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Info:
Une attaque de brigands dans la sylve armagnacaise.

[RP] Cavalcade hivernale.

Johanara
Discuter n’avait point été possible. On avait eu vent dans les hautes sphères familiales de son escapade estivale avec un séduisant seigneur à l’honnêteté plus que douteuse . Johanara n’avait pas cherché à nier , elle gardait un bien trop joli souvenir des bras vaillants de la canaille aux yeux azurés.

La sentence n’avait pas tardé à se faire entendre et portait le doux nom de Clémence!

Clémence de Cheroy… Jeune fille de bonne famille aux manières irréprochables aux dires de sa famille qui ne manquerait pas d’avoir une bonne influence sur la nièce sulfureuse et ses amours douteuses.

Soit… L’invitation était donnée , elles iraient faire des broderies et autres âneries de jeunes filles nobles bien élevées.

Peut être qu’elle réussirait à dévergonder la jeune comtesse ou qu’elle apprendrait d’elle quelques une frasques qui répétées à sa famille lui garantirait la paix quelques temps.

Pour l’heure , la belle baronne patientait sur la grande place d’Auch. Guettant l’arrivée de la brunette , elle resserra contre elle les pans de son long mantel tout en gardant furtivement un œil inquiet sur son coche et sur l’énergumène qui tenait les rennes. Serguei , rougeaud et ivre comme à l’accoutumée , semblait s’être endormi. Sa tête hirsute dodelinait dangereusement et il n’allait pas tarder à se retrouver le pif dans le caniveau!

Maugréant devant l’affligeant spectacle qu’offrait son domestique , elle retrouva le sourire en voyant Clémence arriver.

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Clemence.cheroy
L’armagnac ou la liberté.

Après la disparition de son père , et sa famille se trouvant à l’autre bout du royaume.
Ceux-ci ne donnaient pas trop de nouvelles. Ce qui n’était pas pour lui déplaire.
Clémence pouvait enfin agir à sa guise.
Fézensac ou Fleurance étaient devenus des havres de paix.
Et malgré ses incessants voyages afin de suivre plus aisément la direction que prenait le comté avec ses « fameux » dirigeants.

Après avoir reçu une missive l’incitant à faire un voyage avec la sulfureuse Baronne Johanara.
Elle l’avait souvent croisé au castel d’Auch ces derniers temps, sans jamais avoir l’occasion de converser toute deux. D’autres souvenirs d’elle remontait surtout au mandat de son père. Là où elles avaient pu travailler de concert pour le comté.

La jeune comtesse avait quelques appréhension à ce déplacement assez inopiné. Ne souhaitant pas être une compagnie forcée. Espérant plus dans une amitié nouvelle. La réaction de la dame de Saint Lys lui ôterait sûrement ses doutes.

Clémence eut pas le temps de beaucoup y réfléchir que le coche arriva sur la grande place. L’hiver se faisait rigoureux, le froid glacial lui fouettait le visage, tandis qu’elle descendait rejoindre Johanara . Clémence, emmitouflée dans un manteau de fourrure, adressa un sourire à la jeune femme et dit :


_ « Bonjour !
J’espère ne point vous avoir fait trop attendre par ce temps... »


Après un bref silence, elle reprit :


_« Comment allez vous ?
Ce périple sera une bonne occasion de nous divertir

Et croyez le bien, j‘en ai bien besoin en ce moment… »

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Johanara
Caressant du regard le manteau de fourrure de la comtesse , Johanara se mit à rêver d’un voyage en la Capitale où la mode était pleine de ces plumes et de ces dentelles affriolantes dont elle raffolait.
Ici , comme en Berry , les coupes étaient plus simples , les extravagances rares, et souvent les amples jupons chamarrés et les guipures surchargées de la Baronne passaient pour farfelues.

C ‘était bien la seule chose qu’elle aimait de Paris…


Vous aimez la mode parisienne?

Curieuse question en guise de bonjour , mais déjà Johanara entraînait la brune à l’intérieur de son coche.

Alors comme ça votre Grandeur , vous manquez de distraction? Il est vrai que mis à part la salle de doléances , nous n’en avons point! Un petit bal serait le bienvenu…

J’en ferais peut être donné un à Saint Lys qui sait…


Première secousse. La Baronne crût bon d’avertir la jeune Clémence.

Mon cocher ne conduit jamais à jeun. Tout simplement parce qu’il est toujours ivre! Je ne sais pourquoi je ne parviens pas à me séparer de ce suppôt de Sardanapale! Je ne compte plus les fois où ce sac à vinasse a bien failli tous nous tuer!

Seconde secousse. Plus brutale. Haussement d’épaules de la part de la Baronne blasée qui se cramponna à la banquette et suggéra à Clémence de faire de même.

C’était encore un tout jeune garçon quand il est entré au service de mon grand-père , Côme Philipe d’Ambroise. Je n’ai pas le cœur de le congédier.

Vous savez que l’an dernier il a payé une des catins de la cour des miracles avec l’une de mes bagues! J’ai cru mourir! Figurez vous que je suis allée la récupérer! Quel périple!


Souriant avec malice , Johanara lui montra l’émeraude qui brillait à l’un de ses doigts.

Un vrai bouge… Mais je ne pouvais décemment pas laisser telle merveille portée par une ribaude!


Le coche filait à vive allure au travers des bois , éloigné des routes plus sûres , empruntant sentiers sinueux et manquant se renverser à chaque instant.

Au moins , à cette allure , nous ne tarderons point à arriver chez le vicomte de Couserans. Il se fait une joie de nous faire visiter son domaine.

Pensée fugitive vers le vicomte. Un petit sourire éclaira la frimousse de la rouquine. Coureur comme il l’était , il ferait certainement la cour à Clémence et Johanara pourrait alors à loisir juger du caractère de son chaperon.

Non , avec un minois aussi ravissant , elle ne pouvait être aussi prude que sa famille le lui disait!

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Clemence.cheroy
Hissée vers le coche de Johanara, Clémence fut prise de court par la question de la jeune femme.

_ « La mode parisienne ? Ma foi, je reviens de Paris et j’ai été agréablement surprise par la diversité vestimentaires. J’en ai profité pour faire quelques emplettes.
Si cela vous amuse, je vous les montrerai lorsque vous viendrez à Puysegur. »


Le coche bondit littéralement sur les routes. Si bien que Clémence s’accrocha aux rebords de la fenêtre.

_ « Pour tout vous avouer, le conseil joue sur mes humeurs. Je n’ose même vous révéler ce qu’on rapporte de nous à Paris… Cela n’est guère flatteur.

Alors, un bal, je vous dis oui, oui, trois fois oui.
Cela égayera ces longues nuits d’hivers et nous changera des querelles de clocher qui nous sont imposées à longueur de journées. »


La course du coche se fit plus aventureuse. La jeune femme se demanda même si les armatures de leur engin tiendrait le coup à se rythme.
Comme le lui enjoignit la baronne, Clémence se cala sur le siège, une main ferme sur le rebord de la fenêtre.

Écoutant les péripéties que lui avait occasionné son bougre de cocher, Clémence rit de bon cœur.


_ « Vous n’avez pas froid aux yeux. Mais il est vrai que pour pareil bijou, on serait capable de bien des choses. Il est magnifique. »

Une question tarauda Clémence, qu’elle posa sur le bout des lèvres :

_ « Et dites moi, comment avez-vous réussi à convaincre la libertine de vous rendre cette bague ? »

Le voyage se faisait plaisant. La comtesse acquiesça au fait que bientôt elles arriveraient dans l’enceinte de la demeure du vicomte.

_ « Sinon, je ne sais que penser de la missive de dame Archibaldane, votre tante.
Lorsque je reçus son invitation pour vous accompagner, en toute franchise, je me suis interrogée pour quelle raison elle me fit cette requête.
Non pas qu’elle me fut désagréable »
spécifia immédiatement Clémence, « Mais, ne la connaissant pas, je me demandai pourquoi elle songea à moi ? »
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Johanara
Les prunelles de la jeune fille s’allumèrent lorsqu’il fut question des fanfreluches parisiennes.

Oh oui j’en serais ravie! Je suis certaine que vous avez un goût certain en matière d’étoffe!

Petit sourire complice et signe du menton vers le mantel de la comtesse dont la belle fourrure recouvrait élégamment le velours de la banquette du coche.

Ma foi pour ce bal , pourquoi ne pas l’organiser de concert? Le soucis avec ce genre de réjouissances c’est qu’elles peuvent très vite devenir assommants!

Alors que Clémence se cramponnait , la Baronne lui conta ses péripéties en le bordel de la Cour des miracles.

J’étais fiancée alors au Seigneur de Condé qui m‘escortait, et ma sœur , la Vicomtesse de Culan , nous accompagnait elle aussi. Alors que je n’avais en tête que ma bague et les difficultés que nous allions rencontrer pour la récupérer , cette gourgandine se réjouissait de visiter les bas quartiers de la Capitale.

Une fois dans la maison close , qui je dois l’avouer était fort joliment meublée , nous nous sommes mis en quête de « Sombre femme » , son nom de scène si je puis ainsi dire! Une espèce de grande blonde aux cheveux filasses , rien de bien séduisant! Elle n’a pas voulu me rendre mon émeraude au début!
Il a fallu me séparer d’une rangée de perle et d’une bourse bien pleine! La garce!

Comble du comble , elle m’avoua en comptant les écus que ce pourceau de cocher lui avait demandé de se coiffer d’une perruque rousse !


La jeune fille sourit avec malice , espérant ne pas choquer la comtesse. Elle continua sur le ton de la confidence.

On nous a pris pour des courtisanes alors que nous quittions ce sinistre lieu! Le malappris nous a nommé , je cite , « poule de luxe »! Il lui en a coûté un œil , je crois bien que le Seigneur de Condé l’a renu borgne pour tel affront!

En réalité , c’était elle qui avait portée l’escourgéeau ruffian , son fiancé étant aussi pleutre qu’une anchois.

Ma tante vous dites? Ma foi , en haut lieu , ils ont jugé que votre fréquentation ne pourrait m’être que profitable. Vous avez apparemment fort bonne réputation! Mais je me réjouis de cette idée , votre compagnie est très plaisante .

Sourire franc tandis que le cocher fît une hâle brutale.

Ventre Saint-George! Ce cocher a la bête Sans nom au corps! Quoi encore?!
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Clemence.cheroy
La baronne marquait un point. Les bals avaient souvent tendance à devenir barbants.

_ « Ho, on trouvera bien quelques surprises pour nos invités… » dit elle d’un air entendu.

Clémence éclata d’un rire qu’elle tenta de réprimer sans succès lorsque la jeune femme lui expliqua que son cocher avait demandé à la ribaude de se coiffer d’une perruque rousse.
Elle regarda en direction de la cloison du coche, où Serguei se trouvait en train de conduire la voiture à un train d’enfer. Et tenta d’imaginer la scène.
Un frisson la parcourut tandis que Johanara achevait son histoire.


_ « Poule de luxe ? Charmant ! » tança Clémence en riant à nouveau.

Les deux femmes en vinrent alors à la conversation sur la tante Archibaldane.
Clémence écarquilla les yeux.


_ « Fichtre ! Ils ne doivent pas bien me connaître alors. » sourit clémence.
« Pour tout vous dire, ne vous êtes vous jamais demandée pourquoi je suis arrivée dans ce comté sous le nom de Ingeborg ? »


Sur un air de confidence, Clémence narra cette histoire que peu de gens connaissaient.

_ « Et bien voilà quelques années, mon cher frère Baptistin s’était mis en tête de me marier à tout prix.
En recherchant des prétendants dont le seul critère était de disposer d’un titre ronflant et une bonne position.
Quand je vis que ceux-ci auraient tout aussi bien pu être mon père ou mon grand père, j’ai protesté.
Père et mère cependant ne m’offrir guère de secours. Jugeant qu’une fille bien née se devait d’épouser un homme de son rang, et non de quelques jeunots aventureux. Que je serais à l’abris du besoin et des déconvenues avec un homme… à l’orée de l’hiver de sa vie…

Je ne l’entendit pas de cette oreille, et ne voyant nulle issue, je n’eu d’autre solution que de m’échapper de la maison familiale pour me réfugier dans le Saint Empire Germanique, là où aucune relation de mon père ne saurait me retrouver.

Et pour ce faire, je pris un autre nom : celui d’Ingeborg. »


Faisant une pause pour reprendre son souffle, Clémence acheva son histoire :

_ « Je passa là bas quelques années de ma vie. Notamment en Lorraine où je me suis amusée à guerroyer contre la noblesse de ce duché.
Puis lorsque j’appris que mon père et ma mère se rendaient dans le sud du Royaume, je pris sur moi de les rejoindre.
C’est que malgré tout ils me manquaient… »
Finissant presque à mi voix sa phrase.
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--Le_mulot
Depuis des heures qu'ils étaient là, à trainer dans cette forêt froide et humide, et pour quoi ? Rien. Désespérement rien. Personne ne passait par là. Pour quoi faire, d'abord ? Aller au beau milieu de nulle part en ce moment, il fallait vraiment le vouloir... La Chouette avait peut-être tort, en fait. Traquer les chemins menant vers les domaines des nobles, c'était pas le bon plan.

Mais faudrait pourtant bien trouver quelque chose à se mettre sous la dent, sinon... ce serait retour obligatoire à la mine. Et ça, Le Mulot ne le supporterait pas.


Bon, on s'les bouge ? On f'rait mieux d'r'venir à Auch, l'a ben plus de monde, tout de même... Ici l'a qu'la neige, et les bestioles qui sont ben moins couillonnes que nous pisqu'elles font des réserves, elles. C'pas là qu'on les f'ra, nous, moi j'te l'dis !

N'attendant pas même une réponse de La Chouette, le bandit en herbe reprit sa tirade.

Pis d'abord, t'crois vraiment qu'on f'ra quequ'chose, si y z'y passent, les nobliaux ? C'est'y pas que ça voyage avec des armées, ces bougres là, veulent pas prendre le risque de s'faire attraper par des andouilles comme nous, qu'est-ce tu crois ? Et pis c'est'y pas que...

La voix s'éteignit soudainement. L'oreille se tendit vers le chemin.

Mais ! T'entends ? On dirait...
--La_chouette.
La chouette l’avait mauvaise. Pas un glandu à l’horizon , fallait croire que l’hiver , les richards préféraient rester les miches au chaud.

L’mulot s’étendait en palabres inutiles. Agacé, le bandit étira son grand corps vigoureux et fit quelques pas l’air soucieux.


Si ça se promène en armée on bouge pas. Veux pas finir les tripes à l’air pour quelques écus.
Mais j'crois pas , ça aime pas les soudards , c’est délicat la noblesse , vont pas s’encombrer d'soldats ivrognes et puants! Au pire , deux trois domestiques qu’on démontera facilement.


Il fit claquer son bâton contre sa cuisse avant de ricaner méchamment. L’était en forme , fallait qu’il tabasse un ou deux pécunieux.

Et justement vla qu’un coche arrivait.


Foutre-dieu! Il arrive trop vite! Va nous passer sous le nez si on fait rien! C’est qu'c'est bigrement pressé!

Bondissant vers le cocher , la fripouille lui barra la route et agita les bras , l’air aussi aimable que faire se peut.

M’sieur , on est paumé , on voudrait aller à Auch , c’est par où?

Vla t’y pas qu’le cocher sortit une fiole d'son paletot et en but une bonne rasade.

Chais pas. Et dégage d’là si t’veux pas qu’jte roule dessus.

Lançant un regard interloqué à son compère , la chouette assène un violent coup de bâton sur la caboche du cocher qui chuta brutalement.

Nan mais comment qu’il m’cause l’autre! T’as entendu ça? Vais lui faire la peau!
Mais d’abord , voyons si la prise est bonne.


A peine le gaillard approché du coche , que la porte s’ouvrit avec fracas , lui claquant le baigneur , laissant apparaître une furie au cheveux rouges vociférant contre son cocher et ses arrêts intempestifs.

Se prenant le nez en sang , la chouette la regarda l’air mauvais avant de sortir un poignard et de l’agiter sous son museau.

La ferme la grue.

Hé l’mulot , j’crois qu’la donzelle m’a pété le pif!


Ricanant , il lorgna la noblesse qui commençait à paniquer , les yeux ronds et la joue blême.

Posant l’index sur le menton de la grande gigue , il le releva doucement , laissant son œil vuiseux satisfaire sa curiosité.


T’es trop grande et j’aime pas les rouquines , mais t’as assurément les plus beaux yeux du comté ma jolie. Sans parler de tes loches.

Bon allez raboule la thune…
Johanara
Serrant les dents , Johanara frissonna au contact de la lame froide sur son cou délicat.

Vous le regretterez , gibier de potence!

La jeune baronne fit signe à Clémence de remonter dans le coche puis plongea son regard glacé dans celui du brigand.

Ne vous avisez pas de nous faire du mal. Vous auriez tout l’Ost du Comté à vos trousses.
Savez-vous qui je suis? Le Connétable , vile truandaille ! Le Connétable!


Et elle , c’est la fille du Comte! Vous serez pendu! Haut et court! Crapules!

L’air contrit , elle délassa délicatement la petite bourse de cuir qui se balançait à sa ceinture de chanvre.

Tenez… *persiflant à voix basse* Vauriens…Pique-assiette….Forbans!

Y a de quoi vous faire vivre vous et votre compère pendant des mois , laissez nous à présent.


Le malotru s’empara de la bourse mais la pression de la lame sur sa gorge se fit plus grande.
Grimaçant de douleur , la jeune fille poussa un petit cri d’effroi lorsqu’une goutte de sang glissa le long de son cou.

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--Le_mulot
La bourse. Oui, c'était bien ça que voulait Le Mulot. La bourse, comme un ultime rempart contre la mine sombre, humide, dangereuse, et qui n'apportait rien comparé aux difficultés qu'on y rencontrait. Une bourse pour manger, pour s'offrir des filles, pour faire la tournée des tavernes... Rien de plus, il ne souhaitait rien de plus.

Mais bon, que voulez-vous ? La rouquine faisait la maligne, se disant connétable... et le pire, c'est que ce qu'il restait dans le coche était censé être le fille du comte ! Non mais on aurait tout vu, dans cette forêt ! Une fille de comte ! Et pourquoi pas une fille cachée de la Princesse, tant qu'on y était ?!

Quoiqu'il en soit, Le Mulot était curieux, et, puisque La Chouette s'occupait de la rouquine - qui, cela dit en passant, n'avait pas que les yeux, de chouette - il avait décidé d'aller voir la soi-diant fille du comte. Ecartant la donzelle de La Chouette de devant la porte du coche, il y entra, et s'arrêta un instant, le temps de s'habituer à l'obscurité de l'endroit. Et, ce qu'il y vit le fit rester sur place un instant de plus. Si la rouquine était mignonne, la "fille du comte" l'était encore plus !


Eh La Chouette ! V'ins donc voir c'qu'à là ! J'crois ben qu'a moyen qu'on se fasse plus qu'une pauv' bourse, moi !

Un sourire vicieux apparu sur son visage, regardant la bougresse sur ses coussin.

Ptet même qu'on peut s'payer en nature, qu'est qu't'en dis ?
Bastien.
Errance. Solitude. Froideur hivernale. Pensée engourdie. Moitié par la fatigue, moitié par la faim. Le jeune routier aurait dû faire plus de provision avant de revenir de retraite. C'est que le grand jeune homme était désireux de revoir la terre de son enfance pour s'y remémorer les bons comme les mauvais moments. Mais le voyage est long entre le Berry et l'Armagnac, surtout lorsqu'on le fait seul. Et il s'allonge toujours de plus en plus lorsque notre esprit n'a ni le sens de l'orientation ni la pensée complètement claire. En conséquence, il était probablement perdu et n'en avait aucune idée.

Bastien, jeune homme d'une vingtaine d'années, grand et costaud, les cheveux blonds aux épaules, les yeux verts, la joue droite barrée d'une furtive cicatrice, une belle anecdote à raconter. Pour le voyage, il avait enfilé un vieux manteau gris qui racontait une histoire plus vieille encore que celle du jeune homme. L'habit était chaud et apportait un certain réconfort au voyageur, ainsi qu'un lourd sentiment de tristesse. Dissimulée dans son dos sous son manteau, une longue épée enveloppé par une longue bande de tissu pour l'abriter du gel. Quiconque avait connu son père le confondrait pour lui autant pour la ressemblance physique que par la gestuelle et même l'habillement que Bastien portait et qu'il avait emprunté à l'image paternelle. Vision paradoxale. Lui qui n'appréciait guère qu'on le confonde avec feu Bernhari.

Levant les yeux, enfin, vers l'horizon, le jeune voyageur aperçut un groupe étrange rassemblé autour d'un coche. En s'approchant il discerna trois silhouette distinctement. Un pauvre homme assommé face contre terre, un pouilleux menaçant une dame d'un poignard, la dame en question menacé par l'arme en question tenue par le gaillard en question. Et en plissant les yeux, il discernait également un autre type à demi engouffré dans le coche.


Des brigands, sans aucun doute, pensa le jeune homme. Je pourrais fort bien passer mon chemin sans trop me faire remarquer ou me porter au secours de la dame et risquer un affrontement. Je n'aurais pas de mal à me défaire de ces deux-là, occupés qu'ils semblent être mais s'il y en a d'autre caché dans les fourrées je me serais mis dans un mauvais pas. Peut-être...

Tout en réfléchissant, il s'était avancé vers le groupe jusqu'à se trouver à quelques mètres du coche. Il n'avait plus le choix maintenant. Sa main alla trouver la garde de son arme cachée, prêt à la tirer au cas où.

Holà ma dame! Avez-vous besoin d'aide?
--La_chouette.
L’mulot semblait s’amuser dans l’coche avec la fille de comte.

Quand à lui , l’air méprisant de la grande rousse l’amusait. Plus elles étaient fières , plus il prenait son pied à les humilier.


On t ‘as d’ jà dit qu’tu causais trop?

Soupesant la bourse l’air satisfait , il sortit un grand sac de lin de sa besace avant d’y fourrer la bourse.

Maintenant , j’veux tout ce qui peut se vendre et qu’a de la valeur. Comme les cailloux qui brillent à tes oreilles.

Il approcha sa main de l’abondante chevelure flamboyante et la porte à son nez , humant l’agréable parfum de la noble.

T’sens bon.

VLAN. D’un coup sec il lui arracha un pendant d’oreille. Hurlant de douleur , elle lui tendit prestement le second.

Dans l’coche ça criait aussi et ça semblait s’débattre avec les jupons
.

Hep l’mulot , fait lui les poches d’abord hein! On est là pour la maille avant tout.

Reportant son regard acier vers les yeux émeraudes qui lançaient des éclairs, il s’empara de sa dague et trancha d’un coup sec les lacets qui fermaient le col brodé de la toilette. Il lorgna sans vergogne le corset qui retenait la gorge d’albâtre servant d’écrin à deux rangs de perles

L’collier aussi. Grouille toi un peu.

C’est qu’il avait entendu du bruit , pour sûr , deux ravissantes donzelles dans l’genre , y avait bien un blaireau ou deux qui tenteraient de jouer aux héros.

Justement ça pointait son nez
.

Hé! L’mulot! On a d’la compagnie! Vise moi un peu l’nobliot!

Lâche ton épée s’tu veux pas d’ennuis et trace ta route!


Regard mauvais tandis qu’il s’empara d’une grosse pierre.
Valezy
[A quelques pas de là dans la forêt]


Un modeste chemin isolé que seul le passage régulier de quelques gros gibiers avaient certainement du préserver des ronces et autres mauvaises herbes. Une forêt inquiétante où régnaient sans partage le froid et l’obscurité…

Voila, ma foi, qui aurait pu être un bon début pour une histoire intéressante. Mais, force était d’avouer que le Capitaine ne goutait plus aucun intérêt aux péripéties qui l’avait conduit là.

Ce matin même, il avait, en effet, été réveillé par Gaspard, son plus vieux et fidèle serviteur… Ces qualificatifs ne lui avaient, cependant, pas tant été attribué par quelques mérites que ce soient mais plutôt car il était le seul et unique domestique de Valezy…
Le nain, oui, car Gaspard était un nain, et cela était toujours bon à préciser, avait donc réveillé son maître à l’aube pour lui faire part de sa dernière découverte. Cette dernière n’était rien d’autre qu’un vulgaire morceau d’étoffe sur lequel avait été grossièrement dessinée une carte et qu’il avait acquis, la veille, à prix d’or auprès d’un quelconque pilier de taverne…
Mais aux dires de Gaspard, la carte indiquée l’emplacement de quelques trésors inestimables et oubliées par tous.
Certes, le Seigneur de Magnet n’était pas homme à croire à ces histoires tous justes bons à endormir les enfants en bas âge… Toutefois, rien d’autre ne l’attendait ce jour là, si ce n’était une longue et pénible journée à rester enfermée entre les murs de son bureau au sein du fort de l’Ost. Aussi, ne lui en fallut t’il pas plus pour le convaincre de participer à cette excursion hors des murailles de la cité d’Auch…

Et voila, où tout cela l’avait conduit, il avait froid, il avait faim et commençait sérieusement en avoir assez des arbres et de la neige. Sa main se porta alors à la flasque d’armagnac accroché à sa ceinture. Vide, se dit-il alors sombrement tout en jetant le contenant par-dessus son épaule.
Et son ton ne fut pas moins sombre quand il déclara.


- « Cela suffit maintenant Gaspard… Rentrons ! »


Une voix geignard et désagréable lui répondit alors.

- « Mais, maître… Il ne doit pas être loin, quelque par, enterrés entre deux arbres, c’est… »


Il n’eut cependant pas le temps de terminer sa phrase, qu’un aboiement lui répondit.

- « J’ai dis que cela suffisait, maudit âne bâté… Des arbres, il y en a à perte de vue… Nous sommes dans une forêt au cas où tu ne l’aurais pas remarqué.
Maintenant, prend cette maudite carte et rentrons. »


Il n’en fallut pas plus pour faire obtempérer le nain et que pour les deux hommes fassent demi tour…


[Puis, quelques heures plus tard, toujours sur un chemin…Toujours dans les bois.]


- « C’est étrange Gaspard… Je suis sur d’avoir déjà vu cet arbre fendu en deux, il y a seulement quelques minutes … »

Mais à cette déclaration, seul le silence lui répondit. Chose étrange puisque le nain ne rechignait, en général, jamais à débiter une ou deux âneries à chacune de ses paroles.


- « Gaspard ? »

Et, il finit enfin par avoir une réponse… Même si cette dernière était loin de celle qu’il espérait.

-« Je suis désolé, maître… Vraiment désolé… »


C’est alors qu’un spectacle étrange se déroula dans cette forêt… En effet, sous l’incrédulité de Gaspard, le visage de Valezy vira au blanc, prenant une légère et étrange teinte bleuté, certainement causé par le froid, pour finalement finir à l’écarlate.

Puis, un inquiétant hurlement se fit alors entendre dans la forêt… Un hurlement que les deux malheureuses dans leur carrosse, que les deux brigands qui les menaçaient et que le jeune aventurier qui avaient croisé la route de tout ce petit monde, pouvaient clairement entendre.


- « ESPECE DE MAUDIT NABOT… PERDU, TU ME DIS QUE NOUS SOMMES PERDUS, EN PLEIN HIVER, DANS DES BOIS, ALORS QUE LA NUIT VA BIENTOT TOMBER ?…
TE TUER… JE VAIS TE TUER DE MES MAINS SOIS EN ASSURE, MICROBE… »


Tout en proférant ses hurlements, le noble avançait à pas lent vers son domestique, ses yeux étaient injectés de sang… De telle sorte qu’il aurait pu être aisé de le prendre pour fou. Mais après tout, n’était ce pas le cas ?
Les mains de Valezy s’avancèrent alors vers le cou de Gaspard, comme prêt à tordre ce dernier dans tous les sens et à exécuter ainsi ses sinistres menaces. A cette vision, le nain ne pu que reculer au bord de l’étroit sentier tout en poussant un cri paniqué et c’est alors… Que ce dernier glissa en contrebas du chemin et que sa clameur ne pu que se faire plus puissante lors de sa dégringolade.

A ce spectacle, Val haussa un sourcil sous la surprise, tout en se penchant par-dessus le sentier et en s’accrochant, par la même, à une branche, pour plus de sécurité. Il hurla alors une nouvelle fois pour appeler son serviteur, mais aussi son ami d’infortune.


- « GASPAAAAARD !!! OUHOU !!!! JE PLAISANTAIS GASPARD, ALLEZ NE FAIT PAS TA TETE DE MULE ET REVIENS !!!


[Quelques secondes plus tard, en contrebas, devant une route, un carrosse et une attaque de brigands.]


Voila chute bien malheureuse qui avait entraîné le nain sur cette pente abrupte, à force de roulement, il sentit ses flancs endoloris cognés sur quelques roches… Pour mieux continuer, par la suite, à rouler inlassablement.
Mais au bout de quelques secondes, son calvaire prit enfin un terme.

Et se fut en un bruit sourd, qu’un nain… Ou plutôt qu’un nain recouvert de neige, atterrit à quelques pas seulement du carrosse tout en poussant des gémissements.

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Johanara
L’oreille en sang , légèrement tremblante , elle tentait d’occulter la douleur.
Pour sûr si on lui avait dit que ses joyaux lui causeraient tel déplaisir , elle se serait abstenue.

Johanara n’aimait pas non plus que le gredin renifle ses rousses anglaises. Qui sait les pensées lubriques et concupiscentes qui allaient traverser son esprit de braillard pervers.

La Baronne déglutit alors que les lacets de sa robe cédaient sous la lame étincelante de la brute épaisse.
Maudissant ce fichu corset de la rendre aussi appétissante , elle frémit lorsque le pourceau souffla son haleine avinée contre son visage.

Serrant les dents , elle pensait avec horreur qu’elle allait finir allongée dans les fourrées , le séant à l’air , ce maraud dans ses jupons!

Johanara savait qu’elle faisait une bien piètre combattante , et que bâtarde à la main , sa vie serait bien plus en danger que face à cette fripouille.

Il y avait bien cette petite dague finement ouvragée qu’elle portait à la cuisse gauche.
Enfin ce n’était certainement pas le moment de relever ses jupes pour l’atteindre!

Alors que le vaurien portait ses mains sales et rugueuses à son cou délicat pour la défaire des perles portée depuis des décennies par les femmes d’Ambroise , le fils de feu Bernhari vint leur porter secours , épée hors fourreau , chevaleresque apparition.

M’enfin il avait grandi le petiot! Caressant du coin de l’œil les cheveux longs et fièrement portés par Bastien , elle lança un regard triomphant au gredin :


Je vous l’avais bien dit maraud qu’on viendrait nous chercher!

Et paf! La main massive de la Chouette vint s’abattre sur le ravissant minois de la Baronne qui en resta pantoise de douleur , les jambes sur le point de se dérober .

Le voilà qui prenait une pierre à présent. Reculant vivement , Johanara le vit s’approcher de Bastien l’air menaçant.


Bastien , attention!

C’est alors qu’un cri déchira la nuit. M’enfin! La jeune fille reconnut aisément les beuglements même si elle n’en comprit que quelques bribes. Son capitaine! Qu’est-ce qu’il fichait là le drôle à hululer tel un hibou enragé?

Ni une ni deux la Baronne se mit à brailler pour l’attirer à eux.


Capitaine!!!!!!!!!!!!! Au secours! ! On m’assassine!

Bruit sourd!

Mais… Au lieu du beau Valezy ce fut un nain qui fit son apparition , geignant et couvert de neige!

M’enfin cette forêt était plus fréquentée qu’un bouge!
Profitant de la diversion , la jeune fille se rua dans le coche afin d’aider Clémence qui était en bien fâcheuse posture.


Mais lâchez la! Rebut de potence! Face de morille! Remugle de bauge! Arsouille!
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Bastien.
De plus près, le jeune fils de seigneur put constater au mieux de la situation. L'un des brigands brutalisait la pauvre dame que Bastien eut l'impression de reconnaître. Il la détroussait et ne cachait l'envie de la trousser par la même occasion. Mais où le jeune homme avait-il vu se visage? Et dans le coche, le deuxième malandrin agressait une femme dont Bastien ne pouvait voir que les jupons qui s'envolent. Cette chevelure rousse, évidemment! Il n'en fallut pas plus pour que le jeune homme reconnaisse dame Johanara. Elle le reconnut également et semblait soulagée de le voir intervenir. Mais voilà le bandit qui, pour faire taire la belle demoiselle, la gifla avec une force inouïe.

Je vous ferais regretter ce geste, gibier de potence!

Mais le bandit, nullement intimidé, s'empara d'une pierre et s'avança vers Bastien, l'air menaçant. La confrontation semblait alors imminente. Jusqu'à ce qu'un cri retentit dans la forêt et on vit un nain débouler jusqu'au coche, tout couvert de neige et d'écorchure ce qui attira le regard de tous. Cette forêt devenait étrangement fréquentée en cette saison! Profitant de la confusion, Johanara s'était élancée dans le coche pour secourir son amie. Bien que cela occuperait le deuxième brigand le temps que Bastien en finisse avec celui qui lui faisait face, la situation pourrait très bien devenir dangereuse pour les deux demoiselles. Reprenant ses esprits, le bandit s'approcha de Bastien, lui ordonnant de lâcher son épée de passer son chemin. Mais pour qui se prenait-il?


Mon pauvre, je crois que vous ne savez pas à qui vous faites affaire! Si vous tenez à la vie, et surtout au butin que vous venez d'amasser, je vous suggère de déguerpir maintenant. Si au contraire vous choisissiez de m'affronter, vous n'y gagnerez que du fer en travers de votre misérable carcasse!

Bastien planta la pointe de son épée dans le sol et retira son manteau d'un geste vif et rageur. Sa main gauche se porta sur le manche d'une hache qu'il cachait sous son manteau et sa dextre reprit la garde de son épée. Deux armes de qualités maniés de mains expertes...

Regardes bien ces fers, se seras la dernière chose que tu verras en ce monde! J'attaque!

D'un pas, il écourta à néant la distance qui le séparait de son adversaire suivit d'un rapide pivot vers la droite, lançant sa hache vers le brigand, l'épée suivant dans son sillage. Deux coups larges, mais vifs et puissants portés vers l'abdomen. À la fin de son mouvement, l'épée décrivit un arc dans les airs pour s'abattre sur le crâne du maraud.
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