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Disparition d'Ashlaan

[RP] Tchao pantin...le marionnettiste a coupé tes fils.

Zoyah

Les illusions amères…



Un matin d’hiver comme tant d’autres où le givre recouvre la vitre d’une chambre, posant une dentelle de glace sur le verre fumé de la fenêtre. De ces milliers de cristaux, se formaient lignes et courbes comme si l’Hiver se plaisait à peindre sa froide émotion sur les yeux des maisons Castelroussines.

La pièce, dont les occupants étaient encore chaudement dissimulés sous d’épaisses couvertures de Dalmatie, est chaleureuse et confinée. De lourdes tentures colorées recouvrent les murs de pierre épais, tâchant de tenir hors de la demeure le froid tranchant de la saison blanche. Le feu de la cheminée se serait presqu’éteint si une personne bien attentionnée ne l’avait pas nourri de fort bonne heure ce jour là. La chambre avait alors conservé toute sa chaleur.

Le visage enfoncé dans son oreiller de plume, Zoyah dormait paisiblement d’un sommeil profond et réparateur. Ce n’est que les aboiements du Saint-Hubert résonnant dans la cour intérieure qui l’extirpèrent de sa léthargie nocturne. Le chien avait pris en chasse un petit mulot et le traquait dans tout le jardin. Il avertissait ses maistres de la voix afin qu’ils sachent qu’un petit voleur de noisettes tentait une échappée. Les yeux encore clos, dans un geste presque machinal, sa main liliale tâte le lit à la recherche du corps doux et chaud de l’être aimé afin de s’y blottir tendrement et d’obtenir les caresses ardemment désirées qui faisaient leur quotidien. Elle ne rencontre que l’étoffe froide et dure des draps à la place du torse imberbe de son amant. La jeune femme, la chevelure ébouriffée et les yeux encore gonflés de sommeil, se redresse brusquement....
Ashlaan ?... appelle-t-elle d’une voix douce et encore endormie.

Pour toute réponse, un lit vide de la présence du Magyar...et un silence presque pesant. Zoyah se frotte le visage afin d’en faire fuir toute trace de fatigue. Ashlaan ?... insiste-t-elle plus fort avec une pointe de contrariété.

Puis sa main fine et blanche frôle une feuille de parchemin déposée sur le lit. Un mot de lui, l’informant qu’il doit se rendre au sud de Châteauroux afin de semer et d’orienter sur une mauvaise piste ses soi-disant poursuivants. Un soupire désabusé et incrédule franchit la barrière velouté des lèvres de Zoyah. Cette histoire...elle avait du mal à y croire...mais l’habile menteur savait se montrer persuasif. A ces quelques mots qui ont noirci avec application le vélin, il a joint un poème en hongrois ...promesse mensongère et cruelle d’un avenir radieux....et une touche d’ironie comme il savait si bien la manier… « Je vous le traduirais à mon retour, mais il faudra vous montrer patiente »...



Zoyah két szemem,
olthatatlan szenem,
véghetetlen szerelmem,
Zoyah víg kedvem
s néha nagy keservem,
örömem és gyötrelmem,
Zoyah életem,
egyetlenegy lelkem,
ki egyedül bír vélem.
Zoyah hasonlítja a Szerelemhez,




La jeune femme rangea soigneusement ce billet doux parmi les autres, dans un petit coffret d’ébène où elle les conservait amoureusement. Elle avait hâte de le voir revenir, surtout qu’il fallait qu’elle lui parle de l’enfant à venir avant qu’il ne s’en aperçoive tout seul. Afin de ne pas trop y penser, Zoyah vaqua à ses occupations en attendant le retour espéré de son aimé.

Elle attendra longtemps, l'esprit torturé par des illusions amères...celles de le revoir un jour...

_________________
--Jonas.l.assommeur
[Deux semaine plus tard...village de Crozant entre Guéret et Châteauroux]





Jonas abandonna sa charrette à l’entrée du village. Une tape sur la croupe de la jument comtoise nommée Bella afin de la remercier de la course. L’homme lui abandonne gentiment une brassée d’avoine afin qu’elle patiente en attendant qu’il revienne.

La foire aux bestiaux de Crozant se déroulait une fois par mois, le dimanche matin. C’était la sortie dominicale du quinquagénaire qui ne s’octroyait que rarement quelques loisirs. Il partait dès l’aurore afin d’arriver suffisamment tôt au village qui se situait exactement à la frontière entre le Limousin et le Berry. Il pouvait ainsi bénéficier d’un bon emplacement pour stationner sa charrette et la jument que Zoyah avait concédé à acheter afin de l’aider dans ses travaux du quotidien. La brave bête lui était d’une grande utilité et sa force compensait largement l’âge avancé de Jonas. Il la choyait encore plus que les fringuants coursiers qui piaffaient dans l’écurie du Val.

Pénétrant dans la bourgade de son éternel pas lourd, il posait un regard curieux sur les différents animaux exposés. Il ne pouvait s’empêcher de faire quelques commentaires à voix haute, déclenchant parfois l’hilarité générale ou bien s’attirant les foudres de quelques marchands. L’air mal aimable qu’il affichait constamment le préservait des attaques commerciales de certains vendeurs peu scrupuleux. Il était encore tôt, mais ils y allaient déjà de la voix.


- Venez voir mes bœufs ! Avec de pareilles bêtes vos champs seront labourés en un clin d’œil !

- Combien pour la mule ?

- Mais ce cheval est une carne…quelle honte de le vendre à ce prix là !

- Je ne vous permets pas !

- Affaire conclue ! Vous ne serez pas déçu ...


Jonas vadrouilla tranquillement entre les différents stands. Appréciant tour à tour certains animaux, critiquant certains vendeurs, échangeant des conseils avec quelques éleveurs ou conseillant certains acheteurs. C’était son petit moment de détente, celui où il laissait parler son savoir. Il rencontra également son ami Pierrot avec qui il discuta des nouvelles du coin autour d’une chope et d’un morceau de fromage dans une taverne locale.

La journée était bien étamée et Jonas poursuivait son errance distrayante lorsqu’un cheval en particulier attira soudainement son attention. L’hennissement caractéristique et reconnaissable entre milles d’un étalon le fit bondir. Il se fraya un passage jusqu’au cheval gris en poussant violement les promeneurs qui se trouvaient sur sa route.

Arrivé devant le comptoir, il ne put échapper qu’un
Hamut !! ??...sur un ton complètement ahuri. Il tenta alors de s’approcher de la bête lorsque le vendeur s’interposa…
--Remy_fatrouillet


C’était bien la première fois que Remy Fatrouillet, simple cultivateur de maïs se rendait à la foire de Crozant afin d’y vendre des bestiaux. Un superbe étalon plus précisément. Il était vraiment pressé de se débarrasser de l’encombrant animal qui lui était tombé du ciel par un bel après-midi de janvier. Ce jour là, il se rendait chez le forgeron afin de faire aiguiser sa faux. Afin de gagner du temps, il avait coupé à travers les sous-bois qui étaient depuis lors, vidé de toute présence ennemie.

Ce fut d’abord quelques grognements qui ne manquèrent pas de l’effrayer, qui l’interpelèrent. Puis…se fut des hennissements presque plaintifs qui percèrent le silence de la forêt. Le paysan s’approcha discrètement, redoutant de découvrir quelques brigands ou soldats à la traîne. Il tomba alors sur ce magnifique cheval attaché à un arbre et tirant sur la longe comme un forcené. Depuis combien de temps était-il là ?…Au moins deux jours s’était dit Remy. La bête tremblait comme une feuille, l’œil apeuré et visiblement complètement assoiffé.

L’approche ne fut pas aisée...l’étalon donnant quelques ruades afin de se protéger, mais à force de patience et de persévérance, le brave homme était parvenu à la ramener jusqu’à sa ferme.


L’es pas à nous c’tanimal ? Où c’est qu’tu l’a trouvé l’Remy ?s’était alors inquiétée sa femme.

On va nous accuser de l’avoir volé !... gronda-t-elle les mains sur ses larges hanches

J’allions pas l’laisser là tout de même ! s’exclama le mari.

Son maître n’était point dans l’coin...il a même laissé cette besacejetant un sac de cuir sur la table dont le contenu ne sembla guère les intéresser.

J’va m'renseigner d’main au village...on va l’nourrir et si j’mais personne ne l’réclame...ben j’allions l’garder ! Y m’aidera aux champs !...dit-il la mine réjouie.

Mais personne ne signala la disparition d’un étalon ibérique gris…

Personne ne vint le réclamer…

Personne ne vit le propriétaire...

Remy en conclut qu’il devait être la monture d’un soldat limousin fauché par la mort.

Heureux de sa trouvaille, pensant que c’était là un coup de pouce du Très-Haut, il tenta bien d’en faire une bête de somme, mais on n’use pas d’un destrier comme d’un bœuf. De plus, il manquait au paysan les connaissances nécessaire pour apprivoiser un tel animal…

Découragé par les éternelles rebiffades de l'étalon, il prit la décision de le vendre à la foire de Crozant. Avec les écus gagnés, il pourrait s’acheter une paire de bœufs et certainement quelques chèvres.

Afin de le vendre rapidement, il en proposait en prix bien en deçà de sa réelle valeur. Cependant, la foire de Crozant était fréquentée essentiellement par de simples gens de la terre qui n’avaient que faire d’un tel cheval.

Découragé, il s’apprêtait en rentrer chez lui lorsqu’un homme se précipita et s’écria…



Hamut !!


Remy sursauta…"oh non"...songea-il…"il doit être le propriétaire…quelle déveine"…

Pour l’appeler Hamut...va falloir me l’acheter ...opposa-t-il de manière obstinée et faisant fi du regard noir de son interlocuteur.

Eh…tu n’croyions pas que j’allions te’l donner !...répliqua-t-il sèchement…
--Jonas.l.assommeur


Jonas n’en crut pas ses oreilles lorsque l’homme lui demanda de lâcher ses écus afin de reprendre le cheval. Il vira à un rouge intense et ses yeux charbons se durcirent comme jamais. C’était bien l’étalon d’Ashlaan, à n’en pas douter, mais que faisait-il là, entre les mains de cette personne. Complètement abasourdi, l’homme à tout faire du Val se contenta de caresser l’animal, ignorant sciemment les protestations du paysan.
Puis ce dernier, sentant que l’affaire virait au vinaigre, tenta le tout pour le tout et en demanda une certaine somme…


Jonas le fusilla du regard…c’est une bien trop faible somme pour que tu ais acquis le cheval de manière honnête.

Ashlaan ne serait jamais défait de son cheval volontairement, Jonas en était certain.
Il ne s’était jamais vraiment préoccupé du couple que l’étranger formait avec sa maitresse, et encore moins, de l’histoire qui avait provoqué un certain trouble. Lui…il avait appris apprécier le jeune Magyar, lorsque ce dernier le soustrayait à ses corvées quotidiennes afin qu’il l‘accompagne à la chasse. Jonas avait remarqué les talents de chasseur aguerri que déployait Ashlaan en fin limier qu’il était. Ce fut là, les seuls réels échanges qu’il eut avec le compagnon de sa maistresse.

Tout cela avait comme un goût d’étrangeté qui ne lui plaisait guère.


Où l’as-tu trouvé !…cracha-t-il au paysan. L’homme balbutie, insiste bien sur le fait que c’est son cheval, mais n’apporte aucune explication qui aurait étanché la soif de savoir du grand bonhomme.

Parle ! Où l’as-tu trouvé ?!

Ce cheval ne t’appartient pas…tu n’as pas le droit de le vendre !…
proteste Jonas qui ne décolérait pas face à ce qu’il pensait être une malhonnêteté.

Où est son maistre ?...Où est sire Ashlaan ? …tandis qu’il maintenait l’étalon par la bride, il saisit le paysan qui tentait de se dérober, par le col.

Le paysan qui d’abord s’était défendu avec hargne, commençait à émettre quelques gémissements plaintifs.

Et déjà, une foule dense, avide de sensations fortes, les encerclait.
--Remy_fatrouillet



Le cœur du paysan battait à tout rompre, à tel point qu’il crût sa poitrine sur le point d’exploser. Il se remémorait les paroles de son épouse, Bérénice, lorsqu’elle l’avait mis en garde et prévenu que ce cheval ne serait qu’une source d’ennuis. Il luttait pour ne pas prendre les jambes à son coup, refoulant le plus possible son envie de fuir. Il lui fallait faire face, sinon, c’était comme avouer qu’il était en faute. Remy avait toujours été un homme honnête, même dans les pires épreuves de la vie et de sentir peser sur lui le poids de la suspicion, l’accablait au plus haut point.

Il voyait bien que l’homme ne prêtait guère attention à ses contestations et déposait sur lui un regard accusateur, alors il fit une tentative et proposa à ce dernier une somme dérisoire pour l’étalon. La réponse fut cinglante...


C’est une bien trop faible somme pour que tu ais acquis le cheval de manière honnête.

Remy Fatrouillet blêmit ...Allons ! j’suis point un coquin d’voleu’ ! J’avions reçu ce chwal du Très-Haut ...l’avions mis su’ ma rout’ et cétout ! ...protesta-t-il sans réelle conviction.

Où l’as-tu trouvé !

Remy tente de se saisir de la longe d’Hamut....Ohh...va-t-en ! Il pousse Jonas afin de l’éloigner du cheval.

Laisse-moi ! Puisque j’te dis que c’est un cadeau !....si tu voulions point me l’achter ! Passe ton ch’min l’étranger !...la voix légèrement tremblante, illustre parfaitement l’inquiétude et la peur qui habitait Messire Fatrouillet.

Son visage grossier était passé d’un blanc livide à un rouge coléreux, mais Jonas en avait cure et l’interrogeait sans ménagement.

Remy commença à fléchir. La hargne de l’étranger opposé à sa faiblesse de cul-terreux l’emporte aisément. Le paysan bafouille, se répète inlassablement sur le fait que ce cheval lui est tombé du ciel et qu’il ne l’a pas volé. Dans un sens, c’est un peu vrai...mais ce n’est pas la réponse que Jonas attend.

J’ t’dis que j’suis point un voleu’ !

Excédé par les paroles vides d’information du pauvre Rémy, le quinquagénaire retient fermement le cheval par la bride d’une main possessive afin de marquer ses intentions quant à l’animal. De l’autre main, ,il saisit le paysan par le col pour qu’enfin il daigne l’éclairer sur cette curieuse situation.

Remy n’étant pas de nature violente commence à s’apitoyer sur son sort. Honteux, il sent courir sur lui les regards curieux de la foule.

Lâche-moi ! J’t’dis d’m lâcher ! J'suis qu'un pauv' paysan...point un voleu' ....mais au lieu de ça, l’homme au regard noir ressert un plus son étreinte.

Alors, Remy Fatrouillet, effrayé et désemparé, se cramponne à la gorge de Jonas afin de l’obliger à lâcher prise.

La bagarre est imminente...

Certains badauds agglutinés autours des deux protagonistes commencent à prendre des paris. D’autres tentent de s’interposer en vain en tentant de leur faire entendre raison.

Une femme s’empresse d’aller prévenir la maréchaussée.
--Le_chef_marechal_gaspard


Au Sanglier Hardi, la taverne du village...


Qu’est-ce que je vous sers ?

La voix gutturale du tavernier s’élevait dans la modeste pièce qui faisait office de taverne, tandis qu’il s’affairait autour de ses clients. La foire de Crozant était une manne pour lui. Sa gargote, malgré son aspect peu reluisant, ne désemplissait pas de toute la journée. Il parvenait même à louer quelques places dans sa grange pour ceux qui souhaitaient y dormir.

Dans un coin de cette salle sans artifice, le maréchal Gaspard jouait aux cartes avec quelques habitués à la mine débonnaire. Les visages rubiconds était concentrés sur la partie en cour.


Alors Bruno?!...Tu mises ?...demanda avec une pointe d’impatience le Chef-maréchal Gaspard tout en peignant une expression confiante sur sa face charmante.

Il gagne comme à son habitude. Il empoche les écus comme toujours. On le dit roublard. On aurait bien raison, même s’il est bien connu que par définition « On » est un con.

Je ne sais pas trop...hésite Bruno en lorgnant sur ses cartes. Son jeu, visiblement, n’était pas à la hauteur de ses espérances. Il fit rouler des yeux inquisiteurs sur toute la tablée.

Gaspard s’étale alors avec nonchalance sur sa chaise. De sa main droite, il maintient ses cartes contre sa poitrine afin de les cacher aux regards des autres joueurs. De l’autre, il porte sa chope à la bouche afin de se rafraîchir le gosier. Il garde un œil méfiant sur ses compères. Sait-on jamais, ils pourraient tricher. Alors qu’il essuie sa petite moustache mousseuse du bout de sa manche, une femme fait irruption dans la taverne.


Maréchal Gaspard ! Maréchal Gaspard !

Venez-vite ! Il y a une bagarre ! L’homme Fatrouillet se fait malmenter par un gars qu’est pas du village !...
.
le ton se fait volontairement alarmiste. Il faut au moins ça pour le maréchal abandonne une partie de cartes où il gagne.

Ohhh....encore une bagarre d’ivrognes ...grogna-t-il en jetant avec deception son jeu sur la table. Il empocha rapidement ses gains avant que ses compères ne protestent. Vissant son couvre-chef au sommet de son crâne....Messires, je vous laisse et merci pour la partie, mais le devoir m’appelle !....ou plutôt les corvées.

Réajustant son uniforme de maréchal, il se tourna vers la femme...conduisez-moi, s’il-vous-plaît !



Devant le stand de Remy Fatrouillet...

Les deux hommes étaient toujours en train de s’empoigner. Les coups n’étaient pas encore tombés. Le plus grand, celui qui n’était pas du village, semblait menacer le plus petit. Remy, quant à lui tâchait de se débattre afin d’échapper à son bourreau.

Poussez-vous ! ....beugla le maréchal à l’attention des promeneurs, chalands et autres badauds qui se massaient autours des deux hommes avec une curiosité presque malsaine.

Tout le monde connaissait le maréchal Gaspard. Et c’est tout naturellement que les plus belliqueux qui incitaient les deux hommes à se battre, se turent. Les gens se poussèrent afin que le Maréchal puisse se frayer un passage jusqu’à Jonas et Rémy.

Dans un premier temps, il les sépara brutalement à l’aide d’un gourdin. Effectivement, quelques coups de bâton plurent afin de les forcer à lâcher prise.

Gaspard les toisa d’un regard volontairement sévère...
j’attends que l’on me fournisse des explications ! ...ordonna-t-il.

Il se tourna alors vers Rémy qui était tout penaud et qui lui était familier....Remy ...explique-moi tout !...Quant à vous, tenez-vous tranquille !...à l’attention de Jonas qui se frottait le bras endolori par les coups de matraque.

Remy tenta tant bien que mal de raconter toute l’histoire....de comment l’étranger l’avait pris pour un voleur et voulait récupérer le cheval. Néanmoins, il n’évoqua pas la manière dont il avait obtenu le bel animal.
--Jonas.l.assommeur



Jonas n’était pas un adepte des manières fortes, mais son caractère un peu sanguin pouvait parfois lui jouer des tours. Lisant une certaine terreur dans le regard sombre du paysan, il réalisa un peu tardivement qu’il ne s’y prenait pas de la bonne façon. Un petit interrogatoire discret, quelques paroles courtoises et gestes affables, mais surtout une bourse bien remplie auraient certainement eu raison des réticences du bonhomme. Les mains du paysan sur sa gorge, à peine il les sent, presqu’une douce caresse pour cet endurcit de la vie.

Quelques cris fusent de la foule...


Vas-y Remy ! Défend-toi, cogne-le !


Léger moment de flottement où l’homme à tout faire du Val comprend qu’il a agit trop brusquement et que les villageois risquaient bien de lui faire payer durement cet excès de violence.

Soudain, une vive douleur se fait ressentir au niveau du bras qui maintenait Remy. Instinctivement l’homme bourru abandonne ses prises, et le paysan, et l’étalon, afin de se protéger des coups qui lui tombent douloureusement dessus. Il ne voit pas qui le cogne, mais sait que le paysan en prend également par son grade au vu des couinements qui lui parviennent aux oreilles. Les coups cessent enfin...les deux hommes sont séparés et légèrement meurtris dans leur corps et dans leur fierté.


...j’attends que l’on me fournisse des explications !

Jonas est d’abord surpris...il le reconnait, c’est le Chef-maréchal du coin...il patrouille souvent entre les différents petits villages locaux.

Remy ...explique-moi tout !...Quant à vous, tenez-vous tranquille !...

Jonas baisse la tête en signe de docilité. Tandis que Remy donne sa version de l’histoire, il observe Hamut. L’étalon à l’œil excité, renâcle d’énervement. Un sourire se trace sur la bouche sèche de son palefrenier... « Tu vas bientôt rentrer à la maison mon garçon »...dit-il intérieurement comme si le cheval pouvait le comprendre.

Le Maréchal se tourne ensuite vers lui afin qu’il s’explique également...


Je n’ai jamais traité cet homme de voleur !...enfin...pas ouvertement...Jonas se gratte la tête....disons que je suis certain que ce cheval de lui appartient pas puisque je connais son maistre.

Voyant que Remy allait protester, il enchaîne rapidement...Son propriétaire est le compagnon de ma maitresse, il est parti sur le dos de cet animal...montrant Hamut du menton....il y a deux semaines. Nous sommes sans nouvelle depuis et nous craignons qu’il lui soit arrivé malheur...baisse les yeux au sol afin de montrer son affliction.

Donc...marque une pause...quand j’ai vu l'étalon ici et que ce bonhomme insistait en me disant que le cheval était un cadeau du Très-Haut ...offrant les paumes de ses mains aux regards du maréchal...mon sang n’a fait qu’un tour. Je ne voulais pas provoquer une bagarre....mais il s’obstinait à ne rien dire.

Au même moment, le petit paysan objecta
....ce chwal est bien à moi...je l’avions point volé !

Jonas soupira...lassé...
--Le_chef_marechal_gaspard



Le Maréchal Gaspard avait l’habitude de ce type de dossier. Il ne comptait plus le nombre de fois où il avait dû démêler le vrai du faux dans de vulgaires histoires de clôtures, de droit de passage ou de bétail disparu. Son visage demeura impassible alors que les deux protagonistes expliquaient leur version des faits. Il conclut leurs intervention d’un très laconique...je vois.

Gaspard se détourna des deux hommes et ordonna à la foule de se disperser afin qu’il puisse régler ce conflit.

Retournez à vos affaires ! le premier qui traîne encore dans le coin va faire un séjour au pilori !

Dans un second temps, il alla inspecter le cheval. Pas de trop près, il redoutait d se prendre un coup de sabot.

Bel animal...se contenta-t-il d’apprécier...il doit valoir une fortune.

Remy...lissant sa fine moustache...comment un bouseux tel que toi....simple cultivateur de maïs sans le sou... a pu se retrouver avec un tel animal ? ...le ton est sévère et le regard se fait volontairement perçant. Comme il est d’usage de procéder avec les petites gens sans instruction.

Remy devient alors blanc comme neige. Il bégaye, hésite, trahissant son appréhension.

Hâte-toi de me répondre et n’essaye-même pas de m’emberlificoter avec des menteries ! C’est qu’on ne me la fait pas à moi !
...tança-t-il de manière menaçante.

Le paysan raconta alors toute l’histoire.

Je vois....je vois....

Puis se tournant vers Jonas....et vous ?....vous me dites que ce cheval appartient à votre maistre ? Qui est-t-il ? Pouvez-vous le prouver ? Un tel animal doit posséder un genre de certificat non ?

A son tour Jonas évoqua donc le sire Ashlaan, sa maistresse, ses absences répétées etc...

Le maréchal resta songeur un moment, faisant osciller son regard noisette de l’un à l’autre.


Bon ! ....Rémy retourne à ton maïs ! Ce cheval est confisqué !...je vais le conduire jusqu’au poste et vous ....braquant un doigt en direction de Jonas....allez me chercher ce papier. Pas de certificat, pas de cheval !...la menace est tangible.

Ce faisant, le Chef-Maréchal s’empara de l’étalon afin de le mener jusqu’au poste de police où il devait rédiger un rapport concernant cette affaire.
--Remy_fatrouillet


Comment un bouseux tel que toi....simple cultivateur de maïs sans le sou a pu se retrouver avec un tel animal ?


Le paysan devint alors totalement livide. Au milieu de sa face blême, ses yeux charbonneux brillaient d’une crainte mesurée, mais bien réelle. Le pauvre homme était au désarroi et il ne voyait qu’une seule issue pour échapper à ce guêpier, narrer toute l’histoire. Il entama son récit d’une voix quasi-hésitante...

C’était y a 12 jou’s, j’allions cheu l’forgeron pour qu’il aiguise ma faux...un soupir résigné s’échappe alors de sa personne.

Et comm’ j’voulions gagner du temps...j’ai coupé à trave’s les bois. Et c’est là que je l’avions trouvé c’maudit animal. Il était attaché à un arbre, tout seul, tout effrayé...montrant l’étalon qui s’était rué sur une brassée d’avoine gracieusement offerte par le Chef-Maréchal.

Y s’étions même un peu blessé à force de tirer sur sa longe. Alors, j’avions appellé, voi’ si le propriétai’e étions dans le coin. Point de réponse...levant l’index afin de montrer l’insistance...j’avions même cherché ! J’ai trouvé qu’une besace avec rin d’dans...et point de cavalier. J’avions pris le chwal pour l’soigner et m’renseigner. Personne ne su m’dire à qui il était...alors j’lai gardé...haussant les épaules nonchalamment....j’ai essayé d’en faire une bête de somme, mais ce fichu bourricot voulait rien savoi’...alors j’lai emmené ici pour le vendre...voilà...

Le discours du paysan respirait la sincérité, de celle pleine de naïveté des petites gens.

Il baissa la tête, attendant la sentence qui ne se fit pas attendre longtemps.

Bon ! ....Rémy retourne à ton maïs ! Ce cheval est confisqué

Mais....mais ....protesta-t-il en vain...mais...c’est que je l’avions nourris ....un regard en coin du Chef-maréchal lui intime de faire silence.

Totalement déconfit, le pauvre Rémy reprit nerveusement ses quelques maigres affaires afin de retourner dans sa ferme.
--Jonas.l.assommeur



C’est dans ces moments là que la force tranquille de Jonas s’exprimait le mieux... Une masse de muscles puissante et immobile. Deux yeux charbonneux aussi durs que le roc et qui étaient illuminés d’un regard intelligent. Un visage taillé à la serpe, anguleux et carré dont les expressions semblaient fortement limitées à quelques mimics de mécontentement

Silencieux et presqu’imperturbable, l’homme s’était contenté d’opiner de la tête lorsque le Chef-maréchal lui avait demandé les papiers d’Hamut. Pour sûr qu’il en avait ce fichu bourricot...une bête de qualité qu’il avait acheté le Magyar. Et il fallait avouer qu’il avait l’œil expert. En y réfléchissant bien, Jonas s’était souvent fait la réflexion que les différentes qualités d’Ashlaan dénotaient chez lui une appartenance à une famille noble. Excellent cavalier, habile chasseur, cultivé, maniant aussi bien l’épée que le verbe...était-ce donc un prince étranger ?

C’est Jonas qui avait accompagné Ashlaan chez ce maquignon véreux lorsqu’il y était retourné afin justement d’obtenir le certificat du magnifique animal. A force de coup de bottes au derrière et de menaces fermes et tenaces, le Hongrois, en plus d’avoir définitivement traumatisé Hubert Mestois, avait gagné le fameux vélin qui accompagnait tout étalon issu des meilleurs élevages.

Un sourire se traça sur le visage de Jonas à ce souvenir.


Je vous l’apporterai demain...grogna-t-il pour toute réponse sur un ton presque blasé... prenez-en soin...finit-il par dire en guise de recommandation.

Il regarda l’équidé et son gardien provisoire s’éloigner, les bras croisés sur la poitrine et sa mine bourrue définitivement gravée sur sa face.
Il ressassait l’histoire de Rémy, trouvant que le récit avait un avant-goût de mauvais présage.

Mais où était donc passé Ashlaan ?

Néanmoins, il avait la preuve que ce dernier n’avait pas quitté sa dame afin de fuir par monts et par vaux. D’ailleurs, à part quelques vieilles commères qui se plaisaient à colporter ces mensonges, personne ne semblait croire à la fuite du damoiseau. Ainsi, la théorie d’un départ précipité en quête d’une herbe plus verte venait de s’effondrer tel un château de carte en plein courant d'air. Il était certain que le doux sire n’aurait jamais abandonné son cheval en pleine nature et encore moins sa dame. Jonas secoua la tête négativement, essayant de remettre ses idées embrouillées en place. Plus il en découvrait et plus les interrogations semblaient se multiplier pour son plus grand désarroi.


Une réalité s’impose alors à son esprit : Il fallait qu’il questionne le paysan...qu’il mène son enquête avant de rentrer au Val...qu'il sache avant d'affronter Zoyah. Il se retourna pensant trouver Rémy, mais ses yeux sombres ne tombèrent que sur le va-et-viens des chalands et badauds. Envolé le paysan déconfit...Rémy ?....tenta-t-il d’appeler....Rémy !!

Interpellé par ses appels, un bourrelier lui indique gentiment la direction à prendre afin qu’il retrouve l’homme Fatrouillet. Jonas le remercie et s’engage sur le chemin indiqué. L'homme grisonnant se dirige presqu’en courant vers la sortie du village. Malgré qu’il presse le pas, son allure n’est pas assez véloce pour rattraper Rémy. Arrivé hors du village, il aperçoit la silhouette trapue du paysan qui se découpe au loin.

Remyyyyyyyyyyyyyyyyy !!!!!

Le paysan se retourne, mais au lieu de s’arrêter, se met à courir.

Bougre de coquin, mais attend donc....maugréé le quinquagénaire.

Non, le paysan n’attend pas, il trace, il file, il fuit...et à grandes enjambées de surcroit.

Rhhaaaa...s’agace Jonas...attend donc...un regard est jeté sur la droite, à l’endroit précis où patiente la jument comtoise. Cette dernière broute quelques touffes d’herbe et bat l’air de son panache blond.
Jonas détache la bête et saute vivement dans la charrette. De quelques claquements de langue, il invite la jument à se mettre au trot.


Tchik tchik....aller Bella....rattrape-le....

Arrivant à la hauteur d’un Rémy essoufflé et tout rougeaud....

Ola Rémy !....attend donc ! ...On dirait que tu as le feu au crépion à te voir filer comme l’éclair...
--Remy_fatrouillet


Le paysan au visage gras et rubicond, fulminait sur le chemin du retour. Qu’allait-il raconter à son épouse, quelle excuse allait-il pouvoir inventer? Lui qui lui avait promis de revenir avec des bœufs et peut-être même des chèvres. Pour sûr qu’elle allait être déçue.

Les poings serrés, la mine renfrognée, il ruminait et pestait intérieurement contre Jonas et le Chef-Maréchal . Tout était de leur faute à ces deux là...

Une voix crie son nom au loin. Rémy se retourne brusquement et aperçoit Jonas. Un râle s’échappe de sa bouche...


Oh non...pas c’t’oiseaude malheu’...se lamente-il déjà. N’attendant pas de savoir ce que Jonas pouvait bien lui vouloir, le paysan se met alors à courir le plus vite que ses sabots le lui permettent. Malgré qu’il ait adopté une allure véloce, l’autre homme possède une charrette et le rattrape rapidement. Il entend derrière lui le « clop-clop » de quatre sabots qui cognent le sol à un rythme rapide et qui se rapprochent inévitablement. Il accélère, mais force est de constater qu’il n’est pas fait pour la course à pied. Et déjà, Jonas dans sa charrette se porte à sa hauteur et le hèle vivement...

Ola Rémy !....attend donc ! ...On dirait que tu as le feu au crépion à te voir filer comme l’éclair...

Laisse-moi ! Tout ça c’est d’ta faut’...fiche-le camp !...lui répond Rémy avec une rancœur non feinte tout en poursuivant sa course.

L’homme tente alors de l’apaiser en affichant un semblant de remords.

Je suis désolé, je ne voulais pas te causer du tort, mais tu dois comprendre que tu n’avais pas le droit de vendre ce cheval puisqu’il ne t’appartenait pas....allez, fais pas ta mauvaise tête ....je vais te dédommager pour les soins apportés au canasson. Et si jamais tu m’aide à éclaircir ce mystère....je suis persuadé que ma riche maitresse saura se montrer généreuse....

Rémy se stoppe d’un coup...d’abord parce qu’il était à bout de souffle et également car deux mots étaient parvenu à le toucher : dédommager et riche maitresse.

La main sur le cœur et soufflant comme un bœuf, il parvint à cracher quelques paroles....tu me donne combien pou’ le chwal ?...pffouuu.....pfffouuuuuuu....Et de quel mystè’ tu causes donc ? Le paysan n’est pas très rusé, mais il est curieux. Voilà qui arrange bien les affaires de l’autre homme.


Cette bourse pleine !.... rétorqua Jonas en lui jetant à la figure un petit sac de cuir gonflé d’écus. Le paysan s’en saisit et le soupèse afin d’en estimer la valeur...un grognement satisfait en guise d’accord s’échappe de sa personne et enfin ...bon...je veux bien t’aider.

Jonas l’invite à s’asseoir dans la charrette, mais pressé par le temps, il enchaîne directement...montre-moi où tu l’as trouvé, ensuite je te ramène chez-toi et tu me donneras la besace...d’accord ?

Le paysan accepte et s’exécute avec une rapidité qui déconcerta quelque peu Jonas. A dire vrai, il y avait dans cette bourse bien plus que ce qu'il avait dépensé pour le cheval...et il imaginait déjà la récompense qui l'attendait s'il parvenait à aider la bonhomme. Il écouta d'une oreille distraite le récit de Jonas, mais seuls les mots récompense et riche maitresse résonnaient dans sa tête.

Quelques lieues plus tard, l’homme à tout faire du Val stoppait la charrette sur un sentier boueux où Rémy l’avait invité à s’engager. Il enrage de voir l’état de sa chariotte, mais Remy s’exclame...

Il était là-bas !...suis-moi....ordonna le paysan en sauta à terre. Ils se frayère un chemin à travers quelques hautes fougères et les buissons. On devinait aisément aux herbes couchées que l’endroit avait déjà été visité plusieurs fois....ici même....montrant un arbre du doigt.
Et la besace....je l’avions t’ouvé plus bas ...indiquant un endroit dans un dénivelé. Tu vois....j’avions bien cherché avant d’emmener le bourricot.
--Jonas.l.assommeur


Jonas ne releva pas la remarque du paysan et inspecta les lieux à la recherche d’indices, de quelques choses qui aurait pu l’éclairer sur ce qu’il était advenu d’Ashlaan. Penché en avant, les mains abimées par le labeur appuyées sur ses genoux, il scruta la moindre parcelle de terre...la moindre touffe d’herbe....la moindre roche. Tout ce qui aurait pu porter une marque révélatrice était inspecté sous tous ses aspects.

Il se redressa brusquement et s’appuya contre un arbre afin d’observer plus loin. Il ôta alors vivement sa main, le tronc de l’arbre était légèrement strié par le frottement du licol, certainement lorsque l’étalon avait tenté de s’échapper. Des traces de piétinements, ceux du cheval, imprimaient le sol, mais rien de plus.


Attend-moi ici...dit-il d’une voix ferme à Rémy en commençant la périlleuse descente du dénivelé.

Jonas tenta alors de rejoindre l’endroit désigné par le paysan lorsqu’il avait évoqué la besace. C’était une petite place abritée mais difficilement accessible. Il s’aidait en s’accrochant aux branches afin de ne pas chuter et se rompre le cou. La terre était meuble et au bout de quelques pas, il sentit le sol se dérober sous ses pieds. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, le bonhomme glissa et s’écroula quelques mètres plus bas en grognant.

Rhhaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa !!!

Les ronces avaient déchiré sa peau par endroit et les pierres avaient tuméfié sa chair, mais le mal était moindre.

Humpf...qu’est-ce que je fiche ici...ronchonne le vieux en ôtant la boue collée à ses vêtements... maudit Magyar...


Eh ! ? Ça va en bas ?.... la voix inquiète de Rémy raisonne dans les sous-bois...z’êtes enco’e en vie ?!

Jonas se frotte le dos et se relève péniblement...oui ! Ça va !...l’informe-t-il brièvement.

Ah ben...tant mieux...parce que j’vous aurions point remonté tout seul !

Le quinquagénaire hausse un sourcil,...trop gentil... puis tâche de se remettre de ses petites émotions et entreprend de fouiller le coin.

Il situe rapidement l’endroit où Ashlaan avait dû ...dû... ?!....que faisait-il au juste ?

Jonas se frotte le menton. Afin de mieux comprendre, il se place à l’endroit même où la terre semblait piétinée, comme si quelqu’un avait attendu longtemps. Il avait une vue parfaite sur le ruisseau situé encore plus bas. L’endroit été parfait pour épier...mais épier quoi ?
Plus il en découvrait et plus les questions se multipliaient...

Un peu plus loin, l'homme remarques quelques branches cassées et des herbes couchées. Un froncement de sourcils...
il y a eu du grabuge ici...constate-il.

Effectivement, tout laissait à penser que la personne qu’il supposait être Ashlaan avait eu à lutter. Là des empreintes de bottes de différentes tailles qui semblaient surgir de nulle part, ici des traces indiquant qu’on avait traîné quelqu’un au sol, plus loin, une pierre mouchetée de brun...du sang dirait-on.

Il entreprend alors de suivre la piste laissée, mais celle-ci finit par s’évanouir au bout de quelques toises. Au moment où Jonas s’apprête à rebrousser chemin, un objet brillant attire son regard. C’est la chevalière en argent du hongrois qui est à moitié enfoncée dans la boue. Jonas la serre dans son poing et ferme les yeux. Peut-être adresse-t-il une prière au seigneur... Ashlaan était bien là...et il n’était pas seul...mais surtout, il lui était arrivé quelque chose de malencontreux.

Au loin, la voix de Rémy le hèle à nouveau ....


Oh hé ! ....vous avez trouvé quelqu’chose ?

Jonas se décide alors à faire demi-tour....Non...rien du tout !...mentit-il au paysan en glissant le bijou dans sa poche.

Il le rejoignit rapidement afin de le ramener dans sa ferme.
Zoyah
[Mi- février...quand l’arrivée dans rouquin salut le départ d’un brun....]


Zoyah avait ressenti un besoin de plus en plus fréquent de s’isoler depuis qu’il avait été ramené au Val par Jonas. Du moins, quand son emploi du temps le lui permettait...entre le tribunal, le Conseil, la garnison et des préparatifs un peu plus « privés »...elle était forcément bien occupée.

Il….le cendré…le fougueux….Hamut…l’étalon d’Ashlaan qui avait été retrouvé par Jonas lors de la foire aux bestiaux de Crozant.

Cette découverte et les quelques recherches menées en amont s’étaient avérées assez peu fructueuses mais laissaient présager un avenir horriblement funeste pour l’être aimé. Ashlaan n’avait pas été découvert, ni même son corps, mais tout laissait à penser qu’il avait trépassé ou qu’il était en très mauvaise posture. L’espoir que Zoyah nourrissait de le revoir s’amenuisait de jour en jour…et sa peine était immense...pourtant elle espérait encore..un retour…un indice…quelque chose à quoi s’accrocher ou qui lui permettrait de faire son deuil. Ashlaan s’était simplement évaporé un matin, lui laissant pour seul explication que le silence de son absence.

Elle n’avait encore confié à personne ce que Jonas lui avait appris suite à ses investigations jusqu’à Guéret…rien que d’y penser, les larmes lui montaient aux yeux. Alors, la brunette se réfugiait souvent au fond du jardin pour pleurer et se décharger du chagrin qui oppressait sa poitrine. Elle se surprenait à penser qu’elle était comme une source aux flots intarissables…à croire que la couleur aquatique de ses prunelles la vouait aux larmes toute sa vie. Néanmoins, le temps aidant, ce flot s’était tari et même si Ashlan occupait encore son esprit, elle ne le pleurait plus…il lui manquait horriblement..c’était tout.

De ses recherches, Jonas lui avait ramené une besace contenant un calepin avec des notes griffonnées en hongrois, une fiole de gnole pour se réchauffer, les gants de cuir d’Ashlaan et une miche pain. Il avait bien entendu retrouvé le cheval et la fameuse chevalière que Zoyah portait dorénavant en médaillon à l’instar de l’éclat d’épée « dragonesque ». Ainsi, à son cou gracile, trônait les souvenirs des deux hommes qui avaient marqués sa vie d’une manière indélébile.


La brunette se tenait debout, à l’abri du vieux noyer, laissant courir son regard sur l’étalon qui trépignait dans son enclot. Zoyah se remémorait le soir où rentrant au Val, elle avait découvert le cheval dans la cour. Prise d’une joie incommensurable à l’idée qu’Ash fut de retour, elle s‘était précipitée dans la grande salle, un large sourire lui fendant le visage. Elle n’y avait découvert que Jonas et Mathilde attablé devant le maigre butin ramené de Crozant, la mine sombre et le regard baissé.

La jeune femme avait rapidement renvoyer Jonas faire de nouvelles recherches. Il avait alors découvert qu’un groupe d’homme parlant une langue étrangère avaient été aperçus transportant un autre bien amoché en Limousin. A Guéret, il semblerait que l’homme en question et qui correspondait à la description d’Ashlaan ait été vu à moitié mourrant du côté de l’église. Puis…plus rien….aucun indice….le Magyar semblait s’être de nouveau évaporé. Il pouvait être n’importe où…au fond d’une fosse commune pour les indigents…d’un puits, d’une geôle ou battant la campagne afin d’échapper à ses poursuivants. Quoiqu’il en soit, Jonas avait l’intime conviction qu’on le ne reverrait jamais…
Pourtant, sa jeune maitresse ne pouvait s’empêcher d’espérer…


Zoyah se trouvait donc debout à l’abri du vieux chêne…à l’endroit même où Ashlaan et elle avaient échangé leur premier baiser…ressassant tout ce qu’elle avait vécu avec son Magyar. Soudain la voix de Mathilde s’élève dans la cour…



Mademoiselle !! Votre amie a ses douleurs ! Elle va accoucher !Il faut aller chercher la sage-femme…
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