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[RP privé] Songe hivernal d'un vicomte

Walan
Le temps s'était radouci quelque peu depuis que Walan avait monté le camp aux portes de Lyon, ce qui rendait la chose bien plus agréable que lorsque la neige recouvrait tout et que le gel faisait éclater les pierres. Le voyage pour venir jusqu'à la capitale ducale depuis Vienne avait été long et éprouvant pour les hommes comme les bêtes, surtout au moment où la neige s'était mise à tomber drue et que le vent s'était levé, et ce redoux était véritablement bienvenu pour le repos de chacun.

De la même manière qu'ils avaient monté le camp aux portes de Vienne, Sans Repos et ses hommes s'étaient installés tout près de l'une des entrées de Lyon, bien en vue de tous afin, si besoin était, de dissuader ou d'empêcher tout acte malencontreux envers la cité.
Une nouvelle nuit tombait sur le camp et le seigneur de Meyrieu parcourait comme à son habitude les différentes tentes et postes de gardes à la lisière du camp pour savoir si ses hommes n'avait pas eu de problèmes particuliers durant la journée.

Bien qu'ils soient habitués à le servir, ces gardes de Meyrieu, Charpey ou Ancelle, ils trouvaient de plus en plus que le temps se faisait long, à camper loin de chez eux sans pour autant combattre véritablement.
La mort de l'un des leurs* avait laissé des traces sur leur moral, malgré la distance qui s'était un peu faite entre eux et Jean auparavant, et malgré les explications de Walan sur les événements. Le vicomte d'Ancelle était pleinement conscient que son récit n'était pas satisfaisant, ni véritablement crédible pour qui voudrait vérifier les choses en détail, mais il n'en servirait pas d'autre et comptait sur le respect de ses hommes pour qu'ils n'en demandent pas plus.

Toujours est-il, donc, que quitter Vienne pour Lyon peu après cet événement tragique n'avait pas amélioré le moral des soldats, et que Walan était lui même quelque peu assombri. Après tout, connaître la vérité sur les faits n'aidait pas à être plus joyeux.
Qui plus est, il n'avait pu revoir vraiment la Tempête avant de quitter la cité sainte puisqu'elle était partie en voyage pour escorter une jeune femme -les quelques fois où ils se croisaient au Castel de Pierre-Scize n'étant guère favorable à l'intimité- et la proximité de la dame de Thauvenay lui manquait d'avantage chaque jour.
Enfin, l'arrivée à Vienne d'une jeune femme qui disait être une ancienne amie de celle qui avait failli devenir son épouse, Alyanne, avait ramené à la mémoire du seigneur de Meyrieu nombre de souvenirs et de sentiments que le deuil et le temps avaient fini par recouvrir d'un vernis protecteur.
Pourtant, Sans Repos s'était également trouvé une certaine sympathie pour la jeune femme en question lorsqu'ils avaient pu se voir en taverne, et s'inquiétait un peu de la voir repartir avant qu'il n'ait pu tenir sa promesse de l'emmener voir le tombeau d'Alyanne à Meyrieu.

Malgré tout cela, chacun faisait son devoir de son mieux, comme le constata le vicomte d'Ancelle une fois son tour fait. Nostalgique et mélancolique, il alla alors dans sa tente pour y lire les derniers rapports des conseils, rédiger diverses missives et réponses, et ce n'est qu'alors que la lune approchait de son zénith, bien plus tard dans la nuit, qu'il fini par gagner sa couche pour s'y endormir rapidement et profondément ...






* Voir [RP] Envies et en vie
** "Belle Dame" est le surnom qu'a toujours donné Walan à Alyanne.

_________________
--Alyanne
Walan…

Le néant. Seule une voix, mélodieuse, mélancolique et claire, chantonne un nom dans le noir des rêves du Vicomte d’Ancelle.

Walan?…

Puis des rires d’enfants. Quelques voix connues, d’autres trop lointaines ou trop étouffées pour être identifiées. Et toujours ce noir qui entoure le Seigneur de Meyrieu.

Mon Walan…

Une lumière, douce, bienfaisante, qui se répand doucement autour d’une silhouette féminine, et qui gagne peu à peu tout l’espace. La jeune femme s’avance lentement, beauté angélique, drapée d’une robe blanche, vaporeuse. Sa taille est lacée lâchement par des rubans dont la matière évoque la soie. La peau d’un hâle léger, le corps fin, les cheveux longs et bruns, encadrant merveilleusement son minois des plus doux, l’ambre incandescent de ses yeux était encore plus flamboyant qu’auparavant et ses lèvres rosées dessinaient un sourire des plus tendres. Alyanne.
Derrière elle, une enfant, ne dépassant pas les sept ans, gambade joyeusement récitant en espagnol, le minois aux traits fort hispaniques rappelant étrangement celui de celle qui la précède. A son côté, un garçonnet aux boucles brunes, bien plus jeune, évoquant plutôt les traits du rêveur émet quelques babils en adressant un sourire à ce dernier.
La Dame de Saint Clément sur Durance est maintenant à moins d’un mètre du Vicomte de Charpey, immobile, droite. Un ange. Hésitant quelques instants, laissant trembler légèrement son bras à mi hauteur, finit par effleurer la joue de Walan du dos de la main avant de la laisser retomber à son côté.


Tu m’as manqué, mon soldat.

Étreinte soudaine, presque brusque, la jeune femme serre Walan dans ses bras, tendre et passionnée à la fois, ses boucles brunes venant chatouiller son cou. Son parfum de lys et de muguet se diffuse dans l’air. Puis, presque à regret, elle se recule de quelques centimètres, contemplant le visage et l’expression éberluée du Vicomte.

Tu as une mine affreuse.

Le rire cristallin de la jolie brune s’élève soudain dans l’air, et son sourire reste accroché à ses lèvres, comme depuis toujours.
Walan
Son sommeil était profond, très profond, et pourtant il perçut l'appel de son nom. D'abord comme un murmure, lointain mais pourtant parfaitement audible, puis de plus en plus proche, jusqu'à ce qu'une image se joigne à l'appel.

S'il ne dormait à poings fermés, Walan aurait écarquillé les yeux en reconnaissant l'apparition, et peut-être que son visage trahit-il cette surprise malgré tout, tant elle était réelle et différente des songes dont il était habitué. Toujours est-il que dans son rêve -à moins que ce ne soit ça la réalité, et que l'enlèvement, le meurtre et tout ce temps écoulé depuis aient été un trop long cauchemar ?-, c'est stupéfait qu'il contempla sa Belle Dame approcher, fasciné de la voir réapparaître comme s'il était de retour bien longtemps auparavant, avant ce jour tragique où l'écarlate avait teinté sa robe blanche.

Mais elle était là, avec toute l'apparence de la vie qu'elle avait auparavant, et avec elle deux enfants dont Sans Repos devinait que l'aînée était le nourrisson qu'Alyanne avait perdu, juste avant son arrivée à Vienne et dans sa vie, mais ne comprenant pas qui était le cadet.
Le seigneur de Meyrieu lança un regard interrogatif vers celle qui était demeuré la jeune femme de ses souvenirs, mais aucun mot ne put sortir de sa bouche tant il était encore sous le coup de la surprise.

Et voilà qu'elle le serrait dans ses bras, ramenant une nouvelle flopée de souvenirs d'étreintes du ce temps perdu, remémorant également d'autres embrassades plus récentes, à la fois si différentes et si similaires. Toute proche de lui, elle continue de lui parler doucement, allant même jusqu'à commenter sa mine en riant. Un sourire en coin fini par apparaître sur les lèvres de Walan, tandis qu'il répondait doucement.


J'ai vieilli Belle Dame, j'ai vieilli.
_________________
--Alyanne
Le sourire d'Alyanne se fit protecteur, voire même maternel tandis qu'elle posait une main sur une joue de Walan, l'autre sur son épaule.

"Vieilli"? Non... Tu travailles surtout beaucoup trop. Où est passé le Walan si souriant d'autrefois?

Ses paroles ne sonnaient pas comme un reproche. On aurait plutôt dit qu'elle exprimait là un regret mêlé la culpabilité qu'elle ressentait d'avoir causé le malheur de l'homme qu'elle avait toujours aimé plus que tout. Car elle le savait, même si ces mots étaient tus, elle était la cause de ce travail si forcené du si bien nommé Sans Repos.

Ne t'en veux pas, mon soldat. Ta Belle Dame est heureuse là où elle est. Elle t'attend.

Elle déposa un rapide baiser sur sa joue, elle n'osait se permettre plus, avant d'ajouter.

Mais elle espère ne pas te voir avant longtemps. Je souhaite que tu oublies ce deuil, dans lequel tu t'apprêtes à replonger, bel amoureux que tu es, après avoir revécu tant d'intenses souvenirs. Sache que je t'aime... Et que je ne supporterais pas que tu portes ce fardeau qu'est le deuil plus longtemps... Même si je commence à croire que tu le fais involontairement. Je ne serais que plus heureuse si tu profitais de ton bonheur au dut de...

Laissant sa phrase en suspens, elle sourit à nouveau. Puis, posant sa tête sur l'épaule de Walan, elle lâcha un long soupir. Il lui semblait qu'une éternité s'était écoulée depuis ce dernier geste. Et après tout, peut être était-ce le cas. Plus aucune notion du temps ne lui était connue à présent. Par ses mots, elle espérait réconforter le soldat si cher à son coeur.

Ceci était une de mes raisons de ma venue ici, la seconde...

Le plus jeune des deux enfants fixait Walan de ses grands yeux clairs, identiques à ceux d'Alyanne. Si l'on exceptait ses joues pleines, rosées comme celles des angelots et la rondeur de son visage d'enfant, tout dans ses traits rappelait le Seigneur de Meyrieu, jusqu'à ses boucles brunes. Maladroitement, ce fut lui qui répondit au regard interrogatif du Vicomte: il leva sa main potelée vers lui et, dans un joyeux gazouillis, balbutia.

Paaa...
Walan
Quelque part dans un coin de son esprit, Walan savait qu'il dormait, mais tout semblait si réel que cette connaissance restait distante, insaisissable. Sentir le baiser, l'étreinte, la chaleur de la tête d'Alyanne sur son épaule avait ravivé le souvenir de tant d'autres fois où elle avait eu ce geste et occasionné le même sourire sur les lèvres du seigneur de Meyrieu. Pourtant, une certaine souffrance s'y mêla, témoignage de cette conscience diffuse qu'il avait que la Belle Dame était belle et bien morte il y a tant de temps.

Malgré tout, les paroles d'Alyanne portèrent et elles semblèrent libérer un poids dans le cœur de Sans Repos, un poids dont il n'avait même pas conscience. Il avait beau avoir fait son deuil -du moins le croyait-il- et être tombé à nouveau amoureux par deux fois, il se rendait maintenant compte que jusqu'à présent, malgré tout l'amour qu'il avait pu porter et celui qu'il portait toujours à celles qui avaient suivi Alyanne, une part de lui était restée endeuillée et l'avait empêché de donner son cœur à d'autres autant qu'à sa Belle Dame. Et voilà qu'en quelques mots, ce véritable bastion cédait et les choses semblaient devenir plus ... légères ?

Alors qu'il allait répondre, la jeune femme continua, souhaitant lui dire une seconde chose. Mais quittant le visage d'Alyanne, le regard de Walan se posa à nouveau sur l'enfant qui l'observait, remarquant seulement la similitude de ses traits avec les siens et l'entendant avec étonnement s'exprimer d'un air joyeux.
Reposant son regard sur Alyanne d'un air intrigué, il lui demanda d'un ton hésitant mêlant surprise et un soupçon de joie.


Est-ce que ..? Tu étais ..? C'est mon ..?
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