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[RP grand ouvert] Envies et en vie

Terwagne
En début d'après-midi :

Un long soupir, et une porte qui claque sur une demoiselle étouffant au point de se rendre en place publique sans même penser à se couvrir un peu plus.

C'est ainsi que tout débuta...

Assez! Elle en avait assez, la Dame de Thauvenay!

Cela faisait des jours et des jours qu'elle se retenait de leur demander à tous si ils se souvenaient encore de ce qu'était la caresse du vent sur la peau, la morsure du froid sur les joues, la beauté des étoiles! De leur demander si simplement ils se rappelaient de ce que voulait dire vivre, et non travailler!

Avaient-ils encore conscience que l'existence ne se résume pas aux affaires, aux charges, aux fonctions, aux titres et au travail? Que l'on peut aimer la politique, son Duché, avoir envie de s'impliquer et de se rendre utile sans pour autant ne plus être capable de faire autre chose et profiter des bonheurs simples? Que la vie ce n'est pas juste une question de victoires, de derniers mots?

Calculs, discussions, tensions, demandes d'opinions, disputes, règlements de comptes, argumentations, discussions à nouveau, demande d'explications,... Voila ce à quoi ils remplissaient tous leurs jours, et elle en était plus que lasse.

Oh bien sûr, elle aussi travaillait, et personne ne pourrait dire le contraire, ni au Conseil ducal, ni à la Cour d'Appel, ni au Comité des fêtes ducales, pas plus qu'à l'APD... Mais il n'empêchait qu'elle en tous cas était encore capable de profiter des petits bonheurs simples que la vie nous met sous le nez, d'un verre partagé en taverne, de la mélodie de la pluie contre la vitre de son bureau, ou encore de l'odeur d'un bouquet de fleurs.

Le bouquet de fleurs... C'est sans doute cette idée qui la fit se lever brusquement, refermer le tiroir de son bureau, et quitter les lieux.

Partir! Il fallait qu'elle parte! Qu'elle retrouve toutes ces sensations auxquelles aucun d'eux ne comprendraient rien, trop occupés qu'ils étaient à oublier de vivre, toutes ces sensations qui, elle en était certaine, avaient rempli des pages et des pages de son existence oubliée depuis la tentative d'empoissonnement.

Alors elle avait décidé, brusquement, d'aller faire ses bagages et de laisser un mot au Vicomte d'Ancelle pour lui expliquer qu'elle partait quelques jours en voyage. Qu'il le fallait si elle ne voulait pas finir éteinte et consumée comme une des bougies qui lui tenaient compagnie à lui certains soirs quand il continuait de travailler même après être rentré en son domaine.

Allez savoir pourquoi, mais ses premiers pas la menèrent sur la place de Lyon, où elle entendit parler d'un certain évènement qui devait se produire sous peu, et que cela lui glaça quelque peu le sang. Ce n'était pas possible!

L'esprit préoccupé par cette histoire, elle en oublia ses bagages, et erra quelques heures dans la ville, sans but précis, se demandant à qui s'entretenir de ce qu'elle avait sur le coeur, mais aussi qui pourrait comprendre ce manque d'air qui était le sien.

Le bouquet de fleurs lui revint en mémoire, ainsi que celui qui lui avait offert un jour, dans son bureau de bailli... Le Duc de Chasteau Queyras. Elle alla à sa rencontre, le chercha, le trouva, et lui vida son coeur de femme, et non de conseillère ducale ou de politicienne, comme elle ne l'avait plus fait avec personne depuis bien longtemps.

Oh bien entendu, certains diront qu'elle aurait tout aussi bien pu le faire avec Sans-Repos, ou encore avec d'autres personnes plus proches d'elle, mais elle ne savait que trop bien qu'une fois encore la discussion se terminerait sur la politique, ou les affaires. Alors elle s'abstint, et alla vers celui dont elle était certaine qu'il connaissait encore la sensation que fait le vent en caressant votre peau.

Elle ne fut pas déçue, et même se sentit comprise, indépendamment de leur divergence de position sur bien des points paraissait-il. Ils échangèrent, longuement, et puis enfin elle osa lui toucher un mot de l'histoire entendue en place publique... Sa réaction ne fut pas celle qu'elle avait espéré, puisqu'il émit un éclat de rire, dont elle s'offusqua quelque peu, mais ils finirent tous deux par comprendre la position de leur vis-à-vis, ne cherchant aucun à rallier l'autre à son opinion. C'était ce genre de chose, qu'elle appréciait en lui.


Quelques heures plus tard :

Une missive... C'était la seule possibilité qu'elle avait, la seule chose qu'elle pouvait faire.

Des conséquences, cette missive en aurait, mais pour l'heure c'était le moindre de ses soucis. Il était hors de question qu'elle ne fasse rien pour tenter de changer les choses. La "Tempête" en elle battait son plein, et son coeur l'urgence et le refus de l'impuissance.

Une fois la lettre partie vers son destinataire, elle en rédigea trois autres : une à l'attention de Anne, une pour Walan, et une pour sa soeur Milyena. Aucun d'eux ne devaient s'attendre à ce départ, mais elle avait choisi de vivre...

Vivre ses envies!

C'est dans cet état d'esprit qu'elle prit la route, seule, sans bagages, dans le froid et la nuit qui commençait à étendre son voile étincelant au dessus du Lyonnais-Dauphiné.

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[img]En cours de modification[/img]
Membre de l'APD : la compétence au service des Lyonnais et Dauphinois
Milyena
Dans une chambre de l'Auberge Municipale.

Mily entendit du bruit dans le couloir, on aurait dit que quelqu'un tripotait sa porte...

Elle s'y dirigea sur la pointe des pieds et lorsqu'elle ouvrit celle-ci d'un coup sec, elle aperçut un pli se poser sur l'un d'eux.

Qui avait bien pu glisser ce bout de papier, elle observa à gauche, à droite, mais rien, elle ne vit personne dans ce couloir sombre.

Elle se mit à lire...Terry, sa soeur lui annonçait un départ de quelques jours.

Mily comprenait tout à fait, depuis qu'elle était arrivée à Vienne, elle n'avait pas été au mieux de sa forme d'où pas su rencontrer beaucoup sa soeur, qui de son côté était quand à elle fort occupée.

Elle se rendit compte que même si leur amour était resté intact, chacune d'entre elles avaient grandit, mûrit, il était bien loin ce temps où elles gambadaient gaiement toutes deux, où elle parlaient pendant des heures de choses et d'autres.

Maintenant elle devrait faire sa petite vie, seul, mais elle savait que elle et Terry serraient toujours là l'une pour l'autre.

Un instant Mily voulu courir pour la rattraper et partir avec, mais réfléchit et se dit qu'il serrait plus judicieux de rester ici et s'intégrer d'avantage.

A son retour Terry lui en dirait plus.

Elle regarda alors à la fenêtre et parla à haute voix seule.

Courage Terry, prend soin de toi.


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Milyena Méricourt, à retrouvé sa soeur, MA pour Vienne.
Walan
Castel de Meyrieu.

Le bruit caractéristique des armes s'entrechoquant résonnait jusque dans la cour et la grande salle, rompant avec les bruits habituels venant des cuisines, de la forge et de tant d'autres artisanats. Jehan, l'intendant du domaine, avance d'un pas précipité dans les couloirs du castel à la recherche de son maître dont il sait qu'il le trouvera au plus près de ces bruits.

La salle d'armes. Sise non loin du corps de garde chargé de surveiller la porte, cette pièce était bien fraîche en ce jour d'hiver, puisque aucun feu n'était allumé dedans pour la réchauffer. Malgré tout, la claire lumière du soleil matinal permettait d'y voir les armes et armures soigneusement rangées le long de ses murs, ainsi que la sueur qui perlait sur la peau de chacun des hommes présents.
Bon nombre de gardes de Meyrieu, ainsi que quelques uns de ceux d'Ancelle et Charpey qui renforçait la garnison présente, s'entraînaient là lorsque Jehan pénétra dans la pièce. Walan était parmi eux, combattant l'un des plus jeunes de ses hommes tout en lui prodiguant des conseils.


Plus haut le poignet, où tu risque de le perdre ... Tes jambes, fait attention à ne pas être pris à contre-pied.

Un bref coup d'oeil vers la porte qui s'ouvrait permis à Sans Repos de voir son intendant, et il interrompit le combat pour entendre ce que celui-ci avait à lui dire. C'est une lettre que lui remit l'intendant, et il la parcouru avec attention, quelque chose dans son expression stoïque se faisant plus sombre et attristée. Se dirigeant vers la porte suivi de Jehan, il s'arrêta un peu avant celle-ci pour lancer à l'intention de son partenaire d'entraînement :

Bertrand, continue de pratiquer, tu es sur la bonne voie. Eonnet, Hermant, suivez moi je vous prie ajouta-t-il à l'intention de deux autres de ses gardes.

Allant d'un pas rapide jusqu'à la pièce qui lui servait d'office, Walan ne prononça pas un mot de plus jusqu'au moment où, après quelque temps de réflexion, il eut fini de rédiger un parchemin qu'il scella. Il releva alors les yeux vers les trois hommes qui l'avaient suivi et prit la parole.


La dame de Thauvenay a pris la route, vraisemblablement seule. Telle est sa décision et sa liberté, je ne compte certainement pas l'en empêcher.

Cela dit, une femme voyageant seule fait une cible de choix pour les malandrins de toute sorte, aussi je souhaite que vous la retrouviez et que vous gardiez un œil sur elle. Elle ne vous connaît quasiment pas, restez discrets et ne lui révélez pas votre présence à moins que ce ne soit absolument nécessaire. Contentez vous de la protéger sur les routes si besoin est, inutile de la suivre dans tout ses faits et gestes.

Et lorsque vous l'aurez trouvée, faites en sorte qu'on lui remette ceci je vous prie,
termina-t-il en leur tendant le parchemin scellé.

Allez maintenant, puisse le Très Haut vous protéger.

Près de la fenêtre de la pièce donnant sur la cour, Walan observa longuement les deux soldats se préparer et prendre la route.
Son regard resta fixé un moment à l'endroit où ils avaient disparus derrière les collines avant que Jehan ne prenne la parole à mi-voix et qu'il lui réponde sur le même ton sans pour autant détourner le regard de ce point.


Elle ne sait pas que vous l'aimez, n'est-ce pas ?

Non, elle a oublié ...

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Terwagne
Vienne, aux portes de la ville, le lendemain soir :

Partir... Elle avait prévu de partir, mais finalement ne l'avait pas fait. Elle était restée en ville, assise dans une taverne, sans même boire comme on pourrait pourtant s'y attendre en apercevant une silhouette à 4h00 du matin, seule, dans un tel endroit.

Pourquoi n'avait-elle pas pris la route? Pourquoi avait-elle passé la nuit à réfléchir, encore et encore?

Simplement à cause d'une rencontre, au milieu de la nuit, à l'heure où pourtant tous les gens bien pensants sont couchés normalement... Une rencontre pour le moins surprenante, et qui l'avait laissée songeuse, attablée dans la taverne où la Gouverneur l'avait invitée à partager avec elle sa bouteille de Genepi.

Car oui, la personne croisée en pleine nuit n'était autre que Dame Penelopedefrance, reconnue la veille par le nouveau conseil ducal dont elle-même faisait partie.

Cette rencontre donc, l'avait laissée songeuse, mais avant tout perplexe et étonnée.

Pourquoi une Dame de ce rang se promenait-elle seule, au milieu de la nuit, en cherchant quelqu'un à qui vider son coeur ? Pourquoi était-ce à elle qu'elle connaissait si peu qu'elle avait décidé de parler du dilemme qui était le sien?

Terwagne ne comprenait pas, et se souvenait seulement des dernières paroles qu'elle-même avait prononcées avant de quitter celle de qui elle était la conseillère pour le mandat à venir...


La seule chose qui importe, c'est de suivre votre coeur et de rester fidèle à vous-même et vos envies.

C'était sur ces mots exacts que toutes deux s'étaient dit au-revoir et, depuis, la "Tempête" se demandait ce que lui disait au juste son coeur à elle.

D'un côté, il y avait le Vicomte d'Ancelles. Celui qui lui avait sauvé la vie, qui la connaissait mieux qu'elle-même depuis son amnésie, celui qu'elle avait tellement espéré voir un jour prendre sa main, et même ses lèvres... Celui dont elle avait attendu enfin un geste, enfin un mot, mais dont la froideur et la distance la faisaient souffrir plus que de raison, au point de la lasser par instants.

De l'autre côté, le sieur Hardryan et ses gestes qui l'avaient touchée, émue, leurs échanges sur les plaisirs simples de la vie, sur sa crainte à elle de voir son sang couler dans quelques jours au cours d'un duel dont elle comprenait les raisons mais dont elle aurait tellement voulu éviter qu'il aie lieu. Ce bouquet de fleurs dont en fermant les yeux elle avait encore l'impression de sentir les effluves.

Perdue, elle était perdue...

La nuit s'acheva ainsi, sur la demoiselle ne sachant ce qu'elle devait faire, attendant une réponse à la missive pleine d'espoir et d'aveux qu'elle avait envoyée au Vicomte de Monestier-de-Clermont. Lui seul pouvait l'aider à empêcher ce duel qu'elle craignait plus que tout.

Pour écrire cette demande à un inconnu, lui livrer non seulement ses espoirs mais aussi les tourments de son coeur, tout en allant à l'encontre des convictions de celui qui l'hébergeait et veillait sur elle, il lui en avait fallu du courage. L'homme le comprendrait-il? Accèderait-il à ses suppliques? Elle l'espérait, de toutes ses forces, tout comme elle espérait que jamais Sans Repos n'apprendrait l'existence de cette missive.

Le jour se leva, et la journée s'écoula, sans qu'elle n'aie reçu de réponse, ni trouvé ce que son coeur à elle lui disait de faire. Partir ou rester?

Enfin, un messager arriva, et c'est avec une hâte non dissimulée qu'elle prit connaissance de la réponse du sieur Gérault de Gaudemar, son visage se décomposant au fur et à mesure de sa lecture, son coeur battant de plus en plus la chamade.


Citation:
Il vous faudra vous en remettre à Dieu car lui seul est juge

(...)

Je suis au regret de ne point pouvoir vous aider


Ces deux phrases, les deux qu'elle retiendrait longtemps sans doute, la poussèrent à prendre sa décision.

Elle devait voir le sieur Hardryan, lui demander de renoncer lui à cette folie, malgré l'affront, malgré l'honneur à venger, malgré toutes ces choses qu'elle comprenait.

Mais arriverait-elle à temps? Rien n'était moins sûr... Alors elle prit la plume, une fois encore, et lui écrivit.


Citation:
Cher Duc de Queyras,

Puisse cette lettre, que je vous écris avec toute la sincérité dont je suis capable, vous trouver en bonne santé.

A cette heure, je m'apprête à prendre la route pour Briançon, avec l'envie folle de vous voir et de vous demander de vive voix de bien réfléchir à ce duel auquel vous avez prévu de participer.

Vos raisons, je les comprends et les respecte, sachez-le, mais comprenez qu'en ce qui me concerne je ne puisse pas supporter l'idée que votre sang risque de couler sans que je n'aie rien tenté pour l'éviter.

J'ai écrit à celui qui bientôt vous ferra face dans ce duel que je tremble tant de voir se produire, lui avouant des choses que je me sens bien incapable de vous dire à vous, mais cela n'aura servi à rien, je le crains.

Laissez-moi une chance de trouver le courage de vous les dire à vous...

Celle qui tremble au point d'en oublier la raison,
Terwagne Méricourt de Thauvenay.


Ensuite, elle écrivit rapidement à celui qui s'il n'accédait pas à sa demande avait au moins eu la gentillesse de lui répondre et de lui en expliquer les raisons.

La route l'attendait.

La route, mais aussi une lettre du Vicomte d'Ancelle, celui qu'elle avait l'impression de trahir, qu'elle avait tellement attendu, tellement espéré.

Une lettre qui lui fut remise à la sortie de la ville, par un inconnu.
Une lettre comme jamais il ne lui en avait écrite.
Une lettre remplie de compréhension et de douceur.
Une lettre qui la fit se sentir mal de lui faire ça.
Une lettre qui la laissa encore plus perdue que la veille.

Juchée sur sa monture, elle s'élança au galop, espérant que le vent lui murmurerait à l'oreille ce que son coeur ne parvenait pas à lui faire entendre.

La "Tempête" fuyait vers l'inconnu, le coeur déchiré, rempli d'espoir et de culpabilité, rempli de doutes et de questions, tandis qu'au loin s'approchait une autre tempête, faite de neige celle-là.

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Membre de l'APD : la compétence au service des Lyonnais et Dauphinois
Hardryan
[Route Lyon-Vienne.. faim du matin.. pas très loin du midi]

De gauche à droite, le tangage lent et léger du duc de Queyras perché sur sa monture donnait le rythme de l'allure à laquelle lui et un homme de confiance de sa maison avançaient. Sur le chemin qu'ils suivaient depuis quelques heures déjà, les braises d'une gueule de bois et du joyeux feu dont elles étaient les reliques achevaient les ravages qu'elles avaient produits sur l'humeur et la physionomie du Montagnard. Ce matin-là, contrairement à l'accoutumée, il n'était pas allé réveiller la cuisine de la maison d'Albon au chant de son coColombine et n'avait donc pas eu droit à son bouillon gras tonifiant et dégoulinant, ni à cette chicorée empoisonnante que la damoiselle d'Albon essayait parfois de lui faire avaler... ce qu'elle réussissait la plupart du temps en lui proposant quelques biscuits pour accompagner. Arrêtant sa monture pour mieux sentir la terre ferme qui semblait se faire molle, c'est un montagnard l'estomac vide, la gueule pleine de bois dans un boisé où la surabondance de cuicui se fait cacophonie qui posa le pied au sol, son dos lui signifiant que c'était là à mi-chemin qu'il était temps de s'arrêter pour une petite pause. C'était qu'il fallait bien se vider... l'esprit. Après tout, il avait passé la nuit à se le remplir d'idées pour en faire sortir d'autres qui ne sortaient pas nécessairement et à force de trop plein, il avait voulu faire le vide avec une bouteille qui s'était vidée rapidement ainsi que sa suivante et sa... Et tout ça pour quoi? Pour un testament qui refusait à se laisser écrire ne voulant pas dépasser la ligne, faux-départ après faux-départ, le Montagnard avait décidé de laisser là le parchemin avec à témoin son homme de main qui de coup de main ne lui en avait donné aucun... sauf pour lui tendre la bouteille. Bref, le brouillon d'écrits avait fini par embrouiller le Montagnard qui avait décidé de tout laisser là pour faire ça... plus tard, tôt ou tard il le ferait, mais un autre jour, car après avoir passé ces quelques journées en la capitale, il avait prévu en ce matin de rentrer à Vienne, cette ville du Lyonnais-Dauphiné où il s'était le moins attardé par le passé, ce à quoi il avait décidé de remédier.

Cela faisait quelques minutes qu'il se dégourdissait les gambettes quand il se décida enfin à remonter à cheval. Arrivant près de l'équidé, son étrier faisait de l'oeil à son pied, mais celui-ci s'arrêta quand au bout du chemin le Montagnard aperçut un cavalier qui s'était arrêté. Sa monture s'étant approchée, l'homme posa pied au sol. Il regarda le duc. Le duc le regarda. Encore. Encore... Ils s'observèrent. S'étudièrent... Ça en devenait presque gênant, et puis le temps passait, autre chose à faire après tout, le Montagnard prit donc l'initiative:


- Le bonjour.
- Le bonjour.

Et le petit manège recommença et dura encore un moment... ... Avant que l'homme lui tende enfin une missive qui lui était destinée. Missive qu'il prit le temps de lire... Une fois, deux fois... Le front plissé le duc de Queyras remonta en selle, légèrement abasourdi par un peu tout ce qu'il avait pu lire et par tout ce que cela supposait. D'ailleurs, mieux valait qu'il cesse de sous-entendre, car tout ce remue-méninge l'embrouillait encore plus que ce qu'il pouvait l'être à la base.

Arrivant à Vienne, le duc manda une chambre, plume, oreiller en plumes, encre et parchemin pour répondre au plus vite à la missive sans pour autant aller trop en profondeur dans des détails qui pourraient s'avérer malvenus. Et puis se souvenant de leurs discussions, son idée s'était éclaircie, ce qui était tout le contraire des autres idées de la veille qui lui était restées en tête. Sans doute était-ce le résultat de son sens des priorités... Une fois complété, il renvoya le messager avec la mission de trouver la dame de Thauvenay et de lui remettre le pli, largua sa plume, tomba dans les plumes de son oreiller puis sombra dans un sommeil profond et sans cuicui.

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Terwagne
De faux départs en faux départs:

Quelques centaines de lieues, guère plus... C'était tout ce qu'elle avait réussi à parcourir, tant le vent était violent et les larmes sur ses joues nombreuses. Le froid lui piquait la peau, et elle se disait qu'avec un peu de chance il finirait par faire d'elle un énorme glaçon que l'on ne retrouverait que quelques jours plus tard.


Triple idiote! Les choses ne gèlent pas lorsqu'on les remue, il faut l'immobilité!
A-t-on déjà vu une rivière gelée?
Bien sûr que non, seuls les laces et les flaques gèlent!


L'air glacé s'engouffrant dans ses poumons provoqua chez elle une quinte de toux, mais surtout un arrêt brusque, à quelques pas à peine d'un immense arbre bordant la route.

S'assoir, ne plus bouger, attendre que le froid fasse son oeuvre... Sans réfléchir plus avant, elle ne l'avait déjà que trop fait depuis deux jours, elle mit pied à terre, attacha son destrier au tronc, et se laissa ensuite glisser contre l'écorce rugueuse jusqu'à ce que son postérieur rejoigne le sol humide et dur.

Hardryan... Répondrait-il à sa lettre? N'était-il pas déjà trop tard?

Walan... Lui pardonnerait-il? Comprendrait-il que si longtemps elle avait espéré le voir l'aimer comme elle même l'avait aimé?

Dans sa tête il n'y avait plus que le brouillard et le tumulte, dans son coeur la détresse et la peur, dans ses veines son sang qui commençait à se glacer au fur et à mesure que la neige couvrait ses cheveux et que ses yeux se fermaient.

Enfin, le calme, la nuit.

Une odeur, ce fut la première chose dont elle eut conscience. Ensuite, une voix, et un sourire. Ce sourire, elle l'avait croisé quelques fois au castel, il ne pouvait appartenir qu'à lui...

Hardryan!

Penché au dessus d'elle, il la regardait, un bouquet de fleurs dans la main droite, tandis que la gauche s'approchait doucement de sa joue à elle. Une caresse, douce comme un souffle d'été, de celles qu'on voudrait ne jamais voir s'arrêter, qui vous font frissonner jusque dans le bas du dos, vous donnent l'impression que jamais votre peau n'avait ressenti pareille vibration, que le monde peut soudain disparaitre sans que vous n'en ayez conscience tellement vous êtes bien.

Son visage qui s'approche, le présent qui rejoint le sol, et son souffle à lui qu'elle sent si proche de ses lèvres... Un effleurement, à peine plus prononcé que le poids d'une plume sur le plancher d'une chambre... Sa bouche à elle qui s'entrouvre comme pour laisser leurs souffles se mêler avant que leurs lèvres ne se cherchent et se trouvent.


Dame de Thauvenay!!!!
Dame de Thauvenay!!!!


Z'êtes vivante hein?!?!
T'nez, buvez!!!
Ca va vous r'quinquer d'une traite c'tord boyaux!


Un rêve, ce n'était qu'un rêve... Et l'autre hurluberlu qui lui pousse le goulot en bouche! Elle peste, ronchonne, se lève d'un coup, du moins essaie, avant de retomber sur le sol, les jambes totalement engourdies par le froid.

Le jour est levé, mais depuis combien de temps? Peu importe! Du temps elle n'en a déjà que trop perdu, il faut qu'elle rejoigne Montélimar, qu'elle le voie, qu'elle lui avoue tout son émoi.

Prenant la bouteille à deux mains, elle la boit, jusqu'à la dernière goutte, avant d'enfin se demander ce que fait son messager ici.


Il me semblait vous avoir confié une missive urgente, à remettre au Duc de Queyras?

Explications du jeune homme, réponse tendue, pli déroulé d'une main tremblante de froid et de fièvre... Il lui a répondu! Il la prie de ne pas prendre la route! Lui dit qu'il est à Vienne et que si elle le désire elle pourra l'y rencontrer pour lui expliquer plus en détail ce qu'elle désirait tant lui dire.

L'alcool et l'urgence de son coeur aidant, la voila debout, détachant son cheval, sautant en scelle, et reprenant la route en sens inverse, laissant là le messager ahuri.

Elle veut le voir, au plus vite, ne plus taire ce qu'elle a sur le coeur.

C'est sans compter sur un autre messager, venant du castel celui-là, qui la cherche à l'entrée de la ville, lui remettant un pli urgent de la part du Gouverneur.

Bon gré mal gré, elle en lit le contenu, fronce les sourcils, puis se contente de quelques mots.


Dites à sa Grâce Pénélopedefrance que la Dame de Thauvenay, son bras et son arme ne feront pas défaut à la défense de ce Duché cette nuit et celles à venir, si tel est son besoin.

Son coeur attendrait, son devoir primait.
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Membre de l'APD : la compétence au service des Lyonnais et Dauphinois
Walan
Entre Meyrieu et Vienne.

L'armée de Walan était prête et s'était mise en route. Peu d'hommes le suivaient pour le moment, mais d'autres se joindraient à lui rapidement une fois à Vienne. En attendant, Sans Repos chevauchait en tête de la petite colonne, accompagné de Jehan qui tenait l'étendard ducal levé haut pour ne pas inquiéter inutilement les sujets dauphinois qui verraient approcher la troupe d'hommes en armes.

L'intendant n'était plus un soldat depuis longtemps, mais il avait tenu à accompagner son maître jusqu'à Vienne. Officiellement, il devait s'y rendre pour passer les diverses commandes d'approvisionnement en denrées qui manquaient à Meyrieu. Mais en réalité, il le faisait surtout pour surveiller du coin de l'œil la mine bien sombre du vicomte d'Ancelle, qui tranchait avec l'impassibilité qui lui était coutumière.

Pour le vieil homme si plein de bonhomie, cette neutralité d'expression restait une étrangeté, même s'il avait fini par comprendre avec le temps que c'était la manière qu'avait son maître de supporter les nombreux deuils qu'il avait eu à affronter : plutôt que de laisser ouvertement libre cour à sa peine et sa douleur, Walan l'avait enfouie en lui, érigeant cette armure impassible tout autour pour éviter qu'elle ne rejaillisse ou soit accentuée par l'extérieur. Mais il y avait du même coup enfermé d'autres émotions plus heureuses ...

Toujours est-il, donc, que ce jour là l'impassibilité avait laissé la place à un visage soucieux et renfermé. D'aucuns auraient pu penser que cette expression était celle d'un homme qui répugnait à partir à nouveau au combat, mais Jehan savait que bien que son maître préféra la paix, il allait au combat avec toute la volonté, la fermeté et la force nécessaire lorsqu'il le fallait.
Comme le disait l'un des officiers avec qui il avait servit durant ses jeunes années : "il faut être fou pour aimer la guerre, mais lorsque la bataille arrive il faut être plus fou encore pour s'y lancer avec réticence."
Mais non, la cause était toute autre et se trouvait bien d'avantage dans la distance qui séparait le vicomte d'Ancelle de la dame de Thauvenay, l'intendant en aurait mis sa main au feu.

Il était encore en train d'observer furtivement Sans Repos lorsqu'ils arrivèrent aux portes de la ville. Walan fit alors signe à la colonne de s'arrêter et prit la parole de sa voix si calme et ferme à la fois.


Hugues, va faire dire à Sa Grasce et au Seigneur des lances qu'Aegis est arrivée, commença-t-il à l'intention de l'un des hommes.

Nous monterons le camp ici en attendant que d'autres nous rejoignent, fit-il ensuite aux autres en désignant un large espace vide au pied des murs et près des portes.
Montez les tentes, sortez les couvertures et allumez les braseros. Établissez les tours de garde et restez sobres, mais ne soyez pas avares en bois et en vivres, nous en rachèterons à la ville avant de partir, alors soyez au chaud et mangez.

Mettant pied à terre, le seigneur de Meyrieu laissa sa monture aux bons soins de celui de ses hommes qui occupait les fonctions de palefrenier puis s'avança vers Jehan, toujours en selle, pour lui prendre l'étendard aux armes du Duché et lui adresser quelques mots.

Je laisse Meyrieu sous bonne garde, comme toujours. Prenez soin de vous Jehan.

Toujours, seigneur. Je veillerai à ce que chacun prie pour que le Très Haut vous ait en sa bonne garde.


Un bref signe de tête de Walan accueilli la réponse et il se détournait pour aller prendre part au montage du camp. Jehan, quant à lui, fit avancer sa monture au pas, entrant dans la ville et parcourant les rues lentement, l'esprit encombré tout à la fois de calculs pour obtenir les marchandises nécessaires au plus faible coût et d'interrogations sur les moyens d'alléger les soucis de son maître.

C'est alors qu'il se perdait dans les méandres de ces réflexions qu'un visage familier se distingua dans la foule. D'abord surpris, l'intendant le perdit de vue et passa quelques minutes à le chercher vivement, avant de retrouver la chevelure noire au moment même où elle entrait dans l'une des tavernes de la ville. Se hâtant de mettre pied à terre et d'attacher sa monture, Jehan pénétra à son tour dans l'auberge.

Ses yeux ne l'avait pas trompé, elle était là, seule à une table et l'air ... perdue ?
Jehan n'en tenait pas moins le moyen qu'il cherchait d'aider son seigneur et il s'approcha donc rapidement pour prendre la parole rapidement. Cela n'était pas dans ses habitudes que de faire fi des convenances et du protocole qui régissait les rapports entre nobles et roturiers, mais il craignait trop de voir empirer la situation pour les respecter cette fois.


Dame Terwagne, c'est bien vous ?
Mon maître croyait que vous aviez quitté la ville seule. Il était fort inquiet pour vous, il a même envoyé certains de ses gens pour vous chercher et protéger au cas où vous feriez une mauvaise rencontre.
Je suppose qu'il l'aurait fait lui même s'il n'avait tant tenu à vous laisser libre de vos choix et s'il n'avait dû à nouveau prendre la tête d'une troupe du Duché.


Conscient de s'égarer quelque peu, Jehan s'arrêta brièvement avant de reprendre.

Dame, vous devez vraiment m'aider. Messire Walan est ... hum, comment dire ? Je pense qu'on peut dire qu'il est affligé.
Je ne sais ce qu'il s'est passé le jour où il s'est brisé l'épaule et où il vous a invitée à Meyrieu, mais cela a commencé à ce moment, dame. Et ça n'a fait qu'empirer lorsqu'il s'est mis en tête que vous ne souhaitiez plus être présente dans la même salle que lui, et plus encore lorsque vous êtes partie en ne lui laissant qu'un mot.

Dame Terwagne, s'il vous plaît, il faut que vous parliez ensemble et en face à face. Il campe aux portes de la ville avec quelques hommes et risque de partir au combat dès demain. C'est un bon combattant, mais lorsqu'il est dans cet état il a tendance à ne plus se soucier de sa propre sécurité.

Dame, j'ai vu certains de vos regards à tous les deux et ils étaient éloquents. Ce n'est pas mon rang que de me mêler de ceci, mais je vous en prie, il faut que vous discutiez avec lui de ce qu'il c'est passé le jour de sa fracture et après cela ...


S'arrêtant brusquement, Jehan observa le visage de la dame de Thauvenay, le souffle court, attendant anxieusement la réaction à sa tirade quelque peu décousue.
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Terwagne
(HRP : Vu que j'ai décidé de mener ce RP en tenant compte de l'IG, donc des rencontres en taverne, et de l'ordre où elles se sont produites, ça risque d'être un pavé, je préviens)

Deux jours...

Cela faisait deux jours qu'elle était revenue sur ses pas, regagnant cette ville qu'elle avait voulue fuir pour le rejoindre à Briançon, où il n'était pas.

A Vienne, donc, elle avait espéré croiser Hardryan avant de rejoindre les remparts où la Gouverneur mandait sa présence pour aider à la sécurité de la ville, et à Vienne elle l'avait aperçu en taverne, rejoint, regardé longuement avant d'oser lui vider son coeur, sans plus rien caché de ses sentiments.

Des mots qu'elle avait réussi à prononcer, elle ne se souvenait que très peu, tant ils lui avaient semblé durs à trouver, choisir, laisser sortir... Mais de sa réponse à lui, par contre, elle ne s'en souvenait que trop bien, tant elle s'était soudain sentie idiote, anéantie aussi.

Alors, les larmes aux yeux, elle s'était contentée de quitter la taverne, avec un dernier regard vers celui pour qui elle avait trahi Walan, sans qu'il ne lui aie rien demandé, sans qu'il semble en comprendre les raisons.

Durant le reste de la journée, elle avait erré dans les rues de la ville, pestant contre ce sens du devoir qui était le sien et sans lequel elle aurait tout quitté pour partir sur les routes, aller chercher l'oubli dans le vent et le froid, la solitude et les larmes.

Partir, disparaitre, ne plus jamais croiser leur regard à aucun des deux... Ni celui de l'homme pour qui elle avait écrit cette lettre de supplique et qui ne voulait pas de son amour, ni celui de l'homme dont elle avait si longtemps attendu qu'il la voit telle qu'elle était, qu'il l'aime, qu'il ôte enfin son masque d'insensibilité, et qu'elle avait fini par laisser seul dans son domaine, lassée de l'attendre encore et encore.

Hardryan, Walan...

Les fuir tous deux, les oublier dans un autre Duché, dans d'autres rencontres, dans d'autres bras même, puisqu'aucun des deux n'avait voulu d'elle et de son amour. Sans doute avaient-ils vu tous deux que derrière l'image de conseillère ducale il n'y avait rien de bien intéressant, juste une ancienne rien du tout qui ne valait pas la peine qu'on s'y attarde plus que de raison.

Rien, elle n'était rien!

Hardryan au moins, avait été franc, même si il l'avait blessée. Walan, lui, l'avait juste ignorée, encore et encore, lui préférant l'OST et la politique. Et aujourd'hui, elle s'en voulait malgré tout de l'avoir trahi.


Les heures s'écoulèrent, avant qu'elle ne décide d'aller noyer dans l'alcool son dégoût d'elle-même. Une taverne, n'importe laquelle, la première qu'elle verrait sur sa route...

Elle en trouva une, y entra et s'attabla, sans un mot, attendant qu'on vienne prendre sa commande. Elle n'y était que depuis quelques instants lorsqu'une voix qu'elle connaissait s'adressa à elle, de façon pour le moins surprenante.


Dame Terwagne, c'est bien vous ?
Mon maître croyait que vous aviez quitté la ville seule. Il était fort inquiet pour vous, il a même envoyé certains de ses gens pour vous chercher et protéger au cas où vous feriez une mauvaise rencontre.
Je suppose qu'il l'aurait fait lui même s'il n'avait tant tenu à vous laisser libre de vos choix et s'il n'avait dû à nouveau prendre la tête d'une troupe du Duché.


Si il lui en avait laissé le temps, nul doute qu'elle lui aurait répondu qu'il pouvait aller dire à son maître qu'elle était grande assez pour veiller elle-même à sa propre protection! Qu'elle n'avait pas besoin qu'il continue à jouer les bons samaritains pour se donner bonne conscience de ne pas être capable de simplement aimer.

Mais l'homme ne lui en laissa pas le temps, non, pas plus qu'il ne sembla remarquer le regard noir qu'elle pointait vers lui. Il enchaîna.


Dame, vous devez vraiment m'aider. Messire Walan est ... hum, comment dire ? Je pense qu'on peut dire qu'il est affligé.
Je ne sais ce qu'il s'est passé le jour où il s'est brisé l'épaule et où il vous a invitée à Meyrieu, mais cela a commencé à ce moment, dame. Et ça n'a fait qu'empirer lorsqu'il s'est mis en tête que vous ne souhaitiez plus être présente dans la même salle que lui, et plus encore lorsque vous êtes partie en ne lui laissant qu'un mot.

Dame Terwagne, s'il vous plaît, il faut que vous parliez ensemble et en face à face. Il campe aux portes de la ville avec quelques hommes et risque de partir au combat dès demain. C'est un bon combattant, mais lorsqu'il est dans cet état il a tendance à ne plus se soucier de sa propre sécurité.

Dame, j'ai vu certains de vos regards à tous les deux et ils étaient éloquents. Ce n'est pas mon rang que de me mêler de ceci, mais je vous en prie, il faut que vous discutiez avec lui de ce qu'il c'est passé le jour de sa fracture et après cela ...


Lorsqu'enfin il se tût, la fixant d'une façon bien étrange lui sembla-t-il, elle se leva, lentement, avant de lui répondre.

Je ne sais pas moi non plus, ce qu'il c'est passé ce jour-là... Lui seul, le sait, ainsi que cette idiote de Matheline!
Lui seul sait comment tout cela est arrivé, pourquoi il a dû se battre avec cette porte, mais surtout pourquoi il l'a fait!
Pourquoi m'avoir sauvée de moi-même si c'était pour mieux me laisser m'éteindre depuis!

Quant au fait de parler à votre maître, en tête-à-tête comme vous dites, j'y ai renoncé...
Lassée, fatiguée, de cette attitude insensible qui est la sienne, de ne jamais le voir sourire, craindre, trembler, ou même simplement ressentir.

Alors oui, il a raison, je ne souhaite plus être dans la même salle que lui, c'est exact!

Je ne souhaite plus souffrir de ne rien lire de ce que j'avais tellement espéré dans son regard...
Je ne souhaite plus me torturer en ne voyant que neutralité et froideur où j'espérais amour.


Le dernier mot lui avait échappé, de la même façon qu'elle avait cessé de contrôler la violence de sa voix. Elle se mordit la lèvre inférieure, jusqu'au sang lui sembla-t-il, et quitta les lieux, reprenant ses déambulations dans la ville, attendant la nuit et son tour de garde sur les remparts. Le devoir de servir son Duché d'adoption, elle n'avait désormais plus que cela.

Le soir finit par tomber, mais elle avait encore quelques heures devant elle, et grand besoin de se réchauffer un peu les os avant de faire le gué jusqu'au lendemain matin. Si tant était qu'un contre-ordre ne tombe avant l'heure.

Espérant que le temps passerait plus vite en compagnie, elle entra à nouveau dans une taverne, et fut heureuse d'y rencontrer sa nièce Anne, mais aussi les sieurs Dedelagratte et Thiberian.

Le coeur lourd, elle se confia à tous trois, sans trop savoir pourquoi, espérant sans doute alléger le poids de sa peine, mais surtout celui de sa culpabilité par rapport à celui qui - même si il la mettait en colère depuis quelques temps - avait tant fait pour elle, le Vicomte d'Ancelles.

Leurs mots la rassurèrent, et elle finit par se détendre quelque peu, trop même, puisqu'étrangement, de nombreuses lignes de son passé lui revinrent en mémoire au cours de la soirée... Des noms, des visages... Celui surtout de cet homme qui l'avait croquée sur le vélin qu'elle promenait depuis toujours dans sa besace lui semblait-il.

Elle l'avait montré à Anne, d'ailleurs. On l'y voyait elle, en gros plan, alors que derrière semblait se dérouler une cérémonie de couronnement d'un Duc... La jeune demoiselle y avait reconnu son père, et sa mère, et Terwagne avait fini par se souvenir quelque peu de l'homme, en effet.

Derrière le portrait, il y avait quelques mots, sur lesquels elle s'était souvent penchée, et qui soudain s'éclairèrent...

"A ma chère Perle Noire, votre Huitre."

Mal'...Maleus...

Ils s'étaient aimé tous les deux, énormément, elle en était certaine. Et puis cela avait du se terminer fort mal.

Elle s'était alors revue jouant de la flûte sur le toit d'une taverne en Berry, en sa compagnie, et puis buvant du calva à même le goulot, dans une autre taverne.

La flûte... Etait-ce de lui qu'elle venait? Elle non plus ne quittait jamais sa besace, même si jamais elle n'avait osé y souffler depuis qu'elle vivait à Meyrieu. C'était une flûte à nulle autre pareille, elle le sentait, faite exprès pour elle, dans un bois bien précis...

Ces souvenirs, que sans doute elle n'était pas prête à retrouver ce jour-là, lui donnèrent alors envie de brouillard à nouveau. Et quoi de mieux pour s'embrumer l'esprit que l'alcool?

Aussi, dès le départ de sa nièce, se mit-elle à boire... Plus que de raison... Beaucoup plus que de raison, même...

Jusqu'à en oublier les convenances, la timidité, les états d'âme surtout, et ne plus avoir conscience que de ce besoin de chaleur qu'elle avait au fond d'elle, ce besoin de sentir une épaule contre laquelle pouvoir poser enfin sa tête.

L'épaule était là, et elle s'y reposa... Profitant simplement de l'instant présent, et du bien-être que cela lui procura.

D'aucuns la jugeraient sans doute, si d'aventure ils l'apprenaient, mais une chose est certaine, la demoiselle se jugea bien assez sévèrement elle-même lorsque le froid de la nuit l'aida à reprendre brusquement ses esprits en quittant la taverne que l'aubergiste fermait.

La journée du lendemain fut pire encore que la première.

Walan se trouvait là, de l'autre côté des portes de la ville, mais elle n'éprouvait pour lui que colère de n'avoir pas su voir qu'elle l'avait espéré, attendu, aimé. Elle aurait voulu aller le trouver, lui mettre sous les yeux sa déception de n'avoir pas su le toucher assez pour que de son impassibilité il finisse enfin par sortir le bout du nez.

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Walan
La pluie.
Elle tombait à grosses gouttes, retentissant lourdement sur les toiles tendues des tentes, détrempant le sol, refroidissant l'air, éteignant le feu et faisant crépiter les braseros mal abrités.
Comme il était habituel, le camp qui s'était monté près des portes de la cité sainte s'était organisé autour de la tente du capitaine. Bien reconnaissable avec les couleurs d'Ancelle, de Charpey et de Meyrieu apposées sur la toile et l'étendard ducal planté devant l'entrée, cette tente -ou plutôt l'homme qu'elle abritait- alimentait pour le moment les discussions des soldats.

Que ce soit les quelques guetteurs abrités de leur mieux sous les auvents des tentes ou le petit groupe en train de jouer aux dés dans ce qui tenait lieu de réfectoire, l'un des principaux sujets de conversation à voix basse de cette journée était en effet l'expression du vicomte d'Ancelle lorsqu'il était revenu la veille au soir d'un passage en ville.


- Aussi vrai que j'te vois, il souriait !
- T'as du mal voir, y'a jamais eu plus d'expression sur sa face que sur celle de la lune. J'ai beau apprécier not'seigneur pour nombre de choses, son visage y reste pareil à celui d'une statue.
- Il souriait te dis-je, même Hugues l'a vu. Je m'demande bien c'qui c'est passé pendant qu'l'était en ville ?
- Bah, l'a dû aller tirer son co...
- La ferme vous deux !
Vous n'êtes au service du seigneur que depuis quelques mois, mais moi je le suis depuis des années. Il souriait avant, il riait même, mais à chaque femme qu'il a perdu il est devenu plus froid, et chaque fois qu'il retrouvait le sourire c'était qu'une autre avait trouvé son coeur.
Ce sont des femmes qui lui ont ôté le sourire, et je suis sûr que c'est une femme qui lui a redonné. Et j'en suis bien content !


Bien loin de clore le débat, le soldat qui venait de faire cette remarque, Hugues, ne fit au contraire que relancer les discussions en se voyant presser de questions par ses frères d'armes entrés plus récemment au service de Sans Repos. Il lui fallu longtemps avant de pouvoir s'en dépêtrer, au point qu'il accueilli la venue de son tour de garde avec un certain soulagement.

De l'auvent de la tente, emmitouflé dans sa cape et dos au brasero rougeoyant, le soldat observait l'horizon -ou du moins le peu qu'il était possible d'en voir derrière le rideau de pluie-. Il ne pouvait néanmoins s'empêcher de jeter de temps à autre un regard vers la tente d'azur, d'argent et de sable, se demandant si cette fois l'homme qu'il servait avait retrouvé le sourire pour de bon.


Sous la tente, un tapis de joncs tressés, un lit de camp en chêne, plusieurs coffres de bonne facture et une petite table de qualité marquent tout autant le rang de la personne qui l'occupe que son goût pour les choses sobres.
Pour l'heure, c'est assis devant la table encombrée de parchemins que Walan se trouve. A son attitude, on pourrait le croire occupé à étudier ces parchemins, mais la réalité est toute autre, puisque le seigneur de Meyrieu est plongé dans le souvenir des événements de la veille.

Qu'elle ne fut pas sa surprise, alors qu'il se rendait brièvement en taverne, d'y croiser la dame de Thauvenay, alors même qu'il la croyait partie. Ignorant avec une certaine impolitesse les autres personnes présentes -et à qui il devrait présenter quelques excuses-, le vicomte de Charpey avait longuement échangé des paroles quelques peu tendues avec la Tempête, ne comprenant guère la froide attitude de celle-ci à son égard et apprenant avec surprise qu'elle avait discuté avec son intendant.

Puis les révélations avaient commencées, sans crier gare, apportant autant d'incompréhension que de lumière. Ils s'étaient isolés dans une autre taverne où ils avaient pu s'exprimer plus librement.
Walan avait enfin tenu une promesse faite longtemps auparavant, contant son histoire à Terwagne avec l'espoir qu'elle pourrait ainsi mieux comprendre celui qu'il était désormais. Elle lui avait également confié une partie du fardeau dont il l'avait lui même chargée par son attitude, fait part de sa honte et de son horreur, avant de se lever pour quitter les lieux.
Mais elle ne l'avait pas fait. La Tempête avait fini par accepter de rester et les confidences avaient continué, plus calmement, plus tendrement, jusqu'à ce que ...

Ne pouvant empêcher un sourire d'apparaître sur son visage, le seigneur de Meyrieu porta la main à ses lèvres en repensant à ce qui avait suivit. Ainsi qu'il le lui avait prédit, la Tempête saurait toujours faire fondre l'armure de glace qui le recouvrait ...

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Terwagne
Au pied d'un rempart, en la ville de Vienne :

La nuit venait de tomber, et sans doute celui qui emplissait ses pensées depuis des jours et des jours - mais plus encore depuis la veille au soir - était-il en réunion avec ses hommes, dans les tentes qu'elle voyait au loin.

Si elle n'avait eu peur de le déranger, elle se serait sûrement dirigée vers là-bas, pour lui voler un baiser comme celui sur lequel tous deux s'étaient quittés à la même heure le jour précédent.

De cette union de leurs lèvres, elle gardait le goût et l'émotion intacte, tout comme elle se souvenait de toute la discussion qui l'avait précédé... De sa colère à elle, de son incompréhension à lui, de sa rage de tempête, de ses aveux et puis de ses adieux, décidée qu'elle était à s'en aller, regrettant que toutes cette discussion ne se soit pas produite plus tôt, bien plus tôt, avant qu'elle ne le trahisse.

Mais le souvenir précis qu'elle garderait sans doute le plus longtemps en elle, c'était celui de la voix de Sans-Repos s'élevant soudain, bien différente de celle qu'elle connaissait, remplie à la fois d'autorité et de douceur pourtant, mais surtout d'une volonté nouvelle chez lui.


Dame Terwagne de Thauvenay, restez ici et écoutez-moi!

Surprise, elle l'avait été, fort logiquement, mais surtout heureuse de le voir lui tenir tête ainsi à elle, la toiser de son regard qui ne laissait pas de doute sur sa ferme volonté de la voir s'exécuter.

Parce que oui, ce qui si longtemps avait manqué à la "Tempête", c'était que quelqu'un la "maîtrise" quelque peu, prenne des décisions à sa place, ne la laisse pas mener la danse comme elle l'entendait, ni tout incendier sans cesse.

Une sorte d'orage et de coup de tonnerre brisant le vacarme de sa tornade... Voila ce qui venait de se produire.

Calmée, elle s'était alors assise à nouveau à ses côtés, l'avait écouté, l'avait regardé avec un oeil nouveau, et aimé plus encore lui semblait-il.


Ce soir, assise seule, donc, dans l'obscurité et le calme, elle eut envie de faire une chose qu'elle n'avait plus osée depuis bien longtemps, tellement longtemps qu'elle ne s'en souvenait plus et que cela faisait donc sans doute partie des pages de son existence avant le Lyonnais-Dauphiné...

La flûte fut sortie de la besace, et posée contre ses lèvres.

Dans sa tête, elle fredonnait une chanson qui elle aussi devait probablement faire partie de son passé :
" "J'aimerais écrire des mots d'amour, parce que parler c'est pas mon fort..."
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Terwagne
Quelques jours plus tard :

Du temps à consacrer à l'autre...

Depuis trois jours c'était elle qui n'en avait plus, à son grand désespoir, et elle s'en voulait énormément de ne pas parvenir à lutter un peu contre sa fatigue en fin de journée ne serait-ce que pour aller le saluer là où il se trouvait.

Il faut dire que l'agitation régnait pas mal au sein de ses diverses charges en ce moment.

Des demandes d'avis sur des verdicts à rendre par ses collègues juges à la Cour d'Appel, une nouvelle audience à ouvrir pour elle, mais d'abord les convocations à préparer, les demandes d'accès à demander, la lecture de nouveaux dossiers...

La mise en place du nouveau conseil ducal et les tensions des premiers jours entre elle et d'autres conseillers au moment de parler de certains sujets épineux...

Les travaux de rangement et de tri qu'elle avait décidé d'effectuer dans les locaux du Comité des fêtes ducal, la mise en place d'une vitrine pour les différents trophées accumulés pendant les derniers mois, la recherche d'oeuvres dignes de rejoindre les collections ducales,...

Bref, tout cela faisait qu' exténuée en fin de journée, elle l'était pour le moins.

Oh, bien sûr, elle pensait à lui, l'aimait, mais si elle ne trouvait pas le temps de le lui dire ou mieux encore de lui montrer, ne risquait-il pas de se mettre à en douter comme elle-même avait si longtemps douté de la réciproque?

Poussant sur le côté de son bureau le dossier sur lequel elle était penchée, elle soupira rêveusement, s'imaginant déjà la prochaine soirée qu'enfin elle pourrait passer en sa compagnie.

Les minutes s'écoulèrent, témoin du sourire que cette idée avait fait naître sur ses lèvres, avant qu'elle ne se décide à lui écrire, pour rien, pour tout, juste pour lui dire qu'elle l'aimait et se languissait de lui malgré le fait qu'elle-même soit responsable de cet état de fait.


Citation:
A vous qui...
A vous dont...

A vous qui avez le don de me faire sourire même sans être à mes côtés,
A vous dont malgré mon silence je ne cesse de penser,
A vous qui l'envie de vivre m'avez plusieurs fois redonnée,
A vous dont je me languis au point de rêvasser sur mes dossiers,

A vous qui ce soir me manquez,

Je voudrais pour le moins m'excuser
De ne point plus de temps pouvoir vous accorder,
Et vous rappeler que cela ne m'empêche de vous aimer.

Terwagne

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Walan
Aux portes de la cité sainte* de Vienne, Walan continuait de penser à sa belle, y compris lorsqu'il lui fallait s'occuper de la gestion des affaires courantes de la troupe et des diverses rapports et messages à lire, consulter, rédiger et renvoyer.
Alors même que Terwagne et lui venaient donc de s'avouer leurs sentiments réciproques et commençaient ensemble une nouvelle étape de vie commune, voilà que les tâches de chacun s'employaient à les séparer l'un de l'autre à nouveau.

Les journées et les nuits se faisaient néanmoins bien longues, à attendre dans le camp avec les hommes. Ceux-ci, pour passer temps et ennui s'occupaient des occupations habituelles des soldats : entretien de l'équipement, sculptures de menus objets, divers jeux et chants -puisque la discrétion ne leur était pour une fois pas nécessaire-.

Sans Repos participa régulièrement à chacun, étonnant certains des hommes les plus récemment entrés à son service lorsqu'il entonna avec eux de sa voix calme des chants tristes comme joyeux**. C'est d'ailleurs alors qu'il terminait un chant à boire qu'un messager vint lui apporter la missive de la dame de Thauvenay, qu'il s'empressa d'aller lire en faisant signe à l'homme d'attendre.
Un moment plus tard, il ressortait de sa tente où il s'était isolé avec un parchemin scellé et une petite bourse, qu'il confia au coursier avec l'intention de les rapporter à l'expéditrice du précédent message.

Dans la bourse, une petite sculpture en bois de tilleul et représentant un jeune arbre aux branches hautes et garnies de feuilles. Sur le parchemin, quelques mots.


Citation:
Ma tendre dame,

La simple lecture de ces mots de vous, la simple pensée de vous, fait venir sans peine un sourire sur mes lèvres.

Vous n'avez à vous excuser de ne pouvoir faire ce que je n'ai moi même pas fait, et croyez bien que je ne saurais vous tenir rigueur d'une telle chose.

Le temps m'est long, loin de vous, aussi je vous prie d'accepter le présent accompagnant ce parchemin. C'est ainsi qu'il est fréquemment coutume pour les soldats d'occuper les temps et je ne manque pas à la règle.
J'espère que ceci vous plaira, j'aime à imaginer que notre amour, comme cet arbre, deviendra peu à peu grand et fort.

Avec tout mon amour,
W.



* référence à la devise "Vienna civitas sancta"
** Tout rapprochement avec une discussion précédente en taverne serait purement fortuit ^^

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Terwagne
Rêveuse, elle l'avait souvent été, pour ne pas dire toujours, mais depuis quelques heures cela ne faisait que s'accentuer...

Glissée contre la peau de son sein, la dernière missive que lui avait écrite celui pour qui son coeur battait - et vers qui ses pensées vagabondaient - avait été caressée de son regard plus qu'aucune autre ne l'avait jamais été. La demoiselle en connaissait chaque mot par coeur, et se les répétait en boucle, comme on chantonne une mélodie sans même s'en rendre compte, juste parce qu'elle nous rend gaie et légère.

Sur le meuble qui lui servait de bureau au castel, la sculpture offerte trônait, non en paix puisque son doigt à elle s'y promenait, mais à la place qu'aurait pu occuper une oeuvre d'art achetée très cher et sur laquelle on ne peut s'empêcher de poser les yeux en souriant.

Walan... Comme elle avait hâte de passer une soirée en sa compagnie!

Mais pour l'heure, cela n'était guère possible, et à part lui écrire pour le remercier, elle ne pouvait pas faire grand chose.

Qu'à cela ne tienne!

Lorsqu'enfin elle eut terminé son travail de la journée, l'heure était déjà bien tardive, et elle fatiguée, mais pas suffisamment pour ne pas prendre le temps de tracer quelques lignes sur le vélin à son attention à lui.


Citation:
Très cher Vicomte,

Moi qui suis si souvent bavarde, je suis aujourd'hui à court de mots...

En effet, j'ai beau cherché depuis ce matin, aucun ne me parait assez fort pour vous dire à quel point votre cadeau m'a touchée, mais aussi votre lettre.

Cet arbre, non seulement m'a fait sourire, car vous qui me connaissez mieux que moi-même depuis quelques semaines à présent ne pouvez ignorer à quel point les arbres ont toujours eu une énorme importance dans ma vie, à quel point je leur accorde une valeur symbolique, mais il m'a également laissée rêveuse devant ce talent pour la sculpture que je ne vous connaissais pas.

C'est étrange, mais je dois bien vous avouer que jamais je n'avais imaginé que les arts faisaient partie de votre monde à vous.

Toujours est-il qu'il est à présent posé devant moi, sur mon lieu de travail, et que je me surprends sans cesse à y poser les yeux, le caressant du regard avec la même tendresse que je suppose vous avez mise à le réaliser.

Oserais-je vous dire que j'ai même été, ce matin, jusqu'à le jalouser ce morceau de bois? Que je me suis mise à me dire que j'aurais aimé que ma peau remplace l'écorce sur laquelle vos doigts se sont posés pour le sculpter? Oui, j'ose...

Terry,
Celle qui n'a de cesse d'espérer vous revoir bientôt.


Une fois le pli scellé, elle sortit dans le couloir pour le confier à un messager, et se mit à le jalouser lui aussi, ce gamin qui dans quelques heures se trouverait face à Walan.

Que n'aurait-elle donné pour être à sa place?! Que n'aurait-elle échangé sa place de conseillère ducale contre celle d'un coursier ou d'un soldat pour quelques heures, afin de pouvoir lui voler un baiser en se glissant jusque sous sa tente dans ce campement à la fois si proche et si inaccessible?!

L'idée s'insinuant dans sa tête plus que de raison, elle ne mit guère longtemps à en arriver à la conclusion que vivre sans prendre de risque n'est pas vraiment vivre.

Ni une ni deux, elle décida de vivre!

La première chose à faire était de trouver de quoi se changer...

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Terwagne
La nuit était déjà bien avancée quand enfin elle fut prête...

Il faut bien avouer que trouver des vêtements noirs afin de pouvoir se faufiler sans trop se faire remarquer en pleine nuit n'avait pas été chose aisée, aussi tard dans la soirée. Il lui avait fallu convaincre une demoiselle croisée en taverne de lui échanger ses braies noires contre sa jupe à elle, et ensuite acheter à un mendiant la vieille cape noire qui maintenant couvrait ses propres épaules et ne sentait pas très bon.

Heureusement, elle avait toujours dans sa besace son col noir à elle, et elle avait pu le relever sur son menton, et même jusqu'à son nez, afin de ne pas trop respirer l'odeur émanant de ce qui n'avait plus de cape que le nom.

Pour cacher sa chevelure qui, Aristote en soit loué, avait le bonheur d'être déjà noire, elle s'était contentée de relever ses mèches et de les camoufler sous un chapeau un peu grand trouvé sur un banc à côté d'un ivrogne endormi, à qui elle avait malgré tout glissé une pièce dans la main avant de se sauver.

Quelques traits de charbon bien placés sur le peu de son visage non couvert par le tissus et l'ombre du couvre-chef, et la voila partie pour son "incursion baiser-volé" comme elle l'a surnommée.

Quitter la ville se fait sans mal, car à Vienne comme partout ailleurs il est bien plus simple de sortir que d'entrer, et s'approcher du campement n'est guère plus compliqué, du moins jusqu'à une certaine distance malgré tout...

Là où les choses se corsent, c'est qu'elle entend rapidement des voix et des chants sortant de dessous les tentes situées sur l'avant, et qu'il va donc lui falloir contourner le tout sans se faire voir pour avoir une chance de repérer son toit à lui, et de pouvoir s'y glisser sans donner l'alerte.

Hum... C'est qu'il fait froid en plus, et que l'herbe mouillée n'a pas l'air des plus accueillantes...

Moui mais bon, quand on aime, tout cela ne compte pas! Pas plus que l'aspect qu'elle aura quand enfin elle pourra se blottir dans ses bras pour quelques instants. Alors sans hésiter plus longtemps, elle se couche dans les hautes herbes et rampe tant bien que mal en décrivant un demi-cercle assez large autour du périmètre du campement, relevant rapidement la tête par instant pour tenter de se repérer malgré tout.

Estimant soudain qu'elle se trouve suffisamment loin des voix entendues, elle s'accroupit un instant, scrute l'horizon et surtout les tentes qui se trouvent non loin d'elle, et finit par se rel...


Norf! Sal***** de branche!

Le juron lui échappe suite au choc de sa caboche avec le bras d'un arbre, et elle se mord les lèvres en replongeant au sol, trempée jusqu'aux os par les trop nombreux mètres qu'elle y a déjà passés.

Attendre, il va maintenant lui falloir attendre pour vérifier que personne ne l'a entendue et ne vient voir qui se promène de ce côté en pleine nuit...

C'est ce qu'elle fait, oui, sauf que quand comme elle on est une "Tempête", la patience on ne connait pas vraiment, et que forcément on finit par se dire qu'il y a déjà suffisamment de temps que ça dure. Alors on se remet en mouvement, on avance un peu plus loin pour ne pas se cogner une seconde fois en se relevant, et on est tellement pressé qu'on n'entend pas arriver celui qui soudain vous plaque sa main sur la bouche en vous écrasant de tout son poids.

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--Grand_jean.
Etat de plénitude, moment de soulagement que celui que le grand Jean vivait membre à la main se soulageant d’une envie, faisant fondre la neige disparate sur le sol, traçant sillage dans celle-ci. Culotte aux pieds, et yeux vers le ciel en cette nuit sans nuage, le soldat s’ennuyait dans cette armée.

Tour de garde, planton, repos et cela reprenait chaque jour. Point plus d’Anglois à pourfendre, de crâne à briser. On disait de lui qu’il était un géant, le Grand jean était pour l’occasion un surnom tout trouvé. Guère intelligent, lorsqu’il s’agissait de creuser un trou, d’édifier un mur ou de tirer un chariot, ce solide gaillard était une aide des plus précieuses.
Voila donc un métier tout trouvé pour cet Homme d’arme, un exécutant admirable qui s’avérait fort précieux lorsque les hommes déclanchaient leur bestialité.

Vétéran de guerre, il était déjà là à Fougère sur les remparts Bretons, point de quartier alors, du sang, des prières des pillages voila une vie trépidante. Aujourd’hui les pieds dans la boue, en Lyonnais Dauphiné sa seule distraction était de relever ses pièges à lapins qui agrémentaient le repas frugale. Même la logistique ne fonctionnait plus, et il devait vivre de ses propres ressources.

Couvert d’une vilaine balafre au visage, signe de son engagement, il possédait pour arme une massue utile pour briser les os de l’imprudent osant le défier. Ne sachant pas compter, il ajoutait cependant une entaille supplémentaire sur le manche par homme qui avait été rappelé auprès d’Aristote. Récemment un curé venant les bénir avait blêmi en comptant 41 entailles. Au contraire le grand Jean en avait été des plus fier en l’exhibant fièrement aux yeux du religieux.

Perdu dans son ennui, morne sans activité proposée, c’est ayant fini ses besoins qu’il remonta ses braies s’en retournant au campement. Petit crochet dans un sous bois un peu plus loin ; point de lapin piégé. Il jeûnerait donc ce jour prochain. Décidément les temps n’étaient plus glorieux, il survivrait cependant à l’épreuve, aussi sur que les conseillers ducaux se succédaient depuis les débuts.

C’est en revenant que son cœur s’emballa, et qu’un sourire carnassier se vit sur son visage. Devant silencieux, un malin ou plutôt une maline, tout de noir vêtue et se voulant silencieuse se trouvait à progresser sans autorisation certaine dans le camp, s'y avançant prudemment.

Bien vite il avait comblé la distance et par derrière, il déposé un main sur la bouche de l’infortuné, lui susurrant à l’oreille c’est mots.


Garce, crie et fait moi plaisir, débats toi que je puisse profiter de la belle prise que je viens de faire.


Déjà une main s’attardait sans retenue sur le séant de la malheureuse, et sans distinction aucune, sa langue s’attardait sur le cou gracieux de la captive, la sentant se raidir à ce contact, savourant sa peur naissante, qui fallait il l’avouer l’excitait grandement.

Oh pauvrette, que voici ta chance, tu vas crier je t’assure, hasardeuse tentative, hasardeuse audace que je m’en fait honorer ma belle, je vais foutre et y prendre grand plaisir.


Déjà enfonçant la tête de l’infortuné dans la terre, il entreprenait de déchirer sa tenue de sa main valide tandis que son poids empêchait toute issue de fuite.
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