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[RP] Petite ballade en Touraine

Ygerne
Une charrette, du sang, trois corps étendus… un paysan.

Hey la, s’ti pas d’chez vous ces racaillons. Sont bien bleu, mais ils ont t’jour le souffle. P’têtre plus pour longtemps.....



[Quelques jours plus tôt]

Elle le sentait mal ce foutu voyage…

Il faisait froid, il neigeait, la petiote galopait emmitouflée dans des couvertures, le visage calfeutrer dans sa chemise. Seule fille au milieu de cette troupe elle gardait ses distances.

Quelle idée de partir en hiver !

Fallait bien s’occuper comme elle disait, alors elle avait dit oui. Elle l’avait peut être regretté ce oui. D’habitude, elle réfléchissait pas trop mais la… son oui avait correspondu avec la venue de personnes chers à son cœur, elle avait été jalouse de devoir partir quand ils se retrouvaient… elle s’en était voulue. Déjà ça commençait mal ! Et les bruits de taverne, les avertissements de danger n’avaient pas amélioré son humeur et sa confiance…. Pourtant elle s’était questionnée ? Traitée d’idiote ! Ygerne tu peux compter que sur toi? L’amour ça paie pas la maison et la viande… Faut bien que tu fasses quelques choses, tu vas pas vagabonder toute ta vie ? Mais bon elle y pouvait rien, elle les aimait, la petite…elle aimait peut être aussi vagabonder.. On avait moins de soucis comme ça, qui lui voudrait du mal ? Elle était rien, elle n’avait rien…

Elle avait pris la route, il faisait froid. Après un jour de voyage elle n’avait plus eu aucune sensation dans ses pieds et ses mains. Elle voulait pas pleurer, de toute façon elle aurait pas pu, ses yeux était séché par ce vent qui lui fouettait le visage… Mais elle avançait toujours, la pauvrette voulait pas qu’on lui dise qu’elle ralentissait le convoi, elle voulait pas non plus qu’on râle parce qu’elle était une femme. Elle pouvait y arriver, oui, elle en était capable.

Alors pour oublier, pour ne pas voir le temps défiler, elle se récitait des textes appris jeune, quand elle vivait bien au chaud dans une famille de bourgeois…

Elle chantonnait de sa petite voix légère quand elle entendit le tonner. Elle leva les yeux. Ils étaient nombreux et armés. Elle était un peu derrière. Une femme, ils allaient pas attaquer une femme….
Letiti
Du sang... Trois corps saignant sur une charrette... Pour les soigner...Pour les enterrer... Ils arrivent... Les mouches suivent.

[Le même nombre de jours plus tôt]

C'était parti. Malheureusement! Enfin! peu importe, le vagabond avait retrouvé ses chemins. Le départ avait été difficile, le cœur ayant trouvé un port d'attache solide, il avait tenu à lui faire endurer milles tourments, mais les jambes avaient été les plus fortes.
Petite compagnie, pour une fois il ne voyagerait pas seul. Par contre bonjour les compagnons! Une rouquine insupportable, un illuminé qui braillait à qui mieux-mieux, un pseudo chef... Non décidément ca allait pas être de tout repos...


Bordel en route!
Et qu'on me désarçonne pas cette fois!
Ou c'est pas quelques bleus qu'obtiendra l'emmerdeur!


Juché sur son cochon, le diable prit la route avec le reste de la bande. Le froid leur mordait toute partie du corps non protégée et gelait les vêtements sur vous. Il réajusta l'écharpe reçue quelques heures plus tôt. Le souvenir le réchauffa plus que la protection.
Comme il n'était pas question de s'ennuyer, le philosophe entreprit de discourir sur à peu près tout ce qui lui passait par la terre, de l'influence des ornières sur le choix de la potée le soir ou du bienfait des vents générés par une troupe après un repas composé choux.

Tout à son persifflage et à l'absolue certitude qu'un groupe de voyageur aussi inoffensif pour des manants qu'impressionnant pour un petit brigand, ne risquait rien, il ne se rendit que tardivement à l'évidence. Les cris et les ordres braillés été dirigés contre eux...

_________________
Ygerne
[En-dessous]

Le vieux canasson tenta un recul. Depuis qu’Ygerne l’avait eu pour pas trop cher, la pauvre bête en avait vu de ces aventures ! de ces attaques foireuses ou désarçonnages tout en douceur. Oui il maudissait la rousse ! La bête avait espéré finir sa vie à paître tranquillement dans un champ, au lieu de ça on l’éreintait sur les chemins tortueux de Touraine… Bref il tenta un recul calculé espérant que ses jambes supporteraient une fuite en avant quand son sabot rencontra la chaire fraiche d’un cochon. Et oui car dans la liste des plaintes pour maltraitance il y avait encore ça ! Malgré son âge avancé on le trainait sur les routes mais en plus ! Comble de l’insolence ! Certain avait l’outrecuidance de le faire partager le chemin avec un cochon. Il voyait bien les regards des autres chevaux moqueurs, le traitant de sale pequenot sortit de sa cambrousse.

Fichu vie de cheval, les jeunes n’avaient même plus de respect. Il se souvenait dans sa jeunesse, bel étalon qu’il était, quand certain le chouchoutait, le traitant en confident, en meilleur ami ! La belle vie quant au détour d’un village, il croisait de belles juments ! Il osait avancer l’encolure haute, le regard fier pour les rejoindre dans leur litière….


Brrrrrouuuuuu

Maintenant sa litière, il la partageait avec un cochon ! Il réalisa qu’il avait toujours le sabot haut… il avança, non il ne pouvait pas lui faire mal à ce pauvre cochon, après tout il y pouvait rien…

[En-dessus]

Ygerne restait figée, encore à rêver à ses beaux princes, sûrement. Mais la, pour le coup, il avait pas l’air commode le prince ! Plutôt l’air menaçant même…. Et vous savez bien que l’Ygerne et les hommes… autant mettre un éléphant dans un nid de souris, pas rassurée du tout la petiote. M’enfin elle se disait quand même que l’Aurélien avait des papiers ou s’entendait bien avec ses voisins. Mais à voir la tête que tirait le chef, elle comprit vite que ce n’était pas le cas.

Son cheval trépignait sur place, elle tira sur les brides pour qu’il reste calme… mais… l’armée fonça.

Elle s’était jamais vraiment battue la petiote, elle ne comprit pas tout : bâton qui vole, bouclier qui frappe, choc… sans comprendre elle sentit son cheval se dérober sous elle, l’entrainant dans sa chute. Coincée… elle se tira de ses maigres petits bras. Mais un premier coup d’épée transperça son bassin….
Letiti
Bordel à cul!

Regards d'incompréhension lancés de droite et de gauche. Déjà les plus prompts à réagir ont pris la poudre d'escampette. Pas grand chose d'autre à faire en voyant le nombre d'enragés puissamment armés charger.
Le vagabond suit le mouvement et fais voleter son cochon. Oui les cochons c'est comme les chevaux et les oiseaux et ca volette. Parfaitement! Donc le cochon fait une embardée. Malheureusement tout le monde n'est pas aussi vif que lui, et la Ygerne n'a pas bougée d'un pouce... son cheval non plus d'ailleurs.
Le cochon dans sa fulgurante accélération se prend donc dans les pattes de l'équidé le faisant tomber. Le diable tente de rester accroché au cochon, une jambe trainante par terre, les bras autour de son cou.

La Ygerne cette empotée ne trouve rien de mieux que de lui saisir la cheville au passage. Voila donc notre philosophe tant bien que mal accroché à son cochon, lui même saisit par une jouvencelle qui est trainée à sa suite.


rahaahahhhhhhh

Finalement le cochon accélère d'un coup lorsque la p'tiote lâche le vagabond. Oui elle a laché à cause d'un coup d'épée, c'est une raison assez valable, surtout lorsque le dit coup vous met les entrailles à l'air libre.
Le premier hic stoppa donc la jouvencelle, et voila que le deuxième hic approche. Le cochon lancé à pleine vitesse ne peut plus négocier correctement le virage. Il plante un coup de frein désespéré...erreur fatale...
Hiiiiiiii
sortie de route, tonneaux...le porc et le vagabond se retrouvent emmêlés dans un amas de pattes et de jambes sur le bas côté du chemin, arrêtés par un taillis épais.


Le diable est sonné... des pas approchent...la voix d'un attaquant...

'tain de porc! Il fait un raffut du tonnerre!
C'qui fout la?!
J'l'achève et on rattrape les fuyards!


Le porc cité est bien entendu le cochon hein?! Non mais des fois. Un coup d'épée en travers la gorge du cochon... qui malheureusement se finit par la cuisse gauche du lutin rouge. Chair transpercée donc également de part en part, et philosophe qui hurle à a mort.


YAAAAHHHHHhhhhhhhhhhhhhhhhh

_________________
--Dreamworks




[Il était une fois dans le royaume de Touraine, un terrible duc jaloux de la beauté et de l’intelligence de nos valeureux héros. Un jour noir de janvier il interrogea son miroir magique :

- Oh mon beau miroir, dis moi qui d’un bout à l’autre de ce royaume ose se promener sur mes terres sans implorer ma permission.
- Oh mon grand et beau Duc, le monde vous craint et vous respecte, personne n’oserait…
- Parle miroir ! Je sais que sur quelques chemins de mes blanches prairies, certains espèrent échapper à mes griffes !
- Oui en effet mon valeureux Duc… il se trouve bien une jeune et innocente demoiselle perdue sur les chemins en compagnie d’une troupe étrange…
- Est-elle belle ?
- Oh oui mon beau seigneur… on dit d’elle que son regard fige les malheureux qui croiseraient ses beaux yeux… seul certains arriveraient à échapper à son charme…
- Diantre c’est une sorcière ! Préparez mon armée ! Nous devons protéger nos terres…


Et c’est ainsi que sur les chemins sinueux près de loches nous retrouvons nos héros Ygerne et Letiti affrontant le terrible Duc …]

Letiti sur son fier destrier-cochon vola tel un oiseau par-dessus une Ygerne qui dans un élan de survie attrapa le pied du dit Messire volant à la suite du cochon. Grâce à ce magnifique survol, la belle et douce jeune damoiselle, s’agrippant à la vaillante cheville du Titi magique, fut tirée héroïquement de sous son cheval, pour glisser avec grâce sur le sol soyeux de neige, laissant ainsi derrière elle un chemin pourpre, coloré de son sang qui par petit jet suintait de sa nette blessure.

Et, tel un moineau qui gazouille, elle chantonna de surprise un léger cri aigu qui aurait pu se retranscrire ainsi :


AAAAhhhhhhhhhhhh mon héros mon héros…


Quand ses yeux émeraudes se posèrent avec insolence sur un homme à la vêture noir, qui à leur suite vagabondait. Elle vit un éclat de lame qu’un rare rayon de soleil illumina. Dans un arc de cercle parfait, la lame coupa les cieux et se ficha dans le ventre de l’innocente damoiselle la déchirant de part en part. Une coupure nette est sanglante lui tira un dernier doux chant, d’un petit oiseau qui se meurt lentement.

AAAAAAAAAAAAAAAAhhhhhhhhhh

Les ténèbres peu à peu envahirent son petit corps mortellement blessé. Dans un dernier sursaut de vie, elle aperçut le vaillant Letiti tomber en plein vol. Une larme amère roula sur sa joue rosie de froid. Ses paupières s’abaissèrent pour plonger la jeune pucelle dans un profond sommeil.
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