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[RP] Le Diable en personne.

Sancte
Gnia a écrit:
Se relevant soudainement, elle héla deux hommes en armes qui observaient la foule qui se pressait sur la Grand Place adossés au mur d'une taverne.

A la garde !

Les deux hommes s'ébrouèrent et s'avancèrent, l'œil scrutateur vers l'endroit d'où provenant la voix qui les avait interpellé. Agnès leur fit signe d'approcher

Mes Sieurs, quelques instants auparavant, j'ai aperçu dans la foule l'un des brigands que nous avons listés comme ennemis. Il semble s'être volatilisé mais je vous enjoints à tenter de mettre la main sur lui. Il devait probablement tenter de délester de sa bourse un quelconque riche notable à moins que le pillage de notre château lui permette de se nourrir grassement. Peut être qu'un petit séjour dans nos geôles lui fera repenser à deux fois avant de pérorer à la vue de tout le monde... Et puis il ne doit surement pas être seul...



Ya des matins, comme ça, où on se dit qu'il vaudrait mieux ne pas résister trop fort à l'appel de l'acédie. Ceux qui vous diront qu'il n'y a rien de pire qu'un tête à tête avec Lucifer ne sont visiblement jamais tombés entre les mains de la milice Paloise.

Pourtant, voyez-vous, depuis que je me traîne à Pau, je dois dire non sans une certaine vanité que j'ai assez vite su y prendre mes aises, et ce avec d'autant plus de facilité que la nécessité avait vidé la Capitale du plus gros de ses habitants. C'est peut-être une forfanterie de ma part, je ne l'exclus pas, mais les venelles des bas-quartiers n'ont plus aucun secret pour moi. J'y ai quelques habitudes vous comprenez ? Si je disposais encore du précieux bénéfice de l'anonymat, je crois que j'y entamerais volontiers une carrière de guide racoleur, sans pour autant m'arrêter définitivement sur le sort à réserver à mes clients. Tout cela est une question de sensations. Voilà. Je crois que nous y sommes. Je suis un instinctif. Je flaire les choses mieux que je ne les explique. Je me lance dare-dare dans une entreprise sans réellement en mesurer l'étendue des conséquences, animé par la conviction un peu stupide que mon esprit d'initiative et mes capacités d'adaptation me sauveront toujours la mise.

Que voulez-vous ? Ce qui sépare les jeunes branleurs et les ruffians rusés dans mon genre, ce n'est rien d'autre que la valeur que l'on attribue à l'expérience. Des baffes, des beignes, et des revers, c'est un peu comme les culs de pucelle: les gars de mon étoffe n'en prennent jamais assez. Bel animal l'Amiral, une vraie graine de champion !



PAF !


Ma première volée de phalanges dans la gueule depuis que je me suis fait repriser l'oreille à Tarbes par les "Iunctis Viribus". Des officiers d'occasion achetés à l'Anjou, à ce qu'il paraît. Mais pour des secondes mains, fallait admettre que les grognards cognaient rude. Mais revenons-en à nos miliciens bas de plafond. Ce qui est un pléonasme.

Les Miliciens de Pau a écrit:
- Ahah ! Mais c'est qu'il est mignon le petit huguenot à sa mémère ! *paf* C'est qu'il est méchant. *pam* Ouhhh, c'est qu'il est méchant ! *repaf* Il refuse de prier les petits Saints-Saints ! *vlan* Il se découvre pas devant les processions de St Gabriel ! Ouhh ... Le vilain ! *vlan vlan vlan*

- Arrêtez les gars. Il a son compte. Et toi, arrête de lui pisser dessus, tu vas finir par le noyer. Hinhinhin.


A ce stade de cette merveilleuse histoire, vous vous demandez sans doute comment j'ai pu me démerder pour en arriver là. C'est vrai. J'ai les muscles. La connaissance du terrain. La gouaille. Le sourire canaille qui fait rappeler au coeur des femmes leur fâcheuse propension à battre pour les mauvais garçons, et tout l'attirail qu'il faut pour m'imprimer en technicolor et de façon indélébile dans leurs plus inavouables souvenirs. Seulement voilà: j'ai une petite tendance coupable à céder à la bougeotte et à zoner du côté de la polémique, sans pouvoir m'empêcher parfois d'y mettre mon grain de sel. Un péché tout à fait véniel en temps normal, mais qui en territoire ennemi confinait quelque peu à l'imprudence. Je dois admettre qu'à force d'user mes semelles sur ce pavé, je me le suis peu à peu approprié, croyant naïvement, au fil du temps, qu'il y avait désormais un peu de lui en moi, et de moi en lui. Ce qui, maintenant qu'on m'avait remis la gueule en travaux, uriné sur la redingote, et traîné sur la rocaille, n'était plus tout à fait faux.

J'ai cherché à me barrer, c'est vrai. J'avais toutes les chances de leur échapper. Je connais ces fameux "trucs" qui permettent de semer ou d'éliminer efficacement une bande de soudards vulgaires et trop sûrs de leur nombre. Mais parfois la fortune vous lâche précisément quand il ne faut pas. Là, c'était ma cheville qui avait lâché. J'étais déjà à terre sans même avoir pu en corriger un ou deux, briser du cartilage, tourner des rotules, en un mot: déployer toute la palette de mon vice de Sicaire, tendance aigrefin qui caractérise parfois si bien mes mauvaises moeurs dans l'adversité. Raté pour ce coup-ci. Déballonné l'Amiral, étalé façon carpette au premier round.

C'est à peu près la dernière chose dont je me souvienne maintenant que je me retrouve enfermé, aussi nu que le jour où je suis venu au monde. Au fond de la cellule, l'obscurité est totale. En me palpant, je peux compter mes ecchymoses. Ma respiration est douloureuse. Quelques côtes fracturées ne sont pas à exclure. Des rats. Des cafards. Une odeur âcre d'urine rancie, de remugle fétide, de fluides exsudés et de crasse croupie ne cesse d'agresser ma gorge.

Mobilier ?
Un seau pour la pisse. Un autre pour la merde.
Et une jarre, avec ce qui semble être de l'eau.

Service cinq étoiles de la section des officiers.
La grande classe, Amiral.

***

Restait plus qu'à attendre voir la gueule du Service Après Vente.
Si jamais quelqu'un dans ce bas-monde se rappelait encore de son existence.
Fichtre.
Il en aurait des trucs à dire sur le formulaire d'enquête de satisfaction de la Béarn Airlines ...

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"A Dieu seul la Gloire !"
Sancte Iohannes - Lecteur Aristotélicien Réformé & Chevalier du Lion.
Gnia
"Béarnaises, Béarnais, Saludi et Patz !" Bon ça, d'accord, facile... Et après ? Ben après rien... Le vide intersidéral, enfin non pas le vide exactement, juste un bout de parchemin couvert de ratures et de taches d'encres. L'angoisse de la page blanche, le blocage de l'écrivain, la mort à petit feu de l'inspiration. Et justement le jour où fallait pondre une allocution aux béarnais, évidemment.

Bref, le troufion de service qui demanda audience interrompant la montée lente de l'exaspération de notre comtessa en mal de mots avait bien failli se manger le contenu d'une corne emplie d'encre dans la tronche. Sauf qu'il avait compris qu'il fallait être rapide s'il voulait pas dépenser sa solde dans un nouvel uniforme et avait prononcé d'une traite deux mots magiques. Sancte Iohannes.

La suite ? Une bordée de jurons, un bond et une descente des plus rapides dans les entrailles du castèth, direction les geôles.

Le verrou qui claque, la porte qui grince, la lueur tremblante d'une torche qui éclaire les murs suintants d'humidité et un grouillement de choses à plus de deux pattes non identifiées.
Puis, une chose à deux pattes à priori clairement identifiée.

Sourire carnassier de la brune Comtesse. Elle plisse les yeux pour détailler dans la pénombre l'occupant de la geôle.
Tiens... En tenue d'Adam, le client, c'est un style. On en oublierai presque l'odeur à se rincer l'œil.
Et puis, l'ont pas raté les miliciens...
Pour un peu elle se laisserai aller à l'envie de jouer à "Et si j'appuie là, est-ce que ça fait très mal ?" En espérant que ce soit considérablement douloureux, bien évidemment. Mais bon, pas une façon d'accueillir les invités d'emblée, ça.
Petite voix mielleuse qui glisse sur la crasse et où transperce un amusement certain pour ne pas dire une certaine délectation


Oooh, Messer Sancte Iohannes, comme c'est gentil à vous de nous rendre visite...



[To be continued]
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Sancte
Je sais que je vous dois la suite de cette histoire. Beaucoup d'entre vous me la réclament depuis longtemps. Hélas, vous n'en saurez guère plus que ce que je voudrais bien vous en livrer. La suite se déroule quelques jours plus tard, dans une autre cellule, plus grande, plus aérée, dotée d'un grand soupirail donnant sur l'extérieur, et avec un prisonnier méconnaissable: propre, parfumé, fort présentable de sa personne, et à l'hygiène impeccable. Ce prisonnier, c'est évidemment moi. Après ma petite entrevue avec la Comtesse, j'ai été transféré dans des quartiers particuliers, plus en adéquation avec le type exceptionnel que je suis. Voyez ? A l'écart de la vermine qui traîne au fond des oubliettes depuis une éternité sans que plus personne ne se rappelle réellement pourquoi.

Dans ma prison dorée je peux recevoir des camarades, du courrier, de la nourriture, et toutes sortes de babioles destinés à étoffer mon confort. Mais une cellule a beau être princière pour un ruffian dans mon genre, il n'en reste pas moins que sans la liberté de mouvement, un prisonnier doit bien trouver comment occuper ses journées. Je partage mon quotidien avec trois gardiens avec qui je passe le plus gros de mon temps libre, ce dont bien évidemment je ne manque pas. Le premier garde est un petit rat nommé Alphonse. 1m50 à tout péter. Dans les 40 kilos tout mouillé. Aussi teigneux que le laissent penser ses dents en avant. Mesquin avec ça, voir méchant option sadique. Je ne sais pas ce qui a du se passer dans sa jeunesse pour qu'il devienne aussi exécrable, mais ça devait pas être coton. Le Sergent, un Gascon nommé Gregor. La cinquantaine, le cheveux rare mais la moustache fournie, il dispose de la face rubiconde du bon vivant avec la bedaine qui l'accompagne. Un ancien de la Légion qui s'est fait réformer de l'armée suite à une boiterie contractée dans je ne sais quelle bataille du cul du monde. C'est mon préféré. Son accent est plaisant, il a le verbe fleuri, il est intelligent et la dureté de son regard couve une espèce de tendresse quasi-paternelle. Un vrai vétéran d'la taule. Reste le Lieutenant Paul. Je dois dire que je ne le porte pas vraiment dans mon coeur, et que le bougre sait me le rendre au centuple. Comment mieux vous le décrire qu'en vous demandant d'imaginer une araignée mort-vivante ? L'homme est d'une pâleur maladive et ses yeux caves enfoncées sous de profondes arcades ajoutent au désagrément qu'impose la vision de ses traits tirés vers le bas. Il est également excessivement grand et d'une corpulence quasi-rachitique qui lui donne un air faussement nonchalant et détaché.

C'est eux qui me tiennent compagnie et que j'apprivoise tant bien que mal avec ma maladresse volontaire au ramponneau. Jamais prisonnier n'a trouvé meilleure combine pour se faire apprécier de ses bourreaux. Mais je me suis déjà suffisamment perdu dans les détails. Place à la suite de cette formidable histoire qui mènera votre serviteur jusqu'aux portes du procureur Vanyel, et bien au-delà, comme vous verrez.



****

[En cellule]

Face à son miroir, l'Amiral se refait une beauté, examinant avec un narcissisme non feint son joli pourpoint bleu-nuit dont les boutons étincelaient à la clarté du jour. A cet instant apparaît sur le seuil le Sergent Gregor qui, l'oeil brillant de malice, se lisse la moustache en reniflant l'air de la pièce, délicatement parfumé à l'ambre.

- Hé bien, on dirait que si l'argent n'a pas d'odeur, il a au moins de la gueule, Amiral.
- N'est-ce pas ...


Le mercenaire observe son visiteur dans le miroir. Le caractère profondément huguenot de cette remarque lui a arraché un sourire. Gregor était un tiède papiste. Sans le savoir, il se laissait déjà gagner par les idées de la Nouvelle Opinion. Encore quelques semaines et le bougre finirait par devenir un Huguenot convaincu. C'était écrit.

Laissant son prisonnier tout à sa toilette Gregor laisse promener son regard sur les ouvrages de référence de celui-ci. On y trouve notamment:

- Clandestin ou le destin du clan.
- 20.000 Gueux sous les Fers.
- Kama Sufra.
- La Diplomatie pour les (gros) Nuls.

Et à ce qui ressemble à un ouvrage en préparation: "Où l'on traite des flagorneries, des traîtrises, des irresponsabilités, des manquements, et autres petites mesquineries Béarnaises."


- Vous êtes inspiré à ce que je vois.
- Écartez-vous de ça Sergent, au lieu de vous payer ma fiole. Ces papiers sentent le soufre.
- Et je pourrais m'y brûler ?
répliqua-t-il avec un sourire narquois.
- C'est une commande spéciale et je doute que ta Sérénissime Altesse Comtale verrait d'un bon oeil qu'un soudard comme toi lui en chaparde l'exclusivité.

D'un naturel prudent et parce qu'au fond, il se fiche bien de se tenir au fait de choses qui ne le concernaient pas, Gregor s'en écarte, tandis que l'Amiral continue à faire le coq devant son miroir, à se regarder sous toutes les coutures comme une vraie gonzesse.

- Vous allez vous farder aussi ?
- Ah. Ah. Ah. J'suis. Mort. De. Rire.
Rends-moi donc service et dis moi plutôt si je suis présentable pour la petite balade que tu me proposes sur l'heure. Sincèrement.
- Ma foi, si ce n'était votre oreille, je ne m'avancerais pas beaucoup en affirmant que vous êtes la plus belle demoiselle de la Capitale ainsi fagotée !
- Aux yeux de certains, hélas, on ne l'est jamais assez.
- Et aux vôtres ?
- Les miens on s'en branle, Sergent.


L'Amiral s'époussette les mains et fait volte-face vers la sortie, avant de prendre une profonde inspiration comme un acteur se préparant à affronter son public.

- Allons-y ! Je suis prêt, conduisez-moi.
- Volontiers. Une fois que tu m'auras remis le couteau que tu planques dans ta manche, Iohannes.


L'enfoiré.


****

[Sur le chemin du bureau du Procureur.]

Paul et Gregor escortent le prisonnier enchaîné aux poignets jusqu'au bureau du Procureur.

- C'était indispensable, les chaînes ?
- Je t'aurais également ferré les chevilles si tu n'avais pas cette bienheureuse faculté de perdre au ramponneau avec tant d'élégance.
- Seriez-vous en train de me dire que mon infortune au jeu serait la source de ma bonne fortune carcérale, Sergent ?
- Ça te va mal de jouer les naïfs, Iohannes. Presse donc. Damoiselle le Procureur attends.
- Comment s'appelle-t-elle déjà ?
- Vanyel.


"Vanyel ... Un sacré nom de connasse ça encore ..."

- Ce n'est plus Valentine ?
- Non, et je crois que tu ne perds rien au change, mon larron. D'ailleurs, à propos de Valentine, tu sais ce qu'au poste on en dit ?
- Nenni. Mais je sens que tu vas te faire un malin plaisir de me l'apprendre ...
- Hé bien ! Si à la St-Valentin elle te prend la main, à la Ste Valentine, elle te prend la p...
- Sergent !
intervint Paul avant que son subordonné ne commette l'irréparable. Je crois que nous sommes arrivés. Mais le mal était déjà fait, et l'Amiral était pris d'un violent fou rire. Le Lieutenant réprimanda en silence son subordonné d'un regard noir, en attendant que le mercenaire se calme. Ainsi, Sancte Iohannes fut embarqué par la garde du conseil.

Paul et Gregor restèrent seuls dans le couloir. Le lieutenant d'ordinaire peu bavard, fut pourtant le premier à briser le silence.


- Vous ne devriez pas vous montrer aussi familier avec ce gredin. Cet homme là sent la corde aussi sûrement que je suis Béarnais. D'autant que cela pourrait vous attirer des ennuis.
- Bah ! Au chaudron des malheurs chacun porte son écuelle, Lieutenant. Quant à la corde, à votre place, je n'en serais pas si sûr. J'ai le sentiment que notre Huguenot manie si bien le plat de la langue qu'il serait bien capable de vendre du bois à un berrichon ou à faire pratiquer la tyrolienne à tout un couvent. D'ailleurs, vous ne m'aviez pas dit que votre père était Gascon ?


Le lieutenant haussa ses frêles épaules.

- Contentons-nous de l'or qu'il laisse filer aux cartes, avec la grâce de Dieu. C'est tout ce qu'il y a à tirer au contact de cette vermine.

Là-dessus, il s'éloigna.

- Ben ... Vous allez où comme ça ?
- Pisser, connard. Pourquoi ? Tu veux ptet' venir m'la tenir ?

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"A Dieu seul la Gloire !"
Sancte Iohannes - Lecteur Aristotélicien Réformé & Chevalier du Lion.
Gnia
"Know your enemy", connais ton ennemi. Encore une chose que la Comtessa avait retenu de son enfance au pays des corons, si proche de la perfide Albion. Un air affreusement discordant chanté par un ménestrel façon barde au château d'Arras, souvenir effrayant pour oreilles malmenées. N'empêche que le refrain avait un sens.

D'où un réveil avec l'idée farfelue de mettre l'axiome en pratique. Non pas en se plongeant enfin dans l'Histoire de Genève en 26 tomes que sa suzeraine lui avait fait parvenir il y a déjà 3 mois et dont elle n'était jamais parvenue à aller au-delà de la lecture de la page une du tome I. Nan nan, pragmatique la Saint Just, on l'a déjà dit.

Donc, descente dans les quartiers de son prisonnier au régime spécial pendant qu'il était en visite chez le procureur, en espérant qu'elle comprendrait un peu mieux la logique de ses ennemis.
Ben oui, c'est vrai quoi, ils avaient tout de mêmes des idées bizarres, ces gens là.
Le concept du schisme religieux, elle arrivait encore à comprendre, quand on avait été comme elle, cliente assidue de Tastevin et de sa brasserie. Tant que ceux qui s'excluaient de la grande famille d'Aristote n’emmerdaient personne, libre à eux de choisir leur famille, après tout.
L'aspect rebelle passait encore également. En bonne artésienne, elle était sortie du ventre de sa mère un majeur levé direction Reims, l'autre brandi vers Paris. Sauf que ça aussi on en revenait un jour ou l'autre, passablement désabusé et pas mal de plumes en moins.
Mais y'avait un truc qui ne passait décidément pas, cette idée saugrenue de République... Le pouvoir au peuple... Un frisson de dégoût lui parcourut l'échine. Déjà qu'en Béarn, le pouvoir comtal était une idée qui tendait à devenir complètement abstraite et totalement optionnelle... Pas étonnant que les illuminés pro-République l'aient pris comme cible... Un fruit presque mûr qui ne demandait qu'à être cueilli, le Béarn...

Voici donc le cours des pensées de la Comtessa tandis qu'elle descendait au deuxième sous-sol du Castèth, celui entre les réserves et les oubliettes, et qu’elle attendait patiemment qu'on lui ouvre l'antre de l'Amiral.

Le nez se plissa, agréablement surpris par l'odeur qui flottait dans l'air et qui tranchait tant avec les odeurs de bière rance et de vieille sueur émanant du garde qui lui avait ouvert la cellule.
La main tripotait nerveusement la cicatrice qui lui soulignait tout le côté droit de la mâchoire tandis que le regard curieux scrutait la pièce.
Il était certaines personnes que l'on devinait à leurs lectures, du moins Agnès le pensait, alors le premier pas fut pour les ouvrages qui trônaient sur une table.

"La Diplomatie pour les (gros) Nuls".
Sourire amusé, et mémo à soi même : demander le titre à son dealer de manuscrits la prochaine fois qu'il passerait en ville.

"Kama Sufra".
Bizarre ce titre, surement une langue étrangère...
La Saint Just ouvrit l'ouvrage au hasard, son œil se posa sur une miniature brillamment enluminée… Le manuscrit fut aussitôt refermé d’un geste sec.

Trop tard. Le rouge lui était déjà monté aux joues et sa curiosité était piquée. Le mal était fait.

Elle lança un regard par-dessus son épaule pour vérifier que le garde ne se tenait pas encore sur le pas de la porte de la cellule et rassurée sur le fait qu'elle était seule, elle reprit l'ouvrage.

Nouvelle page ouverte au hasard. Les yeux tentent de déchiffrer un croquis à la mine de plomb. Un sourcil interrogateur se hausse. Agnès fait opérer un tour lent à 360 degrés à l'ouvrage. Ouais non, constat sans appel, la réalisation concrète de ce qui est représenté sur le croquis est réservée aux contorsionnistes, pas possible autrement.
Un doigt humecté passe à la page suivante. Petite déglutition et cette fois c'est le cou qui se casse à tenter de regarder sous un autre angle la miniature peinte.
Une chose de sure, pas le genre d'ouvrage que l'on commande nonchalamment au scriptorium du monastère du coin, ça... Peut-être qu'en ayant un inquisiteur dans ses petits papiers, ça pouvait se négocier...

Tout ça pour dire que ce fut cet ouvrage sulfureux, retenant tant l'attention de la Comtessa, qui la fit passer à côté d'un écrit dont la lecture surement moins agréable lui aurait été probablement plus utile. Quoique...

Bruits de pas et cliquetis de chaînes se firent entendre dans le couloir.
Et meeeerde... Prise la main dans le sac.
Restait à faire un choix. Refermer prestement l'ouvrage et tenter de prendre un air innocent, malaisé avec les joues couleur pivoine, ou faire comme si l’on n’avait rien entendu et continuer à feuilleter le manuscrit d'un air détaché en assumant les pommettes empourprées.

Plouf, plouf.
Choix numéro deux.
Alea jacta est.



[La suite au prochain épisode]
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