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Et à la Terre, il retourna...

Blanche_
Ce rp est un rp d'enterrement. A moins de connaître la famille Walsh, ou l'une des personnes proches de la famille, votre perso ne peut pas être au courant de la cérémonie.


Voile noir sur les yeux, qui s'abat sur son visage dans un murmure inaudible. Réveillée depuis l'aube, l'enfante endeuillée se prépare au jour le plus difficile de toute sa vie.
Certains ont été prévenus. D'autres doivent se douter, elle espère, de la cérémonie qui se déroulera aujourdhui. Pourrait il en être autrement ?

De ses doigts experts, Griet ajuste le corset, resserre la taille qui ne dit mot. Les yeux perdus dans le vague, l'enfante n'a pas vraiment conscience de ce qui lui arrive. Est elle, réellement, icelieu, à revêtir cette robe si sombre ? A se parer de moindre atours ? A prier pour l'âme de celui qui jamais ne respirât, et jamais plus ne vivra ?
Elle soupire, caresse l'encolure de sa robe, y laisse glisser ses phalanges dans une parade silencieuse. Aucun bruit ne perturbe l'instant, si ce n'est celui des rubans qui s'évadent dans les cheveux, du vent qui s'infiltre dans les couloirs, et du souffle rauque Grietien qui auréole le dos de l'Hermine d'un nuage tiède.

Oui, c'est un mauvais jour. De ceux que, jamais, une mère ne voudrait vivre. Pour Blanche, ce jour est venu trop vite.


Il est prêt ?


Hochement de tête de la suivante, dont les mots se meurent avant d'être prononcés. Elle admire, muette, le courage dont fait preuve sa maitresse, alors que nul à part Anastriana ne la soutient vraiment.
Elle admire la force de caractère, la démarche assurée de celle qui manque de tomber à chaque pas. De celle qui cache, camoufle, ses angoisses et sa souffrance sous une couche satinée de céruse pâle.
Oui, c'est un mauvais jour.

Les carreaux balayés par des souffles de vent d'une puissance sans cesse supérieure, la môme revêt un manteau simple et gris, sans artifice. Les temps de deuil ne sont pas propices à l'étalage de la richesse, et les seuls colifichets qu'elle porte ne servent qu'à cacher son désarroi au regard des autres.
Un pas dehors, et le vent attaque la silhouette qui tangue. Elle s'avance, prudemment, secouée et ballottée par les bourrasques autant que par son malheur.
Elle a demandé à Anastriana de venir. Elle lui a demandé d'être là, lorsque le petit homme sera mis en terre. Les deux mères réunies. Mère et Fille, presque. Trois générations, deux liées par le sang, deux par le cœur.
Oui... c'est un mauvais jour.

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- Hermine cachée dans un couvent pour échapper au Loup ! -
Anastriana
Et Brunehilde n'est même pas là
Ana, seule devant son psyché, a demandé à Berthe la cuisinière de l'aider à lacer le corsage noir, d'une longue robe de velours couleur de jais.
La coiffe au voile sombre qui vient se poser entre ses deux nattes rondes, termine la tenue obscure, noire comme le néant.
Avec sa peau extrémement pâle, ses deux yeux verts percent au travers de l'obscurité, brillance pétillante dans la tristesse.

Elle soupire avant de sortir. Quel douloureux moment. La voiture est prête, un gros carossier anglois à la robe noire aussi, y est attelé.
Elle se hisse dans le fiacre, ramassant les pans de sa robe, et ordonne le départ.

Sur le chemin, ballotée par le rythme cadencé du trot du gros animal, Ana regarde défiler le paysage, perdue dans ses sombres pensées.
Elle se doit d'être là, d'être présente, pour sa jeune filleule. De lui montrer son soutien, jusqu'au bout de l'impensable. Car jamais, oh non jamais, elle ne pourrait la délaisser dans un tel moment. Et c'est unies, qu'elle l'aiderait à traverser la tourmente.

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Blanche_
Ma...de...moiseeeelle !
Les cris de la suivante se meurent, happés par le vent fou. Le hennin emporté en tous sens, la gamine serre entre ses doigts l'étoffe qui s'envole, maudissant la règle de bienséance qui interdit aux jeunettes d'exposer leurs chevelures. Visiblement, cet élan éducatif n'a pas été insufflé par une habitante de contrées hostiles et ventées... Ni affublée d'un quelconque neurone.

Parle plus fort, Griet, je ne t'entends guère !
C'est... yah ! Elle....mis..terre !
Quoi ? Leyah ? Je l'ai prévenue hier !
Justem... iendra !

Jupes relevées, la môme fait machine arrière, retournant au porche où l'attend la miséricordieuse gouvernante.
Je vous disais, damoiselle, que vos... invités. 'Fin ceux qui savent ne vont pas tarder. Vous devriez les attendre, ce sera plus... facile je pense.

Blanche ne répond rien, yeux exorbités sur un domestique qui revient du jardin, une pelle entre les mains. Doigts recouverts de terre sombre et fraiche, genoux salis par l'effort. De ce jardinage peu orthodoxe, l'enfante comprend une seule chose : c'est la dernière demeure de son enfant que l'on a foulée. Son tombeau, qui a été creusé par des mains aussi viles, des mains impures, des mains de gueux.
Et les larmes débordants au coin des yeux, elle plonge en avant, genoux ployant sous le désespoir. Silhouette noble qui s'effondre, gamine exténuée qui pleure son chagrin.
Pauvrette ! Elle n'a pas mérité ça.

Là, là... Ça ira mieux, vous verrez. L'un dans l'autre, le vicomte n'avait pas tord ! Vot'amour, il est parti. Ne pleurez pas ce qui n'est pas, Pitchounette.
Mais la gosse ne répond rien. Bras ballottant sans vie à son flanc, les yeux noyés se vident de leur âme. la tristesse prend le dessus, et elle échappe une fois de plus à la réalité.
Forçant, par là même, la grosse dondon à la secouer dans tous les sens.


Blanche ! Sacré nom de Doué ! Réveillez vous ! Vous allez po laisse vot'marmot seul, vous m'entendez ?!
Ça... va, griet. La pimbêche se réveille. Ôtez vos mains, et apportez moi de la prune.

Et tandis que la figure décontenancée de la vieille retourne en cuisine, l'Hermine guette, visage las, l'arrivée de ceux qui ne l'auront pas oubliée. L'arrivée de ceux qui seront là, pour enterrer celui qui aurait pu être.
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- Hermine cachée dans un couvent pour échapper au Loup ! -
Anastriana
Ana regrette, mais alors, qu'est-ce-qu'elle regrette, que la voiture couverte soit partie avec Brunehilde et les enfants. Parce que elle, là, dans sa petite calèche, avec le vent qu'il y a, elle est bien embêtée.

Une main sur sa coiffe qui menace de s'envoler à tout instant, l'autre sur son jupon qui pourrait à tout moment s'envoler pour dévoiler ses gambettes, faisant rougir à peu près tous les arbres de la campagne et du paysage en général, elle grimace, le vent ça fouette!

Etrange que ce vent qui s'est levé d'un seul coup.
Puis, le chemin se sépare en une fourche. Et André, qui n'est guère habitué à la conduire, se trompe de chemin.
Alors elle fait sa grosse voix. Autant qu'elle peut quoi.


"And...éééé! ...était... a ...oite!"

Maudit vent. Heureusement André a le bon sens de se retourner, et retient un sourire amusé devant le spectacle qui s'offre à ses yeux. Ana lui fait de grands gestes d'un bras, lui montrant la route de droite, lâchant donc ses jupons, qui s'envolent, et oui, sous le regard plus amusé du tout du pauvre homme.
André écarquille les yeux, et se retourne aussitôt, paniqué. Sans doute elle le tuerait en rentrant. Diantre.
Il fait demi-tour et prend la bonne route, encourageant le gros cheval anglois à aller de l'avant et à lutter contre le vent.

Enfin se profile le château, l'immense demeure qu'elle connait si bien, elle y a passé tant de temps. Enfin des temps plus heureux que celui qui l'attendait.
Les gardes laissent passer l'attelage, reconnaissant Ana, et les armoiries de Coëtlogon.
Ils remontent l'allée, et au loin, elle la voit, sa môme adorée, qui dorénavant, malheureusent, n'en serait plus une. Avec cette cérémonie, elle enterrerait son enfance.

André arrête le colossal carossier, et descend pour porter sa main à Ana afin qu'elle descende.
Elle descend avec prestance, et toujours une main sur sa coiffe, l'autre tenant le large jupon, elle croise le regarde de sa filleule, sa Lumière si obscure aujourd'hui. Ana lui lance le regard le plus aimant et attendrissant qu'elle peut donner, tellement émue par ce qu'elle peut lire dans les yeux de Blanche. Et elle s'avance, sans la lâcher du regard, la fixant, la fixant, comme si Gwenn allait disparaitre bientôt, mais qu'elle ne devait pas la perdre de vue.

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Anthoyne
Prévenue la veille par Ana, il s'était levé tôt. Il n'avait pas dormi de la nuit et était resté allongé sur son lit, le regard dans le vide. Leur enfant était décédé et demain on l'enterrait. Perdre un enfant était si douloureux? Lui qui ne montre aucun sentiment en public, lui que l'on croit avec un cœur de pierre souffrait comme il n'avait jamais souffert.
Et Blanche qui insistait. C'était son fils et pas le sien. Pourtant, c'était le fruit de leur amour... Elle ne l'avait même pas prévenu de l'enterrement. Elle remuait le couteau dans la plaie. Une plaie qui laissait une ouverture sur son cœur fragile. C'était un homme mais chaque homme a sa faiblesse. L'homme qui ne ressent rien, ne mérite pas de vivre.

Tout vêtu de noir, des cernes telles des crevasses soulignait ses yeux, Anthoyne arriva au château. Les gardes, le connaissant, le laissèrent passer. D'habitude, Anthoyne taillait une petite bavette avec eux mais aujourd'hui, c'était différent et ils le comprenaient probablement. Ils étaient gardés au secret mais savaient tout ce qui se passait au château et savait très bien qui était Anthoyne pour le défunt.

Il arriva près de là où on allait enterrer leur fils. Ana y était présente, il passa à coté d'elle et lui adressa un léger sourire pour la remercier de l'avoir prévenu et d'être présente. Griet était légèrement derrière Blanche. Blanche... Remarqua-t-elle son arrivée? Il ne sait pas.
Aucun secret ici, tout le monde présent était au courant. Le père de l'enfant s'approcha d'elle posa sa main sur l'épaule de Blanche et d'une voix basse.


C'est notre enfant. Tu n'as pas à porter ce fardeau à toi toute seule. S'il te plait...

Une larme perla sur sa joue. Il se retenait de pleurer mais c'était bien trop dur et il ne put retenir cette larme. Ses yeux humides allait sûrement en laisser s'échapper bien d'autres avant la fin de la cérémonie.
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Blanche_
A la main posée sur l'épaule, la gouvernante qui revenait fit une moue triste. S'y prenait il comme il fallait ? Y avait il seulement une façon de se comporter face à la mère endeuillée, à l'opprobre qu'elle lui lançait, les regards vides, ne se remplissant parfois que pour s'animer d'une rage sans nom ?

Monsieur, je ne crois pas que... Et la vieille femme de secouer la tête, en signe d'obstination.
Non, ne la touche pas. Ne vois tu pas, que seulement respirer lui est difficile ? Ne vois tu pas, qu'à tout moment, elle risque de s'effondrer ?
Lâche cette épaule, l'Homme. Lâche ce corps qui se refuse à toi. Il y aura d'autres jours, un lendemain peut être. Mais aujourd'hui, tout contact physique t'est interdit. Et cette paume amicale, affectueuse et aimante, que tu reposes sur son cou comme un chérubin en pare sa protégée, ôte là vite. Que la célérité t'accompagne, et usurpe le fruit de sa colère à l'Hermine affligée.


Madame... Il va falloir y aller. Il va falloir... Enfin vous savez.
Très léger mouvement de tête, bascule en avant de la môme qui n'en peut déjà plus. Elle sent son ventre se mouvoir dans des galipettes nauséeuses, elle sent le chyme remonter d'entre ses entrailles, et labourer son corps dans une balade de martyre.

Merci à toi, muo Dunne*. Merci d'être venue.
Viendra t'elle ?
Ma mère, ma protectrice, ma sauveuse ? Aucune rédemption pour mes péchers, c'est cela ? De ma faute, seul son courroux sera resté.

Et... Merci à vous aussi, Anthoyne. Je n'oublierai pas.
Et pas non plus ce que tu m'as fait. Trahison. Outrage. Ignominie. Avec véhémence je te parlerai. Avec dégoût, je te verrai. Mais pas aujourd'hui, mon Amour. Aujourd'hui, tu es mon partenaire de deuil.

Puisqu'il le faut... Aide moi à me lever, Ana. Mes jambes me quittent.

[* ma Brune, en gaélique. Terme affectueux, employé généralement pour le cercle familial.]
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- Hermine cachée dans un couvent pour échapper au Loup ! -
Anastriana
Ana a la gorge serrée, lorsqu'elle regarde Anthoyne. Elle le salue de la tête, incapable de lui parler, et cette main qui se pose, en toute simplicité, ça finit de l'émouvoir. Il était bouleversant. Et les voir là tous deux, l'Aura sombre qui les entoure dans leur douleur, leur deuil, c'est si déchirant...
Mais non Ana, tu dois garder contenance, c'est toi qui soutient, ce n'est pas à toi de craquer.

Ô jolie blonde, pourquoi ne m'as-tu rien dit, pourquoi ne pas m'avoir fait confiance...
Ana connait la réponse à tout ça, et rongée par la culpabilité, elle songe à l'aveuglement qui l'a étreint durant les derniers mois, plus occupée à entretenir avec soin son propre chagrin qu'à ouvrir les yeux sur les propres soucis de celle que pourtant, elle souhaite protéger plus que tout...

Merci d'être venue? En doutait-elle? Impossible, jamais elle n'aurait pu la laisser seule dans la tourmente.

Elle tend une main dont elle retient les tremblements, il faut que cette main-ci ce jour, reste ferme et protectrice, un pilier de soutien pour l'enfant.
Allons Ana, reprend-toi. Offre ton bras. Ce bras armé pour aider, rassurer, consoler, celui par lequel tu dois transmettre tout l'amour que tu portes à ta chère Gwenn et lui insuffler l'énergie nécessaire pour supporter ce lourd moment.
Bien trop lourd, quand on est une jeune fille de seize ans.

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Blanche_
De la main tendue, Blanche s'en saisit comme un radeau de la délivrance. Délivrance, d'ailleurs, qu'elle se serait bien épargnée quelques jours plus tôt, alors que dans les affres de l'inquiétude et du tourment, elle mettait au monde un bâtard prématuré, qui jamais ne respirât.
Oui, elle se serait bien épargné la souffrance de pleurer son mort sans pouvoir le montrer, le regard de sa mère, les soupçons des autres.
Savait on, en vérité, ce que la gamine traversait ? Elle donnait si bien le change, à cheval entre amusement et railleries, qu'il était bien difficile de scruter ses émotions derrière le masque de bienséance qu'elle revêtait chaque jour.
Ô temps, suspend ton vol !
Aidée par son autre, son double brun et plus âgé, sa presque mère, l'Hermine se relève et reprend contenance. Pleurer ne lui est pas désagréable... Les larmes, même, nettoient le visage souillé de honte et de rage, qui n'a su s'en défaire depuis le drame. Mais le regard des autres, insoutenable, lui laboure les tripes et l'honneur. Elle a osé, devant Lui, devant Elle. Mais se gardera bien de laisser échapper sa douleur devant les autres.
Bleizhmorgan, Dénéré, Montfort... Certains ont été conviés, de ceux qui comptent pour la môme. De ceux en qui elle a confiance.
Elle a reçu, peu avant de sortir, la réponse désolée de la Duchesse du Vannetais, qui sera en retard. Mais l'absence inexpliquée de son cousin, de son Roy, de son sang, lui reste en travers de la gorge comme un affront immuable. Plus, même, celle de son amie Azenora qui tarde à venir ; mais sa mère, la rouquine à la verbe si piquante, a affirmé que les trois têtes féminines de la fratrie viendraient... Il faut donc attendre.

Griet revient. Douce domestique, qui prend sur elle tous les évènements sans piper mot. Elle la remerciera, un jour. Quand le déshonneur sera passé, et qu'elle prendra pleinement conscience de ceux qui ont été là.


Ça ira, Ana. Je pleure maintenant, pour ne plus pleurer ensuite.
Damoiselle, tout est prêt. Il est peut être temps de... commencer.


Elle ferme les yeux. Compte lentement. Un... Deux... Trois. Sa respiration se cale sur le rythme imposé par son esprit. Un... Deux...Trois. Ne pleure pas. Ne crie pas. Ne hurle pas. Lève toi, et marche. Vas le prendre. Vas le serrer contre toi une dernière fois.
La suivante lui glisse entre les bras un paquet clair et léger, emmailloté dans une étoffe noble. Elle sait qu'elle ne doit pas soulever le linge, que ses yeux ne doivent pas se poser sur le petit corps mort et glacé. Alors elle se contente, sans un mot, d'apposer une caresse aimante sur le haut du front, de serrer contre elle feu son fils. Puis d'un pas lent, elle descend les marches du perron et se dirige vers le jardin. Sans un mot.

Mère et fils réunis, pour si peu de temps encor ! Ils n'auront eu que quelques heures pour s'aimer. De ces mois passés dans son être, à barboter et gesticuler comme un têtard, le présent hivernal ne reste pas.
Elle avance, toujours. S'enfonçant sous les arbres, reculant dans le jardin et dans les limites de sa contenance. S'approchant, inexorablement, du lieu où l'angelot reposera.

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- Hermine cachée dans un couvent pour échapper au Loup ! -
Balmir
[Le Cambout]

Le petit matin, tumultueux, le petit matin ! La nuit fut longue ou courte, c'est selon la place que l'on prend. Chaude surtout, cette nuit, malgré le froid pinçant de l'hiver. Chaude, infernale pour le moulin. L'incendie avait fait rage toute la nuit. Le petit matin laissait une ruine fumante de ce qui fut le plus beau moulin de la région. Funeste destin que celui d'un moulin. Les réserves avaient pu être sauvées, c'était une bien maigre consolation.

Ce petit matin morne, triste et froid n'en était qu'à son début lorsque l'on vint porter missive au Seigneur. Le regard encore enfumé par la nuit, il ouvre le pli aux armoiries de sa princesse des Doudous. Vite il lit, espérant de bonnes nouvelles. Son visage s'assombrit. Il donne l'ordre que l'on selle son cheval et que une tenue sombre lui soit préparrée. Levant les yeux aux ciel, comme pour maudire celui qui y trône. Pas le temps de crier sa colère, sa peine.

Une demi heure plus tard, il passe la porte du Domaine. La route, gelée, il hâte le pas de son cheval. Arriver vite, ne pas la laisser seule en cet instant.


[Le Rohannais]

Trois heures plus tard, le poste de garde du rohannais point à l'horizon. Mantel et tricorne noirs, il avance. Les gardes le laissent passer, leur ancien Capitaine ne souffre pas de ne pas être reconnu. Il laisse son cheval au poste de garde, prend la direction des jardins, le caveau familiale. Déjà nombre sont là. Il se presse, arrive aux cotés d'Anastriana. Sa petite princesse deviet femme de la plus dramatique des manières, elle aura besoin de ses bras, il le sait, il le craint.
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Madeline
[Rohan, le jour en question]

Elle connaissait le lieu du rendez-vous. Elle connaissait pas mal de monde présent en ce lieu. Elle ne connaissait pas le défunt, mais par contre, elle savait la tristesse que l'on peut éprouver en pareilles circonstances.

Arrivant discrètement, Madeline repéra Blanche qu'elle salua d'un sourire qui se voulait réconfortant.

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Blanche_
Des deux personnes qui étaient venues, Blanche n'aurait su laquelle lui faisait plus plaisir.
Celle de la Matriarche, qui avait fait le déplacement depuis Vannes. A moins que ce ne soit SB ? Enfin, elle venait de loin la marquise, et bien qu'à attendre patiemment en son carrosse que les heures passent, à laisser ses doigts pérégriner dans des couffins en soie, pour qu'ils amènent à l'ourlet carmin des sucreries délicieuses, c'était gentil. Quoique... madeline préférait sans doute voyager à cheval, à réciter des lignes de droit.
Celle de Balmir, Balou pour les intimes, Cousin Walsh et Montfort, parent plus proche s'il en est, qui avait soutenu la môme dans toutes ses déconfitures.
Celui qui lui avait offert deux paires de sabots, un canasson haut sur patte, et une demi tonne de poils à cajoler comme elle le souhaitait.
De ces deux arrivées, Blanche fut soulagée. Ravie, peinée aussi que ce soit en de telles circonstances. Alors de ses bras lourds, chargés du séraphin endormi, elle dépose la merveille dans son ultime berceau, et adresse un sourire plein de reconnaissance à ses amis venus.
Merci, merci pour tout. Lèvres closes, mais l'étincelle de ses yeux parle pour elle. Tandis que dans un claquement sourd, la boîte se referme, le visage impassible ne tremble pas. Ne tremble plus.
Voyez, tous, comme la gamine grandit ! Voyez, tous, le courage qui l'anime et la maintient debout, quand ses jambes vacillent toujours.

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- Hermine cachée dans un couvent pour échapper au Loup ! -
Aelyia
Un peu en retard, la jeune femme s’était rapprochée discrètement du lieu de la cérémonie, enveloppée dans un grand châle qui la protégeait à peine du vent glacial de ce mois de janvier.
Elle avait observé la scène … le douloureux moment où, à jamais, le cercueil s’etait refermé pour un adieu définitif.
Comme souvent dans ces cas là, elle savait qu’elle ne trouverait pas les mots, que les mots des autres sont d’ailleurs bien inutiles à ceux qui connaissent la souffrance ultime de perdre un être cher, qu’ils seraient malhabiles et peu consolateurs malgré tout son désir d’accompagner leur peine.
Ne connaissant pas celui qui était parti, sa peine allait à cette famille qui se réunissait là autour de lui. Elle leur jeta un regard attristé, s’excusant presque de ce qu’elle vivait ailleurs
A quelque pas de là… la vie était là apparue dans une vieille maison…offense involontaire que cet éternel manège de la vie et de la mort qui emporte au hasard les passagers de ce monde.

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Leyah
A la suite de sa nièce, calfeutrée dans ce gros lainage qui ne la quittait plus, la rousse aux traits tirés la collait de près.
Une promesse de venir, qu'elle trouvait cependant indécente car après avoir tout juste mis au monde un fils, venir à l'enterrement du fils de quelqu'un était selon elle déplacé.
Aussi se fit elle légèrement discrète et resta elle aux cotés de sa nièce.

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Lusiana
Que faire... Etre là, ou pas... Sa fille... elles se connaissaient si peu, si differentes... Elles s'aimaient, c'etait indeniable. Mais elles s'etaient eloignées. Pourquoi? Parce que c'etait ainsi, parce que personne ne le decidait, parce que la vie empechait parfois les choix.

Pendant des jours et des jours, la vieille baronne s'etait interrogée, murée dans sa douleur, dechirée. En etaient-elles arrivées là? Qu'est ce qu'elle avait fait de mal pour que sa fille et elle ne se comprennent plus? Elle etait donc une si mauvaise mere pour n'avoir su inculquer les valeurs suivant lesquelles son mari et elle avaient toujours vecu. Sans doute que ces valeurs les avaient rendus discret, eloignés du monde, un peu trop pour une jeune fille qui voyait dans la vie une source de plaisir. Sans doute que la maniere d'etre heureuse de Lusiana ne correspondait pas à son enfant.

Elle avait cru pourtant... en toute bonne foi...

Des jours à s'interroger. Des jours à rester cloitrée pour se proteger d'elle meme, de ses exces de paroles qu'elle aurait pu prononcer et regreter apres. La chanoinesse ne pouvait accepter... Sa fille.. pas elle. La honte... peut-etre un peu, de la colere aussi, beaucoup, parce qu'elle n'avait jamais penser que sa fille puisse fauter avant le mariage. Lusiana avait beaucoup de defaut, elle n'etait pas parfaite. Mais elle avait reussi à trouver dans son mariage le chemin de la vertu, du respect des valeurs qui se perdaient partout autour d'elle, du respect de soit et des autres, du respect aussi de Dieu.

Sans doute que ses absences involontaires du fait de son ministere l'avait tenue trop eloignée de sa fille pour l'empecher de tomber dans le pecher. Sans doute qu'elle ne l'avait pas protegée assez de mauvaises frequentations, de mauvais exemple, de mauvais conseil de vipere plus prompte à la vindict qu'à la vertu.

Mais comment faire... Elle n'était pas insensible à la douleur de son enfant, malgré les apparences. C'etait sa maniere à elle de ne pas ceder au desespoir. C'etait aussi sa maniere à elle de proteger encore un tout petit peu sa fille. Ne pas lui montrer qu'elle souffrait de tout cela pour ne pas en rajouter à sa souffrance. Elle reagissait comme François en fait... Tel pere, telle fille...

Gaude attendait pres de la chanoinesse agenouillée à son prie-dieu. En silence...Lusiana se leva, un regard echangé entre les deux femmes.


Je sais, Gaude. Allons y.

La baronne sortit de sa chambre, et descendit. Le grand hall, puis direction vers les jardins, recouvert d'un tapis blanc, pur... Elle scruta le ciel. Elle avait toujours aimé la neige. Elle recouvrait tout de calme, estompait les bruits, adoucissait tout. Elle abreuvait la terre sans mouiller les corps. Elle arriva à la chapelle familiale. Des gens etaient là. Elle se renfrogna. Elle n'etait pas d'accord avec sa fille à ce sujet. Certains n'avaient rien à faire dans le domaine familial. Si cela n'avait ete pour Blanche, la porte leur aurait ete fermée.
Elle entra dans la chapelle, silencieuse, sans un regard pour personne. Pas envie. Surtout pas envie de faire l'hypocrite. Et toujours aussi silencieusement, elle se plaça pres de sa fille, et lui posa simplement la main sur l'epaule.

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Blanche_
Il était des arrivées qui avaient procuré à la jeune blonde une joie incommensurable ; il en était d'autres, dont le bonheur ressenti n'était même pas descriptible.
Alors que les Bleizhmorgan étaient arrivées, alors que ces deux personnes, si proches et si lointaines lorsque le silence et le secret sont de mises, avaient posé pied dans le jardin, le cœur attristé de la cadette avait fait un saut dans sa poitrine. Ainsi entourée, le fardeau était moins lourd. Léger, presque, tant que sur les autres il reposait un peu.
Elle avait noté, à mi chemin entre la jalousie et le contentement, la silhouette profilée plus fine, et plus gracieuse de la CaC aux cheveux d'or. Avait hoché imperceptiblement de la tête en direction de sa suivante, qui en fidèle observatrice avait rejoint le couple feu et soleil, et glissé quelques mots à l'oreille de la mère.


Ma maîtresse vous demande de vous asseoir. Elle dit que ce n'est pas bon, pour vous, de rester debout. A votre place, je ne discuterais pas.


Et en dictatrice zélée, elle plaça une chaise sous les genoux de l'invitée, soutenant son regard sous sourciller.

Elle voudrait savoir, aussi, le sexe de l'enfant. Et vous adresse... Ses félicitations les plus sincères.


Puis elle s'écarta, laissant loisir aux deux silhouettes Bleizhmorganesque de lever les yeux vers leur hôtesse, de saisir dans l'obscurité des arbres et de leur ombre l'étincelle à ses yeux. Soyez bénites, pour le présent que vous avez reçu. Et la tête, silencieusement, qui s'incline légèrement, exprimant en quelques gestes ce que la distance ne transcrit pas verbalement.
Félicitations, Leyah. Je suis heureuse pour toi.

Elle s'apprête à parler. Sent, déjà, sa gorge qui se noue face à l'épreuve qui s'annonce ; car les vibrations sonores sont bien plus difficiles à modeler à sa guise qu'une apparence, et qu'un masque de céruse. L'on a bien plus de mal à berner son monde par des mots, qu'avec un sourire.


Merci à tous d'être venus. La plupart d'entre vous ne sait pas même de qui il s'agit. Pour votre gentillesse à mon égard, la bonté dont vous me faites preuve à nouveau, je vous adresse mes remerciements les plus sincères.

Je vous fais confiance. Je sais que ceux qui savent ne diront rien ; je sais que les autres ne chercheront pas à savoir. Vous avez toute ma confiance.


Et puis, alors qu'elle se disait qu'allait venir le moment, où elle devrait énoncer ces mots si durs, où les hommes laisseraient leurs bras descendre au trou, y glisser le cercueil pour qu'il y repose, où de sa voix chevrotante elle devrait dire ses adieux, l'incroyable arriva.
Elle. L'Unique, l'irremplaçable. De toutes les personnes présentes, celle-ci était la plus inattendue. La plus espérée, aussi.
Maman.

Elle s'était retournée, interdite, explorant le visage maternel de ses yeux rougis par la fatigue. Du froid qui s'immisçait sous sa peau, atteignait sa nuque et l'entourait d'une chape brumeuse, elle ne prêtait plus attention. Auprès de son autre, de son double plus âgé et miséricordieux, de celle qui lui avait tout appris, et qu'elle avait eu peur d'avoir perdu, rien n'aurait pu la blesser.
Furie blonde, Walkyrie effondrée qui ploie sous le poids des épreuves et du pardon ; qui s'agenouille, inférieure, devant l'immensité de la bonté et de la générosité parentale. Elle se jette, sans réfléchir, dans les bras de Lusiana, y puise chaleur et tendresse, retournant un instant dans l'enfance qu'elle peine à quitter. Vas et viens incessant, farandole de rires et de larmes, où l'enfante devint adulte. Et où la gamine, devenue mère à son tour, retrouve enfin son pilier fondateur, celle par qui sa vie fut : mère et fille, réunies....

Enfin.

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