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[RP] "Parrain raconte moi la Croisade"

--Actarius_le_magnifique
Ce RP est un RP Fermé.
Pourquoi? Car il s'agit d'une correspondance entre deux personnes et on ne fouille pas dans les tirroirs à lettres des autres, curieux! Toutefois, vu qu'il s'agit de la Croisade et que c'est un thème ô combien d'actualité et qu'au fond, on sait pas vraiment ce qu'il s'y passe pour tous aussi bien que les Languedociens, nous avons trouvé intéressant de le partager.
Bonne lecture !






Une lueur brillait encore dans une des chambres de l'auberge. Dépouillé de son armure, le Vicomte s'adonnait à un exercice qu'il n'était pas sans apprécier. Ainsi la plume griffait-elle un velin sous l'aura bienveillante d'une chandelle. Le sommeil l'avait fui sans vergogne et seule cette occupation pouvait encore lui changer les idées. Des pensées noires, chaotiques, qui s'entrechoquaient continuellement en un fracas étourdissant.

Un secret absolu avait entouré le récent drame, la mort de l'enfant tout juste venu au monde. Une tragédie pour le couple vicomtal, qui s'était traduite par un départ quasi immédiat vers la Bourgogne. Le Vicomte n'avait sans doute d'autres desseins que d'oublier par l'excitation du combat, quant à son épouse... ses intentions étaient floues. En apparence, elle avait simplement refusé de demeurer loin de son mari trop longuement et lui avait cédé. Elle cherchait peut-être à s'approcher un peu plus des ténèbres où était désormais enfoui son dernier né. En vérité, tous deux cherchaient à expier une faute, un péché ou une quelconque erreur qui aurait expliqué l'injuste sort qui les avait frappés. Servir dieu en participant à une croisade, obtenir son pardon. La catharsis par le sang, la renaissance dans les cendres. Le phénix d'Euphor n'échappait pas à sa légende.

La mort n'était certes pas rare, elle était partie prenante d'un quotidien difficile durant les froides périodes de l'année. Mais celle-ci avait revêtu un caractère tout particulier en privant le Vicomte d'un second fils qu'il espérait tant, en privant la Vicomtesse d'un nouvel enfant à chérir.

Loin de laisser paraître leur tristesse durant le trajet, Actarius et Nanelle revenaient à leur silence sépulcral lorsqu'ils se retrouvaient tous deux dans le noir. Dans ces instants de douleur, l'ancien Coms du Languedoc prenait alors la plume et écrivait.




De Nous, Actarius d'Euphor, Vicomte du Tournel, Seigneur de Saint-Dionisy et d'Aubemare,

Tendres salutations.


Le temps du combat approche. Nous avons déjà laissé le Velay derrière nous et traverserons bientôt le Lyonnais pour rejoindre la Bourgogne où nous sommes attendus.

Dans notre calvacade, seuls certains lointains échos du Languedoc nous parviennent. Mais nous ne sommes pas dupes, les querelles politiques doivent s'y poursuivre. Et peut-être la guerre civile se prépare-t-elle. Nous nous sentons loin de ces vains tourments et ne saurions trop vous conseiller notre suzeraine de demeurer simple observatrice de cette arène de spectacle de mauvais goût qu'est devenu le Languedoc.

Nous vous félicitons par ailleurs pour votre nomination au Secrétariat d'Etat. Notre scribe vous rendra bientôt visite pour vous aiguiller. Il est de toute confiance.

Prenez soin de vous et ne répondez à aucune des sirènes qui ne manqueront pas de venir vous trouver. Qu'elles viennent d'une Enduril ou Laurine louvoyantes, qu'elles viennent d'un Ryllas convaincant et habile rhéteur ou d'un Amor menaçant, n'y répondez pas, demeurez neutre, aimable et restez loin de cette folie du pouvoir.


Que le Très-Haut veille sur Vous et nous offre l'honneur de revenir victorieux auprès de Vous !

Rédigé et scellé le XVIIème jour de décembre de l'an d'Horace MCDLVII.



A l'aube de cette longue nuit qui avait recouvert Montbrisson, un messager partit, il arriverait quelques jours plus tard en Languedoc où il remettrait le pli à la jeune Vicomtesse de Cauvisson, la petite étoile.

Jehanne_elissa
Elle avait attendu ce moment toute la journée. Journée passablement ennuyeuse soit dit en passant, qui avait été depuis la réception de la lettre du Vicomte le matin même qu’une looongue et interminable attente de l’instant ou elle prendrait à son tour la plume… Plusieurs points négatifs en fait. Le froid tout d’abord quelle vivait assez mal et qui la poussait à vivre emmitouflée sous amas de fourrures et étoffes chaudes de toutes sorte : c’était encombrant, empêchait de faire tout le genre de mouvements vifs et nerveux que peut faire une enfant. Un vrai carcan à sa liberté du haut de ses jeunes années ! Ensuite elle était sortie toute la matinée, naviguant entre le château Comtal et Mende pour son travail de médiatrice comtale avant de se rendre compte qu’il n’y avait rien à faire. Puis l’après-midi, de grâce, elle l’avait passée au chaud dans le cabinet de sa « tante Pol » face à la cheminée assise sur sa chaise de bureau ses petits pieds ne touchant le sol et battant l’air ; même si elle savait se montrer sage lorsque le sérieux était de rigueur on ne chasse pas le naturel. Le nez en trompette s’était souvent froncé et sa lèvre inférieure avait encore une fois été victime des assauts de sa nervosité : l’après-midi avait été consacrée à la lecture des précédents travaux d’Actarius. Et comme c’était angoissant ! Cet homme avait des choses quelle n’avait pas : une lucidité politique hors pair, une expérience politique et une connaissance profonde des mouvements Languedociens. Alors elle avait lu, relu, paraphé, relu, noté, fait des dessins pour schématiser l’état des choses… Des personnages avec des couronnes, des couronnes barrées, des têtes de diables, d’autres avec des petits cœurs… Et pour mieux comprendre encore, puisé dans toutes les connaissances qu’il avait su partager avec elle tout en redoutant l’instant ou ça serait à elle d’écrire un rapport politique… Sachant pertinement que ce serait pour la semaine à venir.

Le soleil était sorti du couffin de nuages cotoneux qui l’emprisonnaient en fin de journée pour irradier le Languedoc sans le réchauffer avant de laisser place à une nuit froide ou la lune entamait son éternelle danse avec les mônsieurs nuages. Après un repas joyeux avec ses « frères et sœurs » d’Alanha ou toute l’innocence de l’enfance à repris son emprise sur elle, après le jeu de course commencé avec grand bruits à travers les couloirs de la demeure de Mende Jehanne a pris le chemin de sa chambre après avoir embrassé tout le monde, essoufflée mais heureuse. Là-bas après s’être fait couvrir d’une chemise de nuit et à nouveau d’étoffes chaudes elle grimpe sur la chaise face à son secrétaire, attrape un velin, trempe sa plume et commence, d’une écriture appliquée et le cœur en fête. Une lettre pleine de grands mots , de ces sentiments non camouflés de l'insouciance, et ne respectant pas toutes les convenances voit le jour...



Citation:
De moi, Jehanne Elissa de Volpilhat, Vicomtesse de Cauvisson et Baronne de Malpertius,

A vous, mon parrain,

Comme il est agréable de recevoir de vos nouvelles et de savoir que vous faites bonne route ! Me voila rassurée, je puis vous assurer que vous et votre épouse manquez au Languedoc du moins à Mende ou encore et surtout à moi… Et surtout vous.

Je vous remercie de vos félicitations pour le poste de Secrétaire d’Etat mais sans vous, il n’en aurait rien été. Et d’ailleurs sans vous, je me sens un peu perdue… J’ai donc hâte de recevoir votre Scribe qui saura, s’il est votre obligé j’en suis certaine, m’aiguiller le temps de votre absence… Même si je pense pouvoir être à la hauteur du poste grâce à vos enseignements et à l’éducation que j’ai reçue je suis bien consciente qu’il y a des subtilités qui peuvent m’échapper. J’y mettrais donc tout mon cœur, toute ma réflexion pour ne pas louper votre suite et surtout, que vous soyez fier de moi et que la déception ne peigne pas votre visage si d’aventure, vos pensées se tournent vers ma petite personne.

Quant au Languedoc oui, il semble qu’un simulacre de calme s’installe avant la tempête. Le Comte reçoit dans son bureau mais les rapports avec la caserne sont toujours autant complexes, de plus, nous comptons déjà une démission. La salle des doléances devant laquelle je suis passée ce matin ne désemplit pas… J’ai peur mon parrain qu’une guerre civile éclate comme vous le pensez, elle serait dévastatrice, sanguinaire et bien mauvaise pour nos terres… Le Languedoc mérite mieux que ça !

Mais n’ayez crainte : je me tiendrais définitivement éloignée des insipides querelles politiques. Il ne m’intéresse pas de m’en mêler ce sont des choses trop aléatoires, trop soumises aux humeurs de l’homme et même fondamentalement liées à l’homme qui nous le savons est faible, changeant et souvent guidé par son propre intérêt. Aucune Laurine ni aucune Endurill, aucun Ryllas ou Amor ne sauront me détourner de ma neutralité. Le pouvoir ne m’intéresse pas : je préfère grandement mon office de Secrétaire d’Etat calme et pérenne ainsi que ma place auprès de mes proches.

Faites attention à vous Vicomte. Je ne connais les horreurs de combats mais ce que j’en ai entendu me donne froid dans le dos, et le fait de vous imaginer souffrant d’autant plus. Revenez nous entier, vivant et égal à vous-même, je vous en supplie.

Je me suis inscrite à une pastorale. A votre retour, vous serez mon parrain. Rien que pour ceci, revenez nous, vous et votre épouse en bonne santé ! Et ne manquez de me donner de vos nouvelles l’attente va être longue et le soucis présent !

Par ces inquiétudes je vous laisse, Vicomte. Si vous passez près de Malpertius n’hésitez pas à y passer quelques temps, ne serait-ce qu’une nuit, pour vous reposer, manger, vous réchauffer. Les gens de là bas vous laisseront entrer et profiter soyez sans crainte.

Avec toute mon amour et mes plus encourageantes pensées si elles peuvent vous aider à combattre l’hérétique,

Jehanne Elissa.



Froncement de sourcil. Elle a oublié quelque chose ! Autre bout de velin arraché et lui décoré d’une écriture plus rapide et emportée.

Citation:
Lors de mon passage en Bourgogne pour les allégeances Tante Pol m’a dit de me méfier des hommes Bourguignons : malgré leurs sourires enjôleurs, leurs paroles savantes ou plaisantes elle ne m’a pas caché qu’ils peuvent devenir des loups ! Même si vous n’êtes pas un mangeur de petits lapins vous, faites attention !


Et le petit bout est ajouté à l’autre lettre, cacheté et mise en évidence sur son secrétaire ; cela partira demain à la première heure sur les traces du Vicomte de Tournel. Et à la petite Jehanne de s’enfouir au fin fond de sa couche, emplie de pensées affectueuses pour le Vicomte et de crainte des loups mangeurs de lapins… C’est qu’elle aime les lapins et donc n’aimera jamais les loups. Mais elle ne réalise pas encore dans tout son sens qu’elle est Goupil…
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--Actarius_le_magnifique



Le départ pour l'Empire était désormais imminent. La lance languedocienne avait ralliée une des armées à Dijon et partirait dans la journée pour sa divine mission. A la lueur palote d'une chandelle bien consumée, le Vicomte écrivait. Il avait laissé le confort des auberges pour le dénuement d'une tente. Pourtant, un sourire retrouvé ornait ce visage marqué toujours par le drame récent.

L'approche du combat avait redonné vie à l'enthousiasme du guerrier que demeurait le Mendois, elle lui avait réappris le sens de la fratrie, le goût du partage. Au silence glaçant des premiers soirs avait succédé le réconfort de cette voix si chère à son coeur. Nanelle se remettait elle aussi. Le drame se dissipait et était devenu un souvenir douloureux, une plaie qui jamais ne se refermerait. Mais ainsi en allait-il de la vie, elle était aussi fragile et éphémère que l'envol d'un papillon au printemps. La mort frappait chaque jour et dans maintes familles elle survenait sans égard, volant enfant, parent sans distinction. Les temps étaient rudes, la mort imprégnait le quotidien de toutes et tous. La vérité est qu'elle était si incontournable, si omniprésente et si normale, que les gens vivaient avec simplement et humblement car telle était la volonté du Très-Haut.

Certains se remettaient lentement, mais le Vicomte n'étaient pas de ceux-là. Il avait lui-même côtoyé la Ténébreuse à deux reprises, l'avait donnée, il avait vécu la disparition de personnes si proches que la mort n'était plus qu'un soubresaut, un simple détour, tout douloureux qu'il fut, sur le chemin de sa vie. Elle n'était rien d'autre qu'un événement du quotidien plus marquant que les autres. Non pas qu'il était insensible, non bien au contraire, il était juste habitué. Ainsi allait l'existence en ces époques sans pitié, voilà tout. Et le phénix ne se nourrissait-il pas de cendres et de sang pour renaître encore et encore, ne vivait-il pas éternellement par et vers la mort...

Sourire aux lèvres donc, plume de tendresse d'un futur parrain pour une future filleule.




De Nous, Actarius d'Euphor, Vicomte du Tournel, Seigneur de Saint-Dionisy et d'Aubemare,

Tendres salutations.


Le temps de lever l'épée surviendra bientôt. Et pourtant, nulle crainte en notre coeur. Ainsi sont forgés les vrais guerriers, sereinement ils attendent l'appel du combat espérant servir une cause juste, espérant la servir le plus dignement et le plus héroïquement possible. De tous temps, la guerre a été l'oeuvre la plus grandiose de l'homme. Aussi triste et pathétique que cela puisse paraître, aucune autre entreprise humaine possède une telle ampleur, une telle résonance.

Nous nous en rendons compte ce jour, nous avons attendu ce moment toute notre vie. La politique nous a longtemps détourné de ce que nous sommes vraiment, un humble guerrier.

Des centaines d'hommes de tout horizon avaient genou à terre, épée en main sous la bannière des Croisés que nous sommes désormais. Des Normands, des Bourguignons, des Orléanais, des Toulousains, des Languedociens, des Bretons et bien d'autres encore. Tous réunis sous un même étendard. Alors que tous récitaient leur prière, un sourire vint accompagner notre propre recueillement. Nous étions simplement heureux et fier d'être là.

Mais ces considérations sont bien vagues, lointaines, incompréhensibles peut-être. Aussi allons-nous vous apporter plus de concret et de nouvelles réjouissantes. Car, nous sommes arrivés en Bourgogne sans encombre, ce jour nous avons rejoint une armée normande qui compte dans ces rangs le Grand Amiral de France. Nous devrions quitter Dijon sous peu pour aller annihiler la menace hérétique.

Nous avons également profité de notre court séjour bourguignon pour anoblir notre ami le plus cher Insanius d'Asylum qui est désormais notre vassal. Voilà les principaux événements qui ont marqué ces derniers jours de calme, avant une tempête qui ne saurait être autre que victorieuse.

Notre terre nous manque pourtant et nous portons avec peine les nouvelles que vous nous donnez de notre bien aimé Languedoc. Nous gardons confiance néanmoins, car le Languedoc demeure fort bien qu'agonisant. Il nous survivra, il survivra à tous ceux qui le mèneront sciemment ou non à sa perte, à tous ceux qui s'en serviront pour leur gloire personnelle, il survivra à tous ceux qui tenteront de le déchirer. La force d'une histoire, la force d'une tradition, la force d'un peuple d'Oc, ne peuvent être anéanties. Quoiqu'il advienne, notre terre se relèvera. Puisse toutefois la sagesse revenir aux fols qui se déchirent pour une parcelle de gloire, par orgueil, jalousie ou mauvais esprit ! Et puissent-ils tous goûter à l'enfer lunaire, si dans leur démence ils venaient à faire couler du sang languedocien !

Prenez garde à vous et prenez soin de vous. Vous êtes un bien précieux pour le Languedoc, bien plus précieux que ce que vous devez imaginer. Nous ferons tout pour vous préserver de la pourriture inhérente aux sphères du pouvoir, mais nous serons franc et sincère toujours avec vous. Ce jour plus que jamais nous allons vous écrire sans détour, car nous ignorons si nous pourrons écrire encore avant les combats, si le Très-Haut nous rappellera à Lui.

Vous êtes l'héritière d'un nom prestigieux qui a marqué l'histoire de France, d'Aragon, mais aussi du Languedoc. Vous êtes la fille d'une des plus pures personnes qui fut en ce monde. Cet héritage est lourd à porter et de votre nom beaucoup voudront se servir. Vous serez approchée bientôt, on tentera de vous séduire par des promesses, quand vous serez en âge, bien des hommes viendront vous courtiser, vous caresser de leurs belles paroles. Pour tous ceux-ci, vous ne serez qu'un tremplin vers des titres, vers une réussite, vers le pouvoir. Fuyez les arrangements quoique tous ceux qui vous sont proches puissent vous conseiller. En amour comme en politique, écoutez votre coeur plus que votre raison, sans sombrer dans la passion pour autant.

La raison est perverse, car il arrive qu'elle prive du bonheur. Le coeur a le mérite de la sincérité, il ne conduit pas toujours au bonheur, il mène parfois à de grandes erreurs, mais des erreurs toujours on apprend et grandit. A trop raisonner, on devient fou. Soyez heureuse, vivez pour les autres sans oublier de vivre pour vous. Votre héritage est lourd à porter, mais... celui-ci jamais ne doit devenir une obsession. Soyez heureuse, c'est bien là le meilleur moyen de vous montrer digne de votre nom auquel beaucoup associe le malheur et la tragédie. Que Volpilhat devienne synonyme de sourire, de vie et de joie grâce à vous !

Cette missive touche à son terme, car le temps est venu de préparer le départ. Priez pour nous, mais n'ayez nulle crainte. Si notre vie s'achevait arme à la main au nom d'un juste combat, alors nous quitterions ce monde heureux.

Que le Très-Haut vous garde jeune demoiselle et qu'Il vous rappelle chaque jour que tant qu'une étincelle de vie vibrera en nous, vous aurez le plus fidèle ami que jamais vous ne pourrez trouver.

Rédigé et scellé le XXIIIème jour de décembre de l'an d'Horace MCDLVII




La missive fut scellée, confiée à un messager qui partit sans attendre pour le Languedoc. Quant au Vicomte, on l'aida bientôt à revêtir son armure, et sous la cuirasse, nul doute que le sourire survivrait.

Jehanne_elissa
Un corps d’homme pourvu d’une tête de loup, babines baveuses et crocs jaunis à l’air courrait follement, rageusement, a foulées affamées. Affamé ça oui, il l’était. Ses yeux marron étaient emplis de haine et de cruauté : un monstre. Mais vers quoi courrait-il ? Ou plutôt vers qui ? C’est là que la vision s’élève et que l’on peut voir une petite silhouette habillée d’une robe de velours émeraude, couronne vicomtale sur masse de cheveux roux retenue en tresse ; elle aussi cours. Mais pas dans le même but, oh non, son ventre ne crie pas famine et ses yeux expriment plus la terreur que la faim... Elle est la proie du carnivore. Le monstre gagne en distance et elle entend avec horreur de plus en plus distinctement ses râles tandis que puisant dans ses dernières forces elle tente d’accélérer. Or c’était sans compter sur un trou, là, sur son chemin quelle ne manque malheureusement pas –ben oui, on a de la chance ou on en a pas !-. Face contre terre, elle tente à l’aide de ses coudes de se relever. Elle tousse, s’étouffe, recrache la glaise qui s’est immiscée dans sa bouche et se retrouve sur le dos… Face à la gueule du loup.

« - Ah ! »

Souffle court, assise au milieu de son gigantesque lit, l’héritière goupil ouvre des grands yeux effrayés. Il lui faut un certain temps, plusieurs regards à gauche comme à droite sous le lit comme dans les coins de la pièce pour se rendre compte que ce n’était qu’un mauvais rêve. Dans un gémissement elle se couche à nouveau, montant ses couvertures jusqu’au menton, dos à la lune qui donne une dimension inquiétante à sa petite silhouette sur le mur de pierres sans âge qui lui fait dorénavant face. Ce n’est pas la première fois quelle voit des hommes aux têtes de loup -ou l’inverse, on n'est pas sectaire- dans ses nuits agitées. A vrai dire, c’est depuis qu’elle est sortie du Languedoc et quelle a vu le Monde, la noblesse et surtout de nouvelles figures masculines n’ayant rien à voir avec Actarius, le plus absent mais tout autant cher Cristol ou même le Coms d’Alanha qui pourtant l’impressionne avec son manteaux de Pair.

Elle enfonce sa tête dans l’oreiller quelques instants comme pour grâce au noir chasser les images du monstre avant de la relever d’un mouvement vif. Lorsqu’on est enfant on cherche du réconfort. Peinée à l’idée de déranger sa Tante Pol et honteuse de se montrer faiblarde face à ses « frères et sœurs » d’Alanha elle se lève, silhouette en chemise de nuit qui va allumer une bougie puis s’asseoir face à son secrétaire. Elle avait prévu de répondre à Actarius le lendemain mais qu’importe, elle serait fatiguée mais surement réconfortée. Décidément, les correspondances sont nocturnes…


Citation:
De votre presque-future-filleule, Jehanne Elissa de Volpilhat, Vicomtesse de Cauvisson et Baronne de Malpertius,

A vous, mon parrain,

C’est à la lueur d’une chandelle alors que la lune éclaire encore notre cher Languedoc que je vous écris. Je viens une fois de plus de faire un mauvais rêve et j’ai encore trop d’images effrayantes en tête pour m’endormir alors je viens, par ces mots qui je sais seront lus de vous, trouver un réconfort.

Votre dernière lettre n’a pas manqué de m’inquiéter en même temps qu’elle m’a surprise.

Votre description des Croisés m’a touchée. L’image que vous en avait peinte est fantastique et de loin même si j’ignore tout de la guerre et de ce genre de rassemblement, je ne peux que vous admirer, vous comme ceux qui vous accompagnent. Il est beau de savoir tant de monde donner sa vie pour la grandeur Très-haut, vouloir le défendre au péril de son existence car Lui seul est bon et nous mènera sur des chemins paisibles éloignés de l’houleuse et ténébreuse existence que mènent ceux qui le renient. Puissiez-vous, j’en suis certaine, le défendre et l’aimer à travers ces combats et ainsi, j’en suis encore plus certaine, Il vous accordera la vie et saura ce que vous avez fait pour Lui. De ma chambre en la ville de Mende je vais prier pour vous, pour votre victoire et pour vous donner dans ma petite mesure un peu de courage nécessaire à une telle tâche. Par la prière je me joins à vous, puisse t-elle vous éviter trop grande blessure ou même le trépas… Mais rien que d’y penser, j’en frissonne. Evitez de mourir s’il vous plait. C’est presque un ordre de suzeraine à son vassal que je vous fait par cette requête, j’ai bien trop besoin de vous.

Ce besoin s’exprime d’autant plus à la lecture de vos mots sur mon nom. Bien que consciente de l’importance de mes aïeuls, des deux Couronnes que les gens de mon sang ont été membres je ne pense pas saisir le sens de cet héritage à part entière. Je sais qu’il est important et ne pas salir le nom de Volpilhat est une volonté ancrée en moi je pense depuis toujours car de ce que j’en sais, je suis fière d’être l’héritière de ce nom. Et peu m’importe si certains actes de mes aïeuls venaient à me décevoir : le Très-Haut a voulu que je partage leur sang et prenne possession de l’héritage de ce nom, je le ferrais, c’est mon devoir. Mais je ne pense pas connaître assez mon histoire, ma famille pour en capter le sens pleinement. J’ai envie, mon Parrain que vous reveniez à moi vivant pour m’en dire plus et ne rien me cacher car pour être digne de cet héritage, pour le porter fièrement je dois savoir ce qu’il en retourne. Il est loin d’être une obsession cet héritage, il est juste un devoir aussi bien qu'on don dont je suis prête à affronter les conséquences.

Quant aux hommes qui dites-vous, viendront me courtiser je n’en ai cure. Aucun ne méritera que je lui réponde ou même que je le considère autrement qu’un être vivant parmi tant d'autres si je n’ai pas avant votre aval ainsi que celui de tante Pol. Mais ce jour, je pense, est lointain et nous aviseront à ce moment là mais n’ayez crainte les élans de la passion, ce sentiment que chantent les troubadours et dont font un principe de vie les femmes de petite vertu, m’est complètement inconnu et je ne suis pas sure de vouloir le connaître.

Lorsque vous m’écrivez de rire et de sourire, de vivre heureuse je ne vois pas comment je pourrais vous contredire. Je suis heureuse et je ris peut-être trop. Et si cette nature joyeuse qui est mienne vous plaît je ferrais tout pour la garder.

Faites attention à vous, je prierais pour vous et les autres Croisés dans l’espoir que vous nous reveniez tous entier, et n’oubliez pas que je vous veux entier en Languedoc nous avons fort à faire : un baptême et des confidences.


Jehanne Elissa.


De sa petite menotte elle s’empara du bâton de cire pour y mettre son prénom, à défaut d’un sceau. Puis la missive fut posée au coin de son secrétaire. Léger souffle qui éteint la bougie alors qu’a petits pas frileux elle retourne s’enfouir sous ses draps, l’esprit maintenant occupé par autre chose : pourquoi son parrain s’inquiétait-il tant quelle ne soit pas heureuse ?

Si la vie l’avait peu châtiée, elle petite Vicomtesse certes orpheline mais qui a grandi dans l’amour et entourée de gens ne souhaitant que son bonheur –et ne lui refusant rien de surcroît !- et donc peu façonnée par les malheurs il était un trait de caractère chez elle dominant : une nature rieuse, joyeuse. Plus que personne, un petit rien savait la rendre heureuse. Un soupir fila. Comme quoi, parfois, son presque-futur-parrain-c’est-une-question-de-massacre-d’hérétiques adoré savait se montrer rabat-joie.

Ah ces adultes tout ce souci qu’ils se font !

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La nuit était devenu veille au devant des remparts de la cité de Genève. Au nord de la ville, s'étendaient les terres du Saconai et de Pregny. En s'installant là, l'armée des Croisés à laquelle appartenait le Vicomte contrôlait toutes les allées et venues sur la rive nord. En contrebas des bourgs des petites fortifications avaient été érigées sous l'égide du remarquable Amiral de France, homme qui imposait naturellement le respect. Si les Languedociens avaient élu domicile dans une petite hostellerie du bourg de Saconai, ils se relayaient aux abords des fortifications pour monter la garde. Le Mendois et son Roy d'Arme de parrain menait leur veillée dès la minuit et ce jusqu'aux frêles lueurs de l'aube.

Les circonstances étaient telles que le seul véritable danger à craindre demeurait le froid et cette bise glaciale qui se jetaient sur le camp croisé après avoir balayé les ondes du Léman. Aussi, le Vicomte s'autorisait-il souvent à rentrer sous sa tente à quelques pas à peine des fortifications, laissant la besogne aux hommes de main. Et dans ces instants de répit, il avait pris l'habitude de lire les missives qui lui parvenaient de loin, de répondre aux plus pressantes et de rédiger quelques plis de plaisance. Mais ceux-là étaient destinés à sa seule future filleule. Il y avait à la vérité bien peu de mots qui pouvaient définir son attachement à sa petite étoile, celle sur qui il avait voulu veiller dès la mort tragique de feue sa suzeraine Marguerite de Volpilhat. Pour le comprendre, il aurait fallu assisté à la scène aussi émouvante qu'éprouvante lorsque dans un élan irrépressible, ses lèvres avaient baisés celles froides du cadavre de la Fleur d'Oc pour un serment de vassalité par delà la mort même.

Mais de cet événement nul ne pouvait se souvenir hormis lui, car il était bien le seul acteur, spectateur de ce geste fol d'une passion bien autre que l'amour. Le devoir par delà tout, voilà ce qu'il avait hérité de Margot. Mais ne changeait ainsi un homme. Le caractère emporté du Seigneur de Saint-Dionisy ne s'était pas évanoui. Et c'était précisément dans un tourbillon, une tempête où se mêlaient sans relâche le devoir et la passion qu'avait pris source l'attachement indéfinissable qui le liait à sa petite étoile.

Sous la toile indifférente, assoupie sous la lune d'une nuit de veillée, la plume comme mue par le souffle froid griffa passionnément le velin.





De Nous, Actarius d'Euphor, Vicomte du Tournel, Seigneur de Saint-Dionisy et d'Aubemare,

Tendres salutations.


Les doutes ont depuis plusieurs jours assailli notre esprit. Ce fut tout d'abord la traversée de l'impériale Franche-Comté où les Croisés furent accueillis comme des mécréants, des envahisseurs sans scrupule souillant le sol du Saint Empire. Ce fut cette progression envers et contre tout, malgré une trêve, la promesse de ne pas avancer. C'est désormais ces quatre armées croisées autour de Genève qui s'est officiellement dissocié des Lions de Juda. L'attaque sur la ville n'a plus de sens, et pourtant nous demeurons à veiller sur les remparts jour et nuit dans l'attente d'un combat qui ne viendra plus.

Comment pourrions-nous désormais lever les armes alors que Genève a plié avant même que nous arrivions ? Notre plus grande crainte est désormais qu'un conflit autrement moins légitime soit provoqué par la présence de Croisés sur sol helvétique. Nous ne sommes pas dans le secret des grands, mais si la situation devait s'envenimer une guerre entre l'Empire et le Royaume pourrait bien éclater et alors le sang coulerait sans aucune raison valable.

Nous nous prenons à espérer le retour ou une chasse sans répit là où cette engeance se trouve, car notre rôle, nous en avons la profonde conviction, est terminé en Helvétie.

Quelle misère ! Nous espérions combattre pour une cause juste et légitime et voilà que nous sommes cantonnés à l'inaction alors que le mécontentement gagne chaque jour du terrain à notre encontre, que la rumeur gonfle à chaque instant. Les Confédérés ne tolèreront pas éternellement des armées sur le sol alors que Genève s'est soumise à la volonté de Rome.

Il est toutefois un fait que nous ne pouvons expliquer et qui justifierait peut-être notre "siège". Les portes de la ville sont demeurées closes et hormis la déclaration officielle de l'avoyer, rien ne nous porte à croire, que la situation a réellement changé. Et si la déclaration n'était qu'un leurre visant à éloigner les Croisés ? Ou peut-être demeurent-elles fermées par peur des Croisés... Nous l'ignorons, mais un mauvais pressentiment nous guette.

Il vous faudra prier pour nous, jeune Vicomtesse, car votre vassal pourrait bien être pris dans un tourbillon d'événements malheureux auxquels il n'aurait d'autre choix que de prendre part. Priez pour nous, priez comme nous le faisons pour que ceux qui tiennent le destin de cette croisade entre leurs mains se montrent sages et raisonnables devant les événements.

Le Languedoc commence de nous manquer vraiment. Non pas ses querelles et ses orgueilleux, non pas sa politique et ses plaintifs, mais la chaleur de sa terre. Nous vous laissons avec le sourire, car la seule pensée de pouvoir vous lire bientôt nous réconforte, vous la si joyeuse et pétillante Vicomtesse, vous à qui mes mots doivent sembler parfois si lourds, si incompréhensibles. Le temps des retrouvailles et des confidences est peut-être bien plus proche que nous le pensons. Après vous avoir lue, nous sommes cependant serein et savons que tout se passera bien durant notre absence.


Que le Très-Haut veille sur vous, qu'Il veille sur le Languedoc et ses habitants !

Rédigé et scellé le XXXème jour de décembre de l'an d'Horace MCDLVII





La cire coula, le scel fut apposé et bientôt un messager partit vers le sud.



--Actarius_le_magnifique



Un défilé de visages mornes et las traversait désormais la Savoie. La Curie romaine avait enfin réagi pour ordonner le retrait de Genève. Cette décision avait déclenché une colère terrible dans le camp des anciens croisés et le Vicomte languedocien lui aussi fulminait, il s'était fourvoyé, il avait douté, il avait été comme tant d'autres Français abusés et trompés. Surtout, il s'était rendu compte que ce qu'il avait vu comme une évidence et un bien-fait n'était en fait qu'une sombre erreur.

Les quatre armées avaient abandonné l'étendard croisés sur les chemins savoyards. Ils avaient obtenu un droit de passage pour rentrer chez eux, mais les villes leur restaient closes et les marchés interdits et ne formaient plus désormais qu'une colonne pathétique, décimée par la déception.

Dans le camp établi près de Chambéry, le Mendois prit le temps d'écrire à sa future filleule.





De Nous, Actarius d'Euphor, Vicomte du Tournel, Seigneur de Saint-Dionisy et d'Aubemare,

Tendres salutations.


Combien grande fut notre erreur ! Combien nous fûmes imbécile et faible dans nos pensées ! Nous avons compris ce jour que nous n'aurions jamais dû quitter Genève où l'hérésie vit encore et vivra longtemps même.

Alors que nous vous écrivions, l'avoyer de la cité ordonnait à ses citoyens de ne plus alimenter le marché pour ne pas favoriser la croisade. Les mots employés, le ton guerrier et vindicatif nous ont montré quel personnage il était, il nous surtout convaincu du peu de valeur de son engagement écrit. Vouloir affamer sa propre populace pour porter préjudice à des Armées Saintes, quel bel exemple !

A peine avions quitté nos positions pour rejoindre la Savoie, que cet avoyer nous traitait tous de charognards ! Oui, charognards... Son Altesse Armoria de Mortain et la fine fleur de France traités de charognards, quelle preuve de bonne volonté. Nous pensions qu'en cette affaire la sagesse était de ne pas faire couler le sang, nous avions tort. Face à l'hérésie et à ses sympathisants, les mots n'ont plus d'effet, il n'est que l'épée qui puisse servir encore.

Comme je le pensais, Rome a ordonné le retrait alors qu'elle avait toutes les cartes en main. La peur, la lâcheté, voilà ce qui a motivé la Curie bien plus soucieuse de ne pas froisser des hérétiques et leurs sympathisants que de considérer avec un peu plus de respect les hommes venus de tout le Royaume combattre en son nom. Tout cela pour un morceau de vélin signé par un fol.

Ce qui furent Croisés ont été de vulgaires pions, avec lesquels se sont allègrement amusés les Cardinaux. Alors que dans leur luxe, ils fêtaient la Saint Noël, leurs jouets la traversaient sous les insultes et les quolibets des Franc-Comtois. Où est la justice, où est le sens d'appeler des fidèles pour finalement préférer pactiser avec l'hérésie ?

La colère en nous est immense. Il est bien heureux qu'aucun cardinal ne se trouve sur notre route, car pour sûr, sa fin serait douloureuse.

Nous apprenons tous les jours de nos erreurs, nous savons désormais que Rome n'a rien d'un lieu saint. Et si cette croisade nous a rapproché de Notre Créateur, elle nous a définitivement éloigné de ceux qui se prétendent ses représentants sur terre et qui se prélassent dans leur bain de lâcheté. Qu'ils s'y noient ces lâches trop habitués au luxe pour n'avoir ne serait-ce qu'une once de considération pour des fidèles dont la Foy nous semble bien plus pure que la leur.

Ainsi s'achève notre aventure, nous serons bientôt de retour en Languedoc.


Que le Très-Haut veille sur Vous !

Rédigé et scellé le premier jour du premier mois de l'an MCDLVIII.








Jehanne_elissa
Elle pris connaissance de la deuxième missive de son parrain après la messe du matin. Depuis quelques jours déjà la petite Vicomtesse de Cauvisson était cloîtrée, c’est le cas de le dire, dans un couvent à l’intérieur des terres Languedociennes. Et même si elle était enfermée elle avait le droit de recevoir des correspondances ainsi que quelques nouvelles triées sur le volet du Royaume : parmi celles-ci, les lettres du Vicomte et l’annonce du retrait des troupes françaises de Genève.

La dernière nouvelle reçue la veille l’avait pour ainsi dire transportée de joie et l’avait faite crier son bonheur dans le calme austère du lieu. Acte réprimandé, qui avait repoussé la réponse au lendemain. C’est donc tôt quelle se précipita vers sa cellule, suivie de la grosse Martha pour se jetter derrière le secrétaire sommaire qui avait tout à envier aux luxueux meubles voués à la même utilisation quelle avait à Mende ou à Cauvisson pour répondre à son Parrain.




Citation:
De Jehanne Elissa de Volpilhat, Vicomtesse de Cauvisson et Baronne de Malpertius
A vous, mon Parrain,

Quelle joie ! Pas plus tard qu’hier la nouvelle du retrait des armées m’est parvenue au couvent ou je passe quelques jours et ainsi, toute mon inquiétude quant à votre vie et celle des Croisés Languedociens s’est enfuie.

Vous étiez pessimiste, mon parrain mais voyez-vous, dans cette situation peu m’importe les déceptions quant à la Curie, peu m’importe la grande mascarade qu’a été cette croisade car son arrête signe votre retour.

Même si mes mots peuvent vous sembler naïfs et enfantins, sachez que j’ai tout de même conscience de votre déception. Lors de la nouvelle du retrait j’ai crié de joie et la Mère du couvent n’a pas manqué de mon convoquer pour m’expliquer combien ma joie était malvenue. Car si vous quittez Genève sans avoir combattu c’est que les hérétiques y vivent encore comme des bienheureux, répandant leurs obscénités à quelque esprit faible qu’ils peuvent trouver sur le chemin. C’est que leur fiel ne cesse de couler et de détourner les hommes du Très-haut. C’est que la Foi qui vous a poussé à prendre routes et armes, la force que vous aviez dans vos croyances n’a pas été utilisée à bon escient, et la déception doit être terrible… C’est que cette même Foi, naturellement transportée auprès des ministres du Très-Haut sur terre, les Cardinaux, a pâti du manque de considération dont ils vous ont affligés.

Mais comme me l’a dit la Mère, cher Parrain, ne soyez pas trop en colère. Votre utilisation à peut-être été vulgaire mais la preuve est là que votre Foi est bien réelle, votre amour du Très-haut pur et sans bornes. Lui saura ce que vous avez fait, comme il saura aussi ce que les Cardinaux n’ont pas fait. Ne soyez pas trop en colère, je vous en prie, un jour viendra ou j’en suis certaine, les hérétiques ne seront plus et ceux qui ont pris les mauvaises décisions seront punis.

Alors oui, ma joie est égoïste et puérile… Mais je vais devoir à nouveau lâcher la plume pour me pardonner auprès du Très-haut : alors que c’est ma dernière journée au couvent, je vais redoubler de prières pour me faire pardonner du Très-Haut, suivant les bons conseils de la Mère. Mais je ne pourrais que lui donner mon amour pour recevoir Son pardon avec plus de joie car je sais qu’a mon retour, les jours ou vous serez de retour parmi nous seront plus proches que jamais.

Avec tout mon amour et toute ma hâte,
Jehanne Elissa de Volpilhat.



Une fois la signature faite, elle confia à Martha le cachetage de la missive puis pris à nouveau la direction de la Chapelle ou elle devait jusqu'au repas de midi terminer sa pénitence. Journées austères pour une jeune fille de son âge? Certainement mais ô combien intégrantes de l'éducation d'une petite fille noble de surcroît portant un tel nom. Et cela ne la dérangeait pas: mais si parfois elle commetait quelques incartades comme celles-ci, Aristote, elle l'aimait, le respecter et lui aurait donné sa vie s'il le fallait. Mais on n'empêche pas à un Homme d'être Homme...

Le soir même, alors que le véhicule aux portes frappées du goupil prenait la direction de Montpellier ou la petite Vicomtesse devait se rendre un chevaucheur, lui, partait chargé du précirux plis sur les traces du Vicomte de Tournel.

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