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Ceci est un RP anti-daté .. So what ?!

[RP] - On joue à la Poupée ?

Aleanore
[Un treize janvier de l'an de pâques 1458 à Château-Gonthier.]

Arrivée en Anjou. Enfin, après tant de temps – vous aussi vous trouvez que ça fait une répétition amusante ? – à parcourir les chemins du Royaume de France. Enfin, arrivée à destination, après des heures d’errance dans Saumur pour savoir où se trouve les terres de Château-Gonthier, et enfin, elle est arrivée. Malles débarquées, installée, dans une chambre prévue à cet effet, comme les choses sont bien faites vraiment quand on tombe sur la personne bien faite par excellence, oui, oui, il est bien question ici, de la blonde parmi les blondes, la Popstar suprême, petite Reyne de son état : L’Anjou, j’ai nommé Sa Grâce, Fitzounette de la Josselinière, de Dénéré-Penthièvre, Duchesse de Corbigny et Château-Gonthier. Rien que ça, et quelle grâce dans les mèches dorées évanescentes de l’évaporée buse qui .. n’est pas là où elle l’attend. Elle était prévenue, ils auraient surement du retard, qu’à cela ne tienne, elle va s’occuper autrement. Et quelle occupation, rédactions de missives, sa passion – hu-mour – auxquelles, elle s’attaque une fois le matériel adéquat sorti des malles.

Les noisettes glissent sur sa chambre, mots glissés par la servante angevine qui l’y a conduit, elle avait tous les droits sur ce lieu. Parfait. Les tentures sont donc sorties par Clarisse pendant que la plume de faisan dans sa main se fait chatouilleuse sur la truffe du petit lévrier déjà couché sur son coussin de velours, coussin d’hiver. Eternuement de la chienne, tandis que la jeune fille étire ses jambes devant elle, pour réfléchir à comment développer son idée. Effectivement suite à un malaise de la duchesse pendant la Croisade, la jeune fille avait discerné une affection dans les mots « mon ange » qui ne lui était pas à proprement destinée. Après avoir interrogé quelques vulgaires valets ducaux, il était ressorti que ces mots étaient autrefois utilisés pour une autre femme. Une blonde quand elle était brune. Une duchesse entre autre quand elle n’était que fille de noble. Les dents grincent, mourir de jalousie, c’est mourir d’amour aussi. Et le caractère facilement emporté de la jeune fille l’emporte sur le calme tandis qu’elle jette violemment à terre un fruit confit dans la coupelle à sa disposition. Elle n’aime pas la pomme. Pomme pourrie. Rongée par l’envie. Qui est-elle cette blonde angélique qui fait naitre cette tendresse dans la voix de sa duchesse ?

Après avoir fait quérir des renseignements en la chapelle des Hérauts d’Armes du Royaume de France, lieu propice aux renseignements concernant la noblesse de France, il en était ressorti que ledit ange, était Alençonnaise et régnante entrante de l’Alençon quand Fitzounette était Duchesse sortante de l’Anjou. Non, elle n’avait pas posé de questions à sa jeune duchesse trop occupée à se remettre de ses malaises. Mais alors quoi ? Il lui fallait savoir, et aussi tandis qu’elle-même parcourait le Royaume de France pour rejoindre l’Anjou, terre sainte parmi les saintes où les seins se dévoilent à dessein – vous n’avez pas compris l’intérêt de cette phrase ? Moi non plus, ça tombe bien. – un valet avait été dépêché à la chapelle pour chercher d’autres renseignements pouvant être utiles. Valet qui était revenu voilà peu pour lui faire part des recherches. Fort intéressantes en réalité, puisqu’il avait réussi à trouver une personne auprès de laquelle, elle pourrait se renseigner. Et le nom de la destinataire de la missive s’inscrit, vélin sacrifié d’une écriture fine et liée.


Citation:
A vous, Eugénie de Varenne.
A la Vicomtesse du Montaneres, Baronne de Domfront et de Monein,


Un instant, la plume s’arrête tandis que les noisettes parcourent les titres appris par cœur, les lettres dansent devant ses yeux tandis qu’elle se répète le nom mentalement. Eugénie de Varenne, dicte la Demoiselle Génue. La main fine à la manucure dévastatrice s’immisce, intruse incisive dans la bonbonnière pour attraper un fruit confit et le glisser entre les lèvres vermeilles. Elle avait appris plus qu’un simple nom au sujet de l’Ingénue, et ce qu’elle avait appris la renforce dans le bienfondé de la missive. Ingénue Eugénie, dont l’on médit autant qu’on la maudit. Un instant, les lèvres serrées esquissent un sourire narquois, rien que pour cela, elle l’aimera encore plus si on lui en donne l’opportunité. Pour n’être pas le commun des mortels. Fat et sans éclat. Ingénue Eugénie, au talent que l’on chuchote, aux rumeurs que l’on grignote. La mine se fait rêveuse, est-elle comme on le dit, celle qui suite à la demande d’un certain Maréchal d’Armes, inaugura les premiers scels d’une couleur autre que conforme, rajoutant à cela, le parfum délicat de lavande sur ledit scel parme. L’Etincelle se complait à imaginer un scel au bas de ses missives d’un adorable corail ou d’une couleur griotte éclatante. Eugénie l’Ingénue, mine de secrets, d’informations et de délectation pour la curieuse jeune fille. Regard jeté à la missive. Béarnaise donc.. Et la plume de reprendre ses franches entailles dans le parchemin.

Citation:
Bonjorn comme l’on dit chez vous, je présume,

J’espère que cette missive vous trouvera en d’agréables dispositions, et je prie le Très-haut pour qu’il en soit ainsi encore longtemps. Ainsi, notre chère Capitale ne perdra pas une artiste de renom même sous cape.

Oui, une artiste en vérité, Vicomtesse, car j’ai ouï dire le plus grand bien de vos créations colorées et parfumées qui offrent enfin à la noblesse féminine de France, une petite joie de plus quand il est question de missive, un petit rien qui égayera les longues journées qui nous sont bien souvent monotones quand nous n’avons personne avec qui il nous est agréable de deviser et que nous devons nous faire amantes de l’épistolaire pour prendre nouvelles de ceux que nous aimons.

Mais que me voilà impolie, je ne me présente pas. Aléanore Jagellon Alterac, l’on connaît de par le Royaume, le nom de famille, jamais le prénom, mais si cela peut vous aider. Et vous devez aussi vous demander la raison de cette missive venant d’une personne dont vous ne supposiez jusqu’alors même pas l’existence. Souffrez Vicomtesse que je vous mette au courant des raisons qui me poussent à venir à vous par un vulgaire vélin.

Je suis au jour d’aujourd’hui, dame de compagnie de la Duchesse de Corbigny et Château-Gonthier, qui fut Duchesse de l’Anjou presqu’en même temps qu’une autre jeune femme blonde montait sur le trône ducal de l’Alençon. Bélialith Ypriex, Duchesse d’Escouché, Vicomtesse de Montgomery, Dame de Pierrefite en Cinglais, c’est d’elle dont je voudrais vous entretenir, Vicomtesse, puisque l’on m’a rapportée, que vous étiez devenue par la grâce de Dieu – qu’il vous ait en sa sainte garde – Comtesse du Béarn peu avant qu’elle quitte la couronne ducale alençonnaise. De plus, sachant que de part votre baronnie de Domfront, vous êtes noble alençonnaise, j’ai pensé - et Dieu m’est témoin que cela me dérange de prendre sur votre temps sûrement précieux – que vous pourriez si l’envie vous prenez, me renseigner sur une personne qui même si elle nous a quitté, fait encore parler d’elle, fantôme blond persistant alors qu’il y a tellement de beautés blondes qui ne demandent qu’à être célébrées.

Dans l’attente d’une réponse favorable de votre part à ma requête, je prie pour que le Très-Haut et Aristote vous aient en leurs saintes gardes.

Fait le treizième jour de janvier de l’an de grâsce mil quatre cent cinquante huit, en les murs de Château-Gonthier.

Alterac, parce que je le vaux bien.





La cire rouge à son plus grand malheur, est déversée, chaque goutte s’écrasant dans un bruit mat, infime tâche écarlate agrandissant un peu plus la mare, enfin scellée d’une pression de la croix qui pend au bout d’un chapelet qu’elle a retrouvé dans ses malles, le pli se retrouve glissé dans la main de Clarisse qui depuis quelques minutes, attend sagement que sa maitresse est finie, pauvre Clarisse qui subit sans mot dire, le traitement dur que la jeune fille lui inflige moins dur pour elle à supporter encore que la vision de la jeune fille éteinte sans qu’elle n’en comprenne la raison, pauvre innocente, ignorant le lourd secret qui lie une Duchesse Angevine à une Dame de compagnie Limousine.. Dans quelques instants, la missive sera envoyée là où elle doit. Peut être qu’elle aura une réponse, l’Etincelle, peut être qu’elle saura enfin. Les noisettes glissent sur le dehors, pour observer la vie qui grouille dans la cour du château angevin, fraicheur hivernal qui s’engouffre quand Clarisse ouvre la porte pour aller confier la missive à un valet. L’Etincelle, elle se lève pour aller à la fenêtre, pensive, quand arriveront-ils ? De nouveau, la blonde servante revient, expliquer qu’elle a fini de ranger l’essentiel, voix qui tremble quand elle dit que tous les effets vraiment personnels sont installés.

Sourcil qui se hausse avant de se diriger vers le lit à côté duquel sur un guéridon repose une petite boite en bois aux arabesques compliquées. La boite est ouverte, trésor oriental, erreur monumentale, mais qu’importe, la pâte brune est glissée sur la langue, tandis qu’elle repose le reste et referme la boite. Les jambes sont remontées sur le lit, bordée par une camériste inquiète au-delà de toute mesure mais qui ne dit rien, le voile de cils bruns recouvre les noisettes qui habituées au traitement, déjà se troublent d’un voile fait de rêves. Requiem Aeternam.

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Ingenue
21 Janvier 1458 au matin, Montaner, Béarn.

La neige craquait et croquait sous les chausses élimées et malmenées par une vie itinérante et passée, vie qui fut celle dont maintenant le front est ceint par la couronne vicomtale et qui avait décidé qu'aujourd'hui, elle irait chercher missives et nouvelles du royaume attendant là au dehors de l'enceinte de Montaner, au milieu des plumes, des rrrou rrrrou et de la fiente, seule.
Aaah... La volonté implacable d'une jeune nobliote en action. Le désir farouche de retrouver dans le quotidien et le faste, parisien ou provincial, qui sont désormais siens, les petits gestes anodins et autonomes, l'effort juste qui ne subordonnait pas une maisonnée entière aux caprices et exigences d'une jouvencelle qui régnait, endurcie par le fatum, comme une papesse, sur dix figuiers, deux remparts et six familles de glaiseux.

Le fond de l'air était frais et lui rosissait avec amour le bout de du blase et les joues. Amant traitre et cruel, il gerçait sans mansuétude aucune, comme une fessée pendant l'amour, les lèvres pleines de l'Eugénue dont s'échappait à chaque souffle, chaque effort répété, petits nuages de brume cotonneuse dont elle s'amusait à l'envie. Un effort, un souffle, un rond. Un effort, un souffle, un rond. Jusqu'à atteindre la volière située non loin des remparts de Gaston Fébus, à flanc de colline.
Il fallut bien des efforts à notre jeune boiteuse pour en atteindre le point culminant, s'appuyant et transperçant la neige du bout de son tuteur basque, délaissant la cavée gadouilleuse déjà tracée par les multiples allées et venues de ses gens et lui préférant par la même la blanche, la pure posée en galon virginal de chaque côté de la dite cavée.

Le retour à Montaner se fit au plus pressé, entre glissades et jurements. Au milieu des plumes, des rrrou rrrou et de la fiente était une lettre, une lettre qui fleurait bon lilas sur pétales de roses, une lettre qui cocottait la haute et le début des ennuis, une lettre qui lui faisait se dire "Qu'est-ce qu'on peut bien encore me vouloir ?"

D'un coup de couteau, entre deux boulottements de pain et de fromage de brebis du pays qui puire, la lettre fut décachetée puis lue. Le billet lui arracha tour à tour haussement de sourcil circonspect, grognement bourru et éclat de rire. Les nouvelles allaient vite en ce foutu royaume. A croire que la constante voulait que l'on reprit les travers de l'envahisseur à son compte et que l'on joua au petit messager maure.

La missive de celle qu'elle ne connaissait pas appelait réponse, comme tant d'autres qui tenaient le siège de son petit pupitre depuis de longs mois, comme certaines pour lesquelles elle bridait sa plume, retenait son encre, sa douleur et sa colère pour ne pas coucher sur le vélin des mots assassins, des mots qu'elle regretterait à peine le pigeon envolé vers les cieux aquitains...

L'écriture ne serait pas déliée, le paraphe ne serait pas rond et plein d'arabesques sinueuses qui font la joliesse des petits gribouillis amoureux que font parvenir les jeunes pucelles en attente de l'hyménée salvatrice à leurs soupirants.
Graphie sèche et nerveuse pour la Jagellon, pattes de mouches torturées, reste des tourments, seule trace palpable de la géhenne de l'Ingénue.

Citation:

A vous, Aléanore Jagellon Alterac,

Sachez tout d’abord que vous présumez mal. Bonjorn c’est de l’Occitan, Bonjorn, c’est triste comme le fond de braies d’un impotent . Nous préférons donc user de notre parlature propre -par ce nous comprenez, les Béarnais- et du très sémillant et trainant en bouche Adishatz.
L’asthénie aux Languedoniais, la truculence aux Béarnais.

Adishatz donc, Aléanore Jagellon Alterac.

Pour vous rassurer, je suppose que celui qui n’a pas su me trouver m’a sous sa bonne garde, car en effet, en dépit des deuils successifs et d’une vilaine blessure qui me fait boiter gentiment, je me porte comme un charme. Paris ne se verra donc pas dépossédée d’une jeune sotte -enfin, si vous ne l’ébruitez pas dans tout le Royaume, et oui les normes de l’Hérauderie de France sont les normes- qui profite de ses moments de désœuvrement -si rares soient-ils- pour tenter l’expérience chromatique cireuse, jeune sotte qui eu l’intention malheureuse de faire part et profiter des dites expériences à plus bavarde qu’elle…

Pour, ensuite, répondre à la raison véritable qui vous poussa à gâcher encre, vélin et pigeon -le votre étant bien gras, je me le réserve avec des petits pois et des lardons, son sacrifice ne sera pas vain- je sais peu ou prou de choses au sujet de celle qui semble vous obsédez au point d'en écrire à une parfaite inconnue, inconnue dont vous connaissez jusqu’à la localisation d’une ses terres et rang d'icelle.
Tout ce que je puis vous dire, c’est que l’Ypriex avait tout des adorables garces que l’on maudit mais pour lesquelles ont se damnerait. Je vous dirige donc vers celui qui fut son époux et qui fut et reste en mon cœur mon suzerain. Je suis certaine qu’il aura à cœur de renseigner celle qui, pourtant inconnue de lui, ravivera la douleur et compromettra son deuil par curiosité déplacée.

Mes amitiés à la Dégénéré, chantez lui bien pouilles de ma part de me laisser ainsi sans nouvelles d'elle,

Cordialement, du moins autant que faire ce peut,




PS: Il n’était pas besoin de me flatter à la limite de l’indécence pour obtenir quelques informations de moi, demoiselle Aléanore.
Demoiselle Aléanore oui, car si votre nom est illustre, je préfère porter toute mon attention sur votre prénom. J’ai, en effet, une sainte horreur des génitures qui vivent sur et par la gloire passée de leurs ascendants.
Allons bon, voilà que vous me faites écrire comme une vieille conne...


Roid, sec et vindicatif fut le trait de la blonde. Du moins, on ne pourrait pas lui reprocher par delà le royaume de France et de Navarre d'avoir gardé silence malappris et elle pouvait maintenant s'en retourner à son quotidien sans la menace lancinante de la très procrastinatoire épée de Damoclès qui pesait au dessus de sa tête.
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Aleanore
Index pointé, ongle effilé visant le ciel ou le plafond plus précisément, sourire amusé sur les lèvres purpurines tandis que l’Etincelle regarde la levrette se redresser sur les pattes arrières pour obtenir la confiserie qui sert de gâterie, adorable macaron rose bonbon, car si sa maitresse préfère les fruits confits, Fiora s’est pris d’une affection hors du commun pour les macarons de la duchesse de la jeune fille.

-« Montre donc à Sa Grasce comment tu fais bien la belle. »


Sourire tendre à la duchesse alanguie dans les coussins, cuvant sa récente grossesse, buse en pleine gestation. Et déjà, l’attention se reporte sur la petite chienne noire qui attend sagement avant que la porte ne s’ouvre sur une Clarisse essoufflée tenant à la main, une missive cachetée. Le macaron abandonné à la chienne et la lettre décachetée, la jeune fille se laisse tomber de nouveau aux pieds de la méridienne pour dévorer des yeux la réponse faite par la vicomtesse béarnaise. Réponse qui n’en finit plus de l’étonner, haussement de sourcil circonspect, moue gênée, et finalement, le vélin finit froissé au creux de la paume de la main. Sans un mot, la jeune fille se lève, baiser fraichement déposé sur le front de la blonde duchesse, incitant au courage, la future mère, terrifiée, dépressive et malade comme un chien. Gagnant le secrétaire dans le coin de la pièce, l’Etincelle s’assied, un instant pensive avant d’attraper vélin, et plume, et de se lancer, sourire moqueur aux lèvres.

Citation:
A vous, Eugénie de Varenne.
A la Vicomtesse du Montaneres, Baronne de Domfront et de Monein,


Adishatz donc, voyez que je ne suis pas si contrariante que je pourrais en avoir l’air, et pour une sotte, vous pouvez vous féliciter d’avoir appris quelque chose à une ignorante en matière d’us et coutumes du Sud. Je vous remercie donc pour la dose de truculence que vous apportez à mon quotidien, que ferait-on sans le Béarn, je vous le demande, Vicomtesse.

Quant aux éventuels bruits concernant votre travail, il est évident que cela ne saurait être plus ébruité, il est même décevant que vous vous sentiez obligée de le préciser. Ce fait semblait pourtant couler de source, et s’il s’avérait que vous deviez couler à votre tour, vous m’en verriez bien attristée puisque que je compte sous peu faire appel à vos services à un titre tout à fait professionnel et on ne peut plus dans les normes.

Comme il est rare de voir des liens de vassalité à ce point, intenses, cela en devient touchant, aussi, ai-je reçu le message, je n’irai donc pas demander au veuf ducal, merci pour l’avertissement.


Le museau se lève pour fixer la duchesse avec un regard ampli d’une nouvelle considération, qu’avait dit la béarnaise ? « Adorables garces que l’on maudit mais pour lesquelles ont se damnerait. » Un sourire amusé glisse sur les lèvres vermeilles tandis qu’elle penche la tête, observant en silence, la future mère en puissance. Elle aussi, ceci expliquerait cela. Adorable garce.. Les mots reviennent lancinants et la ramènent à une autre garce tout aussi adorable. L’Ingénue.

Citation:
Souffrez, Vicomtesse, que je vous remercie pour les renseignements même maigres que vous m’avez fournie, le temps dépensé par vous pour répondre à la missive. Et aussi pour m’avoir appelé par mon prénom, si rares sont ceux qui s’y attardent vraiment, préférant s’attacher aux faits et méfaits de la parenté, et non pas aux actes personnels, même minimes. Merci donc, , je reste votre obligée.

En espérant qu’ils vous trouvent donc un jour, je prie pour que le Très-Haut et Aristote vous aient en leurs saintes gardes.

Fait le vingt-deuxième jour de janvier de l’an de grâsce mil quatre cent cinquante huit, en les murs de Château-Gonthier.

Alterac, parce que je le vaux bien.



Ps :
Vous devriez essayer avec des girolles, le pigeon.. C’est une de mes recettes préférées, je vous ferai parvenir la recette si cela vous intéresse.


Le vélin est plié tandis que l’égo est rasséréné, c’est quoi cette façon de lui parler, même si l’Ingénue lui aura offert un moment de pur amusement. Et devant les noisettes de l’Etincelle, s’esquisse les traits du visage d’une parfaite inconnue qu’elle a déjà hâte de rencontrer en face pour pouvoir mettre un visage sur un nom. Et alors que le vélin est accroché par un valet à la patte d’un pigeon, l’Etincelle rejoint la fourrure étalée aux pieds de la méridienne, la duchesse, ses macarons et la levrette.
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Ingenue
Dans une des sombres cellules monacales de l'Hôtel Saint-Paul, contigu à l'ancestral Anthony lou Pouquèt, plus particulièrement dans celle d'Estampe, celle-là même qui dans ses fréquents élans d'auto dérision mégalomane, aimait à s'autoproclamer Blondissime Estampissime, fabulantastique héraut sigillant aux milles teintes et merveilles, se trouvait une blonde qui n'était plus qu'un cœur qui bat dans un ventre déchiré d'angoisses.
Recroquevillée sur elle-même, là sur ce lit qu'elle jugeait en cet instant si inconfortable qu'elle en aurait juré qu'on avait glissé sous sa couche une multitude de petits cailloux pointus, la princesse au petit pois n'était plus la flamboyante et très forte en gueule éclopée que l'on pouvait souvent surprendre à martyriser Félix Barrauld ou râler à l'ingratitude de ceux qui venaient récupérer matrices qu'elle avait passé des heures à réaliser, sans un merci, sans même un regard pour sa personne.

En apparence éteinte, elle n'était plus qu'un cri silencieux qu'elle étouffait parfois dans ses coussins dans un sursaut de rage contre elle-même. Louise était morte, et depuis le 11 Février au soir, lorsque la nouvelle bordelaise lui parvint, elle ressassait parfois à la nuit tombée ses actes manqués, ses petites et grandes bouderies, sa pudeur qu'elle jugeait maintenant déplacée et qui l'avaient empêchée de dire avant qu'il ne soit trop tard.
Louise n'était plus oui, et avec elle défilaient dans son esprit malade ceux qu'elle avait aimé et battu froid par excès de fierté et de rancœur. Estelle, Théophane, Le Rouge, le plus beau des Vicomtes balafrés angevins, Alchi, Nolen. Estelle, la Blondeur, sa virago de sœur. Louise, la Joualvert, sa parfaite, sa précieuse, son immaculée, Lou.
Bien sotte et bien grenue, elle réalisait la mesure de ce qu'elle avait possédé à présent qu'elle l'avait perdu.

Se lover tout contre elle, revenir aux origines, en position fœtale, pour la dernière et première fois, la tête posée sur les cuisses girondes de son double, se reposer, verser quelques larmes contre la chaleur de son sein maternel, lui dire enfin elle l'aimait encore, toujours, d'un amour qu'elle n'arrivait pas à définir, très certainement inapproprié. Malgré ses errances, ses fautes. Que jamais plus elle ne jugerait sa Lou et que si elle était demeurée coite, que si sa plume n'avait pas filé sur un parchemin à son intention, c'était pour ne pas y coucher des mots meurtriers, pour les préserver. Elle avait loupé le coche, elle ne le pourrait jamais plus.
Cette pensée fatale, voir clairement l'impossible, en prendre toute sa mesure, le "jamais plus" s'insinuait doucement, prenait possession du peu de raison qui lui restait. Folle, à l'en rendre folle, ses démons s'arrachaient et dépeçaient les derniers restes de sa lucidité.

Alors, dans un sursaut salutaire, avant de ne finir pendue à une poutre ou encore empoisonnée à la cire à la teinte et à la senteur fantaisistes elle se leva. Et à la lueur d'une cierge qui éclairait faiblement son seul pupitre, pour distraire un instant ses démons, elle écrivit. Aléanore Jagellon Altérac serait la récipiendaire de ses prises de conscience nocturnes. Parce qu'elles ne s'appréciaient ni de se mésestimaient. Parce qu'il n'y avait pas de peur ni de honte à être jugé par quelqu'un qu'on connait peu, voir pas, à décevoir une personne que l'on a pas encore aimé, que l'on aimerait peut-être pas. Parce qu'au fil de sa plume, elle réussissait enfin à mettre des mots et à comprendre ce qu'elle entrevoyait à peine du vivant de son aînée et que sa copie brune remuait à l'insu de son plein gré.


Citation:
A vous, Aléanore Jagellon Alterac,


Il m’est peu coutumier de m’épancher ainsi en confidences, plus encore quand la récipiendaire d’icelles m’est aussi peu connue. Chérissez ces quelques lignes Aléanore, s’il m’est donné que vous leur porterez quelque intérêt, car elles sont précieuses de par leur rareté.

Vous n’avez pas été sans remarquer que vous me trouvez toujours en proie à mes sombres humeurs, que mon maître mot est "économie de parole" lorsque nous sommes en présence l’une et l’autre, et il me semble ce jour que je vous doive -si tant est que je doive quelque chose- amples explications quant à mes apparentes bouderies capricieuses.

Je suis, il est vrai, de disposition taciturne et de nature silencieuse, depuis les forfaitures et deuils successifs qui jalonnent ma jeune vie depuis la Mai 1457. Et vous provoquez en moi Aléanore -bien malgré vous, enfin je l’espère- rien qui ne peut s’expliquer par un excès soudain de mélancolie ou d’humeur qui nécessite un repli sur soi-même immédiat, cause à effet de mes tribulations actuelles et passées.

Vous êtes, Aléanore, la réplique parfaite -aussi vrai que vous êtes brune et qu’elle était blonde- de feue ma sœur aînée -et je vous parie un cotillon, vilaine fouine, que son nom vous est déjà connu- Estelle . Elle seule, de part ses manières précieuses, son orgueil, le fiel qu’elle distillait avec un malin plaisir, toujours enrobé de sucre, parvenait à provoquer chez moi réactions épidermiques, un agacement si profond qu’il me fallait sur l’instant répliquer d’un ton cinglant et plus moqueur encore pour lui ôter toute sa superbe et effacer ce sourire narquois et hautain qui barrait si souvent son visage émacié.

Nous avions donc une relation complexe, faites de grandes disputes et de petites bouderies, d'agacements et d'incompréhensions réciproques et parfois, de quelques regards et sourires carnassiers entendus lorsque que nos esprits s'accordaient dans un silence complice à ourdir plan machiavélique pour briser l'inconscient qui osait nuire à Varenne.

Je n'ai pas su, je n'ai pas voulu voir, sous ses apparences de garce mondaine, que ma sœur souffrait. Qu'elle souffrait tant est si bien de la disparition inexpliquée de son jumeau -idem, une fibule que vous connaissez son nom-, qu'à apprendre sa mort, elle se la donna elle-même en Alençon. Et c'est à sa mort que je réalisais enfin qu'elle m'aimait, que ce que je prenais pour des intrusions abusives dans ma vie "n'était" que la volonté farouche de me préserver de commettre les mêmes erreurs qui marquèrent sa vie et de me voir accomplir la mienne.
J'en éprouve encore une telle honte, une telle culpabilité, la chose m'est si insupportable, qu'aujourd'hui encore la cérémonie religieuse publique en son honneur n'a pas encore été officiée et qu'à vous voir, ma seule réponse ne peut être que le mutisme obstiné.

Nonobstant, Aléanore, parce qu'à trop s'entêter on finit seule et aigrie, je suis à ce jour, toute disposée à voir au delà de vos ressemblances et à découvrir en quoi vous différez l'une de l'autre.


Bien à vous,


Ermite sur le retour.


Scellée de pourpre à la senteur bergamote en gage d'un désir sincère de concorde, ce qui était dit n'étant plus à dire, elle lui porterait le pli en personne. Parce que lorsqu'on s'appelle Varenne et que l'on a décidé, c'est comme ça et picétout.
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