure.
C'était donc que quelque chose l'avait emmené loin de cette salle d'arme, loin de ses terres mainoises. Le Sud ? Son père ? Des combats passés ?

Toujours est-il que la tension se voyait sur son visage lorsqu'il lui fit enfin face. Mais Rheanne ne pouvait déterminer à quel point. Elle lui aurait bien posé des centaines de question, elle était à la fois fascinée et intriguée par le jeune homme. Mais elle sentait qu'il n'était pas homme à se confier facilement. Pourtant une certaine confiance entre les deux commençait à naître mais Rheanne ne voulait rien gâcher. Patience qu'on lui avait dit, patience.

Cette résolution fut quelque peu ébranlée lorsque le regard de Rheanne rencontra le sien qui semblait vouloir la sonder. Le temps fut comme suspendu à ce moment précis. Le château aurait pu être pris d'assaut par des brigands que Rheanne n'aurait pas même cillé. Mais Guilhem parut se ressaisir avant la brune et apparemment gêné, lui sourit en enlevant la main de la jeune femme de son épaule. Léger frisson... Était-ce un nouvel avertissement ?Ou bien se sentait-il perturbé par la proximité de la jeune femme ? Encore un geste ambigu de plus que Rheanne n'arrivait pas à appréhender. Mais ce petit jeu du chat et de la souris ne lui déplaisait pas. Peut-être qu'ainsi elle pourrait en savoir plus sur lui qu'il ne pourrait lui dire.


Tu a eu au moins le mérite de me surprendre…

Dit sur un autre ton, Rheanne aurait pu se sentir fière de la remarque de Guilhem mais le soupir qui l'avait suivie ne collait pas avec un compliment du maître à son élève. Pourtant la surprise ne pouvait-elle pas un atout ? Et voilà que Rheanne commençait à mettre en doute le maître.
Mais pas le temps de réfléchir, Guilhem s'éloigna de la fenêtre pour rejoindre une table encombrée qu'elle n'avait pas remarqué à son arrivée dans les lieux.

Et il reprit la parole tout en contemplant la table et ce qu'elle cachait. Puis il se tourna vers elle et lui parla. Elle lui répondit en souriant et sur un ton un peu taquin


Pouvais-tu penser que je refuse d'être éduquée sur les armes ? Alors qu'une si belle occasion se présentait à moi ? Non je ne pouvais décemment pas refuser.
Tu ne t'inquiètes que de ton capitaine ? Je pense plutôt que tu devrais imaginer la tête que faisaient tous ceux que j'ai pu croiser. A croire qu'ils n'ont l'habitude ici de ne recevoir que de la demoiselle bien apprêtée.


Le ton était assuré et léger ne laissant trahir aucune émotion particulière à croire que les leçons portaient leur fruit, mais elle ne put réprimer une imperceptible rosissement des joues lorsqu'il la regarda avec insistance. Essayait-il de déceler une faille ?
Puis le jeune homme se rhabilla prestement. Il était vrai que Rheanne n'aurait jamais dû le voir ainsi. Un noble à moitié nu devant une paysanne !! Heureusement que le capitaine n'avait pas fait irruption dans les lieux, il aurait certainement pris la malheureuse par le collier pour la jeter dehors sur principe qu'elle portait atteinte au comte. Et allez expliquer à une brute qui ne parle pas un mot de votre langue que vous êtes simplement rentrée au mauvais moment...

Un bruit sec la ramena à la réalité puis un deuxième. Elle plissa les yeux, dérangée par les craquements. Ils allaient en venir aux mains ? Pourtant elle avait signé pour les armes et non pour un corps à corps.
Puis la présentation de la « décoration » de la salle. Et voilà le comte laissait la place au professeur. Et Rheanne prit le rôle de l'élève. Cela la distrairait peut-être de ses interrogations. Et n'était-elle pas là pour cela?

Loquace, le professeur commença à lui indiquer d'un large geste les nombreuses armes présentes, armes dont la plupart était inconnue à l'élève. Puis se reconcentrant sur la table, il retira le tissu pour laisser découvrir des armes mais toutes faites de bois.

Il était plus sage de commencer l'entrainement avec des artefacts d'armes. Car s'il ne connaissait pas encore la fâcheuse tendance de la jeune femme à la maladresse, il avait le mérite de prendre les précautions nécessaires pour son intégrité physique.


As-tu des questions avant que cette leçon commence… Sache que toutes les questions peuvent être posées ici… Et sur tous les sujets… Sur les armes, le château, mes gens, ou même sur…moi…

Le regard de Guilhem changea d'un coup. Il lui laissait enfin la parole mais pour qu'elle lui pose des questions. Sur les armes, soit c'était la raison de sa venue (enfin une des raisons). Mais sur ces gens, son château... Il était évident qu'elle brûlait de le connaître plus sur lui.
Jusque là, elle avait réussi à garder son calme et ne point montrer de défaut. Mais là, c'en était trop. Quelle idée pouvait-il avoir d'elle ? Une sombre coureuse de titre et de beau parti ?
Parce que c'était ainsi que Rheanne avait pris son regard perçant et sa permission de poser les questions qu'elle voulait. Il la sondait, c'était certain, il voulait savoir ce qu'elle lui voulait.

D'une voix sèche, elle lui répondit.


Poser des questions sur ton château ? Tes gens ?
Penses-tu que je ne sois qu'une péronnelle à l'affût du noble qui passe dans la région ?
Penses-tu que je ne puisse être là que pour servir mes intérêts ou de sombres desseins ?


Sachant qu'elle commençait à s'emporter, elle descendit de suite d'un ton pour le regarder l'air déçu et triste.

Tu pourrais être un vanupied que je serai la même avec toi.

Les bras ballants, elle restait là à le fixer, espérant de tout cœur se méprendre sur la signification de ce regard bleu qui en cet instant venait de la blesser. Que l'ambiguïté ou les multiples interprétations peuvent parfois faire souffrir.
Guilhem
Les sourcils se froncent… Il l’écoute parler… Sans rien dire… Comment pouvait-elle penser cela de lui… Pour une fois depuis leur première rencontre, une déception arrivait… Et pas du côté qu’il aurait pensé… Il se recule un eu… Prenant appuie sur la table, bras croisé sur le torse… Regard qui se détourne vers la fenêtre…

Crois tu vraiment que je t’aurais invitée ici, si je pensais cela de toi… ? Des coureuses de titres j’en croise tous les jours… Je sais les reconnaître… Je sais que tu es différente de toutes celles là…

Il mentait assez bien… Certes il avait déjà eu à faire à ce genre de demoiselle… Prête à tout pour trouver le lit d’un noble, prête à tout pour leurs arracher le cœur… Il en avait connu, et n’était pas allez plus loin qu’un simple « N’allez pas vous fatiguer en vaine paroles… Je suis déjà promis… » Presque toutes avait fait demi-tour aussi tôt la phrase prononcée… Certes il y en avait qui étaient restées… Très peu… Il les avait encore repoussée… Les péronnelles ne l’intéressaient nullement… L’amour des titres n’était plus son genre…

Mais depuis quelques temps, il ne rencontrait plus ce genre de personnes… Il les évitait même… Il s’empoisonnait pour éviter que si une personne arrive à pénétrer son cercle cette dernière n’ait pas le bonheur de pouvoir lui arracher ce qu’il possédait sur le simple fait qu’il serait à nouveau père… Mais comment Rheanne pouvait-elle savoir cela… Elle savait juste ce qu’il lui avait laissé entendre de sa vie… Père de deux enfants illégitimes qu’il n’avait pas vu depuis leurs naissances… Elle ne devait pas savoir le reste… Rien que cela devait suffire à créer une certaine distance entre eux… Enfin il l’espérait… Parce qu’au fond de lui, il se sentait quelque peu attirer par sa présence… Troublé… Mis mal à l’aise par chacune de ses phrases qui lui laissait entrevoir un peu plus de lui…

La tête se tourne vers la brune… De ses azurs il la fixe longuement, sans rien dire… Son visage ne trahissant aucune émotion… Il ne sait plus comment la prendre… Il ne sais plus que faire… Du pouce de sa main dextre il fait tourner sa chevalière à ses armes sur son annulaire… Signe de nervosité chez lui… Il prend une profonde respiration…


Mais si tu juges que je pense cela de toi, alors il ne te reste plus qu’à partir… Je ne mériterais pas ta présence en ce lieu… Pas plus que de t’apprendre quoi que ce soit… Un Maistre avec des préjugés sur son élève n’est bon à rien… Si ce n’est à donner de mauvais enseignement…

Profond soupir… Il n’arrive pas à comprendre… Pourquoi est-ce qu’elle arrivait à le mettre dans cet état… Alors que n’importe qui d’autre prononçant de tels propos devant lui se serait vu renvoyé céans… Avec elle il n’y arrivait pas… Il se saisit sans même s’en rendre compte d’une dague en bois… Eprouvant de son pouce le « tranchant » de la lame… Ses yeux se baissent sur l’arme, se rendant aussitôt compte de ce qu’il faisait, sans pour autant s’arrêter… Il se redresse… Fixe de nouveau Rheanne… S’avance pas à pas…Lentement…laissant résonner dans le silence de la pièce le bruit des ses bottes heurtant le sol à chaque enjambées…

Plus il se rapproche d’elle, plus son visage semble laisser passer ses émotions… Le trouble s’installe de plus en plus au fur et à mesure qu’il s’avance… La dague toujours à la main… Il ne peut s’empêcher de sourire du coin de la bouche devant elle… Et là, à quelques pieds d’elle, il fait virevolter la dague dans les air, la rattrapant par la lame qu’il testait de son pouce précédemment… La lui tendant… Ses yeux azurs se font moins froids, moins durs…


Le choix t’es propre… Apprendre ici avec moi… Ou en dehors des murs de ce castel… Avec tout ceux qui voudront bien t’enseigner…

Et dans sa tête résonne les mots qui aurait du finir sa phrase si il n’avais pas eu cette peur de tout ce qui pourrait se passer…Car je suis sûr que nombreux serait les Maistre d’armes qui voudrait bien t’apprendre sans rien réclamer en retour, qu’un simple regard de ta part… Et comme si il avait été surpris d’avoir ainsi pensé, il tourne la tête vers la porte… Tentant de reprendre le contrôle de lui-même… Calmer sa respiration… Se souvenir de la première leçon qu’il lui avait donnée… Ne pas montrer ses faiblesses… Ne pas se laisser abattre par sa propre peur… Etre tel que l’a été son père… Un monstre sans cœur aux yeux de ceux qui le croisaient… Un homme au grand cœur pour ceux qui le connaissait réellement…

Son visage revient sur celui de Rheanne…


Fait ton choix…Choisis ton destin…

Puis un peu plus bas… Comme si l’on pouvait surprendre à tout moment les mots qu’il prononçait…

Là est la deuxième leçon que je t’aurais au moins enseignée… Celle de ne jamais te fier aux apparences… Elles peuvent être trompeuses… Fie toi à ton cœur… Si tu n’obéis qu’à ta tête tu ne feras jamais rien de bon… Laisse ton cœur parler pour toi, et tout sera beaucoup plus simple…

D’un geste, il rapproche la poignée de la dague vers elle… Sa vie lui appartient… Il n’était après tout pas là pour la guider…Juste pour tenter de lui apprendre ce qu’il savait… Rien de plus… Enfin croyait-il…

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Rheanne
La colère et l'incompréhension qui l'habitait l'instant d'avant s'évanouit immédiatement à la réaction du Comte à ses paroles indignées. Depuis sa tendre enfance, on lui avait appris à ne pas tergiverser et faire parler ses pensées. Même si elle avait bien retenu la première leçon du maitre d'armes, à savoir ne laisser paraître aucune faille, elle ne pouvait pas, sans se renier elle même, garder pour elle tout ce qui la touche surtout envers ceux qu'elle apprécie. Même si en définitive, même devant ses ennemis, elle ne savait réprimer la moindre de ses pensées, agréable ou non.

Mais à voir la réaction de Guilhem, il ne semblait pas être habitué à entendre de tels discours. Qu'attend-il de la brune ? Une totale liberté de parole ou bien simplement une présence pour un divertissement de quelques temps ?

Recul du jeune homme, détour de son regard vers la fenêtre. Encore vers cet ailleurs, pense Rheanne. Il se met à parler et elle baisse la tête. Ainsi donc, elle ne se trompait pas tant que cela. Nombre de femmes l'approchaient pour sa position. A y réfléchir, elle repense à quelques paroles qu'il lui avait tenu à leur première rencontre. « Tu souffriras, comme toutes les autres ». Mais avait-il déjà tant souffert de manipulations féminines qu'il préférait présentement toutes les écarter ainsi.

« Tu es différente ». Le pense-il vraiment ? Ou est-ce une autre ruse pour la mettre en confiance ?

Mais pourquoi Rheanne avait ce réflexe maladif de décortiquer tous les propos et de n'en extirper que ce qui pourrait lui nuire ? Réflexe ridicule de protection et démontrant sans peine un manque de confiance en elle.
De sa vie, elle n'avait pas vraiment souffert de la perfidie des hommes et de leurs regards enjôleurs. Mais cette attitude de méfiance lui avait plutôt réussi jusqu'à ce jour... Jusqu'à ce jour... Aucun n'avait réussi à détourner la jeune femme de son chemin. Mais lui... Elle regarde elle en direction de l'horizon laissé à découvert par la fenêtre.
Est-ce une énième épreuve, comme toutes les autres, envoyée pour Aristote ou juste un cadeau qu'Il lui fait en cette rencontre ?
Pour la première fois depuis de longs mois, la réponse qu'elle ressentait n'était pas de celle qui l'obsédait. Un léger voile passe devant ces yeux. Elle sait qu'elle devra faire un choix. Elle le sent déjà mais ne peut se l'avouer. Pas encore.
Que faire ? Écouter son cœur ou sa raison ?

Le jeune comte reporte ses yeux sur elle alors qu'elle regardait elle aussi vers cette même fenêtre, peut-être aussi loin que lui même l'instant d'avant. Son regard persistant sur elle la fait revenir dans la salle d'arme. Et les prunelles noires viennent à la rencontre du ciel bleu de ses yeux puis sa tête suit lentement le mouvement pour lui faire face. Elle tremble légèrement craignant d'avoir eu des paroles qui seraient fatales à leur relation.

Il semble nerveux jouant de sa chevalière. Elle craint fortement les prochains mots du jeune homme. Allait-il lui demander de prendre congé ? Elle sait déjà que cela lui serait pénible, que cette rencontre inattendue un soir de taverne ne peut être qu'un hasard. Elle doit savoir la raison de celle-ci, Sa raison...

Elle n'ose pas ouvrir la bouche, aucun mot ne pourrait en sortir et au vu de ses dernières paroles, il valait mieux pour elle qu'il en soit ainsi. Alors Guilhem continue de parler et Rheanne ne peut que rester immobile, pétrifiée et attendre qu'il décide de son sort. La jeter comme une paysanne qu'elle est d'avoir ainsi porté le doute sur le noble qu'il est ou bien lui donner le choix. Elle ne le quitte pas des yeux, éprouvant quelques difficultés à garder une respiration calme tant la tension semble palpable.

Il soupire. Rheanne fronce les sourcils. Peut-elle déjà avoir réussi à l'agacer et à le faire regretter sa promesse de lui apprendre les armes ? Se concentrant sur l'air qui rentre dans ses poumons, elle attend. Il prend une des dagues en bois et s'amuse avec l'arme factice. Il s'approche d'elle ainsi armé doucement tout en ne la lâchant pas du regard. La pièce semble d'un coup se refroidir et le léger tremblement reprend possession de son corps. Mais est-ce vraiment le froid qui en est la cause ? Les pas résonnant dans la pièce ? Ou cette faille qu'elle sent grandissante ?

Il doit avoir pris sa décision et il allait lui en faire connaître la teneur. Il semble décider et ferme dans ses pas. Il s'approche, Rheanne devrait baisser les yeux pour connaître la sentence mais elle ne peut pas. Toujours tremblante, elle soutient son regard et croit déceler quelques changements qui auraient pu passer inaperçus pour la brune si elle n'était pas aussi en attente du moindre signe de sa part. Se peut-il que lui-même soit aussi troublé qu'elle et ne sache que faire ?
Elle ne remarque même plus la dague jouant dans sa main.
Et là, il lui sourit... Instant béat mais vite interrompu par un mouvement entre eux. Il s'arrête et semble lui tendre quelque chose. Elle baisse les yeux et voilà qu'il offre vers elle la poignée de bois. Elle relève la tête et rencontre un regard plus amical.

Elle aurait pu juré que ces yeux lui donnaient la seule réponse recevable pour le Comte sur le choix qu'il lui donnait. Seule réponse qu'elle peut elle-même donné en cet instant. Apprendre avec lui icelieu ou partir à la recherche d'un autre maitre.

Elle allait protester en lui déclamant que la réponse semblait évidente mais elle se ravise lorsque Guilhem détourne son regard quelques instants et revient vers elle. Elle lui répond calmement en souriant timidement.


Je pense que tu connais déjà ma réponse.

Tout bas, il lui dispense la deuxième leçon. Faire confiance à son cœur. Comment peut-il faire ainsi écho à ce qu'elle ressent. Se peut-il qu'il ressente cette dualité qui la déchire ?
Son cœur s'emballe, légèrement paniquée par cet écho à ses pensées. Elle le regarde l'air un peu triste et avec un vague sourire. S'il pouvait savoir la difficulté qu'elle éprouve à se comprendre elle même et à le cerner lui... Se fier à son cœur ? S'était justement ce qu'elle ne doit pas faire. Sinon, il pourrait encore la sermonner d'un « Tu finiras par souffrir et tu me haïras ».

Elle essaie de faire taire ce chambardement dans sa poitrine et continue sur le ton de la confidence.


Doit-on toujours se fier à notre coeur ? Est-il toujours bon conseiller ? Ne risque-t-il pas de nous aveugler ?
Tu l'écoutes toujours sans rechigner ? Tu suis chaque fois ce qu'il te dicte ?


Rheanne en doutait. Lorsqu'elle avait pu déceler en lui un soupçon d'intérêt envers elle, il s'ensuivait toujours d'une mise en garde ou d'un changement de comportement. Est-il lui aussi en proie à des doutes ?
Certainement d'une autre nature que ceux de la brune mais cette éventualité commençait à s'imposer à son esprit.

Puis sans le quitter du regard, pour lui montrer sa détermination, elle saisit fermement la poignée de la dague tendue vers elle.


Je ne sais si je scellerai mon destin par les cours que je suivrai avec toi mais je sais que je les désire.

Et si mes doutes n'ont pas entaché ton envie de m'apprendre, sois mon maître.


Rheanne serre si fortement l'arme dans sa main droite que les jointures de ses doigts se mettent à blanchir. S'il pouvait douter de sa motivation et de son envie de poursuivre son apprentissage et surtout sa découverte du jeune noble, elle espérait bien pouvoir le lui montrer d'une façon ou d'une autre.

Excuse moi pour mes paroles maladroites de tout à l'heure.

Mais... comment dire... j'ai une fâcheuse tendance à ne pas garder mes pensées pour moi-même.


Petit mensonge de la brune trahi par un rosissement des joues et sa main gauche replaçant la mèche rebelle derrière l'oreille. Elle ne peut décemment pas lui exprimer toutes les pensées qui lui viennent. Il l'a prévenu et elle sait que si elle lui fait part des quelques doutes qui l'assaillent, il tournerait court à l'apprentissage et s'occuperait de lui trouver un autre professeur.

Veux-tu qu'on reprenne le sujet des questions ?
Ou préfères-tu arrêter les bavardages et attaquer la pratique ?


Rheanne se détend peu à peu. L'arme dans la main lui donne une certaine contenance et une petite assurance, soit dit en passant ridicule puisque la dague n'est faite que de bois. Elle lui sourit de cette façon directe et franche qu'elle lui accordait depuis qu'ils s'étaient rencontrés.

Elle était avide d'en connaître plus sur celui qui lui faisait face. Savoir si ce que lui souffle son cœur est digne de confiance ou non.
Guilhem
Il l’écoute pour l’instant, ne préférant répondre à aucune de ses questions… Il baisse les yeux, voit les jointures des doigts de la brune qui blanchisse… Colère… Douleur… Rancœur… Que pouvait-elle bien ressentir en ce moment pour être aussi crispée… Sur ce point, il avait encore du mal à discerner les sentiments des gens…

Veux-tu qu'on reprenne le sujet des questions ?
Ou préfères-tu arrêter les bavardages et attaquer la pratique ?


C’est toi qui vois… C’était là la seule pensée qui arrivait à lui traverser l’esprit, mais qui ne franchissait pas le mur de ses lèvres… Il relève la tête, la fixe à nouveau droit dans les yeux… Que lui dire… Lui avouer qu’elle avait peut-être raison sur son sujet ? Qu’il ne suivait pas toujours son cœur… Non... Ce serait trop dévoilé… Et puis elle ne savait pas tout de lui… A quoi bon lui avouer certaines choses qu’il lui était préférable de ne pas savoir… Il se recule vers la table… Saisit une des épées en bois… Regarde la lame, comme pour en juger de son efficacité… Puis se retourne…

Nous passerons à la pratique alors… Après tout je t’ai promis des leçons… Non des bavardages….

Une nouvelle fois ses yeux partent en direction de la fenêtre…, puis revienne sur la salle après quelques secondes…

Nous ne commencerons pas l’escrime à l’épée… Du moins pas les différentes gardes possibles… Si tu connais celle-ci, tu seras capable de les percer…. Connaître une garde, c’est connaître la faiblesse de celle-ci…

Il s’approche lentement d’elle…Saisit le poignard de bois, et le lance de l’autre coté de la salle…

Pour le moment, tu n’as pas besoin de ça…

Il la remplace aussitôt par l’épée… Un peu plus lourde, puisque forcément plus grande… Mais bien moins pesante qu’une vraie épée… Bien moins que celle de son père, qu’il lui avait laisser porter quelques minutes… Il s’éloigne de quelques pieds… La regarde de pied en cape… Avec un léger sourire au coin de la bouche… Murmure presque inaudible…

Si tu n’avais pas un visage si…. délicat, l’on pourrai croire l’une de ses femmes guerrière…

Il tape un coup dans ses mains, se les frottant ensuite… Le regard change, passe de celui troublé à un bien plus déterminé…. Le léger sourire se transforme une nouvelle fois en sourire carnassier… Il hoche de la tête, s’avance vers elle… Lui saisit les poignets tout en se plaçant derrière elle… Il avance le pied gauche de rheanne vers l’avant… Le droit en arrière, perpendiculaire au premier… Eviter qu’elle ne tombe pour le moment, cela serait mal venu… Les pieds étant en position il peux maintenant redresser son buste, pivote sur la droite, la tête regardant dans la même direction que le pied d’appui… Il descend maintenant la main gauche sur le pommeau de l’épée… place la droite au plus près de la garde… et les ramène au niveau des yeux ; du coté droit de la tête… Les mains se croisant… Plaçant ainsi l’épée à l’horizontale, dans la ligne des yeux… la pointe légèrement plus haut que la tête…


Il s’écarte… L’observe un instant… Il sourit de plus en plus…


Voilà ce que ceux qui ont étudié l’escrime appellent la fenestre dextre… c’est l’une des sept gardes principales… Cette garde te permet de te protéger des coups au niveau de la tête et des épaules… Ainsi que des coups dits de tranchants… Laissant ainsi le bas du corps complètement a découvert…

Il revient se placer derrière elle… Replaçant l’épée au même niveau que tout à l’heure, les bras de la demoiselle commençant à fatiguer de la position statique… Il vient coller sa bouche près de son oreille…

Cherche à visualiser une attaque sur tes jambes… Et comprends pourquoi cette garde ne te servirait à rien… Aucune garde n’est parfaite… Il y a toujours une faiblesse…

Il s’arrête un moment… Ses sourcils se froncent… Il vient de réaliser la position de son corps aussi proche du sien, l’odeur qui émane de la brune… Instinctivement, il ferme les yeux pour mieux capter les odeurs… Sa bouche s’approche lentement du coup pâle de la jeune femme…… Mais il reprend ses esprits avant qu’il n’ait pu goûter à sa peau… Secouant légèrement la tête pour reprendre ses esprits… Il reste ainsi un petit moment sans de nouveau savoir quoi dire, ni que faire… Lui qui avait l’habitude d’agir comme bon lui semblait… Avec elle il n’arrivait pas à être l’homme avide de chair et sans cœur qu’il était auparavant… Elle te haïra un jour si tu succombe… tel était les seuls mots qui tournaient en boucle dans sa tête…

Il lâche prise… Retourne près de la table… Se saisit du deuxième poignard en bois, et viens se placer face à Rheanne… Dague en main, position de défense, l’arme au niveau de ses yeux pied gauche en avant, le droit en arrière, comme pour la garde qu’avait adopté de force la brune… La main gauche au niveau du torse… Il la fixait de ses yeux… Le sourire c’était cette fois transformer en sourire crispé… Encore du aux dernières instants près d’elle…


Maintenant attaque moi… Ne cherche pas à comprendre et attaque…

Il la voit hésiter un moment… Une épée contre un poignard, même de bois, elle pourrait le blesser… Mais tout cela, il s’en moquait… Il avait suivit les enseignements des plus grands… Il savait parer à toute attaque de…débutant… L’hésitation toujours lisible dans les yeux de la brune, il se met à gronder, bien plus fort que précédemment…

Attaque !

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Rheanne
Pourquoi à chaque regard qu'il pose sur la jeune femme, celle-ci se sent vidée de toutes ses pensées rationnelles ? Comment peut-il avoir un tel effet sur elle ? Elle qui s'était toujours évertuée à ne pas se laisser ainsi envahir. Elle qui avait lutté, toujours lutté pour être fidèle à sa ligne de conduite et toujours certaine de son avenir. Mais voilà que ce jeune homme débarque dans sa vie et en si peu de temps réussit à troubler autant la brune dure et inébranlable.
C'est ce qu'elle se demandait chaque fois que ses yeux bleus essayaient de la sonder. Avait-il conscience de ce qu'il provoquait chez elle. Rheanne est certaine que c'est le cas, à voir la façon dont il passe d'un sourire enjôleur à celui d'un prédateur.

Et là devant lui, elle est prête à rendre les armes, à laisser ce cœur qui bat à nouveau lui transpercer la poitrine.
Mais elle ne doit pas se laisser aller et ne doit penser qu'au but raisonnable de sa venue icelieu. Apprendre le maniement des armes.

Peut-il voir dans ses yeux, cette prière, cette supplique lui demandant de ne pas faire sauter les derniers remparts de sa raison ?

A coup sûr, puisque le jeune comte retire son regard bleu de la brune et retourne vers la table des armes factices. Rheanne le suit des yeux à la fois soulagée de ne plus se trouver sous son regard perçant et peinée de cet éloignement temporaire. Elle se surprend à scruter le moindre de ses mouvements à l'affut d'un geste, d'une attitude qui pourrait trahir son sentiment à son égard. C'était loin de ses habitudes mais à ses côtés, elle se sentait une autre, une autre qui résonner en elle, comme si elle se réveillait d'un profond sommeil.
Ne pas y penser, revenir au présent, de rien laisser paraître pour ne pas le faire fuir. Voilà ce qu'il lui fallait et là il lui donne l'occasion de chasser ses folles idées naissantes dans son esprit. L'entrainement, voilà qui va certainement redonner de l'aplomb à la brune. Se concentrer sur des tactiques et techniques.

La jeune dragon de l'Ost Mainois tente de prendre reprendre possession de ce corps de jouvencelle pour apprendre les leçons promises. Elle devait faire honneur à son armée et ne pas se laisser distraire. Il se retourne, jette un œil à la fenêtre. Maudite fenêtre... Si la pièce avait été apprêtée de rideaux, pour sûr que Rheanne aurait pris soin de masquer cette échappatoire. Mais ce n'était pas le cas. Et puis une salle d'arme équipée de rideaux ne rimerait à rien, ces pièces ont besoin de lumière. Où Rheanne avait donc la tête ?!

La leçon. Elle revient. Il s'approche lentement et lui retire la dague de bois qu'elle tenait encore dans sa main droite. L'arme factice vole à l'autre bout de la pièce. En d'autres temps, Rheanne aurait sursauté par le geste brusque, mais rien, pas un battement de cil, elle maintient son regard. Jusqu'à ce qu'elle sente un nouvel objet en sa main droite. Elle baisse la tête et y découvre une épée. Toujours de bois mais nettement plus impressionnante que la dague. L'arme touche terre mais la jeune femme sent son poids plus important dans son poignet le poids. Elle repense à la fois où Guilhem lui avait mis entre les mains son épée. L'épée de son défunt père. Pourtant cette fois-ci aucune énergie ne se dégageait et ne l'irradiait. Se pouvait-il vraiment que l'arme paternelle soit habitée d'une quelconque force et que Rheanne avait pu la ressentir ce fameux jour ? Elle commençait à y croire. Elle ne s'était donc pas trompée. Elle le regarde s'éloigner pour admirer le résultat. Elle le voit sourire et murmurer. Avait-il remarqué qu'elle tenait l'épée comme un fardeau, ne sachant comment s'y prendre ?

Il s'anime, jouant de ses mains. Elle reste là impassible, attendant des instructions sur son maintien ou un reproche sur sa posture. Mais rien ne vient dans l'instant. Il semble laisser place au maitre d'arme face à son élève. Rheanne respire profondément, peut-être que cela l'aiderait à rester concentrée sur leur leçon. Du moins, elle l'espère.
Il s'approche et se place derrière elle. Léger trouble de la brune. Elle ne bouge pas d'un pouce et maintien toujours l'épée de sa main droite. Elle se laisse guider par les instructions silencieuses du jeune homme. Il pousse son pied gauche en avant et le droit en arrière,il positionne chaque partie de son corps dans une position inhabituelle pour la jeune femme mais elle se laisse faire. Rester concentrée et penser à son équilibre. Voilà les seules pensées qu'elle s'autorise.
Les mains de la jeune femme sont délicatement orientées correctement sur le pommeau de l'épée. Il lâche la pression sur ses mains et s'écarte. Rheanne sans instruction décide de ne pas bouger tout en risquant un regard vers lui en quête d'une critique ou d'une approbation. L'épée lui semble lourde ainsi tenue à bout de bras mais elle ne fléchit pas. Il la regarde et elle veut qu'il soit fier d'elle, fier de son élève.

Il sourit franchement, elle doit réussir le test. Elle répond à son sourire et écoute l'explication tout en priant qu'elle ne serait pas trop longue, l'épée ayant du mal à rester plus haut que sa tête. Rheanne possédait sa propre épée mais elle ne l'avait jamais tenu ainsi et pour dire vrai, l'arme trônait plus souvent à sa ceinture ou dans sa chambre d'auberge que tenue ainsi à bras. Si ses recruteurs savaient cela, pour sûr qu'elle serait immédiatement remercié de l'Ost. Un dragon ne sachant même pas tenir une épée. Mais Rheanne était décidée à changer cela. A prendre sa vie en main. Sa vie et son destin.

Elle opine du chef indiquant au maitre qu'elle comprenait les explications et réaffirme ses appuis de jambe en essayant d'imaginer sa posture et visualise ses défaillances.

Il revient. Une nouvelle garde ? Rheanne attend à l'affût de ses gestes pour suivre leurs indications. Elle semble être maître de ses émotions et en total harmonie avec sa condition de soldat et d'élève. Imperturbable.
Il se poste à nouveau derrière elle. "Concentre toi".
Il abaisse ses bras la délivrant quelque peu du poids de l'épée de bois. "Tu es un soldat".
Elle regarde droit devant... Sent son souffle à son oreille. Voix suppliante dans sa tête. "Il est si prêt ". L'ordre du soldat revient. "Reste calme ". Elle ferme les yeux et se concentre sur les mots que le maitre prononce. "Les mots, sombre idiote et pas sa présence. La leçon ! ". Rheanne aurait aimé en cet instant ne pas être soldat et laisser cette faille l'envahir.

Elle tente de faire abstraction du souffle à son oreille et rouvre les yeux pour fixer la table en face d'eux. Les mots.


Il y a toujours une faiblesse…

Toujours une faiblesse. Pouvait-il sentir son trouble ? Non, non, il parle de la garde. "La garde !!!"
Mais il est si prêt, si prêt qu'elle pourrait presque sentir sa poitrine se soulever contre son dos. Si proche qu'elle en est paralysée. Si proche, qu'elle craint qu'au moindre de ses mouvements, il ne s'éloigne. Elle ferme à nouveau les yeux et se mord la lèvre inférieure. Tellement concentrée à se ressaisir, elle ne comprend pas que la bouche du jeune homme s'approche de son cou laissé à découvert. Elle ne ressent qu'un trouble encore plus fort, léger frisson incompréhensible pour elle et sa respiration s'accélère, son cœur s'emballe. Rester calme. Elle était sur le point de vaciller et de se retourner prestement pour lui faire face lorsque la première leçon lui revient : « Ne pas montrer ses failles ». Puis la deuxième « Fie toi à ton cœur ». Comment deux leçons pouvaient à ce point être contradictoires ?

Mais Guilhem ne laisse pas le temps à Rheanne d'opter pour l'une ou l'autre des préceptes. Elle entend un mouvement, il s'écarte. Elle rouvre les yeux tentant de chasser le trouble et reprendre le contrôle de ses pensées et de ses émotions. Malgré sa rapidité, elle ne peut effacer toutes ses sensations et paraît troublée lorsque le comte se poste au devant d'elle, poignard en main.

Il adopte la posture qu'il vient de lui apprendre. Il lui semble si agile alors qu'elle même avait eu l'effet d'être une réelle souche mais qui se pliait pourtant comme un roseau entre ses mains.

Maitre et élève se font face. L'un souriant étrangement et défiant l'autre du regard.


Maintenant attaque moi… Ne cherche pas à comprendre et attaque…

Comprendre, c'était bien là le drame de Rheanne. L'attaquer ? Mais devient-il fou ? Les armes ont beau être en bois, elles n'en restent pas moins dangereuses. Elle ne craint pas pour elle même. Ces derniers temps, elle aurait même accueilli la délivrance finale avec soulagement. Mais un accident est si vite arrivé et si elle devait porter atteinte au comte même ne serait-ce qu'une simple éraflure, pour sûr que l'Occitan saurait lui faire rejoindre Aristote plus tôt que prévu. Un regard rapide vers la porte de la salle d'arme. Avec le raffut des dernières minutes, personne n'était survenu dans la salle, Rheanne en convient donc que les gardes ont vite retrouvé leurs occupations.

Attaque !

Les mots sont durs et froids. Elle sait que c'est l'exercice et l'apprentissage. Il doit se montrer ferme avec elle et la ramener à la leçon. Il a dû comprendre qu'elle n'est pas assez concentrée.
Rheanne fronce les sourcils, voulant faire abstraction de ce qu'il était, de ce qu'il commençait à être à ses yeux. Un professeur. Ni plus ni moins. Et elle l'élève.
Elle doit penser en guerrier, comme si elle défendait sa propre vie ou celle de ceux qui lui sont chers.

Elle reporte son attention sur sa position, celle qu'il lui avait montré l'instant d'avant. Quand il était si proche. "LA LECON !!! " Elle maudit cette voix dans sa tête. Son regard se rembrunit, elle redevient dragon et élève.
La fenestre dextre. Qu'a dit Guilhem sur la faiblesse de cette garde ? Bas du corps complètement à découvert. C'est donc qu'elle doit attaquer les jambes du maitre. Ne pas chercher à comprendre, il faut donc y aller derechef.

De sa posture de garde, Rheanne n'avait bougé que ses bras pour reposer la pointe à terre. Ses pieds toujours en appui sur le sol, elle releva l'épée de bois des deux mains et tout en regardant intensément Guilhem de ses prunelles noires, elle bascule ses poignets pour ramener ses mains au niveau de son bas ventre et ainsi tenir la lame verticalement devant elle, pointe vers le haut.
Elle prend une profonde inspiration. Et sans réfléchir, au plus rapide qu'elle peut, elle tourne le buste pour amener l'épée sur sa droite et lui donner de l'élan. Elle ramène ses bras au devant d'elle, en direction de Guilhem tout en faisant pivoter ses poignets vers le sol pour diriger le tranchant de l'épée vers les jambes de son professeur.

Elle ne doute pas qu'il saura réagir et parer le coup alors elle donne un maximum de force dans ce coup porté bas.
Guilhem
Enfin elle se décidait à attaquer…Durant une fraction de seconde ses yeux se ferment… Le temps pour que ses poumons se vident, et le voilà en mouvement… Sa main se baisse aussi rapidement que le coup porté arrive, la lame du poignard viens heurter celle de l’épée en plein centre, la main libre viens saisir le bois de l’arme de Rheanne, lui laissant ainsi le loisir de pouvoir faire glisser son poignard jusqu’à la garde… D’un simple geste sec, il tord la main de la brune, laissant ainsi l’arme s’échapper… La main senestre viens maintenant saisir l’épaule dextre, retournant ainsi dans un geste tout aussi rapide son élève… Une simple pression du pied sur l’arrière du genou suffit à la faire fléchir et tomber à genoux… Il saisit sa tête du plat de sa main, mimant le fait de saisir ses cheveux, et la lui tend en arrière… Le poignard vient se placer sur sa gorge… Mouvement lent à l’horizontal de la lame en bois…

Tu es morte…

Il éclate de rire un instant devant la mine ébahie de son élève qui ne s’attendais sûrement pas à cela… Bien qu’elle sache pertinemment que son maître était plus doué qu’elle… Une lame de poignard face à celle d’une épée ne devait lui laisser aucune chance… C’était sans compter sur le temps qu’il avait passé à manier les armes, et à apprendre auprès des meilleurs bretteurs de ce royaume… Et ce depuis sa plus tendre enfance…

Ce coup là était l’une des leçons que lui avait enseigner sa tante, alors qu’à l’époque il venait de quitter de force les girons maternels… Il y a des années… Comment avait-il pu autant changer… Lui qui à l’époque était l’élève modèle, et qui désormais faisait la honte de son maître…

Il secoue légèrement la tête pour sortir de ses souvenirs… Le temps n’était pas au passé, mais au présent… Il changeait, il devait continuer sur sa lancée, et enseigner ce que l’on lui avait appris faisait parti de cela… En enseignant il se voyait à travers son élève… Il comprenait toutes les erreurs qu’il avait commises depuis… Toutes… Il laisse tomber le poignard… Souris à Rheanne et lui tend la main pour l’aider à se redresser…


Heureusement pour moi que tu apprends… Sinon je ne sais si j’aurais pu parer l’attaque comme ceci…Nouvelle leçon pour aujourd’hui…Parer au centre d’une arme permet de stopper l’attaque… Pare trop près de la garde et tu perdras l’équilibre… Pare à la pointe de l’arme adverse, et tu détourneras l’attaque… Tu voit c’est aussi simple…

D’un geste sec, il la tire par le bras… Un peu trop violement puisque son élève finit par se cogner contre lui… Corps à corps imprévu… La phrase s’achève sur un silence… Troublé… Il prend une profonde respiration… Sa tête se rapproche lentement de celle de la brune… Dans un soupire pourtant, perdu au milieu de ses pensées interne il réussi à finir sa phrase…

…que cela…

Il vient coller son front au sien… Le sourire s’efface… Il n’arrive plus à ôter la pensée qui traverse son esprit inlassablement… Tu vas lui faire du mal… Arrête… Elle te haïra comme toute les autres… Il à un moment d’hésitation… La pièce autour de lui semble s’effacer… Une profonde inspiration, les yeux qui se ferment et les lèvres viennent finalement se coller… Son cœur s’accélère… Ce baiser dure seulement quelques secondes, mais pour le jeune Comte il s’est passé une éternité avant que les lèvres se décollent enfin… Il finit par ouvrir les yeux, ses joues s’empourprent… Ses yeux cherchent quelque chose autour de lui sans arriver à savoir quoi… Il cherche à fuir le regard de la brune…

Je n’aurais pas dû… Je… Je ne suis pas quelqu’un de bien…

Ses yeux finissent par fixer ses bottes… Il cherche une échappatoire sans pour autant la trouver dans cette tête qui pourtant d’habitude foisonne d’idées… Allez savoir pourquoi à chaque fois qu’il se retrouve dans cette situation, il finit comme un enfant que l’on aurait pris en train de voler une sucette…

Je ne fait que le mal autour de moi…

Les yeux finissent par se lever, pour fixer ceux de Rheanne… Le trouble est toujours là… Il ne peut empêcher l’irrésistible attraction qu’exerce le corps qui se trouve en face de lui… Les plongeant de nouveau dans un baiser, sans que la brune n’ai eu le temps de dire le moindre mot… Et de toute façon aurait-elle pu dire quelque chose, devant être sous le choc de l’action passé… Cette fois-ci ses bras ne reste pas sur les poignets de son élève… La main dextre vient se mêler à ses cheveux, la senestre se plaçant dans le bas de son dos… Encore un baiser qui semble durer des heures et qui pourtant ne dure que quelques instant de plus que le précédent… Au moment où les lèvres se quittent, cette fois Guilhem lâche Rheanne…recule de quelques pas… Totalement étonner de ce qu’il venait de réitérer… Son visage se décompose…

Non…Je ne voulais pas…

Il continue de reculer, pour finalement se retrouver adosser à la table qui contenait les armes factices…Ses yeux cherchent une issue, telle la bête traquée… Il faut qu’il évite son regard… Sinon il la perdra… Comme les autres… Rien ne peut se passer entre eux… Même si leurs différence sociales ne le gène pas, il ne peut rien officialisé avec elle… Il est déjà promis… Bien que son cœur lui…Reste toujours à prendre…

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Rheanne
Dès qu’elle se décide à attaquer, Guilhem se met lui aussi en action. Tout va vite, trop vite pour la jeune femme. Même si elle se doute que les armes vont rentrer en contact l’une et l’autre, elle est étonnée de la force provenant du choc de la dague et remontant le long de ses bras. Elle maintient l’épée de bois fermement alors que Guilhem lui saisit la main et la lui tord lui faisant ainsi lâcher son emprise. L’arme tombe à terre et le visage de Rheanne s’habille d’un rictus dû plus à la surprise qu’à la douleur.

Et le calvaire continue. Enfin la leçon. Elle n’est plus qu’une marionnette entre les mains du maître d’arme. Retournée, agenouillée de force, elle est là à terre lui offrant son dos. Vaincue, elle se laisse faire alors qu’il lui amène la tête en l’arrière et passe la lame sur sa gorge blanche. Elle déglutit avec peine imaginant sans mal la froideur de la lame et la tiédeur du liquide qui s’en serait suivi s’ils n’avaient pas été en situation d’entrainement.


Tu es morte…

Ces mots... Trois simples mots qui réveillent un douloureux souvenir vieux de plusieurs mois déjà. Elle pensait l’avoir oublié. Mais tout lui revient en l’instant. Elle ressent à nouveau la douleur des coups reçus, l’humiliation de n’avoir su répliquer et l’ultime menace : « Tu es morte ». Elle est là toujours genoux à terre semblant attendre la délivrance qui n’avait pas su arriver avant. Elle n’entend même pas le rire de Guilhem. Elle erre dans les brumes de son esprit. Pourquoi avait-il fallu que ce diable d’Angevin croise sa route et la prenne pour cible ? Ses poings se crispent, sa mâchoire se resserre. Elle se revoit prostrée pendant des jours telle une bête apeurée. Son regard se perd. Elle doit recouvrer la raison, ne pas se laisser submerger, ne pas se laisser envahir par la haine. Un bruit sourd la sauve de son propre piège. Le poignard tombe à terre et une main se tend vers elle. Elle regarde la main puis pose ses yeux sur lui, elle se sent perdue. Un sourire. Ce sourire. Son sourire. Sous le choc des émotions du passé, elle ne peut qu’attraper cette main pour qu’il la ramène au temps présent.

Elle ne peut quitter ses yeux, elle a besoin de se raccrocher à quelque chose, à quelqu’un. A lui, simplement à lui.

Nouvelle leçon. Elle a envie d’apprendre pour ne plus être cette pauvre chose sans défense. Pour être fière d’elle. Elle tente d’esquisser un sourire. « Pour que tu sois fier de moi ».

Il la relève d’un mouvement rapide, trop rapide. N’étant plus très maître de son corps, elle semble être une poupée de chiffon et ne contredit pas le mouvement. Si bien qu’elle finit contre lui. Le temps semble suspendu. Ils sont là, au beau milieu de la pièce, l’un contre l’autre. Elle sent la poitrine de Guilhem se soulever, elle ne peut rien dire, rien faire. Elle semble hypnotisée par le jeune Comte à mesure que sa tête se rapproche. Rheanne ne pense pas, elle ne pense plus. L’instant d’avant son esprit s’imposait et faisait monter la haine en elle et maintenant, il ne répond plus. Rien ne répond chez la brune. Elle est là, près de lui en plein abandon.

Impossible de résister pour elle lorsqu’il pose son front contre le sien. Elle ferme les yeux priant pour que ce moment ne s’arrête pas, ne s’arrête jamais. Plus rien n’existe qu’eux. Elle sent une légère pression sur ses lèvres et comprend sans ouvrir les yeux. Sa peau est comme électrisée. Elle garde les yeux fermés espérant sans doute ne rien interrompre. Mais Guilhem se ressaisit le premier et met fin à leur baiser.

Elle rouvre les yeux et l’observe le regard vide. Il semble perdu à cette façon de chercher à accrocher son regard n’importe où mais pas sur elle. Regrette-t-il ce baiser ? Pourtant Rheanne aurait juré qu’il n’en était rien mais à le voir ainsi, elle doute. La voix sourde de la raison se rappelle à elle. « Encore une de ses techniques. Déstabiliser l’ennemi pour mieux le mettre à sa merci. Quand vas-tu donc comprendre qu’il ne peut rien être pour toi. Il te l’a dit, il t’a prévenu. »

Mais Rheanne ne peut y croire, ne veut pas y croire. Mais il la fuit… Il regarde ses bottes. Va-t-il maintenant s’excuser pour ce geste ?


Je n’aurais pas dû… Je… Je ne suis pas quelqu’un de bien…

Je ne fais que le mal autour de moi…


Bingo. Son éternel discours. Elle sent la colère monter en elle. Comment peut-il l’attirer à lui, l’ensorceler et l’instant d’après la rejeter ainsi en cherchant à s’enfuir ? C’est là qu’il la fait souffrir. A cet instant présent où elle croit ressentir des sentiments contradictoires habiter le jeune homme.
Mais comment pourrait-il s’amouracher d’une paysanne comme elle ? Pour sûr qu’il dit vrai. Il les fait toutes souffrir et le confesser à ses proies lui permet de refermer encore plus le piège sur ses victimes. Elle voudrait se dégager de son emprise mais son corps ne répond pas.

Et il ne lui laisse même pas le temps de se ressaisir. Il semble revenir vers elle en la regardant de nouveau. Rheanne sent son esprit se vider. Elle n’a qu’une envie en cet instant, tendre sa main vers sa joue et la caresser, lui sourire tendrement et le prendre dans ses bras. Mais ses muscles ne répondent toujours pas et elle reste immobile devant lui, bras le long du corps.

Ses lèvres se rapprochent de son visage et elle se laisse embarquer dans le tourbillon d’un nouveau baiser. Elle fond sous ses lèvres et ne proteste pas lorsqu’il lâche enfin les poignets et que ses mains les rapprochent encore plus. Nouveau frisson tout le long du corps de la brune. Elle n’a plus aucune volonté, elle n’est plus que peau réagissant à la moindre pression de ses doigts.

Mais déjà il met un terme à leur étreinte. Il desserre son emprise et s’éloigne d’elle en reculant. L’absence de réaction de Rheanne a-t-elle eu raison de lui ? A-t-il pu croire qu’elle ne bougeait pas choquée de ses élans vers elle ? Elle n’arrive pas à déchiffrer l’expression de son visage.


Non…Je ne voulais pas…

Elle sent la colère lui monter. Il ne voulait pas ? Elle le toise incompréhensive et totalement perdue. Son regard se fait froid et dur.

Tu ne voulais pas ?

Il n’aurait pas pu lui faire plus de mal en lui enfonçant un poignard en plein cœur. Il ne voulait pas ? Elle sentait la déception l’envahir. Qu’il regrette le premier baiser soit, mais ne venait-il pas d’en redemander ?

Il recule encore, chaque pas raisonnant en Rheanne comme un coup de plus. Mais son mouvement de repli se trouve arrêté par la table des armes. Il est là devant elle incapable de bouger, le regard cherchant à nouveau une échappatoire. De prédateur, il devient proie. Et Rheanne compte bien en profiter. Pas question qu’il s’en sorte ainsi.

Elle entame son approche tel un félin, le pas lent. Elle jette un coup d’œil rapide à la table où est acculé Guilhem et observe rapidement de ce qu’elle a à lui offrir. Sa vengeance commence à prendre forme dans son esprit. Elle baisse légèrement la tête et le fixe de ses prunelles noires pour l’amener à capter son regard. Elle doit le garder concentré sur elle pour qu’il oublie ce qui se passe autour de lui et surtout ce qu’elle s’apprête à faire. Tout en progressant, elle fait un écart sur le côté comme pour le jauger. Elle sent qu’elle est maitresse de la situation et ne cache pas son plaisir. Elle se projette mentalement la position de la dague jumelle en bois. Elle maintient toujours son emprise visuelle, il faut l’occuper pour qu’il ne remarque rien. Passant près de la table, elle fait passer innocemment les doigts de sa main droite sur celle-ci et saisit la dague au passage. Doucement, imperceptiblement. Elle ramène l’arme factice lentement le long de son corps en la tournant vers l’arrière comme pour la dissimuler.

Elle s’approche lentement, dangereusement. Il est proche, si proche. Il est à elle, elle le sent. Lui si maître de ses émotions semble lui montrer une faille. La main armée de Rheanne tremble. Le souvenir du baiser lui revient en cet instant. Elle frisonne rappelant inconsciemment ses lèvres sur les siennes.

Elle doit se ressaisir, ne pas se laisser aller et s’engouffrer dans ses sentiments. « La Leçon !! » Voix maudite. Raison qui défaille mais qui tient bon quand même. Plus que quelques centimètres qui les séparent. Elle fait le dernier pas qui l’amène face à lui. Les deux corps sont proches mais ne se frôlent pas.

Elle tremble d’envie de diriger son visage vers le sien pour répondre à son baiser. Non ses baisers. Car s’il n’y en avait eu qu’un seul, Rheanne aurait pu penser que c’était une pulsion sans conséquence mais il avait récidivé. Il n’avait pu se suffire d’un seul. Et il s’était rapidement détaché d’elle comme s’il avait soudainement pris conscience de son erreur.

Mais Rheanne ne pouvait laisser une énième incompréhension les séparer. Elle devait en avoir le cœur net. Savoir une fois pour toutes ce qu’il attend d’elle. Elle prend le risque, elle se doute que l’instant qui vient la liera encore plus à lui ou bien détruira à jamais la magie qui semblait s’installer entre eux.

Elle lui fait face faisant mine de le défier. Son sourire s’efface. Elle ne baisse pas les yeux. Sa main gauche vient se placer derrière sa nuque mais ne fait que s’y poser. Elle n’exerce pour l’instant aucune pression. Quant à sa main droite, elle reprend de l’assurance et resserre son étreinte sur la dague de bois. Elle ramène son bras armé sur le côté et pointe soudainement la lame dans l’aine de Guilhem. Elle appuie légèrement sur l’arme faisant mine de le menacer de la faire pénétrer dans sa chair.

Elle lève un sourcil et lui murmure.


A toi maintenant de me rejoindre dans la mort… ou dans la vie.

Les derniers mots se perdent dans le baiser qu’elle lui impose en guidant la tête du jeune homme vers ses lèvres à l’aide de sa main gauche.

Je ne fais que le mal autour de moi…

Alors qu’elle lui signifie ouvertement qu’elle est sa proie, qu’elle ne peut lutter contre lui, la phrase revient à son esprit. Elle ne connait pas grand chose de son passé. Mais souffrir fait partie de la vie. La souffrance en est indissociable.

Et si elle doit payer cher pour laisser aller ses sentiments naissants, et bien soit. Elle a envie de lui crier que cela lui est égal, qu’elle sait qu’il ne pourrait lui faire de mal intentionnellement.

La brune ne peut se résoudre à retirer ses lèvres. Elle n'a pas sa volonté, ni sa force. Elle ne peut refouler ce qui se passe en elle dès qu'il est proche d'elle. Plissant ses yeux, pour retenir ses larmes, elle réaffirme son baiser en pressant un peu ses lèvres sur les siennes.
Guilhem
A toi maintenant de me rejoindre dans la mort… ou dans la vie.

La dague sur l’aine… Elle ne semble plus lui laisser aucun choix… Les lèvres de la brune se colle au sienne à nouveau… Le piège se referme lentement sur lui… Lui qui pensait que tout ce qu’il avait pu voir où ressentir de la part de son élève ne faisait partie que de son imaginaire… Il s’était trompé largement… Et par ce geste qu’elle faisait, elle le lui prouvait… Après de nouveau quelques secondes il finit ce baiser de lui-même… Il la fixe…Légèrement surpris… Malgré le fait qu’elle plisse les yeux, il arrive à se rendre compte de ce q’il lui arrive… Si elle savait dans quoi elle se lançait… Peut-être arrêterais d’elle-même… Peut-être s’éviterait-elle toute seule de souffrir… Il doit lui expliquer… Tout lui dire… Lui laisser le choix… Ne pas la forcer… Ne pas la faire croire que tout sera possible entre eux… Il ne peux ne peux lui faire espérer…

Il saisit lentement la dague posée sur son aine… L’écarte doucement… Posant son front contre le sien en même temps…


J’espère que tu te rends compte de ce que tu souhaites… Etre avec moi alors que rien ne sera facile… En sachant qu’il faudra tout arrêter un jour ou l’autre… Que tu ne pourra jamais être la maîtresse de ces lieux…

Il pousse un profond soupire… Que dirait-elle de lui si jamais il devait la jeter comme une malpropre simplement parce que du jour au lendemain, il en épousait une autre… Il se libère de son étreinte… Fait quelques pas dans la salle d’arme… Cherchant un moyen que cela ne se fasse pas…Mais rien... Il était promis à une autre…officiellement… Et il ne pouvait défaire ce serment qui mettait en jeu l’honneur de sa famille… Et celle de future belle famille… Deux grandes lignées… Il fini par secouer la tête…

Tu sais que je suis promis à une autre… Tu sais que je dois l’épouser… Et je n’y peux rien changer… Absolument rien… De plus…

Il se rapproche d’elle… la fixe de nouveau de ses azurs…

Si jamais il devait y avoir quelque chose entre nous… L’on te traiterait comme une catin… Comme une femme qui cours après des titres… Après la fortune… Les gens sont si… débiles…Pire que des Bretons par moment…

Encore une fois l’éternel soupir revient… A force de la fixé ainsi, l’irrésistible envie de l’embrasser reviens à la surface… mais il ne peut… Pas après ce qu’il vient de lui dire… Il la blesserait… Bien trop profondément…

Je ne peux faire ce choix… Je ne peux pas laisser dire de telle chose sur toi… Je ne veux pas que tu soit assimilée à ce genre de personne…

Il finit par se prendre la tête entre les mains…Secouant cette dernière violement, tentant de chasser ses idées… Mais elle reviennent sans cesse…

Il n’y a qu’un seul moyen pour que personne ne sache jamais rien… Nous cacher… Ne rien montrer au grand jour… Et même si je déteste cela… C’est la seule solution que j’aie pour te protéger… Mais ce choix t’appartiens…

Il finit par s’adosser à la table… Ses yeux repartent instinctivement vers la fenêtre… Aristote sait à quel point il aurait cent fois préféré se retrouver là bas… Sur un champs de bataille plutôt que de devoir décidé de l’avenir de cette jeune femme…

A ce moment, la porte grince… Un homme en livrées de Beaumont pénètre dans la pièce… Rien qu’à ses habits, le jeune comte sait de quoi il s’agit… Un messager… Le parchemin qu’il tiens dans son dos, lorsqu’il salut le Comte et Rheanne, le lui confirme… Il passe une main sur son visage, puis soupire de nouveau, regardant le valet…


Quoi encore… J’avais demandé à ce que l’on ne me dérange pas tant que je ne serais pas sortie de cette pièce…

La voix redevient instinctivement plus autoritaire… Le sang des De Vergy coule dans ses veines… Il sait faire face à chaque type de situation… Du moins presque toute… Et il sait prendre le ton qu’il faut dans chacune d’elle… Pour un valet, le ton autoritaire était de rigueur… Que le bougre sache qui est le maître des deux… Le regard noir accompagne l’intonation… Le valet finit par baisser les yeux… Il s’approche lentement du Comte, ne jetant aucun regard vers la brune… Arrivé près de lui, il lui glisse quelques mots à l’oreille… Guilhem fronce les sourcils… Regarde l’homme de pied en cape, tenant de réaliser ce qu’il venait de lui dire, et si il avait bien compris les ordres qu’on lui avait donné…

Que’m hès cagar ! Esplica !*

Le valet le regarde un peu surpris de voir son maître s’emporté dans la langue du sud… Mauvais signe pour lui… Il a intérêt à répliquer et vite… Il sort de son dos la missive, et la montre à son seigneur…

Je n’ai que ça…

Le jeune Comte gonfle ses poumons, puis hurle d’un coup sec en tendant la main…

Haut !**

Le valet s’exécute et donne la missive, puis s’écarte assez vite de la portée du Comte… Au cas où se dernier se décide de lui en décocher une… Visiblement pas le bon jour pour le déranger… La prochaine fois il demandera aux domestiques du castel si le Comte est de bonne humeur pour recevoir une nouvelle… Geste de la main de Guilhem pendant ce temps… Il le congédie… Une chance pour lui qui obéit prestement sans demander son reste… Une fois la porte fermée… Il fixe le cachet qui scelle la lettre… Une grimace déforme son visage… D’un geste sec il fait sauté le morceau de cire rouge… Il parcourt une première fois rapidement le contenu du parchemin… Son visage se décompose littéralement… Il blanchit à vue d’œil à la seconde lecture…

Diù vivant…***

Il prend une profonde respiration pour reprendre ses esprits, et aussi pour reprendre des couleurs... Regard vers Rheanne pour ensuite repartir vers la fenêtre…. Une légère moue sur le visage…

Je vais devoir te laisser… L’on m’envoie en mission en Alençon… Je ne sais pas quand je serais de retour, et je dois partir céans… Mon… Grand Maistre viens d’être attaqué par leur armée… Il est en mauvais état…

Il laisse choir sur le bureau la missive signé par le Grand Maistre… Il se redresse… Regarde encore une fois la brune…

J’espère te revoir à mon retour… Quelle que soit la décision que tu prendra… Je ne voudrais pas que tu me fuit pour tout cela…

Il reste face à elle, les bras ballant, ne sachant que faire… Prendre la direction de la sortie, ou bien l’embrasser une dernière fois… Peut-être même la dernière selon son choix… Et selon comment se finira son aventure en Alençon… Le regard perdu dans les yeux de Rheanne, il n’arrive pas à se décider…


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Traduction des phrases Gasconnes en Français pour les non-instruits...

* Tu m'exaspères ! Expliques !
** Vite !
*** Mon Dieu...

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Rheanne
Au baiser qu'elle lui astreint, Guilhem semble ne pas s'en offusquer de suite. Rheanne ne pouvant décemment croire qu'il puisse se sentir menacer d'une quelconque manière par la dague de bois, elle jurerait qu'il profite lui aussi de l'instant. Puis il retire doucement ses lèvres et la dague, vaine menace. Les fronts viennent à nouveau se rejoindre et il semble sur le point de lui confier quelques grands secrets.

Elle reste là, l'écoutant avec cet étrange sentiment que ce qu'il s'apprête à lui dire ne serait pas à son goût. Va-t-il lui expliquer qu'elle se trompe ? Qu'il ne peut répondre à ces attentes ?

Mais qu'attend-elle réellement la brune ? Guilhem s'en doute-t-il une seule seconde ? Et le sait-elle vraiment elle même ? Jusqu'à cet instant, elle n'avait agit qu'en refoulant sa raison, qu'en se laissant guider par son cœur. Avait-elle pris le temps de réfléchir où elle mettait les pieds ?

Mais là, avec les confidences qui n'en étaient pas, toute sa raison semble refaire surface. Comment a-t-elle pu se laisser ainsi aveugler par son coeur ? Guilhem avait raison, elle ne devait pas, ne pouvait pas montrer le moindre de ses sentiments à un noble. Elle serre les poings, les phalanges blanchissent sous la pression. Elle, pauvre paysanne. Lui, noble et chef de famille renommée.

La douleur s'insinue petit à petit dans ses entrailles. Pense-t-il qu'elle ne le sait pas. Qu'elle ne se rappelle pas qu'il est promis à une autre. Et quelle autre, une gamine d'une dizaine d'années. Comment lui qui sait si bien imposer sa volonté pouvait-il accepter une telle union.

« La noblesse, l'honneur, ma fille, tout ce qui te fait défaut... », la voix de la raison cinglante et triomphante de lui montrer son erreur.

Il se rapproche et cherche son regard. Elle aimerait le repousser, l'empêcher de faire un pas de plus. Sa raison veut le fuir mais le cœur paralyse ses membres. Elle sait tout cela. Elle souhaite juste qu'il arrête de lui montrer la réalité, la dure réalité qui ne fait que les éloigner. Elle se décide à suivre sa raison et lui tenir tête. Elle relève la tête et croise son regard. Ses yeux bleus la fixe et lui enlève toute parole.

Si jamais...

Comment ? Rheanne n'ose y croire. Il vient d'évoquer la possibilité d'une relation. Rheanne s'y accroche comme un naufragé à une planche de bois flottant sur un océan sans fond. Elle manque de couler pour de bon lorsqu'il lui indique les conséquences d'une telle situation.

Une catin ?

Léger temps de réflexion. Voilà tout l'avenir qui s'offre à elle. Devenir la catin d'un comte.
Alors qu'elle avait une vie paisible avec un compagnon aimant mais quelque peu absent, elle avait fait une rencontre. Celle d'un jeune comte. Un homme qui avait réveillé en elle une flamme depuis longtemps éteinte. Dès leur rencontre, Rheanne n'avait plus été la même. A la réflexion, elle était redevenue elle. Elle s'était retrouvée. Et ne pouvant supporter de leurrer son compagnon, elle avait décidé de crever l'abcès. Elle avait meurtri cet homme alors même que ses sentiments pour le jeune comte n'étaient que faible lueur et surtout qu'à ce moment là, elle était incapable de déceler la moindre faille chez lui.
Mais elle avait dû faire ce choix, pour elle et pour son ancien compagnon.

Et que lui offrait désormais Guilhem ? Devenir sa catin ? Que les gens, plutôt les autres nobles, trainent son nom dans la boue ? Rheanne avait-elle donc une once d'honneur pour ne pas accepter cela ? Troquer une vie tranquille contre une relation intense mais déshonorante ?

Ses poings toujours serrés, sa mâchoire se crispe alors qu'il s'écarte. Elle lui répond d'une voix tremblotante.


Saches que certains n'ont pas attendu pour m'affubler de ce colibet. Pensais-tu que les gens ne parleraient pas de me voir venir aussi régulièrement à ton domaine ?

Le ton est amer. Leur rencontre en taverne n'était pas passée inaperçue pour certains. Et le bruit avait vite fait le tour de Mayenne. Alors même qu'ils ne faisaient que s'entrainer, une rumeur allait bon train. Elle avait elle-même entendu certains chuchotis à son entrée à l'église pour assister à la messe. Elle n'avait compris que quelques bribes. Mais celles-ci lui avaient suffi à comprendre. La trainée opportuniste ? Elle l'est déjà.

Il semble en proie à de terribles pensées. Faire un choix. Voilà qu'il lui donne encore à décider de son destin. Elle sait ce qu'elle veut. Elle l'a toujours su. Sinon pourquoi aurait-elle fait si tôt ce choix entre les deux hommes ?

Elle entreprend de se diriger vers lui, de se blottir contre lui pour oublier le présent et leurs conditions et juste profiter de lui. Mais le calvaire n'a de cesse.


Nous cacher...

Elle s'arrête à quelque pas de lui. Se cacher ? Pour quoi ? Pour sauver son honneur ? Celui de la jeune femme ? Elle le regarde. Il semble tiraillé. Il veut la protéger. Éviter à tout prix qu'elle souffre. Alors que lui même lui assurait l'instant d'avant qu'il la ferait souffrir.
Se peut-il qu'il nourrisse des sentiments sincères envers la brune ? Elle qui avait fini par croire les mauvaises langues... Elle qui craint depuis le début qu'il ne prenne de la brune que le plaisir de quelques instants... Mais il est trahi par son visage torturé et les idées qu'il égraine pour trouver une solution. Pour leur trouver une solution de pouvoir exister ensemble.

Ensemble, le mot n'est pas exact. Car jamais ils ne seraient ensemble. Voilà leur seul échappatoire. Que leur histoire ne se sache pas. Par égard pour son rang et pour sa famille. Et pour le pouvoir. Car là est le nerf du problème. S'afficher avec une paysanne si respectable soit-elle mettrait son avenir et son honneur en jeu.

Elle le fixe de ses yeux noirs légèrement humide. Pourquoi doit-elle encore choisir ? Ne peut-elle pas juste un instant se laisser guider ? Comme lorsque leurs lèvres se rejoignent. Ou plus rien n'existe. Ou ils n'ont juste qu'eux à l'horizon.

L'horizon que Guilhem cherche désespérément par la fenêtre. Où peut-il bien avoir envie de se rendre ? Loin d'elle assurément. Elle tente un nouveau pas vers lui pour le ramener à elle et lui montrer ce qu'elle pense de l'avenir. De leur avenir.

Mais elle est sitôt arrêtée dans son élan par la porte qui s'ouvre. Un messager apparemment. Rheanne le voit se diriger vers Guilhem le tirant ainsi de sa rêverie. Elle se recule instinctivement pour reprendre une place plus digne d'un élève et observe la scène de loin.

Elle découvre un jeune homme à l'opposé de ce qu'elle voyait l'instant d'avant. Il lui semble avoir un autre Guilhem devant les yeux en l'espace d'une seconde. Il commande et invective. Quelques mots d'occitan, suppose Rheanne. Même ne parlant pas la langue du Sud, elle se doute au ton qu'il ne fait pas bon être l'interlocuteur du maître des lieux.

La situation semble tendue et Rheanne de penser que la nouvelle inattendue n'est pas des meilleures auspices. Le valet repart prestement sans demander son reste.
Guilhem se plonge dans la missive. Au vu du ton de ce dernier, Rheanne prend garde de ne pas faire le moindre bruit. Elle attend qu'il se décide à s'adresser de nouveau à elle. Elle ne souhaite pas se faire congédier comme le pauvre domestique.

Guilhem faisant lecture, devient pâle, murmure quelques mots comme pour lui-même. Il semble reprendre contenance et se tourne vers elle. Elle respire, au moins, il n'a pas oublié sa présence.

Il lui explique succinctement la teneur de la missive. Il doit partir. La nouvelle est mauvaise tant pour son maître que pour Rheanne qui va devoir prendre congé malgré elle. Alors qu'elle aurait tant de choses à lui dire. Mais encore l'honneur et l'Ordre avant tout. Elle le sait et elle doit en convenir. Ou bien ne plus jamais remettre un pied en ce domaine.

Elle secoue vivement la tête comprenant l'importance de la situation. Jamais ils ne seraient seuls. Jamais ils n'auraient le loisir de vivre pleinement leurs sentiments.
Est-ce vraiment la vie que Rheanne souhaite ? Maitriser ses moindres faits et gestes pour ne pas la trahir ? Pour ne pas le trahir?

Un nouveau cri de sa raison : N'accepte pas. Ce n'est pas une vie. Tu te rends compte de ce qu'il t'offre ? L'ombre ni plus ni moins. Ce n'est pas digne de la procureur que tu as été. Ni de la femme que tu es.

Elle le regarde d'un air à la fois triste et doux. Il doit partir. Elle doit décider. De son avenir à elle et du sien.

Quelques secondes passent qui lui paraissent une éternité, les yeux noirs dans les azurs. Elle a fait son choix. De celui qui sera le plus cruel et le plus difficile pour l'un comme pour l'autre. Elle se rapproche vivement de lui comme pour se débarrasser du fardeau trop lourd à porter. Il semble hésitant mais elle a pris sa décision. Elle n'a jamais été autant sûr d'elle. Elle doit faire cesser cette douleur en sa poitrine.


Guilhem, nous nous reverrons à ton retour. Promets moi juste deux choses.

Se rapprochant un peu plus et posant une main sur sa joue.

Ne prends pas de risque démesuré en Alençon, car je t'attends.
Et si je dois être une catin pour les autres, j'espère que je ne le serai jamais à tes yeux.
Voilà tout ce qui m'importe. La façon dont toi tu me vois.


Déposant un baiser sur sa joue gauche puis sur la droite, elle lui murmure à l'oreille

Si je dois être l'ombre, je serai la tienne. Je t'en fais le serment à compter de ce jour.

Elle a décidé. Sa raison n'a pas gagné. Elle a suivi son cœur. Comme toujours.
Elle lui sourit espérant de toute son âme que ces mots étaient ceux qu'il souhaitait entendre.
Depuis leur rencontre, leur conversation n'était qu'allusion et quiproquo. Et si cela doit rester ainsi aux yeux des gens, elle le supporterait. Tant qu'il restait à elle dans l'intimité, elle n'avait cure de la société.

Elle finit sa phrase en déposant légèrement ses lèvres sur les siennes. Une larme menace de couler sur sa joue, elle fait ce qu'elle peut pour la retenir. Qu'il parte, vite avant qu'il ne puisse la voir.


Puisque tu dois partir, je ne peux te retenir plus longtemps. Ton devoir t'appelle.

Elle veut trouver une note un peu moins dramatique pour terminer leur conversation avant son départ mais elle manque d'inspiration. Elle n'a qu'une envie, le garder près de lui. Mais elle doit apprendre dès maintenant à le laisser quand il le faut, quand il doit reprendre son statut de comte, de noble et devenir un autre que le Guilhem auquel elle donnerait sa vie.
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