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Info:
Maëlie, habitante roturière de Lodève, reçoit chez elle le Baron de la Voulte suite à leur rencontre en forêt.

[RP]De l'art de recevoir...

Maelie
Bonjour à tous !
Il s'agit d'un RP fermé, réservé à quelques joueurs concernés et qui fait suite au RP "Quand le hibou s'embourbe...". Mais si vous souhaitez intervenir, n'hésitez pas à contacter LJD Adrien ou moi-même.
Bonne lecture !




[De l'art de recevoir un Baron dans une Boucherie]

Revenant de leurs péripéties forestières, Maëlie et Adrien Desage avaient croisés le Lieutenant Spartan et sa compagne, le Sergent Christina, aux portes de la ville, et les avaient invités à les rejoindre plus tard pour le déjeuner, qui s'annonçait copieux en raison du sanglier terrassé par Adrien que les mineurs et les voyageurs ne tarderaient plus à rapporter.

Il ne leur faudrait que quelques minutes pour regagner le domicile citadain de la Lodévoise : lorsqu'elle était en ville, elle résidait rue de Saint Fulcran, juste derrière l'Eglise, tout au centre de la ville. Elle avait choisi cette demeure pour deux raisons : tout d'abord, c'était proche de tout - marché, mairie, Eglise, douane, Caserne...- et ensuite, elle disposait de deux pièces, disposées en étage, ce qui était un luxe non négligeable. Chemin faisant, elle lui fit quelques commentaires en lui présentant les lieux, comme s'il n'était jamais venu. La Maréchaussée, la Mairie, le marché... Elle semblait rendue joyeuse et badine par la perspective de la journée.

Alors qu'elle menait le Baron vers sa demeure, Maëlie ralentissait progressivement le pas en réalisant la situation dans laquelle elle s'était mise toute seule. Par Aristote et tous les Saints !
L'arrivée d'Adrien avait été si subite que Maëlie n'avait pas eu le temps de ranger sa boucherie : tripes et carcasses pendouillaient gaiement dans la pièce du rez-de-chaussée, tandis que sa paillasse était encore toute chiffonée de sa courte nuit. Elle se raidit légèrement tandis que ses neurones agissaient à toute vitesse. Voyons... voyons... Trouver un plan de rechange, vite !

Mine de rien, elle modifia légèrement sa destination et guida le baron jusqu'à la Caserne de Lodève.


Nous y voilà. Vous connaissez déjà nos locaux, je suppose. Puis-je vous laisser prendre votre bain tandis que je vais chercher de quoi préparer le sanglier ? fit-elle, le plus innocemment du monde.

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Fenêtre sur le monde...
Quand le Hibou s'embourbe...
Adriendesage
[De l'art de recevoir un coup de froid sur un sang chaud]

Lodève était fort belle, sous le soleil de midi. L'ont entendait dans les ruelles, le brouhaha donné sur la grande place du Roy par les commerçants. Le marché s'ouvrait et l'on s'y précipitait. Partout dans la cité, les pavés et la terre étaient battus par les bottes, les sabots et les roues des attelages. Un véritable répis offert par le rude hiver que connaissait le Languedoc. C'est vrai qu'il faisait froid, depuis plusieurs semaines. Dans certains villages, les lavoirs avaient même gelés et la terre avait, plusieurs matinées, été recouverte d'un blanc et fin manteau de gel. Mais en ce jour, l'Astre se montrait clément. C'était de bonne augure, pour une visite citadine. L'excursion serait d'autant plus agréable qu'elle était menée par la compagnie la plus charmante que le baron douairier de La Voulte aurait pu avoir. Il s'intéressait et posait des questions, à chaque fois qu'elle lui décrivait un bâtiment, où qu'elle lui contait l'histoire d'une ruelle, d'une échoppe et d'un carrefour. Il rêvait parfois, aussi, en la suivant dans son allure effrénée. Voudrait-elle lui laisser rendre la pareille? Le suivrait-elle à Montpellier, à Béziers, au village de La Voulte, dans tous ces endroits sombres où lumineux qui firent l'homme qu'elle voyait? D'ailleurs, comment pouvait-être l'homme qu'elle voyait?
Autant de questions qui se posaient sans jamais trouver d'écho dans l'esprit du sénéchal, qui à peine se perdait dans ses pensées, se faisait rappeler à la réalité par une Maëlie enjouée, qui s'arrêtait pour lui présenter un nouveau mur, une nouvelle batisse, un nouveau quartier.

Adrien ne comprit pas tout de suite pourquoi ils se trouvèrent à pénétrer dans la caserne de Lodève. Quatre gardes parlaient à la herse, bien heureux de cette magnifique journée. C'était l'heure de la tambouille et deux venaient apporter de quoi réconforter leurs camarades de service. Ils saluèrent tous les quatre Maëlie, ne reconnaissant certainement point Adrien comme leur sénéchal, crotté et dénudé de tout uniforme qu'il était. La forteresse lui rappela de nombreux souvenirs, assez agréables au demeurant... Rien n'avait changé depuis le début de l'été et de la guerre contre le Rouergue. Si ce n'était les branches dénudées des quelques buissons qui égayaient les murs à la belle saison. Elle lui proposa le bain et Dieu qu'il en avait besoin. Il acquiesca d'un sourire. Pourtant, lorsqu'elle tourna les talons, c'est un grand vide intérieur qui le pétrifia quelques instants. Il resta là, au milieu de la cour, à combattre un étrange sentiment de peur qui avait soudainement envahit ses veines. Cette inquiétude frénétique que l'on ne peut s'empêcher de ressentir, alors même que l'on sait pertinemment que l'autre vous retrouvera plus tard, sans qu'il n'y ait de raison pour que la tendresse ait disparue.

N'empêche qu'il se retrouvait là, seul et qu'il aimait bien mieux le moment d'avant. Il trouva un soldat qui passait d'un pas pressé et l'interpella. L'homme, qui portait tout un tas de paperasses, allait lui rétorquer de se présenter chez les nones, qu'il était urgemment appelé en un lieu administratif qui ne regardait pas un étranger. D'ailleurs, que foutait un civil dans une forteresse militaire? Avant même qu'il ait pu sortir un son de sa bouche, Adrien avait tiré sa croix militaire de dessous sa cotte de mailles.


"Bonjorn soldat. Je suis le sénéchal Adrien Desage. J'ai besoin d'un bain, mais mon dernier passage icelieu n'a pas laissé un souvenir idéal de propreté dans votre bassin..." termina-t-il, en lançant un regard inquiet à son étalon.

"Pourriez-vous mener mon cheval à l'écurie? Il n'y fera pas de dégâts, au moins là bas. Prenez soin de lui, pansez-le et donnez lui du grain! Il a faim, mordious!"

Le soldat tenta de rétorquer, prétextant sa liasse de parchemins: "Mon sénéchal, c'est que je dois aller à l'intendance, je..."
Adrien le coupa net: "Allons, tout ceci peut-attendre, mon cheval ne le peut..."

Il tendit les rênes au soldat, qui en fît tomber quelques-uns de ses rouleaux. L'étalon posa un lourd sabot terreux sur l'un d'entre eux, racla le sol, le déchira et allait faire de même avec le reste... Laissant là l'homme dans son pétrin, le baron se dirigea vers les bains, car effectivement, il savait fort bien où ils se trouvaient. Il souriait en pensant qu'il avait durant la guerre, à l'occasion d'une soirée sous la tente, promis au lieutenant Spartan de ne plus souiller son bassin. Et voilà qu'il s'y rendait, sale comme un boeuf que l'on garde à l'étable depuis trois mois. L'endroit était vide. Heureusement, tous les soldats presque, étaient à la cantine. Il profiterait donc de se prélasser tranquillement. Rapidement dénudé, Adrien laissa son linge crasseux sur un tabouret de bois et sa bonne épée contre un mur. La froideur de la pierre sous ses pieds lui arracha quelques frissons. L'eau ne devrait pas être beaucoup plus chaude, malheureusement. Pour sûr, cela aurait été plus agréable dans une étuve, à Montpellier, ou dans une cuve, chez Maëlie. Cela dit, après tout ce qu'il avait vu de rigueur et de souffrances corporelles, Adrien était plutôt rompu à supporter un bain glacé. Il s'immergea jusqu'au genoux. Sa virilité masculine fût bien mise à mal par la température de l'eau. Et d'ailleurs, il grimaça en passant ce fameux cap quelque peu douloureux, et honteux aussi, pour un homme assez prude comme lui...
Une fois mouillé jusqu'à la taille, il s'élança et s'adonna à quelques brasses. Il glissait dans l'eau avec délice, malgré la froideur. S'il n'était pas une force de la nature, Adrien Desage était de corps, parfaitement fait. Chaque muscle de son torse, de ses bras, de ses jambes, avait été sculpté par des années d'exercice militaire. Il n'était guère velu, excepté à quelques endroits secrets et sa peau, rendue blanche par l'hiver, luisait à chaque remou du bassin. Son corps était cependant découpé à certains endroits par de vilaines cicatrices. Quatre lui barraient les épaules et le dos. C'étaient les griffes d'un ours. Une autre lui faisait un vilain ovale au côté. C'était la pointe d'une lance, qu'il reçu lors d'une patrouille près de Béziers. Et puis il y avait sa cuisse droite, qui était découpée aussi, de haut en bas. C'était par une lame. Ainsi souffrait un corps offert en sacrifice à une carrière militaire qui l'avait amené au sommet de l'Ost.

Après s'être immergé totalement, lissant temporairement sa chevelure si rebelle et si bouclée, il se savonna vigoureusement, avec un pain de savon qu'il avait trouvé sur une étagère sobrement remplie. Il n'y avait rien pour se frotter les cheveux, c'était la modestie du confort militaire. Déjà que de trouver des bains si bien aménagés dans une caserne, c'était peu courant...
Alors qu'il se préparait à sortir, son regard tomba sur le tas de linge maculé qu'il avait laissé... Il ne pouvait décemment pas se revêtir de ces frusques dépouillées!


"Mordious" , lâcha-t-il, se prenant soudain de frayeur... Comment faire? Il n'allait tout de même pas sortir nu! Surtout après un bain froid, il est certaine fierté que l'on ne peut enlever à un homme... Le baron resta un instant pantois au milieu du bassin, se passa les paumes sur le visage par dépit, puis prit le parti d'attendre dans l'eau, adossé au rebord. Que pouvait-il faire de plus que de se prélasser encore, de toute façon?
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Maelie
[De l'art de recevoir ses invités sans les perdre en chemin]

Devant le sourire visiblement soulagé du Baron lorsqu'elle lui proposa de prendre son bain, Maëlie sauta sur l'occasion pour faire vivement retraite avant qu'il n'ajoute quelque chose ou ne pose quelque question embarassante.

Je repasse vous chercher dès que j'ai fini mes courses. Je me dépêche ! fit-elle, songeant que même si le Baron n'était pas coquet, il lui faudrait à elle tout de même un peu de temps pour faire l'aller-retour, ranger sa demeure et justifier son alibi.

Le dernier point serait facile : elle avait profusion d'épices chez elle, car la cuisine, comme le chant et la musique, lui était une véritable passion. Passion fort couteuse, par moments, mais à cet instant, elle ne le regrettait pas. Il lui suffirait donc de remplir un panier d'épices diverses chez elle, et de le prendre en allant chercher Adrien.
L'urgence de sa position lui permit de repousser l'incisif sentiment de solitude qui vint la surprendre.

Au pas de charge, elle rentra chez elle, referma la porte derrière elle et poussa un soupire accablé... Bon, au travail! Relevant ses manches, et sans prendre le temps de se changer, elle passa un bon coup de torchon sur la table, chassant les dernières miettes du petit déjeuner dans la paille du sol, qu'elle changeait chaque jour pour maintenir la chaleur et l'hygiène. Elle rassembla les morceaux de viande salée la veille, certains pour être vendus, d'autres conservés dans ses propres réserves : les pièces de viande fraiche étaient déjà parties sur le marché le jour-même de la découpe, son professionnalisme lui interdisant fermement de vendre une viande non salée après vingt-quatre heures, sous peine de rendre ses clients malades. De même, la pièce était par ailleurs d'une propreté impeccable, justifiée par le fait que la moindre trace de sang sêché mal lavée était la garantie d'une nuée de mouches et d'une odeur désagréable et persistante au bout de quelques heures seulement. Heureusement, la majeure partie de l'écarissage se faisait dans sa ferme, en dehors de la ville.
Pour la même raison, plusieurs bouquets de lavande sêchée ornaient ses fenêtres, sa table et sa cheminée, parfois accompagnés d'un mélange d'écorces d'oranges sêchées, répendant une douce odeur fleurie et fruitée qui couvrait celle, résiduelle, de la viande.

Ceci fait, elle monta à l'étage. Il n'y avait pas de portes intérieures, dans cette demeure, et seul l'escalier séparait les deux espaces. Sur sa paillasse gisaient, en vrac, son drap d'épais coton et sa tenue de nuit, simple mais chaude, et dont elle ne pouvait plus se passer depuis le début de l'hiver. Par gestes vifs et pressés, elle plia son vêtement, le plaça sur la paillasse qu'elle recouvrit du drap; elle lissa rapidement le tout d'une main sûre. Elle fouilla ensuite dans un coffre à vêtement d'où elle sortit une robe blanche et rouge, de celles qu'elle utilisait dans son métier pour ne pas trop se tâcher, et l'enfila rapidement - remerciant le ciel que seule sa robe ait été salie en forêt - , avant de redescendre dans la pièce principale.

L'oeil inquisiteur et critique, elle observa son intérieur. La lumière du beau jour rentrait à flot par les deux belles fenêtres, tandis que les bouquets donnaient une touche gaie et éminamment féminine à l'ensemble. L'espace devait faire dans les vingt mètres carré, ce qui pour elle seule était largement suffisant, et créait une forme d'intimité qu'elle affectionnait. Les tons chauds de la paille et du bois autour des fenêtres renforçaient l'impression de confort et de cocon qu'elle entretenait. Une solide table en bois trônait au milieu de l'espace, pouvant accueillir jusqu'à six convives. La cheminée, adossée contre le mur de droite, contenait encore les braises du feu mâtinal, au dessus duquel pendouillait paraisseusement une marmitte. Elle s'en approcha, liberant la marmitte désormais vidée de son eau, puis souffla doucement sur les braises : leur rougeoiment la rassura : elle n'aurait aucun mal à rallumer ce feu. Elle se redressa avec petite moue songeuse aux lèvres : bon, on était loin de la salle de réception d'un château, mais ça irait.

Près de la porte, elle ramassa un panier, puis se dirigea vers un beau meuble de bois qui lui servait de garde-manger, souvenir de l'ébénisterie qu'elle avait fait ouvrir à Lauzières : elle en sortit plusieurs petits sacs, qu'elle enfourna dans son panier, avant de le recouvrir d'un torchon, puis sortit de chez elle au pas de course.

Elle devait se presser, maintenant, le temps filait et le soleil poursuivait sa course : tout le monde devait être affamé, et Adrien devait être en train de s'ennuyer ferme.

Lorsqu'elle entra dans la Caserne, quelques minutes plus tard, elle fut surprise lorsque les gardes lui signalèrent le Sénéchal n'était pas encore sorti de son bain. Bon sang, qu'est-ce qui le faisait tarder ? Etait-il tombé ? s'était-il blessé ? Pire, s'était-il endormi dans le baquet au risque de se noyer ?
Inquiète au point d'échaffauder les hypothèses les plus farfelues, Maëlie poussa la porte des bains et y passa la tête.


Adrien? Tout va bien ?
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Fenêtre sur le monde...
Quand le Hibou s'embourbe...
Adriendesage
Il aurait été aisé d'en ajouter à la gloire d'Adrien Desage en vous décrivant une situation pétrie de clichés à trois écus. Il faudrait que je vous conte comment le vaillant sénéchal nageait en toute puissance, roulant ses muscles fins et dessinés sur les flots du bassin. Je devrais vous dire également, qu'il avait frotté sa chevelure avec de la feuille de noyer (parce qu'il le vaut bien) et qu'elle brillait avec éclat dans l'eau froide. Que ses mouvements étaient souples, amples, aisés. Que lorsqu'il entendit la douce voix de Maëlie, il s'arrêta de nager et, debout au milieu du bassin, avec l'eau jusqu'en haut des hanches, il lui tendit la main avec un sourire rayonnant. Qu'il lui fit un clin d'oeil en lui disant dans une langue d'elfe magique: "Comonba-bi!"

En fait, au moment où Maëlie passa la tête par la porte, Adrien était debout, au bord du bassin. Ses lèvres étaient bleuies par le froid, et il était parfois secoué par quelques spasmes. Il tentait tant bien que mal de se faire un vêtement d'un parchemin qui indiquait la marche à suivre en cas d'incendie... A sa question, Maëlie eut un "PLOUF!" retentissant pour réponse. Parmis les remous à la surface, flottait le protocole d'incendie...
D'ailleurs, quand son visage émergea, le parchemin lui avait collé à la face.


"MORBbbloug..." , tenta-t-il de lâcher en coulant à nouveau...

Heureusement, il parvint à se hisser sur le bord, dégoulinant, nu comme un ver. Enfin, il se protégea rapidement certaines parties intimes des deux mains. Faut pas déconner non plus...
Bien entendu, sa honte était particulièrement grande. En fait, il avait tellement honte qu'il n'avait même plus honte. Comme quand on se dit "t'façon, ça peut pas être pire!" D'ailleurs quand on dit ça, c'est débile parce que ça peut toujours être pire si l'on est encore en vie pour le dire.
Adrien leva les yeux au ciel et se mit à rire en secouant la tête. Il hocha la tête en direction de Maëlie, en lui souriant avec une assurance déguisée d'espièglerie:


"Euh... Je vous aurais bien tendu la main encore une fois... Je crains qu'elle ne soit obligée à l'immobilisme... En fait, c'est la seule chose de propre qui puisse me vêtir..."
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Maelie
[De l'art de recevoir le ciel sur la tête]

Alors, devant cette vision d'éphèbe aux cheveux ondulant sauvagement dans une brise imaginaire, un rayon de soleil frappant ses dents d'une blancheur éblouissante et faisant luire ses muscles découplés dignes d'un étalon sauvage, la jeune femme se pâma, conquise par l'incantation irrésistible "Comonba-bi" et laissa échapper comme une prière un mystique : "Odar ling!" en s'élançant, sensuelle et légère, pour... Hein ? Ah pardon!

*rembobinage bruyant*CrrouiiiIIiIiiiiIIii! (vous aussi vous avez eu un magnétoscope ? Bande de dinosaures ^_^)

Le bruit de plongeons fut suivi d'un bruit indescriptible ressemblant vaguement au chant d'une grenouille géante dont Maëlie ne pouvait que deviner l'origine, car dès que son cerveau avait réussi à enregistrer ce que ses yeux voyaient, elle s'était reculée brusquement, manquant se cogner la tête contre le mur extérieur des bains, dans son empressement. Elle avait beau avoir grandit à la campagne et être au fait des choses... jamais encore elle n'avait vu d'homme aussi proche de la nudité.

Oooh, on pourrait arguer qu'il était impossible qu'une gueuse grandisse sans retrousser ses jupes une ou deux fois avant sa vingtaine, âge où elle était déjà irrémédiablement vieille fille. Eh bien Maëlie était la preuve que si, na.
Pour les curieux, on pourrait arguer que ses parents, connaissant ses nobles origines, avaient eu à cœur de la préserver autant que possible, et qu'ensuite, étant arrivée tard à Lodève, elle était devenue déjà trop vieille pour attirer les appétits de ceux de son âge, soit trop mariés, soit trop bourrés.

*CrrouiiIIiiIIIIiiik*
(Oooh hey ! Ça va, pas la peine d'accélérer, c'est bon, j'ai compris, on revient dans l'action...Pfff...)

C'est donc à une porte entrouverte, cachant une Maëlie dont la rougeur des joues le disputait à celui de sa robe, que le Sénéchal désormais dépouillé de pas mal de choses - dont ses vêtements et sa fierté - s'adressa.

Un silence gênant s'installa, et il aurait pu penser qu'elle avait fuit. Mais les soldats de Lodève ne fuient jamais ! Elle avait les jambes nettement trop molles pour courir de toute façon. Quelques instants plus tard, elle émit une réponse coassante - à grenouille, grenouille et demi.


Euuh... Euh... B..Bougez pas, je vais... euh... chercher un truc... quelque chose...
Ouiii, c'est un bon début. Mais encore ?
... pour vous habiller...
Tu tiens le bon bout, ma fille... *éclair de génie*
Un uniforme ! Je reviens!

Ne restèrent que le bruit décroissant de ses pas précépités.
Quelques minutes plus tard, les mêmes bruits de pas revinrent, plus posés.


Adrien ?
La voix semblait plus calme, mais légèrement suraigüe par rapport à son habitude.

Je vais vous poser les vêtements près de la porte, et je vous attendrai dans la cour.

Un uniforme masculin apparut dans l'embrasure, au sol, et la main de Maëlie disparut aussitôt.
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Quand le Hibou s'embourbe...
Adriendesage
[De l'art de recevoir des vêtements d'une main gracieuse]

Adrien s'était allongé sur le bord du bassin et il se frottait le visage avec lassitude. Ses jambes trempaient encore dans l'eau froide et battaient doucement la mesure d'une chansonnette qui lui trottait dans la tête.
Il était presque midi passé, son estomac criait famine, il était nu dans les bains d'une caserne militaire, dans le froid... Mais il était accompagné de Maëlie de Lauzière hier, la Lodévoise aujourd'hui. Ses yeux parcouraient les fissures du plafond, tandis qu'il jouait avec les nombreuses mèches trempées qui recouvraient son visage. Au bout d'un moment, la porte craqua et s'entrouvrit. Une main qu'il reconnu bien s'aventura dans la pièce et y déposa un uniforme propre, de soldat...
Si ce n'avait été l'un des moments les plus... passionné de sa vie, il aurait certainement râlé un peu. M'enfin là, il fût de bonne composition et se leva d'un bond, pour aller chercher le précieux linge.


"Merçè Maëlie!" s'exclama-t-il gaiement.

Après s'être trouvé si nu devant elle, il ne ressentait vraiment plus aucune gêne ou crainte de quelque sorte. Il enfila rapidement la chemise, les bas, le pantalon neuf. Il revêtit la tunique rouge, frappée de la croix occitane. Il allait renfiler ses bottes, mais les trouva fort crottées... Ses yeux passèrent successivement du bassin et de son eau claire, à ses chausses bien crades. Après avoir hésité un court instant, il les trempa copieusement. Il sourit largement, en pensant à la figure du Lieutenant Spartan lorsqu'il découvrirait le forfais.
Alors qu'il frottait le cuir et qu'une pellicule boueuse s'étendait sur l'eau, il déclara avec sa sempiternelle spontanéité:


"Vous savez, vous êtes la première depuis fort longtemps à m'apercevoir si dénudé! Mais, je suis bien heureux que celà soit vous plutôt qu'une autre personne:"

Oh, il ne pensait vraiment pas à la gêne que celà pourrait éventuellement générer chez Maëlie, aux peut-être sous-entendus qui pourraient-être tirés de telles déclarations. C'était un homme simple, qui parlait franchement, à présent que la honte l'avait débridé. Malheureusement, il ne pensait pas non plus que sa voix résonnait tant sur les murs et s'échappait parfaitement au dehors de la salle. Fallait-il espérer que les quelques soldats qui commençaient à quitter la cantine pour se réunir dans la cour, n'entendent rien?
Adrien ouvrit la porte soudainement, alors qu'il bouclait sa ceinture. La lumière du jour l'éclaira comme un saint qui apparaît de la pénombre d'une grotte (ouai, il se la pète un peu. Mais juste un peu). Il toisa Maëlie avec un franc sourire, emprunt d'une tendresse dont il ne pouvait plus se départir:


"Vous m'avez sauvé d'une grande solitude! Permettez-moi de porter vos achats et de vous offrir mon bras!" déclara-t-il en jettant un regard au panier remplit qui était posé sur le pas de la porte.
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Maelie
[De l'art de recevoir une leçon de sang froid]

Dehors, c'était la tempête. Que dis-je ! L'apocalypse. Tandis qu'un Adrien tout guilleret s'habillait dans les locaux des bains, Maëlie dansait d'un pied sur l'autre, tâchant de se composer une attitude plus ou moins digne dans la situation présente.

Il lui semblait que les cieux allaient s'entrouvrir, ou peut-être était-ce la terre, vu comme elle tremblait. Elle baissa les yeux sur ses genoux, dissimulés sous ses robes rouges, lancés dans un grand numéro de castagnettes improvisées. Ah non, ce n'était pas la terre finalement.


"Mercè Maëlie!"
Mmhmmh!
répondit-elle dans un mélange tout personnel de couinement et d'acquiècement.

Et dans sa tête, et dans son coeur, la folie prenait ses aises. L'image imprimée dans sa rétine d'un Adrien glorieusement dépouillé s'imposait sans répis, augmentant dangereusement la rougeur de ses joues, provoquant battements éperdus et bouffées de chaleur inconnues. Elle avait beau tenter de rappeler l'image d'un Baron crotté dans la forêt, d'un soldat préoccupé à Lodève, aucune ne parvenait à prendre le dessus dans cette bataille perdue d'avance. Ses mains étaient crispées l'une contre l'autre, contre sa poitrine.
Elle avait totalement perdu le contrôle d'elle-même. Terrorisée, trahie par son propre corps, ses propres pensées, Maêlie dérivait.

Les soldats qui gardaient l'entrée l'observaient, de l'autre côté de la cour, intrigués; elle fit mine de ne rien voir. L'un d'eux s'approcha pour s'enquérir, peut-être, de ce qui n'allait visiblement pas, lorsque la voix d'Adrien s'éleva à nouveau.


"Vous savez, vous êtes la première depuis fort longtemps à m'apercevoir si dénudé! Mais, je suis bien heureux que celà soit vous plutôt qu'une autre personne"
Grglgl...!
fut la réponse gargouillée d'une Maëlie définitivement noyée. Le soldat, interloqué, la fixa d'abord avec surprise avant de lui retourner un regard moqueur et aigrillard, accompagné d'un commentaire sans doute du même accabit auquel Maëlie refusa de preter attention, trop occupée à battre bêtement des paupières. Les sous-entendus contenus dans cette seule phrase aurait suffit à la gêner s'ils avaient été seuls : dans cette situation rocambolesque où tout semblait plus fou d'une minute à l'autre, Maëlie fut prise d'une violente envie de rire, qu'elle réprima à grand peine.

- Tu te conduis comme une idiote, Maëlie ! Reprends-toi!
- La première depuis longtemps...
- Hey ! Oh ! Répondez! Répondez !
- Il n'a donc pas eu de femme depuis...
- Oooh! On se calme, là ! A quoi tu penses.. ?! Oh mon dieu !
- ... bien heureux que ce soit moi...
- On l'a perdue... Mayday ! Mayday !


Du moins, c'est à ça qu'aurait pu ressembler le dialogue entre son coeur et sa tête. Le soldat, mort de rire, retourna à son poste de garde afin de partager la croustillante nouvelle, plantant là une Maëlie en perdition, battant des cils comme un hibou en plein jour.

Soudain, la porte claqua, la faisant sursauter avec un petit cri, brutalement arrachée à son univers onirico-fantastique.


"Vous m'avez sauvé d'une grande solitude! Permettez-moi de porter vos achats et de vous offrir mon bras!"

Sans doute eut-elle dû tendre son panier, accepter le bras offert, sourire poliment, trouver une réponse intelligente ou tout ça à la fois. Mais elle n'en avait cure, parce qu'à cet instant, elle était occupée à laisser son regard glisser sur Adrien de haut en bas, comme pour s'assurer qu'elle avait été l'objet d'une allucination. Son regard remonta et croisa celui du Baron ; prise en flagrant déli de... de quoi au juste ? Aucune idée... elle détourna les yeux en toussotant, le visage toujours aussi désespérément rouge.

Euh... Oui... oui bien sûr, fit-elle finalement, esquissant comme un automate les gestes attendus.

Elle tendit son panier, puis se plaça aux côtés d'Adrien pour poser délicatement sa main sur le bras qui lui était proposé, soudain disposée à se mettre en mouvement au plus vite.


Nous devrions nous dépêcher... vous devez mourrir de faim.
Et elle mourrait d'envie de lever le camp le plus vite possible !

Le retour chez elle se fit dans un silence relativement exemplaire, la jeune femme ne trouvant rien à dire pour dissiper son propre malaise. Cependant, il lui semblait que la distance entre la Caserne et elle appaisait peu à peu son esprit : tout ceci était forcément le fruit de son imagination tortueuse et fertile. Imagination fort habile au demeurant, elle n'avait rien oublié et avait tout joliment dessiné...
Perdue dans ses pensées fort peu avouables, Maëlie marqua un temps d'arrêt devant sa porte, sans s'en rendre compte.

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Fenêtre sur le monde...
Quand le Hibou s'embourbe...
Adriendesage
Inutile de préciser qu'Adrien s'était senti pousser des ailes en observant Maëlie le parcourir du regard. D'ailleurs, lui-même n'avait pas manqué de la scruter avec un certain émoi. Sa simplicité la rendait belle. Il était comme un jeune coq qui vient d'avoir le coup de foudre pour la plus belle poularde du poulailler et qui se demande bien comment va-t-il devoir chanter pour la séduire (vous apprécierez le romantisme fleurissant de cette délicieuse comparaison...). Il banda les muscles de son bras lorsqu'elle posa sa main dessus, pour lui offrir un appui solide. Il chopa des crampes après quelques pas, alors il se détendit...
Dans la cour, quelques soldats jasaient en chuchottant, mais le sénéchal ne manqua point d'aviser leurs regards espiègles. Il se rassurait en se disant que Lodève était l'une des trois casernes placées sous sa responsabilité et que ces jeunes gens sauraient bientôt à quel point il peut en coûter de froisser l'orgueil d'un officier supérieur. Nanméo.

A mesure qu'ils parcouraient les ruelles, Lodève parut encore plus belle aux yeux d'Adrien. Etait-ce réellement la cité, où le regard de celle qui tenait son bras, qui le charmait à ce point? On s'en fou, en fait. Un peu d'action, que diable! Ils arrivèrent bientôt à la demeure de Maëlie. Le baron en apprécia l'allure cossue pour une boucherie, qui le fît sourire. Cela lui rappela le temps où lui-même logeait au dessus de son atelier de Montpellier, le Buoù Guerìer. Dorénavant, c'était le maître d'atelier qui dormait dans le logement, les Desage ayant investi un fort bel hotel dans un beau quartier.
Adrien, perdu dans d'heureuses pensées, n'avait pas perçu l'immobilisation de Maëlie sur le pas de la porte et continua d'avancer.


"Blonk!"

Vous avez bien compris, il se paya la porte en plein front. Après tout, il n'était plus à ça près. Il se tourna vers Elle en lui souriant d'un air maladroit:

"Hem... C'est bien, votre porte est solide! Je vous l'aurai faite changer sinon!"

Leurs yeux se croisèrent, leurs regards se mêlèrent à nouveau. Tout en ce jour avait été fait pour dévoiler un sénéchal Desage dans son entière personne, avec ses maladresses, ses faiblesses, ses coups de malchance... Aimerait-elle celui qui se dévoilait quelque peu différent de l'image qu'il renvoyait couramment? Il prit ses deux mains dans les siennes et lui déclara d'une voix chantante:

"J'aurai traversé moultes épreuves inédites pour parvenir jusqu'ici! Je crois que jamais encore une quête n'avait été si plaisante!"

Son estomac gronda furieusement, parce que s'il n'en disait rien, il avait bigrement faim. Adrien se mordit la lèvre, et se fît le visage désolé.
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Christina64
[De l'entrée de Lodève à la caserne]

Christina tenait bien fermement dans une main les rênes de sa pouliche Etoile filante et de l'autre la main de son compagnon, pour qui son amour grandissait chaque jour qu'elle passait à ses côtés. En entrant dans la caserne, elle salua le garde en faction qui paraissait gelé mais réussit à saluer sans craquement d'aucune sorte.
Ils se dirigèrent vers les écuries qui se trouvaient au fond de la caserne, près du terrain d'entraînement.

S'adressant à son coeur.


Le temps que je m'occupe d'Etoile et je te rejoins à ton bureau si tu veux, mon amour...ou alors, tu m'accompagnes...

Christina traversa la caserne, se dirigea vers les écuries, et après avoir retiré la selle de sa pouliche tandis qu'Etoile se délectait de l'herbe fraîche environnante, la pansa, puis la conduisit à son boxe. Elle alla lui chercher des écuelles d'eau et d'avoine, lui caressa doucement le flanc puis la tête, referma le boxe et rejoignit son amour.

Elle entendit quelques hennissement en provenance d'un boxe voisin. Tiens encore l'Étalon d'Adrien qui ne sait pas se tenir

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Lieutenant, A.D. du Sénéchal Desage, Douanière, Ex Connétable

Maman de la jolie Illydra
Maelie
[Devant une chaumière Lodévoise...]

"Blonk!"

Maëlie sursauta, surprise du bruit. S'était-elle cognée dans sa rêverie ? Elle se tourna vers Adrien, qui dissipa ses doutes.

"Hem... C'est bien, votre porte est solide! Je vous l'aurai faite changer sinon!"

Elle dû se retenir à grand peine, ses lèvres frémissant de son rire contenu : elle ne voulait pas le blesser ou le vexer, mais c'était tellement drôle ! Leurs regards se croisèrent encore, son rire contenu se transformant en sourire malicieux et complice : la gêne était enfin dissipée, remplacée par une légerté spontanée, presqu'enfantine et bienvenue. Mais alors qu'elle savourait avec soulagement cette diversion, Adrien lui prit les deux mains pour se lancer dans une nouvelle déclaration.

"J'aurai traversé moultes épreuves inédites pour parvenir jusqu'ici! Je crois que jamais encore une quête n'avait été si plaisante!"

Maëlie n'osa baisser les yeux sur leurs mains jointes, cherchant une réplique appropriée à l'humeur joyeuse de son hôte, lorsqu'ils furent brutalement ramenés à la réalité par les protestations sonores de son estomac. Cette fois, Maëlie ne put s'empêcher d'éclater d'un rire joyeux, qui acheva d'exorciser ses timidités : l'heure n'était plus à jouer les donzelles effarouchées ! Cuisiner et nourrir son hôte, voilà qui devrait lui remettre les pieds sur terre. Elle essuya une larme de rire, puis poussa la porte pour l'inviter à entrer, sans reprendre l'autre main qu'elle lui avait abandonnée.

J'ai honte, je l'avoue. Je vous propose l'hospitalité, et vous voilà vêtu comme un soldat de Lodève, et terrassé par ma porte alors que vous êtes sur le point de defaillir sur mon seuil !
J'espère que vous ne me tiendrez pas trop rigueur de cet accueil déplorable, et que vous me permettrez de corriger la malheureuse image que je vous offre.


C'était une invitation tacite à réitérer sa visite, mais elle ne l'exprimerait pas plus clairement, par fierté autant que par crainte. Sans attendre, elle poussa Adrien vers l'une des six chaises de sa grande table.

Mettez-vous à votre aise, je vais vous apporter une petite collation, le temps que le sanglier arrive... La cuisson devrait être rapide si on le découpe assez petit. J'espère qu'ils ne tarderont pas sinon notre petit festin tombera à l'heure du dîner !

Et la voilà qui tournicote, posant son panier, retroussant ses manches puis se dirigeant vers ses réserves pour en sortir un bon morceau de pain puis de fromage et les déposer sur la table en face d'Adrien. Quelques secondes plus tard, un gobelet en bois apparut, accompagné d'une bouteille de vin d'hypocras rouge.

Si vous voulez du blanc, j'en ai encore quelque part, mais le rouge s'accorde mieux au fromage, vous ne croyez pas ? Je préfère le rouge, personnellement.

Son babil semblait ne pas du tout la ralentir dans ses tâches : efficace, elle s'activa pour relancer le feu dans l'âtre. Quelques minutes plus tard, elle se redressa, repoussant une mèche de cheveux venue jouer devant ses yeux. Ses doigts laissèrent une trace de suie sur sa joue.

La pièce sera réchauffée bien vite, vous verrez. Avez-vous besoin d'autre chose ?

Elle s'approcha, se postant entre Adrien et la fenêtre comme pour surveiller l'arrivée tant attendue du sanglier, une main nonchalamment posée sur la hanche. Derrière elle, le soleil, facétieux, jetait des reflets bleutés dans sa chevelure ébouriffée.
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Fenêtre sur le monde...
Quand le Hibou s'embourbe...
Adriendesage
En deux-temps-trois-mouvements Adrien fût calé manu-militari sur une chaise, au demeurant assez confortable. "Mordious, quelle autorité, quelle poigne, elle est passionnante, par tous les Saints!" aurait pensé le baron s'il avait été un gros beauf. Mais il avait un peu plus de classe. Il se contenta donc de ne rien faire, car une avalanche de questions et de déclarations l'emporta dans la tourmente du "Attends c'était quoi le début déjà?".
Penchée dans l'âtre, au dessus des braises qui rougeoyaient, crépitantes, Maëlie s'activait avec ardeur. Et elle releva une tête échevelée, aux joues rougeoyantes et tâchées de suie. Lorsqu'elle sembla apaisée, le regard perdu sur la ruelle, il rassembla ses esprits. Rappel des faits et paroles, structuration de l'esprit, mise en oeuvre d'une démarche visant à offrir des réponses adaptées à chaque question... Le tout en un quart de seconde. Le sénéchal était au taquet!
Il s'était saisit du couteau et entama une large tranche de pain dans la miche. Tout à son oeuvre, il lui répondit:


"Maëlie, vous êtes si désirable!"


Nan j'déconne, z'êtes pas fous? En vrai il lui répondit ceci:

"Alors, premièrement, croyez-moi, vous me faites une excellente image. Ensuite pour le sanglier, j'espère aussi qu'ils ne vont pas tarder et qu'ils ont pensé à lui couper les testicules, sinon la viande sera perdue..."

Vous comprenez aisément pourquoi j'interrompt le baron... Alors si c'est que vous vous demandiez, oui il rosit soudainement et se racla la gorge, le poing devant la bouche, pour évacuer la gêne. Peu râgoutant comme tableau de début de repas...
Il continua néanmoins:


"Le rouge m'ira à merveille et je ne suis pas trop refroidit. Enfin, je n'ai a priori besoin de rien d'autre dans l'immédiat... J'ai déjà tant à cet instant..."
conclu-t-il dans sa barbe.

Devant sa fenêtre, toute ébourifée si simple et sincère, si prude et si espiègle pourtant, elle lui enflamma le coeur. Il s'adossa à sa chaise, se pinça le nez, puis lui sourit:

"Pardonnez-moi pour ce compte-rendu un peu abrupte... J'ai eu peur de ne pas pouvoir répondre à toutes vos questions... En fait... Je... Je vais fort bien... Et... J'aime être ici." lui déclara-t-il avec une maladresse crevant l'oeil.

"Je pensais vous emmener tout de suite au bord du Rhône, à La Voulte. Mais en fait... J'aime être ici... avec vous..."

Adrien offrit à Maëlie un regard serein et rassurant. Tout sourire, il entama une seconde tranche dans la miche...
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Spartan91
[De l'entrée de la caserne]

Spartan et sa belle avaient accompagnés le sanglier jusqu'à la vue de la maison de Maelie. Il les laissa alors pour rejoindre la caserne avec son amour, où ils avaient quelques choses à y faire avant de poursuivre, notamment d'aller y laisser la jument de sa douce. Il tenait tendrement la main de sa jolie, marchant ainsi dans le froid, en direction de leur seconde maison.

Son amour lui proposa de la suivre, il accepta donc, étant donné qu'il n'avait plus grand chose à faire dans son bureau. Il la suivit tout du long; traversant la caserne. Une fois arrivé, il regardait son amour s'occuper de sa jument. Lorsqu'elle la rejoignit, il entendit le hennissement voisin.


Et bien, ils ont l'air de s'amuser de leur côté.
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Sénéchal de l'Ost Languedocien. Compagnon de la tendre Christina et père de la petite Illydra.
Maelie
[Quand le déjeuner se fait attendre...]

Maëlie observait son hôte pendant qu'il lui répondait. Lorsqu'il parla du gibier, elle nota sa remarque en hochant la tête d'un air approbateur : il serait dommage de gâcher une si belle viande. Ce ne fut que lorsqu'Adrien toussa qu'elle nota sa gêne; ses propres pensées refirent le tour de la matinée et elle détourna le regard pour masquer sa propre gêne.
Elle ne put s'empêcher de sourire d'un air confus en l'écoutant égrainer les réponses à ses questions : ah ! Que n'avait-elle pu contenir sa langue ? C'était toujours ainsi, lorsqu'elle était nerveuse ou heureuse, elle devenait une pipelette intenable et ne laisser personne en placer une.

Puis, à sa façon, maladroite et sincère, il la rassura. Maëlie ressentit une étrange torpeur envahir ses sens, comme si la présence d'Adrien lui faisait l'effet d'une médication bizarre, dont les effets secondaires seraient une intense nervosité suivie d'une subite sérénité. Elle se sentait bien, tout simplement.
Lorsqu'il lui annonça son intention de l'inviter à la Voulte, Maëlie inspira longuement : il lui en avait parlé dans son courrier, et elle l'avait espéré tellement fort qu'elle ressentait un soulagement presque physique à ce qu'il confirme sa promesse.

Elle s'octroya quelques secondes pour chercher quelques fruits sêchés, qu'elle apporta sur la table dans un bol de bois, puis elle s'installa à côté d'Adrien pour répondre, d'une voix appaisée qui contrastait furieusement avec sa précédente nervosité.


Ne vous excusez pas, c'est moi qui vous assaille de questions sans vous laisser le temps de souffler, fit-elle avec un doux sourire.
Si vous êtes bien, alors c'est tout ce qui compte.

Elle tendit la main pour capturer un fruit, mais ne le porta pas à sa bouche, se contentant de le tenir entre ses doigts, posés devant elle. Ses yeux buvait Adrien, ne manquait aucun de ses gestes lorsqu'il se resservit.
Chaque instant de cette journée semblait avoir été pensé pour la mener à ce moment-là, cette accalmie au milieu de la tempête de ses sentiments qui lui permettait presque d'entendre son coeur s'attendrir et s'émerveiller. Elle avait rencontré Adrien, le soldat fort et solide, le roc rassurant, le père aimant, et aujourd'hui, il lui semblait rencontrer pour la première fois Adrien l'homme, fragile et sincère, maladroit et terriblement charmant.
Elle se mordilla les lèvres en baissant les yeux sur le fruit qu'elle tripotait cruellement depuis quelques secondes, avant de les relever timidement, pour croiser le regard d'Adrien à travers ses cils.


J'aime aussi être avec vous, Adrien. J'apprécie votre présence et chaque instant que nous partageons me semble un présent du ciel.

Elle s'interrompit, surprise de sa propre audace et soudain frappée par sa bêtise : qu'allait-il penser d'elle ? "Chaque instant" ? Y compris... les bains ?
Et voilà, toute sa sérénité était définitivement envolée tandis que ses joues se recoloraient de carmin. Elle se mit à machonner nerveusement son fruit en pestant intérieurement contre sa stupide spontanéité.



Déplacé en gargote a la demande de l'auteur - {LeFaucheur}
Edit Maëlie : merci !

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