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[RP] - Je veux savoir.

Aleanore
Que sait-on des hommes ? Que sait-on de ceux qui nous entourent, ceux qui partagent chaque instant de notre vie ? Un instant, on s’arrête et on s’interroge sur ce qui motive les gens que l’on aime, les choix, qu’ils soient importants ou pas, qu’ils font pour avancer chaque jour. Les chemins de vie qu’ils se tracent, les émotions qui gouvernent leurs réflexions. En perçant le cœur des hommes, on apprend leurs forces et leurs faiblesses, et les faiblesses sont utiles à connaître. C’est à cela que pense l’Etincelle en regardant le tavernier de l’auberge qu’elle dépasse, mettre un ivrogne à la porte. L’alcool ? Faiblesse. Les noisettes se posent, vaguement attirées par une scène banale, un nobliau contant fleurette à une putain. Luxure ? Faiblesse. Autant de détails qui viennent s’inscrire dans l’immensité qu’est la mémoire de la jeune fille, repensant aux paroles de sa mère, à chaque attaque, une parade. A chaque force, sa faiblesse, il faut savoir en jouer avec adresse, et l’Etincelle avance sur les pavés saumurois, noisettes aux aguets, analysant ce que l’homme fait de mieux : Etre faible.. Ou n’être qu’homme.

Brindille rehaussée de velours et de fourrures qui erre dans les rues de Saumur, pas vraiment à la recherche de quelque chose de spécial, pas vraiment là par hasard non plus. Funambule de sa propre vie, fil doré qui se tend à l’infini comme la patience qu’elle déploie, le papillon se fait araignée pour l’occasion, la jeune fille déambule légère, poupée éthérée poussée par une force hors du commun qui la dépasse, haine implacable qui motive ses gestes, et dirige ses pas vers un but défini depuis le début : Sa mort. Sa mort qui lui renvoie au visage sa propre faiblesse : N’être que femme. Les noisettes se voilent un instant, et quelle femme, moue dédaigneuse s’adressant à sa propre personne, incapable d’avoir pu résister, incapable d’avoir pu défendre ce qu’elle avait de plus précieux avant même la vie. Adepte de la haine et du mépris, battue à son propre jeu et rabaissée plus bas que la plus basse des putains par un homme qui ne méritait même pas qu’elle pose les yeux sur lui. Sa Faiblesse. S’ajoutant à cela, une trop grande ignorance dans cet art qu’elle veut développer pour en finir avec lui, elle doit apprendre. Et alors que cette sentence résonnait dans son esprit, il était rentré dans sa vie assenant les mots à un autre qu’elle, avec une telle conviction dans la voix, que les mots étaient restés gravés en lettres flamboyantes dans l’âme meurtrie de la jeune fille. « Il reste tant à apprendre. »

Evidence qui avait sauté aux yeux de la jeune fille, appuyée en cela par le nom de l’homme qu’elle voyait comme un signe. Nerra. Les mots avaient dansé, sarabande lyrique étalée sur un vélin, écriture hâtive, la plume avait crissé, pleuré ses larmes sombres sur le parchemin tandis que l’esprit torturé de l’Etincelle s’égarait dans les requêtes, explications et autres justifications pour arriver à intéresser le Colosse. Les vélins avaient fini déchirés, les valets houspillés, les vases brisés, seules épargnées par le cataclysme, Clarisse, Fiora et sa Duchesse qu’elle voulait préserver puisqu’elle la savait convalescente du fait de sa récente grossesse. Et finalement, laconiques, les mots avaient été jeté en désespoir de cause.


    Al Señor Eikorc de Nerra,
    Buenos Dias,


    Les mots sont faibles pour exprimer toute l’importance de ce que je m’apprête à vous demander, car il s’agit d’une requête, évidemment.. J’ai vu les changements opérés sur Jules, je sais aussi que vous en êtes en grande partie responsable, et pour cela, je vous remercie.

    Vous avez dit qu’il avait beaucoup à apprendre. Moi aussi. Vous connaissez mon aversion pour un homme, vous connaissez aussi mon désir d’en finir avec lui. Je n’y arriverai pas seule, parce que je ne sais pas. Je dois apprendre.
    Comme cette lettre peut paraître puérile, et pourtant, c’est une supplique que je vous adresse. Aidez moi à apprendre, vous que l’on appelle El Diablo, aidez moi à envoyer cet homme en enfer.

    Je viendrai chercher votre réponse, si réponse il y a, vers tierce.

    Aléanore.


Humbles, les mots pour la première fois de sa jeune vie, parce qu’il impose le respect ? Non, Aléanore, au grand damne de ses parents, ne respecte rien, ni personne. Humbles, parce qu’elle sait qu’il y a quelque chose à apprendre, que l’homme a vécu. A-t-il tué ? Les cicatrices en masse ne laissent aucun doute là-dessus. A-t-il aimé ? Les azurs si familiers et pourtant si différents, ne trompent pas. Et alors que ses pas la guident vers la bâtisse qu’on lui a indiquée comme étant la sienne, la jeune fille s’interroge sur l’essentiel. Connaît-il la haine ?

Les noisettes étincelantes se lèvent sur les fenêtres, essayant de savoir où il se trouve. Immobile poupée malgré le froid qui attend devant la masure, fragile brindille qui pourrait se briser d’un mouvement brusque s’il n’y avait ce soutien inébranlable qu’est la haine. Et dans le brouillard de Saumur, une Etincelle obéit pour la première fois à un ordre donné : Aller au diable. Elle y est, et maintenant ?

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La Rançon du Succès d'une Pouffy-girl
Eikorc
[Maître de la mort ou patron de la haine ?]

Les jours et les semaines ont défilé comme si de rien était pour la montagne de muscles… L’envie de sang est assouvie pour le moment, et elle l’a été de la plus belle des manières… Que vouloir de plus que faire couler le sang d’une Licorneuse ? Celle-là même à qui il voulait arracher la vie depuis des années… Certes, elle n’est pas morte. Bien sûr, il n’a pas réellement gagné leur duel… Pourtant, c’est tout comme.
La vie n’a pas été prise, mais les sensations qu’il avait ont été confirmées… Le de Nerra avait besoin de cette confrontation, pour montrer, chercher, provoquer et surtout, voir qu’il ne s’était pas trompé… Comme il le lui a dit le jour du départ… Comme il lui a murmuré l’air de rien, il sait. La haine fait partie de sa vie, comme de la sienne…
Et cette étincelle cachée dans le regard, celle qu’il s’est amusé à réveiller et à nourrir, il l'a revu dans celui d’une jeune femme… A Saumur. Sourcil qui s’est haussé l’air de rien, l’amusement au rendez-vous… Pourquoi cacher cette flamme qui ne demande qu’à grandir, se nourrir et embraser l’âme ? Comme Cerridween, elle cherche à garder une image… Du moins, il le pense et il lui faudra le confirmer, un jour ou l’autre...
Ce à quoi il ne s’attendait pas, c’est que c’est elle, Aléanore Alterac, qui va faire le premier pas… C’est elle qui demande à ce qu’il lui apprenne comment tuer…

Dans son immense demeure, avachis dans son fauteuil recouvert de cuir, le maître de la Zoko ad Eternam ne cesse de lire et relire les mots inscrit sur le vélin qu’on lui a apporté… Le feu crépite dans le foyer alors que les yeux se plissent. Ce nom, il le connait… Il l’a entendu et vu, plusieurs fois… Devant l’azur métallique vient danser la silhouette d’une femme brune à travers les barreaux d’une cage… Grondement qui monte dans sa gorge alors qu’il se lève, laissant le courrier retrouver l’accoudoir alors qu’il se dresse de toute sa hauteur, glissant sa main blessée dans son dos pour gratter la cicatrice encore fraîche de son épaule.
Clignement de paupières alors qu’il rejoint un coin de la pièce où les parchemins s’entassent… Les mains puissantes repoussent, plient et déroulent de nombreux courriers et autres vélins pour retrouver et confirmer ce qu’il pense…

Marie Alice d’Alterac. La protectrice de Gaspard de Nerra, le fils de sa sœur adoptive, son âme-sœur… Frisson qui traverse son échine alors que le sourire s’étire au coin de ses lèvres… L’ironie veut qu’elle doive inculquer les valeurs de la vie à son neveu, alors qu’une jeune femme de sa propre famille vient lui demander à lui, comment tuer…
Petit rire qui lui échappe avant qu’une bouteille de vin ne soit ouverte d’un coup de crocs… Longue gorgée avalée par la montagne de muscles qui ne voit plus le temps passer depuis des années… Contenant en verre qui tourne entre les doigts épais du mercenaire dont le regard vient à nouveau se perdre dans les flammes…

Dans la caboche, les pensées fusent, les idées apparaissent et repartent comme si de rien était… Que ferait cette Aléanore si en l’échange de cet enseignement, il demandait la vie du dernier détenteur de son nom ? Oserait-elle risquer la vie d’un jeune homme pour arracher celle d’un autre ? Oui, ce pourrait être intéressant de jouer à ça… De voir ce qu’elle a réellement dans le ventre…
As-tu vraiment assez de haine en toi pour pouvoir tuer petite Alterac ? As-tu assez de cran pour apprendre avec moi… ?

La tête se tourne vivement vers la fenêtre, les yeux se plissant pour essayer de reconnaître l’ombre qui se déplace face à sa demeure… Grondement qui monte à nouveau dans la gorge d’El Diablo dont le corps se meut instinctivement… Une chemise attrapée d’une main pour recouvrir son torse musculeux marbré de traces alors que de l’autre il saisit son immense hache qui vient négligemment se reposer sur son épaule…
Les bottes claquent sur le parquet alors que la porte est ouverte à la volée, heurtant violement le mur d’en face dans un bruit mat… Le froid se fait sentir et s’immisce autant dans la pièce que contre la chair tannée du de Nerra. Les yeux d’une intensité meurtrière parcourant la rue pour retrouver cette silhouette… Et le sourcil se hausse lorsqu’ils tombent enfin sur le visage de celle qui lui rend visite…

Déjà ? Elle a donc vraiment envie d’apprendre…

Sourire qui se glisse au coin de ses lèvres alors qu’il avance d’un pas, sortant toute sa puissante carcasse hors de l’embrasure de la porte, le vent faisant claquer les pans de sa chemise ouverte sur son torse alors que son regard se fixe sur la jeune femme. Quelques secondes avant que la voix basse et légèrement rauque ne s’élève…


« Buenos Dias.
Je ne pensais pas te voir… Les mots sont tellement faciles à utiliser…
Content de voir que tu ne t’en satisfais pas. »


Une légère pause, pour que le regard parcourt les alentours… Pour vérifier que ce n’est pas un simple traquenard dans lequel elle aurait essayer de le faire tomber… Les doigts se resserrent sur la garde de son arme qu’il fait rouler puis changer d’épaule avant de lâcher d’un ton brusque...

« Entre. Nous devons parler. »
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"Pour toujours... Et à jamais."

"Mercenaire rôliste, cherchant une troupe ? Contactez moi..." Zoko & Fablitos
Aleanore
[La Haine, je l’aime à ton image : Colossale]

Le temps qu’il faut à un orage pour exploser puis se calmer, et déjà, le destin d’une jeune fille bascule vers un chemin encore plus défini qu’il ne l’était. Les noisettes se posent sur le corps aux dimensions hors du commun pour mieux s’imprégner des détails, saisir les défauts comme sur un dessin fait au fusain, les traits qui seront plus faciles à effacer pour faire d’une œuvre dure au regard, un défi artistique. Et alors qu’elle médite sur ceux et celles qui ont pu creuser ces lignes de la vie d’un homme à même sa propre chair, la voix grave la coupe dans sa réflexion qui n’a déjà plus rien de constructive, le sourcil se arque tandis qu’elle laisse la remarque glisser sur son orgueil démesuré, pour qui la prend il ? Et l’Etincelle esquisse un sourire en surveillant le manège des azurs. Méfiant ? Il a raison. Et les noisettes de se mettre à pétiller quand elle passe à son niveau, et que la voix claire s’élève, contrastant avec celle trop grave du colosse.

-« Buenos dias.. »


Et le corps fin emmitouflé dans l’épaisse fourrure de se glisser par l’embrasure de la porte, et de se diriger vers l’âtre, en quête de la chaleur dont l’air glacé du dehors l’a privée. Les mains gantées se tendent vers les flammes tandis que les noisettes suivent le manège du colosse. De quoi a-t-il peur ? Qu’elle veuille le faire tuer ? Elle a bien trop besoin de lui pour cela, autrement, elle ne se serait même pas déplacée. Le sourire s’étire sur les lèvres fines tandis qu’elle observe autour d’elle, l’antre du Diable. Sans attendre qu’on l’y invite, la jeune fille enlève la fourrure imposante de ses épaules pour la poser sur le dossier du fauteuil massif. Poupée de velours et de soies aux couleurs de l’aurore qui se perd dans la contemplation du feu un instant, avant d’attraper le bout de la longue tresse ébène qui tape dans le creux des reins, pour s’occuper les mains, tandis qu’elle cherche les mots. Oui, ils vont devoir parler, et maintenant qu’elle est là, les choses sont claires même si elle ne sait par où commencer. Pensivement, elle observe la montagne de muscles devant elle, tandis que le gant gauche s’ôte lentement, et alors que les turbines s’activent pour orchestrer les mots dans l’esprit de la jeune fille, le gant droit vient rejoindre son frère. Noisettes qui se posent sur les ongles affutés qui terminent les doigts fins, ongles qu’elle aurait du tailler avant pour plus de dégâts, lui laisser un souvenir impérissable. Et le regard se porte sur le Nerra, tandis que les gants de chevreau rejoignent la pelisse sur le dossier.

Doucement, la poupée gagne l’entrée du logis, pour rejoindre le propriétaire des lieux, les noisettes se lèvent et se plongent, haineuses, dans les azurs du colosse. Elle avait demandé à Jules, si elle avait grandi, la réponse avait été affirmative pour lui faire plaisir, bien sur qu’elle n’avait pas grandi depuis ses 14 ans. Et dans l’entrée ouverte aux courants d’air, la jeune fille se tient droite, tête relevée pour pouvoir regarder le géant qui se trouve devant elle. Regarder droit devant elle, et se confronter au ventre du Nerra ? Risquer le torticolis mais au moins, pouvoir le regarder droit dans les yeux comme on le lui a appris. Option qui gagne l’approbation silencieuse de l’Etincelle qui recule d’un pas, appuyée contre le mur pour n’avoir pas besoin de relever la tête à l’extrême. La haine est toujours là, malgré les considérations d’ordre métaphysique, et la voix s’élève, chaude comme un été trop brulant, comme la haine qui l’étreint.


-« J’ai besoin d’apprendre. Je veux savoir, vous comprenez ? »


Feu qui la consume de l’intérieur tandis l’air hivernal s’engouffre dans le col de la houppelande, et le frisson qui la parcoure, trouve sa source dans la fureur qui la dévore plutôt que dans le froid latent du mois de janvier.


-« Je n’ai plus que vous. »


Et les mots sortent, et quand ils s’écoulent, comblant l’espace entre deux corps que tout oppose, il semble à l’Etincelle qu’ils coulent de source, à qui pouvait-elle demander cela ? Personne. Seule devant la dure réalité, confrontée à l’inutilité qu’elle découvre à ce rang dont elle se gargarisait. Et les noisettes fouillent, indécentes, le regard acéré à la recherche d’une réponse à l’appel désespéré. La folie, la haine ne suffisent pas, il faut pouvoir s’en servir. Et pour cela, elle doit apprendre. Requête ultime d’une âme en détresse. Apprends-moi.

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La Rançon du Succès d'une Pouffy-girl
Eikorc
[Tu choisis ou t’oublies ?]

Du coin de l’œil seulement il surveille la jeune femme qui s’avance vers lui, préférant garder son attention tournée pour quelques instants encore sur les alentours… La méfiance, toujours la méfiance… Mais point la paranoïa. Lentement il pivote sur lui-même, marchant légèrement de profil pour retourner dans son antre, refermant la porte derrière lui dans un claquement sec…
Et à peine a-t-il le temps de se retourner que la donzelle lui fait déjà face, débarrassée comme si elle était chez elle de sa fourrure et de ses gants… Azur qui se teinte d’amusement alors qu’elle se dresse devant lui, la tête levée vers lui pour que leurs regards se trouvent.

Aléanore… Elle est déjà là, elle lui fait face comme si de rien était… Sourire se glissant lentement au coin de ses lèvres alors qu’elle se recule, pour prendre la parole… Il écoute les quelques mots, haussant lentement un sourcil et d’un haussement d’épaules, la hache s’envole pour rejoindre le sol dans un tintement métallique… Dans la caboche, les pensées fusent. Esprit pervers qui se met enfin à fonctionner à plein régime alors qu’elle est devant lui… Sans un mot il s’avance, la contournant l’air de rien pour rejoindre le fauteuil qu’il a abandonné quelques instants plus tôt…
Laisser filer le temps, les secondes comme les minutes pour prendre le temps d’organiser ses pensées, ses demandes… Et aussi, pour masquer le sourire amusé qui s’est glissé sur ses lèvres… Plus que moi hein ? Tu sais pas où tu t’embarques ma petite, vraiment pas…
Immense carcasse qui se laisse tomber dans le fauteuil libre, autant pour laisser reposer les cicatrices qui parcourent sa cuisse que pour se montrer encore plus indifférent à la présence de la jeune femme. Les yeux plongent dans les flammes, le sourire s’efface et d’un mouvement de main il l’invite à le rejoindre alors que sa voix puissante s’élève à nouveau…


« Apprendre… Savoir… C’est bien beau tout ça, mais qu’est-ce qui me dit que tu as le cran nécessaire ? »

Tutoiement imposé depuis le début qu’il se refuse à remplacer… L’azur métallique quitte la danse orangée pour venir glisser sur le visage de porcelaine de la jeune noble… Regard intense qui trouve le sien, le fouille, le sonde, comme pour trouver les réponses qu’il cherche… Encore cette étincelle, juste une étincelle qu’il veut déjà faire grandir…
Les doigts d’une main caressent discrètement le cuir du fauteuil tandis que de l’autre, il caresse la balafre qui traverse sa joue…


« Je ne comprends pas justement. Pourquoi une jeune fille de ta condition veut la mort d’une raclure comme ce sous-homme d’Eusaias… ?
Pourquoi est-ce que je vois un semblant de haine dans tes yeux alors que tout ton corps semble vouloir dire le contraire… ? »


Quelques secondes de pause… Le temps de mettre en place les conditions, les jeux aussi pervers qu’ils soient pour réussir à obtenir de cette presque femme la haine qu’il lui faut pour vivre… Sourire à peine esquissé, la folie lui est propre, mais elle est tellement évoluée qu’il veut voir naître et croître la haine dans la vie des autres… Flamme vive de cette folie pure qui vient faire briller son regard quelques secondes alors qu’il fixe sa vis-à-vis…
Puis la main se tend, trois doigts levés alors qu’il se redresse légèrement en souriant en coin… Tout est clair et précis…


« Tu veux apprendre… Avec moi.
Tu veux savoir, comment je tue un homme… Comment tu peux le faire toi-même.
Il y a trois choix qui s’offre à toi, Aléanore… »


Sourire qui s’élargit légèrement, les yeux brillent encore plus alors que sa voix se fait plus basse encore… El Diablo en personne qui ne perd pas une seule seconde le regard de cette jeune femme pour y lire les émotions qui vont passer alors qu’il énonce une à une les possibilités offertes en abaissant l’un de ses doigts…

« Premier choix… Tu reprends tes affaires tout de suite, tu rentres chez toi… Et tu oublies ta requête.
Seconde possibilité… Mademoiselle Alterac, je sais que ta mère est la tutrice d’un gamin que certains appellent mon neveu… Je t’apprendrais tout ce que je sais si, et seulement si, tu fais en sorte qu’il me soit livré…
Ou encore… Pour que je sache ce qui te motive, pourquoi tu aurais le cran d’aller jusqu’au bout … Pourquoi tu supporterais mon apprentissage… Tu dois me raconter tout ce qui te lie à ce bourreau de pacotille.

A toi de voir ce à quoi tu es prête… Il faut toujours faire des sacrifices pour connaître la haine…»


Belle demoiselle, bienvenue en enfer, là où les choix les plus difficiles sont rois…
Racontes moi ta folie, montre la moi, ou reprends ta vie... Mais dans tout les cas, je garderais un œil sur toi...

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"Pour toujours... Et à jamais."

"Mercenaire rôliste, cherchant une troupe ? Contactez moi..." Zoko & Fablitos
Aleanore
[Partir ? Tu rêves, je reste ou j'crève !]


Et contre toute attente, alors que la porte est refermée brutalement, c’est un soupir de soulagement qui s’échappe des lèvres de la jeune fille. La raison ? Pas la moindre idée. Les noisettes suivent les mouvements du colosse, anticiper les mouvements, les attentes. Un silence pesant, comme la mort qui s’installe et finalement, c’est en silence qu’il l’invite à le rejoindre, et de nouveau, elle le rejoint, danse dont les pas lui semblent à la fois inconnus et si familiers. Et sans un mot, elle le rejoint, prenant conscience alors de ces bruits qui bercent le silence, le crépitement du feu, le bruissement de ses jupes, foutu silence qui trahi jusqu’à la respiration qu’elle tente de taire. Et alors qu’il prend la parole, les doigts fins détachent le nœud qui retient la tresse, laissant courir les mèches qui déjà reprennent leurs droits, aidées par les doigts qui se glissent dedans pour les délacer, nappe de soie brune qui s’étale, protégeant la nuque des éventuels courants d’air. Droite à côté du fauteuil, elle l’écoute comme un enfant écouterait un professeur dispenser une morale rébarbative mais qui précéderait le cours à proprement parlé.

Les noisettes soutiennent le regard azuré, trop téméraires qu’importe, et c’est un sourire fin qui glisse sur les lèvres vermeilles de la poupée, tandis qu’elle s’appuie du bout de la fesse sur l’accoudoir laissé libre. Que sais-tu de ma condition, hombre ? Le sourcil fin qui s’arque exprime tellement plus que tous les mots. Que pourrait-elle dire cette jeune orgueilleuse qui se refuse à être comme le commun du peuple parce qu’elle a été adopté par le mari de sa mère, que pourrait-elle rajouter à cela la Bâtarde d’un Comte décédé depuis des années. Trop fière pour la populace, trop illégitime pour la société noble. Elle sourit l’Etincelle, de savoir que la raclure dont il est question est plus noble qu’elle selon les lois héraldiques du Royaume de France. Et de nouveau, le silence, comme une récompense après tant de mots offerts. Une trêve avant une nouvelle bataille, les noisettes se font impératives. Elle gagnera. Et alors que les doigts se sont levés et que les mots sont jetés, la poupée fixe les flammes un instant, déconnectée du monde, avant de reposer son regard sur le Nerra.

Et incrédules, les noisettes glissent dans les azurs, bouche entrouverte, tandis que les choix sont exposés un par un, aussi surprenants les uns que les autres, finalement, elle détache son regard du sien pour fixer le feu, lentement, la tête se penche, dissimulée par le rideau sombre de la chevelure. Le silence entre eux, devient une habitude, une passe, qu’elle s’octroie cette fois pour réfléchir aux choix offerts. Premier choix, vite balayé, abandonner ? Plutôt mourir que faire demi-tour si vite. Qu’a-t-elle encore à perdre l’Etincelle qu’elle n’a déjà perdu ? Second choix, un instant, les noisettes se voilent, brûlantes d’un désir meurtrier. Qu’on ose toucher à son Gaspard, et ce n’est pas juste une mort qui sera au bout du chemin, mais milles souffrances, Gaspard aux azurs si doux, Gaspard si rassurant dans son innocence, Gaspard qu’elle aime comme un frère. Amour qui la met en position de faiblesse face au Nerra. Révélation qui lui arrache un sourire, l’amour rend faible, oui, elle s’en rend compte encore plus chaque jour. Et la troisième sortie .. Avouer pourquoi.. Un instant, le doute l’assaille, et si sa mère venait à être mise au courant. En une fraction de seconde, l’Etincelle imagine les noisettes tendres de sa mère viraient au vert dévastateur. Et contre toute attente, la jeune fille relève la tête de sa contemplation silencieuse, rejetant la masse brune en arrière, et ce n’est pas des mots qui s’échappent de la bouche de la jeune fille, mais un rire. Juvénile, cristallin, parce que là où le commun verrait un dilemme, l’Etincelle s’amuse, ose et rit.

L’accoudoir est abandonné, et le corps fin se meut vers la cheminée, pour s’accroupir, main qui attrape le tison, tison qui vient taper dans une buche, faisant voler aux éclats le bois prêt à craquer, et les noisettes fixent un instant les braises avant de reposer le tison, et de se relever, dos à la cheminée. Et finalement, la voix s’élève, pas claire comme d’habitude, elle n’a personne à qui imposer sa volonté, l’instant est à l’intimité des confidences, des choix, du destin commun ou pas, et les accents chantants du Limousin s’engouffrent dans une demeure angevine.


-« Regarde-moi. »


Abandonné le vouvoiement, puisqu’il n’a rien à faire ici, la haine rapproche bien plus que l’amour ou l’amitié, parce que bien plus intense.


-« Regarde-moi bien, as-tu réellement cru que je m’arrêterai là ? »


Les noisettes s’engouffrent dans les azurs, redécouvrent une couleur qu’elle connaît déjà par cœur, connaître ses amis, et plus encore, ses ennemis, qui es-tu Nerra ?


-« Oublie aussi Gaspard, qui si tu veux mon avis, est bien ton neveu quoique tu puisses en penser. »


La mine se fait effrontée tandis qu’elle se rapproche pour se laisser choir aux pieds du colosse, soie ébène de la chevelure contrastant avec les tissus aux teintes claires, chatoyant sous l’éclat des flammes.


-« Que veux-tu savoir ? Ce qui me lie à cet.. homme ? »


La tête se repenche un instant avant de se relever, sourire amusé aux lèvres.


-« Nous devions nous marier.. En fait, c’est là, le début de la haine.. L’Amour. L’amour qui détruit tout, qui ravage, qui trompe. Trop facilement. Tu as aimé toi ? »


Et la question déjà posée à Kilia, à sa duchesse, à Jules, est reposée encore et encore.


-« Si quelqu’un apprenait ce qui me lie à cet homme, certaines personnes pourraient en souffrir..»


Le sourcil se hausse, la tête se penche, le sourire a disparu. Même pour aller jusqu’au bout, elle ne peut jouer avec la vie de sa mère. Les noisettes glissent sur les azurs, s’arrêtent sur la joue, la cicatrice, comme sa Flamme, les azurs aussi mais plus doux chez sa sœur, bien plus doux. Et de nouveau, les noisettes replongent dans les azurs pour se mettre à nu, ranger de côté, l’image de douce évaporée, la jeune fille se redresse, ongles effilés enfoncés dans l’accoudoir.


-« Je suis prête à tous les sacrifices me concernant, tu entends, me concernant. Je donnerai ma vie pour qu’il crève de ma main.»


Noisettes qui étincellent de la haine qu’elle révèle dans son état le plus brut.


-« Tout. Tu peux tout me demander, du moment que je suis sure d’arriver un jour à avoir son sang sur mes mains et son cadavre à mes pieds. »

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La Rançon du Succès d'une Pouffy-girl
Eikorc
[Tu brûles ?]

Le silence. C’est le silence qui vient répondre pour quelques temps à ces propositions… Moment de flottement, de tranquillité, ou presque, qui s’engage, du moins pour lui. Parce qu’il se doute que derrière les yeux aux reflets de rage la caboche entre en ébullition… Mais il ne peut suivre le cheminement de ses pensées, de ses réflexions, parce que d’un simple geste de la tête, elle se soustraie à son regard. Sourire qui s’esquisse lentement, amusé.
Et alors qu’il l’observe du coin de l’œil, fixant cette silhouette fine qui s’est appropriée un bout de son fauteuil, un rire clair et presque trop doux explose dans la pièce… Un sourcil se hausse lentement alors qu’elle se lève d’un coup…

L’azur métallique la suit alors qu’elle s’accroupit, s’emparant du tison pour frapper les bûches rougeoyantes comme si elles allaient lui donner une réponse… Il la fixe, l’étudie, se demandant quelles sont les déductions ou réflexions qui l’ont amenées à exploser de rire ainsi. Et ces yeux d’une froideur polaire glisse sur son visage lorsqu’elle prend enfin la parole d’une voix presque trop basse… Le regard s’ancrant dans celui de la jeune femme qui lui demande de la regarder…
Nouveau sourire : Les choses sérieuses commencent… Léger éclat qui s’allume, curiosité exacerbée ; quelle solution as-tu choisi jeune fille ? Sacrifice ou Histoire ?

A nouveau elle le rejoint alors qu’elle lui assène quelques mots l’air de rien… Gaspard, son neveu. Adoptif, sûrement… Mais le peu qu’il en a vu ou ouï, le nom qu’il porte ne lui va pas. Le sourire s’étire légèrement alors que les bras puissants viennent se refermer sur la chemise légèrement ouverte sur son torse musculeux… Regard qui s’intensifie alors qu’elle se laisse tomber à ses pieds comme une enfant prête à recevoir sa leçon du jour.
Mais c’est elle qui parle, parce que lui n’a rien de plus à ajouter pour le moment… Le colosse écoute cette novice dans la haine, cette jeune fille qui avoue que sa haine vient de l’amour… Léger reniflement qui s’échappe alors qu’il fronce les sourcils. Une rage basée sur une désillusion n’est rien d’autres qu’une colère passagère.

Une question lâchée, l’air de rien… Sourcil qui se hausse alors que la réponse se forme d’elle-même derrière les pupilles azurées : « Dans une autre vie. Ou plus exactement, lorsque j’étais encore en vie… » Mais les mots ne franchissent pas les remparts des lèvres closes alors que quelques souvenirs brumeux viennent faire étinceler le regard avec un peu plus d’intensité…
Pas le temps de s’y attarder ; le discours continue. Quelques gestes que le de Nerra capte comme s’il n’était plus que spectateur à cette scène improbable… Un redressement, des griffes qui s’enfoncent dans le cuir dans fauteuil, mais surtout, surtout, les mots qui s’envolent devant lui…

Et El Diablo ne peut retenir le sourire qui vient étirer le coin de ses lèvres lorsqu’elle le fixe avant de tels yeux… Un tel regard que la haine vient effacer toute tendresse. Frisson qui traverse son échine, ça y est, il veut savoir. C’est pourquoi il se redresse, d’un seul mouvement, sans utiliser ses bras qui eux s’envolent pour amener ses pognes immenses sur sa, sans doute, future élève.
Paumes calleuses qui s’abattent sur les frêles épaules d’Aléanore comme un accord tacite… L’azur ancrés dans les noisettes brillante, sa voix basse s’élève à nouveau, lentement.


« Si je t’apprends comment tuer… Tu ne devrais pas avoir à laisser ta vie pour arracher la sienne. »

Une légère pause, un nouveau sourire qu’on pourrait presque croire tendre alors que l’une de ses mains remonte pour effleurer le fin menton du bout de l’index.

« Ton regard me plait. C’est un bon début…
Mais je ne ferais rien tant que tu ne m’auras pas raconter…
Je doute que ça ne soit qu’une amourette qui a mal tourné… Dis moi ce qu’il t’a fait… Dis moi pourquoi tu comptes lui arracher le cœur de ta main… »


Quelques mots à nouveaux alors que les yeux se font plus durs, plus interrogateurs, comme pour sonder ceux de la jeune femme… Raconte moi tout… Explique pourquoi cette haine, que je connaisse sa naissance… Que je la fasse grandir et s’épanouir comme il se doit.
Sourire qui s’efface alors que dans la caboche viennent jouer les souvenirs de sa propre haine… De ses balbutiements à sa finalité qui l’a plongé dans une folie furieuse… Azur qui se teinte peu à peu de ces éclats de haine et de folie pure, l’air de montrer ce qu’est réellement le mal à cette novice dans cet art…


« Parle, car rien de ce qui se passera ou se dira ici n’en sortira.
Parle et je t’offrirais les armes et le savoir qu’il te faut pour tuer. Lui ou tout autres personnes, comme tu le souhaiteras. »


Ton plus bas, accent plus rauque, voix plus rocailleuse… Comme si elle venait d’outre-tombe. Et le sourire presque sadique qui vient étirer ses lèvres pour confirmer cette impression. Prêter à te jeter dans les flammes de l’enfer ?
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Aleanore
[Et c’est parti pour le Chaud !]

Comme une chape de plomb qui s’abat sur ses épaules, ce ne sont que ses mains, ce ne sont que des mains. D’hommes. Des mains d’hommes comme les siennes, frisson imperceptible qui traverse le corps de la jeune fille. Mais si elle apprend à tuer, et qu’elle en finit avec lui, elle pourra en finir avec la vie, car que reste-t-il après cela. Plus de but. Seule finalité, la mort. L’âme est noire à l’intérieur du corps de l’Etincelle, aussi noire qu’un puits sans fond, et quand elle en aura fini avec lui, elle sera ce puits sans fond, cette enveloppe sans âme. La délivrance, requiem aeternam. Ne pas frémir, ne pas esquiver le geste et s’étonner de la nature changeante du colosse. Un sourire, un geste tendre, et de nouveau, les affres de la haine qui s’immiscent dans le regard du Nerra, la bouche entrouverte, elle inspire, aspire à plus de haine, parce qu’elle veut savoir, comprendre comment on peut en arriver là.

Mais c’est un frisson glacé qui vient cueillir le corps de la jeune fille. Dire tout, cela veut dire revivre tout au fur et à mesure que les mots s’écouleront, cela veut dire subir de nouveau l’horreur de cette sombre nuit mâconnaise. Elle n’a pas peur, peur de quoi ? Le pire est passé, tout lui a été volé. C’est la raison qui la retient. Folle, pour combien de temps encore, laisse moi une éternité pour me retrouver, par pitié. Comment expliquer ce qui ne concerne pas qu’elle, choix difficile que celui qu’elle a fait. Une pensée pour sa mère, mais pas seulement, c’est tout une famille, deux familles qui sont en péril avec ce secret. Un instant, les noisettes s’arrêtent sur cet homme qui pourrait être son père, comme lui. En silence, elle pose sa tête sur le bout de fauteuil qui n’est pas accaparé par la masse imposante du colosse, recroquevillée sur elle-même, regrettant d’avoir posé sa fourrure. Dire tout, cela équivaudrait à mourir encore un peu, un peu avant d’avoir pu le tuer à son tour, mais dire tout, cela voudrait dire mettre en péril ce qui lui reste de dignité. Dire tout.. La jeune fille se lève et contourne le fauteuil, récupérant ainsi la fourrure sur le dossier avant d’aller se rasseoir sur l’accoudoir fixant les flammes.


-« Tu parlais tout à l’heure de ma condition. Que sais-tu de ma condition ?»

Lentement, les doigts de la main gauche s’enroulent dans l’une des chaines autour de son cour, extirpant du corsage, un médaillon, le regard, quant à lui, reste posé sur les flammes, ce geste, elle la fait si souvent depuis son enfance.

-« Certains comme ma mère, diraient que je suis le fruit de l’Amour. D’autres, plus croyants peut être, diraient le fruit du péché. Ma condition ? Je suis bâtarde. Et ma noblesse, je la tire de ce que le mari de ma mère a bien voulu m’adopter comme sa fille. Cela veut dire que je ne suis rien sans ce nom aux yeux de la noblesse, rien que le fruit d’un amour adultère. Même un gueux né de parents respectueux du dogme mérite mieux que moi. »

Et pourtant, combien de fois avait-elle pu constater la déchéance de certains nobles qui se gargarisaient de leur nom, de leur lignée, oui, comme elle aurait pu, voulu, elle, la bâtarde, leur prouver qu’ils n’étaient rien que de vulgaires porchers déguisés en princes. Rire sarcastique qui éclate comme un cristal qu’on aurait jeté au sol, comme son orgueil qui vole alors que les mots décollent.

-« Même Eusaias est plus noble que moi si l’on en croit les lois héraldiques. Même lui, malgré tout. Tu veux savoir ce qu’il a fait.. Ce qui s’est passé.. Epargne à ma fierté, la douleur trop vive que pourrait occasionner le souvenir de ces heures passées, Nerra. Sais-tu ce qu’une bâtarde comme moi peut offrir à un éventuel époux ? »

Silence dans la salle, les crépitements dans l’âtre se mêlent aux battements de son cœur, sauvage rythmique qu’elle tente de calmer. Et comme un couperet, la sentence tombe.

-« Rien, je n’ai plus rien à offrir. Le Balbuzard m’a ravie mon dernier trésor. » La voix se casse, brisée, plus que la peine, plus que la douleur, pour l’Etincelle, la honte. « Bâtarde et même plus vierge.. Pire que la dernière des catins. »

Certaines auraient rougi de honte, l’Etincelle, quant à elle, pâlit plus encore que d’ordinaire. Les noisettes abandonnent le feu et se plantent dans les azurs, le défiant de croire que la faute pourrait lui incomber. Innocente, bien trop innocente, justement. Plus maintenant, un sourire sans joie étire les lèvres purpurines.

-« Je crois que si je savais encore pleurer, je le ferai. Mais je préfère tuer.»

La chose est dite, simplement, la jeune fille ne s’en cache pas, tuer ne lui procure aucun plaisir, un simple exutoire occasionnel, mais pour le Balbuzard, elle se prête au jeu, et ne demande qu’à troquer l’amour pour la mort. Tête renversée en arrière, alanguie sur l’accoudoir, elle attend la décision. Cela suffira-t-il ?Et si cela ne suffisait pas ..
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Eikorc
[C’est parti…]

Sous ses pognes le corps frémit… Un détail de plus qui vient se glisser dans l’esprit dérangé du de Nerra qui ne cesse de la fixer. Il attend. Elle se déplace, s’arrête, comme si elle cherchait les mots, ou au contraire se battait avec des démons intérieurs… Mince sourire qui flotte sur les lèvres de la montagne de muscles, âme torturée autant qu’haineuse… Tellement de possibilités de jeux qui s’ouvrent alors qu’il devine ce simple fait.
La voilà de nouveau près de lui, assise sur le dossier du fauteuil… Les yeux sont glissés sur le visage pâle, bien trop pâle, là où les flammes orangées se meuvent dans leur danse propre. A quoi penses-tu petite fille ? Est-ce trop dur pour toi ?

Il la fixe, l’observe, l’analyse… Le moindre de ses gestes n’échappent pas au regard acéré du colosse attentif. Les mots s’élèvent, et il écoute, presque religieusement… Peu lui importe réellement son histoire, mais la compréhension de sa haine lui permettra de la nourrir par quelques attentions, peut-être. Une bâtarde… Est-ce vraiment ça ton secret Aleanore d’Alterac ? Juste d’être une jeune femme née du mauvais côté de la couche de ta mère ?
Les paupières se plissent légèrement dans un instant de déception… Jusqu’à ce qu’elle n’éclate de rire. Ce rire qui résonne étrangement aux oreilles du mercenaire dont les lèvres ne peuvent retenir le sourire qui les étire… Tout n’est pas fini comme il l’a cru quelques secondes plutôt.

L’homme revient sur le tapis… Une soit disant noblesse pour un sous-être qui se complait dans la torture des prisonniers bourguignons. Petit rire qui monte dans sa gorge, inaudible pour la brune, mais ô combien révélateur de ce que pense le de Nerra du bourreau bourguignon…
Et le couperet tombe, le dernier assaut lâché en quelques mots qui semble si difficile à la jeune fille… Eusaias serait-il donc un homme ? Sourcil qui se hausse, surprise pour le colosse qui croyait que le balbuzard n’avait justement pas les attributs nécessaire.
Il hoche la tête, lentement, autant pour accepter la révélation que pour laisser ses pensées s’organiser. Les paupières clignent, une fois, puis se ferment, pour quelques secondes.

-« Je crois que si je savais encore pleurer, je le ferai. Mais je préfère tuer.»

Les mots tournent encore et encore dans la caboche, les secondes défilent sans qu’il ne prenne la parole pour le moment… Cette Haine qui l’attirait semble n’être portée que contre un seul homme, contre un seul être. Longue inspiration prise avant que l’immense carcasse ne s’arrache au cuir de son fauteuil… Lentement il s’avance, se glissant au milieu de la pièce avant de se retourner pour faire face à cette jeune femme…
Les flammes dansent un peu plus fort, créant une ombre mouvante qui recouvre entièrement l’Alterac lui faisant face et le regard métallique vient se planter sur le visage trop doux pour ce que sa propriétaire demande… Encore une poignée de secondes qui défilent avant que la voix basse ne s’élève une fois de plus.


« Tu préfères tuer Eusaias plutôt que de pleurer à cause de lui… Soit.
Mais ta haine peut être beaucoup plus… Intéressante. Si tu ne la diriges pas contre une seul et unique personne… »


Une pause alors qu’il quitte l’aura rougeoyant des flammes pour rejoindre l’ombre un peu plus loin… Un bouteille non entamée est attrapée et débouchée d’un coup de croc habile et c’est en lui tournant le dos qu’il continue l’air de rien, les yeux plongés dans le liquide rougeâtre qui brille sous l’éclat de l’âtre…

« Tu le comprendras peut être quand j’en aurais fini avec toi. Si tu as survécu… »

Silhouette massive qui pivote sur elle-même pour faire une fois de plus face à celle beaucoup plus chétive de l’hôte d’El Diablo. Les bottes cloutées viennent mordre agressivement le parquet qui grince de mécontentement alors qu’il s’approche… L’azur a quitté le carmin pour étudier le visage de poupée, que peut-il bien faire d’elle ? Comment en faire l’instrument d’une haine digne de ce nom ?
La bouteille tourne entre les doigts puissants avant de se faire avancer d’un seul coup vers l’Alterac.


« Bienvenue dans mon monde Aleanore… Là où le rang ne vaut rien et où les bâtards apprennent à tuer les nobles. »

Sourire amusé qui se glisse au coin de ses lèvres… La décision est prise, il lui apprendra à tuer. Pas de la plus belle des manières, du moins pas comme il l’entend, mais elle saura tuer efficacement… Ou sera morte.
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Aleanore
[Pour allumer le feu, il faut une Etincelle et ..]

Terrifiant. Impressionnant. Et si grand. Constat fait avec calme quand l’ombre prend le pas sur la lumière, quand l’ombre recouvre l’Etincelle, trop grand pour qu’elle puisse saisir toute l’importance de la stature sans se ridiculiser en manquant tomber si l’idée lui prendre de se pencher plus en arrière pour le voir dans son intégralité. Les noisettes se ferment et c’est à son ouïe que la jeune fille fait confiance pour suivre les mouvements du colosse, bercée par la voix de l’homme en face d’elle, elle écoute, laisse les mots couler sur ses plaies, les raviver mais les calmer quelque peu. Oui, comme la haine qui se nourrit de ces blessures jamais vraiment fermées, jamais vraiment cicatrisées, la haine qui s’abreuve à la source écarlate du cœur, là où tout pourrit quand il n’y a plus qu’elle. Le poison qui coule dans ses veines, la haine qui lui permet de tenir, de sourire. Sa haine à elle. Mais ce n’est qu’un homme, ce n’est qu’un homme, bon sang, il crèvera, mais pourquoi faut-il que ce soit si dur, les mots ruissellent dans l’âme de l’Etincelle, mêlant le timbre grave de l’espagnol aux échos doux du limousin dans l’esprit de la jeune fille, mélodie discordante qui prend son temps avant de s’ordonner et finalement, devient une évidence, comme une habitude, une ritournelle enfantine. Simple, la haine selon tes mots, Nerra. Un seul homme, bien sur qu’il n’y a qu’un seul homme, un homme pour une haine, mais elle est si changeante l’Etincelle, sa haine peut l’être. Alors, il doit y en avoir d’autres ? Tête qui se penche en essayant de comprendre qui elle doit haïr aussi. Mépriser, elle sait faire, bien, trop bien même mais haïr, c’est si fort, cela demande une certaine intimité, on ne peut pas haïr le premier venu, alors qui ? Les mots s’échappent guidés par la perplexité.

-« Mais qui d’autre ? Qui d’autre dois-je haïr ? Il est le seul à .. »

A quoi ? La mériter ? Mériter sa haine ? Mériter, comme le mot semble grossier, abject, vulgaire quand il est question du Balbuzard, sais-tu Nerra que tu me forces à revoir mon vocabulaire, et l’Etincelle de reprendre les bases du langage pour trouver les mots adéquats.

-« Il est le seul que je voudrais haïr. Les autres ont droit tout au plus à mon mépris. »

Profil fin qui se tend, tandis que derrière elle, l’ombre s’étend, affairée à suivre son colossal maitre. Oui, comprendre, elle doit comprendre pour mieux apprendre, déjà le sourire s’étire, promesses faites à elle-même et à lui aussi, silencieusement. Elle sera sa meilleure élève. Les yeux toujours fermés, elle se laisse guider par les mots, c’est si simple de faire confiance à quelqu’un de nouveau, juste quelques instants. Le bruit des bottes sur le parquet la fait sourire, discrétion assurée, constatant avec amusement qu’être costaud n’est pas gage de sécurité. Comme on doit t’entendre de loin, comme tu es entier dans tout ce que tu es, tout ce que tu touches. Ce serait si beau qu’il en soit ainsi pour elle aussi. Survivre, mais sa présence en ces lieux n’est-elle pas gage de son don dans la matière. Survivre, qu’avait-il dit ce stupide animal en Berry « Bâtarde ? Pire que la vermine » alors soit, elle survit comme la vermine, excelle dans le domaine, s’y accroche de toutes ses griffes, petit animal féroce dans sa rage de vivre pour tuer. Et enfin, c’est la délivrance quand la bouteille est tendue vers elle, sacrée bienvenue, elle qui ne boit plus depuis Mâcon, renoue pourtant avec l’habitude prise allégrement en Bourgogne. Bouteille attrapée avec le sourire et rasade avalée gaiement.

-« Il y fait bon dans ton monde, Nerra. »

Petit bout de femme qui se laisse glisser au bas de l’accoudoir dans un bruit étouffé par la semelle travaillée des mules vénitiennes, à peine un bruissement de tissu avant de déposer la bouteille au sol, au pied du fauteuil. Un sourire malicieux aux lèvres tandis que sa main gauche se glisse dans le corsage pour en retirer le stylet, superbement travaillé, petite moue embêtée, en guise d’excuse, en vérité, même si la lame est affutée, l’arme ressemble plus à un peigne de jeune fille de part sa garde en argent ciselé et le rubis en son centre. Puis finalement, la mine se fait décidée, oui, elle est comme ce stylet, trop superficielle, trop petite mais elle aussi, sait tuer.

-« Je n’ai que lui. Sandres. »

Sourire fin qui étire les lèvres purpurines de la jeune fille, en regardant la lame qui a déjà fait son office, baptême du sang, un nom qui reste, qui lie. Les noisettes ne tentent plus de capter le regard du colosse, bien trop haut et se cantonnent à fixer le torse imposant devant elle. Lèvre mordue rageusement, avant de lâcher à mi-voix.

-« Je ne suis pas grande, je ne suis pas forte, je n’ai que cette haine et Sandres pour m’aider. Et toi, Nerra.. Charmant défi, n’est ce pas ? »


Un pas en arrière, deux pas, encore un, le visage se lève et enfin, elle peut fixer dans les yeux, la montagne devant elle. Handicapant ce problème de taille pour elle qui ne supporte pas de ne pas pouvoir regarder son interlocuteur dans les yeux, handicapant et pourtant, elle a remarqué que sans forcer et sans élan, elle peut enfoncer la lame fine du stylet dans l’aine, regard qui se porte à l’endroit précis où elle sait que le sang afflue facilement, pour l’avoir déjà fait couler avant de relever le nez vers l’hémisphère nord. Par habitude, les doigts glissent le long de la garde et s’installent à leur place, la prise se resserre, soupir de contentement de savoir cette arme si familière, avant de sourire doucement en coin, sourire mutin, sourire de chatte cruelle qui ne demande qu’à apprendre à se servir de ses griffes.

-« Quand commence-t-on ? »

Provocation amusée, attente impatiente, elle va apprendre, elle veut apprendre, et les noisettes de pétiller à tout va, reflétant les flammes du feu, si ce n’était qu’un jeu. La haine n’est qu’un jeu. Alors explique moi les règles, Nerra.

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Eikorc
[Il faut battre le fer tant qu’il est chaud…]

Tandis qu’elle prend la bouteille et boit le liquide carmin, l’esprit se reconcentre sur les mots précédemment lâchés. Un sourire légèrement esquissé alors que derrière les azurs pétillantes les pensées s’organisent… Tu n’en veux qu’à lui… Tu ne veux que sa mort… Mais, ce qu’il faut apprendre, c’est à user de cette haine contre lui… Pour la reporter sur d’autres…
Le regard suit la chute de la donzelle… Souple et silencieuse, si ce n’est son trop grand nombre de jupon. Les yeux suivent les doigts qui s’infiltrer habilement dans le corset, le tout pour en extraire une fine lame d’acier… Sourcil qui se hausse, amusé. Elle est déjà armée, ou presque… Un stylet.
Le de Nerra cille à peine, masque impassible qui se brise pour un froncement de nez ironique, ce genre d’arme, il n’en a jamais usé… Beaucoup trop… Fin ; Pour des pognes comme les siennes.

Oreille tendue lorsqu’elle s’écarte de deux pas… Les mots ont résonné dans son crâne mais lui était déjà trop absorbé par cette lame, cherchant à savoir comment l’utiliser… Les mécanismes, les réflexes, tout se met en marche dans l’esprit fou de la montagne de muscles. C’est pour ça qu’il ne fait même pas attention au regard qui coule sur lui, totalement sûr de lui, il ne pense même pas une seconde qu’elle est armée et pourrait déjà le tuer…
A nouveau la voix presque trop douce de la poupée brune le rappelle à la réalité… Un clignement de paupières et il repousse au loin tout ses souvenirs. Toutes ses leçons où les corps d’hommes étaient offerts à son regard pour connaître les endroits les plus vitaux…. Serais-tu pressée jeune fille ? Penses-tu être prête pour tuer ?

Deux questions qui n’ont pas besoin de franchir ses lèvres, les doigts fins sont déjà refermés comme des griffes sur la garde de la minuscule lame… Nouveau sourire et les épaules roulent pour se détendre… Lentement il s’approche, d’un pas, posant son regard métallique sur son visage, caressant d’un œil expert la douceur de celui-ci avant de plonger sans gêne vers sa gorge… Gorge que sa main droite vient assaillir.


« Et pourquoi pas tout de suite… ?
Ton arme est fine, légère… Et pourtant tranchante et acérée… »


Les doigts puissants caressent la peau douce, l’air de rien, ignorant la réaction de la brunette… Il cherche, autant dans le touché que dans ses souvenirs… Jusqu’à ce qu’index et pouce ne se referme ensemble autour de la trachée, en plein milieu de cette gorge.

« Tranche et perce ici… Juste à cet endroit, d’un coup sec et le plus vite possible…
Ton adversaire se videra de son sang, lentement, mais ne pourra pas crier car il s’étouffera avec… Efficace, mais un peu salissant peut-être. »


La pogne calleuse s’écarte de la peau trop fine, un sourire en coin balancé à l’Alterac et déjà le colosse tourne autour d’elle… Comme un serpent qui encerclerait sa proie… Et toujours cette voix basse qui s’élève, presque trop douce pour une fois, alors que le regard ne quitte pas un seul instant le corps de son élève…

« Ta haine… Elle peut être utilisée contre d’autres… Eusaias n’est que le déclencheur. Celui qui te permet de t’en servir…
Pense à lui n’importe quand… Reporte son visage sur la personne qui te fait face… Et laisse libre court à toute ta rage. »


Pogne gauche qui à son tour s’envole… Venant se poser sur la nuque d’Aleanore… Le pouce s’enfonçant entre les mèches brunes pour venir se poser juste à la base de son crâne… Juste entre les vertèbres cervicales.

« Plante ta lame à cet endroit… Avec beaucoup plus de force que pour la gorge… Pour l’enfoncer assez loin. »

Ses gestes, il le sait, peuvent déranger cette jeune femme… Mais il s’en contrefout, elle veut apprendre, elle apprendra… Et il n’a pas d’autres corps sous la main pour lui montrer les cibles qu’elle devra toucher… A peine la gauche s’est-elle envolée que la droite vient se poser dans le creux de ses reins… Paume brûlante qui remonte le long de l’échine, légèrement, tandis que les doigts cherchent, palpent… Et d’un coup sec s’enfonce, juste au niveau de la quatrième lombaire.

« Dans le dos, tu plantes et tu remontes un coup sec vers le haut… Par contre, il risque d’avoir le temps de gueuler… »

Un sourire et il s’écarte, se penchant pour récupérer la bouteille, l’amenant à sa bouche pour en avaler un longue gorgée… Juste avant de lancer un coup d’œil en coin à sa jeune élève, claquant de la langue après avoir apprécié les saveurs de ce vin, il lâche…

« Je pense que ce sont les trois endroits les plus adéquats pour ton Sandres… Il y en a d’autres, mais ce sont les plus faciles à atteindre pour toi… D’ailleurs, crois-tu être capable de tuer trois personnes ? Une avec chaque technique… ? »

Sourcil qui se hausse, amusé, alors que le regard métallique reprend cette étincelle haineuse et presque perverse… Qui a dit qu’être l’élève d’un colosse diabolique était de tout repos… ?
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Aleanore
[Mais si on l’bat trop fort, ça passe ou ça casse ?]

Savait-elle en prononçant ces mots que le pire allait arriver ? Savait-elle que la provocation amènerait des gestes inconsidérés ? Stupide jeune fille qui ne sait pas se taire et se retrouve sans voix quand les azurs la braquent, il n’y a pas de peur dans le regard de la jeune fille, pas la peur de mourir, mais plutôt un réflexe animal qui la pousse à craindre les doigts qui s’abattent sur sa gorge. Et le halètement qu’elle tente de retenir n’a plus rien d’humain, la bouche entrouverte, happe désespérément l’air quand les doigts glissent le long de la peau fine de son cou, essayant de se focaliser sur les propos tenus par le colosse plutôt que sur les gestes qu’il ose. Un sourire s’esquisse, les mots, Aléanore, concentre-toi sur les mots, et elle se concentre, retenant l’endroit, plus facilement encore, puisque quand bien même la main a quitté sa gorge, la place est encore brûlante de son contact. Nez qui se fronce avant de sourire malicieusement.

-« Je n’ai pas peur de me salir, mais il est vrai que cela pourrait faire désordre. »


Et il sourit, il sait, et la certitude qu’il sait que ses gestes la dérangent, l’agace au plus haut point, et la jeune fille de se jurer de faire encore plus d’effort pour retenir des réactions déplacées ou qui pourraient révéler que ce qu’il lui fait l’affecte. Ne plus subir les hommes. Tout cela n’a pas d’importance, elle pardonne les gestes, ne gardant en mémoire que la leçon qu’elle pourra utiliser, approfondir. Les noisettes suivent discrètement le manège, hermine fébrile de se savoir encerclée, se savoir surveillée. Tête qui opine, quand enfin elle comprend. Penser haine, penser Eusaias, et à peine l’idée effleure-t-elle l’esprit que déjà, le sang se met à bouillir dans ses veines, effroyable constat que celui de la haine à l’état pur, effroyable et grisant pour la jeune fille qui jette un regard admiratif à la montagne de muscles en face d’elle avant qu’il ne reparte derrière elle. Soudain, la haine, la rage disparaissent, cédant la place à un frisson glacé qui court le long de sa colonne vertébrale quand la masse brune est divisée pour laisser passer la main du colosse. Et c’est un gémissement qui s’échappe des lèvres de la jeune fille, qui se mord la lèvre pour retenir un cri mal venu, tant pis pour elle, n’est ce pas ? Puisqu’elle a voulu apprendre, mais il sait.. Et c’est pire que tout de savoir qu’il est au courant et pourtant, il ose..Savait-elle que le pire arriverait ? Et elle sait quand la paume chaude se pose dans ses reins, et qu’elle sent le contact brûlant qui fait fi du tissu pourtant épais, elle sait à quel point sa provocation était stupide, et la lèvre est mordue au sang, tandis qu’elle tente de se concentrer sur les mots du Nerra alors que les doigts courent dans son dos, déclenchant frissons sur frisson, comme autant de seau d’eau glacée qu’on lui aurait versée dessus. Presque un réconfort, le geste brusque pour désigner l’emplacement qu’il faut viser pour accomplir le forfait. Et enfin, il s’écarte, laissant la jeune fille tremblante de rage, haletante de dégoût, à la limite de la suffocation tant les gestes l’ont choquée, si légers, si anodins et pourtant..

Et alors qu’il boit, l’envie de tester si les endroits sont les bons, la prend, les tester sur lui, lui faire payer l’audace de ses gestes. Etincelle haineuse qui se contrôle à grande peine, récitant silencieusement ce qu’elle vient d’apprendre, s’ajoute à ces endroits, ceux qu’elle a découvert par elle-même.. La tempe, l’aine .. Lentement, la rage régresse, laissant la place à une froide détermination, plus de frisson, de nouveau l’esprit a repris possession du corps rétif. Il faudra s’y faire, bon sang, foutu corps qui ne comprend pas qu’il faut savoir se plier, même si c’est dur. La question est posée, lâchée, jetée dans l’intimité de la pièce. Sans un bruit, la jeune fille se rapproche du colosse, et récupère la bouteille avant d’en avaler une bonne gorgée, imitant ses gestes volontairement, lentement, claquer de la langue pour apprécier le vin qui n’a rien de comparable aux vins de Bourgogne qu’elle buvait. Et la bouteille est remise dans la main du colosse avant de lui sourire froidement et de lâcher abruptement.


-« Qui ? Où ? Quand ? »

Tu sens Nerra ? L’envie de tuer ? La rage de tuer ? Silencieuse statue de marbre blanc qui tait le bouillonnement intérieur que les gestes esquissés ont provoqué, que même l’alcool n’arrive pas à atténuer, mécaniquement, les doigts se serrent et se desserrent sur le stylet, faisant crisser les bagues contre l’argent de la garde de l’arme. Oui, à l’heure actuelle, elle pourrait tuer le premier passant qu’elle croiserait s’il lui demandait, elle pourrait même tenter de le tuer s’il lui laissait la moindre chance. Au moment où les noisettes flamboyantes croisent les azurs métalliques, il n’y a dans le regard de la jeune fille que la rage de vivre et le désir de mort qui s’y logent, plus de raison à l’horizon. Sais-tu Nerra que je suis folle ?
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[Seule la pratique permet d’acquérir complètement le savoir…]

L’étincelle semble s’embraser alors que le liquide carmin s’écoule dans la gorge une seconde fois… A peine les mots se sont-ils envolés qu’il voit dans sa posture tout le mal qu’il a réussit à faire avec ses gestes… Deux mains suffisent à la glisser dans l’état où il voulait la mettre, juste là, devant la barrière ou cette haine, cette rage ne demande plus qu’à jaillir… Sourire qui se glisse au coin des lèvres, elle a encore le contrôle d’elle-même, mais elle glisse dans la bonne direction…
Pas un seul moment il a cru possible qu’elle puisse le blesser… Pas un seul instant ses muscles ne se sont contractés… Tout son corps aussi détendu que possible, attendant refus ou acceptation. Jeune demoiselle qui s’avance, lui vole sa bouteille d’un mouvement agile avant de boire comme lui dans une imitation presque parfaite…

Le sourire s’élargit face au ton que l’Alterac emploie pour lui répondre en lui fourrant l’objet de verre entre les mains… L’azur métallique pétille d’amusement. Bon choix Aleanore, très bon choix… Le goulot vient à nouveau rejoindre ses lèvres tandis qu’il réfléchit. Le regard détaille, fixe et découvre les informations à fournir au cerveau en ébullition qui, lui, laisse les idées perverses créer les scénarios adéquats pour son élève…
Une simple inspiration, il n’a plu de doute, elle est prête, comme le prouve le regard qu’elle lui lance… Alors il se penche vers elle, plantant son regard brûlant au fin fond des noisettes étincelantes pour les sonder… Chercher la moindre sensation qu’il lui impose en se retrouvant aussi proche de son visage… Son souffle balayant presque ses lèvres alors qu’il reprend la parole, comme si de rien était…


« Pas de noms… Pas de cibles…
Tu vas faire travailler tes méninges… Choisir les bons, et ce, sans que je sois là pour te guider. »


Nouveau sourire, il se redresse, lui tourne le dos, comme si de rien était… Comme si elle n’avait pas cette arme étincelante entre les doigts… Aucune confiance en elle, non, mais au contraire, toute confiance en lui. Peut-être jouera-t-elle de sa lame, mais pourquoi tuer le colosse qu’elle a choisi comme mentor pour savoir utiliser sa haine ?
La bouteille est déposée l’air de rien sur le rebord de l’âtre, les yeux plongent alors dans les flammes rougeoyantes, observant le bois se faire dévorer par les langues orangées… Et sa voix s’élève, plus basse, plus atone, plus… Cynique.


« Trois cibles simples… Qu’ils soient nobles, mendiants, ou simples paysans… »

La sénestre s’élève, lui laissant apercevoir la large cicatrice qui marque le dos de sa main, et les doigts se redressent l’un après l’autre alors que les mots fusent jusqu’à elle…

« Un vieillard… Un enfant… Et une femme prête à mettre au monde. »

Encore un sourire, beaucoup plus sadique cette fois, qui se glisse au coin des lèvres… Et doucement la montagne de muscles tourne sur elle-même, ramenant son regard emplit de cette folie pure sur le visage de son invitée et essayer d’y déceler l’horreur que sa demande pourrait inspirer à la plus normale des personnes… La tête se penche à peine sur le côté et il désigne sa main du menton avant de refermer ses doigts dans sa paume.

« Trois vies… Pour que continue l’enseignement… Tu as le temps qu’il te faut… Tout le temps. Et n’oublie pas, vois Eusaias en chacun d’eux.
Va maintenant, et reviens me voir avec des preuves de tes actes. »


A toi de prouver que tu as du cran petite étincelle… A toi de faire grandir ta flamme, de la nourrir… Brûle toi, consume toi, et devient ce que tu m’as demandé de créer.
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"Mercenaire rôliste, cherchant une troupe ? Contactez moi..." Zoko & Fablitos
Aleanore
[Tic, tac .. What u waitin’ for ?]

Arrête. Arrête de jouer Nerra ! C’est ce qu’elle voudrait lui cracher au visage quand le mercenaire s’amuse de ses faiblesses, et qu’elle voit son sourire s’éclaircir à la vue des défauts, des tressaillements, quand elle sent son souffle brûlant sur ses lèvres, la bouche de l’enfer, El Diablo, sa bouche si proche qu’elle pourrait .. La mordre d’un coup d’incisives, laisser un souvenir impérissable à celui qu’on dit tombeur, qui n’est au final qu’un mufle, mais quel mufle ! Le meilleur à dire vrai, et c’est parce qu’il est le meilleur, qu’elle reste là à le regarder se jouer d’un travers qui est à découvert, noisettes écarquillées quand elle apprend qu’elle va devoir tuer seule, sans personne, elle l’a déjà fait, oui, mais jamais pour.. Prouver quoi ? Qu’elle a bien retenu la leçon ? L’absurde de la situation l’arrache à la contemplation du Nerra qui lui tourne le dos, et le regard se porte sur la porte qu’elle devra franchir tout à l’heure pour obéir à un inconnu, et soudain, le Nerra ne lui semble plus si inconnu, comme familier, la haine rapproche.

Il lui tourne le dos, et elle pourrait mettre à application la leçon apprise, les noisettes parcourent le corps du colosse, cherchant l’endroit exact où la lame doit s’enfoncer. Et il criera comme un goret. Les noisettes s’illuminent de milles feux en imaginant le colosse hurler, un pas esquissé, deux pas, les bagues frottent sur la garde, trois pas glissés sur le parquet, quatre pas, la langue claque dans le palais, réflexe de chatte gourmande qui se demande quel goût à le sang des autres, les yeux parcourent le dos musclé à la recherche du point essentiel, et la voix s’élève arrêtant le mouvement. Museau qui se relève pour suivre le son de la voix, les mots lâchés, l’intensité. Le sourire s’étire sadique, mais d’un autre genre, plus cruel, un vieillard ? Quel intérêt, ils meurent très bien tout seul avec la chaleur qui va revenir. La bouche s’ouvre brusquement quand tombe les mots suivants. Un enfant.. L’innocence, victime d’une haine anonyme ? Ne pas penser à Alycianne, Cassian, Natsuki et Karyl..Ce n’est qu’un inconnu, et s’il faut qu’il meure, il mourra aussi. Déterminée et froide étincelle qui attend la suite, sagement, quand la dernière cible est nommée, c’est un rire de gorge qui s’échappe des lèvres de la jeune fille et sans fioritures, elle soupire d’aise. Avant d’opiner du chef machinalement, oui, du temps, c’est ce qu’il lui faut, et trouver les personnes. Sourire cruel qui erre sans façon sur le visage de poupée à l’idée de trouver la femme enceinte, mais cela ne doit pas courir les rues, mais elle a le temps, tout le temps. Et maintenant .. Elle doit partir, si vite, alors qu’il reste tant à apprendre, qu’il pourrait passer outre ce « test » et lui apprendre le reste, mais elle se tait, se contente d’acquiescer et sans un bruit, récupère ses gants qu’elle enfile lentement, avant de rajuster sa pelisse et de se diriger vers la sortie, porte ouverte sur l’avenir, sur le froid glacial qui n’atteint plus l’Etincelle brûlante d’un feu haineux, et alors que le premier pas vers la sortie est esquissée, elle se tourne vers l’intérieur, et envoie un baiser de la main, soufflé du bout des lèvres, avant de lancer dans le vent, murmure atténué par les jupes qui claquent.


-« Au revoir et merci Eikorc de Nerra. Au revoir. »


Et déjà, l’Etincelle a quitté les lieux, au loin dans le village de Saumur, les cloches de l’église sonnent sexte, est-il trop tard pour assister à la messe ? Hypocrite Aléanore qui s’en va confier son âme à Dieu comme tout bon croyant qui se respecte, hypocrite Aléanore qui vient de sceller un pacte avec le diable et se remet entre les mains du Très-Haut comme si de rien n’était.



[A l’aube du 29 janvier, quand le soleil et l’étincelle s’éveillent à la vie.]

Au revoir Saumur, à te revoir vite. Elles quittent l’Anjou les trois poupées, deux brunes de rouge vêtues et une blonde toute d’azur. Au revoir Saumur, tes ruelles me manqueront, car oui, les ruelles ont été arpenté à la recherche de la perle, cette femme enceinte qu’elle cherche tant, lui vouant une haine qui n’est pas très éloigné de celle que lui inspire Eusaias, pas de femme enceinte spéciale, toutes, toutes parce qu’elles peuvent et qu’elle ne peut plus. Alors Aléanore avait erré chaque matin, chaque soir, le coche avait attendu à l’orée de la ville, chaque matin, chaque soir, et jamais, de femme enceinte à l’horizon. Lassée, les affaires l’appelant, Aléanore avait fait contre mauvaise fortune, bon cœur et avait décidé de rejoindre le Limousin et la Marche comme prévu pour aller visiter sa terre, la terre aux framboises – terre qui deviendra par la suite, super célèbre, dites pas le contraire. – ainsi donc, c’est là que se trouve Aléanore Jagellon Alterac, dans les rues de Saumur à attendre que toutes soient prêtes pour le départ. A attendre, inlassablement que le départ ne vienne qu’elles arrivent à Concèze, terre promise, à errer dans les rues sans but, désespérer d’arriver à accomplir ce qui doit être fait, elle a le temps, il lui a dit, tout le temps, mais le temps ne va jamais assez vite pour l’Etincelle qui voudrait que tout arrive maintenant. Maintenant ! Et la mule délicate vient cogner contre une caisse accolée à une bâtisse, et la caisse de voler tandis qu’un gémissement s’en extirpe, les noisettes furibondes se posent sur l’origine du bruit et se calment quand elle aperçoit le garçonnet recroquevillé contre le mur.

Mélange de pitié, de condescendance et d’évidence, est-il seul ? Qu’importe .. Les plaies des pieds, des jambes, les vêtements bouffés aux mites, le visage crayeux et pourtant, dégoulinant de fange lui renvoient avec violence la perfection de son statut. Et pour la première fois de sa vie, l’Etincelle se sent grande, de cette grandeur qui étouffe les autres, quand elle voit son ombre recouvrir la silhouette frêle à ses pieds. Alors, l’orgueilleuse Aléanore de récupérer ses jupes à pleines mains et de s’accroupir devant l’enfant tremblant, le silence s’il n’est pas amical, a le mérite de n’être pas gêné, pas crispé, il y a de l’attente dans l’espace qui sépare le petit mendiant et la jeune noble, il y a de l’angoisse mais pas de celle qui rend méchant, celle qui attend un accomplissement, et l’accomplissement se fait, quand le petit se laisse tomber à genoux et glisse à quatre pattes vers la jeune fille avant de glisser en pleurant ses bras autour de sa taille, mots reniflés, sa mère est morte, son père est parti, affolé par la vérole, un instant l’envie la prend de l’embarquer avec elle, un instant. Et les mots du colosse qui reviennent en écho. « Un vieillard… Un enfant… Et une femme prête à mettre au monde. » Contre elle, le corps tiède de l’enfant. Venir au monde et déjà orphelin, les larmes s’apaisent sous les caresses distraites de la jeune fille, les mains quant à elles, errent lentement sur le corps du garçonnet où l’on sent les côtes à travers la maigre chemise. Alors Aléanore repense à Karyl, arrivé fiévreux, arrivé amaigri mais que son père avait soigné, de justesse, mais avait soigné. Constat effrayant, l’enfant est sale, maigre à en mourir, et couvert de plaies à vif que pourraient passer pour des morsures de rats, de la chair à charognard, voilà ce qu’elle tient dans ses bras, et l’Etincelle de vaciller à l’idée d’être contaminée par quelques miasmes présentes dans l’air, avant de se reprendre, de se rappeler les paroles d’Eikorc, un sourire résigné qui erre sur le visage de la poupée, qui serre contre elle le corps de l’enfant qui doit avoir l’âge de Cassian ou de Hugues. Et tandis que la dextre cajole l’enfant, la senestre vient cueillir le stylet dans le creux des seins, dans l’éclat naissant du soleil qui s’infiltre dans la ruelle, la lame étincelle, tandis que la main qui caressait le dos, vient glisser dans la nuque de l’enfant, les doigts font mine de caresser, et enfin trouvent la cible, la base du crâne, la lame s’élève, et c’est une déferlante de visages qui prend place dans l’esprit de l’Etincelle. Cassian, Alycianne, Karyl, Maelle, Gaspard, Mathias, Hugues, ronde infernale de figures angéliques, le poignet s’affaisse, la volonté régresse et l’enfant de s’inquiéter de ne plus sentir la douce pression des caresses. Et surpassant tous les visages, celui d’Eusaias, qui sourit, qui rit, qui se moque d’elle, son rire comme une râpe sur ses nerfs à vif, et la lame de s’enfoncer comme du beurre dans la nuque de l’enfant, gémissement étouffé dans les jupes de la jeune fille quand il expire son dernier souffle, l’étincelle n’a pas gémit, n’a pas crié.. A peine un frémissement quand elle sort la lame du corps du garçon et qu’elle se relève, contemplant comme dans un songe, yeux dans le vague, le cadavre d’un innocent qui aura payé de sa vie d’avoir croisé sa route, la tête oscille sur le cou fin quand les noisettes se posent sur la lame du stylet couverte du sang d’un enfant. Comment en arrive-t-on là ? Si facilement au final, et comme une litanie, dans son esprit, l’envie de tuer Eusaias, d’apprendre, la contraignent à essuyer la lame sur les frusques de l’enfant qu’elle tire vers le milieu de la rue, qu’elle quitte en courant avant de s’arrêter au bout de la rue. Il avait demandé une preuve, et la jeune fille de faire demi-tour, de contempler le corps, plus froidement, oui, c’est cela, Aléanore oublie qu’il y a quelques minutes, il pleurait dans tes bras, il te faisait confiance. Une preuve.. Quelle preuve ? Qu’est ce qu’un enfant à de particulier qui pourrait lui permettre de savoir que c’est elle qui l’a tué ? Et l’horreur des questions qu’elle se pose la saisit, et la jeune fille de ployer sous le poids du dégoût et de rendre le maigre déjeuner avalé avant de quitter Chasteau-Gonthier. La souillure au coin de la bouche est à peine essuyée d’un revers de la main gantée quand elle se retourne de nouveau sur le corps du garçon, et l’évidence la saisit, alors Aléanore se penche vers l’enfant et dans la fange de la ruelle de Saumur, coupe le pouce de l’enfant, le cœur au bord des lèvres, et quand la preuve est en main, enfin, elle se sauve de la rue. Rejoindre l’auberge, prétendre avoir glissé, ce qui expliquerait la boue sur sa tenue, mais d’abord laver ses mains..

(…)

Quelques heures plus tard, alors qu’Aléanore Jagellon Alterac quitte l’Anjou accompagnée de sa meilleure amie, d’une fillette, d’une servante et de sa chienne, un homme porte une missive scellée ainsi qu’une aumônière au domicile du Nerra. Dans l’aumônière, un pouce d’enfant tout juste coagulé et sur la missive quelques mots.


    Citation:
    Al Señor Eikorc de Nerra,
    Buenos Dias,


    On ne saurait avoir de meilleur maitre, aussi l’élève s’empressa-t-elle de mettre à application, la douce leçon. Sachez Nerra, que l’Etincelle ne vous oubliera pas, il en reste deux sur trois, et alors, vous entendrez de nouveau parler de moi.

    A vous revoir, que Dieu ou le Diable vous garde.

    Aléanore.


Les mains avaient été lavé et enserraient contre elle le petit corps d’Alycianne, présence rassurante, baume pour le cœur de l’Etincelle, qui au loin, regarde Saumur disparaître. Au revoir Saumur, à te revoir vite.
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La Rançon du Succès d'une Pouffy-girl
Aleanore
[Promenons nous dans les bois, ce vingt-deuxième jour de février à Concèze.]

Il n’y a des jours qui ne finissent jamais et d’autres qui se lèvent lentement, d’une lenteur calculée par le Créateur pour mettre à l’épreuve l’âme humaine. Et l’âme humaine se torture, s’use et abuse du temps, on ne rattrape pas le temps perdu. Encore un jour qui se lève, encore un soleil qui s’éveille sur Concèze, une aurore qui succède à une autre, retraçant les événements des jours passés, Aléanore se laisse faire par les mains de Clarisse, plus douces que jamais, elles dévêtent, lavent, cajolent et habillent un corps frêle et fragile, il ne reste que le corps, l’esprit est parti loin, dans les heures qui ont défilé. Les leçons d’équitation se sont achevées avec le départ du Chevalier de Vergy et du jeune Faucon pour le Maine, et son départ prochain pour l’Armagnac et Comminges. Et les jours sont redevenues les mêmes, partagés entre les sorties de la damoiselle sur ses terres et les veillées du soir.

Et sous les doigts de Clarisse, Aléanore se laisse guider, paupières fermées sur les fenêtres de l’âme humaine qui voit le temps défiler, trop vite, trop lentement, comme un amant inassouvi qui ne se lasse jamais de faire souffrir milles morts et de promettre milles trésors, et le temps, unique amant d’Aléanore, l’oppresse et l’angoisse, partagée entre délice et délire, mettant bout à bout ce qui lui reste à faire pour venir à bout de Lui. Sa haine à elle, son amour à lui, une infinité de sensations pour enfin mourir de voir la vie le fuir. Encore un jour qui se lève sur une Aléanore calme et résolue, qui mentalement repasse chaque étape de cette journée, il y aura la chasse, et après, l’entrainement comme le lui ont conseillé Maleus et Eikorc, comme elle a vu sa sœur et sa mère le faire tant de fois, pendant ce temps, Lison préparera le repas, repas qu’elle ne mangera qu’à grandes peines pour prendre des forces et éviter de nouveaux malaises, et ensuite, il faudra aller inspecter les terres pour voir si les pommiers seront assez forts pour tenir un an de plus, si le bétail se porte bien, et enfin, revenir, subir les sempiternelles réclamations des paysans, ses paysans, peut être ceux de Saint Sornin qui viendront s’enquérir de la venue prochaine de sa sœur sur ses propres terres. Tenir les registres, autant de détails qui l’épuisent mais la font vivre, font vivre Concèze, la terre aux framboises qu’elle veut florissante, qu’elle veut étincelante. Et ensuite, il y aura la veillée du soir, avec Clarisse et Fiora à écouter les histoires de sa camériste, babillage rafraichissant mais futile, et finalement, le coucher, encore un jour qui se couche..

-« Vous voilà prête ma Dame. »

Les paupières s’ouvrent paresseusement et les noisettes glissent avec langueur sur le visage de la bourguignonne, provoquant un rougissement inexpliqué chez la camériste, et sans un mot, Aléanore quitte la chambre pour rejoindre les écuries où Bélial est sellé et ravage déjà sa stalle pour en sortir, se dépenser. Tout n’est qu’une question de liberté bien trop conventionnelle, cette impression de pouvoir gagner des pays inconnus sur le dos de son étalon, cette impression de pouvoir tout laisser derrière, d’oublier, qui prend fin quand prend fin la chasse. Et Hugues, déjà, s’approche suivi de quelques domestiques portant les cages où couinent les furets, sourire cruel sur les lèvres de la jeune fille.

-« Ce midi, nous mangerons du lapin aux framboises ! En avant ! »

Et la jeune fille de monter sur l’escabeau placé devant son cheval pour se hisser dessus. Ridicule ? Peut être, mais ainsi, dépasse-t-elle tous les hommes de sa troupe et cela suffit à la contenter, et enfin, le départ noyé sous le déluge des récriminations des hommes qui lui expliquent que c’est une chance s’ils trouvent un lapin puisqu’en ce moment, sévit un braconnier invisible qui tue lapins et perdrix. La tête comprimée dans un étau, la jeune fille se prend à vouloir appeler sa sœur à la rescousse pour chasser ce braconnier et soulager ses gens, les faire taire aussi, pas qu’elle ne les aime pas, mais s’ils pouvaient se contenter d’apprécier l’instant sans le couvrir de balbutiements inutiles, elle ne les apprécierait que plus. L’avantage quand on est suivi par des gens à pieds et qu’on est sur un cheval, c’est qu’on peut les distancer, et c’est ce qu’Aléanore fait en commençant à talonner l’étalon qui d’un mouvement de tête lui arrache les brides, c’est la peur qui devrait primer quand elle se retrouve couchée sur l’encolure de l’animal, et qu’elle n’entend plus que les hurlements de ses gens, mais soudain, elle comprend pourquoi sa mère et sa sœur aime tant chevaucher, enfin, ça c’est ce qu’elle pense avant que l’étalon ne l’entraine dans un bosquet et qu’au moment où il trébuche dans une ornière, la jeune fille se retrouve expédiée au sol en moins de temps qu’il ne faut pour crier « C’est moi qui décide. »

Alors qu’elle se relève pour tancer vertement l’étalon dès qu’elle le retrouvera, la jeune fille comprend que ce qui a fait trébucher l’animal n’est pas une ornière mais une besace, élimée d’ailleurs, et les noisettes de fouiller plus encore, et de tomber sur un lapin pris dans un collet qu’essaye de détacher fébrilement une personne dissimulée sous une cape au moins aussi vieille et abimée que la besace. Le braconnier. Sourire teinté de fierté, tu parles d’un invisible ! La carrure et l’air gauche de l’homme la rend soudain septique, pourquoi personne ne l’a jamais attrapé et enfin, en même temps que l’aplomb, c’est son autorité toute noble qu’elle retrouve, la main gauche vient cueillir le stylet entre les seins, tandis que la droite se plante sur l’épaule du pitoyable braconnier qui n’a pas l’air de vouloir se tourner pour montrer sa trogne, exaspérant plus encore la jeune fille qui tire en arrière le voleur ou plutôt la voleuse, puisque le visage qui lui fait face est celui d’une femme où seules les larmes prouvent qu’elle est encore vivante tant le teint est livide. Les noisettes jaugent le fameux braconnier et quand elles se posent sur la silhouette lourde, elle comprend pourquoi il était invisible, qui aurait accusé une femme enceinte, soudain, c’est la rage qui la prend quand sans un mot, elle gifle la femme, car oui, c’est de la rage qu’il y a en Aléanore, la rage de savoir qu’on la vole alors que comparée à certains nobles qui ne se préoccupent même pas de leurs serfs, elle, les reçoit chaque jour pour écouter leurs griefs, leurs plaintes, quand à chaque messe, elle fait porter quelques miches de pains à l’Eglise et ils la remercient comme cela, ces ingrats, en la volant ? Les coups pleuvent sans cesse sur le visage de la future mère, et quand enfin, ils s’arrêtent ce n’est que parce qu’Aléanore cherche le nerf de bœuf qui a du voler avec elle dans les fourrés.

Impossible à retrouver et puis tant pis, elle continuera à coups de pieds, oui da ! Quand elle se retourne vers le corps de la braconnière, ce n’est qu’une femme épuisée au visage rougi par les gifles qui lui fait face, à la respiration haletante, et loin d’apitoyer la jeune noble, ce ventre ostensiblement proéminent l’enrage, elle voit rouge l’Etincelle, comme le rouge qu’elle n’a pas vu couler entre ses cuisses depuis un moment, même si cela la rassure en un sens, il n’y a pas eu d’enfant conçu durant la nuit de Mâcon, mais depuis cette nuit, les jours défilent sans que plus jamais ses draps ou ses linges ne soient souillés de son sang. Jamais. Et si Clarisse et Lison n’en disent mot, elle sait, ce que cela peut vouloir signifier, c’est qu’elle ne sera jamais mère, elle ne sera jamais vraiment femme à cause d’un homme. Elle n’aura jamais de ventre rond, et elle, en face, qui se gargarise, qui utilise sa bedaine pour passer inaperçu, qui ruse, qui abuse.


-« Pourriture ! »

Et le pied est envoyé dans le tibia de l’odieuse engrossée, et la grimace de dégoût se transforme en sourire cruel quand elle entend la future vache laitière en puissance ahaner de douleur. Comme une litanie sauvage qui revient à l’esprit, les mots du Nerra, les noisettes se portent sur le stylet toujours dans sa main gauche, puis sur la femme qui tente de se relever, la main droite empoigne la chevelure et tire la tête en arrière dégageant la gorge de la femme dans laquelle, elle enfonce la lame d’un coup sec provoquant un hoquet de la part de la victime qui s’agite faiblement, la lame est retirée, entrainant à sa suite du sang qui lui éclabousse le visage, gouttes vermeilles et chaudes qui coulent sur ses joues comme autant de larmes de douleur. Et la femme en face de continuer à s’agiter dans ses gargouillements, constat qui soudain fait perdre son sang-froid à la jeune fille : Elle n’est pas morte, elle agonise lentement. Les paupières se ferment pour essayer de se souvenir des mots exacts du colosse, et enfin, la lame vient trancher de façon nette et rapide la gorge de celle qui ne sera jamais mère.. Comme elle, et dans un bosquet limousin, deux femmes tremblent, l’une d’effroi, l’autre de froid parce que la mort la gagne. Agenouillée près du corps de sa victime, Aléanore prie, adresse au ciel non pas une supplique, mais une moquerie, puisqu’alors qu’elle était innocente, on l’a privée de ce don, il était normal qu’elle le fasse à son tour, puisque le Très-Haut ne l’aide pas, elle doit s’aider elle-même. Soudain, un bruit la tire de sa prière, l’étalon revenu sur ses pas qui renâcle en sentant l’odeur du sang et de la mort, le sang sur ses mains, ses vêtements, son visage, bien trop pour qu’elle prétende l’avoir trouvée dans l’état, les noisettes vont du corps à la gorge de la morte, et si la garde du stylet est essuyée vivement sur les frusques de la femme avant de réintégrer les replis sages de la robe, ce n’est que pour mieux relever les jupes et détacher de la cordelette passée à sa taille, l’égorgeuse offerte par Maleus, la robe est ouverte sur le devant, la chemise crasseuse déchirée en son milieu, révélant dans toute sa perverse splendeur, le ventre distendu par l’enfant qui ne sent même pas que sa réserve de nourriture est entrain de s’éteindre, et sa vie avec.

Et quand la lame de l’égorgeuse s’enfonce dans la chair avec un bruit mat, Aléanore sait qu’elle n’est pas faite pour cela, quand la peau s’ouvre juste au dessus du nombril, et que du sang coule sur les parois de la plaie béante comme la gueule de l’enfer, elle a le cœur au bord des lèvres mais ne reculera pas, l’égorgeuse est lâchée et les mains s’enfoncent dans la chair tiède de la morte pour en sortir le placenta et le bébé, sans un regard pour ses manches désormais perdues alors qu’elle commence à tirer pour décoller le placenta, pas faite pour être sage-femme non plus, les nausées retenues quand elle se retrouve avec la petite poche et le petit corps dans les bras le confirment, on dirait un poulpe sans tentacules cette poche, l’égorgeuse vient crever la poche et le liquide amniotique se déverse dans un bruit d’eau caractéristique sur les genoux de la jeune fille qui réprime une grimace de dégout, mais déjà, on entend le bruit des chiens qu’ils ont été cherché au village pour retrouver la dame de Concèze, perdue surement, la lame vient trancher un segment du cordon ombilical qu’elle glisse dans son mouchoir puis dans son escarcelle. La lame de l’égorgeuse est nettoyée, essuyée, l’arme rangée, et le stylet est ressorti en même temps que les cris s’échappent de la bouche de la jeune fille qui tient le cadavre du fœtus contre son sein, achevant de salir sa tenue.

-« Vite ! Je suis ici ! Hugues ! »


Et les cris de redoubler de plus belle au fur et à mesure que la mine se fait triste, angoissée, choquée, mine de circonstances pour cacher les nausées. Enfin les hommes arrivent, trouvant une Aléanore à la mine livide aux mains couvertes de sang, aux jupes humides, tenant contre elle un bébé même pas viable, devant le corps égorgé et éventré de la mère de celui-ci. Et les mots de glisser, murmures brisés de la jeune fille qui semble osciller aux prises avec l’horreur.

-« Je l’ai trouvé là, éventrée, j’ai cru.. je croyais .. Je ne savais pas qu’il était trop tard pour le bébé aussi.. »

Et la tête fine de se pencher vers le corps violacé du petit corps, prise d’un frisson nerveux que vient recouvrir d’une cape, le serviable Hugues qui retient tout commentaire, tandis que les hommes, déjà, s’interpellent pour préparer un brancard, s’échangeant des remarques sur les circonstances du décès, quand soudain l’un d’eux trouve le collet et le lapin encore à moitié pris dedans, la rumeur commence à circuler, c’est l’œuvre du braconnier invisible. Les yeux gris du petit cocher croisent les noisettes de la jeune noble serrant toujours l’enfant contre elle, implacables noisettes qui fixent le jeune garçon, et les paroles suivantes, si elles sont murmurées sont des ordres.

-« Ramène moi Hugues, je suis lasse. »

Il n’y a pas plus de mots échangés sur la route, finie la chasse. Les cris horrifiés des domestiques quand elle rentre au domaine lui vrillent le cerveau, et quand les hommes rentrent, la rumeur s’intensifie, le braconnier a égorgé et éventré une femme enceinte sur les terres même de Concèze, plus personne n’est à l’abri. Aléanore acquiesce docilement quand Lison lui conseille de ne plus aller chasser les jours précédant son départ prochain, trop occupée à saisir toute l’intensité du regard que jette Hugues à Clarisse, Clarisse qui se tourne vers elle et ouvre la bouche en grand avant de la refermer rapidement quand elle croise le regard que lui jette à son tour Aléanore, avant de lui demander de l’aider à se dévêtir, n’a-t-elle pas dit qu’elle est lasse ? Et bien tant pis, pour les paysans, aujourd’hui, Aléanore dormira, elle a vu la mort de près, personne ne l’en brimera, même pas ceux qui savent et se taisent depuis trop longtemps déjà. Et quand sa tête se pose sur l’oreiller et que l’opium endort ses pensées, plus rien n’a d’importance même pas le ventre rond qui revient la narguer avant que l’oubli ne l’entraine.

[Le point de non-retour, la Terre des Géants, quelques jours plus tard.]


Il y avait eu nombre de rumeurs à propos des activités des Zokoistes à Sémur, et aucune n’intéressait pourtant le coursier venu porter une missive et une petite bourse à l’un des chefs. Et finalement, il se décide à laisser l’ensemble à l’aubergiste de l’endroit en lui demandant de remettre tout cela seulement à Eikorc de Nerra. Dans la bourse, un morceau séché de cordon ombilical, et un bout de vélin arraché à un panneau municipal concernant le meurtre sauvage d’une femme enceinte. Sur la missive accompagnant la bourse quelques mots.

Citation:
Hola Nerra,

Elle portait une petite fille. A une prochaine fois, jamais deux sans trois.

A.
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