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[RP] Quand la Panthère rencontre la Mère.

Felina
Dans une auberge parmi tant d'autre, de bon matin.

Une nuit à réfléchir, une nuit passée sans parvenir à fermer l’œil, alors qu’à ses côtés une frimousse blonde dort elle du sommeil du juste. Soirée riche en rebondissements et en émotions la veille, la Rastignac n’y est pas vraiment habituée … Quoique depuis quelques mois il semble que tout s’enchaîne à un rythme fou. Le Rouquin, Karyl … Tellement de bouleversements dans l'ordre établi de la mercenaire en si peu de temps.

Son monde est-il en train de changer ? Peut être oui …

Mais pour l’heure, une priorité pour la Féline : cet entretien promis par Marie Alice Alterac. Pourquoi elle ? C’est pourtant pas bien compliqué, elle est la seule mère que la Féline connaisse, en dehors de ses comparses mercenaires. Or c’est bien à la mère qu’elle veut parler, et à personne d’autre. Duchesse ou Pair de France, peu lui chaut à la sauvageonne … C’est la femme aimante et sacrifiant tout pour ses enfants qui est son objectif, celle qui lui a sauvé la vie il y a déjà longtemps dans les geôles de Bourgogne.

Remontant d’un geste tendre la couverture sur l’enfant endormi, la Féline se fend même d’un doux sourire, regard posé sur lui de longues secondes. Tant de chemin parcouru depuis sa rencontre avec le petit Karyl et cette leçon de dague dans une clairière Saumuroise. Et cette certitude désormais inébranlable qu’il est devenu une partie d’elle-même et que plus jamais elle ne pourra le laisser seul … Plus jamais.
Ironie du sort d’une sauvageonne qui avait fait le secret serment de ne jamais se lier à personne, et qui pour les yeux d’un enfant découvre au plus profond d’elle-même qu’elle peut devenir une mère à son tour. Mais les questions l’assaillent de partout. Pourquoi ? Comment ? En a-t-elle seulement le droit ? Et la seule qui a ses yeux pourra l’aider à répondre, c’est cette femme aux yeux noisettes, cette presqu’inconnue : Marie Alice Alterac.

En silence, la Féline noue rapidement ses longs cheveux bruns d’un simple lacet de cuir, chausse ses bottes, passe son ceinturon de cuir à la taille, en n’y apposant aucune arme. Peu importe qu’elle ne soit pas la bienvenue dans les ruelles de cette ville Bourguignonne, elle est venue en paix et elle se présentera à la demeure des Altéracs nue de toute lame, ormi celles de son gant à griffes qu'elle ne quitte plus. Cape noire et mitée par les ans sur les épaules, jetant un dernier regard en arrière, elle sort de la chambrette, et dévale rapidement les escaliers de l’auberge.
Sur la table de chevet près de Karyl, ces quelques mots écrits dans cette écriture malhabile qui est désormais propre à la manchote, gauchère par la force des choses.

Félina a écrit:
Karyl,
Je suis allée voir Madame Marie. Je reviens bientôt.
Félina.


Le tenancier lui ayant indiqué la veille comment se rendre là où elle le désire, c’est sans trop de mal que la Rastignac se retrouve quelques dizaines de minutes plus tard devant les lourdes portes du domaine Alterac. Un simple mouvement du heurtoir pour annoncer sa présence.
Longue inspiration pour se donner du courage … Quand faut y aller, faut y aller.


Toc Toc Toc ...
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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
Mariealice
Chaque retour à Sémur avait décidément son lot de surprises en tout genre. Y retrouver Karyl n'en était pas une, ils s'étaient écrits, elle savait donc qu'il serait là. Par contre elle ignorait qu'elle verrait également Felina et Jules, ensemble d'ailleurs si elle avait bien compris ce que lui avait raconté le petit blond qui n'était jamais avare d'histoires. Des installations donc. Marie se demandait ce que tout ceci donnerait surtout lorsque Cassian lui avait raconté que Jules voulait voir Eusaias, sachant que ce dernier avait été le bourreau torturant la mercenaire qui elle souhaitait la voir en privé. Curieuse la brune de savoir ce qu'elle pouvait lui demander. Inquiète par contre pas du tout.

La maisonnée était en pleine effervescence depuis leur retour, les malles avaient été vidées mais tout n'était pas rangé, du moins du côté d'Enguerrand et là il y avait encore plus à déballer et installer puisque le plus gros de ses affaires avaient suivi sous bonne garde et venaient d'arriver. Elle ne doutait pas un instant que parmi les meubles et autres effets personnels il y aurait de la poudre et ses jouets favoris. Maissoun avait été quelque peu refroidie lorsque la Vicomtesse avait relaté très très rapidement l'amour immodéré de son frère pour tout ce qui explosait. Cependant il savait qu'elle ne partageait pas ce goût et que s'il recommençait comme à Ventadour, il risquait fort d'y laisser des plumes.

Elle était donc là, en plein milieu de la cour, chaudement vêtue et observant le ballet des valets, dirigeant les uns et les autres dans un brouhaha indescriptible, pestant contre ceux qui lambinaient et faillit se faire assommer par un bout de lit.


Non mais vous voulez me tuer?! Pouvez pas faire attention?

Grognements exaspérés avant d'entendre quelques coups à la porte. Envoi d'un serviteur pour ouvrir la porte tout en surveillant du coin de l'oeil. Lorsque celle-ci s'ouvrit, une silhouette connue lui apparut tandis que le serviteur commençait à vouloir la repousser.

Laissez la entrer, elle vient me voir.

Petit sourire à l'attention de la Féline avant de la saluer lorsqu'elle se trouva près d'elle.

Bonjour Felina. Je vous propose de rentrer et de nous installer au chaud.

Vous autres continuez. Et ne faites pas n'importe quoi si vous ne voulez pas que je m'occupe de votre cas.


Elle entraina la mercenaire à sa suite, laissant sa cape chaude au main d'un valet, commanda un plateau avec du vin ainsi que quelques pâtisseries puis alla s'asseoir dans un fauteuil devant la cheminée.

Asseyez-vous je vous en prie. Il fait bien meilleur ici. Que puis-je pour vous?
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Felina
[Quand la Panthère est lâchée dans la caverne aux merveilles]


Porte qui s’ouvre sur un homme entre deux âges, tout de sombre vêtu et à l’air patibulaire. Mais c’est sans compter sur la Féline qui n’a pas l’intention de se laisser impressionner par ce qui semble être l’un des domestiques de la Vicomtesse, un molosse et rien de plus aux yeux de la mercenaire. S’opposant déjà à lui comme il semble vouloir la repousser, elle ne peut pourtant que soupirer de soulagement en entendant la voix de Marie, ce qui empêchera qu’elle s’énerve sur cet homme …

Chassez le naturel…

Même si la Rastignac est venue sans armes, il ne fait pas bon la contrarier.
Aussitôt les mots prononcés, l’homme s’écarte, non sans la suivre de son regard méfiant alors qu’elle suit la propriétaire des lieux à l'intérieur de la demeure. Bottes boueuses, cape mitée et longue chevelure emmêlée, la mercenaire n’est clairement pas à sa place dans le décor qui l’entoure. Une autre qu’elle se serait sûrement sentie mal à l’aise et aurait salué avec la femme avec toute le respect qui lui incombe … mais la brunette se contente d’un simple hochement de tête, puis c’est un sifflement qui sort en premier de sa bouche lorsqu’elle découvre la magnificence du lieu.

Tapis au sol, tapisseries et tableaux aux murs … Des bibelots et de l’argenterie dans tous les coins, la jeune sauvageonne n’a jamais vu tant de richesse en même temps. Restant quelques secondes interdite, son regard de brigande de grand chemin s’allume de plus en plus au fur et à mesure qu’elle détaille le lieu, et elle sursaute presque lorsque Marie lui propose de s’asseoir, avant de se poser sur le bord du fauteuil le plus proche d’elle, les yeux pétillants comme jamais.
Garde tes mains dans tes poches ma belle … Tu n’es pas là pour cela …

Chassez le naturel … (comment ça je radote ?!)

Faisant face à celle qu’elle est venue voir, soudain la Féline cherche ses mots. Elle n’a absolument pas préparé ce qu’elle voulait lui dire, se laissant simplement guider par son instinct. Quelques minutes de lourd et pesant silence, et déjà la Rastignac qui se demande si venir était une bonne idée. Mais il n’est plus temps de se poser la question, et maintenant qu’elle est là, autant faire de cette rencontre un moment positif.
Un instant elle se souvient de leur toute première rencontre, dans un lieu en total opposé avec le riche salon de cette demeure : les geôles de Joinville. Elle était en train d’y mourir à petit feu, ses blessures infectées menaçant de l’emporter là ou l’Armée Pourpre n’avait pas réussit quelques longues semaines auparavant. Et cette femme, richement vêtue, l’avait soignée, tout comme sa fille lui avait apporté à boire et à manger. Cette rencontre la Rastignac devait ne jamais l’effacer de sa mémoire. Et voilà qu’elle venait encore lui demander de l’aide et la remercier, alors qu’elle aurait aimé l’aider à son tour. Un jour, peut être …


M’ci M’dame Altérac. Je … Je suis venue vous parler de Karyl.

Ça, nul doute que Marie Alice le sait déjà, mais il faut bien commencer par quelque chose.
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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
Mariealice
Elle l'observait discrètement, laissant courir ses yeux non sur les vêtements poussiéreux, ce dont elle n'avait cure ayant trop souvent chevauché pour s'arrêter à cela, mais plus sur les traits ainsi que les griffes. Elle ne jugeait pas, c'était rarement le cas hormis bonne raison. Non c'était plus une façon de chercher à savoir ce qui pouvait la pousser à se trouver en ce lieu pour un entretien privé.

Après tout Marie n'était ici rien de plus qu'une habitante de Sémur comme une autre, ne pouvait donc rien au niveau du Duché et doutait tout à fait qu'elle soit venue la Pair. Pourtant elle voulait la voir seule alors à propos de quoi? Qu'est-ce qui pouvait la motiver, lui tenir à ce point à coeur pour qu'elle soit là. Bon elles n'étaient pas non plus en mauvais termes et tant que ni Eusaias ni Snell ne venaient voir leur reine de Hongrie comme ils l'appelaient, elle n'avait absolument aucune raison de s'en faire. De cela au moins elle était tout à fait certaine.

La mercenaire prenait son temps, réfléchissait. Sur le pourquoi de cet entretien? Froncement de nez, non elle ne pensait pas. La Vicomtesse respecta donc son silence, attendant en souriant. Jusqu'à ce que le sujet tombe. Haussement de sourcil. Karyl. Petit bonhomme blond de 7 ans genre moulin à paroles mais tellement attachant. A faire fondre un coeur de pierre. Un de plus dans la tribu aurait-on pu dire. D'ailleurs une femme qu'elle voyait pour la première fois lui avait demandé si c'était elle la femme aux enfants. Quand on savait ce qu'elle pensait de ses talents de mère, c'était assez surprenant.

Elle se ressaisit et se redressa dans son siège
.

Karyl. Il m'a souvent parlé de vous, il s'inquiétait pour vous, de ce que vous pouviez penser de lui. En quoi puis-je vous aider?
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Felina
Bon ben voilà, on y était, et plus les minutes avancent, plus la sauvageonne réalise qu’elle ne sait pas vraiment ce qui l’a poussé à vouloir rencontrer Marie Alice. Mais pourtant, maintenant qu'elle est là il va bien falloir causer, plus vraiment le choix. Elle n'est pas venue pour prendre le thé et parler couture. La mercenaire ne se sent pas du tout à son aise devant cette femme et dans ce riche salon et elle fuit même son regard, toute son attention se centrant sur ses mains sur ses genoux. Elle cherche ses mots, prenant de larges inspirations avant de finalement se décider à expliquer la vraie raison de sa présence ici.

Je … tout d’abord je tenais à vous remercier de tout ce que vous avez fait pour Karyl. Il me parlait sans arrêt de vous dans ses lettres, et il ne tarit pas d’éloge. Je sais que vous l’avez soigné et que sans vous, peut être serait il …

Elle ne termine pas sa phrase mais elle sait que Marie aura compris le sous entendu. Pour la toute première fois depuis qu’elle s’est assise, la Féline relève le visage, et plonge son regard sombre dans celui de celle qui lui fait face.

Je suis revenue en Bourgogne pour lui, pour le voir et pour lui dire tout ce que je n’ai jamais su lui dire. J’tiens énormément à lui …

La Rastignac s’interrompt, laissant à son interlocutrice le temps de répondre et gardant pour elle ses intentions envers l’enfant. D’abord elle doit comprendre ce que Karyl représente pour cette femme, dont on dit partout qu’elle est une mère pour chaque bambin auquel elle s’attache. Si sa réputation de voleuse n’est plus à faire, elle n’est guère enthousiaste à l’idée de lui voler l’amour du blondinet.

Vous … Que représente Karyl à vos yeux M’dame Alterac ?


Voilà , la question est lâchée. Fini de tourner autour du pot. Les choses sérieuses vont pouvoir enfin commencer entre la violette et la noiraude.
Alea Jacta Est...

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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
Mariealice
Décidément Félina semblait réfléchir. Regrettait-elle sa venue ici ou bien le problème était épineux à ce point? Epineux pourquoi? Marie était complètement perdue à vrai dire et tentait de ne pas l'observer de trop, histoire de ne pas ajouter à son malaise plus que visible. Parler? Ne rien dire? La seconde solution paraissait la plus judicieuse. Ne pas la brusquer et attendre, doucement la laisser dérouler la pelote.

De rien. Vraiment. Il n'est pas dans mes habitudes ni ma nature de laisser quelqu'un de malade ou de blessé sans l'aider si je le puis.

Imperceptiblement et sans s'en rendre vraiment compte, ses yeux se posèrent sur elle, là où devait se trouver les cicatrices des blessures qu'elle avait soigné ce jour là. Combien les aurait abandonnés à leur triste sort sans la moindre compassion? Elle ne pouvait pas. Elle n'avait jamais pu. Bénédiction ou malédiction quelle importance. C'était une chose qu'elle avait accepté depuis longtemps.

Je n'ai fait que le ramener à la maison et mon époux s'est chargé de le guérir. Quelques jours de repos au chaud, de bons repas et il n'y paraissait plus. Et puis je me serais ennuyée à ne plus l'entendre me parler de faire le concours ou me demander des histoires.

Un sourire tendre vint éclairer son visage tandis qu'elle la regardait dans les yeux cette fois.

Je pense qu'il sait que vous l'aimez. Il doute toujours de l'affection des gens. Ce qui peut se comprendre vu sa situation. Une façon de se convaincre qu'il ne va pas les perdre.

La dernière question la prit par surprise, ce qui dut se lire dans les noisettes tandis que les sourcils s'arquaient et que son nez se fronçait.

Et bien j'avoue ne m'être jamais posée la question. Je m'y suis attachée certes, cependant je doute que quiconque le connaisse puisse rester de marbre face à cette bouille et son caractère volubile. Je ne le tiens nullement en laisse, il va, il vient. Il fait partie de la maisonnée mais il est libre. Je ne sais pas si cela répond à votre question mais j'ai peur de n'avoir pas de réponse adéquate.
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Felina
[Les dés sont jetés.]

Léger sourire en coin, presque imperceptible lorsque Marie lui précise qu’elle n’est pas du genre à laisser un blessé de côté sans lui proposer son aide, et regard qui luit le sien, vers la cicatrice zébrant son flanc. Machinalement les doigts effleurent l’endroit à travers le tissu. Oui elle lui devait la vie, et elle le savait. Hochement de tête signifiant qu’elle comprend très bien de quoi elle parle, et un sourire plus large alors qu’elle évoque les bavardages incessants de Karyl. En effet, elle parle bien du même, moulin à parole aux grands yeux noirs : toujours une aventure à narrer, un défi à proposer et des questions à poser.

Il faudra alors transmettre mes remerciements à votre époux qu’j’n’ai pas l’honneur de connaître.

D’ailleurs elle vient de l’apprendre que l’Alterac était mariée, mais cela aurait du lui traverser l’esprit, dans le monde « normal » on ne devient pas mère sans passer par l’autel avant. Un lueur de curiosité étincelle alors dans le regard ébène de la Rastignac en imaginant l’homme qui partage la vie de cette femme généreuse et qui selon ses dires l’est au moins tout autant qu’elle pour avoir recueilli chez lui et soigné un gamin inconnu.
Lentement son interlocutrice semble prendre consciences que l’objet de leur entretien est tout centré sur Karyl, mais la Féline ne peut pourtant pas ignorer le léger sursaut de surprise lorsqu’elle lui pose enfin la question sur ce qu’il représente à ses yeux. La réponse ne la surprend pas quant à elle, mais il lui en faut savoir d’avantage avant d’enfin lui exposer son projet pour cet enfant.

J’vois oui, en effet c’t’enfant a un don que l’on n’peut pas nier. Quiconque le croise tombe immédiatement sous son charme, même la plus froide et cruelle des mercenaires …

Elle insiste volontairement sur les derniers mots, ne cherchant pas à voiler cette vérité qui, elle le sait, pourra sûrement compromettre ses plans pour l’avenir avec Karyl.

Il est libre dites vous …

Moment de réflexion, sourcils froncés et regard plus sombre tout à coup, qui ne quitte pas celui plus doux et plus clair de Marie Alice.

Je … j’sais pour en avoir discuté avec lui qu’il a une famille, quelque part à Paris, dans l’quartier Saint Antoine. Mais il l’a quitté, et personne ne semble chercher après c’t’enfant. J’souhaiterai m’charger de l’éducation de Karyl, et le prendre sous mon aile jusqu’à c’qu’il ait l’âge de s’débrouiller vraiment tout seul. Aussi ai-je besoin de savoir vos intentions envers lui M’dame Alterac.

Petite hésitation et puis les mots sortent, sans qu'elle ne cille cette fois.

Désirez vous le garder ici sous votre protection ? Ou me laisserez vous l’emmener avec moi ?

La question est lâchée, les jeux sont faits. La Violette Licorneuse laissera-t-elle partir le garçonnet avec la Mercenaire Zoko, tout en sachant pertinemment la vie qui l’attend à ses côtés? La main valide se crispe involontairement sur les genoux de la sauvageonne alors qu’elle sonde le regard de Marie en attente de sa réponse.
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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
Mariealice
Drôle de scène pour qui serait entrer à cet instant dans le salon. Drôle de duo féminin pouvant sembler rassembler deux parfaits opposés. Toutes les deux brunes et femmes, toutes les deux avec leurs blessures et leurs poids, chacune observant l'autre et perdue dans sa propre sphère de pensées et de doutes.

Que pouvait-il se passer sous le crâne de l'une et l'autre? Sans doute des tas de choses. Après tout les hommes disent bien que ces dames ne cessent jamais et ont toujours quelque chose en tête. Ce à quoi elles répondent qu'elles ne comprennent pas comment on peut penser à rien.

Marie écoutait, très attentivement, et une fois La question posée commença à répondre aux autres tout en réfléchissant à celle-ci.

Peut-être ne l'avez-vous jamais croisé il est vrai. S'il fait une des entrées dont il a le secret je remédierai à cela. Sinon je lui dirai merci de votre part.

Petit sourire alors que les noisettes s'animaient d'une lueur tendre.

Oui. Même Rochefort qui râle et peste contre les enfants l'aime bien je crois. Mais il est comme beaucoup d'hommes et certaines femmes, il joue à celui qui n'a pas de coeur. Et pourtant....

Hochement de tête.

Oui il est libre. Depuis que je le connais et que je lui ai ouvert ma porte il l'a toujours été. L'enfermer le tuerait d'une part et puis il sait se débrouiller seul. Il a suivi Aleanore en Suisse, est revenu, il est ici pour le moment et peut décider de partir demain.

Et la dernière à laquelle elle n'avait cessé de tourner dans sa tête depuis qu'elle était posée. Et tout ce que cela impliquait. Profonde inspiration.

Je n'ai pas d'intentions particulières à propos de Karyl. Il sait être le bienvenu ici aussi longtemps et souvent qu'il le voudra, il sait faire partie de la famille à sa façon. Je n'ai pas à laisser faire quoi que ce soit Felina, je vous l'ai dit il est libre d'aller et venir non seulement hors de ces murs, geste de la main pour montrer la demeure, mais également hors de Sémur. Par contre à mon tour de vous poser une question. Ne vous méprenez pas sur son sens, je ne juge nullement votre mode de vie ni ce que vous en faites. C'est votre choix et je n'en ai ni le droit ni l'envie.

Vous voulez vous charger de son éducation, cela ne regarde que lui et vous mais croyez-vous que votre mode de vie soit la plus à même de convenir à un enfant. Elle est dangereuse, vous n'avez pas besoin de moi pour vous le rappeler, vous pouvez vous retrouver dans des geôles, blessée voire pire. Que fera alors Karyl? En vous suivant ne risque-t-il pas sa vie? Etes-vous prête à assumer tout ceci?

Et pour finir, je vous l'ai déjà dit mais je le répète, il décide de sa vie. Je ne l'ai jamais forcé à quoi que ce soit et ne le ferai pas là non plus. S'il veut vous suivre il le fera.

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Felina
Plus jamais seuls ?

Féline qui écoute presque religieusement la femme qui lui fait face, se contentant de hocher parfois la tête pour signifier qu’elle est attentive à la moindre de ses paroles. Sourire lorsqu’elle parle de la liberté de l’enfant, qui se transforme sans qu’elle puisse l’en empêcher en soupir de soulagement comme elle lui avoue n’avoir pas d’intention particulière en ce qui concerne l’avenir du blondinet. Au moins n’aura-t-elle pas à s’affronter à elle dans son désir de faire de Karyl son fils.

Mais le sourcil se hausse lorsqu’à son tour la vicomtesse la questionne, et c’est une grimace qui vient alors déformer son visage quand la question fatidique tombe. Elle le savait bien qu’elle lui demanderai cela, elle s’y était même préparée. Et pourtant … le poing se crispe de plus belle, et le regard se fait soudain plus dur, presque froid. En l’espace d’une seconde, les pires souvenirs de sa vie de mercenaires viennent l’assaillir : la mort de son frère, sa fuite à travers le royaume avec sa nièce, les combats, la Zoko, la folie d’Eikorc depuis qu’il a perdu son Autre, la mort à chaque coin de rue, le sang, les geôles, la torture … Une image plus dure que les autres vient alors clore le ballet de ses souvenirs, comme une mise en garde : une frimousse blonde, étendue sur le sol, couverte de sang.

Les paupières se ferment, et un nouveau soupir, plus long que le premier, comme semblant venir du plus profond de son âme, franchit la barrière de ses lèvres crispées. La Rastignac ne répond pas immédiatement, perdue dans les méandres de ses sombres pensées, hantée par ce doute qui ne la quitte plus depuis qu’elle a pris cette décision. Le regard se fait immédiatement fuyant, réflexe d’auto défense bien inutile pour empêcher Marie Alice de lire en elle. Mais son attitude ne peut tromper personne …

Lorsque le visage se relève enfin, c’est pourtant un regard déterminé qui se pose sur l’Altérac, et, en totale contradiction avec la tempête de sentiments qui fait rage en elle, c’est d’une voix posée, à peine voilée d’un léger tremblement, que la mercenaire lui répond.


Je … Je n’laisserai personne lui faire l’moindre mal. Croyez bien que j’suis tout à fait consciente des dangers d’la vie que je mène, mais j’saurai le protéger et le mettre en sûreté chaque fois que la situation l’exigera. Karyl rêve de voyage et d’aventure, et je lui offrirai cette vie … je lui ferai voir le monde. Nous savons toutes les deux qu’il ira d’toute manière vadrouiller sur les routes, seul s’il le décide. Mais j’serai là, derrière chacun d’ses pas, comme son ombre et j’défendrai sa vie au péril de la mienne. J’vous promets qu’il n’lui arrivera rien.

Courte pause, et longue bouffée d’air frais inspirée avant que la sauvageonne ne poursuive. Jamais elle n'avouera à cette femme qu'elle a besoin de Karyl près d'elle, un besoin vital qu'elle est bien incapable d'expliquer. Décision égoïste ? Peut être, sûrement même ... et pourtant ..
.

Mais c’dont vous d’vez être convaincue, c’est que je n’ferai rien sans son accord. Sitôt sortie de cette pièce, j’irai parler à Karyl et j’lui raconterai tout de moi et de ma vie. J’lui parlerai de ce qui s’est passé en Bourgogne, j’lui raconterai les geôles et la torture. Je n’lui cacherai rien de ce qui l’attend s’il accepte d’me suivre, et surtout … Je n’le forcerai pas à choisir un destin qu’il ne désire pas. Il a des amis ici, qui sont par la force des choses mes ennemis … et j’n’veux pas qu’il les haïsse par ma faute, surtout pas.

Féline qui se lève soudain et se dirige vers la cheminée, faisant alors dos son interlocutrice. Fuite ? Dernier instinct de protection ? Elle seule le sait …

N’pensez vous pas qu’il soit en âge de décider lui-même d’son avenir ?

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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
Mariealice
Elle ne s'étonna pas de la réaction à la suite de sa question et, même si Félina tenta d'en amoindrir l'impact sur son visage, mais sans y parvenir. Marie s'y attendait et le contraire l'aurait surpris à dire vrai. Elle sentait la mercenaire animée d'un réel désir de s'occuper de Karyl. Désir... Besoin... Elle fronça le nez. Difficile d'expliquer ce que l'on pouvait ressentir pour un autre être humain, que ce soit un adulte, son enfant ou l'enfant d'une personne connue voire inconnue. Elle qui se trouvait si mauvaise mère était pourtant entourée d'enfants, en portait un autre en son sein. Oui la brune connaissait la force de cet amour maternel, celui qui était plus fort que tout, qui rendait fou de douleur et de joie, faisait passer des nuits blanches, perforait un coeur à la disparition d'une partie de sa chair, de son âme. Qui vous laissait vide, sans plus goût à rien, avec pour seule envie celle de disparaitre de la surface de la terre tout autant que de celle du soleil ou de la lune. La perte d'un amour était déjà douloureux mais celle d'un enfant était innommable, insupportable et pourtant elle vivait toujours, sans vraiment comprendre pourquoi ni comment. Alors oui elle comprenait ce désir viscéral. Mais elle ne pouvait néanmoins faire autrement que de la mettre face à certaines réalités auxquelles elle serait confrontée.

Oh je sais que vous connaissez parfaitement les dangers de la vie que vous menez. Je sais aussi que vous ne lui ferez pas faire ce que vous voulez s'il en a décidé autrement. Vous pourrez penser l'éloigner s'il n'en a pas envie il vous suivra.

Je sais aussi que vous le défendrez mais vous ne répondez pas vraiment à ma question. Il sera forcément en danger parce que faisant partie de votre entourage Félina. Il risquera forcément à un moment donné de tomber sous les coups de vos ennemis parce qu'ils vous auront pris par surprise et que dans ces cas là nous savons toutes deux qu'enfant ou pas, ils s'en moquent. Ne me promettez pas qu'il ne lui arrivera rien. Surtout pas. Mon fils unique est mort dans un monastère. Loin de moi. Et je traine cela depuis le jour de son trépas. Je n'ose imaginer ce que je ressentirais s'il était mort pour m'avoir accompagnée quelque part.... Je ne suis pas certaine que j'aurais pu y survivre. Même pour les autres.

Un soupir douloureux sortit de sa bouche, comme s'il provenait directement de ses entrailles, de son coeur qui n'avait cessé de saigner. Elle se leva à son tour et se dirigea vers une petite table basse, y prit deux gobelets d'argent qu'elle remplit de vin bourguignon et s'approcha de la jeune femme à qui elle en tendit un.

Je peux vous paraitre dure mais parce que je suis mère, parce que j'ai vécu cela déjà, je ne peux que vous parlez à coeur ouvert. Et je pense que c'est ce que vous êtes venue chercher d'ailleurs.

Elle but une gorgée et alla se placer devant une fenêtre donnant sur la cour, observant les allées et venues des domestiques.

Je ne doute pas un instant que vous lui raconterez tout ni que vous le laisserez décidé et non il n'est pas en âge de décider mais par la force des choses doit le faire. Et il le fera. Mais soyez vous aussi certaine que malgré l'amour que vous lui portez la décision que vous allez lui demander de prendre sera la bonne pour lui. Parce que c'est cela avant tout être mère Félina. Choisir ce qu'il est bon pour eux. Parfois à l'opposé de leur souhait. Parfois en lisant alors dans leur regard l'incompréhension, la colère et parfois même un instant de mépris. Jusqu'au jour où l'âge fait qu'ils sont adultes et décident par eux-même. Et là le plus dur est alors de les voir foncer dans un mur, s'y écorcher, s'y blesser sans ne rien pouvoir faire d'autre qu'être là pour les ramasser et les panser. Et pleurer tout votre saoul une fois que vous êtes seule.

Et dieu savait qu'elle l'avait fait et le faisait encore souvent, se cachant même de son époux.
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Felina
Dos tourné, le regard perdu dans les flammes qui dansent devant elle, la Rastignac écoute l’Altérac se confier à elle. Légèrement surprise qu’une femme de sa condition et qu’elle connait à peine se livre soudain si franchement, elle n’en apprécie qu’encore plus le geste, remerciement muet envers celle vers qui elle est venue chercher des réponses.

Et les réponses viennent, plus violentes qu’elle ne les espérait, Marie Alice lui expliquant alors la perte de l’un de ses enfants. Un frisson glacial dresse l’échine de la mercenaire à ce moment là du récit, mais elle ne se retourne pas, se contentant de serrer un peu plus le poing gauche contre sa cuisse. Et elle … que ferait elle si jamais Karyl mourrait par sa seule faute … quelle serait alors sa réaction … ? En percevant le soupir de douleur de Marie, elle finit par tourner le visage ver elle, sans pour autant faire un pas dans sa direction ou tenter de la consoler. Pas vraiment son genre à notre sauvageonne. Pourtant, le regard qu’elle lui adresse ne reflète aucune pitié, juste une sincère tristesse pour cette mère qui a connu la mort de la chair de sa chair. Onyx qui ne la quittent plus lorsqu’elle s’avance vers le pichet de vin posé sur la table et léger hochement de tête en remerciement comme l’Altérac lui tend l’une des deux coupes.

Parler à cœur ouvert … Oui c’est cela qu’elle voulait … Mais elle n’en attendait pas tant, et l’espace d’un instant un sentiment de culpabilité l’assaille, quelle idée a-t-elle eu de vouloir faire remonter des souvenirs douloureux chez cette femme à qui elle doit tant. Maudit égoïsme qui continue de faire souffrir les autres. Lorsque Marie s’éloigne de nouveau pour venir se placer face à la fenêtre, la Féline, toujours silencieuse, s’approche alors lentement d’elle. Le ton de sa voix lorsqu’elle se décide enfin à parler est totalement différent de tout à l’heure, presque doux mais sans aucune compassion forcé et le regard qu’elle lui adresse est le plus franc possible. Pour la première fois depuis qu’elle se sont rencontrées, la Rastignac se permet même de l’appeler par son prénom, comme si un lien venait de se créer entre les deux femmes, peut être pas si différentes l’une de l’autre que les apparences semblent le montrer.


Marie … Je … Je vous remercie de votre franchise avec moi et je ne vous dirais pas que je comprends votre peine. Je ne suis pas mère et je ne connais pas la douleur de perdre un enfant …
J’ne voulais pas réveiller en vous de tristes souvenirs, j’vous prie de m’excuser … J’suis comme ça, j’ne pense bien souvent qu’à moi et j’en oublie qu’les autres portent aussi leur lot de malheur.


Légère pause alors qu’elle trempe enfin ses lèvres dans le liquide carmin, appréciant la douceur du vin offert.

J’vais prendre congé d’vous désormais et réfléchir à tout cela. Puis, comme j’vous ai dit j’irai voir Karyl et parler avec lui.


La coupe est alors reposée sur la table, à moitié pleine, et la Féline se redresse pour faire de nouveau face à la vicomtesse.

Ce jour là dans les geôles de Joinville, vous m’avez sauvé la vie, et j’vous ai dit que je n’oublierai jamais. Encore aujourd’hui je vous dois beaucoup et je vous suis extrêmement reconnaissante d’avoir pris du temps pour discuter avec une fille de rien comme moi. Sachez que j’suis votre obligée M’dame Altérac. Si un jour vous avez besoin d’une lame pour quoique ce soit … alors pensez à moi, et mon épée sera votre.


Légère inclinaison de tête n’ayant rien d’une révérence, faut pas pousser non plus, mais montrant néanmoins tout le respect de la mercenaire pour cette femme courageuse, elle attend que Marie l’autorise à se relever pour sortir de cette pièce et rejoindre le principal intéressé de cette entrevue : Karyl.
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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
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