Une gueuse au château

Fraîchement arrivée à Mayenne, la jeune blonde profite de l’occasion pour faire un petit détour par l’Alençon, où elle aurait dû venir bien plus tôt. Ne serait-ce que pour voir son amie blonde. Malheureusement, elle arrive trop tard. Bien trop tard. La blonde capricieuse ne l’a pas attendue …
Non, son modèle de blondeur s’est éteint, emportant dans son sillage quantité de choses non accomplies. Aussi, quand la blonde reçoit un courrier du Duc d'Escouché, veuf de ladite blonde qui la mande en Alençon, la nouvelle plonge Cloé dans une grande tristesse, qui se mue rapidement en véritable dépression. Un mois lui sera nécessaire pour remonter la pente. Mais elle y est parvenu, pour le plus grand soulagement de tous. Puis son fiancé part pour le Nord, où le devoir l’appelle. Saisissant l’occasion au vol, elle entreprend ce long périple pour les froides contrées du royaume pour arriver donc à Mayenne, pour ensuite faire route vers l’Alençon, en prenant garde d’éviter la faucheuse, sur les bons conseils du Duc.
Après s’être sévèrement caillée sur le chemin – note : faire doubler ma cape -, et s’être un peu perdue avant de trouver le fameux château dont on lui avait souvent causé – note n°2 : acheter une boussole, même si je ne saurai pas m’en servir-, elle finit enfin par le trouver. Enfin, elle, c’est vite dit. Heureusement pour elle que son fiancé a décidé de l’accompagner, sans quoi elle serait encore en train de tourner et retourner sur les chemins. Elle le regarde avec fierté et amour, son chevalier. Que ferait-elle sans lui ? Des bêtises, des bêtises, quand il est pas là ! Et puis, quoiqu’il en dise, elle sais se défendre contre les brigands sur les routes, férocement armée de son manche et de son bouclier. D’ailleurs, personne n’a osé s’approché d’elle sur le chemin entre Lectoure et Mayenne … D’autant plus qu’elle a dû faire de nombreux détours pour contourner les comtés ou duchés dont les frontières étaient fermées, et autres petits détails de cet acabit. M’enfin bref, le principal est qu’elle a retrouvé son homme et qu’à présent, des affaires l’attendent.
Devant eux, donc, se dressent les immenses portes du château. Impressionnant. Quelqu’un a-t-il déjà testé leur solidité ? Hum, on n’est pas là pour ça. Rapidement, la jeune femme se recoiffe comme elle peut, lisse sa houpelande, remonte ses bottes et, accessoirement, ces fichus bas, pour enfin se râcler la gorge. Cherchant son fidèle félin des yeux, qui se planque dans les plis de sa cape, râlant parce que ses pattes sont mouillées, regarde sa maîtresse d’un mauvais œil. Son fiancé s’avance vers les portes, suivit de près par Cloé, impatiente et bougonne.

Toc toc !

Silence …

Alors quoi ? On me tanne pour que je fasse tout ce chemin, et personne pour ouvrir ? Les gardiens sont en train de picoler ou bien ?

Marmonnage furibond de blonde, qui tapote du pied en attendant qu’on lui ouvre.

Pas commode d’être une gueuse des fois …

[Paradis Solaire - Sur le troisième nuage à la droite du Saint Père]

Eclats de rire multiples tandis que d'une main qui se veut apaisante, un fantôme plus pâle encore que les autres, puisqu'anciennement blonde, essaye de faire taire les archanges, les anges et le Très-haut qui se bidonnent.

-"Nan mais les gars, arrêtez ! Et celle-là, vous la connaissez ? Qu'a dit Dieu après avoir créé l'homme ?"

S'ensuit alors concert d'hésitations, de réponses grivoises tandis que la jeune fantôme se remet debout sur son cumulus.

-"Je peux faire mieux."

Et c'est sous les applaudissements de la gente féminine et les ronchonnements des mâles, Très-Haut y compris que se met à protester qu'il n'a jamais dit pareilles âneries, que la Blonde s'éloigne du petit groupe, pour retourner à son errance chez les vivants. Quand soudain !

-"Hey la Blonde ! Y a du mouvement chez les Alençonnais ! Un boucan ! Une nénette qui fait plus de bruit que toi !"
-"Kessidi ?"
-"Alençon ! Une fille, blonde ! Celle qui s'était fait baptiser à Lectoure et que tu as été voir !"

Illumination dans la tête blonde. Une deuxième tête blonde qui s'remet dans ses souvenirs, haletante la jeunette qui était entrain de crever tout bonnement sur le chemin alors qu'elle arpentait le domaine. Les longues heures à surveiller que la petite allait s'en remettre, et enfin, la voir partir pour vivre sa vie de son côté, dans le Sud. Echanges épistolaires soutenus, bien sur qu'elle s'intéressait à elle, à sa vie. Même après la mort. Et si elle est à Alençon, c'est qu'Il a tenu sa promesse. Même après la mort. Une pensée pour son mari, veuf.. Direction l'Alençon.

[Chateau des Ducs de l'Alençon, 5 minutes d'arrêt, veuillez dégager la porte d'entrée s'il vous plait.]

Qu'elle est devenue belle, la petiote, quel âge a-t-elle ? Bien plus que quand elle l'avait trouvée adolescente dans les bois, c'est certain. Soudaine lassitude, avant elle était jeune, et blonde, elle aussi. Maintenant, elle est morte et blanche. Et la Grande Blonde de regarder la Petite Blonde s'évertuer sur la porte, amandes qui se pointent sur le chevalier à ses côtés, il peut pas aider lui ? Elle lui en avait parlé dans ses longues missives. C'est donc lui, son licorneux, Simonin. Haussement d'épaules de la Blonde, avant de se poser au sol, dans une bourrasque qui ouvre la porte d'entrée, puis d'avancer nonchalamment, son sexy roulement de hanches de nouveau de retour.

-"Suffit de pousser fort."

Elle était sur le point de faire demi-tour, après avoir poussé de toutes ses forces en jurant comme un charretier – non qu’elle ait une dent contre eux mais elle aimait beaucoup leurs insultes pour leur élégance et leur originalité – lorsque cette fichue porte consentît enfin à s’ouvrir d’elle-même, comme par enchantement. Cloé eut des frissons dans le dos à la vue du phénomène. Comment diantre une porte aussi massive pouvait-elle s’ouvrir aussi aisément toute seule ? D’autant plus qu’elle s’échinait à l’ouvrir quelques minutes auparavant. Un vent frais passa, ramenant les mèches blondes de la jeune fille sur son visage, la faisant frissonner davantage encore. Comme si ça caillait pas assez dans la région ! Elle se tourna vers son fiancé, qui, amusé, la regardait. Oh il avait bien essayé d’ouvrir la porte lui aussi, mais étant d’un naturel très serein – total opposé de sa belle – il avait jugé bon de patienter quelques instants qu’un garde vienne, ou autre domestique. La preuve, la porte venait de s’ouvrir. Ils entrèrent donc dans le grand château, avec leurs besaces et le chat, à nouveau dans les bras de sa maîtresse, maintenant qu’ils étaient libres.

- Ma chérie ? Où sommes-nous attendus précisément ?

Cloé se tourna vers Simonin, pensive.

- Euh … à vrai dire, et bien, je n’en ai aucune idée … Maintenant que tu me le dis, je n’y avais pas pensé. J’aurais peut-être dû demander par courrier. * grattage de tempe * Bon, allons demander notre chemin à un domestique, sinon, on est pas encore sortis de ce labyrinthe. Tu as une bobine de fil mon ange ? Ou des petits cailloux peut-être pour ne pas nous perdre ? Non ? Tant pis.

Remplissant ses poumons d’air et serrant Stella contre elle, Cloé s’avance, cherchant du regard une trace de vie.

- Mais comment diable peuvent-ils tenir un château s’il n’y a personne ???
En plus, je commence sérieusement à avoir froid, faim et soif. Ah, et sommeil aussi.

Un raffut a réveiller tout les diables...Cela lui rappelait vaguement quelqu'un. Elle n'avait pas la fonction de garde ou même d'aubergiste, mais depuis le temps qu'elle entendait tambouriner sur cette porte.... Elle se décida à aller voir. Elle fît donc ouvrir la porte...Et là horreur, malheur...c'est la salsa du démon, ha non c'était pas ca, c'était la fanatique de Soule venu l'aider à réveiller Argentan.

Oh heu Dame heu...hum

Oui car elle s'était bien croisées plusieurs fois, mais pas moyen de s'échanger leur noms. Si c'était pas dramatique d'en arriver là... Bref au vu de l'heure tardive, la fatigue prit le dessus, résultat sa langue fourcha...

Dame OBNI c'est bien ca?

Si elle avait pu elle se serait mise les mains sur la bouche pour montrer sa fausse manoeuvre, simplement elle avait une porte de deux toise et demie à maintenir. Vu le gabarit de la Comtesse, lâcher la porte pour mettre les mains sur la bouche ce serait revenu au même que heu....Ben se mettre la tête dans un piège à loup. Note pour en cas de siège penser à piéger les portes. Essayant de rattraper son erreur tant bien que mal...

HUM!! Je peux vous aider?

Les portes s'ouvrirent dans un vacarme pire que celui qu'elle venait de faire en s'acharnant à cogner dessus. Ah ben enfin, un peu de savoir vivre ! Non mais !

Et là, surprise, la rousse. Allons bon. Quoiqu'elle fiche au château elle ?

- Dame Cloé, oui, c'est moi. Un obni ? Où ça ? Non, vraiment, je vois pas.

Cloé se tordit le coup en espérant voir elle ne savait même pas trop quoi au juste. Rien. Rien du tout.

- M'aider ? Un peu oui que vous pouvez, Dame .. Rousse ? Bref, je cherche El_cid. 'sauriez pas où que j'peux l'trouver ? Ah, et si vous aviez quelque chose à boire et grignoter aussi, ce serait pas de refus. Et un peu de lait pour la minette, elle est aussi assoiffée que mon compagnon et moi. Cela serait-il possible ??

Ne laissant pas le temps à la rousse de répondre, le petit convoi franchit les lourdes portes, gracieusement tenues ouvertes par ladite rousse. Ah si, ils connaissaient le savoir-vivre finalement.

Elle leva un sourcil, dubitative... C'était la meilleure, la voilà femme de chambre maintenant. Si cela avait été en d'autre circonstances elle se serait courroucée contre l'OBNI. Mais aujourd'hui, enfin cette nuit là, il se trouvait que la Comtesse était d'humeur joueuse.
Elle attendit que la petite troupe entre et laissa la lourde porte claquer derrière elle. Son regard devint animé d'une lueur particulière.

Bien bien, alors mettons fin au suspens, je suis Deedlitt de Cassel d'Ailhaud, Comtesse Lille et autre fiefs dont l'énumération serait...pompeuse.
Dame Cloé, si vous cherchez Cid à cette heure il doit êstre couché,(hrp : el Cid d'escouché, el cid est couché , je sors => pardon mais elle me fait trop rire celle là/hrp) je le suppose.
Du reste, si vous avez faim, soif et tout le trallala les cuisines sont par là bas.

Dit elle en montrant la direction du bout du doigt.

Vous avez besoin que l'on vous tienne la main, où vous allez vous en sortir?

Bien que réveillée en pleine nuit par son boucan, la rousse semblait de bonne humeur. Oh oh !
Cela dit, elle leur avait ouvert, elle allait pas en plus faire des commentaires. Quoique ...
La porte se referma derrière eux avec grand fracas. Là, pour sûr, tout le monde était réveillé maintenant. Parfait !
Déjà, la rousse faisait étalage de ses titres.

- J'ai saisi, beaucoup de jolis titres et ensuite ? Tout c'que j'd'mande, c'est pas coucher dehors moi, qu'on m'ouvre les portes.
Cid est peut-être couché, mais peut-être pas ses domestiques, non ?

Indication des cuisines faites, elle remercia la rousse... Deedlitt, pardon.

- Oui enfin, je suis peut-être blonde mais je suis pas encore rousse non plus hein.

Cloé lui fit un grand sourire avant que de la congédier en la remerciant, elle était pas malpolie non plus, elle avait de la politesse !
Et se dirigea vers les cuisines.
Lorsqu'elle entendit miauler derrière les portes.

- Ah, c'est interdit aux chats ici ? Non parce que vraiment, elle vous embêtera pas hein. Allez, aidez-moi à rouvrir c'te fichue porte. Siouplaît.

Tirant de toutes ses forces, elle vit la rousse dépitée.

- Bon, ça va j'ai compris. Mon chéri, viens m'aider, elle est plus d'aussi bonne humeur on dirait...

Ils ouvrirent le battant de quelques centimètres, Stella se glissa à l'intérieur, ronronnant et roulant des hanches. Enfin un peu d'attention pour elle ! Elle les laissait bien vivre chez elle alors ils pouvaient bien faire un effort aussi, donnant donnant.

Récupérant donc son félin, elle fila vers les cuisines, grignoter un bout et quémander un peu de lait pour sa petite princesse blanche. Elle cogna donc aux cuisines, moins fort que précédemment parce que sa main lui faisait un peu mal maintenant. Et puis elles étaient peut-être pas aussi sourdes, elles.
Restait plus qu'à attendre une réponse ...

Elle fut amusée de voir la petite blonde forcer sur la porte....Elle se permit donc un commentaire.

Oui c'est sur vous êtes blonde, je vous confirme. Quand à la rousse oui c'est sur vous n'en êtes pas là, va falloir un peu de travail je pense.



Tout ca pour une espèce de bestiole blanche en plus

Finalement le blanc c'est un peu une version de blond en plus claire...Le chat aussi a du travail visiblement, pas comprendre qu'il fait plus chaud dehors que dedans, l'instinct n'y est plus....

Puis les voyant se diriger vers les cuisines...

Et sinon cette grâce bestiole qui n'a plus envie de vivre, on peut la cuisiner?

La cuisine c'était pas son truc, mais la décapitation beaucoup plus.

Et la rousse qui continuait de causer pendant qu'elle allait aux cuisines.

- Quoi, encore des progrès pour en arriver à votre rousseur ? Fichtre, faut-il que je me ridiculise necore davantage ? J'en ai assez de jouer les bécasses. Jamais je n'arriverai à votre niveau, cela ne fait aucun doute. Je ne vous arrive pas à la cheville.
Ah, et le blanc, c'est pas du blond. Vous êtes avez un soucis de la vue ? Vous voyez mal les couleurs ? Parce que sinon, vous sauriez que nos parents ne sont pas blonds, mais généralement sage. Oh bien sûr, vous avez très certainement quelques exemples qui me contrediraient, je n'en doute nullement, mais en principe, le blanc, c'est la pureté, la sagesse. M'enfin, chacun son point de vue hein.

En revanche, elle ne comprit pas en quoi passer la porte réchauffait Stella, puisque ça caillait tout autant que dehors.

- Diantre, il fait un froid de gueux ici ! Pas moyen de savoir s'il fait plus chaud dehors ou dedans. Pas étonnant que ma Stella s'y perde, en principe, il fait chaud à l'intérieur. 'Pouvez pas allumer un bon feu ? Y'a plus de bois en Alençon ?

Se tournant derechef vers les cuisines, la rousse reprit ses commentaires. Manger Stella.

- Alors là, bonne chance pour la bouffer. Elle doit être pleine de nerfs, inmangeable. Et si j'était vous, ou vos cuisinières, je ne m'amuserais pas à l'attraper. C'est qu'elle est mauvaise quand elle connait pas. Mais si vous ne tenez pas à vos mirettes, c'est vous qui voyez, moi ça me gêne pas. Bon, et vos cuisinières aussi dorment ?

Nouveau coup, toujours pas de mouvement derrière la porte. Soupir exagéré de la Lectouroise.

Elle se retint de rire aux éclats quand elle entendit la tirade sur les parents, c'était la meilleure qu'elle est entendue ces jours.

Ô comme il faut être niaise pour croire encore cela, à moins que vous n'ayez un grand sens de l'humour, ce serait un début.

Elle n'arrivait pas à s'en remettre, une larme coula sur sa joue.

Hum... Ce ne sont pas mes cuisinières, mais celle du Duc ou de la Duchesse en place. Vous pourrez aller vous plaindre dès que le jour sera levé.
Pour votre vieille mirre, je ne compte pas la manger, juste la cuisiner nuance, et puis je ne touche pas les sacs de puces si ce n'est avec le bout d'une pique.

S'impatientant à son tour, car effectivement il faisait froid et puis bon la nuit avançait.

Bien très chère Dame Cl0é vous m'avez bien amusé. Je vous laisse à vos recherches, j'ai autre chose à faire, la prochaine fois prévenez donc que je revienne vous ouvrir. Cela me détend d'échanger de courtoise parole avec vous.

Le ton était ironique et la comtesse plutôt contente de sa rencontre, elle soupira en se disant qu'elle avait hâte de la rencontrer à nouveau pour un nouvel échange.
Elle se dit pour elle même que la prochaine fois elle prévoirait la pique.
Elle tourna les talons, sans se retourner elle fît un signe de la main.