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A la recherche de la Capitaine des Licornes ...

[Hôtel de Lazare : à la recherche du p’tit chap’ron rouge]

E_newton
La missive était parvenue à Montpensier portée par un homme d'arme aux couleurs de l'ancien Grand Maitre. Il avait attendu le Capitaine puisqu'il devait lui remettre en main propre. C'était les ordres de la dame en noir, de ceux qu'on ne discute pas....

Cerridween a écrit:
Mon frère,
Mon ami,

J'ai quitté Limoges il y a peu... je pars prendre l'air du large à La Rochelle. Je dois y régler une affaire, à la fois personnelle, à la fois concernant la Licorne.
J'ai prévenu de mon départ à l'hôtel de Lazare.

Ne sois pas inquiet, je reviens bientôt.
Prends soin de toi et des licornes en attendant mon retour.

La Pivoine qui pensera à toi jusqu'à son but.




Il était de ces missives que l’on détestait recevoir, de celles dont on pouvait ressentir la résignation, de celles pour lesquelles, en lisant entre les lignes, on savait qu’elles étaient porteuses de mauvaises nouvelles. Celle-ci en était effectivement une. Bien que le commun des mortels qui en aurait pris connaissance n’y aurait vu là qu’une simple lettre informant d’une absence temporaire, le Ténébreux lui, y discernait une menace sous-jacente pour celle qui l’avait écrite.

Combien de fois avaient-ils échangé l’un et l’autre ? Combien de fois avaient-ils partagé leurs espoirs, leurs peines, leurs souffrances ? Mais là, il en était tout autrement, jamais aucune ultimité n’était venue souligner aussi expressivement l’état d’âme dans lequel elle se trouvait au moment de rédiger ce document. Ses mots au demeurant simples comme « ne sois pas inquiet » ou « qui pensera à toi jusqu’à son but » exprimaient l’objectif inéluctable qu’elle s’était fixée. Il le ressentait au fond de ses tripes le Blondinet, ce nœud qui lui tenaillait l’estomac lui avait fait prendre conscience du danger encore impalpable auquel elle allait s’exposer. Il la connaissait bien sa petite sœur, bien plus qu’une sœur en fait, bien plus qu’une amie ou qu’une amante. Elle était l’une de celles qui l’avaient guidé dans sa quête, elle était celle qui lui avait botté le fondement quand cela s’était avéré nécessaire, elle avait été quelques fois sa confidente comme il lui était arrivé d’être le sien. Un lien singulier les rapprochaient, de ceux que l’on ne pouvait expliquer, tel celui unissant deux jumeaux dans ce qu’ils perçoivent tous deux ce que ressent l’autre. Ils n’avaient pourtant aucune consanguinité, et rien de rationnel pour les apparenter, mais il en était ainsi de leur attachement particulier.

Quand il en eut terminé de la lecture de ces quelques lignes qui lui firent froncer les sourcils encore plus qu’à l’accoutumée, Ethan commença à accabler l’homme d’armes de moult de questions. Mais le pauvre bougre ne sut quoi lui répondre, il avait seulement été chargé de remplir sa mission à bien, et n’était point dans les confidences des résidents de l’Hôtel de l’ancien Grand Maître de la Licorne. Ce ne fut pas pour autant qu’il se résigna, et avant de délivrer l’homme qui avait accompli sa tache, il lui remit une missive à l’attention d’Enguerrand. Cette missive fut recopiée en de nombreux exemplaires envoyés aux quatre coins du Royaume, à l’attention de bon nombre de Licorneux dont il espérait qu’ils auraient des informations à lui communiquer. Seule Alethea lui en fournit une en venant promptement le rejoindre à Montpensier. Cerridween lui avait demandé des informations concernant un certain Jules, voulant savoir s’il était passé en BA. Et la seule chose que Thea avait put lui répondre fut que tel n’avait pas été le cas.

Décision fut donc prise de se rendre immédiatement en la Capitale Limousine afin d’y questionner Enguerrand. Il était en effet la seule personne susceptible de bénéficier d’informations pour permettre de comprendre les fondements même de l’appréhension qui tenaillait le Ténébreux. Le trio, composé d’Yseault qui ne le lâchait plus d’un pouce, d’Alethea qui voulait aider à retrouver la Capitaine, et d’Ethan, s’empressa de rallier la destination déterminée, sachant déjà que d’autres se joindraient à eux dans les prochains jours. Nombreux étaient ceux qui savaient que le Capitaine n’était pas du genre à crier au loup sans raison, même si tel n’était pas vraiment l’appel qu’il avait lancé.

Ce fut par ce matin d’hiver glacial qu’ils pénétrèrent dans l’enceinte de Limoges, cité en laquelle il avait maintes fois séjourné et souvent pour s’y apprêter à combattre. Était-ce là signe du destin, mauvais présage, ou bien connotation particulière ne faisant que renforcer l’inquiétude qui le rongeait ? Il n’avait pas décroché un mot durant les trois jours de voyage, se renfermant inexorablement dans les ténèbres qui étaient les siennes. Thea et Yse le connaissaient suffisamment pour savoir qu’il valait bien mieux le laisser dans son mutisme que de tenter de lui arracher un seul mot. Car plus que l’inquiétude, c’était la colère qui grandissait en lui qui était à craindre. La colère de ne pas comprendre pourquoi Cerrid ne lui avait pas explicité les raisons même de son absence, la colère de ne pas parvenir à obtenir les informations nécessaires à sa compréhension des choses, la colère à l’encontre d’Enguerrand qui ne lui avait pas répondu et qui n’avait apparemment pas su la protéger d’elle-même.

Il ne leur fallut que peu de temps pour traverser la Capitale et rejoindre l’hôtel particulier de Lazare. Bien que ce fût la première fois qu’il s’y rendait, sa cape azurée brodée de l’animal mythique lui conféra un laissez-passer sans autre contrainte, à moins que ce soit son regard de braise qui empêcha qui que ce soit de l’arrêter. D’un pas décidé il pénétra dans l’hôtel dont les portes lui furent grandes ouvertes. Stationnant dans l’entrée, il se posait la question de la nécessité d’hurler à tue tête le nom du propriétaire pour qu’il s’empresse d’accourir, mais il préféra se résigner à patienter, espérant que l’un de ses serviteurs se hâterait de l’informer de la présence de ses visiteurs impromptus …

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Karyaan
Ça faisait plusieurs semaines qu'elle était partie.
Croisée si vite en taverne. Trop de monde... tellement de monde qu'elles n'avaient pu vraiment se parler.
Et ce mot qu'elle lui avait fait lire.
Et ce départ avec juste un sourire.
Elle avait eu la rage aux tripes ce soir là. La regardant se lever et quitter la taverne.
Repartir sur les routes comme pour fuir une vie qu'on ne reconnait plus.
Par tous les seins qu'elle le haïssait celui la. Les deux même !!!
L'un comme l'autre ne valait pas mieux.

Elle avait eu le ventre noué et le cœur émietté quand elle prit sa cape et lui ordonna de prendre soin d'elle.
Comment expliquer ce lien qu'elle ressentait en sa présence.
Une sœur, une mère, une amie, un maitre... ?
Tout était liée, confus.
Mais une certitude demeurait... elle était inquiète et elle s'en mordait les doigts.
Si elle était partie sur les traces de l'autre abruti c'était de sa faute.
Elle aurait du le tuer elle-même...
Mais elle aurait été capable de lui en vouloir de lui avoir retiré ce plaisir.

Peu de gens savaient qui elles étaient l'une pour l'autre.
Peu de gens savaient quel était leur lien.
En y réfléchissant bien, seul Pierre savait.
Oui... à moins qu'elle ait averti Enguerrand, mais elle avait comme un doute.
Oui... seul l'intendant de l'hôtel pouvait savoir.

Elle venait régulièrement à l'hôtel déposer des missives pour elle.
Et venait tous les jours pour voir si elle lui avait écrit.
Ça faisait des jours, qu'elle n'avait rien reçu.
La dernière disait qu'elle était à Loches...
Elle lui avait répondu qu'elle partirait elle-même sous peu pour la rejoindre.
Mais depuis... plus de nouvelle...

Elle devait partir le lendemain, et aujourd'hui elle venait voir si elle lui avait écrit.
Elle venait aussi déposer un message pour elle, quand elle reviendrait, si elles se croisaient, si elles ne se voyaient.

Elle marchait, tête basse, enveloppée dans une lourde cape noire à capuche, bâton de marche à sa main senestre qui claquait le sol au rythme de ses pas.
Elle marchait sans trop vraiment regarder où elle allait. Ayant fait ce chemin des centaines de fois.
Elle marchait, descendant la pente douce jusqu'à l'hôtel, repensant à l'intervention d'Enguerrand en salle du Conseil.
Qu'est-ce qu'il faisait là ?
Elle qui était sur la route, traquant l'autre crétin...
Lui il venait se pavaner comme un coq en mal d'action et d'acide à cracher.
Elle l'aurait bien attrapé par le col et secoué comme un prunier cet idiot là.
Et ça se dit Chevalier...
Elle pestait encore quand elle leva les yeux et les vit.

S'arrêtant net, elle aperçue la cape azurée s'engouffrée dans le hall d'entrée et les deux autres qui suivaient derrière.
Elle fronça les sourcils, le ventre au bord des lèvres, le cœur au ralenti.
Forcément qu'elle commençait à se faire des scenarii.
Il lui était arrivé quelque chose... il venait prévenir Enguerrand...
Elle dégluti comme elle pu et s'approcha de l'entrée.
Les gardes la connaissaient depuis le temps qu'elle allait et venait. Ils la laissèrent donc pénétrer dans l'enceinte sans même un regard.
Restant sur le seuil de la grand entrée. Bâton tenu fermement, comme si elle s'accrochait à lui pour ne pas chavirer.
Main dextre posée sur sa besace accrochée, pendant à son épaule.
Elle fixait ce dos, cette cape frappée de l'emblème blanc.
Un long frisson la parcourut quand elle chercha Pierre du regard et ne le trouva pas.
Puis inspirant profondément, elle se décida à rompre le silence.


Bonjour Chevaliers...
Je ne sais qui vous cherchez...
Il me semble que le maitre des lieux vient de rentrer depuis peu, mais sinon, aucun autre d'entre vous ne réside icelieu en ce moment.


Dieux qu'elle avait l'impression de détonner.
Pourquoi avait-elle dit cela ?
A vrai dire elle n'en savait rien elle-même. Mais elle devait parler.
Elle devait savoir.
Savoir s'ils étaient là pour une mauvaise nouvelle.
Savoir s'ils savaient comment elle va.
Mais comment faire une telle demande sans qu'elle soit déplacée ?
Et puis personne ne la connaissait dans l'Ordre... ils ne lui répondraient jamais de manière si directe.
Il fallait qu'elle sache et pour cela, elle allait devoir jouer fin.

Elle serra son bâton, les fixant, sa main dextre venant retirer sa capuche en silence.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit." [Aristote]
Enguerrand_de_lazare
Le retour en l'Hôtel de Lazare fut des plus pénible pour le chevalier. A mesure que sa monture le rapprochait de sa demeure, il sentait monter en lui ce sentiment qu'il ne connaissait que fort bien. La tempête déjà soufflait en les recoins de son esprit, et il lui faudrait trouver refuge au plus vite avant que ne se déchainent les vents qui chaque jour un peu plus l'ébranlaient.

Etait ce la courte discussion avec ce vicomte honnis qui avait été le facteur déclenchant de cette nouvelle apparition? A moins que ce ne soit la rencontre pour le moins surprenante avec cette péronelle qui semblait si prompte à donner son avis et énoncer sentences, telle âme parfaite pouvant juger en un instant tout un chacun. A moins que ce ne soit cette simple et fort brève reprise de contact avec la réalité, les rues de Limoges, ce château où il avait tant oeuvré, ces visages encontrés qui n'étaient déjà plus à ses yeux que des étrangers, ombres fantomatiques d'un passé se délitant petit à petit.

La fatigue, la lassitude, les épreuves avaient maintenu en son esprit cette brèche qu'il avait cru pouvoir colmater dans son entièreté. Le départ de Cerrid, aussi brutal qu'inattendu, vers des horizons qu'il ignorait totalement, pour des raisons qu'il ne pouvait deviner, s'il ne l'avait tué physiquement, l'avait retransformé en cette âme errante qui ne quittait plus sa demeure, ne voyant ni le jour ni la nuit, passant heures après heures seul, isolé dans la pièce qu'il s'était faite confectionner pour sa propre sécurité. Pour leur propre sécurité.
Il aurait pu rugir, bondir, chevaucher par monts et par vaux à la recherche de cet être aimé. Dans une autre vie, passée et presque déjà oubliée, il l'aurait fait. Mais l'étincelle était morte. La force et la vaillance qui pouvaient l'animer auparavant étaient maintenant utilisées à tout autre escient, sans qu'il ne le veuille ni ne puisse lutter. Plus il s'affaiblissait, plus l'Autre reprenait le contrôle de son esprit, réclamant maintenant son dû, comme il s'y était engagé des mois plus tôt, espérant par cette promesse non tenue, réduire au silence son adversaire.
Cette promesse, il ne pouvait la tenir. Sauf à en perdre définitivement son âme et sa raison. Mais plus il luttait plus il sombrait. Et lorsqu'il n'aurait plus la force de lutter, Il assouvirait sa soif. Apre. Cruelle. Impitoyable.

Pour l'heure son cheval avait pris rythme pressant, les rues et ruelles de la capitale défilant dans un nuage irréel. Les passants s'écartaient, les sabots ferrés jettaient par instants étincelles sur le pavé et bientôt l'hôtel se fit visible au détour d'un carrefour.
Quelques toises encore, et il put s'engouffrer dans la cour de celui-ci, sentant les murs protecteurs de sa demeure se refermer derrière lui. Laissant sa monture à l'un de ses palefreniers, il se dirigea d'un pas vif vers le porche, le regard déjà perdu dans les tréfonds de ses souffrances et de ses souvenirs.
Le vieux Pierre, à l'écoute de la cavalcade, s'était avancé et sans un mot l'accompagna vers la porte aspée de fer menant au sous sol de l'hôtel. Une volée de marches de pierre usées par le temps, un couloir, sombre, tout juste éclairé par endroits de la lumière blafarde des torches perçant à grand peine l'obscurité et enfin une nouvelle porte en fer, rehaussée de plaques d'acier, close par lourde serrure aussi imposante qu'inviolable.
Le serviteur sortit son trousseau de clés et déverouilla l'entrant.
Sans un mot, sans un regard, le Baron s'y engouffra, le visage pâle comme la mort, le front suant d'une transpiration glaciale, tandis qu'il sentait l'Autre affleurer à son esprit. Il avait réussi à le retenir jusqu'au dernier instant, jusqu'à ce que l'huis se referma dans son dos, dans un assourdissant bruit métallique, clôt par le grincement de la serrure à présent refermée.

Il était enfin à l'abri, dans cette pièce sans autre accès que cette porte close dont seul le vieux Pierre détenait les clés, sans autre mobilier qu'une couche posée à même le sol. Il avait laissé cape, collier et épée au dehors, afin qu'il ne risque pas de s'en servir contre lui même lors de l'un de ses accès de délire.
Il resterait dans cette obscure solitude. Son fidèle serviteur connaissait les consignes. Nulle visite. Nul dérangement. Seul lui viendrait trois fois par jour s'assurer que son maitre était toujours en vie, lui apportant eau et nourriture, sans prononcer le moindre mot, faisant passer les mets par petite trappe découpée dans la pierre. Les portes resteraient closes jusqu'à ce que lui, désormais rompu aux errances du baron, estimerait que cela serait possible.
Et alors, se peut, l'homme pourrait se reposer en sa couche, là haut dans les étages, voire prendre repas chaud et copieux, ou lire quelque ouvrage ou missive en sa bibliothèque, telle celle qui l'avait conduit en cette salle d'audience. Mais cela était devenu si rare ces dernières semaines. Si rare...

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Fauconnier
Bande sonore

Comme en un rêve mystique, où il se serait retrouvé emmuré.

Le destin, la chance et le hasard, entités primordiales du monde, furent la plupart du temps réduits aux deux faces d'une pièce de monnaie. Un simple rond de métal, sifflant et virevoltant dans les airs, donnant une chance sur deux d'atteindre son but, et de poursuivre sa quête.
Tous les hommes sont-ils irrémédiablement liés à leur destin ? N'ont-ils aucune sorte de chance face à la pièce fatidique qui, tombant un jour, leur annonce leur fin, et leur décrépitude ? N'y aurait-il un moyen de déjouer Charon, le passeur, qui réclame son dû ?

Hormis, s'il en est, par un simple récit...

C'était un mâtin brumeux de fin de décembre, en Limousin-Marche. L'un de ces matins où l'on aurait cru que Dieu avait fumé la pipe au-dessus du monde. Un matin peu froid, où le fog épaississait tout : les hommes, les végétaux, et les bêtes. On y avançait prudemment, tendant la main devant soi comme pour s'assurer que quelque mur se ne cachât pas devant soi. Seuls, privilégiés, quelques-uns y avançaient-ils au galop, inondant de la boue que soulevaient les sabots de leurs bêtes les paysans qui passaient. C'était ainsi, sur un trot soutenu qui prenait par moments des allures de galop, qu'avançait dans la brume Adrian Fauconnier de Riddermark, porteur de tous ses regrets et de toutes ses déceptions. Les routes limousines étaient peu fréquentées, ce matin-là. Il avançait ainsi sans contraintes, seulement escorté d'un homme d'arme qui lui servait tout autant de sherpa que de faire-valoir, arborant ses armes à la ronde.


- " Rah, bon d'la ! Pourriez pas faire atten...
- La ferme, vieux père ! C'est du noble qui passe ! Ferme-là !
- Ouh Bon d'... "


C'était ainsi, passant au trot, qu'il n'avait pas vu le vieil homme quasiment aveugle et sa petite famille qui tentaient de traverser la route. N'esquivant pas les voyageurs d'un poil, il fit simplement corner son suiveur pour prévenir de son arrivée. Comme d'un train, d'une locomotive. Comme d'un transport de marchandises dangereuses... Les paysans avaient aussitôt écartés le grand-père de la route des cavaliers, les guenilles volant en tout sens, et c'était une gerbe de boue qui était venu les maculer alors que continuait, à bride abattue, vers Limoges, le jeune Vicomte d'Isles, Ecuyer de Cerridween de Vergy.

Il pensait beaucoup. Car après avoir arrêtés Jules après l'affaire qui avait secoué le Limousin à l'été(1), la Pivoine l'avait laissé s'enfuir, promettant de remettre son châtiment à plus tard. Lui, de son côté, lui avait demandé l'autorisation de s'occuper de ses terres, qui en avaient bien besoin.Et la Pivoine lui avait donné congé, restant plusieurs mois, tout l'automne, chez le Lazare. A ce moment, le jeune homme de 17 ans ne pensait pas qu'il était arrivé un malheur. Il était un nouveau noble de dix-sept ans, aux poches emplies par une habile opération sur ses terres(2), qui pouvait se permettre d'arriver en pétaradant en ville, comme le font tous les jeunes, même aujourd'hui, avec leurs mobylettes déglinguées aux pots ninja faisant plus de bruit que de puissance. Il venait à Limoges rendre visite aux Lazare, monsieur et madame, qui, bien qu'affrèrés, pouvaient à ses yeux être lors considérés comme un couple. Il avançait ainsi dans la brume, ne s'étant pas rendu à Paris pour la présentation des jeunes gens au roy, préférant réorganiser Isles qui en avait bien besoin plutôt que d'aller à une réception mondaine pathétique où il aurait pu croiser le roy. Isles désormais réorganisé, marchant comme une véritable industrie à part-entière derrière ses bottes, Adrian reprenait désormais ses obligations, et se rendait donc d'un pas vif chez les Lazare, et promptement.

Il arrivât au soir. Le vieil hostel des Fauconnier l' hébergerait pour la nuit, et il avait envoyé son suiveur s'assurer que le dispositif avait été mis en place pour la nuit. Il avait ainsi trainé, et s'était adonné à une activité à laquelle il avait toujours accordé peu de temps : aller en taverne.
Il s'était ainsi mêlé au peuple, et avait écouté, senti, et bu. Pas de réelles critiques contre le pouvoir comtal dans les tavernes visitées, quasiment vierges de monde, mais une rencontre, impromptue celle-ci. Alethea, Errante de l'Ordre Royal de la Licorne.(3)
C'était là qu'il avait été mis au courant. Qu'il avait compris qu'il n'avait que trop tardé. Qu'il aurait dû revenir plus tôt. Les désillusions ont parfois la même proportion que les trahisons, à vous faire comprendre à quel point vous avez pu être stupide. C'est ce qui se passa ce soir-là. Il cria, tançant vertement la pauvre Errante qui n'y était pour rien, cherchant à comprendre ce qu'il avait pu faire pour n'être encore qu'une erreur de plus au tableau des uns et des autres. En quoi il avait pu encore mal faire. Car les critiques sont comme des pics, qui agressent le coeur et l'image de soi, ôtant des pans entiers de la croyance que nous avions de nous-même. Et la roche dont était constitué Adrian Fauconnier, granit brut en apparence, devenait de plus en plus pareille à du beurre mou. Beurre mou qui encaissait les chocs, depuis la rencontre avec l'effigie de son père(4), comme un boxeur débutant face à Tyson lui-même.

Il avait donc décidé de venir parler à Enguerrand au matin, et c'est ce qu'il fit.

Vous vous demanderez très certainement pourquoi un tel aller-retour, de Limoges à Isles, à deux heures de cheval de là.

Et la réponse se trouvait attachée au cheval du suivant du jeune Vicomte, et constituait en "la Destructrice".
Elle était l'armure qui avait forgé la réputation de Bralic. Un harnois de métal noir comme la nuit, aux pics acérés, combinant plus d'armes cachées ou visibles qu'une compagnie entière au grand complet. Un concentré de protection et de puissance, que le jeune homme avait mené de Ryes, citadelle de la Licorne où elle était à la base, jusqu'à Isles, où elle avait été réajustée pour ses mesures. Et c'était ce harnois qu'il était allé récupérer, et qui virevoltait derrière les montures des deux hommes qui avançaient dans la brume, expédiant cailloux et boue autour d'eux. Adrian, lorsqu'il avait compris que son Chevalier était parti tuer Jules, n'avait eu qu'une seule chose en tête.

" Il est temps que le Destructeur réapparaisse. Complètement. "

Il avait ainsi pris Tumnufengh(5), passé les gantelets de force du paternel, mis sa brigandine qu'il avait fait retravailler et remettre à neuf, placé dans sa botte le couteau de chasse à tête de loup, et accroché une arbalète à sa selle.
Arme déshonorante pour qui aspire à la Chevalerie ? Depuis le concile de Latran ?

Rien à branler.

Il pénétrât ainsi dans les rues de Limoges pour la deuxième fois en deux jours, et poussât sa monture un peu plus vite, passant les portes, pour aller jusqu'à l'hostel de Lazare.


- " Place ! Place, Bon Dieu ! Place ! "

Il avançât au milieu des rues quasiment désertes, les badauds se poussant contre les murs pour éviter les chevaux, les souffles des chevaux et des hommes venant s'accumuler à la brume ambiante. Et ainsi il avançât jusqu'à la cour du domaine, où il retrouvât... Alethea, accompagnée du Capitaine Ethan Newton, et une femme qu'il ne connaissait pas. Les trois chevaux (son destrier, le palefroi du suiveur, et l'animal de bât qui portait la Destructrice) freinèrent ainsi des quatre fers, et s'immobilisèrent à trois mètres du petit groupe.
Adrian mit pied à terre en premier. Ses bottes de bon cuir souple cherrant dans la glaise peu épaisse qui recouvrait les pavés de la cour de l'hostel, produisant un son pareil à celui d'une éponge détrempée se gorgeant d'eau. Il avait Tumnufengh au côté, et une cape de bonne laine sur les épaules. Observant Alethea, il lui fit un léger signe de tête. Puis, au Chevalier :


- " Capitaine. "

Pas même un signe de tête. Presque pas un salut. Quasiment, au final, une simple constatation. Comme ce que l'on énonce face à la glace pour un jeune enfant : " Toi, tu es toi."
Puis il se tourna vers celle qu'il ne connaissait pas, la jaugeant des pieds jusqu'à la tête, attendant qu'elle se présente. Puis, sans qu'elle ne le fasse au final, de demander :


- " Le chevalier de Lazare... ? "

Une simple question. Une simple formalité. Mais qui voulait tant dire et, à la fois, si peu.

Comme un Je t'aime. Comme une simple vie d'homme. Comme un chant, le soir, au bord de l'océan. Comme un rêve mystique.


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(1) : RP détaillé dans ceux qui accompagnèrent l'enquête qui suivit la mort de Stannis le Ray.

(2) : Opération détaillée dans le RP " A vouloir briser des rêves, ils se renforcent "

(3) : RP développé hier soir en taverne, à l'Astaroth.

(4) : Evènements décrits dans le RP "L'armure de Bralic"

(5) : Epée de Bralic, remise lors d'une chevauchée en Franche-Comté par sa mère, Daresha de Riddermark.
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E_newton
Combien de temps s’était-il écoulé depuis qu’ils étaient entrés en l’hôtel ? Combien de fois s’était-il retenu de hurler le nom de son propriétaire pour l’informer de sa présence ? Combien de fois son estomac s’était-il de nouveau resserré venant ainsi conforter l’angoisse permanente qui l’étreignait depuis la première lecture de cette missive ? Il n’en dormait plus depuis des nuits, n’en mangeait plus depuis des jours, tout son être se refusant à quelque repos ou pitance sans connaître les fondements mêmes de son inquiétude latente. Ses muscles étaient endoloris par tant de lieues parcourues, son esprit embrumé par toutes les suppositions qu’il émettait, son âme déchirée à l’idée qu’un drame puisse s’être produit. Il souffrait le Licorneux, de cette souffrance indéfinissable qui vous rongeait de l’intérieur. De celle qui, pire que la gangrène, gagnait chaque jour un peu plus de terrain, venant en cela vous infliger nouvelle plaie purulente.

Il avait quitté sa modeste demeure sans réfléchir au pourquoi, seulement mu par cette sensation inexplicable qu’elle encourait un danger. Et il s’était retrouvé là, dans cette demeure, espérant y trouver partie de réponse à ses questions lancinantes. Mais il n’y rencontrait que vide et désolation, et allait s’apprêter à rebrousser chemin quand une voix féminine se fit entendre dans son dos. Le ténébreux se retourna, quelque peu étonné qu’on lui donne du « chevalier », alors que rien de sa vêture ne pouvait faire valoir son rang au sein de l’Ordre. À moins que ce ne soit là terme générique donné pour dénoter le fait qu’ils appartenaient à l’Ordre des Chevaliers de la Licorne. Il était donc encore de ces personnes en ce Royaume qui savaient les reconnaître.

Son regard se porta sur la Damoiselle alors que celle-ci ôtait sa capuche pour dévoiler un visage fin et inconnu. Elle tenait un bâton fermement serré dans sa main gauche et était enveloppée dans une cape noire. Il n’avait pas sourcillé le Licorneux, s’interrogeant seulement pour savoir qui pouvait-être son interlocutrice du moment. Son regard inquisiteur n’avait dénoté aucune animosité dans l’attitude de la Damoiselle, à contrario, un manque d’assurance dans la voix ainsi que sa façon de s’accrocher à son bâton laissaient transparaître une forme d’appréhension. Était-ce son regard de braises qui la perturbait ou bien leur soudaine ingérence en ce lieu au demeurant bien trop calme. Qui pouvait-elle être cette jeune Dame ? Une servante ? Non, elle n’en avait point la posture, elle se tenait bien trop droite pour avoir eu à plier sous le poids de la servitude. Elle aurait pu être la fille d’Enguerrand, mais Ethan n’avait point souvenir qu’il en ait eu une, et il l’aurait déjà pourvue d’une épée qu’elle aurait porté à sa ceinture. Ce n’était donc pas cela non plus … Une amie venant lui rendre visite en ce cas, car elle semblait être bien familière des lieux, aucun garde ne l’escortant non plus.

Elle leur apprit qu’Engue était rentré, c’était au moins là une bonne nouvelle même s’ils ne l’avaient pas encore croisé. Par contre, il ne comprenait pas le fait qu’elle leur demande s’ils résidaient icelieu. Elle ne pouvait guère se tromper en affirmant cela, il n’y avait qu’à dénoter la poussière qui les couvrait pour comprendre qu’ils venaient de chevaucher durant de nombreuses lieues. Il était demeuré impassible le Ténébreux, rares étant désormais les émotions qu’il laissait transparaître. Alethea, errante de l’Ordre, et Yseault, candidate à y être acceptée, étaient toutes deux demeurées silencieuses jusqu’à présent, laissant certainement l’initiative à Ethan. Quelle attitude adopter sans en dire trop ni trop peu ?

Damoiselle …, permettez-moi de nous présenter.

Désignant de la main la brunette elle-même pourvue de la cape azurée de la Licorne, il enchaîna.

Voici Alethea, Chevalier Errant de notre Ordre.


Puis faisant de même avec la blondinette.

Yseault, une amie qui aspire à être admise en notre sein.
Quant à moi, je suis Ethan.


Trop fatigué pour se pourvoir en courbettes, il se contenta d’incliner la tête avec civilité et n’apporta aucune indication quant à son rang. Nul besoin de répondre à sa question dont elle semblait déjà connaître la réponse. Il se décida donc à formaliser la seule réponse évidente qui n’avait rien d’un secret et dont le premier quidam aurait pu se douter.

Je souhaitais rencontrer Enguerrand, peut-être connaîtriez-vous le moyen de me faire annoncer ?

Ce fut le moment que choisit un curieux équipage composé d’un gamin et d’un homme d’armes pour les rejoindre. Un gamin qu’il reconnût comme étant le tumultueux écuyer personnel de Cerrid. Ce dernier semblait s’apprêter à partir en guerre, il portait une épée à la ceinture dont on pouvait douter qu’il puisse la soulever, des gantelets et une brigandine que l’on devinait au travers des pans de sa cape entrouverte, et même un couteau glissé dans sa botte. En d’autres circonstances cela aurait fait éclater de rire le Capitaine, mais en ce jour cela n’eut pour effet que de fermer encore plus son visage. Les sourcils se froncèrent plus qu’à l’accoutumée, ne laissant qu’un léger interstice au travers duquel on pouvait dénoter les éclairs que lançaient les prunelles d’Ethan. Il se la jouait un peu trop à son goût ce jeune morveux présomptueux dont le lait maternel lui coulait encore du nez. Son regard présomptueux, son manque de civilité, il n’y avait là nul être supérieur et lui encore moins qu’un autre. On n’interrompait pas ainsi une conversation entre adultes sans s’enquérir d’y avoir été invité. Et ce n’était vraiment pas le jour de venir lui chier sur les bottes au Capitaine, alors s’il fallait qu’il y en ait un qui en fasse les frais, le hasard venait de faire que le jeune trublion serait celui-ci.

Ecuyer, ne t’a-t-on jamais appris à demander la parole avant que de la prendre ? Tu n’es point ici en ton domaine ou en terres conquises. Je te prierais donc de faire preuve de tempérance si tu ne souhaites que je poursuive les leçons que le Chevalier Cerridween de Vergy a certainement commencé à t’inculquer.

Le ton était ferme, dénué de toute animosité, mais sans appel. Chacun son tour, comme à confesse, bien que lui-même n’y ait jamais mis les pieds. Délaissant là le jeune homme de par trop empressé, Ethan tourna à nouveau son regard vers la jeune inconnue, s’efforçant de recouvrer une certaine sérénité tout au moins de façade. Peut-être consentirait-elle à faire abstraction de l’arrivée incongrue du nabot, et à les aider à rencontrer l’hôte des lieux.

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--Pierre_de_charnay
On lui avait annoncé visite patientant en la cour de l'Hôtel, alors que lui même venait tout juste de remonter à l'air pur, quittant la froideur de la pierre suintant d'humidité, et la noirceur de ces couloirs souterrains où son maitre avait trouvé refuge.

Visite, cela en était bien une, mais surprise de sa part en voyant la presse qui s'agitait entre ces hauts murs de pierre. Plusieurs cavaliers, certains encore dressés sur leurs montures, d'autres ayant mis pieds à terre.
Ils avaient pour trois d'entre eux la cape azur, signe distinctif de la Licorne. Les autres semblaient accompagnants, à l'exception de cette jeune fille qui à de nombreuses reprises était déjà venue en les murs de l'hôtel. Celle que le chevalier Cerridween avait pris sous son aile, il y avait de cela maintenant plusieurs mois.

Nul doute que ceux ci venaient encontrer le Baron. Le départ de la Maitre d'Arme en devait se peut être la raison. Comment allait il pouvoir leur expliquer que le Baron n'était pas visible. Pas maintenant. Pas dans l'état où il venait de le quitter. Comment trouver les mots et se montrer persuasif assez face à ces hommes et femmes de guerre. Il ferait ce qu'il savait faire le mieux. Protéger son Maitre. Garder contenance et assurance assez pour dire et faire ce qu'il se devait. Il en avait l'habitude, lui le vieux serviteur forgé par des années et des années d'expériences.

Quelques pas encore pour enfin franchir le porche. Une courte halte afin d'observer les arrivants une ultime fois, puis reprendre sa course, en direction de celui qui semblait mener la danse, pour l'avoir entendu faire quelques présentations et sermonner le jeune licorneux.
S'arrêtant à une demi douzaine de pas du chevalier, il s'inclina légèrement, puis, posant son regard dans celui de son interlocuteur énonça d'une voix qui se voulait aussi révérencieuse qu'assurée.


Messires chevaliers, je vous souhaite la bienvenue en l'hôtel de Lazare. Mon maitre est hélas pour l'heure souffrant, mais puis je me permettre de m'enquérir de votre identité ainsi que du motif de votre visite, afin que je puisse lui en faire part?

Regard avenant, expression la plus neutre qui soit, il parvenait même à contrôler ce désagréable tremblement de la main dextre, qui aurait pu être le seul signe visible de nervosité de sa part.
Immobile, faisant face au petit groupe, il attendait dans la posture stoïque mais ferme de tout homme habitué à mener maisonnée, attendant réponse à question posée, afin de la faire parvenir à son maitre.
Yseault
Longue et sinueuse est la route qui porte au savoir.... triste et amère celle qui nous fait rebrousser chemin par les erreurs, nous obligeant à recommencer. Il y avait un moment qu’elle connaissait cette tête de mule d’Ethan maintenant et chaque jour d’avantage un peu plus. Elle avait apprit avec le temps qu’il n’était pas bon de confronter tout être, que la patience est une vertu qui se doit d’être principale avec lui. Évitez toute brusquerie, la confrontation était de mise. Tel un oiseau de proie, avec des serres à vous déchiquetez, il savait observer, prêt à attaquer lorsqu’il se sentait mal ou traqué mais… finalement, ce n’était que le profil de l’aigle car tout au fond de lui-même se cachait un adorable cygne prêt à aimer majestueusement… bien qu’un peut trop noir la majeur partie du temps au goût de la blondinette ! Un être, deux personnalités bien distinct…. Tout ça dans l’âme du ténébreux ! Il avait de la chance qu’elle l’aime à ce point, qu’elle le considère comme le frère en remplacement de celui qu’elle avait perdu et encore, c’était même beaucoup plus que cela. Bien que son amour pour lui s’arrêtait à être fraternel, ils étaient plus que ce qu’ils démontraient. Seul lui arrivait à lui communiquer du réconfort lorsqu’elle cherchait un gouffre où ce jeter. Combien de fois l’avait t’il sorti de sa propre abime ? Trop de fois pour qu’elle sache se les remémorer toutes.

C’est un peu pour cela qu’elle le suivait comme son ombre maintenant et cela sans grand peine, un peu aussi parce qu’elle se devait d’être simplement à ses côtés par besoin de lui. Une promesse faites à sa sœur Oriabel, un désir d’appartenir dans le plus prestigieux des Ordres mais également parce qu’elle aimait Ethan comme la moitié d’elle-même qui elle demeurait encore un tant soit peu vivante. Yseault l’avait donc suivit depuis des semaines sans rien demander réellement en retour sinon que sa compagnie. Et seul Aristote savait, si naturellement il existait autre question définissable plus tard, qu’il n’était pas facile à vivre le Capitaine hein ! Jamais content… bougonneux, colérique, renfermé, muet comme une carpe, têtue comme une bourrique et elle en passe ! Mais pourtant, elle l’avait suivit sans rechigner. Bon, peut-être un peu … Elle adorait râler que pour râler, il le savait. Il l’a laissait piqué sa crise et le lendemain, elle revenait calmer. Il y avait longtemps qu’il n’en faisait plus trop de cas !

Bien entendu, elle s’était elle-même un peu perdue dans le silence au départ du sauveteur et de la rouquine mais, elle avait tenté de ne pas trop démontrer à son ami qu’il lui manquait cruellement. La tête pleine de pensée, ils traversèrent les herses de la Capitale du Limousin. Première fois qu’elle y mettait les pieds. Elle avait pourtant beaucoup voyagé mais jamais dans les environs. L’heure apparemment n’était pas aux petites visites touristiques puisque le dirigeant de ce trio entreprit de les conduire dans un domaine qu’elle ne connaissait nullement. Ils étaient attendus ? Ah… première nouvelle ! Elle qui pensait qu’ils pourraient se reposer… Apparemment ce n’était pas pour toute suite !

Elle échappa un petit soupire, se demandant ce qu’ils pouvaient bien faire ici tous les trois lorsqu’elle descendit de sa monture et suivit Ethan conjointement à l’autre demoiselle qui les escortait depuis Montpensier dont elle n’avait même pas eu la chance d’adresser plus d’un ‘’ bonjour ‘’ même en trois jours de route. Drôle de camaraderie mais, chacun avait ses petites soucis et certaine fois, les paroles non pas nécessairement leur place. Elle aurait bien le temps de faire plus profondément connaissance avec elle le moment venue.

Elle vit le blondinet partir d’un pas décidé dans la halle d’entrée de l’endroit fort peu particulier. Elle arriva à ses côtés en quelques enjambés pour le moins brutal au niveau du bruit de ses bottes qui résonnaient contre le parquet.

Tu veux bien me dir…

Elle allait lui demandé ce qu’il faisait ici lorsqu’une Dame fit son apparition et les salua, semblant sortir de nulle part. Yse posa ses yeux sur la ravissante femme, perplexe. Qui était-elle ? Arf… peut importe finalement, elle le saurait bien assez tôt. Elle venait de les appeler Chevaliers… bon pour les deux autres ça allait mais pas pour elle… elle n’était pas du tout de la trempe des deux capés azurés… plutôt le petit zoizio fragile et gaffeur, carrément pas à sa place dans ce monde de brutes avec une cape noire comme ses pensées secrètes ! Enfin, elle préféra ne pas relever et continua de l’examiner un moment avant de se tourner vers Ethan, cherchant elle-même à comprendre ce qu’ils faisaient icelieu. Apparemment, ils ne venaient pas rejoindre d’autres Licorneux puisque la femme venait de dire qu’il n’y en avait pas.

Le capitaine semblait songeur et elle décida de prendre la parole au départ du moins, comme cela, ça laisserait le temps à Ethan de sortir de sa léthargie spirituelle. Et puis enfin non… que pourrait-elle lui dire tout compte fait ? Bonjour et ensuite ? Elle ne savait même pas pourquoi ils étaient là et encore moins pour qui alors à quoi bon de parler pour rien dire. Elle demeura finalement silencieuse, hochant simplement de la tête en signe de salutation bien que son regard était toujours rivé sur elle, maintenant sur sa main qui enserrait son bâton. Mauvais pressentiment au creux de l’estomac…. Elle n’aimait pas du tout ce qui semblait se passer. La patience est une vertu… savoir la contrôler est être maitre de soi-même et la sagesse de l’esprit. Elle tentait de se répéter tout cela et espérait que le blondinet éclaircirait toutes ses questions tout en répondant à la Dame par la même occasion….Surtout avant qu’elle ne dise une bêtise, tout à fait son genre d’ailleurs….

Cela ne tarda pas réellement, Ethan les présenta elle et Alethea. Enfin !!! Elle en saurait peut-être elle-même d’avantage sur le pourquoi du comment de ce lieu. Voilà, le chat sortait du sac, il était ici pour Enguerrand. Elle avait naturellement entendu parler de lui, autant par sa place importante à la Licorne que par ses accomplissements dans le Limousin. Pourquoi venait-on lui rendre visite. Ce point semblait tout de même assez important à l’esprit de la blondinette qui ne comprenait pas trop tout ce qui se passait depuis quelques jours. Ne sachant que quelques brides d’une amie d’Ethan pour qui il s’inquiétait. Parfois, valait mieux pas trop poser de question et les réponses apparaissait d’eux même. Du moins, elle espérait que cela soit le cas ici-même.

Elle hocha la tête envers la demoiselle pour la saluer lorsqu’un homme déparqua soudainement, enfin… plutôt jeune l’homme. Quoiqu’il vaudrait mieux ne pas trop élaborée en ce sens vu qu’elle n’avait surement qu’une paire d’années de puisque lui mais bon…. Il n’était pas seul, un homme, un vrai le suivait de près et armé également. Bien ça ne s’arrangeait pas pour la rassurer tout cela.

Voilà qu’Ethan maintenant partait dans une crise de colère bien que sensiblement contrôlé envers le gamin qui avait osé lui couper la parole. Ah bien oui… un écuyer… il aurait mieux fait de dire bonsoir avant d’ouvrir son clapet celui-là… et encore…. le ténébreux, l’était pas de bonne humeur et se gênait nullement dans la démonstration. Le petit ange blond se fit très discrète appuyant son dos contre le mur finalement et écoutant la suite avec attention. Cela ne manquait nullement de divertissement les escapades dans le Limousin.

Un nouvel homme arriva, que par l’habillement, sa démarche et sa façon de parler, elle en conclut rapidement qu’il était l’intendant du Maistre des lieux. Apparemment celui-ci était souffrant. Tout ce chemin pour rien ?! Elle posa ses pupilles contre Ethan pour attendre la suite patiemment, sachant pertinemment qu’il n’en demeurerait surement pas là….



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La_Brindille, incarné par Ethan
Elle avait écouté les présentations. A demi concentrée sur toute l’agitation.
Deux Chevaliers, une groupie, qu’elle salua d’un simple signe de tête. Ils voulaient rencontrer Enguerrand.
Elle serra d’autant plus sa main senestre sur son bâton, faisant crisser le bois.
Elle allait parler, dire qu’elle ne savait comment le voir, et à vrai dire s’en fichait comme de la guigne.
Elle allait parler et sans doute faire une énorme erreur.
Mais comment expliquer à quel point elle s’en moquait de ce Chevalier rageur ? Qu’il a beau avoir tous les honneurs d’un passé splendide, pour elle, seuls les actes présents comptent.
Et si se n’était sa prestation en salle du Conseil, mais c’est surtout son abandon, ce "je m’en foutisme" face à son amie.
Et ce message qu’elle lui avait fait lire juste avant de partir… Comment ne pas ressentir de l’écœurement face à ce mâle qui la laissait… ?
Elle fuyait la Pivoine, elle était partie en croisade, pour oublier, pour ne plus penser. Prétexte qu’elle a prit et qui pourrait lui couter la vie.
Comment ne pas ressentir de la culpabilité, elle qui était l’une des causes de ce départ. Même si ce demeuré de Jules le méritait.
Si elle s’était tue… elle ne le pourchasserait pas à l’heure qu’il est.

Ils voulaient voir Enguerrand… elle se sentit rassurée.
Quoi de plus normal que les Licorneux se réunissent ici quand le Maitre des lieux est présent.
Elle allait parler quand des pas boueux entrèrent à leur tour. Eructant un ordre perclus de condescendance.
Elle reporta son attention sur le couple armé jusqu’aux gencives et haussa un sourcil.
Dieu qu’elle avait du mal avec ces pédants. Tous nobles qu’ils sont, elles ne supportaient pas cette assurance qu’ils osent afficher alors qu’ils n’ont pas une once de mérite.
Juste bien né… tsss

Elle allait lui répondre. Quand le Capitaine la devança.
Reportant son attention sur lui, elle pencha la tête sur le coté, étonnée, ravie de la remise en place bien sentie.
Elle sourit aux paroles cinglantes. Elle sourit…
Mais son plaisir se terni quand il nomma la Pivoine.
Fronçant les sourcils elle regarda l’Ecuyer, le détaillant. Toutes ces armes… pourquoi ?
Comme s’il partait en guerre, en croisade lui aussi.
Même elle, elle n’était pas partie ainsi. Juste ses lames, et ce sourire teinté de mélancolie.
Et ses mots…

Prends soin de toi jeune fille, c’est un ordre

Elle inspira, fermant un instant les yeux, puis les ouvrit de nouveau sur Ethan, plongeant son regard de brume sur ce visage fermé.
Elle n’allait pas s’appesantir ici. Toutes ces affaires là ne la concernent en rien.
Elle avait un message à donner à Pierre, et savoir si elle en avait reçu un… c’est tout !
Et puis elle se doutait bien qu’elle était de trop. Ils n’aiment guère qu’on se mêle de leurs affaires ces gens là.
En prime, elle-même n’a que peu envie de se mêler à eux, donc… autant prendre congé rapidement.
Elle sourit quand elle vit le vieil intendant entrer.
Sourire qui se mua en soupire las.
Souffrant… le Maitre est souffrant… pauvre chou…
Elle allait s’avancer vers Pierre pour lui remettre son message et lui demander s’il en avait un de Cerridween, mais elle se rappela la remise en place d’Ethan face au gamin.
Elle se dit qu’elle allait attendre qu’ils finissent. Histoire d’éviter de se prendre une brasse par le blondinet qui semblait fort tendu.
Elle salua néanmoins l’intendant, en sortant une missive de sa besace.
Petit message silencieux, histoire qu’il prenne celui-ci, qu’il lui donne le sien, s’il y en avait un, et qu’elle puisse s’en aller et les laisser à leurs affaires.


E_newton
C’était à croire que tous se liguaient pour arriver comme des crins de chevaux dans le brouet. Décidément, tout semblait lui échapper, tel le sable frais glissant entre les doigts sans qu’on sache le retenir. Rien n’allait plus M’sieurs Dames, les jeux étaient faits, et la roue du temps tournait inlassablement jouant contre lui, contre sa patience, contre tout ce qui avait fait qu’il était devenu l’un des Chevaliers de l’Ordre. Il se contenait, pour elle, pour pouvoir lui venir en aide si tant est qui le puisse. Il lui fallait cependant faire preuve de diplomatie pour parvenir à ses fins, même s’il savait pouvoir atteindre le même résultat en employant des moyens bien plus radicaux. Mais il n’était ni l’heure, ni le lieu pour cela, et il se devait de faire preuve de toute la retenue dont il pouvait encore être capable.

Ce fut donc avec le plus grand respect qu’il se tourna vers ce nouvel arrivant qui ne devait être autre que le majordome d’Engue. L’homme était âgé et ne semblait nullement impressionné par tel attroupement en l’hôtel. Il fallait dire que des Licorneux dans la cour de l’un des leurs n’avait pas de quoi créer quelconque émotion chez le vieil homme. Mais voilà que tout vacillait une fois encore, quand son interlocuteur lui annonça qu’Enguerrand était souffrant. Ethan se contenta d’inspirer profondément pour tenter de recouvrer le calme nécessaire à formuler réponse avenante. Le serviteur n’était en rien responsable des désagréments occasionnés par tant d’abstinence de réponse. Aussi, ce fut d’une voix toute aussi courtoise, bien que dépitée, qu’il prit de nouveau soin de se présenter.

Bonjour, je suis Ethan, Capitaine de l’Ordre.

Bien malgré lui, il s’était infligé de mentionner son rang au sein de la Licorne. Une façon comme une autre de faire valoir l’importance de cette visite inopinée. Jamais il ne s’était présenté nulle part sans y avoir été invité, mais là, son subconscient lui dictait d’agir ainsi.

Vous me voyez contrit d’apprendre qu’Enguerrand soit souffrant. Une affaire de la plus haute importance requérait que nous nous entretenions, mais je conçois qu’il soit dans l’incapacité de me recevoir.
J’avais osé espérer qu’il puisse me fournir quelque explication quant à la trop longue absence de notre Sœur, Cerridween. Cela me soucie au plus haut point, et je ne sais ce qui l’a motivée à se rendre aussi promptement en La Rochelle, mais …


Il n’avait pas osé terminer sa phrase, ne voulant pas faire valoir l’inquiétude qui le rongeait. Mais voilà, tout avait été dit, sans aucune retenue, certainement trop affligé qu’il était de se retrouver une fois encore acculé. Sans vraiment s’en rendre compte, il avait baissé la tête le Capitaine. Il cherchait silencieusement le moyen de se sortir de cette nouvelle impasse dans laquelle il s’était engouffré tête baissée. Il avait osé espérer qu’on saurait l’orienter, lui redonner l’espoir, lui apporter l’une des pièces du puzzle qui lui manquaient. Mais soudainement, il se sentait de nouveau las, comme si une nouvelle fois toute la misère du monde s’abattait sur lui.

Pourquoi se sentait-il tout à coup épié par toutes les personnes qui l’entouraient en cet hôtel lui semblant soudainement d’un sinistre au possible ? Il se redressa, tentant autant que faire se peut de dissimuler le désarroi qui l’habitait. S’efforçant à respirer calmement, il cherchait une issue. Que sais-tu donc Chevalier ? Rien … Rien, si ce n’est ce ressenti … Rien, mis à part le fait qu’elle est à La Rochelle … Alors … Bouges-toi les fond’ment non d’un chien galeux ! Si tu cherches une réponse, va la quérir là où elle t’a dit s’être rendue. Personne ici ne semble capable de t’en apprendre plus, n’y perd plus ton temps, et cours y vite.

Un soupire silencieux filtra d’entre ses lèvres pincées. Il lui fallait montrer l’exemple à ces hommes et femmes, et ne pas laisser transparaître ce qu’il ressentait. Un Chevalier de la Licorne, Capitaine de surcroit, ne pouvait se laisser aller ainsi. Il était de son devoir d’aller de l’avant, de les guider, leur montrer la voie qui était la leur. Ne s’attendant désormais plus à une quelconque intervention de la part de l’un des présents, il faisait déjà demi-tour pour aller quérir sa monture. Mais il leur fallait tous se reposer avant de reprendre la route, car à l’impossible nul n’était tenu. Alors avant de quitter définitivement les lieux, il s’adressa une dernière fois au vieil homme.

Peut-être sauriez-vous nous indiquer auberge accueillante pour la nuit ?
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--Pierre_de_charnay
Alors qu'il attendait réponse à sa question, il reporta brièvement son attention vers la jeune femme qui maintenant lui tendait missive. Le regard se fit une fois de plus las, comme à chacune de ses venues. Il n'y avait rien pour elle, ni pour personne, provenant du Chevalier. Discrète moue de dépits en signe de silencieuse réponse. Mais avant qu'il ne puisse s'avancer vers elle et prendre de ses mains le parchemin qu'elle lui tendait, l'un des licorneux prit la parole. Ainsi donc celui là était chevalier, Capitaine de surcroit. Voilà qui expliquait cette verte remontrance à son frère admonestée. Celui là avait l'habitude de commander et mener assemblée à bon train.
Mais pour l'heure, il ne pouvait déceler dans sa voix comme dans son attitude, que fatigue et lassitude, se peut agrémentée d'une once d'appréhension.

Comme il le craignait, ils étaient venus quérir le Baron afin de s'entretenir avec lui du départ de son amante.
Comment leur expliquer à quel point ce départ avec plongé le Chevalier dans un sentiment d'isolement, le coupant de tout contact extérieur, quasi apathique et muet, sombrant lentement sur les douces mais impitoyables pentes de la folie et de la réclusion .
Comment leur dire que pour rien au monde il ne laisserait quiconque entrevoir le Baron en cet état présent.
Comment leur faire comprendre que s'il ressortait de la cache où il avait trouvé refuge, ses réactions en seraient pour l'heure des plus imprévisibles, tant la rage et la fureur parfois pouvaient ressurgir de cet être déjà à moitié disparu, de cette flamme presque éteinte.

Hésitant, aspirant l'air à petites goulées, comme autant de brulures froides entrant en ses poumons, il vit le Capitaine faire demi tour et demander endroit où résider.
Tendant la main devant lui, comme pour tenter de retenir le licorneux, il s'exprima enfin, d'une voix hésitante.


Chevalier. Mon Maitre, hélas, ne sait que fort peu de choses concernant le départ du Maistre d'Arme.

Brève hésitation. Trop tard, tu en as déjà trop dit, il te faut poursuivre maintenant.

Il a bien eu missive de sa part que je lui ai fait parvenir, mais je n'en connais le contenu. Il n'a pipé mot depuis sur ce sujet là...Tout juste d'ailleurs s'il a réellement parlé ces dernières semaines. Il...Je crains qu'il n'ait été plus profondément touché par cela que...j'aurais pu le craindre...Ses...démons...Son démon...est revenu et il ne quitte pour ainsi dire plus la pi...l'hôtel sauf pour quelques rares sorties, nocturnes pour la plupart...Il ne voit plus personne ni ne communique quasiment avec âme qui vive en dehors de votre humble serviteur.

Profonde inspiration. Ne pas trop en dire. Il en était de son devoir, de sa promesse à son maitre donnée.

Il la croit partie à jamais, messire chevalier. Il la pense perdue pour toujours et, pour le connaitre assez, s'en sent au plus haut point coupable et responsable. Et...pour tout vous dire...et si vous me le permettez...Je...j'ai assisté à son départ, messire. Je l'ai vue quitter l'hôtel après avoir mis bon ordre en toute ses affaires, comme à chaque fois qu'elle partait encontrer quelque périlleux danger. Elle...si j'ose le dire, elle m'a donné forte brassée et marque d'affection tout autant inhabituelle que de la plus mauvaise augure, comme si c'était là la dernière fois qu'elle...Courage...Un effort encore...prononce ces mots...Qu'elle...venait en ces lieux. Comme une sorte de départ pour un avenir des plus...sombre et...dangereux...

Les mots avaient été prononcés un à un, comme arrachés à contrecœur à cette âme qui d'habitude ne disait que fort peu. Le silence pour un instant enfin revenu, il s'en voulait déjà de ce qu'il avait dit, ayant sentiment tout à la fois d'avoir trahi son maitre comme celle qui avait été sa maitresse durant ces derniers mois.
Pâle, le regard désormais hésitant, il posait par instants son regard sur celui du Capitaine, n'arrivant toutefois pas à le fixer. Il aurait voulu que jamais ceci n'arrive. Que jamais personne ne vienne. Qu'il n'ait pas eu à parler.
Il aurait tant voulu...
Lady_antlia
[Là bas dans l'Sud, au loin, près de la petite bleue ]

Il était des missives auxquelles on ne pouvait ne pas répondre. Il était des taches auxquelles on ne rebutait pas. Il était des devoirs qui n'en étaient pas.... Et l'Etoile n'avait point réfléchi quand à rejoindre son Cap'tain ou pas quand elle reçut la missive. La décision avait été rapide, avec juste un point noir : Eloy d'Azayes et sa fille fraichement rackettés et campant à Carcassonne.

De Castres elle prit la route pour Carcassonne dès la réception du pli, afin de les escorter et de faire enfin connaissance avec celui qui faisait battre le cœur de sa fille. Qui sait peut être son futur gendre? ne pas manquer d'être à la hauteur, arrêter pitrerie et montrer son côté froid , sec et un tantinet taquin.
Cela n'avait pas loupé, le jeune homme dans ses petites chausses n'avait pas trop bronché.. à se demander ce que sa fille si vivace et vivante lui trouvait. Mais affaire de cœur n'a pas de loi.

De Castres, passer en terres hostiles afin de rejoindre le Bourbonnais Avergne, destination du jeune couple et temps de faire ses adieux.
L'Etoile confia alors Tristan, son jeune fils d'à peine quelques mois, ainsi que la nourrice qui allait avec à Appolline sa fille.


Tu rejoins Lyon, je te confie donc ton petit frère. Il sera bien mieux avec toi ... que là où je dois me rendre. La vie de Licorneux sied mal à un jeune enfant.


Elle regarda sa fille d'un air triste, se rappelant qu'elle l'avait emmenée dans toutes ses péripéties, armées, voyages des son plus jeune âge. Elle ne l'avait point épargnée la petite... d'où, nul doute son aversion pour l'Ost. Mais sans père présent, l'Etoile jeune Capitaine de l'Ost Dauphinois à ce moment là, ne souhaitait la laisser à nul autre.
Tristan avait un père, Licorneux également... celui qui devait devenir son époux et qui ne le sera jamais. Le choc avait été rude pour la Blonde mais que dire? Deux enfants sans être mariée... défiait toute bien séance, mais c'était dans son caractère. Aimer sans compter, à tout donner... et à se perdre.

Appolline, si tu croises le Baron, tu pourras lui confier son fils. Je lui envoie une missive afin de le prévenir de votre arrivée. Sinon, pourrais tu le confier à Azure, ton ancienne nourrice à Grignan? Là bas, je serais sûre qu'il ne manque de rien, et tu serais libre d'aller où tu souhaites.


La charge d'un jeune enfant pour Appolline n'était pas ce qui convenait le mieux à une jeune fille accompagnée d'un prétendant. Antlia la savait du même tempérament qu'elle, en plus fort. Mais souhaitait que sa fille vive sa propre vie, sans ces charges qui étaient celles de l'Etoile.


[D'Aurillac au point de rendez vous: ]

séparation douloureuse pour l'Etoile qui quittait ses deux enfants. Des larmes qu'elle avait cachées se montrant forte auprès de sa fille et ne point approfondir la douleur de ces manques, à l'une et à l'autre.
La Licorne lui prenait beaucoup ... non ce n'était pas en ce sens. L'Etoile donnait à la Licorne beaucoup de sa vie, des sacrifices qu'elle ne comptait point, vie qu'elle avait choisie.


En compagnie de son amie Aldraien, elle avait chevauché bride rabattue vers le lieu de rendez vous en espérant que ses frères et sœurs de la Licorne ne soient pas encore partis, mais surtout qu'ils aient eu les renseignements que le Cap'tain souhaitait pour cette affaire. Antlia avait bien cherché, auprès de ses contacts, mais personne n'avait vu son autre Cap'. Elle avait retourné la question dans tous les sens pourtant, elle avait réfléchi ... il y avait bien des organisations de mercenaires, des compagnies et groupuscules de brigands dans ce coin. Mais bon, la Rousse n'aurait point envoyé une missive si cela avait été le cas, absurde.
Et d'ailleurs que contenait cette missive qui avait fait réagir Ethan, jusqu'à leur demander de venir?
Deux jours, ne prenant qu'un rapide repos, surtout pour les montures qui avaient été mises à rude épreuve, deux jours avant de voir Limoges apparaitre au loin. Deux jours à se tortiller les méninges et à se poser la question : il se passe quoi ?

Les pas des chevaux ralentirent lorsqu'elles passèrent le Guet de Limoges. La Blonde, droite sur son destrier dont elle caressait l'encolure comme pour le remercier d'avoir subit sa folie. Faisant attention aux enfants qui se faufilaient dans les rues, aux marchands et crieurs, aux immondices versés ici et là … enfin bref, la vie d'une ville dite vivante, elles arrivèrent à une place.
Elle passa ses deux jambes du même côté de Syrius puis se laissa tomber sur le pavé, le fer de ses bottes claquant, faisant retourner quelques badauds.
Elle retira ses gantelets, unique pièce de métal qu'elle se permettait sur sa tenue de cuir et sa cape bleu azur. La Belle se retourna vers sa rousse compagne :

Va falloir les trouver maintenant …. Limoges est vaste . Je propose que nous fassions les tavernes. Te méprends pas... le tour des tavernes .
Coup d'oeil à son amie, sourire sur un visage grave et fatigué sous la poussière .
Et puis trouver un endroit, j'en peux plus de cette poussière que je mange à présent .
Tape de sa main sur sa cape, nuage de poussière qui s'éleva. Elle confia Syrius à un jeune garçon d'écurie lui tendant quelques écus contre bons soins puis attendit Aldraien.
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Aldraien


Dieu qu'elle s'était ennuyée la Rouquine à Castres...Pourtant son amie semblait avoir trouvé plaisir à ce séjour. Certes elle avait pu revoir certains de ses amis partis du Lyonnais-Dauphiné depuis trop longtemps, cela lui avait fait plaisir, mais rapidement elle avait commencé à trouver les journées longues, ne venant presque plus en taverne et attendant avec impatience le départ.
Et puis il y avait eu ça...cet événement qui l'avait considérablement marqué et qui avait failli coûter cher à l'Etoile. L'amour fait souvent plus de mal que de bien, elle en avait eu la confirmation le soir où cela avait eu lieu, et croire en l'amour était comme croire en un verre posé en équilibre et qui menaçait de s'écrouler...Tôt ou tard, ça cassait, ça se brisait. Il fallait seulement prier pour que ça arrive le plus tard possible.
Ainsi, elle avait passé de nombreuses heures auprès de Tlia à la soutenir comme elle le pouvait, mais elle connaissait cette épreuve et savait à quel point il fallait faire un travail sur soi-même pour pouvoir la surmonter, malgré tout le soutien qui pouvait être apporté.

Et le départ tant espéré arriva enfin, malheureusement pas dans les conditions qu'elle espérait : Il fallait aller chercher Appolline et son prétendant, ils s'étaient fait brigander.
La maman et la marraine inquiètes qui prennent donc les montures afin de chevaucher à brides abattues en direction de Carcassonne, toujours aussi calme la route, même pas un peu d'action. Elles retrouvent finalement les enfants, rassurées, ils n'ont rien.
Mais pas le temps de s'attarder, il leur faut déjà repartir. Elles ont été appelées à Limoges et elles y vont, bien sûr.
Par sécurité, les petits les accompagnent ou plutôt, elles les accompagnent jusqu'à Aurillac, en BA. Pas trop loin du LD...
Cela fait longtemps à présent que la rousse n'y ai pas retourné, combien déjà ? 1 mois ? 2 mois ? Elle ne sait plus, ça lui est égal de toute façon, elle ne tient pas en place et si elle y était retournée, elle aurait très vite décidé de bouger à nouveau.

Aurillac, les séparations.
Un petit pincement au coeur, Ald n'aime décidément pas les au revoir. Elle est d'ailleurs restée à l'écart des tavernes ce jour là, elle s'y fait discrète depuis un moment de toute façon, personne ne s'en inquiétera.
Quand reverra-t-elle sa filleule ? Oh elle la reverra oui, c'est le quand qui restait aléatoire.
Mais cela faisait partie des sacrifices nécessaires, ceux qui menaient sur la voie de la Chevalerie, la voie qu'elle avait choisi en son âme et conscience.
Et pour cela elle ferait tout ce qui était nécessaire, y compris laisser ses enfants encore jeunes en la Rugissante, même s'ils lui manquent, même si elle leur laisse une partie d'elle-même.
Elle les retrouvera, mais la Licorne passait avant le reste, même avant sa vie de famille ou plutôt ce qu'il en restait.
L'Etoile et la Louve reprirent donc la route, à deux. Direction...Limoges, encore deux jours.

Les pauvres chevaux...et les pauvres femmes.
Exténuées, elles arrivèrent enfin à Limoges, alors que le jour se levait à peine. Il faisait froid, un froid mordant comme c'est le cas souvent en hiver et la rouquine serrait contre elle sa cape frappée de son blason afin d'empêcher le vent de s'engouffrer dans tous les orifices possibles.
Elles avaient poussé les chevaux afin d'arriver au plus vite, se négligeant elles-mêmes par la même occasion. Pleine de poussière, la couleur or des vêtements de la jeune femme avait viré au jaune terne, tout comme le feu de ses cheveux avait laissé place brun sali...Même la robe noire de sa jument était devenue grise.
De toute évidence, heureusement qu'elles étaient enfin arrivées, car le repos ainsi qu'un bon bain devenaient indispensables. Ald ne savait toujours pas pourquoi elles avaient fait tout ce chemin si vite, Tlia lui avait simplement indiqué qu'on les avait appelé à Limoges et elle avait suivi sans se poser de question, elle saurait plus tard.
En tout cas la chose avait l'air importante si l'on en croit la vitesse à laquelle elles ont chevauché.

Du haut des montures, elles peuvent sans difficultés survoler toutes les personnes passant par là, elles étaient les seules cavalières, aussi loin que le regarde de la rouquine pouvait porter, elle ne voyait personne d'autre à la même hauteur qu'elles deux.
Et une place, enfin, la place du village. Imitant sa suzeraine, Ald met pied à terre, faisant cliqueter tout l'attirail qu'elle transportait sur elle : Dague, épée, bourse emplie d'écus résonnant...
Elle regarde autour d'elle, mais avec tout ce mouvement, inutile de signaler qu'il serait inutile de tenter de retrouver les autres sur cette place, et de toute façon ils n'étaient de toute évidence pas là.
Son oreille se lève alors qu'elle entend le mot "taverne", avant de retomber dans une moue en entendant "le tour des tavernes", simplement le tour des tavernes, ça voulait dire pas boire. Grimace de la rouquine, l'avait soif elle après avoir avalé tant de poussière.
C'est donc évidemment en grommelant qu'elle mena sa jument par la bride jusqu'au garçon d'écurie et lui remit quelques écus pour son service.
Grimpant sur la fontaine de la place, elle jeta un nouveau coup d'oeil, repérant au loin un bâtiment à l'enseigne bien connue de la jeune femme. Puis elle se retourna vers son amie, un léger sourire sur les lèvres, avec en arrière pensée l'espoir de pouvoir se débarbouiller un peu et boire un coup.


Tlia...Il y a une auberge, là bas. Ils y sont peut-être.

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La_Brindille, incarné par Ethan
[Toujours en l’hôtel de Lazare]

Ça... On peut le dire !


Sa voix avait claqué comme un couperet, presque violente, trop tranchante. Cinglante, coup de fouet sur peau à vif.
Elle fixait l'intendant de ses yeux de brume qui se transformait en tempête aux nuages menaçant.
Sa main senestre crispée sur le bâton et s'en faire blanchir les jointures des phalanges.
Elle faisait face à ceux là qui l'avaient laissé partir. Ceux là qui ne semblaient se soucier d'elle que parce qu'elle semblait en danger à présent.
Son cœur n'avait fait qu'un tour quand le Capitaine parla de La Rochelle.
Elle devait être à Loches...
Pas à La Rochelle...
Elle devait la rejoindre là-bas.

Elle toisait l'intendant la Brindille, elle n'avait que faire de son petit statut de gueuze sans envergure à présent.
Il l'excusait... lui... lui qui se terrait à présent alors qu'elle risquait sa vie possiblement.
Si elle avait pu aller le déloger cet imbécile aveuglé par son propre petit nombril.
Et il faut qu'on le plaigne encore de pleurer celle qu'il a laissé partir ?

Oh qu'elle rageait la Brindille, elle bouillonnait en elle-même car elle, elle l'avait lu cette fichue lettre.
Mais elle n'en parlera pas, il n'en vaut pas la peine le trouillard.
Elle fusilla Pierre du regard puis le reporta sur le Capitaine qui semblait plus lassé qu'autre chose.
D'une voix tout aussi tranchante, ne cherchant pas à calmer la fureur qui rageait en elle.

Comment savez vous qu'elle est à La Rochelle ?
Elle devait être à Loches. L'autre idiot y était aux dernières nouvelles.


Elle fronça les sourcils cherchant à comprendre. Tout fusait dans son esprit. Toutes les missives qu'elle avait reçues.
Toutes les informations sur la traque que la Pivoine avait entreprise.
Il était à Loches. Il devait être à Loches, pas à La Rochelle !
La Rochelle...

La...
Son visage se mua alors en stupeur. Un souvenir, une demande, non, une réclamation, un ordre.

"Renseignez vous, il se passe des choses à La Rochelle, le Conseil veut savoir."

Plusieurs pigeons, plusieurs échanges, un groupe et finalement une liste.
Pas de Jules pourtant.
Elle ne croit pas aux coïncidences.
Rien n'arrive sans raison !
Tel était le crédo de son éducation.
Et voilà ces Chevaliers qui se présentent ici, alors qu'elle-même devait prendre la route demain pour le Poitou.
La Rochelle...

Pour ce qui est de l'absence de votre... sœur...

Elle fixait Ethan d'un regard froid, sans agressivité cependant. Visage teinté d'écœurement, de lassitude, mais surtout d'impuissance.
Elle continua sur un ton monocorde, détaché.

Elle est partie en chasse. Elle traque un rouquin du nom de Jules. Vous devez le connaitre...

Petite pointe d'ironie. Ses yeux plantés dans les siens.
Elle en avait que faire la Brindille de risquer de s'en prendre une à présent.
Elle en avait que faire de se faire rabrouer comme une mal propre.
Elle était écœurée par leur déférence.
Par l'autre abruti qui s'apitoyait sur son triste sort au fond de son trou.
Il est tellement touché le bougre qu'il va cracher son venin en salle du Conseil.
Oh qu'elle avait la haine la Brindille, et ça émanait de tout son être.
Car oui, elle aussi se sentait coupable.
Coupable d'avoir provoqué le Jules. Coupable d'avoir prit des coups. Coupable d'en avoir parlé à Cerridween. Coupable...
Sans ça, elle ne serait pas partie... pas comme ça. Par avec ce prétexte là.
Pas en risquant peut-être sa vie.
La Rochelle...

Il devait être à Loches, elle s'y est rendue.
Maintenant vous dites La Rochelle...
Il a du bouger le demeuré.
Elle le traque pour le tuer. Elle le traque pour... oublier.


A ce dernier mot elle reporta son attention sur Pierre et le foudroya du regard un instant. Puis elle revint sur Ethan.
Vous êtes sur pour La Rochelle ?
J'ai eu la liste de toutes les personnes douteuses s'y trouvant.
Tout un groupe notamment. Jules n'était pourtant pas cité.


Elle avait complètement oublié les autres, son attention rivée sur le Capitaine. Seul lui semblait vraiment dans le même état d'appréhension qu'elle.
Une intuition partagée, quelque chose n'allait pas, quelque chose ne tournait pas rond. Trop de choses qui s'entrecoupaient.
Trop de coïncidences.
Elle n'y croyait pas.
Rien n'arrive sans raison et justement... il devait se passer quelque chose de grave pour qu'elle soit face à cet homme là.


Fauconnier
"La solitude est le fond ultime de la condition humaine. L'homme est l'unique être qui se sente seul et qui cherche l'autre. " (Octavio Paz, Le labyrinthe de la solitude)

Renâclement contenu, à mi-chemin entre le soupir et le grognement. Suspendu entre la colère, et le désespoir ; comme tout son être, dans la période qu'il traversait...

Etrange être que ce jeune Faucon qui restait là, à exister malgré les errements et les peines. Il paraissait aussi adapté à la situation qu'un oiseau nageant en pleine mer ; il semblait aussi guerrier qu'un moine armé d'un goupillon au milieu de la bataille.
Il entretenait son feu intérieur, celui qui nourrit et qui guide. Mais il n'avait encore rien de la froide détermination qu'il deviendrait, attisé par les faits et les actes. Ce balbutiement, qui se ressentait dans ses yeux, n'était qu'une étincelle jaillie des silexs de la Volonté, qui allaient être attisés par le Destin. Il avait des yeux d'une dureté charbonneuse, probablement due à leur couleur si sombre. Un éclat de pierre qui luisait au fond de son regard, et qui faisait savoir à qui le regardait qu'il ne bougerait pas d'un pouce dans qui il était. Et s'il n'y avait rien de plus caricatural, c'était bien celui d'un jeune garçon frêle et bâti comme un oiseau, qui recelait en son regard la force du Faucon, voire du Taureau. Mélange d'aérien et de terrestre ; mélange de promesses et de demandes, de désirs, et de questions. Il n'était qu'une pâle plume duveteuse, virevoltant dans les brises du soir, au milieu des tempêtes et des orages.
Son regard se fixa sur les quelques protagonistes de la scène, avant que le vieil homme n'apparaisse. Il examina la situation avec distance, comme il savait si bien le faire ; comme un tacticien observant un champ de bataille ; comme un César qui explorerait le Rubicond.

Il n'avait que peu d'informations, et réfléchissait en cherchant à savoir quelles étaient les motivations de la jeune femme qu'ils venaient de rencontrer, et que le Capitaine ne connaissait manifestement ni d'Eve ni d'Adam. Car elle devait être une amie de son Chevalier, pour ainsi partager certains éléments que l'Ordre ne connaissait pas. Et c'est ce regard, froid et dur, qui se tourna vers le Capitaine Newton lorsqu'il lui ordonna de tempérer ses propos.
Il maudit intérieurement ce faquin qui prenait ses désirs de grandeur pour des réalités, croyant que ses gantelets lui donnaient le droit de péter plus haut que son cul ; et bien qu'il sût qu'Ethan avait de nombreuses qualités, et que plus que tout autre il méritait ses gantelets, son orgueil, son sacro-saint orgueil, ne put s'empêcher de voler dans les plumes du Ténébreux. Pour mieux se protéger ; pour mieux éviter le rappel pénible de mots similaires, qui, assénés voilà peu de temps, avaient faillis le briser, et le faire voler en éclat. Adrian avait ainsi un rapport particulier avec l'autorité, comme on le sait ; habitué à commander et à se faire obéir, jeune homme laissé à lui-même quand il était enfant. Il s'était retrouvé face à plus fort que lui, et n'avait pu continuer à se construire qu'en ayant l'assurance qu'un jour, il serait plus fort que tous ces êtres qui le prenaient de haut. Il ne parvenait à vivre qu'en conflit perpétuel avec les êtres ; il n'avait aucune conscience de l'Amour, du désir, ou même de l'amitié ; et même ses liens avec Luthi'(1), sur certains aspects, n'en étaient pas indirectement dictés par un besoin de protection, de puissance, en se plaçant derrière un enfant plus vieux que lui.

Et c'était ce sens du conflit qui le laissait perpétuellement seul, et désemparé, dans ce monde immense et dangereux. Un jeune homme seul, et pétri de mauvais sentiments, qu'il tâchait de transformer au service des autres, laborieusement ; Quête du Graal la plus périlleuse qui soit, que celle qui veut tailler le charbon le plus dur pour le faire resplendir en diamant taillé.

Il encaissa la réprimande sans mots dire, simplement en hochant la tête à ce que l'on lui disait. Il remisa ses pensées noires dans sa poche, avec un mouchoir par-dessus. Et se contenta d'un simple hochement de la tête, se plaçant en retrait pour laisser le Capitaine gérer toute l'opération.

Son seul signe d'activité fut un signe de tête à l'homme d'arme qui l'accompagnait, toujours à cheval, qui fit faire alors demi-tour aux bêtes, et partit au pas, vers l'Hostel Fauconnier, qui était très proche. Il irait y ranger les bêtes et le matériel, en attente de la suite des évènements.

" Tu es un gamin sans père, dont la mère à sombré dans la folie.
Tu es un gamin élevé par des politiciens dans le culte du lignage, dans le culte du nom, dans le culte des apparences et des biens matériels.
Tu te glorifie de ta propre existence alors que jamais tu n'as accomplit la moindre chose. L'humilité est pour toi une chose inconnue et l'idée même de te remettre en question t'es étrangère tant tu considère qu'être dans l'erreur t'es impossible
Tu as été élevé dans le luxe et l'opulence comme si tout t'était du, entouré de serviteurs que tu traitaient moins bien encore que des bêtes et d'adultes mielleux et serviles pour qui tu étais tant un outil qu'un faire-valoir.
Tu penses que le respect t'es du et jamais tu ne te montre respectueux.
Tu ne sais pas combattre car jamais tu n'as eu à affronter l'adversité.
Tu penses que tu es au dessus des autres et pourtant tu n'es pas capable d'accomplir ne serait-ce qu'une once de ce qu'ils font pour toi.
C'est à peine si tu as assez de volonté, de force et de coordination pour te torcher le tas de graisse bloblotante que te sert de cul avec tes gros doigts boudinés sans avoir à demander l'aide d'une demi-douzaine de larbins !
Tu as été élevé en parasite, par des parasites, pour des parasites, et tu as toujours vécu en parasite ! "(2)


Et c'est un jeune homme pensif qui suivit la suite de la discussion, en proie à ses démons ; en proie aux paroles sauvages que son père lui avait assénées, comme des coups de maillet plantés dans la tête. C'était le souvenir d'un couloir obscur, éclairé à la torche où brillaient des armures de légende, des armes ayant appartenues à d'antiques héros, et des tapisseries d'exploits glorieux. C'était le souvenir d'un vent froid et d'un orage violent. C'était le souvenir de l'odeur froide et humide de la glaise putride attachée au cadavre, et celle, fétide et suppurente, de la chair azotée qui se décomposait. C'était la marque dans son esprit d'une orbite vide, où un liquide verdâtre suintait avec délicatesse.
Un souvenir de cauchemar ; le dernier souvenir, désormais, qu'il avait de son père, ou de ce qu'il croyait être lui.
Baissant les yeux et la tête, il tenta de cacher qu'il rougissait de honte devant la remontrance, lâchant involontairement un regard vers l'Errante qui, derrière Ethan, tentait elle-aussi de trouver des réponses à cette quête qu'ils avaient.

Celle d'une tempête rousse perdue,

Quelque part entre les ombres(3).


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(1) : Luthifer 'coute jamais, fils adoptif de Rhuyzar et Ilmarin de la Louveterie ; meilleur ami d'Adrian.

(2) : Paroles empruntées à Bralic, lors du RP "L'armure de Bralic".

(3) : Référence au titre du premier Tome de Blacksad, de même teneure.
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Lady_antlia
[Limoges, place du centre: Mais où sont ils?!]

De voir juchée la Rousse sur la fontaine, comme un mousse sur une vigie, elle prit le sourire. Et à ses mots, une phrase lui vint à l'esprit : " Taverne, taverne à Bâbord !" . La Blonde prit sur elle afin de ne point rire de sa bêtise puis ses sinoples se dirigèrent vers l'endroit désigné. En effet se dressait un fier établissement dont l'enseigne , pas trop crieuse mais de bonne taille lui plu de suite.


Bien Ald, allons y . Je suppose qu'ils auront également des chambres et des baquets afin de nous ..... enfin nous en avons besoin assurément.

Petit sourire en coin sur la tenue qu'il allait falloir battre afin de lui redonner quelques couleurs d'origine.
Et sans doute quelque chose à boire et à manger.

D'une main sur le ventre, elle indiqua à Aldraien que pour elle, il étant temps d'avaler quelque chose. En effet, celui ci commençait à faire des bruits incongrus.
Vu l'emplacement de l'auberge, central par rapport à la ville, elle y rencontrerait certainement des Licorneux ou des personnes à qui elle pourrait ainsi ... faire demande de renseignements sur la disparition plausible de leur Capitaine.
La Blonde attendit que la Rousse veuille bien descendre de son perchoir, puis elle se dirigea vers la taverne, ses bottes claquant sur les pavés de Limoges.

D'une main assurée, Antlia poussa la porte de la taverne, la trouvant ... vide. Elle était inquiète du fait qu'il allait être difficile d'obtenir des renseignements si le nombre de personnes fréquentant l'établissement n'était pas plus ... important.

Pas vers le tavernier.
trouver les Licorneux et d'un ..
De deux, trouver de quoi boire, dormir et surtout se baigner... Peut être était ce plus facile à trouver mais la Blonde n'avait penser qu'à les retrouver depuis des jours, et de sa condition elle n'en avait cure.
de trois, trouver des renseignements sur le Tyran.
Le brave leur servit à boire, leur donna une chambre chacune mais pas plus. Il allait falloir faire montre de patience.




[Après quelques heures, toujours dans Limoges : Mais où est elle ?!]

Quelques heures de repos après un bain d'où la blonde sortit retrouvant figure humaine, avoir s'être habillée de propre, elle avait parcouru la ville. Elle eut le plaisir de retrouver Breccan son grand frère comme elle aimait à l'appeler ainsi que la tite 'blonde Yseault tous les deux sur le départ.
Vives accolades et discussions sur ce qu'ils étaient venus tous faire icelieu : trouver la Pivoine. Ils n'avaient pas plus de renseignements semblait il que la Blonde et intérieurement, c'était bouillant d'impuissance. Elle qui avait l'habitude d'action, de trancher dans le vif du sujet, elle se sentait inutile.
Et la missive qu'elle reçut la conforta dans ce qu'elle ressentait comme un échec.



Citation:

Damoiselle,

Je viens d'avoir confirmation que votre Capitaine n'est point en Limousin pour l'instant. Par contre son lieu de résidence et bien situé à Limoges. Je suis désolé de ne pouvoir vous aider plus.

Bien à Vous

Childebert de Béarn
Evêque de Limoges
Recteur Grégorien
Vicomte d'Argentat


Tous ceux qu'elle côtoyait, qu'elle voyait étaient interrogés sur la Pivoine, sa présence ... Mais chaque fois la réponse négative sonnait. Elle replia avec soin la missive qu'elle cala dans sa besace, respira une longue fois. Elle n'était plus en Limousin...
Il allait falloir attendre le Cap'tain et la patience n'était pas le fort de l'Etoile . Elle resta attablée en taverne, attendant que la porte s'ouvre sur des Licorneux.

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